N ewsletter Juillet 2016 Diocèse de Port Louis, Île Maurice Département de Psychologie et Counselling L e ‘Partnership for Children Organisation’ (PFC) gère deux programmes visant la promotion de la santé mentale pour les enfants. Les programme Les Amis de Zippy et Apple’s Friends connaissent un énorme succès international, ils sont implantés dans des écoles pré-primaires et primaires dans 30 pays, et plus de 1,250,000 enfants en ont bénéficiés. Depuis 2009, le Département de Psychologie et Counselling de L’ICJM a mis en place le programme Les Amis de Zippy dans 86 écoles primaires et pré-primaires (privées et publiques) au sein des Iles Maurice, Rodrigues et Réunion. Ce ‘workshop’ a été l’occasion de non seulement consolider les liens entre les divers partenaires internationaux, et aussi d’échanger et de communiquer sur les bonnes pratiques et nouvelles idées L’agenda du workshop de cette année couvrait divers aspects du travail de cette organisation : l’origine du programme Les Amis de Zippy 20 ans de cela jusqu’aux derniers développements en technologie digitale. 4ème International Workshop, Keble College, Oxford Cette année, le PFC a organisé son 4ème ‘International Workshop’ du 21 au 24 mars au Keble College à Oxford, Royaume Unis. La directrice de ce projet Emilie Duval ainsi que ses collaboratrices, Sarah de St. Pern et Teresa Lim Kong ont eu l’occasion de participer à ce ‘workshop’ qui a permis de rencontrer 58 délégués de 21 pays à travers le monde qui œuvrent à la mise en place de ces programmes. 2 Certains experts internationaux sont venus présenter les récentes recherches scientifiques démontrant les bénéfices de cette approche. Parmi, Dr. Dora Guðmundsdóttir, une experte travaillant au sein du gouvernement sur la santé mentale pour les programmes de santé à l’Union Europeenne a ouvert le workshop avec une présentation ayant pour thème ‘Helping children to flourish’. Elle a présenté son étude autour de l’impact de la puissance économique sur le bonheur et le bien-être émotionnel des enfants. Les résultats démontrent que lors de la chute économique en Islande où les foyers se sont retrouvés en grande difficulté financière, le bonheur des adolescents a augmenté car cette situation a fait que les parents passaient plus de temps avec eux. Ce workshop a aussi été l’occasion de découvrir de nouveaux programmes qui visent tous la promotion de la bonne santé mentale en donnant des outils pour développer les habilités psycho-sociales des enfants et adolescents : Dr Dora a aussi mentionné dix facteurs essentiels à l’épanouissement de tout être humain: 1.les émotions positives 2.l’engagement 3. les relations 4. la résilience 5. la stabilité émotionnelle 6. l’estime de soi 7.l’optimisme 8. la vitalité 9. donner du sens à sa vie 10. se réaliser. Le programme Les Amis de Zippy à travers ses six modules: les sentiments, la communication, les relations, la gestion des conflits, faire face aux changements et aux pertes et l’adaptation, contribue grandement à l’épanouissement du jeune enfant. Une autre intervenante, Dr. Aleisha Clarke, professeur au sein du Département de Psychologie, Santé et Technologie, à l’Universitéde Twente, Pays Bas a introduit le thème ‘Involving the Whole School’, en présentant son travail autour de l’importance du ‘Whole School Approach’. Elle a expliqué comment il est essentiel que les responsables d’école soient engagés dans l’implémentation des programmes visant à la promotion de la santé mentale. Elle a démontré que ce genre de programme a un impact plus significatif lorsque les écoles intègrent la promotion de la santé émotionnelle dans leurs pratiques quotidiennes. Quelques exemples du ‘Whole School Approach’ : WW Apple’s Friends (7-9 ans) par le Partnership for Children comme une suite de Zippy http://www.partnershipforchildren.org.uk/ WW P asseport : S’équiper pour la vie (9-11 ans) par l’Université de Québec http://www.crise.ca/pdf/mishara-garneau-2014.pdf WW SPARK (12-14 ans) par Positran http://www.positran.eu/aboutpositran Sarah de St. Pern a été invitée à présenter la composante parentale ‘Zippy at Home ‘ que le Département de Psuchologie et Counselling de l’ICJM a développé depuis 2013 destiné aux parents dont les enfants participent au programme. Cette formation comprend trois sessions qui permettent aux parents : 1. 2. 3. 4. 5. d’être sensibilisés aux concepts fondamentaux du programme Les Amis de Zippy afin de pouvoir les renforcer auprès de leurs enfants d’arriver à mieux identifier, exprimer et gérer ses sentiments et encourager leurs enfants à le faire dans des situations au quotidien mais également plus difficiles telles que lors des changements ou de deuil d’être sensibilisés aux bases de la communication et d’une bonne écoute d’acquérir certains outils pratiques autour de la parentalité positive de renforcer les liens avec l’école. Teresa Lim Kong a aussi eu l’occasion de partager deux ‘success stories’ « Mwa Les Amis de Zippy ine bien aide mwa dans beaucoup de manière, premièrement quand mo ti vinn dans sa lécol là en février de cet année ci, mo ti pe senti mwa drole car mo ti pe penser ki mo pou reste tou seule et ki mo pas pou ena camarade. Mais avec bane session Les amis de Zippy, mone retrouve mwa avec beaucoup camarade de classe, et même mone apran osi couma mo bizin fer pou ale vers les autres pour faire camarade et comment faire pou préserve nou l’amitié. Deuxièment, Les amis de Zippy ine aide mwa pou ki mo capave rode solutions kan mo ena ban soucis, ek trouve plusieur solutions ek choisir la bonne solution cote ni mwa, ni mo camarade pas senti nou mal, cote mo respecter tou dimoune, cot nou tou senti nou bien. Et puis osi Les Amis de Zippy ine aide mwa beaucoup pou capav faire confiance mo Miss, car aster mo senti mwa bien à laise pou raconte mo bane ti soucis, et dir a. les habilités psycho-sociales qui sont apprises dans le programme de Zippy peuvent être utilisées par tous les membres du personnel au sein de leurs classes. b. des formations offertes au membre du personnel sur comment interagir positivement avec les enfants. c. développer des programmes ‘online’ pour les parents, membres du personnel pour renforcer les habilites psycho-sociales des enfants. d. des ‘posters’ affichés dans les écoles pour promouvoir des bonnes habilités psycho-sociales. Ex : respect de Soi, l’autre et l’environnement. Ex : Etapes à suivre pour choisir une bonne solution. 