LE SYNDROME HÉMOLYTIQUE ET URÉMIQUE A PROPOS DE 5 CAS OUZEDDOUN N.*, RHOU H*, BENAMAR L.*, EZAITOUNI F.*, BAYAHIA R.*, AL HAMANY Z.**, BALAFREJ L.* RÉSUMÉ Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) affection fréquente chez l’enfant, rare chez l’adulte est définie par l’association d’une insuffisance rénale aiguë, d’une thrombopénie et d’une anémie hémolytique avec fragmentation des hématies. A ce propos, les auteurs rapportent 5 cas de SHU survenu chez 2 enfants et 3 adultes. L’histologie rénale montre des lésions de microangiopathie thrombotique (MAT) glomérulaire chez un enfant, de MAT à prédominance artérielle chez l’autre enfant et 2 adultes et d’une nécrose corticale chez le 3ème adulte. 4 patients ont reçu en plus du traitement symptomatique, un traitement corticoïde sous forme de bolus de méthyl prédnisolone avec récupération d’une fonction rénale normale chez les 2 enfants, amélioration de la créatininémie dans 1 cas et sa stabilité dans l’autre. ciation d’une anémie hémolytique, d’une thrombopénie et d’une insuffisance rénale aiguë. Ce tableau est décrit pour la pre m i è re fois par Gasser et coll (1) en 1995, et les lésions histologiques ont été définies par Habib et coll (2). Une étiologie infectieuse est retenue devant la survenue de ce syndrome par épidémie estivale et après épisodes diarrhéiques chez des nourrissons. Mais l’existence de formes atypiques de l’adulte, de cas survenus après prise médicamenteuse, ou lors de la grossesse ou de maladies malignes ont démontré que le SHU pouvait correspondre à des étiologies différentes. A ce propos, les auteurs rapportent 5 cas de SHU observés chez 2 enfants et 3 adultes, colligés au service de néphrologie de 1984 à 1996 et qui semblent intéressants du fait de la variabilité du terrain, des circonstances de survenue, des variations de l’évolution et enfin de la discussion du traitement. Observation n°1 SUMMARY Uremic hemolytic syndrome - Report of 5 cases The uremic hemolytic syndrome, more common in child than in adult, is defined by association of an acute kidney failure with thrombocytopenia and hemolytic anemia with red cells fragmentation. In this way, the authors report 5 cases of uremic hemotyic syndrome o c c u ring in 2 ch i l d ren and 3 adults. The re n a l h i s t o l ogical study shows a glomerular thro m b o t i c microangiopathy in one child, a thrombotic microangiopathy with arterial prevalence in the other and 2 adults, and cortical necrosis in the third adult. 4 pat i e n t s underwent, in addition to the symptomatic therapeutical management, a corticoïd treatment as methyl prednisolone bolus with recovery of the renal function in the 2 children, improvement of creatininemia in one case and its stadiness in the others. Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) est une m i c ro a n gi o p athie thrombotique caractérisée par l’asso- T.O., jeune patient de 6 ans, sans antécédents pathologiques personnels ou familiaux a présenté en mars 1992 une éruption fébrile généralisée, ayant intéressé même le cuir chevelu, très évocatrice de varicelle. Une semaine plus tard apparaissent une diarrhée liquidienne striée de sang, une impotence fonctionnelle totale avec crises convulsives, puis survient une anurie totale. Ce jeune patient est alors hospitalisé au service de néphrologie le 24 mars 1992 dans un tableau d’obnubilation avec dysarthrie d’allure cérébelleuse, une raideur axiale et une hypotonie des 4 membres. Il n’y a pas de déficit des fonctions supérieures, ni de déficit des nerfs crâniens, ni de déficit moteur. Le fond d’oeil est normal, l’étude du liquide céphalo-ra ch i d i e n aussi, et l’électroencéphalogramme ne montre pas