ÉCOLE NATIONALE VETERINAIRE D’ALFORT Année 2010 LA MAITRISE DE LA REPRODUCTION CHEZ LE FURET ET SES IMPACTS SUR LES MALADIES SURRENALIENNES THESE Pour le DOCTORAT VETERINAIRE Présentée et soutenue publiquement devant LA FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL Le............ par Aurélie MORIN Née le 21 août 1984 à Montmorency (Val-d’Oise) JURY Président : M. Professeur à la Faculté de Médecine de CRETEIL Membres Directeur : M. FONTBONNE Alain Maître de conférences à l’ENVA Assesseur : M. POLACK Bruno Maître de conférences à l’ENVA LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT Directeur : M. le Professeur MIALOT Jean-Paul Directeurs honoraires : MM. les Professeurs MORAILLON Robert, PARODI André-Laurent, PILET Charles, TOMA Bernard Professeurs honoraires: MM. BRUGERE Henri, BUSSIERAS Jean, CERF Olivier, CLERC Bernard, CRESPEAU François LE BARS Henri, MOUTHON Gilbert, MILHAUD Guy, ROZIER Jacques, DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PHARMACEUTIQUES (DSBP) Chef du département : Mme COMBRISSON Hélène, Professeur - Adjoint : Mme LE PODER Sophie, Maître de conférences -UNITE D’HISTOLOGIE, ANATOMIE PATHOLOGIQUE - UNITE D’ANATOMIE DES ANIMAUX DOMESTIQUES Mme CREVIER-DENOIX Nathalie, Professeur M. DEGUEURCE Christophe, Professeur Mme ROBERT Céline, Maître de conférences M. CHATEAU Henry, Maître de conférences* M. FONTAINE Jean-Jacques, Professeur * Mme BERNEX Florence, Maître de conférences Mme CORDONNIER-LEFORT Nathalie, Maître de conférences M. REYES GOMEZ Edouard, Maître de conférences contractuel - UNITE DE PATHOLOGIE GENERALE MICROBIOLOGIE, IMMUNOLOGIE Mme QUINTIN-COLONNA Françoise, Professeur* M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur M. FREYBURGER Ludovic, Maître de conférences - UNITE DE VIROLOGIE M. ELOIT Marc, Professeur * Mme LE PODER Sophie, Maître de conférences - UNITE DE GENETIQUE MEDICALE ET MOLECULAIRE M. PANTHIER Jean-Jacques, Professeur Mme ABITBOL Marie, Maître de conférences* - UNITE DE PHYSIOLOGIE ET THERAPEUTIQUE Mme COMBRISSON Hélène, Professeur* M. TIRET Laurent, Maître de conférences Mme STORCK-PILOT Fanny, Maître de conférences - UNITE DE BIOCHIMIE M. MICHAUX Jean-Michel, Maître de conférences* M. BELLIER Sylvain, Maître de conférences - UNITE DE PHARMACIE ET TOXICOLOGIE Mme ENRIQUEZ Brigitte, Professeur M. TISSIER Renaud, Maître de conférences* M. PERROT Sébastien, Maître de conférences - DISCIPLINE : ANGLAIS Mme CONAN Muriel, Professeur certifié - DISCIPLINE : EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE M. PHILIPS, Professeur certifié - DISCIPLINE : ETHOLOGIE M. DEPUTTE Bertrand, Professeur DEPARTEMENT D’ELEVAGE ET DE PATHOLOGIE DES EQUIDES ET DES CARNIVORES (DEPEC) Chef du département : M. POLACK Bruno, Maître de conférences - Adjoint : M. BLOT Stéphane, Professeur - UNITE DE MEDECINE M. POUCHELON Jean-Louis, Professeur* Mme CHETBOUL Valérie, Professeur M. BLOT Stéphane, Professeur M. ROSENBERG Charles, Maître de conférences Mme MAUREY Christelle, Maître de conférences Mme BENCHEKROUN Ghita, Maître de conférences contractuel - UNITE DE CLINIQUE EQUINE M. DENOIX Jean-Marie, Professeur M. AUDIGIE Fabrice, Professeur* Mme GIRAUDET Aude, Praticien hospitalier Mlle CHRISTMANN Undine, Maître de conférences Mme MESPOULHES-RIVIERE Céline, Maître de conférences contractuel Mme PRADIER Sophie, Maître de conférences contractuel M. CARNICER David, Maître de conférences contractuel - UNITE DE REPRODUCTION ANIMALE Mme CHASTANT-MAILLARD Sylvie, Professeur (rattachée au DPASP) M. NUDELMANN Nicolas, Maître de conférences M. FONTBONNE Alain, Maître de conférences* M. REMY Dominique, Maître de conférences (rattaché au DPASP) M. DESBOIS Christophe, Maître de conférences Mme CONSTANT Fabienne, Maître de conférences (rattachée au DPASP) Mme DEGUILLAUME Laure, Maître de conférences contractuel (rattachée au DPASP) - DISCIPLINE : URGENCE SOINS INTENSIFS Mme Françoise ROUX, Maître de conférences - UNITE DE PATHOLOGIE CHIRURGICALE M. FAYOLLE Pascal, Professeur * M. MOISSONNIER Pierre, Professeur M. MAILHAC Jean-Marie, Maître de conférences M. NIEBAUER Gert, Professeur contractuel Mme VIATEAU-DUVAL Véronique, Maître de conférences Mme RAVARY-PLUMIOEN Bérangère, Maître de conférences (rattachée au DPASP) M. ZILBERSTEIN Luca, Maître de conférences M. JARDEL Nicolas, Praticien hospitalier - UNITE D’IMAGERIE MEDICALE Mme BEGON Dominique, Professeur* Mme STAMBOULI Fouzia, Praticien hospitalier - DISCIPLINE : OPHTALMOLOGIE Mme CHAHORY Sabine, Maître de conférences - UNITE DE PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES M. CHERMETTE René, Professeur * M. POLACK Bruno, Maître de conférences M. GUILLOT Jacques, Professeur Mme MARIGNAC Geneviève, Maître de conférences M. HUBERT Blaise, Praticien hospitalier M. BLAGA Radu Gheorghe, Maître de conférences contractuel - UNITE DE MEDECINE DE L’ELEVAGE ET DU SPORT M. GRANDJEAN Dominique, Professeur * Mme YAGUIYAN-COLLIARD Laurence, Maître de conférences contractuel - DISCIPLINE : NUTRITION-ALIMENTATION M. PARAGON Bernard, Professeur DEPARTEMENT DES PRODUCTIONS ANIMALES ET DE LA SANTE PUBLIQUE (DPASP) Chef du département : M. MILLEMANN Yves, Maître de conférences - Adjoint : Mme DUFOUR Barbara, Professeur - UNITE DES MALADIES CONTAGIEUSES M. BENET Jean-Jacques, Professeur* Mme HADDAD/ HOANG-XUAN Nadia, Professeur Mme DUFOUR Barbara, Professeur Melle PRAUD Anne, Maître de conférences contractuel - UNITE D’HYGIENE ET INDUSTRIE DES ALIMENTS D’ORIGINE ANIMALE M. BOLNOT François, Maître de conférences * M. CARLIER Vincent, Professeur Mme COLMIN Catherine, Maître de conférences M. AUGUSTIN Jean-Christophe, Maître de conférences - DISCIPLINE : BIOSTATISTIQUES M. DESQUILBET Loïc, Maître de conférences contractuel - UNITE DE ZOOTECHNIE, ECONOMIE RURALE M. COURREAU Jean-François, Professeur M. BOSSE Philippe, Professeur Mme GRIMARD-BALLIF Bénédicte, Professeur Mme LEROY Isabelle, Maître de conférences M. ARNE Pascal, Maître de conférences M. PONTER Andrew, Professeur* - UNITE DE PATHOLOGIE MEDICALE DU BETAIL ET DES ANIMAUX DE BASSE-COUR M. MILLEMANN Yves, Maître de conférences * Mme BRUGERE-PICOUX Jeanne, Professeur (rattachée au DSBP) M. ADJOU Karim, Maître de conférences M. TESSIER Philippe, Professeur contractuel M. BELBIS Guillaume, Maître de conférences contractuel * Responsable de l’Unité REMERCIEMENTS Au Professeur de la faculté de Médecine de Paris Créteil, Pour avoir bien voulu présider ce jury, Hommage respectueux. A M. Alain FONTBONNE, Maître de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, Pour avoir accepté de diriger ce travail. Qu’il trouve ici l’expression de mes remerciements les plus sincères et les plus respectueux. A M. Bruno POLACK, Maître de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, Pour avoir accepté d’être l’assesseur de ce travail. Remerciements respectueux. A mes parents, pour leur amour et leurs sacrifices sans limites durant toutes ces années d’études, pour leur soutien dans les moments difficiles, aucun mot n’est suffisant pour décrire l’amour que j’ai pour vous. A Sandra, pour tous nos moments de complicités et toutes nos prises de tête, pour ton soutien dans certains passages de ma vie, je t’aime très fort. A Mamie, pour m’avoir hébergée et supportée en prépa, pour nos discussions et prises de bec qui m’ont bien aidée à tenir lors de cette période difficile. A Amélie, pour ton amitié si précieuse, pour tous ces moments passés ensemble en garde ou au chenil, pour nos délires, nos fous rires et nos après-midi shopping. Puisse cette amitié se poursuivre le plus longtemps possible. A Delphine, pour ces dix années d’amitié, pour tous ces moments où tu t’amuses à me chercher, pour nos soirées entre filles et pour avoir fait rentrer le bonheur dans ma vie. Que notre amitié continue encore très longtemps. A Mélanie, pour ces dix années d’amitié, pour nos textos en prépa qui m’ont aidée à garder le moral, pour toutes les choses que tu m’as fait découvrir et pour nos soirées entre filles. Que notre amitié dure encore très longtemps. A Philippe, pour me rendre si heureuse depuis que je te connais, pour supporter mon sale caractère et ma boulimie d’animaux. Avec tout mon amour. Au Docteur Bulliot, pour toutes ces heures passées en stage chez vous, pour avoir su me transmettre votre passion pour les NAC et pour m’avoir aidée à illustrer ce travail. Avec toute mon amitié. A Jemmy, Dalwen, Linoa, Shimy et tous les autres, pour votre présence toujours réconfortante, vos longues siestes pendant que je travaillais et pour tous les sourires que vous avez pu faire naître sur mon visage. TABLE DES MATIERES LISTE DES ABREVIATIONS………………………………………………………………4 LISTE DES FIGURES……………………………………………………………………….6 LISTE DES TABLEAUX…………………………………………………………………….8 INTRODUCTION…………………………………………………………………………...10 1. La reproduction chez le furet……………………………………………………………13 1.1. Biologie de la reproduction chez le furet………………………………………………..13 1.1.1. Anatomie de l’appareil génital………………………………………………………...13 1.1.1.1. Mâle…………………………………………………….…………………………...13 1.1.1.2. Femelle………………………………………………………………………....……15 1.1.2. Physiologie sexuelle…………………………………………………………………...16 1.1.2.1. Mâle…………………………………………………………………………………16 1.1.2.2. Femelle………………………………………………………………………………16 1.1.2.3. Influence de la photopériode………………………………………………………...18 1.1.2.4. Endocrinologie sexuelle……………………………………………………………..18 1.2. Maîtrise de la reproduction chez le furet………………………………………………..19 1.2.1. Indications de la stérilisation chez le furet…………………………………………….19 1.2.2. Méthodes de stérilisation chirurgicale….………………………………..……………20 1.2.2.1. Castration et vasectomie chez le mâle………………………………………………20 1.2.2.2. Ovariectomie et ovariohystérectomie chez la femelle………………………………20 1.2.3. Moyens médicaux de contraception…………………………………………………..20 1.2.3.1. Utilisation de progestagènes………………………………………………………...20 1.2.3.2. Administration d’hCG ou de GnRH………………………………………………...20 1.2.3.3. Administration de dépôt d’agoniste de la GnRH ……….…………………………..21 1.2.3.4. Utilisation d’implants d’agoniste de la GnRH ……………………………………...22 1.2.3.5. Utilisation d’antagonistes aux récepteurs à la GnRH……………………………….22 1.2.3.6. L’immunisation avec les récepteurs à la LH ou avec la LH………………………...22 1.2.4. Autres méthodes……………………………………………………………………….22 1.2.4.1. Utilisation d’un mâle vasectomisé…………………………………………………..22 1.2.4.2. Manipulation de la photopériode et administration de mélatonine………………….23 2. Les maladies surrénaliennes du furet : présentation clinique et outils d’aide au diagnostic...……………………………………………………………………………….25 2.1. Epidémiologie des maladies surrénaliennes………….……………………………..…..25 2.2. Corrélation entre l’âge de la stérilisation et le développement des maladies surrénaliennes chez le furet……………………………………….………………..25 2.3. Physiopathologie des maladies surrénaliennes………………………………………….26 2.3.1. Les glandes surrénales et la synthèse de stéroïdes sexuels……………………………27 2.3.1.1. Anatomie et histologie des glandes surrénales chez le furet………………………..27 2.3.1.1.1. Anatomie des glandes surrénales chez le furet……………………………………27 2.3.1.1.2. Histologie topographique des glandes surrénales chez le furet…………………...28 2.3.1.2. Voies de synthèse des stéroïdes sexuels chez le furet………………………………28 2.3.2. Pathogénie des maladies surrénaliennes………………………………………………29 2.3.2.1. L’hypersécrétion des stéroïdes sexuels par la corticosurrénale……………………..29 2.3.2.1.1. L’augmentation de la concentration sanguine en oestradiol chez certains furets…29 2.3.2.1.2. L’implication d’autres stéroïdes sexuels : l’androstènedione et la 17-hydroxyprogestérone…….…………………………………………………………….30 2.3.2.1.3. Origine tissulaire de la production excessive des stéroïdes sexuels : les cellules néoplasiques surrénaliennes………………………………………………………..30 2.3.2.2. Origine hormonale de l’hypersécrétion des stéroïdes sexuels………………………31 2.3.2.2.1. L’implication d’une hypersécrétion de la LH dans la pathogénie des maladies surrénaliennes…………….………………………………………………………...31 2.3.2.2.2. L’absence d’implication de l’ACTH et de la -MSH dans la pathogénie des maladies surrénalienne……………………………………………………………….......32 2.3.2.3. Résumé de la physiopathologie des maladies surrénaliennes du furet………………33 2.3.2.4. Origine de la sensibilité aux maladies surrénaliennes………………………………34 2.3.2.4.1. Prédisposition génétique…………………………………………………………..34 2.3.2.4.2. Influence de la photopériode………………………………………………………34 2.3.2.4.3. Influence de l’alimentation………………………………………………………..34 2.4. Présentation clinique des maladies surrénaliennes……………………………………...35 2.4.1. Symptômes communs aux deux sexes………………………………………………...35 2.4.1.1. Symptômes cutanés………………………………………………………………….35 2.4.1.1.1. Alopécie bilatérale et symétrique………………………………………………….35 2.4.1.1.2. Prurit………………………………………………………………………………37 2.4.1.1.3. Autres symptômes cutanés………………………………………………………...37 2.4.1.2. Léthargie et atrophie musculaire…………………………………………………….37 2.4.1.3. Polyuro-polydypsie………………………………………………………………….38 2.4.1.4. Anomalies à la palpation abdominale……………………………………………….38 2.4.1.5. Autres signes………………………………………………………………………...38 2.4.2. Symptômes spécifiques à la femelle…………………………………………………..38 2.4.3. Symptômes spécifiques au mâle………………………………………………………39 2.4.3.1. Problèmes urinaires type strangurie et dysurie……………………………………...39 2.4.3.2. Reprise du comportement sexuel chez le mâle castré……………………………….40 2.4.4. Tableau récapitulatif des principaux symptômes rencontrés chez les furets atteints de maladie surrénalienne…………………………………………………………...41 2.4.5. Maladies intercurrentes………………………………………………………………..41 2.5. Diagnostic……………………………………………………………………………….41 2.5.1. Diagnostic différentiel………………………………………………………………...42 2.5.1.1. Alopécie……………….…………………………………………………………….42 2.5.1.2. Hypertrophie vulvaire….……………………………………………………………43 2.5.1.3. Prurit………………………………………………………………………………...43 2.5.1.4. Dysurie/Strangurie………………………………………………………………..…43 2.5.2. Les dosages hormonaux…………………………………………………………….…43 2.5.2.1. Le dosage du cortisol………………………………………………………………..43 2.5.2.2. Le rapport cortisol sur créatinine urinaire…………………………………………..44 2.5.2.3. Dosage des stéroïdes sexuels : oestradiol, 17-hydroxyprogestérone et androstènedione…………………………………………………………………………45 2.5.3. L’imagerie médicale…………………………………………………………………..46 2.5.3.1. La radiographie abdominale…………………………………………………………46 2.5.3.2. L’échographie abdominale…………………………………………………………..47 2.5.3.2.1. Technique échographique des surrénales chez le furet……………………………47 2.5.3.2.2. Les images échographiques des glandes surrénales chez les furets sains…………48 2.5.3.2.2.1. Taille normale des glandes surrénales…………………………………………..48 2.5.3.2.2.2. Forme normale des glandes surrénales………………………………………….49 2.5.3.2.2.3. Echogénicité normale des glandes surrénales…………………………………..50 2 2.5.3.2.3. Les images échographiques des glandes surrénales chez les furets atteints de maladie surrénalienne……………….…………………...................……………..50 2.5.3.2.4. Observation des autres organes abdominaux dans la recherche de maladies intercurrentes et dans le bilan d’extension…………….........………………52 2.5.3.3. Le scanner, l’imagerie par résonance magnétique et la scintigraphie……………….52 2.5.4. L’examen histo-pathologique des glandes surrénales…………………………………52 2.5.4.1. Les modifications histologiques les plus fréquentes des glandes surrénales………..52 2.5.4.2. Les autres types de tumeurs…………………………………………………………53 2.5.5. Les frottis préputiaux ou vaginaux………….………………..………….…………….53 3. Les traitements des maladies surrénaliennes et applications des molécules à la maîtrise de la reproduction chez le furet………………………………………..…55 3.1. Les traitements des maladies surrénaliennes……………………………………………55 3.1.1. Traitement de choix des maladies surrénaliennes : la surrénalectomie……………….55 3.1.1.1. Techniques chirurgicales……………………………………………………………55 3.1.1.1.1. Préparation chirurgicale…………………………………………………………...55 3.1.1.1.2. Ouverture de l’abdomen et examen des organes abdominaux……………………55 3.1.1.1.3. Exérèse de la glande surrénale gauche……………………………………………57 3.1.1.1.4. Exérèse de la glande surrénale droite……………………………………………..58 3.1.1.1.5. Technique chirurgicale en cas d’atteinte bilatérale……………………………….59 3.1.1.2. Emploi de la cryochirurgie………………………………………………………….59 3.1.1.3. Soins post-opératoires………………………………………………………………60 3.1.2. Traitements médicaux des maladies surrénaliennes………………………………….60 3.1.2.1. Les anciens traitements……………………………………………………………..60 3.1.2.1.1. Le kétoconazole…………………………………………………………………..60 3.1.2.1.2. L’Op’DDD……………………………………………………………………….60 3.1.2.2. Les traitements actuels………………………………………………………………61 3.1.2.2.1. L’acétate de leuprolide…………………………………………………………….61 3.1.2.2.2. L’acétate de desloréline…………………………………………………………...61 3.1.2.2.3. La mélatonine……………………………………………………………………..62 3.1.2.3. Les traitements additionnels…………………………………………………………62 3.1.2.3.1. Les agents anti-oestrogènes……………………………………………………….62 3.1.2.3.1.1. L’anastrazole…………………………………………………………………….62 3.1.2.3.1.2. Le tamoxiféne………………………………………………………………….63 3.1.2.3.2. Les agents anti-androgènes………………………………………………………..63 3.1.2.3.2.1. La flutamide……………………………………………………………………..63 3.1.2.3.2.2. La finastéride……………………………………………………………………63 3.1.2.3.2.3. La bicalutamide………………………………………………………………….63 3.1.3. Traitements des obstructions urinaires consécutives aux tumeurs surrénaliennes chez le furet……………………………………………………….........………………...64 3.2.. Les implants de GnRH agoniste comme alternative à la stérilisation chirurgicale?.......64 3.2.1. Utilisation des implants de GnRH agoniste chez les autres espèces………………...64 3.2.2. Utilisation des implants de GnRH agoniste chez le furet……………………………..66 CONCLUSION……………………………………………………………………………...69 BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………………. 71 3 4 LISTE DES ABREVIATIONS -MSH : Alpha-Melanocyte Stimulating Hormone ACTH : Adenocorticotrophic Hormone = Hormone corticotrope ADH : Anti Diuretic Hormone = Hormone anti-diurétique ou vassopressine CRH : Corticotropin Releasing Hormone FSH : Follicle-stimulating Hormone = Hormone folliculostimulante GnRH : Gonadotropin Releasing Hormon = Gonadolibérine hCG : Human Chorionic Gonadotropin LH : Luteinizing Hormone = Hormone lutéïnisante LH-R : Récepteur(s) à l’hormone lutéïnisante RCCU : Rapport Cortisol sur Créatinine Urinaire UI : Unité(s) Internationale(s) 5 6 LISTE DES FIGURES Figure 1 : Anatomie de l’appareil génitale du furet mâle en vue ventrale (a) et en vue latérale gauche (b) (d’après HOWARD E. cité par FOX JG dans Biology and diseases of the ferret8)…….....................................................................................................................14 Figure 2 : Vue latérale gauche détaillée de l’appareil génital mâle du furet (d’après HOWARD E. cité par FOX JG dans Biology and diseasesof the ferret8)……………..........................................................................................…….....………14 Figure 3 : Anatomie des viscères pelviens chez la furette (d’après HOWARD E. cité par FOX JG dans Biology and diseases of the ferret8)….........................................................