Sociologie 2. Groupes et réseaux sociaux 2.1 Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux? Thème 2.1 Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux? Notions Groupes primaires/ secondaires, groupes d’appartenance/ de référence Indications complémentaires On distinguera les groupes sociaux, caractérisés par l’existence d’interactions entre leurs membres et la conscience d’une appartenance commune (famille, travail…), des simples agrégats physiques (file d’attente, spectacle) ou de catégories statistiques (PCS, groupes d’âge…). On montrera que les GS se différencient en fonction de leur taille, de leur rôle, de leur mode de fonctionnement et de leur degré de cohésion. On évoquera les situations où les individus prennent comme référence un autre groupe que celui auquel ils appartiennent. Définitions: Groupe social : Ensemble d’individus avec une certaine unité. Ce sont des personnes qui ont des liens généralement forts mais qui peuvent aussi être des liens professionnels, qui ont des activités communes régulières, un sentiment d’appartenance, et une reconnaissance par les autres. Cela constitue donc une unité sociale durable. Agrégat physique : Regroupement aléatoire de personnes qui ne se connaissent pas, qui n’ont pas de lien et qui se réunissent ponctuellement (faire les soldes, prendre le métro…) PCS : regroupement d’individus qui ont des caractéristiques communes et qui permettent de faire des statistiques sur la population. Catégorie statistique : Regroupement d’individus qui ont des caractéristiques communes sans former une collectivité. Interactionnisme : Tenir compte de ce qui est important pour les individus. Loi d’airain de l’oligarchie : Tendance de toutes les organisations à générer ou sécréter une élite oligarchique dont l’objectif est de se maintenir au pouvoir. Groupe d’intérêt : Organisations qui cherchent à influencer le pouvoir politique pour modifier les politiques publiques dans un sens favorable aux intérêts de leurs membres. Théorie du passager clandestin : individu rationnel qui cherche à maximiser ses bénéfices sans en supporter les coûts. Il laisse donc les autres prendre part à l’action collective à sa place. Les bénéfices de l’action sont des biens collectifs (accessibles sans conditions), c’est ce qui rend l’action possible. A. Les groupes sociaux (GS) ne sont pas une simple collection d’individus. Activité 1 : Distinguer agrégat physique et groupe social Dans certains groupes, il y a des relations directes (gang, famille). Certains rassemblements ont un but précis et collectif, tandis que d’autres n’ont pas d’objectif. La famille et le gang forment des groupes sociaux puisque les individus ont des liens forts qui les unissent et créent un sentiment d’appartenance. De plus, dans l’orchestre, il y a des liens professionnels, les individus ont des activités communes, des voyages en communs, et ont une conscience collective (sentiment d’appartenance) assez forte. De surcroît, dans un groupe social, il y a un aspect de reconnaissance par les autres, une relation régulière entre les membres. Il y a également une question de durée, en effet, un groupe social est une unité sociale durable. Un GS est objectif, il existe réellement. Groupe social : Ensemble d’individus avec une certaine unité. Ce sont des personnes qui ont des liens généralement forts mais qui peuvent aussi être des liens professionnels, qui ont des activités communes régulières, un sentiment d’appartenance, et une reconnaissance par les autres. Cela constitue donc une unité sociale durable. En France, on a une identité collective qui est activée par la participation aux élections, les fêtes nationales… Un même individu appartient donc à différents GS. Agrégat physique : Regroupement aléatoire de personnes qui ne se connaissent pas, qui n’ont pas de lien et qui se réunissent ponctuellement (faire les soldes, prendre le métro…) Doc 1 : Distinguer groupe social et catégorie sociale 1) D’après l’INSEE, dans l’enquête emploi de 2012, 2% de l’ensemble des travailleurs sont des agriculteurs exploitants. D’après l’INSEE, dans l’enquête emploi de 2012, 32,1% des hommes qui travaillent