Rôle d`un test diagnostique sur l`activité des protéases

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Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué
dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
Un consensus d’experts canadiens
R. Gary Sibbald et R. Snyder, R. Belley, M. Botros, C. Burrows, P. Coutts, L. D’Souza, J. Kuhnke, C. Labrecque, K. Laforet, S. Landis, K. Leblanc, V. Maida, C. Pearson, M. Suitor.
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des
protéases pratiqué dans le milieu de soins
dans la pratique clinique canadienne,
Un consensus d’experts canadiens est
publié par BCS Communications Ltd, au nom
de Systagenix.
Les opinions exprimées dans le présent document sont celles des auteurs et ne reflètent pas
nécessairement celles de Systagenix.
Les discussions, les vues et recommandations
à des procédures médicales, le choix des
traitements, posologie ou tout autre sujet
médical spécifique sont de la responsabilité
des auteurs. Aucun responsabilité est assumée
par l’éditeur ou en publiant des partenaires
pour toute information, conseils, des erreurs ou
omissions contenues dans ce document.
Publié comme supplément à
Wound Care Canada.
Avant-propos
Les 17 et 18 juin 2011, une
équipe interdisciplinaire de
cliniciens canadiens en soins des
plaies se sont réunis à Toronto,
en Ontario, afin d’analyser le
rôle des protéases dans la
guérison des plaies. Cette
rencontre visait à analyser le
rôle d’un test diagnostique sur
l’activité des protéases pratiqué
au point d’intervention et en
discuter; Établir un consensus canadien fondé
sur des données probantes quant à l’utilisation d’un
test diagnostique sur l’activité des protéases réalisé
dans le milieu de soins ; et créer un algorithme de
pratique incorporant le test diagnostique sur l’activité
des protéases.
L’introduction de tests diagnostiques offre la possibilité
Editeur :
BCS Communications
255 Duncan MIll Rd, Suite 803
Toronto, ON M3B 3H9
Les auteurs aimeraient remercier Joanna Gorski,
de Prescriptum Health Care Communications
Inc., pour la prise de notes effectuée lors de la
rencontre du groupe d’experts du consensus
et la rédaction de la version préliminaire du
manuscrit, par la suite soumis à une analyse
critique et à une révision par les auteurs.
Traduit par Brisson & Sedgwick Inc. Les auteurs
également à remercier Chantal Labrecque
pour revoir la traduction.
Tous droits réservés. Le contenu peut ne pas
être reproduit sans autorisation écrite de
Systagenix.
Imprimé au Canada. © 2011.
d’amorcer un changement de paradigme en ce qui
a trait aux protocoles établis de soins des plaies. Une
connaissance approfondie du microenvironnement de
la plaie pourrait entraîner une intervention appropriée
plus tôt dans le processus, une guérison plus rapide et
un traitement offrant un meilleur rapport coût-efficacité.
Le groupe d’experts du consensus est d’avis que la
disponibilité d’un test sur l’activité des protéases
pourrait faciliter ce changement de paradigme, en
permettant un raisonnement fondé sur des données
probantes justifiant le choix hâtif de traitements
ciblés. L’inclusion d’un test sur l’activité des protéases
dans le cadre général d’évaluation d’une plaie serait
ultimement susceptible de provoquer un changement
dans les soins de référence liés à la prise en charge
des plaies complexes et stagnantes.
Imprimé sur papier sans acide qui
contient un minimum de 20 pour
cent de fibres postconsommation.
Soutenu par une subvention à l’éducation sans restriction versée par Systagenix.
2
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
Défis cliniques en matière de soins des plaies :
les plaies stagnantes, mais curables
La préparation du lit de la plaie consiste en une approche
organisée en matière de guérison des plaies comprenant
des soins holistiques administrés avant l’évaluation des
composantes des soins locaux des plaies (illustration 1)1.
Le besoin essentiel de diagnostiquer la cause de la plaie
et de traiter celle-ci est parmi les défis auxquels font face
les cliniciens en soin des plaies aujourd’hui. De plus, les
préoccupations liées au patient, dont la douleur, doivent
être reconnues et contrôlées avant d’en arriver au soin
local de la plaie. Le soin local comporte trois éléments
clés en matière d’évaluation et de traitement potentiel : le
débridement (D), le contrôle de l’infection, par opposition
à la présence d’inflammation anormalement prolongée
(I), et le maintien de l’humidité (M). Un traitement topique
adéquat doit convenir aux caractéristiques de la plaie.
Malgré une prise en charge appropriée, les plaies curables
peuvent devenir stagnantes2. Des traitements avancés et
actifs liés au soin local des plaies peuvent alors être utilisés
pour stimuler la guérison (E) des plaies stagnantes.
Illustration 1. Paradigme de préparation du lit de la plaie pour des soins holistiques aux patients, Sibbald et al., 2011.
Personne présentant une
plaie stagnante mais
curable
Identifier et traiter
la cause
Réaliser le soin local
de la plaie
Débrider le tissu
Assurer la gestion de
l’Infection superficielle
et de l’Inflammation
chronique
dévitalisé
Aborder les
préoccupations centrées
sur le patie
Maintenir l’humidité
Stimuler la guérison des plaies
stagnantes mais curables
Une variété de causes sous-jacentes peuvent entraîner un
retard dans la guérison du lit de la plaie :
n
nvironnement inflammatoire, présentant généralement
e
des niveaux élevés d’activité des protéases;
n
éficience des facteurs de croissance ou de leurs
d
récepteurs;
n
iofilms et colonisation critique superficielle associée, ou
b
infection profonde et environnante;
n
hypoxie tissulaire locale;
n
cellules sénescentes (vieillissantes);
n
matrice extracellulaire endommagée;
n
bordures épithéliales hyperprolifératives, non migratrices,
souvent éloignées.
