La Deuxième République 1848

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La Deuxième République 1848-18(51)52
I Contexte politique
La deuxième République voit le jour après une période d’alternance politique (depuis la
Première République, l’Empire, la Restauration, la monarchie constitutionnelle se sont
succédés).
La monarchie de juillet marque le triomphe de la bourgeoisie libérale. Après une période de
prospérité économique incontestable, plusieurs facteurs (L’époque contemporaine 1848-1914
L. Genet 24-39) vont amener la chute de la monarchie :
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sur le plan politique : refus de réformes libérales (suffrage universel, liberté de la
presse)
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sur le plan économique : modernisation du pays s’opère trop lentement dans les
domaines de l’agriculture, de l’industrie et des transports (chemins de fer). La
monnaie manque et l’usure sévit.
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sur le plan social : Seule la bourgeoisie d’affaires s’enrichit. La moyenne et la petite
bourgeoisie sont oubliées, la paysannerie souffre de la baisse des prix agricoles, les
ouvriers ont des salaires misérables et des conditions de travail sont extrêmement
dures. De plus, le chômage est fréquent et la grève interdite.
La crise économique de 1846-1847 (crise de subsistances : maladie de la pomme de terre,
mauvaises récolte de céréales) qui frappe surtout les classes populaires.
Pour pallier l’interdiction des réunions politiques, l’opposition organise des « banquets»
hostiles au régime. L’interdiction de l’un d’eux, le 22 février 1848 provoque des
manifestations et finalement une insurrection (la garde nationale rejoint les émeutiers) qui
provoquera l’abdication et la fuite du roi. (L’éducation sentimentale Flaubert) Une tentative
de sauver la monarchie (Louis-Philippe avait abdiqué en faveur de son petit fils le comte de
Paris) échoue sous la pression des insurgés.
II Seconde République
Un gouvernement provisoire se forme, composé entre autres de Lamartine, Ledru-Rollin,
Louis Blanc et de l’ouvrier mécanicien Albert (Histoire de la République française et de ses
présidents 21-29 P. Brasme, C. Le Corre). Cette nomination est caractéristique d’une
évolution : « la révolution de 1789 était une révolution bourgeoise ; celle de 1848 est aussi la
première des révolutions prolétariennes. » (Les constitutions de la France, M. Duverger, M.
65-70) Dans un climat d’enthousiasme révolutionnaire, le gouvernement provisoire proclame
que « le gouvernement actuel de la France est le gouvernement républicain » (Histoire de la
République française…). Cette deuxième République est caractérisée par deux phases
d’inégales longueurs et antinomiques.
1) Première Phase
Dans une première phase, la Deuxième République est marquée par un mouvement idéaliste
de réconciliation nationale qui tente de dépasser le conflit des « deux France » : République et
catholicisme font bon ménage (le clergé catholique bénit les arbres de la liberté et les
révolutionnaires s’agenouillent devant le Saint Sacrement). Les mesures prises par le
gouvernement provisoire reflètent ce climat d’euphorie en phase avec la devise républicaine
de Liberté, d’Egalité et de Fraternité qui orne le drapeau tricolore :
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adoption du suffrage universel masculin (introduit pour la première fois sous la forme
directe, sans restriction)
abolition de la peine de mort en matière politique et libération des détenus politique
abolition de l’esclavage aux colonies
rétablissement des libertés fondamentales : liberté totale de la presse et de réunion
(L’histoire de France G. Labrune, Ph. Toutain Nathan)
affirmation du droit au travail (création des Ateliers nationaux où on emploie les
chômeurs)
limitation de la journée de travail en usine à 10 heures
Une Assemblée Constituante est élue au suffrage universel direct. Les résultats des élections
marquent néanmoins un net recul de l’extrême gauche (une soixantaine de sièges pour
l’extrême gauche contre 500 aux républicains modérés et 300 aux monarchistes).
L’Assemblée est donc dominée par une majorité républicaine modérée. Le gouvernement
provisoire démissionne. L’assemblée élue proclame à nouveau la République et s’attribue le
pouvoir législatif. Elle élit une commission à qui elle attribue le pouvoir exécutif. (On reprend
les mêmes membres sauf les socialistes.) La suppression des Ateliers Nationaux, provoque la
grande révolte populaire des journées de juin (du 23 au 26 juin). C’est la fin de la République
sociale et fraternelle.