sont des ouvriers. D’après l’INSEE, dans l’enquête emploi de 2012, 12278 milliers de femmes travaillent. Dans le commerce, il y a beaucoup d’employés (vendeurs…), mais il y a aussi beaucoup d’employés dans l’administratif, dans le service public. Il existe beaucoup de professions libérales (médecins, avocats…) mais aussi des professions intellectuelles (éditeur, professeurs…). Pour catégoriser les différents métiers dans les PCS, le premier critère est l’origine du capital , le statut (agriculteurs, patrons…). Les employés sont une PCS plutôt féminine (45,2%) et qui demandent peu de qualifications. Les ouvriers qualifiés ont de bons revenus, de bonnes conditions de vie, et les ouvriers non qualifiés (prolétariat) n’ont pas de revenu stable. Les ouvriers ne partagent donc pas tous le même mode de vie, cette classe est donc hétérogène. Les PCS vont donc servir pour étudier des comportements culturels, alimentaires, sociaux, démographiques à observer la reproduction sociale. PCS : regroupement d’individus qui ont des caractéristiques communes et qui permettent de faire des statistiques sur la population. L’évolution des PCS entre deux dates permet de voir les transformations de la société, et les classe sociales. Les PCS ne forment pas de classes sociales puisque les individus n’ont pas de liens proches. Cependant, il peut y avoir un sentiment d’appartenance, ainsi que des activités communes. Les PCS sont donc des rassemblements trop larges et trop hétérogènes pour parler de groupe social. Catégorie statistique : Regroupement d’individus qui ont des caractéristiques communes sans former une collectivité. Les PCS ne sont pas des groupes sociaux Doc 2 : Les classes d’âge, un groupe social Dans un groupe social, chacun a un rôle bien précis, en particulier dans les groupes de grande taille où il y a une division du travail. Même dans une tranche d’âge plus restreinte, il y a des écarts de normes de valeurs, de comportements, de modes de vie, qui rendent difficile le fait de parler de GS. Doc 3 : La construction : l’exemple des cadres Avant les cadres ne formaient qu’une catégorie sociale parce qu’il n’avait pas de sentiment d’appartenance, pas de liens forts mais une qualification assez élevée. On peut aujourd’hui dire qu’ils forment un groupe social car ils sont reconnus par les autres et ont un sentiment d’appartenance, ils peuvent avoir des activités communes, ou des liens forts. Les cadres sont ni des salariés d’exécution, ni propriétaires du capital, ils ont donc une position particulière dans la société. Luc Boltanski Doc 4 : L’étude des groupes sociaux , à l’origine de l’école de Chicago L’école de sociologie de Chicago naît avec la délinquance urbaine, les migrations… La sociologie naît en France, avec les interrogations sur la transformation de la société qui font suite à la révolution industrielle. Avec la modernité, des transformations apparaissent: la misère ouvrière, alcoolisme, violence, délinquance, la prostitution… La sociologie va donc s’intéresser à ces phénomènes en se demandant comment les analyser. Les sociologue veulent donc comprendre et analyser pour améliorer et résoudre ces problèmes. <<La sociologie est un sport de combat>> Pierre Bourdieu (1930-2002) L’école de Chicago critique l’utilisation des questionnaires ou des statistiques, ils veulent s’immerger dans les GS qu’ils étudient, on appelle cela ///. C’est une sociologie interactionniste Interactionnisme : Tenir compte de ce qui est important pour les individus. Les GS sont donc étudiés pour comprendre les transformations de la société et comprendre, expliquer le comportement de l’homme en société. Synthèse: Un GS est un ensemble d’individus formant une unité sociale durable, caractérisé par une situation et/ou des activités communes, entretenant des liens réciproques (directs ou indirects). Rober King Merton, sociologue américain, insiste sur l’existence d’interactions entre les personnes composant le groupe et sur la conscience d’une appartenance commune : les personnes composant le groupe, se reconnaissent entre elles comme appartenant au même groupe. Et les personnes extérieures au groupe les