Psychomotricité et maladie d`Alzheimer

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PSYCHOMOTRICITÉ
ET
MALADIE D’ALZHEIMER
De l’évaluation à la prise en charge
Elodie Martin
Formatrice Institut de Psychomotricité de Toulouse
Psychomotricienne en Equipe Spécialisée Alzheimer
LE PSYCHOMOTRICIEN
• Le psychomotricien est un auxiliaire médical
(infirmier, masseur-kinésithérapeute, orthophoniste, orthoptiste, pédicure-podologue,
ergothérapeute).
• Il exerce sur prescription médicale.
• Le psychomotricien a un champ d'action très large:
•
•
•
du point de vue des lieux d'intervention (institution, cabinet libéral, domicile…)
du point de vue de la population (du nouveau-né à la personne âgée)
du point de vue des actions (dépistage, diagnostic, prévention, traitement des troubles
psychomoteurs).
• Une séance de psychomotricité dure entre 30 minutes et 1 heure.
(fonction des capacités attentionnelles du patient et du type de prise en charge).
• Peut être individuelle ou en groupe.
(fonction de l’objectif thérapeutique).
• En libéral, un bilan coûte environ 90 à120 euros et une séance
30 à 35 euros en Midi-Pyrénées.
• Un bilan se déroule en général sur 2 séances.
• Prescription de 15 à 20 séances.
(une réévaluation permet de savoir si un renouvellement est nécessaire).
LA PSYCHOMOTRICITÉ: HISTORIQUE
• Naissance du terme de « trouble psychomoteur »
• Rencontre entre la psychiatrie et la neurologie.
• Encéphalites de Von Economo
• Les types psychomoteurs de Wallon
• La discipline nait chez l’enfant
• Les travaux de Julian de Ajuriaguerra
• La psychomotricité
• Discipline traitant des symptômes perceptivo-moteurs. Ils se manifestent
lors des rapports de l’individu avec le milieu, et ne renvoient pas à une
localisation en foyer.
LE TROUBLE PSYCHOMOTEUR
• Trouble psychomoteur
• Trouble perceptivo-moteur. Il entraîne des difficultés:
• dans le traitement des informations sensorielles
• et dans la mise en œuvre et le maintien de comportements moteurs.
• Variable dans ses manifestations et sensible à l’environnement.
• Va se manifester dans les interactions entre l’individu et son milieu
• Est très souvent susceptible de coexister avec des troubles neuropsychologiques et des
troubles des manifestations émotionnelles.
• Concerne l’action volontaire.
• Il affecte:
• Les fonctions d’exploration,
• Les fonctions d’action (modification des rapports physiques de l’individu avec son
milieu),
• Les fonctions de communication (aspects non verbaux),
• Les manifestations émotionnelles.
Les troubles psychomoteurs sont schématiquement :
 les troubles de la coordination motrice, de la locomotion, de
l'imitation des mouvements, du rythme, de l’initiation de
l’action…
 les troubles du tonus : syncinésies, paratonies, dystonies et crampes.
 les troubles de l'équilibre.
 les mouvements anormaux: tics, tremblements, stéréotypies.
 les troubles perceptifs mettant en jeu l'attention, la perception de l'espace…
 les troubles de la latéralisation.
 les troubles de la connaissance du corps.
 les troubles du graphisme.
LES OBJECTIFS DE LA RÉÉDUCATION
PSYCHOMOTRICE
• la résolution ou la réduction des symptômes révélés par
l'examen (en tenant compte de la pluralité des facteurs étiologiques) ;
• la réadaptation de l'individu à son milieu
(sans exclure une éventuelle modification de ce dernier).
=> Ainsi, selon la pathologie de l'individu, le lieu d'exercice et
les traitements connexes, la rééducation cherchera à optimiser
les mécanismes perceptivo-moteurs nécessaires à l'adaptation
psychomotrice du sujet.
L’EVALUATION:
L’EXAMEN GÉRONTO-PSYCHOMOTEUR
La mise en évidence des troubles psychomoteurs se fait au travers
du bilan psychomoteur (tests, grille d’observation, échelles...)
• EGP= outil d’évaluation permettant
une lecture des différents domaines
cognitivo-psychomoteurs chez le
sujet âgé.
• Test étalonné à partir de 60 ans
• Validité pathologique
(Alzheimer, Parkinson) en
cours.
• Prise en compte des éléments
quantitatifs et qualitatifs.
