ÉCOLE NATIONALE VETERINAIRE D’ALFORT Année 2010 LA MORTALITE EMBRYONNAIRE CHEZ LA VACHE ET L’INFLUENCE DE L’ALIMENTATION THESE Pour le DOCTORAT VETERINAIRE Présentée et soutenue publiquement devant LA FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL le…………… par KEVIN GUELOU Né le 13 mars 1982 à Nanterre (Hauts de Seine) JURY Président : M. Professeur à la Faculté de Médecine de CRETEIL Membres Directeur : Ponter Andrew Professeur à l’ENVA Assesseur : Chastant Maillard Sylvie Professeur à l’ENVA LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT Directeur : M. le Professeur MIALOT Jean-Paul Directeurs honoraires : MM. les Professeurs MORAILLON Robert, PARODI André-Laurent, PILET Charles, TOMA Bernard Professeurs honoraires: MM. BRUGERE Henri, BUSSIERAS Jean, CERF Olivier, CLERC Bernard, CRESPEAU François LE BARS Henri, MOUTHON Gilbert, MILHAUD Guy, ROZIER Jacques, DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PHARMACEUTIQUES (DSBP) Chef du département : Mme COMBRISSON Hélène, Professeur - Adjoint : Mme LE PODER Sophie, Maître de conférences -UNITE D’HISTOLOGIE, ANATOMIE PATHOLOGIQUE - UNITE D’ANATOMIE DES ANIMAUX DOMESTIQUES M. FONTAINE Jean-Jacques, Professeur * Mme CREVIER-DENOIX Nathalie, Professeur Mme BERNEX Florence, Maître de conférences M. DEGUEURCE Christophe, Professeur Mme CORDONNIER-LEFORT Nathalie, Maître de conférences Mme ROBERT Céline, Maître de conférences M. REYES GOMEZ Edouard, Maître de conférences contractuel M. CHATEAU Henry, Maître de conférences* - UNITE DE PATHOLOGIE GENERALE MICROBIOLOGIE, IMMUNOLOGIE Mme QUINTIN-COLONNA Françoise, Professeur* M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur M. FREYBURGER Ludovic, Maître de conférences - UNITE DE PHYSIOLOGIE ET THERAPEUTIQUE Mme COMBRISSON Hélène, Professeur* M. TIRET Laurent, Maître de conférences Mme STORCK-PILOT Fanny, Maître de conférences - UNITE DE PHARMACIE ET TOXICOLOGIE Mme ENRIQUEZ Brigitte, Professeur M. TISSIER Renaud, Maître de conférences* M. PERROT Sébastien, Maître de conférences - DISCIPLINE : ETHOLOGIE M. DEPUTTE Bertrand, Professeur - UNITE DE VIROLOGIE M. ELOIT Marc, Professeur * Mme LE PODER Sophie, Maître de conférences - UNITE DE GENETIQUE MEDICALE ET MOLECULAIRE M. PANTHIER Jean-Jacques, Professeur Mme ABITBOL Marie, Maître de conférences* - UNITE DE BIOCHIMIE M. MICHAUX Jean-Michel, Maître de conférences* M. BELLIER Sylvain, Maître de conférences - DISCIPLINE : ANGLAIS Mme CONAN Muriel, Professeur certifié - DISCIPLINE : EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE M. PHILIPS, Professeur certifié DEPARTEMENT D’ELEVAGE ET DE PATHOLOGIE DES EQUIDES ET DES CARNIVORES (DEPEC) Chef du département : M. POLACK Bruno, Maître de conférences - Adjoint : M. BLOT Stéphane, Professeur - UNITE DE PATHOLOGIE CHIRURGICALE - UNITE DE MEDECINE M. FAYOLLE Pascal, Professeur * M. POUCHELON Jean-Louis, Professeur* M. MOISSONNIER Pierre, Professeur Mme CHETBOUL Valérie, Professeur M. MAILHAC Jean-Marie, Maître de conférences M. BLOT Stéphane, Professeur M. NIEBAUER Gert, Professeur contractuel M. ROSENBERG Charles, Maître de conférences Mme VIATEAU-DUVAL Véronique, Maître de conférences Mme MAUREY Christelle, Maître de conférences Mme RAVARY-PLUMIOEN Bérangère, Maître de conférences (rattachée au Mme BENCHEKROUN Ghita, Maître de conférences contractuel DPASP) - UNITE DE CLINIQUE EQUINE M. ZILBERSTEIN Luca, Maître de conférences M. DENOIX Jean-Marie, Professeur M. JARDEL Nicolas, Praticien hospitalier M. AUDIGIE Fabrice, Professeur* Mme GIRAUDET Aude, Praticien hospitalier - UNITE D’IMAGERIE MEDICALE Mme BEGON Dominique, Professeur* Mlle CHRISTMANN Undine, Maître de conférences Mme STAMBOULI Fouzia, Praticien hospitalier Mme MESPOULHES-RIVIERE Céline, Maître de conférences contractuel - DISCIPLINE : OPHTALMOLOGIE Mme PRADIER Sophie, Maître de conférences contractuel Mme CHAHORY Sabine, Maître de conférences M. CARNICER David, Maître de conférences contractuel - UNITE DE REPRODUCTION ANIMALE Mme CHASTANT-MAILLARD Sylvie, Professeur (rattachée au DPASP) M. NUDELMANN Nicolas, Maître de conférences M. FONTBONNE Alain, Maître de conférences* M. REMY Dominique, Maître de conférences (rattaché au DPASP) M. DESBOIS Christophe, Maître de conférences Mme CONSTANT Fabienne, Maître de conférences (rattachée au DPASP) Mme DEGUILLAUME Laure, Maître de conférences contractuel (rattachée au DPASP) - UNITE DE PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES M. CHERMETTE René, Professeur * M. POLACK Bruno, Maître de conférences M. GUILLOT Jacques, Professeur Mme MARIGNAC Geneviève, Maître de conférences Mme HALOS Lénaïg, Maître de conférences (rattachée au DPASP) M. HUBERT Blaise, Praticien hospitalier - UNITE DE MEDECINE DE L’ELEVAGE ET DU SPORT M. GRANDJEAN Dominique, Professeur * Mme YAGUIYAN-COLLIARD Laurence, Maître de conférences contractuel - DISCIPLINE : NUTRITION-ALIMENTATION - DISCIPLINE : URGENCE SOINS INTENSIFS M. PARAGON Bernard, Professeur Mme Françoise ROUX, Maître de conférences DEPARTEMENT DES PRODUCTIONS ANIMALES ET DE LA SANTE PUBLIQUE (DPASP) Chef du département : M. MILLEMANN Yves, Maître de conférences - Adjoint : Mme DUFOUR Barbara, Professeur - UNITE DE ZOOTECHNIE, ECONOMIE RURALE - UNITE DES MALADIES CONTAGIEUSES M. COURREAU Jean-François, Professeur M. BENET Jean-Jacques, Professeur* M. BOSSE Philippe, Professeur Mme HADDAD/ HOANG-XUAN Nadia, Professeur Mme GRIMARD-BALLIF Bénédicte, Professeur Mme DUFOUR Barbara, Professeur Mme LEROY Isabelle, Maître de conférences Melle PRAUD