identifient comme appartenant à ce groupe. Un GS se distingue d’une catégorie sociale : les individus constituant une catégorie ont des caractéristiques communes sans pour autant former une collectivité. L’INSEE a ainsi établit la nomenclature des Professions et Catégories Socio-Professionnelles (PCS), dans laquelle, chaque catégorie socioprofessionnelles présente une certaine homogénéité en terme de statut, qualification etc. Au sein du groupe, il existe des rôles individuels et des normes de conduites. Les membres du groupe ont en commun certains intérêts et certaines valeurs. Enfin, un groupe social a une certaine permanence, et une durée mesurable dans le temps. Une catégorie peut cependant devenir un GS. Les cadres étudiés par Luc Boltanski, en sont un exemple. L’étude des GS a surtout commencé avec l’école de Chicago qui s’est intéressée au début du 20ème siècle aux populations immigrées, aux relations interculturelles, à la déviance, à la marginalité. B) Les individus s’associent au sein des groupes primaires et secondaires Doc 5 : Le gang, un exemple de groupe primaire Un gang est organisé hiérarchiquement. C’est donc un groupe de petite taille durable, avec des relations intimes, intenses avec des activités en commun, nombreuses et régulières. La famille, les groupes de pairs, les gangs sont des groupes primaires. Dans les groupes secondaires, les rapports sont fonctionnels (relations professionnelles). Doc 6 : Les relations dans les groupes primaires et secondaires Dans un groupe primaire, les relations sont affectives, intenses et chaleureuses. Ces relations sont différentes dans les groupes de grande taille, puisqu’elle sont plus formelles, moins spontanées, plus sporadiques. Dans ces groupes secondaires, on parle de lien faible (entreprises, paroisse, parti politique…). Dans les groupes de petite taille, la solidarité est spontanée alors que dans les groupes de grande taille, elle est calculée et nécessaire à la réalisation d’un but commun. Les liens faibles permettent de constituer un réseau on parle de la force des liens faibles, car ils fournissent des informations que les groupes primaires n’ont pas. Doc 7 : Une loi d’airain de l’oligarchie dans les groupes de grande taille? Loi d’airain de l’oligarchie : Tendance de toutes les organisations à générer ou sécréter une élite oligarchique dont l’objectif est de se maintenir au pouvoir. Les processus d’accès au pouvoir vont donc être contrôlés par les dirigeants. Tous les groupes de grande taille sont contrôlés par une oligarchie, qui ne sont pas forcément les meilleurs ou les plus représentatifs, simplement ceux qui ont réussi à conserver le pouvoir. Cette loi d’airain de l’oligarchie est aux frontières de la sociologie de l’organisation et de la sciences politique. Doc 8 : Les GS s’organisent pour défendre leurs intérêts. Groupe d’intérêt : Organisations qui cherchent à influencer le pouvoir politique pour modifier les politiques publiques dans un sens favorable aux intérêts de leurs membres. Les anglais voient les lobby de façon très positive, ils se méfient de l’état et pensent qu’il faut qu’il y ait des corps intermédiaires dans la société pour exprimer les besoins, les attentes, de groupes sociaux particuliers. , de manière à ce qu’ils soient mieux pris en compte par le pouvoir politique de l’état. Depuis le siècle des Lumières, on a l’idée que la société résulte d’un contrat social, c’est à dire que les individus s’associent librement pour fonder une société. En France les lobby sont mal vus puisque tout ce qui se met entre le président et les citoyen est considéré comme un parasite. Doc 9 : La classe sociale, un lieu de défense des intérêts collectifs Doc 10 : “Élites, une classe internationale” Anne-Catherine Wagner Doc 11 : Le paradoxe de l’action collective Pour ceux qui y participent, les coûts de l’action collective sont des coûts directs, économiques (les jours de grèves ne sont pas payés), des cotisations pour adhérer au syndicat, un coût de temps, pour le temps passé au syndicat, une perte de réputation (carrière qui progresse moins vite). Théorie du passager clandestin : individu rationnel qui cherche