3 kan mo senti mwa triste ou joyeuse. Aster mo pa per pou ale rode aide avec ene grande personne et sa faire mwa du bien kan mo capav coser dir seki mo pe resnti. » (Une fille de la Std 2) d’un service d’écoute pour les enfants, parents et membres de la communauté scolaire, les sessions de ‘Zippy à la maison’ pour les parents, les sessions de formation sur le bien-être pour les membres du personnel scolaire. «J’ai facilité le programme Les Amis de Zippy avec beaucoup d’enthousiasme... Mes 26 élèves et moi avons partagé beaucoup de choses ensemble… j’étais émerveillé quand les élèves devaient dire comment faire pour s’adapter aux changements dans leurs vies pour pouvoir se sentir mieux. J’ai aussi aimé faciliter le programme alors que mon fils participait aussi à Zippy dans une autre école…Cela nous a beaucoup aidé à mieux nous comprendre et à trouver ensemble des solutions à la maison…J’aurai aimé avoir découvert ce programme quand j’avais 6 ans ; ma vie aurait été différente…» (une enseignante de la Std 2) Le thème de la dernière journée était sur l’Inspiration! Il s’est terminé par une présentation très bouleversante et touchante d’une personne qui s’appelle Dick Moore, ancien directeur d’école et entraineur de rugby qui est venu partager avec l’audience que son fils qui s’est tragiquement donné la mort à l’âge de 24 ans. Il a dit qu’il pense que peut-être si son fils avait eu la chance de bénéficier d’un programme comme Les Amis de Zippy, qui aide les enfants à faire face aux difficultés de la vie en développant des capacités d’adaptation, son fils serait peut-être encore vivant aujourd’hui….ayant peut être choisi de faire autrement… Il a dit : “Children are often not helped to cope because they are not often given opportunities to do so.” Durant ce workshop, tous les partenaires ont aménagé un stand d’exhibition pour permettre de découvrir, communiquer et partager les diverses expériences propres à chaque pays autour de la mise en place du programme Les Amis de Zippy.. Le stand du Département de Psychologie et Counselling, ICJM reprenait l’expansion et la réalisation du programme Les Amis de Zippy à Maurice, Rodrigues et La Réunion dans les écoles pré-primaires, primaires et Special Needs, la promotion du ‘Whole School Approach’ à travers la mise en place “Life is not about waiting for the storms to pass, it is about learning to dance in the rain.” Cette phrase de Dick Moore pour terminer le workshop nous a profondément interpellées et touchées….et convaincues qu’en investissant dans un programme comme Les Amis de Zippy, nous apprenons aux enfants à traverser les tempêtes de la vie, en développant des outils pour y faire face. Nous avons quitté Oxford encore plus convaincues et motivées pour travailler dans ce sens et continuer à contribuer à promouvoir la santé mentale des jeunes enfants, pour mieux équiper les adultes de demain. Département ‘Jeunes, Couples et Familles’ D epuis juin 2014, les Éducatrices du département, notamment Ginette Fernand, Armelle Bourgault et Priscille Montocchio, animent des sessions sur divers sujets qui touchent à l’éducation affective, relationnelle et sexuelle. Ces sessions sont organisées par le biais d’une demande d’intervention, suivi d’un protocole d’accord, qui précisent le ou les thèmes choisis par le demandeur, en fonction du groupe ciblé, qu’il s’agisse d’adultes (hommes et femmes) ou d’adolescents (garçons et filles). Durant ces 2 dernières années, des demandes nous sont parvenues de différents groupes, non seulement en termes d’âge et de milieu. Nous vous livrons, quelques extraits des commentaires de jeunes et d’adultes, recueillis des fiches d’évaluation reçues à l’issue des sessions : Intervention auprès d’un groupe de jeunes garçons et filles Thème : L’adolescence : quelle grande aventure Qu’est-ce que tu retiens d’important pour toi ? • Les développements à l’adolescence ; Il faut apprendre à s’aimer et à aimer les autres ; Que notre corps est à nous et que c’est important de s’aimer ; Que l’adolescence est une grande aventure ; On grandit et il faut apprendre à aimer ; Que le corps change et qu’il faut en prendre soin ; Qu’il ne faut 4 pas être surpris par les changements du corps ; Que l’on apprend à aimer dans l’amitié ; La sexualité ce n’est pas que les relations sexuelles. Intervention auprès d’un groupe de jeunes garçons et filles Thème : Les 12 marches vers l’amour du différent Que retiens-tu d’important pour toi ? • L’amour ça s’apprend ; Que la communication est très importante ; Que pour connaitre le vrai amour il faut du temps ; Tout a été important mais surtout le fait d’apprendre à aimer ; Qu’il y a des étapes et que c’est important de ne pas les brûler ; La différence entre l’amour et l’amitié ; Intervention auprès d’un groupe de jeunes garçons et filles Thème : ‘J’apprends à connaître et à aimer mon corps, il est digne de respect’ Qu’est-ce que tu retiens d’important pour toi ? • Il faut respecter son corps et qu’il est beau ; Que notre corps est bien fait et qu’il faut l’aimer comme il est ; apprendre à aimer ; Avoir une bonne hygiène de vie ; Réfléchir avant de faire des choses pour ne pas avoir honte après ; Comment aimer à notre âge. Intervention auprès d’un groupe d’adultes Thème : L’Evolution affective Qu’avez-vous retenu de ce qui a été dit ? • Il y a plusieurs étapes dans la vie, il faut tous les passer ; mieux comprendre les jeunes. • Pour qu’un adolescent puisse gérer ses pulsions sexuelles, il doit apprendre à gérer ses pulsions dès son enfance ; mettre tôt des limites. • Il faut rester ferme – on n’est pas ami avec son enfant mais on garde sa position d’adulte. • Faut oser parler des choses qui sont considérées comme tabou. Intervention auprès