Section 1 - Le Site SES de P. Savoye

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PARTIE 2 : SOCIOLOGIE GENERALE et SOCIOLOGIE POLITIQUE
Thème 2 : Groupes et réseaux sociaux
 Section 1 : Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?
NOTIONS
Groupes primaire /
secondaire, groupes
d'appartenance / de
référence.
INDICATIONS
On distinguera les groupes sociaux, caractérisés par l'existence d'interactions (directes ou
indirectes) entre leurs membres et la conscience d'une appartenance commune (familles,
collectifs de travail, associations, etc.), des catégories statistiques (PCS, groupes d'âge, etc.).
On montrera que les groupes sociaux se différencient en fonction de leur taille, de leur rôle, de
leur mode de fonctionnement et de leur degré de cohésion. On évoquera les situations où les
individus prennent comme référence un autre groupe que celui auquel ils appartiennent.
Introduction
Vous arrive-t-il d’avoir des comportements qui ne correspondent pas à ceux de votre milieu social ?
Formulation d’hypothèses :
 ……………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………
A. Quelles différences entre « groupe social » et « catégories statistiques » ?
1) Qu’est-ce qu’un groupe social ?
→ Documents 1, 2 et 3 p.214. Répondre aux questions proposées.
2) Toutes les catégories statistiques constituent-elles des groupes sociaux ?
Voir p. 350 du manuel sur la construction de la grille d’analyse de l’INSEE, les PCS.
→ Documents 4 p.215. Répondre aux questions proposées.
Lire « Ne pas confondre », p.215
Q1 Quel est l’intérêt de créer des catégories sociales comme les PCS ?
Q2 Donnez d’autres exemples de catégories statistiques qui ne constituent pas des groupes sociaux
Q3 Pour quelles raisons les groupes d’âges ne constituent-ils pas des groupes sociaux ?
Définition : un groupe social est un groupe formé d’individus :
- en interaction : elle peut être directe (s’ils se rencontrent physiquement) ou indirecte (s’ils sont justes
en interrelation),
- ayant conscience d’appartenir au groupe (sentiment d’appartenance : « nous, la bande de
copains», « nous, les arméniens », etc.),
- étant désignés comme membres du groupe par les autres individus (le groupe social existe en se
distinguant des autres groupes sociaux) : exemple des canadiens francophones et des non francophones.
Une fois constitué, le groupe social repose sur un système normatif qui influence les comportements
individuels.
De plus, il convient de le distinguer :
- de simples agrégats physiques où les individus ne se connaissent pas, n’ont pas forcément de
point(s) commun(s) et ont peu, voire pas d’interactions. Ils sont au même endroit au même moment par hasard.
- d’une catégorie sociale qui n’est qu’une construction effectuée par les statisticiens afin d’étudier
la population mais qui n’a pas d’existence réelle. Une catégorie sociale regroupe des individus ayant au moins
une caractéristique commune (âge, revenus, type d’activité, etc.) mais qui n’ont pas conscience de faire partie
d’un tout et n’ont pas d’interactions entre eux.
Q1 Vous pouvez vous interroger sur les questions suivantes :
- Les femmes constituent-elles une catégorie sociale ou un groupe social ?
- Les jeunes constituent-ils une catégorie sociale ou un groupe social ?
- Les PCS : catégories sociales ou groupes sociaux ?
Pour vous aider dans votre réflexion, demandez-vous si ils/elles ont un sentiment d’appartenance, si les
individus adaptent leur comportement en fonction du sexe / âge / origine de leur interlocuteur, si ils/elles ont des
intérêts en commun, etc.
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B. A quel(s) groupe(s) appartient-on ?
1) Du groupe primaire au groupe secondaire
→ Documents 1, 2, 3 et 4 (et 5) p.216 et 217. Répondre aux questions proposées.
Définitions :
- Groupe primaire : groupe de petite taille dont les membres entretiennent des relations interpersonnelles
plutôt stables au sein desquelles la solidarité est forte et où s’effectue entre autre la socialisation primaire. Ils
sont donc caractérisés par un fort degré d'intimité et des relations directes (de face-à-face) Exemples : famille,
amis, gang, etc.