Anne, Maître de conférences contractuel M. ARNE Pascal, Maître de conférences - UNITE D’HYGIENE ET INDUSTRIE DES ALIMENTS M. PONTER Andrew, Professeur* D’ORIGINE ANIMALE M. BOLNOT François, Maître de conférences * - UNITE DE PATHOLOGIE MEDICALE DU BETAIL ET DES M. CARLIER Vincent, Professeur ANIMAUX DE BASSE-COUR M. MILLEMANN Yves, Maître de conférences Mme COLMIN Catherine, Maître de conférences Mme BRUGERE-PICOUX Jeanne, Professeur (rattachée au DSBP) M. AUGUSTIN Jean-Christophe, Maître de conférences M. MAILLARD Renaud, Maître de conférences - DISCIPLINE : BIOSTATISTIQUES M. ADJOU Karim, Maître de conférences * M. DESQUILBET Loïc, Maître de conférences contractuel M. BELBIS Guillaume, Maître de conférences contractuel Remerciements A Monsieur Le Professeur de la faculté de Médecine de Créteil, Qui nous a fait l’honneur de présider notre jury de thèse. Sincères remerciements. A Monsieur A.A Ponter, Qui m’a fait l’honneur de diriger cette thèse. Merci pour votre disponibilité et vos conseils éclairés. Veuillez trouver ici le témoignage de ma reconnaissance et de mon profond respect. A Madame le Docteur S. Chastant-Maillard, Qui m’a fait l’honneur de participer à mon jury de thèse. Merci pour les corrections que vous avez apportées et les conseils pour la rédaction de cette thèse. Sincères remerciements. Au personnel de la bibliothèque de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort et de l’imprimerie de l’école, pour avoir supporté mes nombreuses sollicitations. La mortalité embryonnaire chez la vache et l’influence de l’alimentation NOM et Prénom : GUELOU Kévin Résumé L’évolution des pratiques d’élevage a entraîné une baisse de la fertilité chez la vache laitière. Suite à l’insémination, la mortalité embryonnaire représente une des causes majeures d’échecs de reproduction. La nutrition peut influencer l’environnement hormonal de la mère et l’environnement utérin. Un haut niveau d’ingestion peut provoquer une diminution rapide de la progestérone circulante. L’augmentation de progestérone est réduite quand les vaches sont en défit énergétique, observé en début de lactation. Un apport de protéines important peut rendre la balance énergétique encore plus négative, ce qui a pour effet d’exacerber les effets associés au déficit énergétique. Des excès de protéines dégradables entraînent une baisse du pH utérin et une modification des concentrations de certains ions dans le fluide utérin durant la phase lutéale, ce qui peut être préjudiciable pour le développement et la survie de l’embryon. Des apports de matières grasses n’améliorent pas la balance énergétique. Les lipides peuvent améliorés le fonctionnement du corps jaune, par l’apport de cholestérol, précurseur de la progestérone. Le profil en acides gras peut être utilisé pour diminuer la synthèse de prostaglandine F 2α en début de gestation, ce qui peut contribuer à la réduction de la mortalité embryonnaire. Mots clés : mortalité embryonnaire, nutrition, progestérone, milieu utérin, énergie, protéine, lipide, prostaglandine, rumen, bovin, vache laitière Jury : Président : Professeur à la Faculté de Médecine de CRETEIL Directeur : Andrew PONTER Assesseur : Sylvie CHASTANT-MAILLARD Adresse de l’auteur : GUELOU Kévin, 14 Square SULLY, 95240 CORMEILLES EN PARISIS Influence of nutrition on embryonic mortality in dairy cow SURNAME and Given name : GUELOU Kévin Summary Changes in livestock management have been associated with a decline in the fertility of dairy cows. Following insemination, embryonic mortality is one of the major causes of reproductive failure in cattle resulting in significant financial losses for the cattle industry. Nutrition can influence maternal hormonal environment and uterine environment. High feed intake causes an acute decrease in circulating progesterone concentrations. The rate of increase in progesterone levels is reduced by negative energy balance early postpartum. The effects of feeding high dietary protein are superimposed on the effects of negative energy balance. The intake of high dietary protein (above all soluble protein) can also result in decrease of uterine pH, which might be detrimental to embryo survival and growth. Supplemental dietary lipids do not alleviate the negative effects of negative energy balance, since cows often respond with lower feed intake after fat supplemented diets. Fats in the diet can improve corpus luteum function, by increasing precursors for the synthesis of progesterone. Manipulation of the fatty acid profile of the diet can also be used potentially to decrease uterine synthesis of prostaglandin F 2α during early pregnancy in cattle, which may contribute to a reduction in embryonic mortality. Keywords :, embryonic mortality, nutrition, progesterone, uterine environment, energy, protein, fat, prostaglandin, rumen, bovine, dairy cow Jury : President : Professeur à la Faculté de Médecine de CRETEIL Director : Andrew PONTER Assessor : Sylvie CHASTANT-MAILLARD Author’s address: GUELOU Kévin, 14 Square SULLY, 95240 CORMEILLES EN PARISIS TABLE DES MATIÈRES LISTE DES FIGURES ............................................................................................................... 4 LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................................... 8 LISTE DES ABREVIATIONS ................................................................................................ 10 INTRODUCTION............................................................................................................. 