d’un groupe d’hommes Thème : Mieux se connaître et mieux comprendre notre famille Comment vous sentez-vous après cette intervention ? • Soulagé car cette intervention permet de faire des rectifications • Heureux parce que j’ai appris des mots et des techniques • Heureux : je vais pouvoir parler à mon fils • Heureux : car je me sens équipé • Heureux et soulagé car les sessions ont bien répondu à mes interrogations • Heureux car cela va m’aider dans ma vie de couple Se former dans ce domaine est essentiel car ainsi certains tabous tombent, et les adultes arriveront à prendre position et partageront plus aisément le rêve qu’ils ont pour leurs enfants. » Priscille Montocchio « Au cours du premier trimestre de cette année, j’ai eu l’occasion d’animer une première rencontre d’informations et de formations sur l’affectivité et la sexualité pour les parents dont les enfants sont en Forme 1 et qui bénéficient du programme « Au mystère de la vie » dans leur collège. A chacune de ces rencontres, j’ai pu sentir à travers les partages des parents à quel point ce qui était expliqué et partagé répondait à leurs attentes. Plusieurs d’entre eux dans différents endroits de l’île m’ont dit : « nous nos parents ne nous ont jamais parlé de tout ça et aujourd’hui nous aimerions en parler à nos enfants mais nous ne savons pas quoi leur dire. » A la fin de chacune de ces rencontres, la joie et l’enthousiasme de ces parents m’emballaient et j’étais ravie d’avoir pu contribuer à les aider un peu dans leur rôle de parent. J’ai aussi beaucoup de joie à intervenir auprès des enfants et des jeunes dans les différents collèges et mouvements à travers l’île, qui ont soif d’informations justes et un grand besoin d’être rassurés en matière d’amour et de la sexualité. Je suis passionnée de ce que je fais et les retours des parents lors de ces premières rencontres, ainsi que ceux des jeunes après les interventions, me donnent un élan et un grand désir de continuer. » Témoignages livrés par Armelle Bourgault et Priscille Montocchio, Educatrices qui animent les sessions sur divers sujets qui touchent à l’éducation affective, relationnelle et sexuelle. Armelle Bourgault « Lors de mes interventions auprès des parents j’ai été séduite par l’enthousiasme rencontré car beaucoup d’entre eux arrivaient de loin et voulaient venir “apprendre” … ils sentent au fond d’eux-mêmes que l’éducation sexuelle et affective de leurs enfants ne peut plus se faire de façon traditionnelle, avec le vécu passé et quelques informations reçues de ci de là dans leur jeunesse. Ils savent qu’il leur faut des mots, des idées, des remises en question afin de pouvoir discuter avec leurs enfants et ainsi les aider à discerner pour choisir ce qu’il y a de meilleur pour eux ; il faut que les jeunes arrivent à remettre en question les informations qu’ils reçoivent tous les jours et qui relativisent tout, banalisent la sexualité et les relations amoureuses. Les jeunes savent et sentent très bien que ce que le monde leur propose de vivre aujourd’hui sous prétexte de grande liberté, ne leur donne pas le Bonheur auquel ils aspirent. Photo de gauche à droite : Ginette Fernand (‘Educatrice à la vie’ au sein du département), Claire Dhiersat et Anne Napoléoni (CCF – Conseillères Conjugales et Familiales – Formatrices du CLER – Centre de Liaison des Equipes de Recherche sur l’Amour et la Famille – Organisme de formation agréé par les Pouvoirs Publics en France),Priscille Montocchio et Armelle Bourgault (‘Educatrices à la vie’ au sein du département) 5 Département Interculturalité L’éducation des jeunes à l’interculturalité et au dialogue interculturel-une priorité ! Le pluralisme et la diversité des cultures, des traditions, des langues sont des faits incontestables de la société mauricienne. Cette pluralité en soi constitue un motif d’enrichissement réciproque et de développement ; beaucoup de mauriciens en sont conscients et pratiquent un vivre ensemble. Cependant, l’ethnocentrisme, les préjugés, les stéréotypes, l’intolérance, le racisme sont bien présents. Des paroles et des actes malveillants sont exprimés à travers les réseaux sociaux, le non respect des biens et des personnes, à l’encontre des lieux de culte etc. Il est à noter que la plupart des situations ne sont pas rapportées, mais sont cause d’injustice, de non respect de la dignité humaine et de souffrance. L’éducation à l’interculturalité et au dialogue interculturel L’éducation à l’interculturalité et au dialogue interculturel est primordial si nous voulons préserver la paix à Maurice et améliorer le vivre ensemble. Le but principal d’une éducation à l’interculturalité est d’arriver à un stade de dialogue interculturel. Le dialogue interculturel est un processus qui comprend un échange ouvert et respectueux entre des individus, groupes et organisations de milieux culturels et visions du monde différents. Il doit aider à développer chez toute personne l’ouverture d’esprit, le respect des autres cultures et la prise de conscience des valeurs communes qui sont indispensables à un cadre démocratique et à la mise en place de dispositions sociales respectueuses des droits de l’homme. Les objectifs du dialogue interculturel sont de développer une meilleure compréhension des différentes perspectives et comportements, d’accroitre la participation (ou la liberté de faire des choix), d’assurer l’égalité et d’améliorer les processus créatifs. La voie du dialogue devient possible que quand elle se fonde sur la conscience de la dignité de toute personne et sur l’unité de tous en une humanité commune pour partager et construire ensemble un destin commun. La nécessité d’éduquer les jeunes à l’interculturalité Chaque mauricien devrait être éduqué à l’interculturalité. Mais, il est beaucoup plus difficile d’encourager les adultes vers un changement de mentalité, quoi qu’il faudrait aussi sensibiliser et former des adultes à l’interculturalité pour eux-mêmes mais aussi parce qu’ils sont des agents de formation. Par contre, éduquer les jeunes à l’interculturalité doit être une priorité pour plusieurs