….16 Figure 4 : Vulve enflée chez une furette en chaleur (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot)………………………………………………………………..................……..17 Figure 5 : Endocrinologie sexuelle chez le furet (d’après SCHOEMAKER51)………………19 Figure 6 : Corrélation linéaire entre l’âge de la stérilisation et l’âge d’apparition des maladies surrénaliennes chez le furet (d’après SCHOEMAKER et al.55)……………......26 Figure 7 : Anatomie des glandes surrénales et des reins chez le furet (d’après HOWARD E. dans Biologie and disease of the ferret8)………………......…………………..27 Figure 8 : Voie de synthèse des stéroïdes sexuels et du cortisol chez le furet (D’après LEWINGHTON26)…………………………………………….....………………….28 Figure 9 : Physiopathologie de la maladie surrénalienne du furet (d’après SCHOEMAKER51)…………..............................................................................……33 Figure 10 : Alopécie de la base de la queue et des lombes chez un furet atteint de maladie surrénalienne (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot)……………......………..35 Figure 11 : Alopécie symétrique bilatérale chez un furet atteint de maladie surrénalienne (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot)………………….........………….36 Figure 12 : Alopécie du tronc chez un furet atteint de maladie surrénalienne (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot)………………………....................…………………...36 Figure 13 : Vue latérale de la glande surrénale gauche (Image du service d’imagerie du centre hospitalier de l’ENVA)…………………………………....…………...47 Figure 14 : Vue latérale de la glande surrénale droite (Image du service d’imagerie du centre hospitalier de l’ENVA)………………........................………………...48 Figure 15 : Modification de taille, de forme et d’échogénécité sur la surrénale droite avec occlusion partielle de la veine cave caudale chez un furet atteint de maladie surrénalienne (Image du service d’imagerie du centre hospitalier de l’ENVA)….................................................................................................................................51 Figure 16 : Repérage de la glande surrénale gauche lors de la surrénalectomie gauche (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot)…………………………..................…………...56 Figure 17 : Surrénalectomie gauche : Ligature de la veine adrénolombaire de part et d’autre de la glande surrénale gauche44…………………………...........................………...57 Figure 18 : Repérage de la glande surrénale droite (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot)……………………………………………………………………..............…..58 Figure 19 : Technique d’exérèse de la glande surrénale droite lors d’envahissement de la veine cave caudale44……………………………………………………………........….59 Figure 20 : Concentrations plasmatiques en LH (cercles blancs) et en testostérone (cercles noirs) chez des chiens mâles après l’implantation d’implants vierges (a) et d’implants contenant 6 mg de desloréline (b) à la minute 0 du jour 0 (d’après JUNAIDI et al.22)……..............................................................................................................65 7 8 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Incidence des principaux symptômes rencontrés chez le furet lors de maladie surrénalienne49,62,71,72…………………………………………………..........………41 Tableau 2 : Valeurs de référence pour les stéroïdes sexuels d’intérêt dans le diagnostic des maladies surrénaliennes chez le furet d’après l’University of Tennessee College of Veterinary Medicine Clinical Endocrinology Lab. Dept. Of Comparative Medicine………………....................................................................................................……45 Tableau 3 : Valeurs de référence pour les stéroïdes sexuels d’intérêt dans le diagnostic des maladies surrénaliennes chez le furet (d’après JAFFRE13)………..............................….46 9 10 INTRODUCTION Le furet (Mustela putorius furo) est un animal de la famille des Mustélidés d’abord utilisé pour la chasse. Aujourd’hui, son utilisation en tant qu’animal de compagnie est en plein essor. Le furet est le troisième animal de compagnie aux Etats-Unis et est de plus en plus présent en France. En tant que nouvel animal de compagnie, le furet présente des maladies particulières qui lui sont propres. C’est le cas des maladies surrénaliennes, qui, au début ont été assimilées au syndrome de Cushing du chien, puis ont été caractérisées par la suite comme des entités pathologiques propres au furet. Les maladies surrénaliennes se manifestent le plus souvent par une alopécie et une amyotrophie accompagnée d’une hypertrophie de la vulve chez la femelle et d’une dysurie en relation avec une hypertrophie de la prostate chez le mâle. Les maladies surrénaliennes du furet sont étudiées depuis une vingtaine d’année aux Etats-Unis d’abord, puis plus récemment en Europe, et un lien entre la stérilisation chirurgicale qui est couramment pratiquée chez le furet et l’apparition des maladies surrénaliennes a pu être caractérisé. Ce travail vise à mettre en évidence le lien de cause à effet entre la stérilisation chirurgicale et l’apparition des maladies surrénaliennes puis de proposer une alternative à la stérilisation chirurgicale compatible avec une prévention de l’apparition des maladies surrénaliennes. Pour cela, la première partie sera consacrée à un rappel des paramètres de la fonction de reproduction chez le furet et aux différentes techniques de maîtrise de la reproduction disponible chez le furet. La deuxième partie sera consacrée à l’étude des signes cliniques des maladies surrénaliennes et des moyens disponibles pour le diagnostic de ces maladies. Enfin la troisième partie sera consacrée à l’étude des traitements des maladies surrénaliennes et à l’utilisation possible des molécules de traitement en tant que moyen de maîtrise de la reproduction permettant une prévention des maladies surrénaliennes. 11 12 1. La reproduction chez le furet 1.1. Biologie de la reproduction chez le furet 1.1.1. Anatomie de l’appareil génital 1.1.1.1. Mâle Les testicules, petits et ovoïdes, sont initialement situés dans le tissu sous-cutané de la région ventrocaudale de l’abdomen puis descendent dans le scrotum situé en zone périnéale pendant la période de reproduction6. Le scrotum est divisé en 2 bourses, contenant chacune un testicule et un épididyme. Le scrotum contient également les muscles crémasters qui ont la particularité chez le furet d’être une extension du muscle oblique interne8,40. L’épididyme est divisé en 3 parties : - la tête qui correspond à l’abouchement des canalicules efférents quand ils quittent le testicule, - le corps, correspondant à une masse de canaux spermatiques circonvolutionnés passant caudalement au testicule, - la queue passant crânialement au pôle dorsal du testicule et médialement au corps de l’épididyme et apparaissant comme un simple conduit abouchant au conduit déférent8,40. Le conduit déférent, accompagné de l’artère et la veine déférentes, de l’artère et la veine testiculaires, des vaisseaux lymphatiques et du conduit nerveux , l’ensemble formant le cordon spermatique, passe à travers l’anneau inguinal puis fait une boucle par-dessus l’uretère pour aller rejoindre l’urètre au niveau de la prostate8,40. Le pénis est composé de deux corps caverneux se réunissant pour former le corps du pénis, recouvert par les muscles ischio-caverneux. Entre les deux corps caverneux se situe le sinus caverneux alimenté par l’artère pénienne8. L’urètre, entouré par un corps spongieux, quitte le canal pelvien et rejoint le pénis en passant entre les corps caverneux au niveau desquels le corps spongieux forme une expansion, le bulbe,qui se remplit de sang par l’artère du bulbe. Le bulbe est recouvert par les fibres transverses du muscle bulbo-spongieux. Ventralement à ce dernier se trouve le rétracteur du pénis, extension du muscle sphincter anal externe, qui se poursuit jusqu’au tiers proximal du pénis8. Le gland, constituant les deux tiers du pénis, n’est pas dilaté à sa terminaison. Intérieurement au gland se trouve l’os pénien, dorsalement à l’urètre, prenant attache à la terminaison des corps caverneux. Il facilite l’intromission et dilate le col utérin8. Le prépuce est un pli de peau, glabre en face interne et poilu en face externe qui ne recouvre plus que le corps du pénis lors de l’intromission, le gland étant extériorisé8. 13 La prostate se situe à la base de la vessie. Elle est vascularisée par l’artère prostatique et innervée par le nerf hypogastrique (fibres sympathiques) et par le nerf pelvien (fibres parasympathiques)6,8,26,44. Figure 1 : Anatomie de l’appareil génitale du furet mâle en vue ventrale (a) et en vue latérale gauche (b) (d’après HOWARD E. cité par FOX JG dans Biology and diseases of the ferret8) Figure 2 : Vue latérale gauche détaillée de l’appareil génital mâle du furet (d’après HOWARD E. cité par FOX JG dans Biology and diseases of the ferret 8) 14 1.1.1.2. Femelle Les ovaires sont deux organes ovoïdes localisés caudalement aux reins6,8,40. Chez une furette de taille et de poids normal (entre 600 et 800 grammes), ils mesurent 4,5 mm de long pour 3,5 mm de large et 2,1 mm d’épaisseur. Ils sont enveloppés par une bourse ovarique graisseuse 8,40. Les ovaires sont soutenus par deux ligaments : - Le ligament suspenseur de l’ovaire qui le relie à la paroi abdominale au niveau du tiers distal de la dernière côte ; - Le ligament propre de l’ovaire, très court, qui le relie à la corne utérine8. Les oviductes mesurent de 10 à 15 mm pour un diamètre de 1,0 mm au niveau de l’ampoule à 0,6 mm au niveau de l’isthme6,8,40. L’utérus de la furette comprend deux longues cornes effilées (4,2 à 4,3 cm de long pour 2,2 mm de diamètre) qui se rejoignent pour former un corps utérin très court (1,7 cm de long pour 1,1 à 2,5 mm de diamètre). Le col utérin, relativement long, mesure 1,7 cm de long pour 3,6 mm de diamètre6,8,40. L’ensemble des ovaires, oviductes et utérus sont vascularisés par les artères ovariennes et utérines qui s’anastomosent au niveau du pôle crânial des cornes utérines8,40. Le vagin de la furette est un canal capable de se dilater fortement. Il débute crânialement niveau du fornix, cul-de-sac en dessous du col, et se termine caudalement juste en avant du méat urinaire. Il mesure 1,5 à 1,8 cm de long pour 3,6 mm de diamètre. La moitié caudale du vagin est connectée par un tissu lâche au rectum dorsalement et à l’urètre ventralement6,8,40. La vulve est formée par le vestibule, le clitoris et les lèvres. Le vestibule est en continuité avec le vagin jusqu’à l’ouverture sur l’extérieur. Le clitoris est très développé chez la furette et logé dans la fosse clitoridienne. Les lèvres sont recouvertes de poils. La vulve mesure 1,4 cm de long pour 3,6 mm de diamètre8. 15 Figure 3 : Anatomie des viscères pelviens chez la furette (d’après HOWARD E. cité par FOX JG dans Biology and diseases of the ferret 8) 1.1.2. Physiologie sexuelle 1.1.2.1. Mâle La maturité sexuelle apparaît en général au printemps suivant la naissance, soit de 8 à 12 mois. Le mâle doit avoir atteint 80% de son poids adulte, soit au moins 1,2 kg. Chez un mâle né en juin, le développement testiculaire commence en décembre et atteint la maturité en février. Les testicules ne deviennent fonctionnels que 2 mois plus tard en général, soit à partir de mars. La puberté se manifeste par un accroissement de la taille des testicules qui descendent dans le scrotum et deviennent apparents. On note également une modification de comportement, le mâle d’ordinaire calme devenant plus irritable et combatif, s’intéressant aux femelles en chaleur. Il montre des séquences typiques de l’accouplement, agrippant ses congénères par le cou et effectuant des mouvements de va et vient du bassin. À partir de fin juillet, le mâle entre dans une phase de repos sexuel se manifestant par un retour à un comportement plus calme et à une remontée des testicules dans la cavité abdominale. La spermatogenèse est alors interrompue jusqu’à la saison sexuelle suivante, reprenant en décembre6,8,44. 1.1.2.2. Femelle Comme le mâle, la femelle devient mature sexuellement au printemps suivant sa naissance. Elle doit également avoir atteint 80% de son poids, soit au moins 600g. La période sexuelle commence en mars en corrélation avec l’allongement de la photopériode6,30. 16 Le cycle oestral est un cycle monœstrien de 120 jours, interrompu par l’accouplement. Certains auteurs parlent cependant de cycle polyœstrien car la furette peut avoir plusieurs cycles de reproduction pendant la saison si elle est saillie. Si la furette n’est pas saillie, elle reste en chaleur jusqu’à ce que la durée de l’éclairement journalier passe en dessous de 12h, soit jusqu’à fin août et il en résulte une sécrétion prolongée d’œstrogènes pouvant être à l’origine d’une anémie oestrogénique6,8,30. Les signes de chaleur sont une augmentation considérable de la taille de la vulve (cf. figure 4) avec des écoulements séro-muqueux. On observe également une modification du pelage, les poils devenant plus fins et pouvant tomber en assez grand nombre. On peut alors observer une alopécie symétrique bilatérale se résolvant à l’accouplement ou à la fin de la saison de reproduction. Le comportement de la femelle se modifie et elle devient plus irritable, son appétit et son sommeil diminuent6,30. Figure 4 : Vulve enflée chez une furette en chaleur (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot) Le meilleur moment pour présenter la femelle au mâle est le 14ème jour après le début des chaleurs. La cour et l’accouplement sont souvent très violents. La gestation dure 38 à 44 jours et chaque portée compte de 1 à 18 petits avec une moyenne de 8. Les petits commencent à être sevrés à 3 semaines pour pouvoir être complètement séparés de leur mère à 6 semaines6,8,30,44. 17 1.1.2.3. Influence de la photopériode Le furet est une espèce dont la fonction de reproduction est influencée par la photopériode. Chez le mâle, le développement testiculaire est stimulé par des jours courts, l’activité sexuelle commençant lorsque les jours s'allongent. Chez la femelle, l'oestrus apparaît environ 3 semaines après le début de l'augmentation de la photopériode. Les durées d’éclairement de plus de 12h stimulent la reprise de l’activité reproductrice6,8,40,44. La mélatonine joue un rôle central dans cette régulation, les taux plasmatiques de mélatonine étant significativement plus élevés sur 24 heures lors des phases obscures et plus faibles lors des phases lumineuses. La mélatonine a une influence sur la sécrétion de la GnRH, et donc sur la sécrétion d’hormones sexuelles. Lors des phases d’obscurité, la mélatonine est produite en quantité importante et inhibe la sécrétion de GnRH et donc l’activité reproductrice6,8,20,36,40,44. Chez les particuliers, lors de l’utilisation du furet comme animal de compagnie, les animaux sont soumis à des périodes d’éclairement totalement différentes des conditions naturelles du fait de l’éclairage artificiel. Les taux de mélatonine sont donc beaucoup plus bas chez ces furets que chez les furets mis dans des conditions naturelles d’éclairement. Dans un environnement naturel, la furette exprime une période d’activité reproductive par an au cours de laquelle elle peut avoir 2 portées en moyenne. Il est possible d’interférer artificiellement sur l’éclairement afin d’augmenter le nombre de période d’activité reproductrice par an. Une modification des conditions d’éclairement tous les 2 à 4 mois permet d’obtenir 2 à 3 périodes d’oestrus chez la furette par an32. Les éleveurs peuvent également élever une partie de leur cheptel avec des conditions d’éclairement naturel et une autre partie avec des conditions d’éclairement artificiel inversées par rapport aux conditions naturelles pour obtenir des furettes susceptibles de mettre bas quasiment toute l’année32. 1.1.2.4. Endocrinologie sexuelle La sécrétion hormonale de GnRH est donc soumise au contrôle de la mélatonine et des hormones sexuelles (oestrogènes et testostérone) qui régulent la sécrétion de GnRH par l’hypothalamus. La GnRH stimule ensuite la production de LH et de FSH par l’hypophyse. La LH et la FSH stimulent enfin la production d’hormones sexuelles par les gonades. 18 Figure 5 : Endocrinologie sexuelle du furet (d’après SCHOEMAKER51) 1.2. Maîtrise de la reproduction chez le furet 1.2.1. Indication de la stérilisation chez le furet Chez la femelle, les chaleurs se poursuivent tant qu’aucune saillie n’a lieu. Cela a pour conséquence une sécrétion prolongée d’œstrogène entraînant un hyperœstrogénisme aboutissant à une aplasie médullaire chez 50% des femelles6,8,26,44,62. La maîtrise de la reproduction est donc indispensable chez la furette. Il est préférable de stériliser la furette vers l’âge de 5 à 6 mois, avant le début de la saison sexuelle6,8,26. La stérilisation permet de réduire légèrement l’odeur corporelle de la furette8. Chez le mâle, la castration n’a pas d’indication médicale en dehors des cas de cryptorchidie où la castration permet d’éviter le développement de tumeurs testiculaires. Elle est généralement pratiquée pour réduire l’odeur corporelle importante liée aux sécrétions sébacées6,8,26,44. Elle permet également de réduire l’agressivité et le marquage urinaire6,8,26,44. On peut castrer les mâles dès l’age de 4 à 5 mois6,8,26,44. La vasectomie permet de produire des 19 furets capables de saillir des femelles sans qu’il n’y ait de portée et est intéressante dans le cadre de la lutte contre l’hyperoestrogénisme chez la furette6,8,26,44. 1.2.2. Méthodes de stérilisation chirurgicale 1.2.2.1. Castration et vasectomie chez le mâle La castration du furet peut être réalisée avec une technique similaire à celle employée chez le chat avec une incision scrotale6,8,44. Des techniques à testicules couverts ou à testicules découverts peuvent être réalisées et les cordons spermatiques sont ligaturés dans leur ensemble6,8,26,44. Une technique par incision antéscrotale similaire à celle réalisée chez le chien peut également être réalisée6,8,26,44. Il est préférable d’attendre les 9 mois du furet pour réaliser une vasectomie26. La section des cordons spermatiques est réalisée de part et d’autre de la base de l’os pénien26. 1.2.2.2. Ovariectomie et ovariohystérectomie chez la femelle Chez la furette, l’ovariectomie et l’ovariohystérectomie sont possibles. Certains auteurs7,9,45 conseilleraient l’ovariohystérectomie du fait du risque de développement d’un léiomyome utérin sur des furettes ovariectomisées. Trois cas de léiomyome utérin sur des femelles stérilisées de 7 ans ont été rapportés8. Les techniques sont similaires à celles employées chez la chatte6,8,26,44. 1.2.3. Moyens médicaux de contraception 1.2.3.1. Utilisation de progestagènes Les progestagènes agissent en supprimant la sécrétion des hormones gonadotropes, ce qui inhibe la cyclicité ovarienne. L’acétate de medroxyprogestérone, l’acétate de mégestrol et la proligestone peuvent être utilisés en pratique chez la furette52. L’utilisation d’acétate de mégestrol et d’acétate de medroxyprogestérone est cependant déconseillée car elle entraîne un risque de pyomètre important8,52. La proligestone s’utilise à la dose de 50 mg par voie sous cutanée par furette juste avant le début de la saison sexuelle. Environ 8% des furettes reviennent en chaleur dans les 2 à 5 mois qui suivent l’injection. Une seconde injection est alors nécessaire et permet la suppression de l’œstrus jusqu’à la fin de la saison de reproduction52. L’utilisation de progestagènes chez le mâle n’est pas encore documentée et doit être étudiée52. 