d’éléments en faveur d’une encéphalopathie. Une complication nerveuse de la varicelle est éliminée. la tension artérielle (TA) est à 110/70 mmHg et le reste de l’examen somatique est normal en dehors d’un purpura pétéchial au niveau des membres inférieurs. Le bilan biologique montre une fonction rénale altérée avec une urée sanguine à 64 mmol/l et * Service de Néphrologie-hémodialyse - CHU Ibn Sina - Rabat. ** Service d’Anatomie pathologique - CHU Ibn Sina - Rabat. Médecine du Maghreb 1997 n°63 22 une créatininémie à 893,8 µmol/l. Après reprise de la diurèse, les urines sont hématiques et la protéinurie des 24 H est de 0,4 à 1 g. La protidémie est à 67 g/l. La NFS montre une anémie hypochrome microcytaire et une thrombopénie : le taux d’Hb est à 5,7 g/dl, le VGM à 70 µ3 et la CCMH à 25, le taux de plaquettes est à 24.000/mm3. La biopsie rénale, effectuée loin de toute anomalie de la crase sanguine à J + 6 montre 14 glomérules présentant un aspect boursouflé des parois des capillaires glomérulaires avec aux colorations argentiques, un aspect feuilleté et irrégulier des membranes basales. Des thrombi-fibrinoïdes obturent la lumière des capillaires dans plusieurs glomérules. Le tissu interstitiel est infiltré par un œdème et les vaisseaux sont normaux. Il s’agit donc d’une microangiopathie thrombotique (MAT) glomérulaire. En plus du traitement symptomatique de l’insuffisance rénale aiguë par hémodialyse, un traitement anticoagulant et un traitement par corticoïdes sous forme de bolus de méthyl prednisolone est instauré à raison de 20 mg/kg/j pendant 3 jours par mois, relayé par un traitement oral (3 cures en tout). L’évolution clinique et biologique est favorable : reprise d’une diurèse normale après 5 jours d’anurie et récupération d’une fonction rénale normale 15 jours après la 1ère série de bolus de méthyl prednisolone. Au dernier bilan du mois de septembre 1993, soit après un recul de 17 mois, la fonction rénale est toujours normale, la protéinurie des 24 H est négative. Il n’y a pas d’anémie, ni de thrombopénie. Observation n°2 Mlle A.A. est une patiente de 7 ans, 2ème d’une fratrie de 4, sans antécédents pathologiques ni personnels ni familiaux. En février 1992, elle présente des signes fo n c t i o n n e l s d’HTA à savoir céphalées, brouillards devant les yeux ; puis apparaissent une bouffissure du visage, des oedèmes des membres inférieurs et des douleurs abdominales sans troubles du transit. Le 22 Avril 1992, elle est hospitalisée dans un tableau d’encéphalopathie hy p e rt e n s ive ave c c o nvulsions. Le bilan biologique met en évidence une fonction rénale altérée avec une urée sanguine à 69,7 mmol/l et une créatininémie à 477,9 µmol/l. La protidémie est à 68 g/l et la protéinurie des 24 H est de 0,75 g pour une diurèse de 400 à 600 cc par jour. Au compte d’Addis existe une hématurie microscopique à 8100 H/min. La NFS met Médecine du Maghreb 1997 n°63 OUZEDDOUN N., RHOU H, BENAMAR L, EZAITOUNI F., BAYAHIA R., AL HAMANY Z., BALAFREJ L. en évidence une anémie hypochrome microcytaire avec la présence de quelques schizocytes : l’Hb est à 8,5 g/dl, le VGM à 84µ3 et la CCMH à 28. Le taux de plaquettes est à 103.000/mm3. Sur le plan immunologique, la recherche d’anticorps antinucléaires est négative, de même que le test au Latex et la réaction de Waaler Rose. L’histologie rénale montre 10 glomérules, dont 2 en pain à cacheter, présentant tous une prolifération endocapillaire. Les membranes basales présentent un aspect feuilleté et irrégulier aux colorations argentiques. Plusieurs lumières des capillaires glomérulaires sont obstruées par des thrombi fibrinoïdes. Les artérioles ont un énorme épaississement sous endothélial «oedémateux» et quelques artérioles périt u bu l a i res ont des lumières obstruées par des thro m b i fibrinoïdes. Les lésions tubulo-interstitielles sont diffuses avec des travées de fi b ro s e, des plages d’infi l t rat i o n inflammatoire, et quelques tubes atrophiques ou dilatés. Il s’agit donc, d’une MAT glomérulaire et artérielle. La patiente a bénéficié de 2 séries de bolus de méthyl prednisolone à un mois d’intervalle relayées par une corticothérapie orale, associée à un traitement anticoagulant, en plus du traitement antihypertenseur. L’évolution est marquée par une normalisation de la fonction rénale 6 mois après le début du traitement et la protéinurie des 24H est à l’état de traces. La patiente est par la suite perdue de vue depuis Novembre 1992. Observation n°3 Mme F.N. est une patiente de 38 ans, originaire et habitant en Mauritanie, et ayant comme antécédent personnel un paludisme en 1981 correctement traité. Cette patiente est 9ème geste, 9ème pare, les grossesses sont bien suivies, avec découverte lors de la 1ère grossesse d’une HTA dite «essentielle». Les accouchements se sont bien déroulés. Au 7ème mois de sa dernière grossesse, elle présente des douleurs abdominales et des métrorragies minimes. Le 28 février 1993, elle subit une césarienne pour hématome retroplacentaire. Les suites opératoires sont marquées par un syndrome hémarrogique et CIVD. L’état de choc est jugulé par de multiples transfusions sanguines mais découverte d’une insuffisance rénale avec anurie ne répondant pas au traitement diurétique. La patiente est transférée en néphrologie le 5 Mars 1993. L’examen somatique trouve une TA à 160/90 mmHg sous inhibiteur calcique, un souffle systolique fonctionnel le long du bord gauche du sternum et au niveau du foyer LE SYNDROME HÉMOLYTIQUE… mitral. Le bilan biologique montre une créatininémie à 1239 µmol/l et une urée sanguine à 9,96 mmol/l. La biopsie rénale, après contrôle de la crase sanguine, montre 30 glomérules. Ils sont le siège d’une prolifération endocapillaire diffuse et généralisée, d’une fibrose mésangiale, et d’un aspect épaissi et feuilleté de la membrane basale glomérulaire. La lumière des capillaires est obstruée par de volumineux thrombi fibrinoïdes. Les artérioles présentent également de volumineux dépôts sous endothéliaux fibrinoïdes et hyalins obturant les lumières. Les lésions tubulo-interstitielles sont importantes : oedème interstitiel diffus, atrophie tubulaire, aspect pseudo-thyroïdien de certains tubes dont les lumières sont encombrées de cylindres hyalins et hématiques. Le diagnostic de MAT glomérulaire et artérielle est retenu. Le traitement symptomatique de l’insuffisance rénale et de l’HTA a permis de récupérer une diurèse normale mais la fonction rénale reste toujours altérée avec créatininémie stable à 415,9 µmol/l et une HTA bien équilibrée sous inhibiteur calcique. La patiente est retransférée en Mauritanie avec un traitement symptomatique de l’insuffisance rénale et de l’HTA. Observation n°4 Mme B.K. 82 ans, connue hypertendue depuis 3 ans, présente 3 semaines avant son hospitalisation un épisode de diarrhée, de rectorragie, et d’oedèmes des membres inférieurs. La patiente est hospitalisée au service de néphrologie le 29 septembre 1995. L’examen somatique trouve une TA à 180/80mmHg, des taches purpuriques au niveau des membres inférieurs qui sont oedematiés. La rectosigmoïdoscopie montre une muqueuse rectale normale jusqu’à 40 cm, parsemée de quelques taches purpuriques rouges clairs de 5 mm de diamètre. Le bilan biologique montre à l’admission une insuffisance rénale qui s’est rapidement aggravée avec une créatininémie à 1460 µmol/l. La protidémie est à 67 g/l