raisons, entre autres : • Les jeunes sont réceptifs ; • Leur personnalité et leur identité sont en formation ; 6 • Il n’y a pas encore ou pas de manière définitive d’enracinement, de préjugés, des stéréotypes et de racisme. Le rôle de l’école dans l’éducation à l’interculturalité L’école a un rôle clef à jouer dans l’éducation à l’interculturalité des jeunes car en sus d’une éducation académique, elle a aussi le devoir d’assurer une formation intégrale de la personne. En effet, l’école est un des milieux éducatifs dans lequel on grandit pour apprendre à vivre, pour devenir des hommes et des femmes adultes et mûrs. Elle aide non seulement à développer l’intelligence, mais ce en vue d’une formation intégrale de toutes les composantes de la personnalité. Au final, l’école doit œuvrer à la construction du citoyen Mauricien et aussi du citoyen du monde. Donc, l’école de part de sa nature et sa fonction peut-être considérée comme un lieu approprié et propice pour éduquer les jeunes à l’interculturalité, elle est un espace de convivialité entre les différences. Elle encourage la participation, dialogue avec les familles, première communauté d’appartenance des élèves qui la fréquentent, elle en respecte la culture. Objectifs et démarches d’une éducation à l’interculturalité De manière concrète, les objectifs d’une éducation à l’interculturalité sont : • Le respect de la diversité, • Rester soi-même à condition de ne pas imposer à l’autre ses valeurs, • La non-hiérarchisation des cultures, toutes les cultures sont égales malgré leurs différences, elles sont adaptées à un contexte écologique, économique, technologique, politique et social • L’universalité des cultures, c’est-à-dire concevoir l’unité dans la diversité humaine, unité qui doit prendre en compte la diversité puisqu’elle ne peut se construire uniquement dans la projection de valeurs propres à un seul groupe. • L’évolution des cultures, une culture étant en construction permanente, toujours en devenir, perméable et soumise aux influences des autres cultures. Comment éduquer les jeunes à l’interculturalité et au dialogue interculturel ? Atelier interculturalité au secondaire Depuis 2013, le département interculturalité de l’ICJM, en collaboration avec le Dr Maya de Salle-Essoo, Anthropologue, propose aux jeunes de 15-18 ans et de 12-14 ans des ateliers de réflexion et de sensibilisation autour de l’interculturalité afin d’ouvrir le dialogue entre les différentes cultures de la société pluri-culturelle mauricienne. L’interculturalité au primaire Depuis septembre 2015, le Département interculturalité de l’ICJM, est en contacte avec la section primaire du BEC. Un travail en amont a démarré dans le but de favoriser l’entrée d’une éducation interculturelle au primaire : • 4 sessions de formation des Head Masters (HM) et des Deputy Head Masters (DHM), pendant les vacances d’avril. • Des ateliers de partage avec les petits de ‘Standards 1 et 2’ dans 8 écoles primaires de l’Ile (mai - juin 2016) dans le but de comprendre leur perception et leur vécu par rapport à la diversité culturelle mauricienne. Les ateliers étaient conduits par le Dr Maya de Salle-Essoo, Mme Brigitte Masson et l’équipe du Département Interculturalité de l’ICJM. 2. Quels bénéfices cette éducation pourrait avoir pour les enfants et pour l’école ? • On dit que l’école est une société en miniature, donc c’est le lieu par excellence pour apprendre à se connaître et à se respecter afin de grandir ensemble dans la complémentarité des valeurs et de nos différences, pour le meilleur vivre ensemble 3. Que pensent les enseignants sur l’introduction d’une éducation interculturelle ? • C’est une belle initiative pour construire une Ile Maurice meilleure dans la paix durable à partir de vraies valeurs citoyennes. Interrogée sur l’introduction de l’éducation interculturelle à l’école, Mme Marie Anne Goder, Maitresse d’école à Mahébourg RCA nous dit : « Les enfants vivent déjà l’interculturalité car étant petits, ils ne font aucune distinction entre cultures. Il n’y a pas de barrières entre les enfants. L’éducation se fait déjà. Chaque fête est célébrée à l’Assemblée par les enseignants de différentes cultures avec explications religieuses, les repas préparés, les tenues vestimentaires portées, etc. Ce qui aide l’Autre à connaître les différentes cultures. Ils (les enseignants) se disent qu’il fallait cela car de plus en plus on vit avec des enfants issus de familles composées de cultures différentes. » L’interculturalité au primaire - Formation-HM DHM Projet Kléopas En décembre 2013, la Congrégation pour l’éducation Catholique du Vatican a publié le document « Eduquer au dialogue interculturel dans les écoles Catholique- vivre ensemble pour une civilisation de l’amour. » Ce document préconise le dialogue entre les cultures et avec les autres religions au sein de l’école catholique tout en réaffirmant notre identité chrétienne. A Maurice, le projet catéchétique Kleopas (volet éducation catholique) qui a pour but, la révision des conditions d’annonce et de transmission de l’Evangile au sein des écoles et des collèges catholiques, abonde dans le même sens. Le projet Kleopas, dans le document de référence pour l’école catholique, propose de s’engager résolument sur la voie de l’interculturalité : « Heureuse de la multiculturalité de notre Ile, l’école catholique apprend au jeune Mauricien à voir en l’autre un semblable, un frère, une sœur en humanité. Elle éduque l’élève à dialoguer avec ses pairs d’autres cultures tout en approfondissant son identité. » « Head, School Management and Curriculum » au Bureau de l’Education Catholique (BEC), Madame Georgette Favory, nous partage sa perception sur l’introduction de l’éducation interculturelle auprès des enfants ? 