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
3
Toutefois, aucun test pratiqué dans le milieu de soins n’est
actuellement offert pour aider à identifier le facteur causal
d’un retard de guérison d’une plaie, et conséquemment,
aucun repère ne peut déterminer le traitement ciblé adéquat pouvant stimuler la cicatrisation. Puisque des traitements ciblés plus coûteux sont souvent choisis sans égard
aux critères cliniques et biologiques, ils peuvent s’avérer
inefficaces. Par conséquent, plutôt que d’être employés
« En fournissant des renseignements précis selon
Les 17 et 18 juin 2011, une équipe interdisciplinaire de
cliniciens canadiens en soins des plaies se sont réunis à
Toronto, en Ontario, afin d’analyser le rôle des protéases
dans la guérison des plaies. Cette rencontre visait à :
n
nalyser le rôle d’un test diagnostique sur l’activité des
A
protéases pratiqué au point d’intervention et en discuter;
n
Établir un consensus canadien fondé sur des données
probantes quant à l’utilisation d’un test diagnostique
sur l’activité des protéases réalisé dans le milieu
de soins;
lesquels… une intervention particulière convient…, l’outil
n
idéal de diagnostic peut contribuer à une prestation de
soins mieux synchronisés et mieux ciblés3. »
comme traitements ciblés précoces, les traitements actifs
des plaies locales sont souvent utilisés en dernier ressort.
Pourtant, un test pratiqué dans le milieu de soins pourrait
démontrer la présence de facteurs biologiques spécifiques
empêchant la guérison, et ainsi permettre aux cliniciens de
sélectionner précocement le traitement approprié, dans
l’espoir de profiter de son efficacité.
réer un algorithme de pratique incorporant le test
C
diagnostique sur l’activité des protéases.
La réussite d’une prise en charge des plaies repose
sur la capacité du clinicien en soins des plaies à identifier et à traiter la cause sous-jacente, sur les préoccupations centrées sur le patient et sur les facteurs
nuisibles liés à la plaie pouvant retarder la guérison. Une
évaluation rapide et précise de l’activité des protéases
inflammatoires peut aider le clinicien à accélérer le processus de cicatrisation en identifiant un schéma thérapeutique adéquat en toute confiance, de façon précise, et de
manière hâtive.
Groupe d’experts du consensus
R. Gary Sibbald, M.D.
(coprésident)
Professeur, Médecine et
santé publique
University of Toronto
Toronto (Ontario)
Robert Snyder, docteur en
médecine podiatrique (D.P.M.)
(coprésident et animateur)
Professeur et directeur
clinique, Paul and Margaret
Brand Research Centre
Barry University
Miami Shores (Floride)
Richard Belley, M.D.
Clinique de plaie complexe
du CSSS Alphonse Desjardins
(Centre Hospitalier Affilié Universitaire Hotel Dieu de Lévis)
Professeur agrégé de clinique
à la faculté de médecine de
l’Université Laval
Québec (Québec)
Mariam Botros, diplôme
en podologie, IIWCC
Podiatre et coordonnatrice
clinique, Wound Healing Clinic
Women’s College Hospital
Toronto (Ontario)
4
Cathy Burrows, inf. aut.
Queen Elizabeth II Hospital,
Halifax Infirmary
Halifax (Nouvelle-Écosse)
Patricia Coutts, inf. aut.
Présidente, Association
canadienne du soin des plaies
Toronto Regional Wound Clinic
Mississauga (Ontario)
Lincoln D’ Souza, inf. aut.
Centre universitaire de santé
McGill, Hôpital Royal Victoria
Montréal (Québec)
Janet Kuhnke, inf. aut.
B.Sc.Inf., M.Sc.Inf., ET Ph.D.
St. Lawrence College/
Université Laurentienne
Cornwall (Ontario)
Queens’ University
Kingston (Ontario)
Chantal Labrecque, inf. aut.,
B.Sc.Inf., M.Sc.Inf.
Consultante en soins de plaies
CliniConseil Inc.
Montréal (Québec)
Karen Laforet, inf. aut.,
Maîtrise en Sciences cliniques
– soins des plaies
(MClSc-WH), IIWCC
Calea
Mississauga (Ontario)
Stephan Landis, M.D.
Department of Hospital
Medicine and Ambulatory
Wound Clinic
Guelph General Hospital
Guelph (Ontario)
Wound Healing Clinic
Women’s College Hospital
Toronto (Ontario)
Kim Leblanc, inf. aut., M.Sc.
Inf., CETN(C) IIWCC
Infirmière praticienne de
formation supérieure,
infirmière clinicienne
spécialisée
KDS Professional Consulting
Ottawa (Ontario)
Vincent Maida, M.D.
Professeur adjoint
University of Toronto
Toronto (Ontario)
Professeur adjoint
d’enseignement clinique
McMaster University
Hamilton (Ontario)
Sowmil Mehta, M.D.
Hôtel-Dieu Grace Hospital
Windsor (Ontario)
Christine Pearson, inf. aut.
Trésorière, Association c
anadienne du soin des plaies
Clinicienne en soins des plaies
(santé communautaire)
Vancouver Coastal Health
North Vancouver,
(Colombie-Britannique)
Michele Suitor,
infirmière clinicienne
Conseillère en soins des plaies
Stony Plain (Alberta)
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
Consensus sur le rôle de l’évaluation de l’activité
des protéases dans les soins des plaies
Énoncés consensuels
Le groupe d’experts a formulé une série d’énoncés décrivant le rôle des protéases dans le retard de guérison et
incorporant un test diagnostique sur l’activité des protéases
pratiqué au point d’intervention dans le paradigme de
préparation du lit de la plaie. À la suite de la réunion du
groupe d’experts, les membres ont pris part à un processus
Delphi indépendant, électronique et modifié, afin de
produire les énoncés consensuels suivants. Il importe de
noter qu’au moins 80 % des membres du groupe devaient
être fortement en accord ou plutôt en accord avec chacun
des énoncés.