20 1.2.3.2. Administration d’hCG ou de GnRH Le but de ces administrations est de mimer le pic de LH (Luteinizing Hormone) qui survient après l’accouplement afin d’entraîner l’ovulation chez la furette. Cela entraîne une production de progestérone qui bloque le cycle. Deux méthodes sont possibles : l’administration d’hCG (human Chorionic Gonadotropin) qui mime directement le pic de LH ou l’administration de GnRH (Gonadotropin Releasing Hormone) qui stimule la sécrétion de LH endogène52. L’administration se fait 10 jours après le début de l’œstrus, à raison de 20 g de GnRH ou de 100 UI d’hCG par voie intramusculaire8. Les signes de chaleurs commencent à s’atténuer une semaine après l’injection. La furette rentre en pseudogestation pendant 40 à 60 jours. La pseudogestation s’illustre par un développement des mamelles avec une possible lactation nerveuse, un élargissement de l’abdomen. La furette adopte un comportement maternel en construisant un nid et en maternant des objets. Elle peut se révéler agressive envers ses propriétaires et être anorexique8,52. Cela est du à la persistance du corps jaune et l’imprégnation de progestérone qu’elle entraîne. Au cours d’une saison de reproduction, 2 à 3 injections peuvent être nécessaires52. Les effets secondaires de ces méthodes sont une possibilité de sensibilisation à la préparation d’hCG avec le développement de chocs anaphylactiques, répondant bien aux antihistaminiques, rapidement après l’injection et un comportement agressif des furettes en pseudogestation vis-à-vis de leur propriétaire8. 1.2.3.3. Administration d’agoniste de la GnRH L’utilisation d’agoniste de la GnRH augmente le niveau d’hormones gonadotropiques ce qui a pour effet de désensibiliser leurs récepteurs hormonaux. Cette désensibilisation est suivie par une baisse des taux de LH et de FSH (Follicle Stimulating Hormone) dans le plasma au bout d’une quinzaine de jours. Le mécanisme de désensibilisation n’a pas encore été expliqué52. La molécule pouvant être utilisée est l’acétate de leuprolide (LupronND), habituellement utilisée pour le traitement de la maladie surrénalienne du furet65. Pour les furets de moins de 1 kg, on injecte une dose de 100 g par voie intramusculaire tous les mois et pour les furets de plus de 1 kg une dose de 200 g tous les mois pour traiter la maladie surrénalienne. Les mêmes doses peuvent être utilisées pour la maîtrise de la reproduction chez le mâle et la femelle. La première injection doit être faite en période de repos sexuel52. 1.2.3.4. Utilisation d’implants d’agoniste de la GnRH Le mécanisme est le même que pour l’administration d’agoniste de la GnRH tous les mois. La molécule utilisée est la desloréline (Suprelorin), sous forme d’implants à libération lente biocompatibles et ne nécessitant donc pas d’être retirés. 21 Les effets de ces implants sont une inhibition de la fonction reproductrice chez le mâle et la femelle. Les modifications observées sont une inhibition de la libido, des organes génitaux, de la spermatogénèse et une diminution des taux plasmatiques en hormones sexuelles. Il est à noter cependant qu’il peut y avoir une augmentation de courte durée des taux plasmatiques en hormones sexuelles provoquée par l’effet initial analogue de la desloréline. On observe donc parfois une stimulation de la production de la LH et de la FSH avant que la désensibilisation des récepteurs se mette en place. La durée d’efficacité de ces implants est en moyenne entre un et deux ans52,58. 1.2.3.5. Utilisation d’antagonistes aux récepteurs à la GnRH Ces molécules ont un effet antagoniste sur les récepteurs à la GnRH, ce qui entraîne une diminution de la sécrétion de LH et de FSH par l’hypophyse. L’effet d’augmentation initiale de ces hormones observées avec les agonistes à la GnRH n’est pas observé dans ce cas, la diminution des taux plasmatiques étant immédiate. Cependant, les anciennes formulations pour ces molécules utilisées en médecine humaine entraînent une libération importante d’histamine. Les molécules développées plus récemment n’entraînent pas cet effet secondaire, mais des réactions locales au site d’injection sont toujours fréquentes. L’utilisation de ces molécules chez le furet n’est pas développée à l’heure actuelle52. 1.2.3.6. L’immunisation avec les récepteurs à la LH ou avec la LH Le principe de ces méthodes est soit d’inhiber la sécrétion de LH par immunisation avec des hétérologues à la LH, soit d’induire un dysfonctionnement des récepteurs à la LH par immunisation avec des hétérologues aux récepteurs à la LH52. La seule indication possible de ces méthodes est l’immunisation avec les récepteurs de LH chez le mâle. On a en effet constaté une possibilité de diminution du comportement agressif et une baisse de leur odeur corporelle52. Cependant ces méthodes ne sont actuellement pas du tout employées chez le furet. 1.2.4. Autres méthodes 1.2.4.1. Utilisation d’un mâle vasectomisé Pour le mâle, l’intérêt de cette méthode est uniquement la maîtrise de la reproduction, les caractères sexuels secondaires persistants. Le principe de cette méthode repose sur le fait que la furette a une ovulation induite8. La stimulation vaginocervicale et l’agrippement par le cou sont nécessaire pour induire l’ovulation5. L’utilisation de mâles vasectomisés offre donc une alternative intéressante. Un accouplement entraîne l’arrêt de l’œstrus chez 75% des furettes et 2 accouplements chez 85% des furettes52. 22 L’arrêt de l’oestrus est suivi par une pseudogestation52. Cette méthode permet uniquement une maîtrise de la reproduction et de protéger la femelle contre l’hyperœstrogénisme. 1.2.4.2. Manipulation de la photopériode et administration de mélatonine Le principe de cette méthode est d’utiliser l’influence de la photopériode sur la fonction de reproduction chez le furet. La saison de reproduction du furet commence quand la durée d’éclairement dépasse 12h dans la journée6,52. En maintenant les furets dans des conditions telles que l’éclairement quotidien ne dépasse pas 8h pour 16h d’obscurité, on espère maintenir des taux plasmatiques de mélatonine suffisamment élevés pour inhiber la reprise de l’activité de reproduction. Cependant, cela n’a pour effet que de retarder le début des chaleurs de la furette d’environ 7 semaines. De plus la gestion de cette option n’est pas facilement réalisable chez le propriétaire de l’animal en pratique. Elle n’est donc pas retenue pour maîtriser la reproduction chez le furet52. 23 24 2. Les maladies surrénaliennes du furet : Présentation clinique et outils d’aide au diagnostic Les maladies surrénaliennes sont connues depuis 19879. Elles concernent les furets adultes et âgés. D’abord comparées à la maladie de Cushing du chien, elles ont été depuis quelques années caractérisées comme une entité pathologique propre au furet. 2.1. Épidémiologie des maladies surrénaliennes Aux Etats-Unis, où les furets sont stérilisés à l’âge de 6 semaines, les maladies surrénaliennes représentent 25% des motifs de consultation pour le furet71. En Angleterre, où les furets sont maintenus entiers, logés à l’extérieur, l’incidence est quasiment nulle. L’incidence en France, où les furets sont globalement stérilisés à l’âge de 6 mois, n’est pas connue mais semble relativement proche de celle des Etats-Unis. 2.2. Corrélation entre l’âge de la stérilisation et le développement des maladies surrénaliennes chez le furet Les études portant sur les maladies surrénaliennes du furet soulèvent la part importante de furets stérilisés atteints par cette maladie. Ainsi, une étude rétrospective sur 574 cas d’atteinte néoplasique chez le furet montre qu’il y a une incidence plus élevée de furets stérilisés atteints de maladies surrénalienne28. Cependant, l’un des motifs de consultation les plus courants permettant le diagnostic de maladie surrénalienne est un comportement sexuel exacerbé, ce qui alarme moins les propriétaires de furets entiers que les propriétaires de furets stérilisés. Le chiffre de 5 à 10% de furets entiers dans la population de furets atteints de maladies surrénaliennes est donc à moduler. Certains auteurs suggèrent que la stérilisation précoce favorise le développement de maladies surrénaliennes chez le furet. Cependant, les furets sont stérilisés précocement aux Etats-Unis et la population de furets entiers est très réduite. Il est donc difficile de trouver une corrélation entre l’âge de la stérilisation et le développement de maladies surrénaliennes chez le furet. En 2000, SCHOEMAKER et al.55 effectuent une étude sur les furets hollandais, ceuxci n’étant pas forcément stérilisés ou stérilisés plus tardivement qu’aux Etats-Unis. Il se base en effet sur la situation en Angleterre où les furets ne quasiment jamais stérilisés et où la maladie surrénalienne est une maladie très rare. Leur étude est une étude rétrospective se basant sur les résultats de questionnaires envoyés à des propriétaires de furets, ce qui fait inclure 1274 furets sains (694 mâles et 580 femelles) dont 7 sont finalement écartés car atteints de maladies surrénaliennes. Ils incluent également 50 furets (33 mâles et 17 femelles) atteints de maladies surrénaliennes diagnostiquées entre 1993 et 1997. Cette étude met tout d’abord en évidence l’absence de l’influence du sexe dans la prévalence des maladies surrénaliennes. La médiane observée pour l’âge de la stérilisation en Hollande est de 1 an (0,98 +/0,65 chez les furets sains et 1,4 +/- 1,2 pour les furets atteints de maladie surrénalienne) et la 25 médiane observée pour l’âge auquel le diagnostic de maladies surrénalienne est de 5,1 +/- 1,9 ans. L’intervalle entre l’âge à la stérilisation et l’âge de diagnostic des maladies surrénaliennes est de 3,5 +/- 1,8 ans. Une corrélation linéaire significative a été trouvée entre l’âge à la stérilisation et l’âge auquel les maladies surrénaliennes ont été diagnostiquées (cf. figure 6) Figure 6 : Corrélation entre l’âge de la stérilisation et l’âge d’apparition des maladies surrénaliennes chez le furet (d’après SCHOEMAKER et al.55) La corrélation linéaire suggère que la stérilisation puisse influencer le développement des maladies surrénaliennes. Cependant, ces maladies ont également été observées chez des furets non stérilisés dans d’autres études, sans compter les cas non détectés car peu évocateur chez des furets entiers (symptômes sexuels moins observés par les propriétaires). L’étude de ROSENTHAL et al.49 mettait en évidence un âge médian au diagnostic des maladies surrénaliennes de 3,3 +/- 1,4 ans dans une population de furets américaine. Or les furets américains sont stérilisés en moyenne à 6 semaines. Les 2 études donnent donc un intervalle entre l’âge à la stérilisation et l’âge au diagnostic des maladies surrénaliennes similaire. 2.3. Physiopathologie des maladies surrénaliennes Les maladies surrénaliennes du furet ont pendant longtemps été comparées au syndrome de Cushing chez le chien. En effet, les signes cliniques (alopécie symétrique bilatérale entre autres) rappelaient cette maladie du chien. On admettait donc qu’une hypercortisolémie était à l’origine des symptômes observés chez le furet. LIPMAN et al.31 puis WAGNER et DORN66 et enfin ROSENTHAL et PETERSON47 sont les premiers à caractériser la maladie surrénalienne du furet comme une maladie résultant de l’hypersécrétion d’hormone sexuelles. 26 Nous commencerons par faire un bref rappel sur l’anatomie et l’histologie des glandes surrénales chez le furet et les voies de synthèses des stéroïdes sexuels synthétisés par ces glandes puis nous nous intéresserons à la pathogénie des maladies surrénaliennes. 2.3.1. Les glandes surrénales et la synthèse des stéroïdes sexuels 2.3.1.1. Anatomie et histologie des glandes surrénales chez le furet 2.3.1.1.1. Anatomie des glandes surrénales chez le furet Les glandes surrénales du furet sont situées au niveau du pôle crânial de leur rein respectif. Elles sont partiellement ancrées dans de la graisse et recouvertes par du péritoine. La glande surrénales droite apparaît plus ancrée dans la graisse que la gauche et est en étroite association avec la veine cave caudale. La position exacte des glandes surrénales varie en fonction des furets mais en règle générale, la glande surrénale gauche est plus caudale que la droite. La forme des glandes surrénales varie d’un nodule irrégulier à une plaque allongée. Elles sont irriguées par l’artère rénale de leur rein respectif et directement par l’aorte8,40. HOLMES rapporte également l’existence d’un tissu surrénalien accessoire contenu dans un ou plusieurs nodules accessoires à la glande chez 11 des 135 furets examinés dans son étude sur les glandes surrénaliennes du furet. Son étude rapporte que ces nodules sont uniquement constitués de tissu surrénalien de type corticale12. Figure 7 : Anatomie des glandes surrénales et des reins chez le furet (d’après HOWARD E.8) 27 2.3.1.1.2. Histologie topographique des glandes surrénales chez le furet Les glandes surrénales sont entourées par un tissu de fibres conjonctives. Elles sont composées de 2 grandes zones principales : La médullosurrénale correspondant à la zone de synthèse des catécholamines. La corticosurrénale elle-même subdivisée en 3 parties : la zone réticulée, la zone fasciculée et la zone glomérulée. C’est au niveau de la corticosurrénale que sont synthétisés les stéroïdes12. 2.3.1.2. Voies de synthèse des stéroïdes sexuels La corticosurrénale est une source majeure de stéroïdes sexuels tous synthétisés à partir du cholestérol grâce à l’intervention de nombreuses enzymes (cf. figure 8). Les stéroïdes synthétisés sont de deux types : - Le cortisol qui correspond à la sécrétion majeure de la corticosurrénale ; - Les stéroïdes sexuels qui sont synthétisés en faible quantité par rapport à la quantité synthétisée au niveau des gonades. Figure 8 : Voie de synthèse des stéroïdes sexuels et du cortisol chez le furet (D’après LEWINGHTON26) 28 La synthèse des stéroïdes fait intervenir plusieurs voies en fonction du type de stéroïde synthétisé. La synthèse du cortisol est majoritairement régulée par le biais de l’hypothalamus et de l’hypophyse grâce au CRH (Corticotropin Releasing Hormone), à l’ADH (Anti Diuretic Hormone) et à l’ACTH (Adenocorticotrophic Hormone). D’autres facteurs (cytokines, stéroïdes…) interviennent dans cette régulation. Les stéroïdes sexuels sont en temps normal majoritairement synthétisés au niveau des gonades et en quantités moindres au niveau des corticosurrénales44. La régulation de la synthèse des stéroïdes sexuels au niveau des surrénales fait intervenir l’ACTH, la FSH, la LH et la prolactine44. 2.3.2. Pathogénie des maladies surrénaliennes 2.3.2.1. L’hypersécrétion de stéroïdes sexuels par la corticosurrénale 2.3.2.1.1. L’augmentation de la concentration sanguine en oestradiol chez certains furets Pendant longtemps, on a associé la maladie surrénalienne à une hypersécrétion de cortisol comme dans le cas du syndrome de Cushing chez le chien. On parlait d’hypercorticisme. Cependant, les tests de stimulation à l’ACTH ne donnaient pas les résultats que l’on pouvait attendre en comparaison à ce qu’on observait chez le chien. WAGNER et DORN66 se sont interrogés en premier sur la réalité de cet hypercortisolisme chez le furet. Ils ont posé l’hypothèse que la maladie surrénalienne chez le furet pouvait être due à une hypersécrétion d’oestradiol. Ils réalisent une étude sur 17 furets (10 femelles et 7 mâles stérilisés) présentant des signes cliniques compatibles avec la maladie surrénalienne (alopécie symétrique bilatérale, prurit…). Ces furets font l’objet d’une prise de sang pour mesurer les taux de cortisol, de testostérone, de thyroxine et d’oestradiol associée à une numération de formule sanguine et une analyse biochimique. Ils réalisent également une biopsie cutanée sur 8 des 17 furets afin de vérifier l’origine endocrinienne de l’alopécie et un test de stimulation à l’ACTH sur 5 des 17 furets ainsi que sur un groupe témoin. L’étude montre qu’il n’y a aucune différence observée concernant le test de stimulation à l’ACTH entre le groupe témoin et les furets atteints de maladie surrénalienne. L’apport du test de stimulation à l’ACTH pour le diagnostic de la maladie surrénalienne est donc limité. De plus, les furets ne présentent pas de cortisolémie élevée. La maladie surrénalienne du furet est donc différente du syndrome de Cushing chez le chien. L’étude montre aussi que 15 des 17 furets présentent des taux élevés d’oestradiol. Les 2 autres furets présentent des signes cliniques non associés à une hausse de la cortisolémie ou de l’oestradiolémie. Les taux d’oestradiol reviennent dans les normes chez les furets ayant subit une exérèse complète de la masse surrénalienne lorsque celle-ci est possible, c’est-à-dire chez les furets dont l’atteinte surrénalienne est unilatérale. WAGNER et DORN concluent donc que les concentrations sanguines d’oestradiol sont donc un bon indicateur d’atteinte surrénalienne mais soulignent que les concentrations sanguines d’autres stéroïdes sexuels doivent être évaluées chez les furets atteints de maladie surrénalienne afin d’expliquer la non élévation de l’oestradiolémie chez les 2 furets de leur étude. 29 L’étude de WAGNER et DORN met donc en évidence l’implication de l’oestradiol dans la pathogénie de la maladie surrénalienne du furet en soulignant la probable implication d’autres stéroïdes sexuels. Cependant, l’étude ne porte que sur un faible nombre de furets, l’origine tissulaire de l’oestradiol n’est pas établie de manière certaine, et les résultats d’analyse des échantillons ne sont pas détaillés66. 2.3.2.1.2. L’implication l’androstènedione et la 17-hydroxyprogestérone d’autres stéroïdes sexuels : ROSENTHAL et PETERSON47 s’intéresse à la possible implication d’autres stéroïdes dans la pathogénie de la maladie surrénalienne. Ils réalisent la mesure des concentrations de 7 hormones stéroïdiennes (cortisol, oestradiol, testostérone, progestérone, 17hydroxyprogestérone, androstènedione et déhydroépiandrostérone) sur des prélèvements sanguins de furets témoins et de furets atteints de maladie surrénalienne avant et après surrénalectomie. Les hormones n’ont pas pu toutes être dosées chez les 32 furets de l’études en raison de la difficulté d’obtenir suffisamment de sang pour effectuer tous les dosages chez tous les furets. Les résultats de l’étude sont : - Une élévation du taux sanguin d’oestradiol chez 36% des furets testés ; - Une élévation du taux sanguin d’androstènedione chez 76% des furets testés ; - Une élévation du taux sanguin de 17-hydroxyprogestérone chez 60% des furets testés ; - Une élévation associée de deux de ces trois hormones chez 30% des furets testés ; - Une élévation associée des trois hormones chez 22% des furets testés ; - Une élévation d’au moins une de ces trois hormones chez 100% des furets testés. Les concentrations sanguines de ces trois hormones reviennent à des valeurs semblables à celles des furets du groupe témoin après la surrénalectomie. ROSENTHAL et PETERSON en concluent donc une implication de la production excessive d’au moins une de ces trois hormones dans la pathogénie de la maladie surrénalienne chez le furet. Cependant, l’origine tissulaire de ces hormones n’est pas étudiée par les auteurs dans leur article47. 