• Permet :
• D’affiner un diagnostic
• D’initier un projet thérapeutique
• De mesurer l’efficacité d’une
prise en charge.
EGP
• Les domaines mesurés:
• Coordinations statiques et
dynamiques.
• Mobilisation articulaire des
membres inférieurs et supérieurs.
• Motricité fine
• Praxies
• Connaissance des parties du corps
• Vigilance
• Mémoire perceptive et mémoire
verbale
• Les sphères spatiale et temporelle
• Perception
• Communication
LES ACTES PSYCHOMOTEURS AUPRÈS
DU PATIENT ALZHEIMER
• Réadaptation cognitive, émotionnelle et relationnelle en
situation de vie quotidienne,
• Réhabilitation de l’équilibre et prévention des chutes,
• Prise en charge de l’inconfort et de la douleur,
• Education thérapeutique, conseil et information du patient et
de l’aidant.
(Recommandation de l’HAS, 2010)
VIGNETTE CLINIQUE: MME C.
• Mme C a 79 ans.
• Elle est hospitalisée en SSR suite à une fracture illio-ischiopubienne gauche non déplacée.
• Elle a été coiffeuse avant de s'occuper de son foyer et de ses 3
enfants (dont un est décédé il y a quelques années).
• Elle est aujourd'hui veuve et vivait à domicile avant son
hospitalisation avec la présence d'une aide ménagère 2h par
semaine.
• MMS 22/30
BILAN PSYCHOMOTEUR
• Demande:
Reprise de la marche chez une personne présentant une peur de
la chute +++.
Antécédents de chutes à répétition.
• Vécu psycho-comportemental
Pas de syndrome post-chute (absence de rétropulsion…).
Questionnaire de Baloh (peur de chuter) on relève un score de
score = 55 (>20= peur de chuter).
•
Tinetti dynamique:
-Pas de trouble à l'initiation de la marche.
-Pas courts et trainants (D < G).
-Absence de déviation de la trajectoire de
marche.
-Pas d'élargissement du polygone de
sustentation.
-Aide nécessaire pour réaliser le demi-tour.
•
Tinetti statique:
-Toutes les situations (occlusion des yeux,
diminution du polygone de sustentation,
mouvements de la tête…) nécessitent l'aide
des bras pour maintenir l'équilibre.
-Absence d’appui unipodal
-Instabilité lors de la poussée sternale.
-Légères oscillations antéro-postérieures
• EGP:
ACTIONS THÉRAPEUTIQUES
• Objectif => Reprise d’une locomotion autonome.
- Stimuler les ajustements posturaux anticipés et reflexes dans différentes
situations afin d’assurer un équilibre statique et dynamique adapté.
- La rassurer dans sa capacité à se déplacer.
- Automatiser le relever du sol.
• En tenant compte :
- Des compétences préservées (compréhension des consignes, capacité à
imiter des gestes simples, bonnes capacités attentionnelles …)
- D’une peur de la chute (en proposant des situations graduées en difficultés
et en valorisant les performances de la patiente)
- Des capacités mnésiques altérées (les patients Alzheimer conservent des
possibilités d’apprentissage moteur mais à la condition que la pratique soit
constante et répétitive).
VIGNETTE CLINIQUE: M C.
• M C a 82 ans
• Il est suivie par une Equipe Spécialisée Alzheimer, à la
demande de son épouse.
• Il était officier dans l’armée de l’air.
• Il vit à son domicile. Il est également suivi par une
orthophoniste en libéral.
• MMSE = 30 (haut niveau socio culturel).
BILAN PSYCHOMOTEUR
• Demande
Plainte de la famille « il ne fait plus rien ».
• Entretien famille
 Perte de toute initiative: lorsque M.C. se retrouve seul il cesse
d’agir (ne satisfait pas ses besoin vitaux comme boire ou manger
malgré une perception de la faim et de la soif).
 La stimulation d’un tiers permet à M.C. d’effectuer des activités.
 Antécédents de mouvements compulsifs.
 Hypersomnie.
Coordination Statique I
Sphère Temporelle
6
5
Perception
4
3
Mémoire Verbale
2
Coordination Statique II
Coordination Dynamique
I
Coordination Dynamique
II
1
Sphère Spatiale
0
Mobilisation Articulaire
des membres inférieurs
Mémoire Perceptive
Motricité Fine des
membres supérieurs
Vigilance
Connaissance des
parties du corps
Mobilisation Articulaire
des membres supérieurs
Praxies
Motricité Fine des
membres inférieurs
=> Trouble de la régulation de l’activité motrice: perte des initiatives et des
actions nécessaires à la vie et restriction des champs d’intérêt. Mais capacités
cognitives relativement préservées.