Guide de consultation rapide : Consensus sur le rôle de l’évaluation de l’activité des protéases dans les soins des plaies
No
Énoncés consensuels
Énoncés de base
1
Une activité protéasique importante est un facteur clé dans le retard de guérison des plaies complexes, stagnantes
et curables.
2
Les signes cliniques ne peuvent prédire de façon exacte une activité protéasique excessive de la plaie.
Traiter la cause et répondre aux préoccupations centrées sur les patients
3
Examiner la cause des plaies complexes et stagnantes et répondre aux préoccupations centrées sur les patients
avant d’envisager l’utilisation d’un test sur l’activité des protéases.
Fournir des soins locaux à la plaie
4
Les cliniciens en soins des plaies ayant les connaissances et les capacités nécessaires pour diriger le traitement
devraient être ceux qui ordonnent et interprètent le test sur l’activité des protéases. Toute personne adéquatement
formée peut réaliser le test.
5
Évaluer et optimiser les soins locaux des plaies : le débridement, la gestion de l’infection ou de l’inflammation
persistante (p. ex., activité protéasique trop importante) et l’équilibre de l’humidité.
6
Utiliser le test sur l’activité des protéases dans le cadre de l’évaluation des plaies complexes, stagnantes et
curables.
7
Intégrer les résultats issus du test sur l’activité des protéases dans le traitement local et systémique.
8
Réévaluer périodiquement l’évolution de la plaie à l’aide du test sur l’activité des protéases, si nécessaire.
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
5
Énoncés de base
1
Une activité protéasique importante est un facteur clé dans le retard de guérison des plaies
complexes, stagnantes et curables.
Définition des termes
Le groupe d’experts a accordé une attention toute particulière à la terminologie utilisée pour décrire les plaies ne
guérissant pas. Qualifier une plaie stagnante, mais curable, de plaie chronique peut s’avérer inexact, puisque le
processus de guérison des plaies aiguës, dont les plaies
postchirurgicales, peut également stagner. Dans le cas
de certaines plaies, il est possible qu’un déséquilibre
biochimique soit présent depuis le début. Des facteurs
intrinsèques et extrinsèques chez les patients souffrant de
maladies chroniques peuvent provoquer un retard de guérison. Qualifier des plaies qui ne guérissent pas (mais qui
sont curables) de plaies complexes, stagnantes et curables
permet d’englober toutes les plaies curables ne guérissant pas au rythme prévu, sans tenir compte de la durée,
augmentant ainsi la précision de la description d’une « plaie
qui ne guérit pas ».
n
urable : Une plaie curable est une plaie dont la cause
C
a été corrigée, dont l’apport sanguin est adéquat et qui
ne présente aucun facteur systémique ou local pouvant
empêcher la guérison.
n
urable vs chronique vs qui ne guérit pas : Une plaie
C
dite « curable » exclut les plaies atones et celles qui ne
guérissent pas (incluant les plaies palliatives). Une plaie
atone a la capacité de guérir, mais ne guérit pas en
raison de facteurs liés au patient, tels que le refus de
porter un vêtement de compression ou l’incapacité du
système de fournir un élément de soins nécessaire, par
exemple un dispositif spécialisé permettant de redistribuer la pression sur le pied. Une plaie qui ne guérit
pas ne bénéficie pas de facteurs locaux et systémiques
pouvant assurer sa guérison, tels qu’un approvisionnement sanguin adéquat ou une cause rectifiable.
n
omplexe : Bien qu’il n’existe aucune définition simple
C
de « plaie complexe », en pratique, une plaie complexe
est une plaie présentant un facteur de complication (ou
plus) contribuant à la cause de la plaie ou empêchant la
réponse au soin local de la plaie. De plus, les comorbidités, telles que les maladies coexistantes et les pharmacothérapies concomitantes, peuvent avoir un effet sur la
guérison de la plaie.
6
n
Stagnante : Une plaie stagnante ne suit pas le processus
de guérison prévu. La plaie ne guérit pas, ou guérit plus
lentement que prévu. Des recherches suggèrent qu’une
réduction de la surface de la plaie aux semaines 2 à 4
permet de prédire la capacité de guérison à la semaine
12. Dans les cas d’ulcères du pied diabétique, une
diminution d’au moins 50 % de la taille à l’intérieur de
4 semaines permet de prédire la guérison à la semaine
124,5. Dans les cas d’ulcères veineux de la jambe, une
réduction de 20 à 40 % de la taille aux semaines 2
à 4 a démontré une corrélation avec la guérison à
la semaine 126. Selon le groupe d’experts, une plaie
nécessitant une intervention clinique d’un expert en
soins des plaies est souvent complexe ou stagnante,
puisque les plaies non complexes guérissent par ellesmêmes sans intervention.
Mortalité liée aux plaies
Le groupe du consensus a mis en relief l’importance médicale des plaies, celles-ci étant souvent perçues comme
étant moins graves qu’elles ne le sont réellement. Le taux
de mortalité sur 5 ans associé aux ulcères neuropathiques
ou à l’amputation se situe dans la même fourchette que
celui de certains cancers courants (par exemple, le cancer
colorectal), et s’avère plus élevé que celui des malignités
liées au sein ou à la prostate7. Il est donc essentiel de
considérer la guérison des plaies comme étant un enjeu
médical important et d’assurer une prise en charge précoce
et efficace, afin de maximiser les chances de guérison et
de réduire le risque de complications. Plus la plaie stagne,
plus il devient difficile de la rendre curable.
Il est donc essentiel de considérer la guérison des plaies
comme étant un enjeu médical important et d’assurer une
prise en charge précoce et efficace, afin de maximiser les
chances de guérison et de réduire le risque de complications.