avec albuminémie à 28 g/l et des ga m m ag l o bulines à 15 g/l. La protéinurie des 24 H est de 1,7 g/l, la protéinurie de Bence Jones et l’immunoelectrophorèse du protéines urinaires est normale éliminant ainsi une dysglobulinémie. A la NFS, l’Hb est à 10 g/dl, le VGM à 86 µ3 et la CCMH à 36. Le taux de plaquettes est à 148.000/mm3. L’échographie rénale montre 2 reins de taille normale, échogènes et la biopsie rénale montre 8 glomérules dont 23 3 sont en pain à cacheter. Les autres ont un mesangium abondant avec 5 à 7 polynucléaires neutrophiles par anse capillaire, avec des thrombi au niveau de 2 glomérules. A la réticuline la membrane basale glomérulaire a un aspect feuilleté. Le tissu interstitiel est scléreux, est modérément parsemé de lymphocytes et plasmocytes. Au niveau des tubes, existent des cylindres hématiques avec des tubes ectasiés et atrophiques. Les artérioles péritubulaires ont une parois épaissie avec quelques rares micro-thrombi. Il s ’ agit donc d’une MAT gloméru l a i re et art é ri e l l e. La patiente est alors traitée par bolus de méthyl prednisolone à la posologie de 20 mg/kg/j pendant 03 jours à 1 mois d’intervalle, relayé par une corticothérapie orale. Après la 2ème série de bolus de méthyl prednisolone la fonction rénale s’est nettement améliorée, avec créatininémie à 256,6 µmol/l. En Janvier 1996, soit 4 mois plus tard, la patiente est réadmise pour douleurs retro sternales à irradiation ascendante, avec dyspnée paroxystique nocturne. L’examen somatique est normal en dehors d’un rythme cardique rapide. La TA est à 120/60 mmHg sous inhibiteur de l’enzyme de conversion. L’électrocardiogramme montre une tachycardie sinusale et quelques troubles de repolarisation. Les enzymes c a rdiaques sont normales. La ra d i ographie pulmonaire montre une cardiomégalie, et des signes parenchymateux gauches avec attraction du médiastin. Malheureusement, la patiente est décédée le 31/1/96. Observation n°5 Mr. O.A., âgé de 40 ans, mauritanien d’origine présente en Août 1995 un syndrome néphrotique et une insuffisance rénale diagnostiquées en Mauri t a n i e. Sur ces simples données, un traitement par corticoïdes est démarrée sous forme de bolus de méthyl prednisolone à la dose de 20 mg/kg/j pendant 3 jours, relayé par une corticothérapie orale à la dose de 1 mg/kg/j puis à dose dégressive. La durée du traitement étant de 3 mois et demi. La non amélioration biologique de ce patient a motivé son transfert dans notre formation le 23-1-96. L’examen somatique est normal. La TA est à 130/100mmHg. Les examens biologiques confirment le syndrome néphrotique avec une altération de la fonction rénale : l’urée sanguine est à 22,2 mmol/l, la créatininémie à 345 µmol/l, la protidémie à 48,9 g/l et l’albuminémie à 16 g/l. A la NFS, existe une anémie microcytaire normochrome : Hb est à 9,3 g/dl, le VGM à 73 µ3 et la CCMH à 36. La Médecine du Maghreb 1997 n°63 OUZEDDOUN N., RHOU H, BENAMAR L, EZAITOUNI F., BAYAHIA R., AL HAMANY Z., BALAFREJ L. 24 recherche de schizocytes est négative et le taux de plaquettes est à 328.000/mm3. Aucune étiologie immunologique, infectieuse ou autres n’est retrouvée à l’origine de ce syndrome néphrotique. L’échographie rénale et l’échodoppler des vaisseaux rénaux sont normaux. La biopsie rénale montre des lésions de nécrose corticale en travées épargnant quelques glomérules au nombre de 7 : la membrane basale de ces glomérules a un aspect feuilleté et les anses capillaires sont le siège de quelques thrombi. L’analyse des vaisseaux met en évidence quelques thromboses artériolaires. Un examen attentif montre, au niveau des tubes, la présence de poly nu cl é a i res et de quelques amas fibrino leucocytaires