2.3.2.1.3. Origine tissulaire de la production excessive des stéroïdes sexuels : les cellules néoplasiques surrénaliennes LIPMAN et al.31 se sont intéressés au lieu de la production excessive des hormones stéroïdiennes chez les furets atteints de maladie surrénalienne. Ils réalisent une étude sur un cas de furet atteint de maladie surrénalienne. Le furet présente une hyperoestradiolémie. Après surrénalectomie unilatérale, ils étudient la fixation d’anticorps anti-oestradiol-17 sur des cellules de la glande surrénale retirée et caractérisée comme étant un adénome surrénalien. L’étude montre que les anticorps se fixent en grand nombre sur de nombreuses cellules de la tumeur, et en particulier sur des cellules polyédriques adjacentes au cortex restant. LIPMAN et al. en concluent donc que les cellules néoplasiques surrénaliennes sont à l’origine de la production en excès de l’oestradiol-17. 30 Cependant, cette étude ne s’intéresse qu’à un seul furet. De plus, les tests employés n’ont pas été validés chez le furet. Mais cette étude permet malgré tout de penser que les stéroïdes sexuels produits en excès le sont vraisemblablement au niveau des cellules tumorales des glandes surrénales. WAGNER et al.67 se sont intéressés au mécanisme moléculaire responsable de l’hypersécrétion de stéroïdes chez le furet. Ils ont étudié la fixation d’anticorps anticytochrome b 5 sur des tissus de glandes surrénales saines et sur des tissus de glandes surrénales néoplasiques. Le cytochrome b 5 est un régulateur de l’activité de synthèse des stéroïdes en stimulant l’enzyme P450 17-hydroxylase/C17-C20 lyase (P450c17). La P450c17 est responsable de la synthèse des stéroïdes à partir de la 17-OH prégnénolone et de la 17-progestérone qui sont transformées en majorité en cortisol chez la glande surrénale saine. L’étude de WAGNER et al.67 met en évidence que le cytochrome b 5 est peu exprimé dans les glandes surrénale des furets sains témoins alors qu’il est exprimé en grande quantité dans 96% des glandes surrénales néoplasiques, de manière comparable dans les tumeurs bénignes et malignes des glandes surrénales. Ils en concluent donc que le cytochrome b 5 intervient dans le mécanisme de l’hypersécrétion de stéroïdes sexuels chez les furets atteints de maladie surrénalienne. La maladie surrénalienne du furet est donc la conséquence d’une hypersécrétion des stéroïdes sexuels par les glandes surrénales néoplasiques. On peut néanmoins s’interroger sur le mécanisme responsable de cette hypersécrétion. 2.3.2.2. Origine hormonale de l’hypersécrétion de stéroïdes sexuels La glande surrénale est soumise à un contrôle hormonal dépendant de l’hypophyse. L’hypophyse sécrétant un nombre important d’hormones, l’origine de l’hypersécrétion des stéroïdes sexuels a dû être déterminée expérimentalement. 2.3.2.2.1. L’implication d’une hypersécrétion de la LH dans la pathogénie des maladies surrénaliennes Une étude de SCHOEMAKER et al.56 s’intéresse à l’implication de la LH dans la pathogénie des maladies surrénaliennes du furet. Afin d’étudier cette possibilité, ils ont réalisé une série d’études. La première étude consiste à détecter la présence de récepteurs à la LH (LH-R) dans les glandes surrénales par immunohistochimie. Les furets sains montrent une fixation importante des anticorps anti-LH-R sur les gonades et une légère fixation sur la zone glomérulée et en moindre mesure sur la zone fasciculée de la corticosurrénale. Les furets atteints de maladie surrénalienne montrent une fixation importante des anticorps anti-LH-R sur les glandes surrénales, quelle que soit le type d’atteinte néoplasique de celles-ci. Cependant, les anticorps anti-LH-R pouvant se fixer sur des formes tronquées de récepteurs à la LH non fonctionnels, SCHOEMAKER et al. soulèvent la nécessité d’étudier la fonctionnalité de ces récepteurs pas des tests de stimulation à la GnRH et à la LH. La deuxième et la troisième étude consistent en la mesure des concentrations sanguines d’androstènedione et de la 17-hydroxyprogestérone après stimulation à la GnRH. 31 Les prélèvements se font soit par l’intermédiaire d’un cathéter laissé en place, soit par la réalisation d’une prise de sang dans la veine cave crâniale sous anesthésie générale. Ces études montrent que les furets sains ne répondent pas de manière significative à la stimulation à la GnRH contrairement aux furets atteints de maladie surrénalienne qui présentent une élévation marquée de la concentration en androstènedione et en 17hydroxyprogestérone pour la plupart d’entre eux. Certains furets atteints ne montrent pas d’élévation de ces hormones. Cependant, les auteurs expliquent cela par une probable hausse de l’oestradiolémie qui peut être la seule hausse observée d’après l’étude de ROSENTHAL et PETERSON47. Cette étude aurait pu être améliorée par la mesure de l’oestradiolémie, qui n’est ici pas connue non plus chez les furets sains. Ces études confortent l’hypothèse que les hormones gonadotropes et en particulier la LH sont impliquées dans la pathogénie de la maladie surrénalienne du furet. La LH se fixerait sur les récepteurs à la LH au niveau des glandes surrénales néoplasiques, ce qui entraînerait la production excessive de stéroïdes sexuels. Suite à ces études, SCHOEMAKER et al.57 explorent la possibilité de l’implication de la FSH dans la pathogénie de la maladie surrénalienne et la fonctionnalité des récepteurs à la LH chez les furets atteints de maladie surrénalienne. Pour cela, ils commencent par confirmer les résultats des études précédentes, soit la présence de récepteurs à la LH dans les glandes surrénales de furets malades. Ils réalisent ensuite un test de stimulation à la GnRH sur des furets sains et sur 12 furets atteints de maladie surrénalienne et mesurent les concentrations plasmatiques de LH et de FSH. La concentration de LH augmente chez les furets sains et les 11 furets atteints contrairement à la concentration de FSH qui n’augmente que chez 8 furets atteints. Dans une troisième partie, ils réalisent in vitro la stimulation de glandes surrénales de furets sains et de furets malades par de l’hCG. L’hCG a la propriété de se fixer sur les récepteurs à la LH. Ils constatent que la stimulation par l’hCG entraîne une augmentation de la concentration en androstènedione chez les furets malades contrairement aux furets sains chez qui aucune modification n’est observée. Cette étude montre donc que les récepteurs surrénaliens à la LH sont fonctionnels chez les furets atteints de maladie surrénalienne et sont impliqués dans la pathogénie de la maladie surrénalienne. L’hypersécrétion de la LH agirait donc en stimulant la production de stéroïdes sexuels. La FSH jouerait un rôle moindre dans la pathogénie des maladies surrénaliennes chez le furet. 2.3.2.2.2. L’absence d’implication de l’ACTH et de la -MSH dans la pathogénie des maladies surrénaliennes SCHOEMAKER et al.53 s’interrogent sur l’implication de l’ACTH et de la AlphaMelanocyte Stimulating Hormone (-MSH) dans la pathogénie de la maladie surrénalienne du furet. Pour cela, ils déterminent la concentration plasmatique de ces deux hormones chez 28 furets malades et chez 23 furets sains. Ils constatent qu’il n’y a pas de différence pour les concentrations plasmatiques de l’ACTH et de la -MSH entre les deux groupes et en 32 déduisent que ces hormones ne sont pas impliquées dans la pathogénie des maladies surrénaliennes du furet. La LH est donc impliquée dans la pathogénie de la maladie surrénalienne en se fixant sur les récepteurs à la LH présents en nombre élevé chez les furets atteints de maladie surrénalienne. La FSH ne semble jouer qu’un rôle mineur dans la maladie surrénalienne. 2.3.2.3. Résumé de la physiopathologie des maladies surrénaliennes du furet Comme vu précédemment, l’hypersécrétion de LH entraîne une sur-stimulation des glandes surrénales ayant pour conséquence une hyperplasie de celle-ci. La glande hyperplasiée sécrète des hormones stéroïdiennes. Chez le furet entier, le cortex hypothalamo-hypophysaire est inhibé par les hormones sexuelles sécrétées par les gonades en exerçant un rétrocontrôle négatif sur la sécrétion de GnRH ce qui entraîne une inhibition de la libération de LH et de FSH (cf. figure 9). Chez le furet stérilisé, le rétrocontrôle négatif exercé par les hormones sexuelles disparaît avec l’ablation des gonades. L’hypothalamus n’est plus inhibé, ce qui entraîne une sécrétion importante de GnRH. L’hypophyse est alors sur-stimulée et les taux sériques de LH augmentent. L’augmentation des taux sériques de LH favorise l’hyperplasie voir la néoplasie de la glande. (cf. figure 9) Figure 9 : Physiopathologie de la maladie surrénalienne du furet (d’après SCHOEMAKER51) 33 Ce mécanisme physiopathologique est le plus admis, et est conforté par l’utilisation avec succès d’agoniste de la GnRH dans le traitement des maladies surrénaliennes. 2.3.2.4. Origine de la sensibilité aux maladies surrénaliennes 2.3.2.4.1. Prédisposition génétique Les furets américains présentent une importante consanguinité et sont plus touchés par la maladie surrénalienne. Une origine génétique des tumeurs surrénalienne a été supposée et étudiée11,44. Une étude de PETERSON et al. montre en effet que le GATA-4, un facteur de transcription en temps normal uniquement présent dans les ovaires et les testicules, est exprimé de manière anormale dans les glandes surrénales chez les furets présentant un adénome ou un carcinome surrénalien mais pas chez les furets présentant une hyperplasie surrénalienne42. Des recherches conduites par le docteur HAWKINS sont en cours pour montrer l’existence chez le furet d’un gène semblable aux gènes MEN1 humain. Chez l’homme, les gènes MEN1, qui ont un caractère dominant, sont responsables d’une atteinte néoplasique des glandes surrénales11. 2.3.2.4.2. Influence de la photopériode En présence d’un éclairement naturel, le furet présente une perte de poil au printemps. Celle-ci est physiologique et coïncide avec l’allongement de la durée du jour, qui a pour effet d’inhiber la synthèse de la mélatonine. La mélatonine agissant en inhibant la synthèse de GnRH et donc de LH, on observe une augmentation des taux plasmatiques de ces hormones lors des périodes d’éclairement important. À l’inverse en automne, on observe la repousse d’un poil plus dense. Cela correspond à la période où la mélatonine est synthétisée en plus grande quantité14. Chez les propriétaires, les furets animaux de compagnie sont soumis à un éclairage artificiel, qui rallonge artificiellement la durée du jour, que ce soit en été ou en hiver. La synthèse de mélatonine est donc fortement inhibée en condition de captivité, ce qui entraînerait l’augmentation de la production de GnRH et de LH. Cela pourrait provoquer une hyperplasie voir une tumorisation des glandes surrénales. 2.3.2.4.3. Influence de l’alimentation Certains auteurs pensent que l’alimentation pourrait jouer un rôle dans la pathogénie de la maladie surrénalienne du furet35. En effet, l’alimentation diffère entre les Etats-Unis et l’Europe. Les furets américains, plus sujets à la maladie surrénalienne sont majoritairement nourris à base d’alimentation sèche contrairement aux furets européens, moins touchés par la maladie surrénalienne, qui sont souvent nourris à base de proies entières (poussins, souris…). Aucune étude n’a cependant été menée pour prouver le rôle de l’alimentation dans la maladie surrénalienne. 34 2.4. Présentation clinique des maladies surrénaliennes 2.4.1. Symptômes communs aux deux sexes 2.4.1.1. Symptômes cutanés 2.4.1.1.1. Alopécie bilatérale et symétrique L’alopécie est le signe clinique le plus fréquemment rencontré chez les furets souffrant de maladie surrénalienne. Des études de ROSENTHAL et al. (1993) sur 50 cas et de WEISS et SCOTT (1997) sur 56 cas puis de WEISS et al. (1999) sur 94 cas rapportent une fréquence comprise entre 82 et 86% pour ce symptôme49,71,72. Une étude plus récente de SWIDERSKI et al. (2008) sur 130 cas rapporte une fréquence de 61%62. La perte de poils démarre généralement à la fin de l’hiver ou au début du printemps par la base de la queue et les lombes et s’étend crânialement sur l’ensemble du corps de manière bilatérale (cf. figures 10,11 et 12). On observe occasionnellement une régression spontanée des symptômes à l’automne puis une réapparition à nouveau le printemps suivant de manière plus étendue et plus intense pour à nouveau régresser à l’automne suivant. Cette séquence peut se répéter pendant une période de 2 à 3 ans puis une alopécie étendue, la plupart du temps symétrique et bilatérale, devient permanente. Elle s’étend sur tout le corps. La tête est généralement épargnée. Les poils encore présents sont très faciles à épiler9,18,44,48,61. Figure 10 : Alopécie de la base de la queue et des lombes chez un furet atteint de maladie surrénalienne (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot) 35 Figure 11 : Alopécie symétrique bilatérale chez un furet atteint de maladie surrénalienne (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot) Figure 12 : Alopécie du tronc chez un furet atteint de maladie surrénalienne (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot) 36 2.4.1.1.2. Prurit Selon les études, le prurit est observé dans 8,5 à 40% dans cas de maladie surrénalienne49,71,72. Il accompagne généralement l’alopécie, mais peut quelques fois être le seul signe clinique. Le prurit est le plus fréquemment observé sur le dos entre les épaules et la zone prurigineuse apparaît érythémateuse48,61. Ce prurit ne répond à aucune médication (antihistaminiques, corticoïdes ou shampooing antiprurigineux) et disparaît généralement après la surrénalectomie48,61,72. 2.4.1.1.3. Autres symptômes cutanés En association avec l’alopécie, on observe souvent des modifications de la peau. Celle-ci devient plus fine et perd de la souplesse. Elle prend une allure de papier crépon59. La peau peut présenter des comédons et des plaques érythémateuses. Le cou et la queue peuvent être kératoséborriques. Cet état est dû à une augmentation de la sécrétion des glandes sébacées et apocrines glandulaires59. Un cas est rapporté présentant une télangiectasie cutanée diffuse sur l’ensemble du corps et de la tête apparue avant le début de la perte de poils73. 2.4.1.2. Léthargie et atrophie musculaire En fonction des études, la léthargie est présente chez un nombre plus ou moins important de furets. Les études de WEISS rapportent une incidence comprise entre 63 et 68%71,74 alors que l’étude plus récente de SWIDERSKI rapporte une incidence de seulement 3% pour la léthargie62. La léthargie correspond à une diminution du temps passé à jouer au profit du temps passé à dormir. Cependant ce critère est très subjectif, les propriétaires ne le rapportant pas toujours lors de l’anamnèse et l’attribuant plutôt à l’âge de leur furet. Ils sont cependant souvent surpris du regain d’activité rapide de leur furet après surrénalectomie72. L’atrophie musculaire est rapportée chez 50 à 56% des furets dans les 2 études de WEISS. Elle peut être plus ou moins sévère en fonction des cas. Elle est visible au niveau de la colonne vertébrale, du bassin et des cotes qui deviennent saillants. Les muscles temporaux peuvent aussi être touchés ainsi que les muscles des membres postérieurs. L’atrophie musculaire peut également toucher les muscles de la sangle abdominale, ce qui entraîne une distension abdominale72,74. Le poids corporel est redistribué avec une augmentation de la masse graisseuse et une diminution de la masse musculaire. 37 2.4.1.3. Polyuro-polydypsie Contrairement au chien chez lequel l’atteinte surrénalienne entraîne fréquemment l’apparition d’une polyuro-polydypsie, ce symptôme n’est que très peu exprimé chez le furet. Les études rapportent une fréquence de ce symptôme variant de 1 à 8%. La polyuropolydypsie n’est donc pas un signe d’appel chez le furet49,62,71,72. 2.4.1.4. Anomalies de la palpation abdominale À la palpation abdominale, il est possible de noter la présence d’une masse au niveau du pôle crânial du rein gauche. La surrénale droite est plus difficile à palper du fait de sa position anatomique (sous un lobe hépatique). Cette anomalie à la palpation est rapportée dans 34% des cas dans l’étude de ROSENTHAL et al. et seulement dans 1% des cas dans l’étude de SWIDERSKI et al.49,62. Une splénomégalie est souvent rapportée chez les furets souffrant de maladie surrénalienne. Les 2 études de WEISS rapportent une fréquence de splénomégalie comprise entre 68 et 87%71,72. Certains auteurs supposent que cette splénomégalie n’est aucunement liée à la maladie surrénalienne et est une découverte fortuite. D’autres pensent qu’il existe un lien entre les deux18,25. La plupart des cas de splénomégalie sont dus à une hématopoïèse extramédullaire. Plus rarement, la splénomégalie a une origine néoplasique. Les tumeurs les plus fréquentes sont le lymphosarcome et l’hémangiosarcome. Une hyperplasie nodulaire est également possible. 2.4.1.5. Autres signes Une hyperplasie mammaire avec des nodules multilobés est parfois rapportée chez le mâle et chez la femelle34. Des vomissements sont rapportés chez 1% des furets atteints dans l’étude de WEISS et SCOTT. Cependant, le faible pourcentage pour ce signe clinique peut amener à penser qu’il n’y a pas de lien avec la maladie surrénalienne71. SWIDERSKI et al. rapportent de la diarrhée chez 2% des furets et de l’anorexie chez 1% des furets de leur étude62. 2.4.2. Symptômes spécifiques à la femelle Les femelles présentent une vulve hypertrophiée dans 47 à 89% des cas lorsqu’elles souffrent de maladies surrénalienne. L’hypertrophie de la vulve est plus ou moins développée en fonction des cas. La vulve peut être simplement élargie, ou turgescente et œdématiée ressemblant à la vulve d’une furette en œstrus18,25,28,48,49,61,62. Un écoulement séro-muqueux peut être présent. Seule l’étude de ROSENTHAL et al. s’est intéressée à ce signe clinique et le rapporte chez 66% des furettes49. FOX et al. (1987) rapportent un cas présentant des écoulements vulvaires purulents et hémorragiques9. 38 Un examen cytologique peut montrer une vaginite localisée. La peau périvulvaire apparaît sombre et congestionnée et les poils entourant la vulve prennent un aspect collé et poisseux9. 