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
Protéases et guérison normale de la plaie
Les protéases (enzymes qui digèrent les protéines) sont
essentielles à la guérison d’une plaie. Il existe 2 principales
catégories de protéases : les protéases sériques (élastase,
plasmine, urokinase et chymase) et les métalloprotéinases
matricielles (collagénase et gélatinase)8. Une variété de
types de cellules, incluant les cellules inflammatoires, les
cellules endothéliales vasculaires, les fibroblastes et les cellules épithéliales, produisent normalement des protéases
sous forme inactive. Elles sont alors activées par d’autres
enzymes. Des inhibiteurs tissulaires de métalloprotéinases
sont normalement présents dans les plaies et peuvent
empêcher l’activation de métalloprotéinases matricielles
inactives, de même qu’inhiber les métalloprotéinases
matricielles activées8.
débridant la plaie;
n
favorisant l’élimination de bactéries;
n
s timulant la migration de cellules essentielles à la
guérison de la plaie;
activant les facteurs de croissance;
n
rétablissant le tissu cicatriciel.
Au début de la guérison d’une plaie aiguë, l’activité des
protéases augmente rapidement, atteint un sommet à
l’intérieur de quelques jours, puis diminue à un faible
niveau à la fin de la première semaine, alors qu’évolue le
processus de guérison.
Augmentation de l’activité protéasique et
retard de guérison
Toutefois, dans les cas de plaies ne guérissant pas, une
rupture d’équilibre entre l’inhibition et l’activation des
protéases peut entraîner des niveaux d’activité protéasique trop importants, pendant une période prolongée. La
présence de bactéries intensifie le problème et aggrave un
environnement déjà hostile, augmentant ainsi la réponse
inflammatoire avec des taux élevés de protéases bactériennes9,10. Ce déséquilibre entraîne la destruction des protéines matricielles extracellulaires nouvellement formées,
des facteurs de croissance et des récepteurs. Une phase
inflammatoire prolongée et un environnement de plaie
destructeur retardent la guérison de la plaie (illustration 2)8.
Au cours d’une guérison de plaie normale, un équilibre
fragile existe entre l’activation des protéases (afin de détériorer son substrat spécifique) et l’inhibition possible de cette
même protéase une fois son action accomplie. Au cours
du processus normal de guérison d’une plaie, les protéases
agissent en2,8 :
n
n
Illustration 2. Le cercle problématique de l’inflammation, des niveaux élevés d’activité des protéases et du retard dans la guérison
des plaies. Cullen et al., 2009.
Tissu
Cy tok
i n e s et ra
s
n
re
Dé s équ i l i br e
téases en excès
Pro
Protéases
bactériennes
et toxines
l
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Retard
Dans La
Guérison
Des Plaies
Infla m m a
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n
ce
Production
excessive de
protéases par
les cellules
ste
do
m
Pers
i
en
Dégradation de la matrice
extracellulaire et des
facteurs de croissance
au
dic
x
Augmentation de la
réponse inflammatoire
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
7
Un nombre substantiel de données confirment la présence
de niveaux d’activité protéasique beaucoup plus élevés dans
Des interventions permettant de réduire l’activité
protéasique et de corriger le déséquilibre
pourraient favoriser la guérison.
2
le cas des plaies stagnantes et curables que pour les plaies
dont la guérison est normale11–29. La présence de tissus
endommagés, d’un corps étranger, de bactéries et
de biofilms sur la plaie peut prolonger la hausse des
niveaux d’activité protéasique2. Des interventions
permettant de réduire l’activité protéasique et de
corriger le déséquilibre pourraient favoriser la
guérison30.
Les signes cliniques ne peuvent prédire de façon exacte une activité protéasique
excessive de la plaie.
Déterminer les niveaux d’activité
protéasique de la plaie
Un grand nombre de plaies stagnantes curables – mais
pas toutes – présentent une inflammation persistante
et des niveaux d’activité protéasique importants qui
empêchent la progression de la guérison normale
durant la phase de prolifération. Lors de la discussion,
les participants réunis ont présenté des cas de plaies
complexes, stagnantes et curables (illustration 3). Le
groupe n’a pas été en mesure de déterminer avec
exactitude les niveaux d’activité protéasique des plaies par
simple observation ou de trouver des indicateurs cliniques
liés à des niveaux faibles ou élevés d’activité protéasique.
Puisqu’une expertise clinique seule ne peut identifier le
niveau d’activité des protéases, un test objectif s’avère
donc nécessaire.
Puisqu’une expertise clinique seule ne peut identifier
le niveau d’activité des protéases, un test objectif
s’avère donc nécessaire.
Illustration 3. Ce que l’oeil ne peut pas voir : l’observation clinique seule peut ne pas suffire à déterminer un niveau élevé
d’activité protéasique. Photos : courtoisie de RG Sibbald.
Ulcère de pression de stade 4.
Une plaie stagnante.
Une plaie stagnante :
Ulcère du pied diabétique.
Étant donné que l’inspection clinique d’une plaie
stagnante offre rarement une indication précise du
problème sous-jacent et ne peut identifier le niveau
d’activité des protéases, le raisonnement justifiant le
choix d’un traitement innovant n’est souvent rien de plus
8
Un ulcère de jambe d’origine
veineuse ancien. Colonisation
critique.
Patient présentant une vascularite avec un ulcère veineuse.
(polyarthrite rhumatoïde)
qu’une estimation éclairée. Un test diagnostique pourrait
contribuer à déterminer plus tôt le problème biochimique
sous-jacent et ainsi guider vers le choix du traitement le
plus approprié.