et des macrophages chargés en hémosidérine. Devant cet aspect, les étiologies éventuelles de nécrose corticale sont recherchées : - la drepanocytose : l’électrophorèse de l’Hb est normale, - l’endocardite subaigue : les antécédents personnels du patient et son examen clinique ne permettent pas de retenir ce diagnostic, - une angéite nécrosante : il n’y a pas de signes formels en sa faveur et la recherche des ANCA est négative. Le diagnostic retenu est donc celui de SHU suggéré par les lésions glomérulaires, avec nécrose corticale, compliquée d’insuffisance rénale et d’une HTA bien équilibrée sous inhibiteur calcique et inhibiteur de l’enzyme de conversion. DISCUSSION Le SHU défini par la survenue brutale d’une insuffisance rénale aiguë associée à une anémie hémolytique microangiopathique avec fragmentation des hématies et à une thrombopénie, présente des formes cliniques nombreuses essentiellement en fonction de l’âge du patient et des circonstances de survenue. Ainsi chez l’enfant sont décrites 2 formes : - une forme typique, survenant chez les enfants de moins de 2 ans dans 71% des cas et au-delà de 2 ans dans 29% des cas (3), entre mai et octobre, avec une phase prodromique faite de diarrhée dans 83% des cas, et, de fièvre dans 56% des cas. Après un délai allant jusqu’à 15 jours, s’installe la triade caractéristique du SHU. L’HTA est observée dans 47% des cas. Une atteinte extra-rénale digestive et/ou neurosensorielle est rencontrée dans 20% des cas. Cette dernière peut être source de complications graves à type de coma, convulsions, signes neurologiques de focalisation, ou de séquelles neurologiques Médecine du Maghreb 1997 n°63 dans 2 à 10% des cas à type de cécité corticale, d’épilepsie ou de retard intellectuel, - Une forme atypique qui ne survient que dans 9% des cas, quel que soit l’âge mais plus volontiers chez le grand enfant. La diarrhée prodromique est rare, et le début est insidieux avec une hémolyse pouvant précéder l’atteinte rénale. Une HTA incontrôlables est souvent associée à ces signes. Elle serait secondaire aux lésions artérielles rénales. Chez l’adulte, le tableau clinique est hétérogène, souvent sous forme d’une HTA sévère voire maligne, avec retentissement oculaire et cérébral. La grande prédominance féminine est liée à la fréquence des cas secondaires à la prise de contraceptifs oraux et de cas survenant au cours ou au décours de la grossesse. Il peut survenir au cours du 2ème ou 3ème trimestre de la grossesse. Les signes biologiques confirment l’insuffisance rénale, et lorsque l’anurie n’est pas totale, une protéinurie importante, associé ou non à une hématurie microscopique est notée (4). L’étude de la crase sanguine ne montre que rarement des signes de coagulopathie de consommation et la thromb o cytopénie semble être secondaire à une destru c t i o n rapide des plaquettes plutôt qu’à une production insuffisante. Sur le plan histologique, 3 types de lésions peuvent être observés : - La nécrose corticale étendue, non diffuse, associée à des lésions d’endartérite obstructive affectant les artères i n t e rl o bu l a i res mais épargnant les art è res arquées et interlobaires. Elle est rencontrée dans 30% des SHU typiques et 14% des SHU atypiques (3). - La MAT glomérulaire, caractérisée par un gonflement et un détachement des cellules endothéliales, se traduisant par un espace clair sous endothélial donnant un aspect en double contour aux parois des capillaires glomérulaires. Les cellules mésangiales peuvent être hy p e rt ro phiées et la matrice mésangiale peut présenter un aspect fibrillaire. Son interposition le long des parois capillaires, participe à l’obstruction de la lumière des