Une alèse et un piqué intelligents Pour prévenir les TMS Par Mikaëlle Monfort Produite pour seulement 11 $ l’unité, elle a été utilisée pour la première fois à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus en avril 2004. L’usage de l’alèse glissante n’étant recommandée que lorsque le patient n’est pas autonome, ce ne sont que 15 % des lits de courte durée et 20 % des lits de longue durée qui en sont équipés. Mais depuis que le personnel de l’établissement s’en sert, le taux de gravité des TMS ayant pour cause la mobilisation de patients a déjà fléchi de 40 % ! L’esprit de la prévention en est tout retourné… Le public et le jury du concours Un piqué futé Le jury du concours Pleins feux sur l’innovation de l’ASSTSAS a également accordé toute son attention à un piqué glissant présenté par le CLSC de Sherbrooke. Les piqués sont des pièces de literie qui, glissées sous le siège des patients, remplacent habituellement les alèses. Richard Leclerc, ergothérapeute au CLSC, avait remarqué que les auxiliaires familiaux éprouvaient des difficultés lorsque venait le temps de tourner Richard Leclerc montre le piqué glissant dont les coins ont été renforcés. Photo : CSSS – Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke Pleins feux sur l’innovation de l’Association sectorielle pour la santé et la sécurité du travail du secteur des Affaires sociales (ASSTSAS) a récompensé, en 2004, l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec pour la réalisation d’une alèse glissante. Grâce à cette pièce de tissu, on souhaitait faciliter le travail du personnel soignant qui doit régulièrement remonter ou tourner dans leur lit des patients en perte d’autonomie. Ces déplacements, essentiels pour éviter la formation d’escarres chez les personnes alitées, demandent de grands efforts musculaires et peuvent causer des blessures ou traumatismes, dont les redoutables troubles musculo-squelettiques (TMS). Or, l’utilisation d’une surface glissante, disposée sous le malade, permet de réduire de 36 % à 60 % les efforts à fournir lors d’un repositionnement au lit, comme on dit familièrement dans le milieu. C’est Louise Bélanger, agente de prévention en santé et sécurité au travail à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, qui a eu l’idée d’une alèse glissante qui permettrait d’exécuter des repositionnements, sans efforts excessifs. Elle en a parlé à Jocelyn Dufour, coordonnateur de Partagec, buanderie communautaire centralisée qui dessert le Centre hospitalier universitaire de Québec, dont fait partie l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Ensemble, ils ont mis sur pied un comité dont la mission visait à définir les caractéristiques de l’alèse. Conformément à ces spécifications et après quelques essais, la compagnie Laframboise, fournisseur de literie de Partagec, a fabriqué une alèse en nylon capable de supporter le lavage industriel et dotée de rabats à border antidérapants en vinyle. L’alèse permet de réaliser aussi bien les repositionnements que les transferts du lit à la civière. Photo : Service audiovisuel du CHA – Hôpital de l’Enfant-Jésus Tourner et remonter sans trop d’efforts une personne alitée, c’est possible… à la condition d’avoir des alliés. Portrait de deux innovations qui facilitent le travail du personnel, tant celui des hôpitaux que celui qui donne des soins à domicile. Louise Bélanger, agente de prévention en sst, Stéphane Garneau, représentant des travailleurs à la prévention et, dans le rôle du patient, Claude Caseault, préposé en hygiène et salubrité et membre du comité paritaire. ou de remonter des personnes corpulentes dans leurs lits. La tâche semblait plus facile lorsqu’ils utilisaient la toile du lève-personne comme piqué de mobilisation. C’est alors que lui est venue l’idée de confectionner un piqué glissant aux coins renforcés. Il a vu à coudre des courroies afin d’assurer une meilleure prise pendant les repositionnements faits le plus souvent par une personne seule au domicile des patients. Et comme il y a des boucles au bout des courroies, on peut les fixer aux lève-personnes électriques. Dans ces cas, c’est la force motrice de l’appareil qui entre en action ! Les commentaires des auxiliaires familiaux ont été pris en compte pour la conception des piqués dont le modèle a été amélioré à plusieurs reprises. Même s’il est difficile d’évaluer leur impact sur les accidents et les blessures, les auxiliaires familiaux s’en déclarent très satisfaits. PT Pour en savoir plus « Surfaces glissantes et piqués : mise à jour de l’information », revue Objectif Prévention, vol. 28, no 2, 2005, p. 26. Printemps 2006 Prévention au travail 43