1. Comment percevez-vous l’introduction de l’éducation interculturelle auprès des enfants ? • C’est une opportunité providentielle pour nos enfants et pour l’Ile Maurice multiculturelle/pluri religieuse.....d’être éduqués à l’interculturalité. « À l’école, les enfants vivent l’interculturalité tous les jours, même s’ils n’en sont pas forcément conscients. Dans les petites classes, nous avons vu que les enfants n’attachent aucune importance aux différences. Soit parce qu’ils ne les perçoivent pas – pour les plus petits d’entre eux – soit parce qu’ils les perçoivent juste comme un état de fait, un constat, un élément parmi d’autres de leur environnement quotidien. Mais les enfants grandissent et ils ne sont pas imperméables aux remarques communalistes qu’ils peuvent entendre au détour des conversations. Déconstruire ces agressions identitaires avant que les enfants ne se les approprient est capital si nous voulons consolider notre nation mauricienne. Quel meilleur endroit pour réussir cela si ce n’est l’école, le seul lieu où les enfants de toutes les religions et de toutes les communautés se côtoient. La forme que doit prendre l’enseignement de l’interculturalité reste à construire, mais l’objectif lui est clair : enseigner notre mauricianité pour mieux la fortifier. » Brigitte Masson Quelle forme prendra cette éducation à l’interculturalité, au dialogue interculturel ? Tout est à définir - l’équipe des chargés de mission de Kleopas y travaille. Eduquer à l’interculturel est un travail de longue haleine qu’il faut introduire très tôt (dès le primaire et même avant), en prenant en considération l’âge et le stade de développement de l’enfant. Il ne s’agit pas de donner quelques éléments, permettant de saisir quelques différences tenant du folklore, mais d’offrir les moyens pour que le jeune puisse interagir avec l’autre. C’est une éducation à la vie. Wendy Rose Responsable du Département Interculturalité 7 Département d’Etudes Sociales Engagement social contemporain : vers l’âge d’or de la pensée sociale, à Maurice et dans le monde. P our cette nouvelle édition de notre Newsletter, je souhaiterai partager une adaptation d’un discours que j’ai prononcé le 5 mai dernier alors que j’étais invité à une Conférence du Rotary District 9220 à l’île de la Réunion. Dès le début de mon engagement social, en 1998, j’ai été amené à découvrir des auteurs et ouvrages qui ont, dès lors, constitué les « La Fontaine », « Hugo », « Giraudoux » ou « Petit Prince » du développement personnel : John Powell, Stephen Covey, Scott Peck, Anthony Robbins et Daniel Goleman, tous traversés par une même idée : la réinvention des représentations mentales et des pratiques. Le secteur social n’échappe pas à cette transversale. Car notre période postmoderne voit un dynamisme, voire une dynamique, qui dynamite ce secteur à Maurice et dans le monde, postulant un passage en ébullition, mais une ébullition progressive, vers une nouvelle ère qui nous permet de quitter l’âge de pierre de la pensée sociale pour avancer peu à peu vers un âge de bronze, voire d’or. Et si je me permets de postuler ce passage, c’est parce que ce qui se passe actuellement dans les pensées, paroles et pratiques des citoyens ici et là démontre clairement qu’une mouvance a lieu, telle une Renaissance, fragile mais bien réelle, que nous ne pouvons plus éviter ni dédaigner. Plusieurs exemples témoignent de cette vague mondiale qui touche le devenir de l’être humain : le commerce équitable, le tourisme solidaire et l’accès au micro-crédit, et dans la même foulée, Mohamed Yunus et la « Grameem Bank » ; l’entrepreneuriat social et la recherche des « changemakers » par Bill Drayton et sa Fondation Ashoka ; le croisement des savoirs et des pratiques initié par Joseph Wresinski et répandu dans le monde, avec les Universités populaires et bibliothèques de rue, par le Mouvement ATD Quart Monde ; la remise en question de la financiarisation à outrance de l’économie mondiale et l’émergence d’un « alter-mondialisme » mais aussi, plus précisément, d’un « alter-capitalisme » ; l’ingénierie sociale, initiée par le concept de développement communautaire, densifié aujourd’hui par la composante écologique ; le retour vers la terre et, avec lui, l’autosuffisance alimentaire, le partage et la sobriété dans les choix de vie, tel un esprit de pauvreté à la rescousse de la lutte contre la pauvreté ; face à cette même pauvreté, les recherches neurologiques pour dénoncer son impact sur l’architecture cérébrale des enfants ; le refus de Sa Majesté le Roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, de se laisser plier par l’unique couperet du PIB pour créer le Bonheur National Brut ; les sérieuses « futurist studies » de Copenhague. Tous ces exemples s’adjoignent à des « best practices » de ce qui se faisait déjà, telles que la réhabilitation et la réinsertion ; l’apprentissage des métiers, des arts et des sports ; l’écoute et l’accompagnement psychosocial ; l’accès aux soins et la prise en compte des handicaps et maladies ; etc. À partir et au-delà de ces exemples, nous pouvons retenir trois traits caractérisant cette Renaissance, telles des lignes qui tracent une grille constante, un cadre référentiel pertinent sur lequel nous sommes tous – bénévoles, volontaires, travailleurs sociaux, « Faith-Based Organisations (FBOs) », 8 Essential & Emerging Elements of Leadership 2015-2016 « CSR Foundations », club services, etc. – invités à nous appuyer, et face auquel nous pouvons tous nous évaluer et réinventer notre engagement social : 1. La personne humaine doit être le cœur, le cerveau et le poumon de la vie économique, politique et sociale. Cette personne humaine est dotée, pour reprendre le Prof. Amartya Sen, Prix Nobel d’économie 19981, de capacités élémentaires pour vivre la vie qu’elle est en droit de vivre et qu’elle rêve de vivre ainsi que de potentialités pour aller plus loin en se développant intégralement ; 2. La personne humaine qui est notre bénéficiaire, parce que pauvre physiquement, intellectuellement, émotionnellement ou spirituellement, doit aujourd’hui être notre partenaire local au même titre que les autres, classiques, de sorte que le triangle « Secteur public-secteur privé-secteur social » doive exploser pour faire place à un carré ! 