ACTIONS THÉRAPEUTIQUES
• Cibler les activités que M C. est en capacité de
réaliser seul (avec outils de compensation si nécessaire)
• Le patient peut renoncer à agir pour se protéger des conséquences
d'échecs répétés, pour préserver l'image de soi.
• Valoriser les actions réalisées par le patient
• L'absence de renforcements positifs conduit à la diminution d'intérêt.
• Mise en place de repères temporels permettant à
M C. d’anticiper les activités et leurs objectifs.
• La motivation nécessite l'anticipation, la construction de règles
anticipatrices.
• Travailler avec l’aidant
• La diminution des initiatives peut constituer une protection vis-àvis d'un entourage intolérant ou trop exigeant (en termes de temps
pour M.C.).
• Il peut aussi être en réponse à une prise en charge complète par
l’aidant des actes de la vie quotidienne. Changement du rôle de
l’aidante => activation de l’action chez le patient au lieu de faire à
sa place.
VIGNETTE CLINIQUE: MME G
• Mme G. A a 84 ans, elle vit en service de géronto-psychiatrie depuis 4
ans.
• Elle présente une maladie d’Alzheimer à un stade sévère avec une
déambulation majeure.
• MMSE = 0
• NPI: comportement moteur aberrant F*G= 12 R= 4
• Autonomie:
• Aide totale pour l’hygiène, l’habillage, la continence.
• Aide partielle pour les repas.
• Autonome pour la locomotion.
BILAN PSYCHOMOTEUR
• Demande: suivi dans le cadre d’une UHR.
• Plainte de l’équipe soignante lors des soins.
• Source d’inquiétude et d’épuisement (lui demande toute la journée de
s’assoir car ont peur qu’elle chute);
Echelle d’Algase
Comportement problématique
(2007 trad. et valid. française en cours)
• Marche compulsive.
• Toute la journée (du lever au coucher,
pendant les repas, perturbe les activités)
mais pas la nuit.
• Pas de fugue, ne cherche pas à quitter le
service.
• Désorientée dans l’espace.
• Fatigabilité + instabilité
=> risque de chute.
• Soins d’hygiène difficiles.
• Mauvaise prise des repas;
=> perte de poids.
BILAN PSYCHOMOTEUR
• Sont altérées:
•
•
•
•
•
Les capacités d’équilibration.
Les capacités mnésiques et attentionnelles.
L’orientation spatio-temporelle.
Les fonctions exécutives.
La communication verbale.
• Sont préservées:
• Les praxies idéatoires: elle peut utiliser de manière adaptée des objets de la
vie quotidienne si on les sélectionne (fourchette, peigne…).
• La motricité fine.
• Les communications non verbales (répond aux sourires, peut montrer
qu’elle ne veut pas quelque chose par une moue significative…).
• On note:
• Pas de signes de douleur à la manipulation passive ni lors des déplacements.
ACTIONS THÉRAPEUTIQUES
• Soins d’hygiène (en coordination avec les AS)
• Lui proposer la toilette dès le lever.
• Préparer et mettre à porter de main tout le matériel utile avant le soin.
• Attirer son attention en décrivant chacun des gestes réalisés ou en lui
proposer de réaliser certaines actions seule (se peigner, de se savonner…)
• Prise des repas
•
•
•
•
Aménagement d’un espace avec limitation des stimuli distracteurs.
Présentation des objets pertinents / retrait des objets perturbateurs.
Adaptation de la présentation des plats à son rythme.
Si déambulation => fingers food.
• Diminuer risque de chute
• Pas de prise en charge « classique »
possible compte tenu des troubles
cognitifs.
• Utilisation d’un parcours extérieur
(pas
de
consigne
verbale,
utilisation de l’affordance) pour
maintenir
les
capacités
d’ajustement de la posture et les
reflexes d’équilibration.
• Gestion de la fatigue
• Atelier relaxation (2 fois par semaine en fin de matinée) =>
diminution du niveau d’alerte => induire un temps de repos.
• Mise en place par les AS d’un bain « thérapeutique ».
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