2.4.3. Symptômes spécifiques au mâle Deux symptômes peuvent être rapportés chez le mâle lors de maladie surrénalienne : - Des problèmes urinaires de type strangurie et dysurie ; - Un retour à un comportement de mâle entier chez un furet castré 2.4.3.1. Problèmes urinaires de type strangurie et dysurie Des problèmes de type strangurie et dysurie sont rapporté chez 1 à 19% des furets atteints de maladie surrénalienne selon les études. Il faut donc penser à la maladie surrénalienne si l’on rencontre ce type de problème chez un furet de 4 à 6 ans car cela peut être l’unique signe clinique exprimé18,25,28,48,49,61,62. Les problèmes urinaires peuvent se manifester de plusieurs façons. On peut observer une obstruction partielle ou complète, une strangurie, une pollakiurie ou encore une incontinence. La stase urinaire est favorable aux infections et à la formation secondaire de cristaux. A la palpation, la vessie peut être distendue, douloureuse et être vidangée facilement s’il n’y a pas d’obstruction. Une hyperplasie de l’urètre pelvien et/ou de la prostate sont à l’origine de ces problèmes urinaires4,7,27,33,50. Deux études se sont intéressées à la relation entre la maladie surrénalienne et l’atteinte de l’appareil uro-génital chez le furet. L’étude de LI et al. rapporte 6 cas de furets stérilisés présentant des anomalies de l’appareil urogénital associés à un carcinome pour 5 furets et à une hyperplasie surrénalienne pour le dernier. Les kystes sont d’origine mésodermique et sont localisés sur la face dorsale de la vessie au niveau du trigone vésical et sur la prostate27. L’étude de COLEMAN et al. rapporte 6 cas de kystes prostatiques chez des furets chez lesquels une atteinte des surrénale de type carcinome surrénalien pour 3 d’entre eux et hyperplasie surrénalienne pour l’un d’entre eux a été également rapportée. Ces furets présentent des kystes prostatiques ou paraprostatiques7. L’origine de l’atteinte de l’appareil uro-génital n’est pas claire. L’hypothèse retenue est que les hormones stéroïdes produites par les surrénales en grande quantité chez les furets atteints de maladie surrénalienne entraîne la prolifération du tissu prostatique. En effet, les hormones sexuelles sont connues pour affecter le développement du tractus uro-génital. De plus, les problèmes urinaires se résolvent au bout de quelques jours après la surrénalectomie7,27. 39 2.4.3.2. Reprise du comportement sexuel chez le mâle castré La reprise du comportement sexuel chez le mâle se manifeste par une tentative d’accouplement avec des femelles ou des mâles. On peut observer l’agrippement des congénères au niveau du cou caractérisant un comportement sexuel chez des mâles castrés. On peut également observer une augmentation de l’agression envers les congénères ou le propriétaire. Ce critère est cependant plus subjectif et n’est pas toujours remarqué par les propriétaires. Il est surtout remarqué chez des furets auparavant calmes et présentant progressivement des signes d’agression envers leur propriétaire et/ou d’autres animaux de la maison alors qu’aucun problème social n’était connu avant2,33. La fréquence de reprise du comportement sexuel chez le mâle castré est comprise entre 15,5% et 19% selon les études. La fréquence des agressions est comprise entre 1 et 8,5% selon les études49,62,71,72. L’étude de WEISS et SCOTT rapporte que 100% des mâles présentant un retour au comportement sexuel mâle présentaient un carcinome surrénalien à l’histologie et conseille la chirurgie sans délai sur les furets présentant ce signe clinique du fait de la fréquence importante de tumeurs malignes associées71. 40 2.4.4. Tableau récapitulatif des principaux symptômes rencontrés chez les furets atteints de maladie surrénalienne Tableau 1 : Incidence des principaux symptômes rencontrés chez le furet lors de maladie surrénalienne49,62,71,72 Symptômes Incidence Alopécie 61 à 86% Prurit 8,5 à 40% Léthargie 3 à 68% Atrophie musculaire 50 à 56% Polyuro-polydypsie 1 à 8% Masse abdominale palpable au pôle caudal du rein 1 à 34% Vulve hypertrophiée (femelle) 47 à 89% Écoulement vulvaire (femelle) 66% Strangurie (mâle) 1 à 19% Comportement sexuel (mâle) 15,5 à 19% Agressivité (mâle) 1 à 8,5% 2.4.5. Maladies intercurrentes L’étude de WEISS et al. rapporte l’incidence des maladies intercurrentes chez des furets atteints de maladie surrénalienne. Les maladies rapportées sont : - Une splénomégalie dans 68 % des cas (l’étude de WEISS et SCOTT rapportent ce signe clinique dans 87% des cas.) ; - Un insulinome dans 21% des cas (l’étude de WEISS et SCOTT rapporte ce signe clinique dans 27% des cas) ; - Une cardiomyopathie dans 7% des cas (l’étude de WEISS et SCOTT rapporte ce signe clinique dans 10% des cas) ; - Un trichobézoard dans 4% des cas ; - Un lymphome dans 2% des cas ; - Une insuffisance rénale dans 2% des cas ; - Un hématome splénique dans 2% des cas. 41 Il convient donc d’explorer tous ces organes lors d’atteinte surrénalienne chez le furet par la réalisation de bilans sanguins (numération de formule sanguine et examen biochimique), d’une échographie abdominale et cardiaque et de l’observation directe des organes si la surrénalectomie est pratiquée71,72. 2.5. Diagnostic 2.5.1. Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel concerne principalement les signes cliniques d’appel de la maladie surrénalienne, c’est-à-dire l’alopécie, le prurit, la vulve hypertrophiée chez la femelle, la dysurie/strangurie chez le mâle 2.5.1.1. Alopécie L’alopécie est rencontrée dans de nombreuses maladies. Il convient donc de caractériser l’origine de cette alopécie et de ne pas se précipiter sur un diagnostic de maladie surrénalienne. L’alopécie peut tout d’abord être physiologique et correspondre à une alopécie saisonnière, qui touche plus souvent les mâles. Elle touche principalement la base de la queue et apparaît au printemps pour disparaître à l’automne3,6,8,41,44. De nombreux parasites entraînent une alopécie chez le furet. Il peut s’agir de dermatophytoses (teignes), d’infection à Malassezia pachydermatis ou encore de démodécie. L’examen cutané doit donc faire intervenir un raclage cutané, un calque cutané, un trichogramme, un examen à la lampe de Wood et une culture fongique afin d’écarter les origines parasitaires si l’alopécie est le seul signe clinique présenté par le furet3,41. L’alopécie peut également avoir pour origine une atteinte tumorale. Chez le mâle, les tumeurs testiculaires, en particulier les sertolinomes, peuvent être à l’origine d’une alopécie qui peut être importante. Ces tumeurs sont cependant rares car les furets mâles sont souvent castrés. D’autres tumeurs telles que les tumeurs des cellules de la granulosa, les lutéomes, les fibrosarcomes du restant ovarien ou encore les lymphomes cutanés sont possibles44. Le stress peut être à l’origine d’une alopécie brutale due à un effluvium télogène. Les follicules en phase anagène arrêtent brutalement de croître sous l’effet du stress. L’ensemble du pelage se retrouve en phase télogène et tombe en 2 à 3 mois, puis un nouveau cycle reprend3,59. Une carence en biotine peut être à l’origine d’une alopécie générale. Elle est souvent le résultat d’une consommation trop importante d’œufs crus dont le blanc contient de l’avidine qui complexe la biotine1,35. L’hyperoestrogénisme peut entraîner une alopécie symétrique bilatérale chez les femelles. Il peut être rencontré chez les furettes non stérilisées ou les femelles stérilisées présentant un reliquat ovarien après une ovariectomie6,8,26,44,61. 42 2.5.1.2. Hypertrophie vulvaire L’hypertrophie vulvaire est rencontrée chez la furette en cas d’hyperœstrogénisme qui peut être rencontré chez la femelle non stérilisée ou en cas de présence d’un reliquat ovarien chez une furette stérilisée. L’hyperœstrogénisme résulte d’un oestrus prolongé chez une furette non stérilisée ou d’un retour en oestrus chez les femelles stérilisées. Il se manifeste par une hypertrophie vulvaire souvent accompagnée par des sécrétions vulvaires, une anorexie, une léthargie et une alopécie symétrique et bilatérale. L’hyperœstrogénisme peut entraîner une anémie par aplasie médullaire s’il se prolonge dans le temps pouvant à terme entraîner la mort de la furette6,8,26,44. Ces hypothèses peuvent être exclues par différents examens complémentaires : - Injection d’hCG (analogue de la LH entraînant l’ovulation s’il existe un follicule ovarien mûr) qui permet la disparition des symptômes en cas d’hyperoestrogénisme. Le protocole correspond à 2 injections de 100 UI en intramusculaire à 8 à 10 jours d’intervalle ; - Échographie abdominale ; - Hémogramme et myélogramme dans les cas avancés. 2.5.1.3. Prurit Le prurit peut avoir pour origine de nombreuses ectoparasitoses, des dermatophytoses, des hypersensibilités, des tumeurs testiculaires41. 2.5.1.4. Dysurie/Strangurie Les troubles de la miction peuvent avoir plusieurs origines29,33,48 : - Des calculs. Ils sont rares chez le furet et quand ils se développent, on les trouve communément dans la vessie et ils ne sont que rarement à l’origine d’une strangurie. On peut les mettre à l’évidence grâce à une radiographie car ils sont la plupart du temps radioopaques ; - Une infection urinaire, rare chez le furet ; - Une tumeur de l’urètre ; - Un développement du tissu prostatique entourant l’urètre pouvant avoir pour origine une hyperplasie, un kyste, une tumeur ou une infection de la prostate (une échographie de la prostate peut aider au diagnostic) ; - Un traumatisme. 2.5.2. Les dosages hormonaux 2.5.2.1. Le dosage du cortisol Jusqu’à ce que la maladie surrénalienne du furet soit caractérisée comme étant la conséquence d’une hypersécrétion de stéroïdes sexuels, le dosage du cortisol était préconisé dans la recherche d’une maladie surrénalienne chez le furet. Les études plus récentes ont montré que le cortisol est rarement élevé lors de maladie surrénalienne, rendant son dosage 43 inutile pour le diagnostic de maladie surrénalienne. Le dosage du cortisol n’est aujourd’hui plus pratiqué comme examen complémentaire en vue d’une caractérisation de maladie surrénalienne21,47,66. 2.5.2.2. Le rapport cortisol sur créatinine urinaire Le rapport cortisol sur créatinine urinaire (RCCU) est un test de bonne sensibilité pour effectuer le diagnostic d’hypercorticisme chez le chien. Les premiers à s’intéresser au RCCU chez le furet sont GOULD et al.10. Ils réalisent la mesure du RCCU sur les urines de 51 furets sains (22 mâles et 29 femelles) et sur 12 furets (10 femelles et 2 mâles) atteints de maladie surrénalienne (caractérisée par un examen clinique, des résultats hématologiques, des échographies abdominales et une exploration chirurgicale et une histologie). Leur étude rapporte des valeurs de RCCU comprises entre 0,04.10-6 et 1,66.10-6 avec une médiane de 0,22.10-6 pour les furets sains et des valeurs comprises entre 0,5.10-6 et 60,13.10-6 avec une médiane de 5,98.10-6 pour les furets atteints de maladie surrénalienne. GOULD et al. en concluent donc que le RCCU peut être utilisé dans le diagnostic de la maladie surrénalienne chez le furet, associé à d’autres examens complémentaires. Cependant la valeur de RCCU obtenue chez les furets malades résulte de la combinaison de la hausse du cortisol urinaire et de la baisse de la créatinine urinaire. Les furets atteints de maladie surrénalienne présentent souvent une atrophie musculaire, comme nous avons pu le voir précédemment. Il faut donc moduler la hausse du RCCU observée chez les furets atteint de maladie surrénalienne, celle-ci ne résultant pas seulement de la hausse de cortisol urinaire. Dans leurs études, ROSENTHAL et al. remettent en cause l’utilisation du RCCU dans le diagnostic de la maladie surrénalienne du furet vu que le cortisol n’a pas de rôle dans l’apparition des symptômes ou dans la pathogénie des maladies surrénalienne47,48. Dans une étude, SCHOEMAKER et al. mettent en évidence une augmentation du RCCU chez 2 furets chez lesquels la cortisolémie est normale56. Il constate cependant que les urines contiennent des stéroïdes sexuels pendant la saison de reproduction chez les furets atteints de maladie surrénalienne. Il suppose alors que l’augmentation du RCCU peut avoir pour origine une réaction croisée avec les stéroïdes sexuels présents dans les urines. Dans une autre étude, SCHOEMAKER et al. mettent en évidence que l’élévation du RCCU coïncide avec une augmentation de la LH54. En effet, ils mesurent le cortisol de 21 furets sains entiers et de 9 furets sains stérilisés et constatent que le RCCU est augmenté lors des périodes de reproduction chez les furets entiers et restent stables à un faible niveau chez les furets stérilisés. Le RCCU est également augmenté chez les furets chez 27 des 31 furets atteints de maladie surrénalienne, chez qui la LH est augmentée. Cependant la cortisolémie n’est pas augmentée. SCHOEMAKER et ses associés supposent que l’élévation du RCCU peut être dû à la saturation des protéines de transport du cortisol par les stéroïdes sexuels sécrétés en grande quantité par les surrénales néoplasiques. En effet, les stéroïdes sexuels présentent une bonne affinité pour les protéines de transport du cortisol. Cela aboutirait à une augmentation de la fraction libre du cortisol dans le plasma sans modification du cortisol total. Or, si le cortisol total est à 90% éliminé par voie biliaire contre seulement 10% par voie urinaire, la fraction libre du cortisol est elle majoritairement éliminée par voir urinaire. L’élévation du RCCU chez les furets atteints de maladie surrénalienne serait donc le résultat 44 de l’augmentation de la fraction libre du cortisol de par la saturation des protéines de transport du cortisol par les stéroïdes sexuels. Malgré les résultats de ces études, le RCCU ne semble pas être un outil de diagnostic de qualité pour la maladie surrénalienne chez le furet. Le dosage des stéroïdes sexuels dans le sang a une meilleure sensibilité pour le diagnostic de la maladie surrénalienne du furet. 2.5.2.3. Dosage hydroxyprogestérone et androstènedione des stéroïdes sexuels : oestradiol, 17- L’étude de ROSENTHAL et PETERSON a montré que le dosage simultané de l’oestradiol, de la 17-hydroxyprogestérone et de l’androstènedione permettait de mettre en évidence l’augmentation d’au moins une de ces trois hormones chez tous les furets47. Les valeurs de référence (cf. tableau 2) pour ces hormones sont données par l’université du Tennessee (University of Tennessee College of Veterinary Medicine Clinical Endocrinology Lab. Dept. Of Comparative Medicine) qui réalise régulièrement de tels dosages. Cependant aucun protocole expérimental n’est clairement établi et ces dosages sont effectués sans aucune épreuve dynamique35. Tableau 2 : Valeurs de référence pour les stéroïdes sexuels d’intérêt dans le diagnostic des maladies surrénaliennes chez le furet d’après l’University of Tennessee College of Veterinary Medicine Clinical Endocrinology Lab. Dept. Of Comparative Medicine Hormone Valeurs usuelles Oestradiol < 180 nmol.L-1 Androstènedione < 15 nmol.L-1 17-Hydroxyprogestérone < 0,8 nmol.L-1 JAFFRE13, dans le cadre de sa thèse vétérinaire s’intéresse à déterminer les valeurs de référence pour ces trois hormones avant et après un test de stimulation à l’ACTH en fonction de l’âge du furet (cf. tableau 3). 45 Tableau 3 : Valeurs de référence pour les stéroïdes sexuels d’intérêt dans le diagnostic des maladies surrénaliennes chez le furet (d’après JAFFRE13) Estradiol (pmol.L-1) Basal et post ACTH Furet < 2 ans Furet > 2 ans 17-hydroxyprogestérone Androstènedione Basal Post ACTH Basal Post ACTH < 60 <4 <8 < 10 < 15 < 65 <4 <8 < 12 < 17 L’étude conclut sur la recommandation comme épreuve diagnostic de la maladie surrénalienne du test de stimulation à l’ACTH (à la dose de 100 g par furet) avec une prise de sang au bout de 60 à 90 minutes pour doser l’oestradiol dans un premier temps, puis si c’est insuffisant compléter par la 17-hydroxyprogestérone et l’androstènedione sur le même prélèvement. Cependant, le nombre de furets de cette étude est limité (29 furets sains et 43 furets malades). De plus le caractère « sain » ou « malade » des furets n’a été établit qu’à partir de l’anamnèse et de l’examen clinique des furets. Ces résultats sont donc à prendre avec du recul dans l’attente d’une étude plus poussée. Il existe des réactions croisées dans le dosage des androgènes avec les stéroïdes56 : - Pour l’androstènedione, les réactions croisées sont observées dans 0,4% des mesures avec la testostérone, 0,3% avec la dihydrotestostérone, 3,6% avec la 11hydroxyandrostènedione, 2,2% avec l’andrénostérone, 5,5% avec la 5-andostanedione et 2,2% avec la 5-andostènedione. - Pour la 17-hydroxyprogestérone, les réactions croisées sont observées dans 0,4% des mesures avec la progestérone, 0,3% avec la prégnénolone et 20% avec la 17hydroxy-prégnénolone. Il faut souligner aussi qu’une unique élévation de l’oestradiol ne peut pas permettre de conclure à une maladie surrénalienne sauf chez un mâle. Chez la femelle, il peut s’agir d’une femelle non stérilisée présentant un hyperoestrogénisme ou d’une femelle stérilisée avec un reliquat ovarien. 2.5.3. L’imagerie médicale 2.5.3.1. La radiographie abdominale L’apport de la radiographie dans le diagnostic de la maladie surrénalienne est limité. La plupart du temps aucune anomalie n’est notée à la radiographie. On peut cependant parfois noter une hypertrophie surrénalienne à la radiographie. Les surrénales sont rarement calcifiées. La prostatomégalie peut être observée chez les mâles. Cependant, en regard du coup d’une radiographie, l’apport de cet examen est très limité et une échographie abdominale doit être préférée35. 