3. Mais il y a un aussi groupe de personnes humaines, invisibles, oubliées, ostracisées, même non-rejointes par nos programmes, projets et conférences, un groupe empreint à « la pauvreté poussée à l’extrême + à la vulnérabilité + à l’exclusion + à la désespérance + à l’oppression2. » Il s’agit des « heimatlose » en Suisse, « Roms » d’Europe, « Burakumin » du Japon, « Madfoun » d’Egypte, « Ohiabrubro » au Ghana, « Miseraveis » du Brésil, « Bombzi » de Russie, « Ghrino gorib » du Bangladesh , « Dimounn Mizer » à Maurice. Si cette population est considérée, dans l’espace-temps, comme étant disqualifiée, diabolisée, dévalorisée, déportée, déchet de l’humanité, c’est parce qu’elle est rendue instrument de statistiques, objet de recherche, outil d’analyse scientifique ; elle est déniée et dénuée de son habilité à être un sujet, de sa faculté à être une personne car étant déshumanisée par la misère, ce pire au-delà né du cumul des pauvretés et qui figure, aux côtés de l’esclavage, de l’engagisme, de la négritude et du nazisme, comme phénomène abject, exécrable et méphistophélique qui considère une personne comme un sous-homme et un non-humain. Or, le paradoxe est que ces populations sont pourtant bel et bien porteuses d’une connaissance unique : les « Dimounn Mizer » qu’une exploration biblique peut révéler comme les « ‘ nî »-« `ebyôn »-« ‘ n wîm » créés à l’image, à la ressemblance et selon la volonté d’un « Emmanuel-fait-Homme-misérableen-Jésus-Christ », qu’une exploration védique peut révéler comme « Shudra »« Achut »-« Dalit »-« Harijan », parcelles (« atman ») de l’Absolu-divin-sansnom et qu’une exploration coranique peut révéler comme « al-mustad’afun fi’I-ard », intendants-et-créatures, sur terre, d’Allah, sont porteurs d’un savoir existentiel à côté du savoir académique de nos érudits universitaires et du savoir professionnel de nos praticiens sociaux. Ce « Quart Monde4» est composé, bel et bien, d’experts, de spécialistes ! – parce qu’ayant l’expérience et la compétence de survivre face à la misère. Subséquemment, nous devons nous battre pour ne plus continuer à faire du « business as usual » quand nous décidons de nous engager ; nous devons lutter contre la médiocrité et la tiédeur qui nous refusent le droit à l’épanouissement en vue d’être des Constructeurs d’humanité et qui nous anesthésient en consommateurs de la société ; nous devons combattre les séductions, pièges et pressions d’une tendance qui nous éloigne des fondamentaux, qui camoufle un paternalisme qui instrumentalise les « Dimounn Pov », qui promeut un protectorat qui sclérose les « Dimounn Mizer », qui cultive une condescendance parce que conservant la perception du « Pov pares » ; nous devons rejeter les pensées, paroles et pratiques qui ne cherchent qu’à brandir un vocabulaire et un savoir techniques au détriment de la personne – la personne, la personne pauvre, la personne misérable – chantre d’un « goal displacement » qui nous piège – et souvent inconsciemment – en nous rendant des rédacteurs de projet, des gestionnaires d’ONG, des philanthropes à paraître au lieu d’être des personnages inutiles parce qu’étant des accompagnateurs de transit dans la vie des autres, notamment des pauvres et des plus pauvres. Voilà pourquoi l’engagement social n’est pas une option, mais un impératif ! Plus encore, voilà pourquoi mes recherches et travaux m’amènent à plaider pour un élargissement du paradigme de l’engagement social non plus en travail social classique mais en leadership social contemporain. Car le leadership social, tel que je l’entends, procure un cadre plus grand, innovant et futuriste. Et c’est justement ce que nous enseignons au sein du Département ! Venez et vous verrez ! Jonathan Ravat Chef du Département d’Études sociales SEN A., 1995, “Inequality Reexamined”, Oxford University Press, 1995, 210 pages. RAVAT J., 2016, “Les religions institutionnalisées face à « Dimounn Mizer » au sein de l’île Maurice contemporaine : réappropriations locales des Écritures sacrées dans les engagements sociaux”, Université de Maurice, 1506 pages, p813 (thèse de doctorat non-publiée). 3 GODINOT X., VIARD T., 2010, “Extrême pauvreté et gouvernance mondiale”, série Cahiers de propositions, ATD Quart Monde, Forum pour une nouvelle gouvernance mondiale, 61 pages, pp11-14. 4 Terme, puis concept, rendu célèbre grâce à Joseph Wresinski. 1 2 Département Theologie Anou gout levanzil… D epuis l’année 2012 notre département propose régulièrement, et dans plusieurs régions de l’île, des parcours de lecture continue des évangiles en créole. Le chemin proposé s’appuie sur 3 piliers : une lecture continue de l’évangile, sous forme d’un cheminement personnel et communautaire dans un esprit d’ouverture à la conversion. De façon concrète, la première partie de chacune des sessions est consacrée à l’étude de certains textes d’évangile : après un temps d’échange sur ces textes, un éclairage est donné aux participants dans le but d’en saisir davantage le contenu ainsi que l’expérience de foi reflétée par les versets étudiés. Dans la deuxième partie, cette Parole est mise en relation avec la vie. Nous nous laissons interpeller et transformer, dans l’aujourd’hui de notre vie, par Jésus qui est la Parole Vivante. La soirée se termine généralement par un temps de célébration. …Sin Mark Proposé à des adultes, le parcours « Anou gout levanzil Sin Mark » a suscité un grand intérêt à Souillac, Beaux Songes, Rose-Hill, Mahébourg, Quatre-Bornes, Curepipe et Roche Bois. Un parcours adapté aux jeunes a aussi été offert à Rose Hill en 2015. Dans la perspective de ce projet évangélisateur, des équipes d’animateurs ont été formées à l’ICJM et 17 hommes et femmes ont permis à plus de 400 personnes de goûter à la Parole dans les lieux cités ci-dessus. Voici le témoignage d’une participante du parcours à Curepipe. En suivant le parcours ‘Anou gout levanzil Sin Mark’, mon but était de mieux connaître l’Évangile. Au fil des semaines, j’ai découvert Jésus différemment. Le mot Messie a résonné d’une autre manière en moi: pas comme quelqu’un qui se met en avant ou qui veut montrer sa toute puissance. J’ai découvert le visage de ce Messie qui a souffert et s’est donné par amour pour nous. Ce parcours vécu en communauté m’a aussi permis de découvrir qu’être disciple de Dieu c’est m’engager à marcher à sa suite avec d’autres. Car seule, la mission ne peut être vécue pleinement. Dans ma vie de tous les jours j’ai appris, et continue à apprendre, à mettre en pratique ce à quoi la Parole m’appelle: aimer mon prochain et ne point avoir de préjugés sur les autres. Je dois vous l’avouer: ce n’est pas un chemin facile mais avec la force de Jésus dans mon cœur j’y parviens petit à petit. Cette expérience a été pour moi très enrichissante. Je n’arrive pas à trouver les mots exacts pour vous exprimer à quel point cela m’a aidée à gouter à l’amour de Dieu dans ma vie... C’est tellement immense! Je remercie vivement mes deux enfants Yannick et Prisca qui m’ont encouragés à suivre ce parcours. 