11 PARTIE A : PHYSIOLOGIE EMBRYO-MATERNELLE ET MORTALITE EMBRYONNAIRE .................................................................. 13 I. Cycle sexuel chez la vache ................................................................................................. 15 1. Cycle œstral et folliculogenèse......................................................................................... 15 a. Phase non gonado-dépendante ..................................................................................... 15 b. Phase gonado-dépendante ............................................................................................ 16 c. Vague folliculaire ....................................................................................................... 16 d. Ovulation ................................................................................................................... 17 e. Mise en place du corps jaune ....................................................................................... 18 II. Développement embryonnaire chez la vache ..................................................................... 18 1. Vie libre de l’embryon .................................................................................................... 18 a. Aspects anatomiques ................................................................................................... 18 2. 3. 4. 5. b. Effet de l’environnement utérin sur le développement de l’embryon avant son implantation ........................................................................................................ 19 Implantation ................................................................................................................... 19 a. Données anatomiques .................................................................................................. 19 b. Influence hormonale ovarienne .................................................................................... 20 Reconnaissance maternelle de la gestation ........................................................................ 20 a. Rappel : le corps jaune cyclique ................................................................................... 20 b. Signaux embryonnaires et maintien du corps jaune........................................................ 21 La mortalité embryonnaire et fonctionnement du corps jaune ............................................. 23 Besoins évolutifs............................................................................................................. 23 III. La mortalité embryonnaire : définition, incidence et facteurs impliqués ........................... 24 1. Définition ....................................................................................................................... 24 2. Quantification de la mortalité embryonnaire ..................................................................... 24 3. Incidence et importance ................................................................................................... 25 a. Absence de fécondation ............................................................................................... 26 b. Mortalité embryonnaire précoce ................................................................................... 26 c. Mortalité embryonnaire tardive .................................................................................... 27 4. Moment d’apparition....................................................................................................... 28 5. Dégradation de la situation .............................................................................................. 29 6. Facteurs de variation ....................................................................................................... 29 a. Facteurs génétiques ..................................................................................................... 29 b. Facteurs maternels ...................................................................................................... 30 c. Facteurs environnementaux ......................................................................................... 30 IV. Relation entre la progestérone et la fertilité ...................................................................... 32 1. Effet retardé du niveau de progestérone du cycle précédent sur celui du cycle suivant ......... 34 2. Sécrétion de progestérone et mortalité embryonnaire ......................................................... 34 a. Entre l’insémination et J6 ............................................................................................ 34 b. Entre J4 et J9 : effets lutéolytique et embryotoxique d’une sécrétion de prostaglandine prématurée............................................................................................... 35 c. Entre J4 et J9 : progestérone et développement embryonnaire ........................................ 35 d. Entre J14 et J17 .......................................................................................................... 38 e. Entre J28 et J42 .......................................................................................................... 38 3. Sécrétion de progestérone et follicule ............................................................................... 38 4. Stratégies de maintien de l’embryon ................................................................................. 