46 2.5.3.2. L’échographie abdominale 2.5.3.2.1. Technique échographique des surrénales chez le furet L’échographie des surrénales peut être réalisée sous anesthésie (isoflurane) ou sans anesthésie avec une bonne contention pour les furets plus calmes. La tonte de l’abdomen doit être large pour optimiser la visualisation des surrénales26 : - crânialement, 1 cm en avant du processus xyphoïde ; - caudalement, jusqu’en région inguinale ; - latéralement, à mi-chemin entre le sternum et les corps vertébraux. Le furet est positionné sur le dos ou suspendu par le coup en position verticale. Le furet ayant un corps relativement plat dorsoventralement, on utilise l’abord ventral. Une technique similaire à celle employée chez le chien peut être utilisée. Les surrénales sont situées crânialement et médialement aux reins des deux cotés. La quantité importante de graisse dans cette région rend leur visualisation plus facile que chez le chien37. La glande surrénale gauche est localisée crâniomédialement au rein et à l’artère rénale, ventrolatéralement à l’aorte et caudolatéralement à l’origine de l’artère mésentérique crâniale (cf. figure 13). Une approche latérale permet d’éviter l’interposition de structures digestives et de la rate37,39. Figure 13 : Vue latérale de la glande surrénale gauche (Image du service d’imagerie du centre hospitalier de l’ENVA) 47 La glande surrénale droite est plus difficile à mettre en évidence que la surrénale gauche du fait de sa position plus crâniale. Les côtes ainsi que le côlon transverse et le côlon descendant gênent la bonne acquisition de l’image. La glande surrénale droite est située crâniomédialement au rein droit (cf. figure 14), dorsolatéralement à la veine cave caudale et est adjacente caudomédialement au processus caudé du lobe caudé du foie37. Figure 14 : Vue latérale de la glande surrénale droite (Image du service d’imagerie du centre hospitalier de l’ENVA) 2.5.3.2.2. Les images échographiques des glandes surrénales chez les furets sains 2.5.3.2.2.1. Taille normale des glandes surrénales Trois études ont essayé de déterminer la taille normale des glandes surrénales chez le furet. La première étude d’O’BRIEN et al.39 s’intéresse à la détermination de la taille des glandes surrénales chez vingt furets (sept femelles et treize mâles) sans distinction de sexe. Les deux glandes surrénales ne sont visualisées que chez seize furets. Les tailles moyennes 48 obtenues sont de 7,6 +/- 1,8 mm de longueur (distance crâniocaudale) et 2,6 +/- 0.4 mm d’épaisseur (distance ventrodorsale) pour la surrénale droite et de 7,2 +/- 1,8 mm de longueur et 2,8 +/- 0,5 mm d’épaisseur pour la surrénale gauche. Cependant, l’étude parle d’une différence statistique de taille entre les surrénales des mâles et des femelles mais les résultats par sexe ne sont pas donnés. La différence de taille observée anatomiquement n’est pas retrouvée statistiquement d’un point de vue échographique. De plus les méthodes de détection des glandes surrénales du point de vue échographique ne sont pas détaillées. La deuxième étude de NEUWIRTH et al.37 s’intéresse à la détermination de la taille des glandes surrénales chez vingt-six furets (douze femelles et quatorze mâles) en distinguant le sexe du furet échographié. Les tailles moyennes obtenues chez les femelles sont de 7,5 +/- 1.2 mm de longueur (distance crâniocaudale), 3,7 +/- 0,6 mm de largeur (distance latéromédiale) et 2,8 +/- 0,4 mm d’épaisseur (distance ventrodorsale) pour la surrénale droite et 7,4 +/- 1,0 mm de longueur, 3,7 +/- 0,4 mm de largeur et 2,8 +/- 0,4 mm d’épaisseur pour la surrénale gauche. Les tailles moyennes obtenues chez les mâles sont de 8,9 +/- 1,6 mm de longueur, 3,8 +/- 0,6 mm de largeur et 3,0 +/- 0,8 mm d’épaisseur pour la surrénale droite et 8,6 +/- 1,2 mm de longueur, 4,2 +/- 0,9 mm de largeur et 3,2 +/- 0,6 mm d’épaisseur pour la surrénale gauche. Cette étude permet de mettre en évidence l’influence du sexe et de la taille des furets sur la taille des surrénales chez le furet. Cependant la différence de taille entre les deux surrénales observée anatomiquement n’est pas retrouvée au niveau des échographies, sans doute à cause de la position d’accès plus difficile de la glande surrénale droite rendant les coupes plus difficiles. La dernière étude de KUITJEN et al.24 s’intéresse à la détermination de la taille des glandes surrénales chez vingt et un furets sains et trente-sept furets atteints de maladie surrénalienne. 41 des 42 glandes surrénales sont observées chez les furets sains. Les tailles moyennes obtenues sont de 7,8 +/- 1,4 mm de longueur et 2,5 +/- 0,6 mm d’épaisseur pour la surrénale gauche et de 6,1+/- 1.0 mm de longueur et 2,9 +/- 0,5 mm d’épaisseur pour le surrénale gauche. Cette étude permet de mettre en évidence la différence de longueur retrouvée anatomiquement entre la surrénale droite et la surrénale gauche. Cependant, aucune distinction de sexe n’est réalisée. De plus les furets sont classés sains parce qu’ils sont jeunes et ne présentent aucun symptôme. Ces différentes études mettent en évidence qu’il faut tenir compte de la taille et du sexe du furet pour qualifier la taille d’une glande surrénale de normale ou pas. Cependant, on remarque souvent une absence de différence de taille entre la glande surrénale droite et la glande surrénale gauche qui est observée anatomiquement. Cela est probablement dû à la difficulté de visualisation de la glande surrénale droite. 2.5.3.2.2.2. Forme normale des glandes surrénales Quel que soit le plan de coupe, la forme des surrénales est la plupart du temps ovale et plus ou moins allongée, parfois discrètement bilobée ou rectangulaire. La surrénale droite a une forme plus allongée que la gauche du fait de sa longueur plus importante et son épaisseur 49 plus faible. L’axe longitudinal de chaque glande est approximativement parallèle à l’axe du corps39. 2.5.3.2.2.3. Echogénicité normale des glandes surrénales Les glandes surrénales étant localisée au milieu d’un amas graisseux, elles apparaissent très hypoéchogènes par rapport à leur environnement direct, contrairement à ce que l’on observe chez le chien. Leur caractérisation est donc plus aisée que chez le chien37. Deux couches d’échogénicité différente sont en général observées : une couche hypoéchogène, périphérique, correspondant au cortex et une zone hyperéchogène, centrale, correspondant à la médulla40. L’étude de NEURWITH et al. définit trois zones : une périphérique hypoéchogène, une intermédiaire hyperéchogène et une centrale hypoéchogène. Certaines glandes apparaissent en plus avec une enveloppe hyperéchogène. 2.5.3.2.3. Les images échographiques des glandes surrénales chez les furets atteints de maladie surrénalienne Les glandes surrénales peuvent présenter une modification de taille, de forme et d’échogénicité lors de l’examen échographique. ACKERMANN et al. soulignent que les modifications de taille et de forme sont plus fréquentes chez le furet que les modifications d’échogénicité, comme ce qui a pu être observé chez le chien1. La taille de la ou des glandes atteintes n’est jamais diminuée mais toujours augmentée. La glande controlatérale ne présente pas de diminution de taille contrairement à ce qu’on peut observer que le chien. En effet, l’hypersécrétion de corticoïdes responsable de l’atrophie de la glande surrénale controlatérale chez le chien n’est pas retrouvée chez le furet. L’augmentation de l’épaisseur est plus souvent observée que l’augmentation de longueur. KUITJEN et al.24 classifient les glandes surrénales ayant une épaisseur du pôle crânial ou caudal supérieur à 3,9 mm comme étant anormales. NEURWITH et al.37 estiment qu’une épaisseur ou une largeur dépassant la taille de 5,5 mm doit faire suspecter une atteinte néoplasique de type adénome ou adénocarcinome. La ou les glandes atteintes peuvent présenter une modification générale de forme et apparaître plus ronde qu’une glande normale. Il est émis l’hypothèse qu’au début de la maladie, l’épaisseur de la glande augmente plus rapidement que sa longueur, contribuant à la modification de forme observée. Les glandes surrénales atteintes peuvent avoir un pôle élargit contribuant à une modification générale de la forme de la glande ou encore présenter des nodules24. Des modifications d’échogénicité peuvent également être observées. Une disparition de la structure en couche normale est possible. Les glandes surrénales peuvent également être classifiées d’anormales si elles présentent une structure hétérogène, une hyperéchogénicité ou si elles contiennent des structures minéralisées. Enfin, une baisse de l’échogénicité peut aussi être observée lors de la présence de kystes4,24. 50 Figure 15 : Modification de taille, de forme et d’échogénicité sur la surrénale droite avec occlusion partielle de la veine cave caudale chez un furet atteint de maladie surrénalienne (Image du service d’imagerie du centre hospitalier de l’ENVA) L’atteinte peut être bilatérale, les deux glandes surrénales doivent donc être observées à l’échographie1,4,24,30. Cependant, toutes les études s’accordent sur le fait que l’observation d’une glande surrénale normale à l’échographie ne permet pas d’écarter l’hypothèse d’une maladie surrénalienne chez le furet1,5,24,30. En outre, l’échographie est un mauvais outil diagnostique dans la détection des maladies surrénaliennes chez les furets ne présentant pas de signes cliniques. En revanche l’observation échographique permet parfois de localiser les lésions et de prévoir quelle glande doit subir l’exérèse, ce que ne permettent pas les tests hormonaux. Cela permet de diminuer le temps chirurgical. L’échographie permet enfin de faire un bilan d’extension grâce à l’observation des autres organes abdominaux. 51 2.5.3.2.4. Observation des autres organes abdominaux dans la recherche de maladies intercurrentes et dans le bilan d’extension Lors de l’échographie des surrénales, une attention particulière doit être apportée à l’observation du foie, de la rate (métastases possibles) et du pancréas (atteinte pancréatique concomitante très fréquente). Les organes reproducteurs doivent aussi être observés. Chez la femelle, l’observation de l’utérus et des ovaires permet de faire le diagnostic différentiel avec l’absence de stérilisation ou la rémanence ovarienne. En outre, chez les femelles utilisées pour la reproduction ou chez les femelles n’ayant subit qu’une ovariectomie, la taille de l’utérus est augmentée fréquemment en cas de maladie surrénalienne. Chez les femelles ayant subit une ovariohystérectomie, on peut observer un élargissement du moignon utérin. Chez le mâle, l’observation de la prostate permet de mettre en évidence la présence de kystes prostatiques ou paraprostatiques4. BESSO et al.4 suggèrent aussi la recherche d’emboles vasculaires même s’ils n’en ont mis en évidence aucune dans leur étude. Cependant, ils supposent que l’absence ou la diminution de la quantité de graisse entre la glande surrénale et la veine cave caudale, l’aorte ou le foie, ou la compression de la veine cave caudale ou de l’aorte par les glandes pourrait être un signe de malignité. L’échographie a donc l’intérêt d’être une méthode non invasive d’exploration des maladies surrénaliennes chez le furet. Elle permet d’observer les deux glandes surrénales et de réaliser directement un bilan d’extension. Elle reste cependant limitée par le fait que l’observation de glandes surrénales non modifiées ne permet pas d’écarter une maladie surrénalienne et le fait qu’elle n’est pas une méthode très sensible pour la détection précoce de la maladie. 2.5.3.3. Le scanner, l’imagerie par résonance magnétique et la scintigraphie Ces techniques d’imagerie ne sont à l’heure actuelle pas utilisé pour le diagnostic des maladies surrénaliennes en pratique courante pour des raisons de coût et de disponibilité. Elles permettent cependant une bonne mise en évidence des modifications présentées par les glandes surrénaliennes atteintes. 2.5.4. L’examen histo-pathologique des glandes surrénales 2.5.4.1. Les modifications histologiques les plus fréquentes des glandes surrénales L’atteinte surrénalienne peut être unilatérale ou bilatérale. La glande surrénale gauche semble être la plus souvent atteinte. En effet, dans l’étude de ROSENTHAL et al.49 sur 50 furets, 64% des furets ont une atteinte de la glande gauche uniquement, 20% ont une atteinte de la glande droite uniquement et 16% ont une atteinte bilatérale. Dans l’étude de WEISS et 52 SCOTT71 sur 94 furets, 70% des furets ont une atteinte de la glande gauche uniquement, 14% ont une atteinte de la glande droite uniquement et 16% ont une atteinte bilatérale. Trois types de modifications histologiques sont majoritairement observés chez le furet : l’hyperplasie nodulaire, l’adénome et l’adénocarcinome. L’étude de ROSENTHAL et al. donne une prévalence de 26% pour l’hyperplasie nodulaire corticosurrénalienne, 64% pour l’adénome corticosurrénalien et 10% pour l’adénocarcinome corticosurrénalien. L’étude de WEISS et SCOTT donne une prévalence de 56% pour l’hyperplasie nodulaire corticosurrénalienne, 16% pour l’adénome corticosurrénalien et 27% pour l’adénocarcinome corticosurrénalien. Lors d’atteinte bilatérale, l’histologie révèle des types tumoraux différents dans 47% des cas. 2.5.4.2. Les autres types de tumeurs Deux autres types de tumeurs des glandes surrénaliennes sont décrits dans la littérature : les tératomes et les carcinomes corticosurrénaliens avec différentiation myxoïde. Les tératomes sont des tumeurs complexes contenant des éléments ectodermiques (peau, épithélium squameux, nerf périphérique), mésodermiques (os, cartilage et tissu adipeux) et endodermiques (épithélium glandulaire respiratoire). Les tératomes sont des tumeurs peu communes rencontrées chez l’homme et chez les animaux. Ils peuvent être bénins ou malins avec métastases possibles. Les quatre cas décrits dans l’étude présentaient un contenu osseux dans la tumeur. Une densité radio-opaque en région surrénalienne à la radio doit faire suspecter un tératome74. Les carcinomes corticosurrénaliens avec différentiation myxoïde sont des tumeurs ressemblant à un type tumoral décrit chez l’homme. Ces tumeurs ont un comportement plus agressif que les adénocarcinomes plus fréquemment décrits chez le furet avec une invasion tumorale proche et des métastases à distance fréquente, entraînant une mortalité plus fréquente que les autres types tumoraux43. 2.5.5. Les frottis préputiaux ou vaginaux L’utilisation de frottis préputiaux ou vaginaux n’a pas été décrite dans la littérature pour l’aide au diagnostic des maladies surrénaliennes. Les moyens disponibles pour diagnostiquer les maladies surrénaliennes du furet sont donc variés et sont disponibles à des coûts abordables. Une fois la maladie diagnostiquée, les traitements disponibles sont divers et sont souvent fonction du degré de l’atteinte et de la motivation des propriétaires. 53 54 3. Les traitements des maladies surrénaliennes et applications des molécules à la maîtrise de la reproduction chez le furet 3.1. Les traitements des maladies surrénaliennes 3.1.1. Traitement de choix des maladies surrénaliennes : la surrénalectomie 3.1.1.1. Technique chirurgicale 3.1.1.1.1. Préparation chirurgicale Le furet est perfusé durant toute l’opération à l’aide d’une solution de Ringer Lactate à un débit de 4 à 20 mL/kg/j. Si un insulinome a été diagnostiqué parallèlement, la perfusion de Ringer lactate est remplacée par une solution de glucose à 5%40. La manipulation des glandes surrénales entraîne une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle significative qui diminuent fortement après la ligature vasculaire. Un monitoring doit être mis en place : électrocardiogramme, surveillance des fréquences cardiaque et respiratoire, oxymètre de mesure de la saturation en oxygène, capnomètre de mesure de la concentration en dioxyde de carbone et température6. Une injection de dexaméthasone à la posologie de 1 mg/kg est pratiquée avant l’intervention chirurgicale6. 3.1.1.1.2. Ouverture de l’abdomen et examen des organes abdominaux Le furet est placé en décubitus dorsal, est tondu et désinfecté pour la chirurgie. L’incision médiane débute juste en arrière de l’appendice xyphoïde et se poursuit caudalement autant que nécessaire pour permettre une observation de l’ensemble de l’abdomen44. Avant de s’intéresser aux glandes surrénales, examiner consciencieusement les organes abdominaux et en particulier la rate, le pancréas, le foie, les nœuds lymphatiques, les trompes utérines chez la femelle si elles sont encore en place ou le moignon utérin en cas d’ovariohystérectomie antérieure et la prostate chez le mâle44. Ensuite, la rate et l’intestin grêle sont réclinés puis extériorisés délicatement, pour éviter une compression splénique et des hémorragies et favoriser l’exposition des glandes surrénales, et maintenus humides grâce à des compresses humidifiées régulièrement à l’aide d’une solution saline stérile tiédie. Enfin les glandes surrénales sont palpées afin de les localiser dans la graisse puis observées (taille, forme et couleur) pour mettre en évidence des modifications qui n’auraient pas été vues à l’échographie. Une augmentation de taille, une disparition de la régularité de la forme, la présence de kyste, une augmentation de la fermeté de la glande ou une coloration jaune-marronée de la glande sont des signes d’anomalie44. 55 3.1.1.1.3. Exérèse de la glande surrénale gauche La surrénalectomie gauche est le plus souvent indiquée et la plus facile à réaliser. La glande surrénale est isolée par dissection mousse de la graisse qui l’entoure en commençant par la partie caudale et en poursuivant en direction crâniolatérale (cf. figure 16). Il faut faire attention de ne pas léser la capsule de la glande40,44. Figure 16 : Repérage de la glande surrénale gauche lors de la surrénalectomie gauche (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot) La veine adrénolombaire (phrénico-abdominale) qui contourne la face crâniolatérale de la glande pour ensuite passer au niveau de la face ventrale de la glande est ligaturée de part et d’autre de la glande surrénale. Après avoir disséqué la glande au niveau des faces crâniale, caudale et latérale et ligaturé les vaisseaux (cf. figure 17), soulever la glande pour l’extraire. Les éventuelles hémorragies sont contrôlées par une cautérisation ou une ligature6,40,44. 56 Figure 17 : Surrénalectomie gauche : Ligature de la veine adrénolombaire de part et d’autre de la glande surrénale gauche44 Une invasion de la veine cave caudale par des tumeurs de grande taille est possible. Il faut toujours penser à examiner la région où la veine adrénolombaire rejoint la veine cave caudale pour vérifier la présence ou non d’une invasion. En cas d’invasion, la veine est occluse temporairement afin de réaliser une veinotomie de celle-ci40,44. 3.1.1.1.4. Exérèse de la glande surrénale droite La surrénalectomie droite est plus difficile à réaliser du fait de l’adhérence de la glande à la veine cave caudale et du plus grand potentiel invasif vasculaire de la tumeur. Afin d’accéder à la visualisation de la glande surrénale, le duodénum est étiré et le mésoduodénum est utilisé pour rétracter les organes abdominaux à gauche et exposer le foie et le rein droit. Le ligament hépatorénal est incisé pour élever le lobe caudé du foie et permettre une bonne visualisation de la glande surrénale. La glande surrénale droite peut s’étendre de part et d’autre de la veine cave caudale lorsqu’elle est tumorale. Les deux cotés de la veine doivent donc être examinés6,40,44 (cf. figure 18). 57 Figure 18 : Repérage de la glande surrénale droite (Avec l’aimable autorisation du Dr Bulliot) Deux cas sont alors possibles. Soit aucune invasion tumorale de la veine cave caudale n’est visualisée, soit la veine cave caudale est envahie par la tumeur6,40,44. Lorsque la veine cave caudale n’est pas envahie, la glande peut être réséquée seule. La chirurgie doit être réalisée à l’aide d’instruments de microchirurgie. La dissection de la glande se fait de manière similaire à la glande surrénale gauche. La glande est enlevée de ses attaches à la veine cave caudale puis est extraite. Afin de prévenir le risque d’hémorragie en cas de lésion accidentelle de la veine cave caudale, la veine peut être temporairement ligaturée le temps de la chirurgie. Le temps de ligature doit cependant être limité à une heure pour qu’il n’y ait pas de complication44. Lorsque la veine cave caudale est envahie, la technique précédente est insuffisante pour permettre une exérèse complète de la tumeur, ce qui favorise la récidive tumorale. Dans ce cas-là, on place un petit clamp vasculaire (clamp néonatal de Satinsky) sur une partie du vaisseau après avoir réalisé une dissection fine afin de permettre le passage du clamp. Après dissection fine de la glande, l’ensemble formé par la glande et la portion de vaisseau envahie est retiré. La veine cave est recousue avec un fil monobrin résorbable décimal 0,2 ou 0,3 (Cf. figure 19). Avant de retirer le clamp, on place une pièce d’éponge gélatineuse sur la suture qui permettra une meilleure hémostase après le retrait du clamp6,44. 