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
Diagnostic des plaies
« La mise au point de tests diagnostiques précis
Dans le domaine des soins des plaies, les diagnostics
peuvent se présenter sous forme d’indicateurs, de
marqueurs diagnostiques et de théranostiques, selon le
paramètre mesuré.
n
n
n
destinés à être utilisés dans le domaine des plaies
pourrait révolutionner leur traitement et aider à
améliorer les protocoles standards de soins de
L es indicateurs, tels que la couleur de la plaie, le pH
et la température, permettent de mettre en relief un
problème potentiel.
plaies, tout en contribuant à l’utilisation rentable de
ressources parfois limitées3. »
L es marqueurs diagnostiques permettent de mesurer
les biomarqueurs tels que la numération bactérienne,
les biofilms, les facteurs de virulence ou l’activité des
protéases, ce qui aide à évaluer ou à diagnostiquer une
problématique.
théranostique sur l’activité des protéases indiquerait la
pertinence d’un pansement modulateur des protéases
(anti-inflammatoire) .
L es théranostiques permettent de mesurer un
biomarqueur suggérant l’utilisation d’un traitement
particulier, puisque les résultats du test prédisent
l’efficacité de ce traitement. Par exemple, un test
Traiter la cause et répondre aux préoccupations centrées sur les patients
3
Examiner la cause des plaies complexes et stagnantes et répondre aux préoccupations centrées
sur les patients avant d’envisager l’utilisation d’un test sur l’activité des protéases.
Évaluer le patient et la plaie
Durant la rencontre, une discussion tenue au sujet des
approches courantes en matière de prise en charge des
plaies complexes et stagnantes a permis de soulever
plusieurs éléments importants. Si une plaie curable ne
guérit pas, il est essentiel de procéder à une évaluation
complète, incluant un examen physique et un historique
complet, afin de s’assurer qu’aucune cause cachée ou
qu’aucun autre facteur modificateur n’a été négligé.
La guérison de la plaie ne peut survenir si la cause
n’a pas été identifiée et corrigée. Dans la recherche
de causes possibles, il est important d’identifier tous
les facteurs associés susceptibles de compromettre la
guérison de la plaie :
n
n
A
utres facteurs liés au patient, tels que le tabac ou la
consommation d’alcool, la non-observance du plan de
traitement, des problèmes avec les activités de la vie
quotidienne et un manque de soutien social ou familial.
n
M
édicaments, incluant les corticostéroïdes, les
agents immunomodulateurs, la chimiothérapie et la
radiothérapie.
n
C
aractéristiques de la plaie, incluant la durée, la taille,
l’état du lit de la plaie et l’infection ou l’inflammation.
Lorsque ces facteurs ont été identifiés et abordés, un
traitement adéquat peut accélérer la guérison de la plaie.
C
omorbidités du patient, incluant les conditions
telles qu’un diabète non contrôlé, une maladie
auto-immune en évolution, une malnutrition, une
maladie neuromusculaire ainsi que des problèmes
cardiorespiratoires.
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
9
Soin local de la plaie
Les cliniciens en soins des plaies ayant les connaissances et les capacités nécessaires pour
4
diriger le traitement devraient être ceux qui ordonnent et interprètent le test sur l’activité des
protéases. Toute personne adéquatement formée peut réaliser le test.
Communiquer l’état de la plaie
Le groupe d’experts a conclu que la simplicité d’un test
diagnostique rapide et convivial sur l’activité des protéases
qui est réalisé dans le milieu de soins fait en sorte que
celui-ci s’avère adéquat dans divers milieux de soins. Dans
un grand nombre de milieux de soins de santé, incluant
les établissements de courte durée, les centres de soins
de longue durée et les soins à domicile, plusieurs cliniciens
peuvent participer à l’évaluation et au traitement de plaies
à différents moments.
Le groupe d’experts a mis en relief l’importance d’une
communication fréquente entre les cliniciens en soins
des plaies afin d’assurer des soins optimaux, incluant la demande d’un test sur l’activité des protéases et
l’interprétation de ses résultats. Cela s’avère particulièrement vrai dans le cas des plaies complexes et stagnantes,
qui peuvent nécessiter des changements thérapeutiques
et des évaluations supplémentaires. Afin de favoriser la
n
U
ne formation interprofessionnelle portant sur le rôle
des protéases dans le retard de guérison des plaies et
sur la prise en charge adéquate d’une augmentation de
l’activité protéasique, incluant une formation sur la prise
en charge par traitement topique et systémique.
n
U
n protocole propre à l’établissement pour le test sur
l’activité des protéases
n
L a révision de la section portant sur l’évaluation de la
plaie dans le dossier (électronique ou non) du patient,
afin d’inclure un espace pour inscrire les résultats du test
sur l’activité des protéases.
n
L’établissement d’une structure ou d’un protocole, afin
de faire en sorte que des actions appropriées soient
entreprises en fonction des résultats du test.
Évaluer et optimiser les soins locaux des plaies : le débridement, l’infection ou l’inflammation
5
persistante (p. ex., activité protéasique trop importante) et l’équilibre de l’humidité.
Préparer le lit de la plaie
Le groupe d’experts s’est entendu sur l’importance
d’optimiser ensuite les soins locaux des plaies en utilisant
une approche de pratique exemplaire systématique quant
à la préparation du lit de la plaie. Après avoir débridé la
plaie du tissu nécrotique, contaminé ou infecté, il est
important d’évaluer cette dernière afin de détecter une
infection ou une colonisation critique.
La présence d’au moins trois des caractéristiques suivantes
indique une charge bactérienne importante reliée a une
colonisation critique 31,32 :
n
N
e guérit pas
n
E
xsudat augmente
n
R
ouge et friable (tissu de granulation)
n
D
ébris ou cellules mortes sur la surface de la plaie
n
S
enteur
10
communication au sujet du test sur l’activité des protéases
et sur l’interprétation des résultats, les éléments suivants
peuvent être nécessaires :
Similairement, la présence d’au moins trois des observations cliniques suivantes indique une charge bactérienne
très élevée qui est relative à une infection profonde 31,32 :
n
S
urface augmente
n
T empérature augmente
n
O
s : palpable ou exposé
n
N
ouvelle plaies ou plaies satellites
n
É
rythème/œdème
n
E
xsudat augmente
n
S
enteur
Une augmentation de l’exsudat et de l’odeur indique
généralement la présence d’organismes Gram-négatifs
et anaérobiques, nécessitant un critère NERDS
supplémentaire pour la colonisation critique ou un
critère STONEES supplémentaire pour une infection
profonde ou une infection des tissus avoisinants.