- Groupe secondaire : groupe de grande taille dont les membres entretiennent entre eux des relations de
nature fonctionnelle où chacun d’entre eux occupe un rôle précisément défini. Dans les groupes secondaires,
les relations sont plus souvent indirectes et ont un plus faible degré d'intimité : il s'agit aussi bien des foules que
des organisations (entreprise, parti politique, association, syndicat, etc.) ou encore des « nations ».
2) Groupe d’appartenance et groupe de référence
Q1 Faites la liste des groupes sociaux auxquels vous pensez appartenir.
1- Chaque citoyen appartient à une pluralité de groupes sociaux. La formation de l’identité individuelle et sociale
passe par le développement d’identifications (plus ou moins durables, plus ou moins intenses) à divers groupes
auxquels l’acteur appartient dès sa naissance ou qu’il se choisit lui-même : famille, groupe social, métier,
groupe religieux, milieu socioculturel, organisation politique ou syndicale, État-nation, etc. Ces différents
groupes sont porteurs d’une diversité de codes normatifs et de systèmes de valeurs parfois contradictoires.
Yves Déloye, Sociologique historique du politique, La Découverte, 2003
Q2 Comment se forme l’identité de chaque individu ?
2- Groupe de référence
Dans une large mesure, les attitudes de toute personne sont en relation avec un ou plusieurs groupes sociaux
ou ancrées dans ceux-ci. La nature de cet ancrage social des attitudes n'est nullement claire ou simple; d'une
part, il est évident que les attitudes d'une personne sont en relation avec les attitudes communément exprimées
au sein des groupes auxquels elle appartient [ses groupes d'appartenance]. D'autre part, des études sur
l'influence du prestige, sur le leadership de l'opinion, sur le rejet des groupes d'appartenance par des personnes
défavorisées, et sur l'influence des groupes externes sur les niveaux d'aspiration ont indiqué que les attitudes
sont souvent en relation avec des groupes de non-appartenance. C'est ainsi que l'expression de groupe de
référence est entrée en usage pour désigner tout groupe auquel se réfère un individu en ce qui concerne ses
attitudes. Le concept de « groupe de référence » a été employé pour décrire [les] relations entre une personne
et un groupe [pour] désigner un groupe dans lequel l'individu cherche à se faire accepter ou à maintenir cette
acceptation. Pour faciliter cette acceptation, il règle ses attitudes sur ce qu'il perçoit être le consensus parmi les
membres du groupe. L'idée que les membres du groupe de référence observent la personne et la jugent est ici
implicite.
Harold H. Kelley in André Lévy, psychologie sociale, Dunod, 1982
Q1 Quelle distinction y a-t-il entre « groupe d’appartenance » et « groupe de référence » ?
Q2 Tous les comportements des individus s’expliquent-ils uniquement par leurs différentes
«appartenances» ?
Définitions :
- Groupe d’appartenance : groupe social auquel l’individu appartient du fait de son statut (place occupée dans
la hiérarchie sociale). Le groupe d'appartenance est celui qui inspire le rôle que les autres peuvent attendre de
l'individu (on s’attend de l’enseignant qu’il agisse comme tel).
- Groupe de référence : groupe social porteur de valeurs désirables et en conformité avec ses propres
opinions. Il peut être différent du groupe d’appartenance et entrainer une socialisation anticipatrice.
Généralement, le groupe de référence est un groupe de statut plus élevé que celui de l'individu. On peut
cependant souligner des cas où ce point est moins évident : Dominique Pasquier (dans Cultures lycéennes,
2005) soulignent ainsi que le rap, le R'n'B ou le rock sont dominants chez les adolescents et amènent ceux-ci à
s'identifier aux groupes populaires dont ces musiques sont issues. Elle précise ainsi que la culture dominante
est devenue, chez les jeunes au moins, la culture populaire.
Le groupe d'appartenance peut avoir une dimension objective et potentiellement imposée, tandis que le groupe
de référence est, pour sa part, beaucoup plus électif.