58 Figure 19 : Technique d’exérèse de la glande surrénale droite lors d’envahissement de la veine cave caudale44 En cas de microhémorragies, une pression faible exercée pendant cinq minutes à l’aide d’un gel hémostatique peut suffire à réaliser l’hémostase. Si l’hémorragie est trop importante ou les microhémorragies persistent, la zone doit être clampé afin d’identifier et de ligaturer la zone responsable44. 3.1.1.1.5. Technique chirurgicale en cas d’atteinte bilatérale Lors d’atteinte bilatérale, l’exérèse totale de l’une des deux glandes et l’exérèse partielle de la seconde est conseillée par certains auteurs. Le plus souvent, la glande surrénale droite est retirée complètement et la glande gauche est retirée en partie. 50 à 75% de la glande surrénale gauche peut ainsi être retirée. Ainsi, si la portion restée en place continue de grossir, une seconde chirurgie sera plus facile à réaliser et il n’y aura pas d’invasion de la veine cave caudale ou du foie, contrairement à ce qui peut arriver en laissant une portion de la glande surrénale droite44. D’autres auteurs suggèrent de retirer la glande surrénale la plus grosse et d’effectuer une exérèse partielle de la seconde6,8,9,18. Enfin, certains auteurs conseillent d’enlever entièrement la glande surrénale gauche partiellement la droite, la chirurgie se révélant ainsi plus facile à réaliser40. 3.1.1.2. Emploi de la cryochirurgie La cryochirurgie consiste en un gel des tissus avec de l’azote liquide, ce qui entraîne la nécrose locale des tissus et leur remplacement par du tissu cicatriciel. L’utilisation de la cryochirurgie semble avantageuse surtout au niveau de la glande surrénale droite. Cette technique ne peut pas être réalisée sur des grosses tumeurs car il y a un risque de lésion trop important des tissus adjacents sur les grosses tumeurs de taille supérieure à 2 cm15,69. Les avantages de cette technique sont une limitation des hémorragies lors de l’intervention, un coût peu important pour le matériel, un temps opératoire plus court pour les tumeurs de petite taille et équivalent à la méthode chirurgicale pour les tumeurs de taille plus importante et une récupération plus rapide en post-chirurgical15,40,69. 59 3.1.1.3. Soins post-opératoires Le furet doit être gardé en hospitalisation 2 à 3 jours après la chirurgie. Il sera maintenu au chaud pendant les heures qui suivent l’opération afin de lutter contre l’hypothermie. L’alimentation est apportée dans les 6 à 12h qui suivent la chirurgie, une fois que le furet est complètement réveillé afin d’éviter le risque de fausse déglutition. La glycémie est suivie de près durant l’hospitalisation40,44. Le furet reçoit des antalgiques et des antibiotiques (enrofloxacine à 5 mg/kg) durant les jours suivant la chirurgie. Contrairement au chien qui doit recevoir une supplémentation en glucocorticoïdes en post-chirurgicale afin de lutter à l’hypocorticisme dû à l’atrophie de la glande controlatérale, le furet ne reçoit que rarement une supplémentation en glucocorticoïdes. En effet, seuls les furets présentant un état léthargique sans raison apparente après la chirurgie reçoivent de la dexaméthasone à la dose de 2 à 4 mg/kg en intraveineux33,40,44. Certains signes cliniques commencent à régresser très rapidement après la chirurgie. La vulve hypertrophiée chez les femelles commence à diminuer en 24-48h et la strangurie et les kystes prostatiques et paraprostatiques commencent à régresser en 48h25,29,40,44. 3.1.2. Traitements médicaux des tumeurs surrénaliennes 3.1.2.1. Les anciens traitements Ces traitements ont été utilisés au départ quand on croyait encore que la pathogénie des maladies surrénaliennes du furet était identique à celles du chien. Ils ne sont plus utilisés aujourd’hui. 3.1.2.1.1. Le kétoconazole Le kétoconazole agit en inhibant la synthèse des stéroïdes à différents niveaux. Ce traitement, même s’il permet parfois la repousse des poils, ne permet pas la guérison des autres symptômes et son utilisation se révèle inefficace chez le furet. 3.1.2.1.2. L’Op’ DDD L’Op’ DDD (Mitotane) est une molécule cytotoxique pour les cellules du cortex surrénalien en provoquant une lyse et une nécrose sélective des zones réticulée et fasciculée. Cela permet une baisse du taux de cortisol mais pas des stéroïdes sexuels. L’Op’ DDD peut être utilisé à la dose de 50 mg par jour la première semaine puis de 50 mg tous les deux à trois jours ensuite (posologie à adapter en fonction de l’évolution des signes cliniques). L’utilisation de l’Op’ DDD peut entraîner une baisse des signes cliniques mais dans l’ensemble les résultats sont aléatoires et peu probants. En outre, il peut entraîner une hypoglycémie chez les furets ayant un insulinome concomitant18,19,72. 60 3.1.2.2. Les traitements actuels 3.1.2.2.1. L’acétate de leuprolide L’acétate de leuprolide (LupronND) est un agoniste de la GnRH ayant les mêmes propriétés de stimulation que la GnRH. À court terme, l’acétate de leuprolide a les mêmes effets que la GnRH. Mais à long terme, il y a une désensibilisation de ces récepteurs, ce qui entraîne une baisse de la production de FSH et de LH19,21. L’acétate de leuprolide est utilisé chez l’homme pour traiter les cancers de la prostate, les cancers du sein et l’endométriose19. Chez le furet, l’acétate de leuprolide peut être utilisé à la posologie de 100 à 150 g/kg en intramusculaire. L’acétate de leuprolide est disponible sous une forme à 100 g/0,2 mL à associer à 7,5 mL de diluant65. Chez tous les furets de l’étude de WAGNER et al.65, les signes cliniques disparaissent rapidement après l’injection. En outre, les concentrations plasmatiques d’oestradiol, de 17hydroxyprogestérone, d’androstènedione et de DHEA diminuent significativement. Cependant, les signes cliniques réapparaissent dans les 1,5 à 8 mois qui suivent le traitement (moyenne de 3,7 +/- 0,4 mois) dans cette étude. La cause de la différence importante de durée de réapparition des symptômes entre les furets n’est pas expliquée mais pourrait être dûe à la sensibilité individuelle des furets. Ce traitement n’est pas curatif, vu que la surrénale tumorale ou hyperplasiée n’est pas retirée. Il peut être utilisé chez des furets n’étant pas en état pour supporter une chirurgie de surrénalectomie ou dont les propriétaires refusent la chirurgie. En outre, les effets à long terme de l’acétate de leuprolide ne sont pas connus et doivent être étudiés18,19,21. L’acétate de leuprolide n’est pas disponible en France mais seulement aux Etats-Unis. En outre, son prix élevé n’en fait pas une molécule abordable pour le traitement des maladies surrénaliennes du furet. De plus, la posologie exige d’injecter des grands volumes en intramusculaire ce qui n’est pas facilement réalisable chez le furet. Une autre molécule, l’acétate de desloréline semble plus facile d’emploi et plus abordable à utiliser chez le furet. 3.1.2.2.2. L’acétate de desloréline L’acétate de desloréline (Suprelorin) fonctionne sur le même principe que l’acétate de leuprolide. L’acétate de desloréline existe sous forme d’implants qui sont utilisés pour la stérilisation provisoire chez le chien. Une étude de WAGNER et al.68 s’est intéressée à l’utilisation de l’acétate de desloréline dans le traitement des maladies surrénaliennes chez le furet. Chez les quinze furets de l’étude, la pose de l’implant entraîne une disparition des signes cliniques dans les six semaines qui suivent. Les concentrations sanguines en oestradiol, androstènedione et 17hydroxyprogestérone diminuent fortement. Comme pour l’acétate de leuprolide, les signes cliniques finissent par réapparaître. Cependant, ils ne réapparaissent que 8,5 à 20,5 mois après la pose de l’implant (moyenne de 13,7 +/- 3,5 mois). L’âge, le poids et le sexe du furet ne semblent pas entrer en compte dans la durée d’activité de l’implant. Aucun effet secondaire 61 de l’implant n’est noté dans cette étude. Des études sur les effets à long terme doivent cependant être menées. Comme dans le cas de l’acétate de leuprolide, l’acétate de desloréline n’est pas un traitement curatif des maladies surrénaliennes mais permet de diminuer les symptômes et offre donc une alternative quand la chirurgie n’est pas possible. En effet, les tumeurs surrénaliennes continuent de grossir comme le témoigne cinq des quinze furets de l’étude chez lesquels une masse devient palpable deux mois avant le retour des signes cliniques68. En comparaison avec l’acétate de leuprolide, les implants d’acétate de desloréline sont disponibles en médecine vétérinaire en France pour un coût abordable. Il est donc possible de les employer actuellement en médecine vétérinaire française. 3.1.2.2.3. La mélatonine Ce traitement repose sur le fait que la mélatonine inhibe la libération de GnRH et donc de LH et de FSH et finalement des stéroïdes sexuels responsables des signes cliniques. La mélatonine est disponible sous plusieurs formes médicamenteuses : des comprimés, une solution liquide et un implant. La mélatonine est utilisée dans les élevages de visons sous forme d’implant à 5,3 mg de mélatonine (Mélovine) par voie sous-cutanée pour favoriser la pousse du poil19,20,36,45. Comme pour les molécules précédentes, les signes cliniques et les taux sanguins des hormones diminuent après l’administration de mélatonine dans toutes les études réalisées. Cependant, dans l’étude de RAMER et al.45, malgré un apport quotidien de mélatonine à la posologie de 0,5 mg/furet, une réapparition des signes cliniques est observée en moyenne huit mois après le début du traitement. Deux hypothèses sont avancées pour expliquer cette observation : - La dose employée dans l’étude est insuffisante pour maintenir l’influence négative sur la sécrétion de GnRH ; - Les récepteurs à la mélatonine deviennent insensibles à la mélatonine au bout d’un certain temps de stimulation importante. Le traitement à la mélatonine n’est encore une fois pas curatif, mais permet une régression des signes cliniques pendant une période d’environ huit mois. 3.1.2.3. Les traitements additionnels Ces traitements sont utilisés en association avec des traitements cités précédemment. 3.1.2.3.1. Les agents anti-oestrogènes 3.2.2.3.1.1 L’anastrazole L’anastrazole (Armidex) est un inhibiteur de l’enzyme qui convertit la testostérone et l’androstènedione en oestrone et en oestradiol. 62 Des essais cliniques chez le furet ont été faits à la posologie de 0,1 mg/kg/j par voie orale. L’anastrazole peut avoir quelques effets sur le système nerveux central, le système nerveux autonome et sur la jonction neuromusculaire. Cela peut être utile en adjonction au traitement à l’acétate de leuprolide chez les furets avec des concentrations sanguines d’oestradiol élevées. Son utilisation reste cependant anecdotique19,70. 3.2.2.3.1.1 Le tamoxifène19 Le tamoxifène est un bloqueur des récepteurs aux oestrogènes avec une faible efficacité chez le chien et le furet. À des doses très faibles, on observe des effets secondaires de toxicité chez le furet. S’il reste un moignon utérin, on peut observer la production d’écoulement vaginal. 3.1.2.3.2. Les agents anti-androgènes Ces molécules sont utilisées chez le furet mâle pour traiter les problèmes prostatiques lorsque qu’ils sont présents, en association avec l’acétate de leuprolide ou avec la chirurgie. 3.1.2.3.2.1. La flutamide Cette molécule a été utilisée chez l’homme en association avec l’acétate de leuprolide dans le traitement des carcinomes prostatiques et augmente la durée de vie par rapport au traitement à base d’acétate de leuprolide seul. La flutamide (Eulexin) agit en bloquant les récepteurs à la testostérone. Elle a été utilisée chez le furet mâle dans le cadre du traitement des maladies surrénaliennes et a été efficace chez certains furets. Des études de toxicité doivent cependant être réalisées19. 3.1.2.3.2.2. La finastéride La finastéride (Proscar) est un inhibiteur de la 5-a-réductase qui permet la formation de la dihydrotestostérone. Elle a déjà été utilisée et tolérée chez le furet à la même posologie que chez le chien (5mg par furet par 24 heures per os)19. Elle est utilisée pour favoriser la régression rapide de la taille de la prostate chez les furets en association avec la chirurgie. 3.1.2.3.2.3. La bicalutamide La bicalutamide (Casodex) est un inhibiteur compétitif des androgènes. Cela conduit à une élévation des taux sanguins en testostérone et en oestradiol quand ils sont utilisés seuls. Elle doit donc être donnée en association avec une molécule antigonadotrophiques. Une dose de 5 mg/kg par 24 heures a déjà été utilisée mais sans contrôle. Aucune étude de toxicité n’a été réalisée19,70. Son utilisation est donc à éviter pour le moment. 63 3.1.3. Gestion des obstructions urinaires consécutives aux tumeurs surrénaliennes chez le furet L’obstruction urinaire consécutive à la formation kystes prostatiques ou paraprostatiques chez le furet constitue une urgence médicale. En effet, la cessation de l’élimination de l’urine a pour conséquences : - L’accumulation dans le sang d’urée et de créatinine ; - Des anomalies au niveau des électrolytes, comme une hyperkaliémie ayant des conséquences cardiaques ; - Une perturbation de l’équilibre acido-basique : acidose métabolique ; - Une hausse de la pression intravésicale pouvant entraîner une hausse de la pression dans les tissus interstitiels rénaux et une altération des tissus ; - Une déshydratation ; - Une réduction du volume circulant conduisant à la mise en place d’un état de choc ; - À terme, si l’on n’intervient pas, la mort de l’animal30. La prise en charge repose la gestion des éventuelles conséquences de l’obstruction urinaire et sur la mise en place d’une sonde urinaire permettant l’élimination des urines. Les kystes prostatiques ou paraprostatiques régressant dans les jours suivant le traitement des maladies surrénaliennes, celui-ci est nécessaire pour gérer complètement l’obstruction urinaire à terme16,17,30,38. L’hyperkaliémie entraînant des arythmies cardiaques, le cœur doit être monitoré grâce à un électrocardiogramme pendant l’anesthésie pour le sondage urinaire. L’hyperkaliémie peut être traitée à l’aide de gluconate de calcium à la dose de 50 à 100 mg/kg en voie intraveineuse qui permet un retour au potentiel de membrane plus proche du niveau basal au niveau cardiaque. À terme, la mise en place d’une perfusion de NaCl permet un retour à une kaliémie normale17,30. La levée de l’obstruction urinaire est permise par la mise en place d’une sonde urinaire de taille 3.5 grâce à une rétropulsion à l’aide de sérum physiologique stérile. La sonde est fixée sur le prépuce à l’aide de points simples64. Il est possible de s’aider de lubrifiant stérile et de faire un dépôt local de lidocaïne16. Si la pose d’une sonde urinaire n’est pas possible, la pose d’un tube de cystotomie percutané est recommandée. La sonde urinaire ou le tube de cystotomie percutané doit être laissé en place environ trois jours38. 3.2. Les implants stérilisation chirurgicale? de GnRH agoniste comme alternative à la 3.2.1. Utilisation des implants de GnRH agoniste chez les autres espèces L’utilisation des implants de desloréline est étudiée dans de nombreuses espèces, incluant les rongeurs, les moutons et les primates. Les effets de ces implants sont variables en fonction des espèces, allant d’une inhibition complète de la fertilité à une absence de maîtrise de la fertilité. Chez le chien mâle, l’utilisation des implants entraîne un pic de LH 40 minutes après la pose de l’implant suivi par un pic de testostérone 1 heure après la pose de l’implant 64 (JUNAIDI et al.) puis un retour à des valeurs de référence 5 heures après la pose de l’implant. La concentration plasmatique de LH diminue ensuite progressivement pour devenir indétectable dans le plasma avec les méthodes de mesure actuelle environ deux semaines après implantation. Parallèlement, la concentration de testostérone diminue pour devenir indétectable dans les 25 à 30 jours après implantation22,23 (cf. figure 20). Figure 20 : Concentrations plasmatiques en LH (cercles blancs) et en testostérone (cercles noirs) chez des chiens mâles après l’implantation d’implants vierges (a) et d’implants contenant 6 mg de desloréline (b) à la minute 0 du jour 0 (d’après JUNAIDI et al.22) L’effet des implants est dose-dépendant et le retour à des concentrations plasmatiques normales de LH et de testostérone est fonction de la dose de desloréline employée. Parallèlement au suivi hormonal, la taille des testicules est évaluée pendant la réalisation du traitement. Une diminution de la taille des testicules est notée chez tous les chiens 5 semaines après la pose de l’implant. Des spermogrammes sont réalisés et montre une diminution de la mobilité et de la concentration des spermatozoïdes associés à une augmentation des spermatozoïdes anormaux. À partir de la sixième semaine, aucun éjaculat n’est produit 6 semaines après implantation jusqu’à la 48ème semaine après implantation dans l’étude de JUNAIDI et al.22 Des analyses histologiques des testicules, des épididymes et de la prostate de chiens implantés après retour dans des valeurs normales de concentration plasmatique de LH et de 65 testostérone, associé au retour à la taille normale des testicules, à l’étude du spermogramme et à la mise à la reproduction avec succès des mâles a montré le caractère complètement réversible de ces implants22. Chez la chienne, la pose de l’implant entraîne un oestrus induit chez les chiennes ayant un taux de progestérone inférieur à 5 ng/mL au moment de la pose de l’implant. Cet oestrus intervient 4 à 8 jours après la pose de l’implant. La desloréline n’a pas d’effet indésirable sur les chiennes gestantes et les portées naissent normalement. L’implant entraîne la disparition des périodes d’oestrus chez la chienne pendant une durée moyenne de 27 mois63. L’analyse histologique de l’utérus et la mise à la reproduction avec succès des chiennes implantées après leur retour en chaleur montre le caractère réversible des implants63. Aucun effet secondaire notable n’a été relevé dans les études sur les implants de desloréline chez le chien62. Les implants ne présentent pas non plus de risque de surdosage, un chien ayant été implanté avec 10 implants et n’ayant présenté aucun effet secondaire75. L’utilisation des implants de desloréline permet donc une bonne maîtrise de la reproduction totalement réversible chez le chien sans effet secondaire. 