39 PARTIE B : EFFETS DE L’ALIMENTATION SUR LA MORTALITE EMBRYONNAIRE .................................................................. 41 I. 1. 2. 3. 4. Niveau alimentaire et fréquences des repas ....................................................................... 43 Le niveau alimentaire ...................................................................................................... 43 Fréquences des repas ....................................................................................................... 45 Mécanisme associé ......................................................................................................... 46 Application pratique ........................................................................................................ 47 II. Nutrition énergétique ........................................................................................................ 47 1. Energie et résultats de reproduction .................................................................................. 48 2. Influence de la perte de poids corporel ............................................................................. 48 a. La note d’état corporel comme évaluation du statut énergétique ..................................... 48 b. Etat corporel et mortalité embryonnaire ........................................................................ 49 3. Relation énergie-concentration en progestérone circulante ................................................. 50 4. Une moindre sensibilité du corps jaune à la LH ................................................................. 52 5. Influence de l’énergie sur la qualité des ovocytes et des embryons ..................................... 52 6. AGNE et ovocytes .......................................................................................................... 54 7. L’énergie et l’IGF-1 ........................................................................................................ 56 8. Maîtrise de l’engraissement pendant le tarissement ........................................................... 57 9. Stratégie : accroître la densité énergétique de la ration ....................................................... 59 III. Nutritions protéique et azotée ........................................................................................... 60 1. Digestion des protéines ................................................................................................... 60 2. Les besoins en protéines en début de lactation................................................................... 62 3. Situations susceptibles d’induire des excès ....................................................................... 62 4. Nutrition azotée et performances de reproduction .............................................................. 63 a. La teneur en protéines ................................................................................................. 63 b. Les fractions dégradable et non dégradable ................................................................... 66 5. La nutrition azotée et les concentrations en urée ................................................................ 68 6. Le dosage de l’urée comme aide au diagnostic .................................................................. 69 7. Concentration en urée et performances de reproduction ..................................................... 70 8. Mécanismes par lesquels l’excès protéique pourrait affecter la fertilité ............................... 71 a. L’interaction énergie/alimentation protéique ................................................................. 72 b. Effets spécifiques d'un excès protéique ......................................................................... 72 c. Le niveau de progestérone ........................................................................................... 73 d. Altération de l’environnement utérin ............................................................................ 74 2 9. Quand l’effet se manifeste-t-il ? ....................................................................................... 81 10. Synthèse ......................................................................................................................... 82 IV. Nutrition lipidique et apport en acides gras ...................................................................... 82 1. Nomenclature des acides gras .......................................................................................... 83 2. Digestion des lipides ....................................................................................................... 84 3. Matière première, teneur en lipides et composition en acides gras ...................................... 84 4. Alimentation lipidique et performances de reproduction .................................................... 86 5. Alimentation lipidique et embryon ................................................................................... 86 6. L’incorporation de MG améliore-t-elle la balance énergétique ? ......................................... 87 a. Effet d'une supplémentation en lipides sur le niveau d'ingestion ..................................... 88 b. Effet d'une supplémentation en lipides sur le niveau de production laitière ...................... 89 7. Conséquences sur la synthèse de progestérone .................................................................. 