Le viol L'avortement ne se justifie-t-il pas en cas de viol? Face au nombre de viols, la possibilité d'avorter est une sécurité pour la femme. Ne peut-on observer qu'une des causes fréquentes de l'avortement, c'est que le père ne veut pas assumer ses responsabilités vis-à-vis de l'enfant? Des situations exceptionnelles, comme le sida en Afrique, ou les viols en ex-Yougoslavie, ne justifient-elles pas des mesures exceptionnelles? L'avortement ne se justifie-t-il pas en cas de viol? Remédie-t-on à une injustice grave en commettant une injustice plus grave encore? La femme violée doit être mieux défendue par le pouvoir judiciaire, qui doit dissuader les candidats violeurs. D'autre part, l'avortement induit un comportement peu respectueux de la femme et par là conduit à banaliser le viol. Face au nombre de viols, la possibilité d'avorter est une sécurité pour la femme. En 1990, il y a eu cent mille viols aux États-Unis. Cela représente 6 % d'augmentation par rapport à l'année précédente, et 12 viols à l'heure… La libéralisation de l'avortement crée une mentalité de violence où le plus fort a le droit pour lui, et où le plus faible ne peut pas résister au plus fort. Par là, elle conduit à banaliser le viol. C'est pourquoi, d'une façon générale, cette Page 1 libéralisation tend inévitablement à exposer davantage encore les femme à l'emprise des hommes, principaux bénéficiaires de ces législations. On peut aussi citer l'histoire d'une jeune femme, arrivée en Belgique sans grand moyens. Avant de quitter son pays natal, elle avait été violée. Elle s'est trouvée enceinte et a décidé de garder l'enfant. Le violeur court toujours. Or plusieurs années après, cette femme a rencontré l'homme de sa vie; elle s'est mariée et son mari a même reconnu l'enfant dont il n'était pourtant pas le père. Depuis, ce couple heureux a eu plusieurs enfants… Ne peut-on observer qu'une des causes fréquentes de l'avortement, c'est que le père ne veut pas assumer ses responsabilités vis-à-vis de l'enfant? Ce fait met en relief une certaine lâcheté masculine, et la complaisance discriminatoire le la loi vis-à-vis des hommes. Du reste, plus généralement, une des causes fréquentes de l'avortement, c'est que le père ne veut pas assumer ses responsabilités vis-à-vis de l'enfant. Est-ce une raison pour encourager les femmes à avorter ? La loi, qui doit protéger l'enfant, doit également protéger sa mère et toute femme. Les femmes en difficulté n'attendent pas qu'on supprime leur enfant, mais qu'on les aide. Par notre attitude d'accueil, nous pouvons contribuer à faire de toute maternité une source de grande joie. Des situations exceptionnelles, comme le sida en Afrique, ou les viols en ex- Yougoslavie, ne justifient-elles pas des mesures exceptionnelles? Il en va en matière de viol un peu comme en matière de sida. La lutte contre le sida, avec sa publicité tous azimuts pour le préservatif, sert d'autres causes que celle de la santé 1. Le malade du sida est parfois considéré moins comme une personne ayant besoin d'être soignée que comme un être dont d'autres se servent pour livrer une autre bataille. L'enjeu de cette bataille, c'est le dévergondage massif d'une jeunesse dont on abuse physiquement et psychologiquement; c'est la transformation du monde en un immense lupanar. Page 2 De même pour le viol . Ainsi qu'on l'a vu récemment à l'occasion des viols commis en ancienne Yougoslavie, la lutte contre le viol sert d'autres causes que celle des femmes violées. Les victimes du viol sont moins considérées comme des personnes qui doivent être aidées que comme des êtres dont on se sert pour forcer la banalisation de l'avortement. Dans les deux cas, fait-on valoir, "on n'a pas le choix" : ici, il y a "situation de détresse" ; là "situation d'urgence". La liberté - assure-t-on - n'a plus de place : il faut s'incliner devant les pourcentages et devant les situations. Ces situations sont tellement contraignantes que tout devient soudainement permis. __________________________ 1. Voir Michel Schooyans, "Jean-Paul II et le sida", dans 801, 20 mai 1993, pp. 14-16. Page 3 Famille chrétienne , n°