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
Le niveau d’activité protéasique et la population bactérienne ne constituent pas des variables indépendantes;
elles sont interreliées. Puisque l’infection et l’inflammation
sont susceptibles d’accroître le niveau d’activité protéasique, une infection superficielle ou profonde de la
6
plaie devrait être traitée avant la réalisation d’un test sur
l’activité des protéases. Maintenir un équilibre adéquat de
l’humidité de la plaie s’avère également essentiel dans le
choix du pansement.
Utiliser le test sur l’activité des protéases dans le cadre de l’évaluation des plaies complexes,
stagnantes et curables.
Moment du test sur l’activité des protéases
Le groupe d’experts a conclu que le test sur l’activité des
protéases constitue une partie essentielle de l’évaluation
d’une plaie complexe, stagnante et curable, et permet de
déterminer la raison du retard de guérison (illustration
4). Si le lit de la plaie est propre, un test diagnostique
sur l’activité des protéases réalisé en milieu de soins
peut s’avérer utile pour l’évaluation du patient lors de sa
première visite. Afin d’assurer une interprétation exacte
des résultats du test, les cliniciens devraient suivre un
protocole de nettoyage et de débridement préalablement
à la réalisation du test. Étant donné que les résultats du
test peuvent être utilisés afin d’orienter le traitement, ils
doivent être inscrits dans la section concernant l’évaluation
de la plaie dans le dossier (électronique ou non) du
patient afin de favoriser la communication entre les cliniciens qui prennent en charge le patient et sa plaie. Lors
des visites subséquentes, la répétition du test peut fournir
des preuves afin de confirmer le choix du traitement ou
d’identifier la nécessité de changer ce dernier.
Illustration 4. Le paradigme de préparation du lit de la plaie mis à jour1 intègre l’utilisation d’un test diagnostique sur l’activité des
protéases pour identifier une augmentation du niveau d’activité protéasique. Le test peut s’avérer utile dans le choix du traitement approprié, permettant la surveillance des effets du traitement et indiquant la nécessité potentiel de modifier celui-ci. Voir
l’illustration 5 pour un résumé des approches liées au traitement local et systémique de la plaie. Modifié de Sibbald et al., 2000,
2003, 2006, 2007, WHO 2010, 2011.
Paradigme de préparation du lit de la plaie pour des soins holistiques aux patients
Rôle du test sur l’activité des protéases
Personne ayant une plaie
stagnante mais curable
Traiter la cause
Débridement du tissu
Soin local de la plaie :
Utiliser le test sur
l’activité des protéases
si nécessaire
L’infection et
l’inflammation prolongée
peuvent être liées à
l’augmentation
des niveaux
de protéases
Préoccupation centrées
sur le patient
Équilibre de l’humidité
Intégrer les résultats issus du test sur l’activité des protéases dans le traitement local et systémique
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
11
Choix des plaies à des fins d’évaluation
Le groupe d’experts a identifié des situations cliniques
pour lesquelles le test sur l’activité des protéases pourrait
améliorer la prise en charge de plusieurs catégories de
plaies curables, incluant les plaies suivantes :
n
p
laies chez les patients présentant des comorbidités
sous-jacentes telles qu’un diabète sucré, une maladie
artérielle périphérique ou une stase veineuse;
n
toute plaie jugée « stagnante » après l’élimination de sa
cause;
n
p
laies chirurgicales déhiscentes, afin de prévenir les
complications pouvant entraîner une réadmission;
n
p
laies de pression chez les populations de patients à
risque, comme les personnes âgées ou les patients
diabétiques;
n
p
laies pour lesquelles une greffe cutanée, un produit
tissulaire génétiquement modifié ou des matériaux
de structure sont nécessaires, puisque la dégradation de la matrice est susceptible de survenir dans un
environnement présentant une activité protéasique
importante;
n
p
laies pour lesquelles un traitement de thérapie par
pression négative sera entrepris.
Le groupe du consensus a également identifié les plaies
pour lesquelles le test sur l’activité des protéases serait
inapproprié, incluant dans les cas suivants :
7
d
échirures cutanées, à moins que la guérison soit
stagnante;
n
p
laies atones
n
p
laies qui ne guérissent pas, incluant les plaies
palliatives.
Toutefois, les membres du groupe se sont questionnés
à savoir si le traitement d’une augmentation du niveau
d’activité des protéases pouvait transformer une plaie
atone en une plaie curable, en réduisant l’activité protéasique à la surface. D’autres recherches seront nécessaires
afin de démontrer la validité du test pour différents types
de plaies dans la pratique clinique.
Identifier les avantages de l’analyse de
l’activité des protéases
En déterminant les niveaux d’activité protéasique d’une
plaie, le test peut fournir des données cliniques sur la
biochimie de la plaie, favorisant ainsi une utilisation rationnelle des traitements ciblés, éliminant le questionnement,
accélérant potentiellement la guérison de la plaie et
permettant au patient d’obtenir son congé plus rapidement. D’un point de vue économique en matière de soins
de santé, l’utilisation adéquate d’un test sur l’activité des
protéases pourrait contribuer à réduire l’utilisation inappropriée des ressources du système de soins de santé.
Le groupe d’experts a conclu que le test sur l’activité des
protéases devrait être considéré comme faisant partie d’un
plan thérapeutique complet optimisant la guérison des
plaies et favorisant des résultats à moindre coût.