capillaires. Mais lorsque cette dernière est perméable, elle contient parfois des hématies, des plaquettes ou des thrombi de fibrine. La juxtaposition des glomérules porteurs de ce type de lésions et de glomérules normaux ou peu altérés est caractéristique. La MAT glomérulaire est rencontrée dans 57% des SHU typiques et 28% des formes atypiques (3). LE SYNDROME HÉMOLYTIQUE… - La MAT à prédominance artérielle est la forme la plus fréquemment rencontrée chez l’adulte. Elle est également rencontrée dans 57% des SHU atypiques de l’enfant. A un stade précoce, les artères de moyen calibre, surtout les artères interlobulaires, présentent une prolifération intimale, une thrombose fibrineuse et surtout une nécrose de la média. A un stade tardif, il existe une endartérite fibreuse avec un aspect lamellaire en «bulbe d’oignon» des artérioles. Le 2ème type de lésion concerne les glomérules qui présentent un aspect plissé des m e m b ranes basales, associé à un dédoublement des parois. Il n’y a pas de feutrage fibrillaire du mésanguin. cet aspect glomérulaire serait le résultat d’un processus ischémique. Les lésions tubulo-interstitielles n’ont rien de spécifique et dépendent de la sévérité et de la durée de la maladie. En immunofluorescence, le sérum antifibrine se fixe sur certains glomérules, dans le mésangium et sur la parois des c ap i l l a i res gloméru l a i res. Il peut aussi se fi xer sur des thrombi contenus dans la lumière des capillaires et dans les artérioles. L’évolution est va ri able chez l’enfant : les formes avec nécrose partielle ou les formes glomérulaires, formes les plus fréquemment observées chez le nourrisson ou le jeune enfant, ont un pronostic meilleur à long terme. L’HTA, quand elle existe, est le plus souvent réversible et le pronostic relativement favorable. Néanmoins, les lésions de MAT ne sont pas réve rs i bles, elle laissent des cicatrices plus ou moins étendues dans le parenchyme rénale lorsque plus de 50% des glomérules sont touchés au début de la maladie. Des séquelles plus ou moins sévères à type de p ro t é i nu ri e, d’HTA et/ou de diminution de la fi l t rat i o n glomérulaire, ont été notées lors des formes typiques par plusieurs auteurs après un recul de 10 ans environ. Ainsi, Gagnadoux (5) en 1987 rapporte 43% des séquelles après un recule de 10 à 24 ans, Dejong (6) et Vandyck (7) en 1988 rapportent respectivement 23 et 30% après un recul de 10 ans, Siegler (8) en 1991 note des séquelles dans 39% des cas après un recul de 7 à 18 ans, et Fitzpatrick (9) en 1991, en rapporte 59% pour un recul de 5 à 21 ans. Chez l’adulte, le pronostic est le plus souvent sévère et l’évolution à long terme se fait fréquemment vers l’installation d’une insuffisance rénale terminale. Les observations rapportées dans notre étude répondent bien aux critères biologiques et surtout histologiques du SHU. En effet, le cas décrit dans l’observation 1 est celui 25 d’une forme typique de SHU de l’enfant avec un anurie ayant duré 05 jours et dont l’histologie rénale montre une MAT glomérulaire. L’évolution du patient est favorable sans séquelles rénales, ni HTA durant les 17 mois d’évolution. L’observation 2, décrit par contre une forme atypique de SHU de l’enfant, avec une diurèse conservée et à l’histologie rénale des lésions de MAT glomérulaire et artérielle associées à des lésions tubulo-interstitielles diffuses. Après une évolution de 6 mois, la fonction rénale est restée normale, la protéinurie est négative mais l’HTA persiste. Une durée d’anurie excédant 15 jours malgré plusieurs séances d’hémodialyse associées à des lésions de MAT glomérulaire et artérielle et de lésions tubulo-interstitielles rénales, expliquent la