9 …Sin Lik Cette année, nous nous sommes lancés dans l’aventure «Anou gout levanzil Sin Lik». Ce parcours est actuellement offert à La Gaulette - Sr Sylviane qui anime ces soirées avec le Père Véder, nous en donne son témoignage ci-dessous. Une trentaine de futurs animateurs – incluant trois prêtres – vivent, quant à eux, un parcours « 2 en 1 » échelonné sur quatre mois à l’ICJM: ils goûtent à l’expérience de la lecture continue de l’évangile de Luc et reçoivent parallèlement une formation adaptée dans le but de permettre aux personnes de leur groupe/paroisse de goûter à leur tour à cet évangile. L’évangélisation dans les périphéries de la région ouest Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le Pape François nous dit: « Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile» (No 20). Le mardi 26 avril 2016, le Père Jean Claude Véder et moi-même avons pris nos bâtons de pèlerin pour aller donner une formation biblique dans la région de l’ouest, cette formation s’intitule : ‘Anou gout Levanzil Sin Lik’. Nous avons une soixantaine de participants adultes venant tous des périphéries, ces endroits retirés comme Chamarel, Case Noyale, la Gaulette, Le Morne et Baie du Cap. Nous nous rencontrons chaque mardi dans l’église Le Seigneur de la Pêche-Miraculeuse, à la Gaulette, de 18h00 à 21h00. La formation prendra fin le 19 juillet 2016. Les participants à ce parcours sont heureux de découvrir Jésus à travers l’évangile de Luc en créole. C’est une belle expérience d’inculturation où Jésus nous parle dans notre langue maternelle, plusieurs sont venus me dire : «maser an kreol, mo konpran mesaz Zezi pli bien». Nous sommes toujours en chemin avec ce groupe, les participants sont dynamiques, réceptifs et réguliers. Durant ce cheminement, ils découvrent ou redécouvrent la miséricorde de Dieu comme une Bonne Nouvelle en cette année de la Miséricorde. C’est avec bonheur que je vais, chaque mardi, à la Gaulette pour donner cette formation et être attentive aux œuvres de l’Esprit Saint dans les cœurs de mes frères et sœurs qui me donnent beaucoup de joie par leur témoignage de vie. Sr Sylviane Françoise Franciscaine Missionnaire de Marie L’ANTHROPOLOGIE CREOLE ET LA RELIGION POPULAIRE Le module ‘Anthropologie Créole’ dispensé par Danielle Palmyre à l’ICJM à l’intention des animatrices du parcours « Le Regard de Jésus sur la Mauricienne » m’a grandement aidé à découvrir plusieurs aspects de la vie du créole et son passé qui l’ont amené à être ce qu’il est aujourd’hui. J’ai pris conscience de la corrélation entre le colonialisme, l’esclavage et le racisme. Les enseignements m’ont aussi aidé à mieux comprendre la difficulté de ce peuple de se construire une identité. L’explication sur le conflit de l’Identité fut fort intéressante. Le thème du mimétisme a été d’un grand apport dans ma compréhension de cette section de la population Mauricienne, dite Population Générale. Autre thème abordé fut la Créolité qui invite à explorer tout ce qu’il y a d’original dans la mémoire afin de reconstruire l’avenir de ce peuple sorti de l’esclavage qui a modifié son vécu culturel. Ce module m’a aidé à comprendre pourquoi et comment l’esclavage a encore un impact sur la vie économique, sociale, éducative et même politique de beaucoup de créoles. Et cela m’a poussé à m’interroger sur l’urgence de ma participation personnelle dans la reconstruction de l’Identité Créole dans mon pays. L’autre sujet abordé fut « La Religion Populaire ». Les temps de partage et de réflexions ont fait la lumière sur comment beaucoup de baptisés vivent parallèlement leur foi et ont parallèlement recours à d’autres rites et croyances. J’ai aussi pu faire, grâce aux explications de l’intervenante, la différence entre la religion et la foi. La première étant un ensemble de croyances, de rites et des pratiques extérieurs, tandis que la foi, c’est l’oeuvre de l’Esprit à l’intérieur de l’être humain, qui le transforme, à l’exemple de Saint Paul qui est passé de la religion à la foi après sa rencontre avec le Seigneur. Ce thème m’a aussi permis de me questionner : « Suis-je dans la religion ou dans la foi ? » En tant que catéchète, ces deux modules offerts m’aideront surtout à mieux comprendre le comportement et la réaction des personnes à qui la transmission de la religion populaire a été faite de génération en génération et à les aider à découvrir qu’un chrétien c’est quelqu’un qui vit avec la conviction que JésusChrist a définitivement vaincu le mal. Pour conclure, je dirai que ce module m’aidera à m’engager davantage à accompagner avec plus de bienveillance ceux qui croient encore à la superstition et à d’autres pratiques de protection. Marie-Noëlle Pierre-Louis (Animatrice de Regard de Jésus sur la Mauricienne) Sin Lik Lagolet 10 Département Spiritualité Tout un programme… Former et superviser des Accompagnateurs Spirituels G râce aux formations dispensées par l’ICJM (et les autres instances avant l’existence de celui-ci), nous regroupons presqu’une cinquantaine d’accompagnateurs et accompagnatrices spirituels se donnant bénévolement au service de l’Eglise dans un ministère d’écoute et d’accompagnement. Etant donné la nature d’un tel service, il est essentiel que les personnes soient continuellement