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3- Tomboy, fiction de Céline Sciamma, 2011 :
Laure, 10 ans, emménage avec ses parents dans une cité où elle
ne connaît personne. La gamine solitaire ne tarde pas à rencontrer
d'autres enfants qui batifolent en ces lieux et conjurent leur ennui
estival comme ils peuvent : parties de foot, ballades dans la forêt
alentour, glandouille en bas des immeubles, bavardages plus ou
moins inconséquents. Peut-être sur un coup de tête, peut-être pour
des raisons plus profondes et obscures, Laure, l'héroïne juvénile,
décide de faire croire à ses contemporains qu'elle est un garçon «
comme les autres » et s'appelle Michaël. […] Comment se rendre
crédible dans sa nouvelle peau de petit mâle à l'heure de jouer au
foot, d'adopter le vocabulaire et les poses du teenager moyen,
d'aller pisser ? Comment gérer l'affection amoureuse d'une nouvelle
copine qui ferait bien de Michaël sa nouvelle proie sentimentale ?
Comment retrouver ses us et coutumes de jeune fille à l'heure de
rentrer à la maison ? Comment vivre avec la double image que l'on
renvoie aux autres ? Telles sont (parmi d'autres) les questions qui
agitent l'héroïne et le film. Ce dernier regardant chaque spectateur
dans le blanc des yeux en sondant les zones incertaines de
l'identité sexuelle.
Le 20 avril 2011, http://blogs.rue89.com/
4- Ressources humaines,
Laurent Cantet, 2000 :
de
Etudiant en école de commerce à Paris, Franck choisit de faire un
stage dans une usine de sa petite ville natale, dans laquelle travaille
son père depuis trente ans en tant qu'ouvrier. Il est affecté aux
ressources humaines dans cette entreprise qui doit négocier les 35
heures. Accueilli avec gêne voire jalousé par ses anciens amis
devenus ouvriers, il est par contre apprécié de ses supérieurs. Plein de
bonne volonté, fort de ses acquis scolaires, il tente une passerelle
entre le patronat et monde syndical par la voie d'un questionnaire sur
les 35 heures.
Mais il va s'apercevoir que son action n'intéresse pas grand monde et
surtout qu'elle sert de paravent à un projet de licenciement de douze
personnes, dont son père. L'usine est une sphère intime dans laquelle
les rapports de classe, les conflits générationnels, idéologiques et
familiaux s'expriment avec évidence et clarté. Le père de Franck a fait
beaucoup de sacrifices pour que son fils réussisse. Mais cette volonté
de succès est fondée sur une ambiguïté que ne supporte pas Franck,
la honte de sa classe, l'admiration et le respect archaïque du patronat
que son père a voulu lui inculquer. D'abord conciliant par rapport à son
père, acceptant ses faiblesses et ses défauts, Franck ne peut pas
accepter que le père refuse de faire grève par peur, entre autre, que
son fils en subisse les conséquences. Franck est un personnage tiraillé
entre le lien défait de ses origines et son avenir, sa culture et ses
actes.
le 11/12/ 2000, http://cinema.fluctuat.net/films/ressources-humaines
Groupe d’appartenance
du personnage
principal
Tomboy
Mickaël)
(Laure
Groupe de référence du
personnage principal
Exemple de normes et
valeurs mis en avant au
groupe de référence
/
Ressources humaines
(Franck)
5- Le groupe de référence a d'abord une fonction comparative. Il sert de base à la comparaison aux individus
pour s'évaluer et évaluer les autres. Par exemple, un groupe social évaluera sa situation par rapport à un
groupe placé immédiatement au-dessus de lui : s'il voit la situation de ce groupe s'améliorer, alors que la sienne
ne bouge pas, il conclura à la détérioration relative de la propre situation (théorie de la frustration relative [NDLR
: confer graphiques ci-dessous]). Mais le groupe de référence exerce également une fonction normative. Le
groupe de référence est celui qui sert de modèle normatif pour un individu. Par exemple, le bourgeois
gentilhomme de Molière prend comme groupe de référence l'aristocratie.
Dictionnaire de sociologie, Hatier, coll initial, dir J.Etienne, 2004
Q1 Quelles sont les deux fonctions du groupe de référence ?
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