Intégrer les résultats issus du test sur l’activité des protéases dans le traitement local et systémique.
Corriger un environnement de plaie
inflammatoire
Les trois composantes du soin local des plaies sont
le débridement, la prise en charge de l’infection et
de l’inflammation et l’équilibre de l’humidité. Une
inflammation ou une infection persistante à la suite d’un
débridement adéquat peuvent être associées à des
niveaux élevés d’activité protéasique. Il est alors nécessaire
de déterminer si cette inflammation anormale est associée
à des dommages bactériens aux tissus, et si le foyer de
l’inflammation ou de l’infection est superficiel (et donc,
12
n
nécessitant un traitement topique), ou s’il se trouve
plutôt dans les tissus profonds ou avoisinants (et donc,
nécessitant un traitement systémique) (illustration 5).
Les trois composantes du soin local des plaies sont le
débridement, la prise en charge de l’infection et de l’inflammation
et l’équilibre de l’humidité. Une inflammation ou une infection
persistante à la suite d’un débridement adéquat peuvent être
associées à des niveaux élevés d’activité protéasique.
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
Figure 5. Résumé des combinaisons infection/inflammation possibles dans les plaies et interventions thérapeutiques suggérées.
L’évaluation de l’activité des protéases peut permettre d’identifier des niveaux élevés d’activité protéasique, alors que la détermination d’une inflammation profonde est basée sur l’historique de la plaie, le diagnostic et divers critères cliniques. Des niveaux élevés
d’activité protéasique peuvent être ou ne pas être associés à une inflammation profonde, tout comme des dommages bactériens
superficiels avec colonisation critique peuvent être observés avec ou sans infection profonde ou environnante. Adapté de Sibbald
R.G., 2011. Modifié à partir de Sibbald et al, 2000, 2003, 2006, 2007, WHO 2010, 2011.
Différenciation entre une infection/inflammation partielle et une infection/inflammation profonde
– guide de traitement
• Sa taille est plus grande
• Ne guérit pas
Partielle
• Exsudat 
(colonisation critique) :
• Température 
Critères NERDS
• Os (exploration, exposé)
• Rouge + saignante
• Débris
• Senteur
3 critères ou plus :
traitement topique à
l’aide d’un pansement
antimicrobien
Test sur l’activité des protéases
PARTIELLE
(COLONISATION
CRITIQUE)
FAIBLE NIVEAU
DE BACTÉRIES
< 3 NERDS
• Exsudat 
3 critères ou plus : le
médecin doit envisager des
antibiotiques systémiques
• Senteur
Test sur l’activité des protéases
Pansements
antimicrobiens
Pansements
antimicrobiens
Pansements
modulateurs
des protéases
Critères STONEES
• Érythème/œdème
INFECTION
PROFONDE
FORTE ACTIVITÉ DES FAIBLE ACTIVITÉ DES
PROTÉASES
PROTÉASES
FORT NIVEAU DE Pansements modulateurs
des protéases
BACTÉRIES
≥ 3 NERDS
• Nouvelle plaie
Infection profonde :
FORT NIVEAU DE
BACTÉRIES
≥ 3 NERDS
Pansements pour
l’équilibre
de l’humidité
FAIBLE NIVEAU
DE BACTÉRIES
< 3 NERDS
FORTE ACTIVITÉ DES FAIBLE ACTIVITÉ DES
PROTÉASES
PROTÉASES
Anti-inflammatoires
systémiques,
antimicrobiens
Antimicrobiens
systémiques
Anti-inflammatoires
systémiques
Pas de traitement
systémique
Utilisation dans le cas d’une plaie « stagnante » (taille diminuée de moins de 30 % après 4 semaines).
Corriger et modifier les cofacteurs selon la procédure de préparation du lit de la plaie©. Déterminer s’il s’agit d’une plaie
d’épaisseur partielle, d’épaisseur profonde, ou des deux.
n
Plaie d’épaisseur partielle :
• Un test démontrant une forte activité protéasique
indique la nécessité d’un traitement modulateur
des protéases (anti-inflammatoire) permettant de
remédier à une inflammation anormalement prolongée de l’environnement de la plaie. Un tel traitement
inclut souvent l’utilisation d’une matrice modulatrice
des protéases.
seuls des pansements assurant l’équilibre de
l’humidité sont requis.
n
Plaie d’épaisseur profonde (totale) et tissus environnants : La plaie d’épaisseur profonde (totale) et les
tissus environnants qui ne guérissent pas (lit de la plaie
et bords) comprennent un espace sous-jacent. Les
résultats possibles, au nombre de quatre, impliquent
différentes options de thérapeutiques :
• Dans le cas où des dommages bactériens sont confirmés, un agent antimicrobien topique comme l’argent,
l’iode ou le miel peut également s’avérer nécessaire,
avec un pansement assurant l’équilibre de l’humidité.
• Un test révélant une activité protéasique négative (faible)
et aucune indication d’inflammation systémique
démontre l’absence d’infection ou d’inflammation.
Aucun traitement systémique n’est requis.
• Des dommages bactériens peuvent être observés
sans une augmentation de l’activité des protéases.
• La présence de trois critères STONEES ou plus indique
une infection des tissus profonds ou environnants; un
agent antimicrobien systémique est alors nécessaire.
• Si moins de trois critères NERDS sont présents et
que le test révèle une activité protéasique négative,
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
13
• Des preuves d’une inflammation profonde, par
exemple dans des cas de vascularite ou de pyodermite phagédénique, impliquent l’utilisation de
stéroïdes intralésionnels ou le recours à un traitement
anti-inflammatoire systémique.