90 a. Augmentation de la cholestérolémie et de la proportion de lipides dans le CJ .................. 91 b. Une diminution de la clairance ..................................................................................... 92 c. Une plus faible sécrétion d’œstradiol ............................................................................ 92 d. Effet sur la taille des follicules ..................................................................................... 92 e. Effet de la nature des acides gras .................................................................................. 93 8. Conséquences sur la synthèse de prostaglandines .............................................................. 94 a. Rappel : voie de synthèse des prostaglandines ............................................................... 94 b. Effets des acides gras sur la production de prostaglandines ............................................ 96 c. Réduction de la disponibilité en acide arachidonique ..................................................... 98 d. Compétition des acides gras n-3 pour la ∆-6-désaturase ................................................. 98 e. Modification du profil d’acides gras dans les membranes plasmiques ............................. 98 Compétition des AGPI pour la cyclooxygénase ........................................................... 100 f. g. Inhibition de la synthèse et de l’activité de la cyclooxygénase ...................................... 100 9. AGPI et facteurs de transcription PPAR ......................................................................... 102 10. Acides gras, ovocyte et embryon .................................................................................... 102 11. Acides gras et paramètres métaboliques .......................................................................... 104 12. Perspectives.................................................................................................................. 105 13. Quand apporter le supplément de matières grasses ? ........................................................ 106 14. Synthèse et problèmes liés à un apport de matières grasses .............................................. 106 V. Nutrition en vitamines ..................................................................................................... 107 La vitamine A et les caroténoïdes ................................................................................... 108 a. Vitamine A et reproduction ....................................................................................... 108 b. Le rôle spécifique du β-carotène sur la fertilité ............................................................ 109 2. Le rôle de la vitamine E et du sélénium .......................................................................... 112 1. VI. Bilan................................................................................................................................ 113 CONCLUSION ................................................................................................................ 115 BIBLIOGRAPHIE.......................................................................................................... 119 3 LISTE DES FIGURES Figure 1 : Production laitière ou RHA (kg par lactation), intervalle entre deux vêlages successifs (CI), nombre d’inséminations par conception (SPC) pour 143 troupeaux laitiers, contrôlés en continu dans le Raleigh DHIA de 1970 à 1999. Source : Lucy (2001). Figure 2 : Représentation schématique des besoins en facteurs de croissance et en gonadotropines, à différents stades de développement du follicule ovarien chez la vache. Source : Webb et al. (2004). Figure 3 : Embryon bovin en phase d’élongation recueilli à 16 jours de gestation. Source : Robinson et al. (2006). Figure 4 : Régulation neuro-endocrinienne de la vache lors de son cycle sexuel. Source : UNCEIA Groupe Fertilité Femelle (2006). Figure 5 : En haut, analyse northern blot de ARNm de PGHS-2 de cellules mises en culture pendant 24 heures avec différentes concentrations de IFN-τ. En bas : moyennes ajustées et écart type de la quantité de ARNm de PGHS-2. Source : Mattos et al. (2003). Figure 6 : A - (a) contenu total utérin en IFN-τ et (b) niveau d’expression en ARNm IFN-τ par le trophoblaste recueilli 14 (n=4), 16 (n=3) et 18 (n=3) jours post-IA (moyenne ± écart-type, ab p<0,05 ; bc p<0,001). Source : Robinson et al. (2006). B - (a) contenu total utérin en IFN-τ et (b) niveau d’expression en ARNm IFN-τ par le trophoblaste selon la taille des embryons recueillis entre 14 et 18 jours post-IA. <5 cm (n=3), 5-10 cm (n=3), >10 cm (n=4) (moyenne ± écart-type, ac p<0,001). Source : Robinson et al. (2006). Figure 7 : Quantification des échecs de reproduction (sur 100 IA) et leurs évolutions entre 1980 et 2006. Source : Diskin et al. (2006). Figure 8 : Concentrations moyennes (± écart type) plasmatiques de PGFM, de 1h avant à 3h après stimulation à l’ocytocine, au 15ème jour du cycle suivant pour des vaches exposées à de hautes (, n=5) ou basses (, n=5) concentrations de progestérone dans le cycle précédent. Source : Shaham-Albalancy et al. (2001). Figure 9 : Relation entre le niveau de progestérone dans le lait au jour 5 après insémination et le taux de gestation (n=1228 vaches laitières Holstein). Source : Starbuck et al. (2001). Figure 10 : A - Quantité d’IFN-τ synthétisée après 24h de culture des embryons (J18) recueillis sur des génisses ayant reçu une injection d’hCG (1500 IU, n=9) ou un placebo (n=11) 5 jours après insémination. Source : Kerbler et al. (1997). B - Corrélation entre la concentration maternelle en progestérone et la synthèse d’IFN-τ par des embryons (J18, n=20) après 24h de culture in vitro. Source : Kerbler et al. (1997). Figure 11 : Longueur moyenne du trophoblaste (barre vide) des embryons recueillis à J16 et concentration moyenne en IFN-τ (20 mL fluide utérin, barre pleine) de vaches non traitées (control, n=4), de vaches supplémentées en progestérone de J5 à J9 (early, n=4) ou de J12 à 116 (late, n=3). Ab, p< 0,05 ; ac, p< 0,01. Source : Mann et al. (2006). 