à maximiser ses bénéfices sans en supporter les coûts. Il laisse donc les autres prendre part à l’action collective à sa place. Les bénéfices de l’action sont des biens collectifs (accessibles sans conditions), c’est ce qui rend l’action possible. Le contrôle social (surveillance mutuelle) est moins fort dans les organisations de grande taille car les liens sont plus faibles, plus impersonnels et on peut se dissimuler plus facilement. C’est paradoxale, car si tout le monde réfléchit comme un passager clandestin, l’action collective ne se produit pas. Le paradoxe de l’activité collective (Mancur Olson): la rationalité des individus les conduit à s’abstenir de participer à l’action collective Synthèse : Les groupes sociaux sont divers, autant par la taille que pour les enjeux autour desquels ils se constituent et par les relations qu’entretiennent les individus qui en sont membres. Les groupes primaires sont des groupes restreints de personnes qui entretiennent entre elles des relations proches et régulières (familles, groupes de pairs, etc). Les groupes secondaires sont plus larges, rassemblent des individus menant des actions en commun et partagent le même but (ex : l’association, l’entreprise, le parti politique, etc). Les relations impersonnelles dépendent de la taille du groupe. Les relations dans les groupes secondaires sont plus souvent impersonnelles. En revanche, dans les groupes primaires, les relations sont plus personnelles, les individus se connaissent et un contrôle social mutuel s’instaure, qui limite la liberté individuelle. Le changement de taille des groupes pose des problèmes d’organisation qui nécessitent une rationalisation (ex : le taylorisme dans une entreprise), et qui génère des effets pervers (ex : la loi d’airin de l’oligarchie qui conduit un petit groupe à mettre l’organisation au service de la conservation de leur pouvoir). Un groupe qui grandit doit se constituer un groupe de pression pour défendre ses intérêts ou une cause précise. Cependant, il peut être confronté au paradoxe de l’action collective : un individu rationnel cherche à récupérer les avantages d’une action collective sans en supporter les coûts. C) Les individus peuvent se référer à un autre groupe que leur groupe d’appartenance Doc 12 : D’un groupe à l’autre Il veut s’intégrer dans un autre groupe social que le sien, car c’est le moyen de réussir son ascension sociale, pour éviter l’exclusion et éviter le rejet. Dans la plupart des cas, les gens se sentent bien dans le groupe de référence, donc leur groupe d’appartenance est le même. Dans certains cas, le groupe d’appartenance est différent, ce qui nécessite d’apprendre les normes et les valeurs de ce groupe. Jusque dans les années 80, on était dans une politique d’assimilation, c’est à dire qu’on demandait aux immigrés d’abandonner leur culture d’origine, pour celle du pays d’accueil. Assez récemment, on est passés progressivement au processus d’intégration. Depuis les années 2000, la diversité culturelle est aujourd’hui considérée comme une richesse, c’est à dire que toutes les cultures doivent être conservée. Doc 13 : La frustration relative La frustration relative résulte d’un décalage entre les attentes d’un GS et la réalité. Les conséquences de cette frustration sont la souffrance et le conflit, ainsi que l’anomie, c’est à dire l’affaiblissement des règles sociales. Synthèse : Les groupes d’appartenance est le groupe dont l’individu est objectivement membre. Ce groupe consistue une structure de socialisation pour l’individu dans laquelle il occupe un statut et joue un rôle. Le groupe d’appartenance sert fréquemment de groupe de référence, qui est le groupe que l’individu souhaite intégrer et qu’il considère comme un modèle. Il a deux fonctions principales : une fonction normative, en fournissant des normes et des valeurs à l’individu qui souhaite l’intégrer, et une fonction comparative qui fournit un cadre de référence permettant à l’individu d’évaluer sa situation au regard de ce groupe de référence. Lorsque les groupes d’appartenance et de référence diffèrent durablement, cela peut générer des situations de frustration relative.