• La présence d’une inflammation profonde et d’une
infection implique la nécessité d’utiliser des agents
antimicrobiens systémiques, particulièrement ceux
présentant des propriétés anti-inflammatoires, comme
la doxycycline et autres tetracyclines, le cotrimoxazole
(sulfaméthoxazole et triméthoprime), le métronidazole, la clindamycine et l’érythromycine.
Utiliser les résultats du test pour améliorer les
soins des plaies
Les résultats obtenus dans le cadre du test sur l’activité
protéasique peuvent fournir des données cliniques objectives venant appuyer l’utilisation de traitements avancés tôt
dans le processus de guérison de la plaie, afin d’assurer un
retour vers une trajectoire de guérison. Le groupe d’experts
réunis a recommandé que les médecins envisagent
8
n
identifiant rapidement les plaies présentant un
problème de guérison (émergent ou déjà existant),
prévenant ainsi les complications et accélérant le
processus de guérison;
n
déterminant rapidement l’efficacité d’un plan de
traitement visant à réduire les niveaux d’activité des
protéases;
n
diminuant potentiellement la fréquence des changements de pansement, des visites et du temps consacré
aux soins par les médecins et le personnel infirmier;
n
ciblant la thérapie sur la biochimie des plaies et en
évitant les suppositions dans le choix d’un traitement
avancé, diminuant ainsi l’inefficacité des divers traitements et le temps nécessaire à la guérison.
Réévaluer périodiquement l’évolution de la plaie à l’aide du test sur l’activité des
protéases si nécessaire.
Les études effectuées suggèrent qu’une diminution de
la surface de la plaie sur une période de 2 à 4 semaines
permet de prédire la capacité d’en arriver à une guérison
à la semaine 12. Les plaies ne présentant pas ces niveaux
de guérison à l’intérieur de ce délai indiquent qu’il est
nécessaire de réévaluer le schéma thérapeutique initial.
Les thérapies visant à rééquilibrer une plaie stagnante,
mais curable, peuvent inclure des traitements modulateurs
des protéases (anti-inflammatoires). En général, les pansements modulateurs des protéases (anti-inflammatoires),
tels que ceux à base de collagène et de cellulose oxydée
régénérée (COR), sont utilisés pour de courtes périodes
de 2 à 4 semaines; vient ensuite une évaluation complète
de l’efficacité du traitement (illustration 6).
Un changement dans la biochimie des protéases annonce
un changement clinique dans la plaie. Conséquemment,
le groupe d’experts a suggéré qu’il serait logique que
l’on teste de nouveau l’activité protéasique d’une plaie
dans un délai de 2 à 4 semaines. Le comité a également
confirmé qu’il s’avère approprié de répéter le test si la
guérison de la plaie ne progresse pas au rythme prévu.
14
l’utilisation d’un test sur l’activité des protéases, l’inclusion
des résultats obtenus dans le plan de traitement et la surveillance des niveaux d’activité des protéases par le biais
de la répétition de ce test à des moments appropriés. Une
telle approche pourrait aider le médecin traitant les plaies
à améliorer les soins donnés au patient en :
Dans une telle situation, le patient et la plaie devraient être
réévalués, et mettant l’accent sur la recherche de causes
précédemment négligées, ou sur d’autres facteurs locaux
ou systémiques devant être examinés. Une réévaluation
complète de la plaie peut s’avérer nécessaire lorsque la
guérison ne progresse pas.
« Plus le système de diagnostic sera simple, plus il sera
largement utilisé… les outils de diagnostic doivent être
transportés dans les cliniques et les résidences des patients,
afin d’assurer des soins optimaux aux patients aux prises
avec des plaies3. »
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
Illustration 6. Algorithme théorique pour tester l’activité protéasique des plaies stagnantes, RJ Snyder, 2011. Cet algorithme
permettant de tester l’activité des protéases représente un modèle théorique pour la pratique clinique, et peut être utilisé lors de la
première rencontre avec le patient ou à tout moment au cours du schéma de traitement.
Semaine I
Snyder : Algorithme théorique pour tester les plaies stagnantes
Test – protéases
élevées
Semaines 5 et +
RÉÉVALUER
+
Rééquilibrer
l’environnement
de la plaie
-
-
Refaire un test dans
2 - 4 semaines
RÉÉVALUER
+
Rééquilibrer
l’environnement
de la plaie
Refaire un test dans
2 - 4 semaines
-
Traitement
séquentiel basé
sur le portrait
clinique
Pas de test
supplémentaire
requis
SI LA PLAIE STAGNE
Semaines 2 à 4
+
Traitement
séquentiel
Conclusion
L’introduction de tests diagnostiques offre la possibilité
pourrait faciliter ce changement de paradigme, en
d’amorcer un changement de paradigme en ce qui
permettant un raisonnement fondé sur des données
a trait aux protocoles établis de soins des plaies. Une
probantes justifiant le choix hâtif de traitements
connaissance approfondie du microenvironnement de
ciblés. L’inclusion d’un test sur l’activité des protéases
la plaie pourrait entraîner une intervention appropriée
dans le cadre général d’évaluation d’une plaie serait
plus tôt dans le processus, une guérison plus rapide
ultimement susceptible de provoquer un changement
et un traitement offrant un meilleur rapport coût-
dans les soins de référence liés à la prise en charge des
efficacité. Le groupe d’experts du consensus est d’avis
plaies complexes et stagnantes.
que la disponibilité d’un test sur l’activité des protéases
Rôle d’un test diagnostique sur l’activité des protéases pratiqué dans le milieu de soins dans la pratique clinique canadienne
15
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16
Rôle
d’un
a Point-of-Care
test
diagnostique
Protease
sur l’activité
Activitysans
Diagnostic
des restriction
protéases
Testpratiqué
inversée
Canadian
dans
le milieu
Practice
de soins dans la pratique clinique canadienne
SoutenuRole
par of
une
subvention
à l’éducation
par Clinical
Systagenix.
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