4 Figure 12 : Influence du niveau alimentaire sur les concentrations sériques de progestérone chez des vaches en lactation. Source : Sangsritavong et al. (2002). Figure 13 : Influence du niveau alimentaire sur les concentrations sériques de progestérone chez des vaches. Source : Vasconselos et al. (2003). Figure 14 : Influence du nombre de repas quotidiens sur les concentrations plasmatiques de progestérone chez des vaches gestantes. a, b : différence significative entre les concentrations de progestérone (p<0,05). Les flèches indiquent les heures d’administration des repas pour le groupe 3. Source : Vasconselos et al. (2003). Figure 15 : Corrélation entre les moyennes ajustées du LBF et du MCR pour P4, pour des vaches non lactantes (□) et des vaches lactantes (o). r = 0,92. Source : Sangsritavong et al. (2002). Figure 16 : Concentrations en AGNE dans le plasma et dans le liquide folliculaire du follicule dominant chez des génisses alimentées avec le régime témoin (n=9) et des génisses carencées (n=7). Source : Jorritsma et al. (2003). Figure 17 : Concentrations moyennes en AGNE (± écart-type) dans le sérum (trait continu) et le fluide folliculaire (trait discontinu) après vêlage. * les concentrations sanguines et folliculaires en AGNE sont significativement différentes (p<0,05). Source : Leroy et al. (2005). Figure 18 : Progression de la méiose des ovocytes après 24 h de maturation dans un milieu contenant (barre vide) ou pas des AGNE (barre pleine). GV : vésicule germinative, MI : métaphase I, AT : anaphase/télophase, MII : métaphase II. Source : Jorritsma et al. (2004). Figure 19 : Évolution idéale de la note d'état corporel des vaches laitières au cours de la lactation pour minimiser les effets de l'énergie sur la fertilité. Source : Chagas et al. (2007). Figure 20 : Digestion des protéines et flux d’azote chez le ruminant. Source : Sauvant (2005). Figure 21 : Concentration de PUN moyenne pour des vaches Jersiaises (symbole ouvert) et Holstein (symbole plein), nourries avec des rations avec des teneurs en protéines de 13 % (, ) ou 20 % (□, ■). Source : Barton et al. (1996). Figure 22 : Rapport énergie/protéines de la ration. Adapté de Kirchgessner et al. (1986). Figure 23 : Relation entre PUN et le taux de gestation en IA1 pour 160 vaches laitières. Le nombre de vaches qui deviennent gestantes est indiqué pour chaque catégorie. Le taux de gestation est réduit lorsque le PUN>19 mg/dL (p<0,02). Source : Butler et al. (1996). Figure 24 : Relation entre MUN et le taux de gestation en IA1 pour 155 vaches laitières. Le nombre de vaches qui deviennent gestantes est indiqué pour chaque catégorie. Le taux de gestation est réduit lorsque le MUN>19 mg/dL (p<0,02). Source : Butler et al. (1996). Figure 25 : Corrélation entre le PUN et le niveau d’urée présent dans le liquide folliculaire (r²=0,86). Source : Hammon et al. (2005). Figure 26 : Corrélation entre le PUN et le niveau d’urée présent dans le fluide utérin (r²=0,17). Source : Hammon et al. (2005). 5 Figure 27 : A - Développement des embryons issus d’ovocytes traités avec des concentrations en urée différentes durant la maturation en milieu in vitro. Les résultats sont exprimés en moyenne ajustée ± écart type. Les différences significatives par rapport à 0 mM sont indiquées par un astérisque. Source : Ocon et Hansen (2003). B - Développement des embryons traités avec des concentrations en urée différentes durant le développement embryonnaire, en milieu in vitro. Source : Ocon et Hansen (2003). Figure 28 : Concentration de plusieurs ions dans les sécrétions utérines (moyenne ± écart type) à l’œstrus, J5, J15 et l’œstrus du deuxième cycle, de vaches nourries avec 12 (Low) ou 23 % (High) CP. A. Magnésium. B. Phosphore. C. Potassium. Source : Jordan et al. (1983). Figure 29 : pH utérin avant repas jusqu’à 24h après repas, à l’œstrus et 7 jours plus tard, chez des génisses recevant une ingestion normale ou forte (high) de protéines. Chaque point représente la moyenne (± écart type) de 8 mesures. Source : Elrod et Butler (1993). Figure 30 : Concentration en PUN et pH utérin (moyennes ajustées et écart type) pendant l’injection intraveineuse A - d’une solution saline à 4 vaches laitières. B - d’urée à 4 vaches laitières. Source : Rhoads et al. (2004). Figure 31 : PUN et pH utérin durant l’injection intraveineuse d’une solution saline (0 à 24h) puis d’urée (24 à 48h). Source : Rhoads et al. (2004). Figure 32 : Effet de DMD (pH) pendant le développement embryonnaire. Les résultats sont exprimés en moyenne ajustée ± écart type. Les différences significatives sont indiquées par les symboles *(p<0,05), **(p<0,01). Source : Ocon et Hansen (2003). Figure 33 : Désaturation et élongation des AG des familles n-6 et n-3. Source : Mattos et al. (2000). Figure 34 : Énergie nette quotidienne moyenne ingérée (Mcal/jour) de 1 à 6 semaines postpartum, pour des vaches alimentées à partir d’une