persistance de l’insuffisance rénale dans les cas décrits dans les observations 3 et 4. Malgré l’absence de schizocytes et de thrombopénie pour le cas décrit dans l’observation 5, et qui pourrait s’expliquer par un effet bénéfique du traitement corticoïde, le diagnostic de SHU est retenu en présence de lésions histologiques rénales évocatrices. Le patient présente actuellement une insuffisance rénale ch ronique avec une HTA contrôlée par une bithérapie. Concernant la physiopathologie du SHU, la lésion initiale semble être au niveau de la cellule endothéliale, déclenchée par des endotoxines bactériennes, différents toxiques, la grossesse ou l’HTA. La mise à nu des structures sous endothéliales riches en collagène, provoque la fo rm ation de microthrombi fibrino-plaquetaires. Upshaw (10) et Remuzzi (11) ont suggéré que les malades atteints de SHU et de purpura thrombotique thrombocytopénique, manquaient d’un facteur qui stimulerait la production de pro s t a cy clines (PGI2) par la parois va s c u l a i re. L’absence de ce facteur favoriserait la formation de thrombi de plaquettes dans la microcirculation et jouerait un rôle dans la pat h ogénie de l’HTA, pour cela l’ex s a n g u i n o transfusion, la plasmaphérèse et surtout la perfusion de plasma frais congelé semblent efficaces dans les formes sévères. Les essais thérapeutiques prospectifs randomisés ave c contrôles histologiques n’ont pas démontré d’effet significatif de l’héparine ni des fibrinolytiques. Il en est de même pour les agents anti-agrégants plaquettaires (13). En ce qui concerne les corticoïdes, plusieurs auteurs ont rapportés dans quelques cas des résultats favorables, mais ceci n’a pas été confirmé par d’autres (13, 14, 15). Les échanges plasmatiques, utilisés pour la première fois en 1977, semblent donner de meilleurs résultats (14). Médecine du Maghreb 1997 n°63 OUZEDDOUN N., RHOU H, BENAMAR L, EZAITOUNI F., BAYAHIA R., AL HAMANY Z., BALAFREJ L. 26 Tous nos patients, sauf le cas décrit dans l’observation 3, ont reçu un traitement corticoïde sous forme de bolus de m é t hyl prednisolone à la dose de 20 mg/kg/j pendant 3 jours relayé par une corticothérapie per os. Pourrait-on, à court terme, attribuer la récupération d’une fonction rénale normale (observation 1 et 2) ou du moins son amélioration ou sa stabilité (observation 4 et 5) à ce traitement ? En prat i q u e, selon plusieurs auteurs (3), un tra i t e m e n t symptomatique de l’insuffisance rénale aiguë et de l’HTA, permet d’améliorer le pronostic vital du SHU. Ce traitement serait largement suffisant dans les forme typiques de l’enfant. Ce traitement a permis de faire passer en 2 ans la mortalité de plus de 60% à moins de 10% (15). Mais dans les formes atypiques et chez l’adulte, ce traitement sera associé à des perfusions de plasma frais congelé suiv i d’échanges plasmatiques, en cas d’échec. Un traitement plus agressif comportant d’emblée des échanges plasmatiques avec du plasma frais congelé comme liquide de rem- placement, peut également être préconisé. BIBLIOGRAPHIE 1. V.C. GASSER, E. GAUTIER, A. STECK, R.E. SIEBENMANN, R. OECHSLIN. H a m o lytish urämisch syndro m e. Bilat e ral niere n ri n d e n n e k rosen bei akuten errurbenen hämolytischen anämien. Schweiz Med, wochenschr, 1955, 85, 905-909. 2. R. HABIB, M. LEVY, M.F. GAGNADOUX, M.F. BROYER. Prognosis of the hemolytic uremic syndrome in children. Adv. Nephrol., 1982, 11, 99-128. 3. C. LOIRAT, V. BAUDOUIN, E. SANSINO, P. MARIANI-KURDJIAN, J. ELION. S y n d rome hemolytique et urémique de l’enfant : aspects cl i n i q u e s , étiologiques, éléments du pronostic et résultats thérapeutiques. 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