2) Deuxième phase
A la suite du soulèvement des ouvriers parisiens, la commission exécutive démissionne.
L’Assemblée vote l’état de siège et confie les pleins pouvoirs au général Cavaignac. Les
combats durent plusieurs jours. La répression est féroce (1 500 morts, 12 000arrestations, 5
000 déportations). Les journées de juin marquent la rupture entre républicains et socialistes, et
l’échec d’une République sociale au profit d’une République conservatrice. La bourgeoisie
après avoir mené la lute contre les anciens privilèges défend dès lors ses intérêts. Deux camps
se forment : d’un côté les possédants, de l’autre les prolétaires. Le clergé se rallie au parti de
l’ordre. Cavaignac devient président du Conseil. L’ Assemblée Constituante nomme une
commission de 18 membres chargée de rédiger la Constitution. La Constitution est adoptée le
4 novembre 1848. En se référant à Dieu et au peuple français, elle rappelle les principes de la
République (liberté, égalité, fraternité) et ses fondements (famille et propriété), elle énonce
non seulement les droits (le droit au travail n’est pas reconnu formellement), mais les devoirs
du citoyen. Elle maintient le suffrage universel. Elle prévoit l’élection d’un président de la
République au suffrage universel direct dont le mandat est de quatre ans. Le président n’est
pas immédiatement rééligible. Il partage l’initiative des lois avec l’Assemblée et les
promulgue. Il exerce le pouvoir exécutif. Une assemblée de 750 membres, élus pour trois ans,
détient le pouvoir législatif. La séparation des pouvoirs est totale et aucun organisme
d’arbitrage n’est prévu en cas de conflit entre le président et l’Assemblée. Le 10 décembre
1848, le président de la République est élu au suffrage universel. (Ce sera la seule fois avant
1965 qu’un Chef de l’État sera élu au suffrage universel direct.) Louis Napoléon Bonaparte
est élu avec 75% des suffrages. Le président prête serment à la Constitution et nomme un
gouvernement très conservateur. Le parti de l’ordre triomphe. Le résultat des élections
législatives confirme cette inflexion conservatrice. Le 13 mai 1849, ont lieu les élections
législatives. Elles amènent une polarisation politique entre la droite (le parti de l’ordre) et
l’extrême gauche. C’est l’échec des modérés.
Dans cette deuxième phase, l’Assemblée législative va mener une politique conservatrice et
entrer en conflit avec le président. Ce conflit avec le Prince Président aboutira au coup d’État
du 2 décembre 1851.
Les lois conservatrices de l’Assemblée législative :
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La loi Falloux (15 mars 1850)
Le 15 mars 1850, la liberté de l’enseignement est proclamée. Il s’agit en fait d’une
recolonisation de l’enseignement par le clergé catholique (l’instituteur est contrôlé par
des autorités civiles et religieuses, multiplications des collèges religieux etc.).
• La loi électorale (31 mai 1850)
Elle restreint le suffrage universel.
• La loi sur la presse (16 juillet 1850)
Elle réduit par des mesures financières entre autres la liberté de la presse. Une loi sur
l’état de siège (19 août 1850) permet d’agir sans avoir recours à l’Assemblée. De plus,
elle permet le recours aux tribunaux militaires.
Le conflit avec le Prince Président
Il veut modifier la constitution qui interdit une réélection immédiate. Devant le refus de
l’Assemblée, il va préparer le coup d’État. Par des actions politiques et démagogiques :
proposition de rétablir le suffrage universel par exemple. La division des royalistes, le
mécontentement des paysans, des industriels et enfin la hantise d’une revanche des
républicains avancés avant les élections de1852, tous ces facteurs vont faciliter le coup d’État
qui va être soutenu par l’armée.
Des affiches sont placardées qui annoncent :
• La dissolution de l’Assemblée
• Le rétablissement du suffrage universel
• Une nouvelle constitution
Malgré une résistance légale et républicaine (montagnarde), le coup d’État ne peut être
empêché. La Seconde République aboutit à la dictature et à l’Empire.
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