accompagnées, supervisées et formées. L’Eglise est reconnaissante envers tous ces accompagnateurs pour le temps qu’ils donnent, non seulement pour accompagner et assurer des formations, mais aussi pour se former continuellement afin de mieux assurer ce ministère auprès de leurs frères et sœurs chrétiens et parfois non-chrétiens. Nous remercions Cynthia Pyanee, la responsable de la coordination de l’ensemble des accompagnateurs (ASIM) qui nous parle de leur dernier week-end de formation sur « l’anthropologie créole » et Claudette Commarmond, accompagnatrice, pour son témoignage sur ce week-end. Nous avons besoin de manifester que de tels dialogues sont possibles dans notre communauté, que des tels sujets ne doivent pas rester tabous. L’histoire est ce qu’elle est, la vérité rend libre. de Claudette Commarmond Du fond de cette mare peuplée de drames humains et de tourbillons d’évènements qui constituent la base même de notre histoire, j’ai pu voir de plus près les vestiges qui ont traversé l’Histoire avec nous et qui, aujourd’hui encore, nous collent à la peau. Car, qu’importe la composante ethnique à laquelle nous appartenons, ils conditionnent souvent la perception que nous avons de nous-même et des autres, et ont, aujourd’hui encore, un impact considérable dans notre façon de considérer des faits sociaux et de décider de ce qui est de l’ordre des normes ou pas. Ce week-end m’a aussi permis de mieux comprendre comment les esclaves, ayant perdu jusqu’à la liberté de pratiquer leur propre religion, avaient été forcés de s’adapter à une religion imposée, tout en étant encore affectivement liés à leurs religions ancestrales ; ce qui explique le La Communauté des Accompagnateurs Spirituel de l’Ile Maurice (ASIM) transfert de certaines de leurs pratiques et croyances religieuses vers de Cynthia Pyanee la religion imposée. La communauté ASIM est une image vivante de l’île Maurice, un brassage de culture. Incontestablement, nous-mêmes, accompagnateurs et accompagnatrices, sommes amenés à accompagner des personnes de toutes les cultures présentes sur l’île, avec tous les panachages possibles, d’où la nécessité de comprendre l’identité culturelle de l’autre. Reculer pour mieux sauter : Comprendre d’où vient la personne qui est en face de moi est capital pour l’aider dans sa maturation humaine et sa croissance spirituelle. C’est pourquoi le Comité de l’ASIM avait opté pour son dernier week-end de formation-continue le thème de « l’Anthropologie Créole », qui nous paraît très important pour le contexte local. En effet, l’accompagnement spirituel est incarné; l’accompagnée vient avec son histoire personnelle et se situe dans une famille singulière, une culture particulière qui s’insère dans l’histoire d’un pays à un moment de l’Histoire. Donc, parler de l’anthropologie dans un week-end de formation ne nous est pas semblé hors sujet bien au contraire. Notre souhait est de donner une suite à cette première partie, pour développer d’autres pistes, mettre d’autres cultures en parallèle, aller plus en profondeur pour une meilleure connaissance de soi et de l’autre. La beauté de cette démarche est qu’elle devient évangélisation, notre histoire est évangélisée. J’accepte mon histoire avec ses grandeurs et ses richesses, ses limites et ses failles. C’est ainsi que lors de ce week-end animé, par Danièle Palmyre du Département de Théologie, ceux qui ont ressenti le besoin, ont demandé pardon au nom de leur ancêtres pour les atrocités liées à l’esclavage et d’autres ont ressenti le désir de pardonner pour le mauvais traitement qu’ont subi les leurs. Un des moments forts pour moi fut la présentation, la réflexion et le partage autour du séga de Cassiya : « Rev Nou Zanset ». L’émotion fortement palpable qui se dégageait des différentes interventions des participants, témoignait de l’intensité avec laquelle chacun avait reçu et accueilli les éclaircissements donnés par le Dr. Palmyre sur ce thème « Anthropologie Créole ». Descendant d’esclave ou pas, (les participants venaient de toutes composantes de la ‘flore’ mauricienne), nous nous sentions tous profondément concernés par toute cette stratégie intentionnelle qui avait était mise en place, en vue d’une déshumanisation systématique des esclaves, et ce, au nom d’une idéologie raciste, cimentée à la base même de l’Histoire de notre peuple mauricien. A part les richesses reçues pour un regard plus éclairé dans le service de l’accompagnement spirituel, j’ai reçu en prime un magnifique cadeau : Je suis rentrée chez moi avec un grand désir, celui de laisser grandir en mon cœur Estime et Tendresse pour cette langue créole qui a germé de la souffrance d’hommes et de femmes déracinés qui ont enduré des cruautés telles, qu’ils en ont oublié leurs langues maternelles. « Ti finn soufer enn bann kriote ziska blie langaz ki ti pe koze ». Rien qu’au nom de toutes ces souffrances infligées et subies, notre langue créole mériterait, de notre part à tous, un respect inconditionnel ! 11 Autres Activités Atelier sur la Femme - Approfondir la Connaissance de Soi par le biais de l’histoire et de la culture Conférence de Mme. Vera Baboun, Maire de Bethléem ‘Vivre ensemble à Bethléem’ ‘Soutien à la Parentalité’ - projet ‘Bois Marchand Mo Lendrwa’ Parents efficaces Conférence Deseni pep desandan afriken - Rekonesans zistis ek devlopman ICJM - CALENDRIER DES FORMATIONS/ACTIVITES 2016 DEPARTEMENT Etudes Sociales Jeunes, Couples & Familles Spiritualité FORMATION/ACTIVITE Essential & Emerging Elements of Leadership DATE 7 septembre 2016 - 9 août 2017 LIEU ICJM HORAIRE 9h - 15h La Famille: Dynamique Relationnelle & Certaines Problématiques 3 août - 30 novembre ICJM 18h - 20h30 Stage ‘PASAJ?’ 29 & 30 septembre; 10 & 11 novembre ICJM 8h30 - 17h00 Couple Mixte : ses richesses et difficultés. Quelles conditions pour le réussir ? 5 août au 27 novembre ICJM Rencontrer Jésus Christ 3 juillet - 18 septembre Le Morne Maison de Carné 12 1, rue Célicourt Antelme, Rose-Hill Tél : +230 464 4109 - Fax : +230 465 4006 Email : [email protected] Site internet : http://icjm-mu.com A confirmer