ration contenant () ou non () 2,6 % de lipides protégés. Source : Beam et Butler (1998). Figure 35 : Niveau d’ingestion quotidien moyen (kg/jour) de 1 à 6 semaines postpartum, pour des vaches alimentées à partir d’une ration contenant () ou non () 2,6 % de lipides protégés. Source : Beam et Butler (1998). Figure 36 : Effets de régimes contenant de la farine de poisson (FM) à différents %, ou de l’huile de poisson sous forme de savons sur la production laitière, l’ingestion de matières sèches (DMI) et la balance énergétique. Source : Heravi Moussavi et al. (2007a). Figure 37 : Concentrations moyennes de cholestérol de vaches (n=12) recevant le régime supplémenté ou un régime témoin. Source : Hightshœ et al. (1991). Figure 38 : Concentration plasmatique moyenne de cholestérol (mg/dL) pendant les 100 premiers jours de lactation, chez des vaches alimentées avec une ration contenant 0 ou 5 % de MG. Source : Caroll et al. (1990). 6 Figure 39 : A - Concentration sérique de cholestérol, HDL et LDL (moyenne ajustée ± écart type) pour des vaches consommant un régime témoin ou supplémenté en MG (a, b, différent car p<0,001 ; c, d tend à être différent p=0,08). Source : Hawkins et al. (1995). B - CPROG dans le sérum avant ovariectomie et le temps requis pour la disparition de la moitié de P4 après ovariectomie (moyenne ajustée ± écart type), pour des vaches consommant un régime témoin ou supplémenté en MG (* différence : p=0,02). Source : Hawkins et al. (1995). Figure 40 : Origine des prostaglandines des séries 1, 2 et 3 depuis les AGPI alimentaires. Source : Wathes et al. (2007). Figure 41 : Voie de biosynthèse de PGF 2α au niveau de l’endomètre des ruminants. Source : Goff (2004). Figure 42 : Concentrations de PGF 2α dans le milieu de culture (moyennes ajustées ± écart type). Les cellules sont mises en culture avec aucun AG (control), ou avec 100 µM d’AA, OA (acide oléique), LA (acide linoléique), LNA (acide linolénique), DHA ou EPA pendant 24h. Les différences entre les AG et le témoin : a p<0,1 ; *p<0,05 ; **p<0,01. Source : Mattos et al. (2003). Figure 43 : Effet de l’augmentation du ratio n-6/n-3 sur la production de prostaglandines. Les lettres différentes au dessus des barres indiquent des différences significatives entre les traitements (p<0,05). LA : acide linoléique, EPA : acide eicosapentanoique. Source : CaldariTorres et al. (2006). Figure 44 : Concentration de PGF 2α en réponse à un apport croissant (0, 20, 40, 60, 100 µM) des acides gras EPA, DHA ou l’acide linolénique. Les cellules sont mises en culture pendant 24h. Source : Mattos et al. (2003). Figure 45 : Concentrations en PGF 2α dans le milieu de culture (moyennes ajustées ± écart type). Les cellules sont mises en culture pendant 24h avec 0, 25 ou 100 µM d’AA et d’EPA. Source : Mattos et al. (2003). Figure 46 : Effets de l’augmentation du ratio n-6/ n-3 sur la production de prostaglandin endoperoxide synthase-2 (PGHS-2). Des lettres différentes au dessus des barres de l'histogramme indiquent que les différences sont significatives (p<0,05). LA = acide linoléique ; EPA = acide eicosapentaenoique. Source : Caldari-Torres et al. (2006). Figure 47 : Effets de l’AL et de 2 isomères conjugués de l’AL. A - Effets sur l’expression du gène codant pour la PGHS-2 par des cellules endothéliales bovines. L’expression est différente quel que soit l’acide gras mis en culture (p<0,01). B - Effets sur la quantité de protéine PGHS-2 produite par des cellules endothéliales bovines. Les différences ne sont pas significatives. Source : Rodriguez-Sallaberry et al. (2006). Figure 48 : Concentrations en PGF 2α dans le milieu de culture (moyennes ajustées ± écart type). Les cellules sont mises en culture pendant 24h avec 0, 3 ou 20 µM d’EPA avec 0, 50 ou 100 pg/mL d’IFN-τ. Source : Mattos et al. (2003). 7 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Fréquence de mortalité embryonnaire précoce chez les vaches laitières. Source : Ledoux (communicaion personnelle). Tableau 2 : Taux de fécondation, de survie embryonnaire à plusieurs jours post-insémination chez des génisses. Source : Diskin et Sreenan (1980). Tableau 3 : Taux de fécondation, de survie embryonnaire à plusieurs jours post-insémination chez des génisses. Source : Diskin et Sreenan (1980). Tableau 4 : Caractéristiques des fluides utérins de vaches ayant un embryon normal ou anormal. Source : Wiebold (1986). Tableau 5 : Synthèse des effets de la concentration de progestérone sur les performances de reproduction. Tableau 6 : Association entre le maintien de la gestation et les concentrations de progestérone à deux périodes de gestation. Source : Starbuck et al. (2004). Tableau 7 : Effets de l’ingestion sur les concentrations de progestérone chez des vaches en lactation (moyennes ajustées). Source : Sangsritavong et al. (2002). Tableau 8 : Concentration de progestérone de vaches ayant reçu ou non la ration ad libitum (moyennes ajustées). Source : Vasconselos et al. (2003). Tableau 9 : Effet de l’énergie sur les taux de gestation de vaches allaitantes et de génisses. Source : Randel (1990). Tableau 10 : Effet de l’énergie sur la concentration de progestérone. Tableau 11 : Effet de la teneur en protéines de la ration offerte postpartum à des vaches allaitantes sur le taux de gestation. Source : Randel (1990). Tableau 12 : Effets comparatifs des niveaux protéiques (CP en %) sur la fertilité. Les résultats sont exprimés par rapport à la valeur de référence 1. Sources : Ferguson et Chalupa (1989), Laven et Drew (1999), Randel (1990). Tableau 13 : Effets comparatifs des niveaux protéiques (CP en %) sur la fertilité. Les résultats sont exprimés par rapport à la valeur de référence 1. Sources : Ferguson et Chalupa (1989), Laven et Drew (1999), Randel (1990). Tableau 14 : Effet d’un excès de CP sur la concentration de progestérone dans le plasma pendant le cycle œstral de vaches en lactation ou non. Tableau 15 : Effets du traitement et du jour du cycle œstral sur la composition biochimique du fluide de l’oviducte. Source : Kenny et al. (2002). Tableau 16 : Composition en acides gras majeurs de plusieurs sources de lipides. Source : Staples et al. (2007). Tableau 17 : Effets de l’apport de MG sur la reproduction. Source : Staples et al. (1998). 