3.2.2. Utilisation des implants d’agoniste de la GnRH chez le furet SCHOEMAKER et al.58 se sont intéressés à l’utilisation des implants de desloréline pour maîtriser la reproduction chez les furets. Ils comparent les concentrations plasmatiques de FSH (la LH n’a pas pu être dosée) et de testostérone, le volume testiculaire, l’odeur corporelle et l’histologie des testicules chez trois groupes de sept furets : un groupe de furet castré, un groupe de furet ayant reçu un implant de 9,4 mg de desloréline et un groupe de furet ayant reçu un implant placebo. Ils constatent que le niveau de FSH est supérieur chez les furets castrés par rapport aux furets entiers ayant reçu un placebo mais que les furets ayant reçu un implant de desloréline ont une concentration de FSH très basse. Les concentrations de testostérone sont à des niveaux significativement plus faibles chez les furets castrés et les furets implantés avec la desloréline que chez les furets implantés avec le placebo. Le volume testiculaire est significativement inférieur chez les furets implantés avec la desloréline par rapport aux furets avec le placebo. L’histologie des testicules révèle une activité normale chez les furets avec le placebo. Chez les furets ayant reçu l’implant de desloréline, l’histologie révèle une diminution du diamètre des cellules de Sertoli et aucune cellule souche (spermatogonies et spermatocytes) normale n’a été trouvée. Enfin, les mesures de l’odeur corporelle des furets révèlent une odeur moins marquée chez les furets implantés avec la desloréline que chez les furets castrés. Cela pourrait être expliqué par une sécrétion plus importante d’androstènedione, une phéromone connue chez les furets stérilisés sous l’influence des hormones hypophysaires présentes en quantité importante suite à la stérilisation. 66 Les implants de desloréline permettent une bonne maîtrise de la reproduction chez le furet en présentant l’avantage de ne pas entraîner un pic d’hormone FSH (et donc de LH par extrapolation) à l’origine des maladies surrénaliennes du furet. Ils semblent donc présenter une très bonne alternative à la maîtrise de la reproduction chez le furet par rapport à la stérilisation chirurgicale. Cependant, l’étude ne présente que 3 ans de recul vis-à-vis de l’emploi des implants. Une étude sur un plus long terme est à mener afin de vérifier l’absence d’effets secondaires avec l’emploi de ces implants. Il est à noter que ces implants n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché pour l’utilisation comme agent de maîtrise de la reproduction chez le furet. Leur utilisation se fait donc dans le cadre du principe de la cascade. 67 68 CONCLUSION La stérilisation chirurgicale, encore aujourd’hui majoritairement pratiquée comme mesure de maîtrise de la reproduction chez le furet, risque progressivement de s’incliner face à la pose des implants de desloréline. En effet, les implants présentent l’avantage d’éviter une intervention chirurgicale, qui, même si elle est relativement simple et peu risquée, n’est pas toujours rassurante pour les propriétaires. Les implants présentent l’avantage de ne pas nécessiter d’anesthésie (ou alors une anesthésie flash) pour être posés et ont un prix abordable et concurrentiel par rapport à la stérilisation chirurgicale. En outre, les études récentes tendent à montrer l’utilité des implants de desloréline dans la prévention de l’apparition des maladies surrénaliennes, fréquentes chez les furets stérilisés. Des études sur du plus long terme restent à réaliser, mais les résultats actuels sont plutôt encourageants. Il serait également intéressant d’étudier l’utilité de la pose des implants chez les furets stérilisés afin de prévenir l’apparition des maladies surrénaliennes malgré la stérilisation. En effet, en inhibant la sécrétion de LH et de FSH produites en excès chez ces furets, les implants pourraient prévenir l’apparition des maladies surrénaliennes même chez les furets stérilisés. Cependant, aucune étude n’a été publiée à ce jour. Les maladies surrénaliennes, peu connues en France il y a quelques années, sont en effet de plus en plus fréquemment rencontrées par les vétérinaires du fait de l’enthousiasme actuel des particuliers pour ces animaux. Les particuliers sont rapidement au courant des avancées en termes de prévention de l’apparition de ces maladies. Les vétérinaires doivent suivre les avancées en matière de traitements et de prévention des maladies surrénaliennes afin de répondre à la demande de plus en informée de leur clientèle. 69 70 BIBLIOGRAPHIE 1. ACKERMANN J, CARPENTER JW, GODSHALK CP, HARMS CA. Ultrasonographic detection of adrenal gland tumors in two ferrets. J Am Vet Med Assoc, 1994, 205 (7), 1001-1003. 2. BARTLETT L. Renewed libido : early sign of (ferret) adrenal disease ? Exotic DVM,1999, 1 (1), 31. 3. BENSIGNOR E, CHAI N, HADJAJE C, LEGUAY E, RISI E, SCHILLIGER L, VIAUD S. Dermatologie des NAC. Paris : Editions MED’COM, 2009, 207p. 4. BESSO JG, TIDWELL AS, GLIATTO JM. Retrospective review of the ultrasonographic features of adrenal lesions in 21 ferrets. Vet Radiol Ultrasound, 2000, 41(4), 345-352. 5. BIBEAU CE, TOBET SA, ANTHONY EPL, CARROLL R, BAUM MJ, KING JC. Vaginocervical stimulation of ferret induces release of luteinizing hormone-releasing hormone. J Neuroendocrinol, 1991, 3, 29-36. 6. BOUSSARIE D. Guide pratique de médecine du furet. Paris : Editions MED’COM, 2008, 287p. 7. COLEMAN GD, CHAVEZ MA, WILLIAMS BH. Cystic prostatic disease associated with adrenocortical lesions in the ferret (Mustela putorius furo). Vet Pathol., 1998, 35, 547549. 8. FOX JG Biology and Disease of the Ferret. 2nd ed. WILLIAM AND WILKINS, 1998, 568p. 9. FOX JG, GOAD MEP, GARIBALDI BA, WIEST LM. Hyperadrenocorticism in a ferret. J Am Vet Med Assoc., 1987, 191(3), 343-344. 10. GOULD WJ, REIMERS TJ, BELL JA, LAWRENCE HJ, RANDOLPH JF, ROWLAND PH, SCARLETT JM. Evaluation of urinary cortisol : creatinine ratios for the diagnosis of hyperadrenocorticism associated with adrenal gland tumors in ferrets. J Am Vet Med Assoc., 1995, 206(1), 42-46. 11. HAWKINS M. Possible influence of heredity on multiple endocrine neoplasms in ferrets, Exotic DVM, 2006, 8(3), 35-37. 12. HOLMES RL. The adrenal gland of the ferret, Mustela putorius. J Anat., 1961, 95, 325-336. 13. JAFFRE H. La maladie surrénalienne du furet : étude sur 72 cas cliniques. Thèse Med. Vet., Alfort, 2007, n°119. 14. JALLAGEAS M, BOISSIN J, MAS N. Differential photoperiodic control of seasonal variations in pulsatile luteinizing hormone release in long-day (ferret) and short-day (mink) mammals. J Biol Rhythms., 1994, 9(3-4), 217-231. 15. JONHSON D. Clinical use of cryosurgery for ferret adrenal gland removal, Exotic DVM, 2002, 4(3), 71-73. 16. JONHSON D. Tip of urethral catheterisation of the male ferret, Exotic DVM, 2002, 4(5),13. 17. JONHSON D, LENNOX AM, LICHTENBERGER M. A new type of urinary catheter for catheterization of the male ferret, Exotic DVM, 2008,10(2), 5-6. 18. JOHNSON DELANEY CA. Ferret adrenal disease : alternative to surgery. Exotic DVM, 1999, 1(4) : 19-22. 19. JOHNSON-DELANEY CA. Medical therapies for ferret adrenal disease. Sem Avian Pet Medic., 2004, 13(1), 3-7. 71 20. JOHNSON-DELANEY CA. Melatonin study with four intact adult male ferrets and two female ferrets with adrenal disease. AEMV., 2005, 3(1), 7-9. 21. JONHSON DELANEY C. Update on use of leuprolide acetate, Exotic DVM, 2001, 3(5), 13. 22. JUNAIDI A, WILLIAMSON PE, CUMMINS JM, MARTIN GB, BLACKBERRY MA, TRIGG TE. Use of a new drug delivery formulation of the gonadotropin-releasing hormone analogue Deslorelin for reversible long-term contraception in male dogs, Reprod Fertil Dev, 2003, 15, 317-322. 23. JUNAIDI A, WILLIAMSON PE, MARTIN GB, STANTON PG, BLACKBERRY MA, CUMMINS JM, TRIGG TE. Pituitary and testicular endocrine response to exogenous gonadotrophin-releasing hormone (GnRH) and luteinising hormone in male dogs treated with GnRH agonist implant. Reprod Fertil Dev, 2007, 19, 891-898. 24. KUIJTEN AM, SCHOEMAKER NJ, VOORHOUT G. Ultrasonographic visualisation of the adrenal glands of healthy ferrets and ferrets with hyperadrenocorticism. J Am Anim Hosp Assoc, 2007, 43, 78-84. 25. LAWRENCE HJ, GOULD WJ, FLANDERS JA, ROWLAND PH, YEAGER AE. Unilateral adrenalectomy as a treatment for adrenocortical tumors in ferrets : five cases (1990-1992). J Am Vet Med Assoc, 1993, 203(2), 267-270. 26. LEWINGTON J.H. Ferret Husbandry, Medicine and Surgery. 2nd ed. Saunders Elsevier, 2007, 536p. 27. LI X, FOX JG, ERDMAN SE, LIPMAN NS, MURPHY JC. Cystic urogenital anomalies in ferrets (Mustela putorius furo). Vet Pathol, 1996, 33, 150-158. 28. LI X, FOX JG, PATRID PA. Neoplastic diseases in ferrets : 574 cases (1968-1997), J Am Vet Med Assoc, 1998, 212(9), 1402-1406. 29. LICHTENBERGER M. Treatment of urinary obsrtuction in the male ferret, Exotic DVM, 2006, 8(3), 26-30. 30. LINDEBERG H. Reproduction of the female ferret (Mustela putorius furo). Reprod Dom Anim, 2008, 43(2), 150-156. 31. LIPMAN NL, MARINI RP, MURPHY JC, ZHIBO Z, FOX JG. Estradiol-17secreting adrenocortical tumor in a ferret. J Am Vet Med Assoc., 1993, 203(11), 1552-1555. 32. MACLAIN DE, HARPER SM, ROE DA BABISH JG, WILKINSON CF. Congenital malformations and variations in reproductive performance in the ferret : effect of maternal age, colo rand parity, Lab Anim Sci, 1985, 35(3), 251-255. 33. MENTRE V, SIEMERING H. Blocage urinaire secondaire à une tumeur surrénalienne chez un furet (Mustela putorius furo)., PASE, 2003, 3.2, 17-19. 34. MOR N, QUALIS CW Jr, HOOVER JP. Concurrent mammary gland hyperplasia and adrenocortical carcinoma in a domestic ferret. J Am Vet Med Assoc, 1992, 201(12), 19111912. 35. MULLER A, QUINTON JF, CHETBOUL V, REVIRON T, HERBERT C, GAU C. Hypercorticisme chez un furet. Prat Med Chir Anim Comp, 2001, 36, 43-53. 36. MURRAY J. Melatonin implants : an option for use in the treatment of adrenal disease in ferret. AEMV, 2005, 3(1), 1-6. 37. NEUWIRTH L, COLLINS B, CALDERWOOD-MAYS M, TRAN T. Adrenal ultrasonography correlated with histopathology in ferrets. Vet Radiol Ultrasound, 1997, 38(1), 69-74. 38. NOLTE DM, CARBERRY CA, GANNON KM, BOREN FC. Temporary tube cystotomy as a treatment for urinary obstruction secondary to adrenal disease in four ferrets. J Am Anim Hosp Assoc, 2002, 38, 527-532. 39. O’BRIEN R, PAUL-MURPHY J, DUBIELZIG RR. Ultrasonography of adrenal glands in normal ferrets. Vet Radiol Ultrasound, 1996, 37(6), 445-448. 72 40. O’MALLEY B. Clinical Anatomy and Physiology of Exotic Species. Saunders Elsevier, 2005, 272p. 41. PARADIS M, BONNEAU NH, MORIN M, SCOTT DW. Hyperadrenocorticism in association with an adrenocortical adenoma in a pet ferret. Can Vet J, 1989, 30, 60-62. 42. PETERSON RA, KIUPEL M, BIELINSKA M, KIIVERI S, HEIKINHEIMO M, CAPEN CC et al. Transcription factor GATA-4 is a marker of anaplasia in adrenocortical neoplasm of the domestic ferret (Mustela putorius furo). Vet Pathol, 2004, 41, 446-449. 43. PETERSON RA, KIUPEL M, CAPEN CC. Adrenal cortical carcinomas with myxoid differentiation in the domestic ferret (Mustela putorius furo). Vet Pathol., 2003, 40, 136-142. 44. QUESENBERRY KE, CARPENTER JW. Ferrets, Rabbits, and Rodents Clinical Medicine and Surgery. 2nd ed. Saunders, 2003, 496p. 45. RAMER JC, BENSON KG, MORRISEY JK, O’BRIEN RT, PAUL-MURPHY J. Effects of melatonin administration on the clinical course of adrenocortical disease in domestic ferrets. J Am Vet Med Assoc, 2006, 229(11), 1743-1748. 46. ROSENTHAL KL. Adrenal gland disease in ferrets. . Vet Clin North Am Small Anim Pract, 1997, 27(2), 401-418. 47. ROSENTHAL KL, PETERSON ME. Evaluation of plasma androgen and estrogen concentrations in ferrets with hyperadrenocorticism. J Am Vet Med Assoc, 1996, 209(6), 1097-110. 48. ROSENTHAL KL, PETERSON ME. Stranguria in a castrated male ferret. J Am Vet Med Assoc, 1996, 209(1), 62-64. 49. ROSENTHAL KL, PETERSON ME, QUESENBERRY KE, HILLYER EV, BEEBER NL, MOROFF SD et al. Hyperadrenocorticism associated with adrenocortical tumor or nodular hyperplasia of the adrenal gland in ferrets : 50 cases (1987-1991). J Am Vet Med Assoc, 1993, 203(2), 271- 275. 50. ROSENTHAL KL, PETERSON ME, QUESENBERRY KE, LOTHROP CD. Evaluation of plasma cortisol and corticosterone responses to synthetic adrenocorticotropic hormone administration in ferrets. Am J Vet Res, 1993, 54(1), 29-31. 51. SCHOEMAKER NJ. New developments in research on hyperadrenocorticism in ferrets, Exotic DVM, 2000, 2(3), 81-83. 52. SCHOEMAKER NJ, LUMEIJ JT, RIJNBERK A. Current and future options for nonsurgical neutering of ferrets (Mustela putorius furo) In : Hyperadrenocorticism in ferrets, Th. 3ème cycle Med. Vet. : Utrecht. 2003, 132-143. 53. SCHOEMAKER NJ, MOL JA, LUMEIJ JT, RIJNBERK A. Plasma concentrations of adrenocorticotrophic hormone and -melanocyte-stimulating hormone in ferrets (Mustela putorius furo) with hyperadrenocorticism. Am J Vet Res, 2002, 63(10), 1395-1399. 54. SCHOEMAKER NJ, WOLFSWINKEL J, MOL JA, VOORHOUT G, KIK MJL, LUMEIJ JT et al. Urinary glucocorticoid excretion in the diagnosis of hyperadrenocorticism in ferrets. Domest Anim Endocrinol, 2004, 27(1), 13-24. 55. SCHOEMAKER NJ, SCHUURMANS M, MOORMAN HANNEKE, LUMEIJ JT. Correlation between age at neutering and age at onset of hyperadrenocorticism in ferrets. J Am Vet Med Assoc, 2000, 216(2), 195-197. 56. SCHOEMAKER NJ, TEERD KJ, MOL JA, LUMEIJ JT, THIJSSEN JHH, RIJNBERK A. The role of luteinizing hormone in the pathogenesis of hyperadrenocorticism in neutered ferrets. Moll Cell Endocrinol, 2002, 197, 117-125. 57. SCHOEMAKER NJ, TEERDS KJ, RIEMERS FM, TIMMERMANS-SPRANG EPM, KIK MJL, DIELEMAN SJ et al. Gonadotropin receptor expression in the adrenal gland of healthy ferrets with hyperadrenocorticism In : Hyperadrenocorticism in ferrets, Th. 3ème cycle Med. Vet. : Utrecht. 2003, 132-143. 73 58. SCHOEMAKER NJ, VAN DEIJK R, MUIJLAERT B, KIK MJL, KUIJTEN AM, DE JONG FH et al. Use of a gonadotropin releasing hormone agonist implant as an alternative for surgical castration in male ferrets (Mustela putorius furo). Theriogenology., 2008, 70, 161-167. 59. SCOTT DW, HARVEY HJ, YEAGER AM. Bilaterally symmetric alopecia associated with an adrenocortical adenoma in a pet ferret, Vet Dermatol, 1991, 2, 165-170. 60. SHERRILL A, GORHAM J. Bone marrow hypoplasia associated with estrus in ferrets, Lab. Anim. Sci, 1985, 35(3), 280-286. 61. SIMONE-FREILICHER E. Adrenal gland disease in ferrets. Vet Clin North Am Exot Anim Pract , 2008, 11(1), 125-137. 62. SWIDERSKI JK, SEIM III HB, MACPHAIL CM, CAMPBELL TW, JOHNSTON MS, MONNET E. Long-term outcome of domestic ferrets treated surgically for hyperadrenocorticism : 130 cases (1995-2004). J Am Vet Med Assoc, 2008, 232(9), 13381343. 63. TRGG TE, WRIGHT PJ, ARMOUR AF, WILLIAMSON PE, JUNAIDI A, MARTIN GB, DOYLE AG, WALSH J. Use of a GnRH analogue implant to produce a reversible long-term suppression of reproductive function in male and female domestic dog. JReprod Fertil, 2001, 57, s255-261. 64. TULLY TN, MITCHELL MA, HEATLEY JJ. Urethral catheterisation of male ferrets : a novel technique, Exotic DVM, 2001, 3(2), 29-31. 65. WAGNER RA, BAILEY EM, SCHNEIDER JF, OLIVER JW. Leuprolide acetate treatment of adrenocortical disease in ferrets. J Am Vet Med Assoc, 2001, 218(8), 1272-1274. 66. WAGNER RA, DORN DP. Evaluation of serum oestradiol concentrations in alopecic ferrets with adrenal gland tumors. J Am Vet Med Assoc, 1994, 205(5), 703-707. 67. WAGNER S, KIUPEL M, PETERSON II RA, HEIKINHEIMO M, WILSON DB. Cytochrome b 5 expression in gonadectomy-induced adrenocortical neoplasm of the domestic ferret (Mustela putorius furo). Vet Pathol, 2008, 45, 439-442. 68. WAGNER RA, PICHE CA, JÖCHLE W, OLIVER JW. Clinical and endocrine responses to treatment with deslorelin acetate implants in ferrets with adrenocortical disease. Am J Vet Res, 2005, 66(5), 910-914. 69. WEISS C. Cryosurgery of the ferret adrenal gland, Exotic DVM, 1999, 1(5), 27-28. 70. WEISS C. Medical management of ferret adrenal tumors and hyperplasia, Exotic DVM, 1(5), 38-39. 71. WEISS CA, SCOTT MV. Clinical aspects and surgical treatment of hyperadrenocorticism in the domestic ferret : 94 cases (1994-1996). J Am Anim Hosp Assoc, 1997, 33, 487-493. 72. WEISS CA, WILLIAMS BH, SCOTT JB, SCOTT MV. Surgical treatment and longterm outcome of ferrets with bilateral adrean tumors or adrenal hyperplasia : 56 cases (19941997). J Am Vet Med Assoc, 1999, 215(6), 820-823. 73. WILLIAMS BH, FISHER PG, JOHNSON TL. Diffuse cutaneous telangiectasia in a ferret with adrenal-associated endocrinopathy. Exotic DVM, 2002, 4(2), 9. 74. WILLIAMS BH, YANTIS LD, CRAIG SL, GESKE RS, LI X, NYE R. Adrenal teratoma in four domestic ferrets (Mustela putorius furo). Vet Pathol, 2001, 38(3), 328-331. 75. Résumé des caractéristiques du produit Suprelorin et Rapport Européen Public d’Evaluation(EPAR) ,2007, http://emea.europa.eu/vetdocs/vets/Epar/suprelorin/suprelorin.htm, (consulté en mai 2010) 74 75 LA MAITRISE DE LA REPRODUCTION CHEZ LE FURET ET SES IMPACTS SUR LES MALADIES SURRENALIENNES NOM et Prénom : MORIN Aurélie Résumé : De nombreuses méthodes sont disponibles pour réaliser une maîtrise de la reproduction chez le furet. Ces méthodes sont rappelées dans ce travail en insistant sur les avantages et inconvénients de chacune d’elle. Cependant dans la pratique, la stérilisation chirurgicale est majoritairement pratiquée, et favorise le développement des maladies surrénaliennes. Dans la seconde partie de ce travail, les différents aspects des maladies surrénaliennes sont abordés, en insistant sur la physiopathologie de ces maladies afin de mettre en évidence dans une troisième partie le lien entre les maladies surrénaliennes et la stérilisation chirurgicale. L’acétate de desloréline, sous forme d’implant, est utilisable chez le chien comme moyen de maîtrise de la reproduction. Son intérêt dans la maîtrise de la reproduction associée à une prévention de l’apparition des maladies surrénaliennes est enfin démontré en fin de ce travail. Mots clés : REPRODUCTION, STERILISATION, CONTRACEPTION, GLANDE SURRENALE, ENDOCRINOPATHIE, NAC, CARNIVORE, FURET Jury : Président : M. Directeur : Dr. Alain FONTBONNE Assesseur : Dr. Bruno POLACK Adresse de l’auteur : 8, rue du Merisier 77240 CESSON THE MASTERY OF THE REPRODUCTION IN FERRET AND ITS IMPACTS ON ADRENAL DISEASES SURNAME and given name : MORIN Aurélie Summary : Many methods are available to control ferret’s reproduction. These methods are recalled in this work by insisting on the advantages and disadvantages of each of it. However, in practice, the surgical sterilization is mostly practiced, and promotes the development of adrenal diseases. In the second part of this work, the various aspects of adrenal diseases are tackled, insisting on the physiopathology of these diseases in order to highlight in a third party the link between the adrenal diseases and surgical sterilization. The deslorelin acetate, in the form of implant, is usable in the dog as a means of control of the reproduction. Its interest in the mastery of the reproduction associated with a prevention of the emergence of adrenal diseases is finally demonstrated in end of this work. Keyword : REPRODUCTION, STERILISAZION, CONTRACEPTION, ADRENAL GLAND, ENDOCRINOPATHY, EXOTIC ANIMALS, CARNIVORE, FERRET. Jury : President : M. Director : Dr. Alain FONTBONNE Assessor : Dr. Bruno POLACK Authors adress : 8, rue du Merisier 77240 CESSON