8 Tableau 18 : Effet de la nature des AG sur le développement embryonnaire, via le dénombrement des blastomères. SAT : régime riche en AGS, FLX : régime à base de graine de lin, SUN : régime à base de graine de tournesol. Source : Thangavelu et al. (2007). Tableau 19 : Synthèse des effets d’une supplémentation sur les caractéristiques du CJ et les concentrations en progestérone. Tableau 20 : Diamètre du follicule dominant de vaches laitières recevant ou non un supplément en matières grasses. Source : Staples et al. (2007). Tableau 21 : Effets du régime sur la qualité et le développement des ovocytes et des embryons. Source : Fouladi-Nashta et al. (2007). Tableau 22 : Synthèse des effets d’une supplémentation sur les concentrations en AGNE. Tableau 23 : Concentration de β-carotène dans les divers tissus chez la génisse. Source : Bertin (1996). Tableau 24 : Bilan des essais relatifs au rôle spécifique du β-carotène dans la reproduction des bovins. Source : Bertin (1996). 9 LISTE DES ABREVIATIONS AA : acide arachidonique AG : acide gras AGMI : acides gras monoinsaturés AGNE : acides gras non estérifiés AGPI : acides gras polyinsaturés AGS : acides gras saturés AL : acide linoléique ALA : acide α-linolénique BE : balance énergétique BEN : balance énergétique négative CJ : corps jaune CP : crude protein CPROG : concentration de progestérone DHA : acide docosahexaénoique EC : état corporel EPA : acide eicosapentaénoique FSH : follicle stimulating hormone hCG : human chorionic gonadotropin IA : insémination artificielle IA1 : première insémination artificielle après vêlage IAF : insémination artificielle fécondante IFN-τ : interféron tau ou trophoblastine IGF-1 : insulin-like growth hormone LH : luteinizing hormone ME : mortalité embryonnaire MEP : mortalité embryonnaire précoce MET : mortalité embryonnaire tardive MG : matières grasses MUN : milk urea nitrogen NEC : note d’état corporel PDR : protéines dégradables dans le rumen PIR : protéines non dégradables dans le rumen PUN : plasma urea nitrogen RB : Repeat Breeding SUN : serum urea nitrogen TB : taux butyreux TP : taux protéique VLHP : vache laitière haute productrice 10 INTRODUCTION Dans le contexte économique actuel, les élevages laitiers sont à la recherche d’une plus grande productivité et d’une réduction des coûts de production. Cette nécessité s’est traduite par une diminution du nombre de vaches laitières et d’une hausse importante du niveau de production par vache. Or la production laitière dépend de la capacité de la vache à devenir gestante, le cycle de lactation étant initié et renouvelé par la gestation (Lucy, 2001). La modernisation de l’élevage, laitier en particulier, et l’évolution des pratiques ont fait émerger de nouveaux problèmes. Le plus important d’entre eux concerne le déclin de la fertilité 1 et de l’efficacité de la reproduction dans les élevages modernes (Lucy, 2001). La problématique de l’infertilité est devenue de plus en plus préoccupante depuis de nombreuses années (Butler, 2001). Butler (1998) observe que le taux de réussite en première insémination (ou IA1), de l’ordre de 65 % en 1951, a atteint 40 % en 1996 (New York Dairy cattle). Le taux de non retour en chaleur ou le TRIA1 diminue de près de 1% par an en Europe depuis les années 80. Elle ne s’observe pas uniquement aux Etats-Unis mais émerge à l’échelle mondiale, aussi bien dans les systèmes intensifs reposant sur le maïs que ceux moins intensifs basés sur le pâturage Figure 1 : Production laitière ou RHA (kg par (Diskin et al., 2006). L’altération de la fertilité lactation), intervalle entre deux vêlages successifs dégrade la fécondité des troupeaux bovins (CI), nombre d’inséminations par conception (SPC) l’intervalle entre deux vêlages pour 143 troupeaux laitiers, contrôlés en continu laitiers : dans le Raleigh DHIA de 1970 à 1999. Source : consécutifs chez la vache laitière s’allonge Lucy (2001). depuis quarante ans. Les causes de cette diminution sont multiples et font intervenir un ensemble de facteurs, aussi bien physiologiques qu’environnementaux. Une première cause évoquée est l’augmentation de la production laitière (et le déficit énergétique qui s’ensuit), qui n’a cessé d’augmenter grâce aux progrès génétique et technique. La production laitière aux Etats-Unis a atteint 9000 kg/an en 1999 (pour 143 troupeaux contrôlés continuellement par le Raleigh DHIA), alors qu’elle était environ de 8000 kg/an dix ans plus tôt (Lucy, 2001). Dans le même temps, les indices d’efficacité de la reproduction se sont détériorés (figure 1, Lucy, 2001). Cependant, même si une relation antagoniste existe entre une plus grande production laitière et la reproduction, l’effet de l’augmentation de cette production sur la reproduction est relativement mineure, comparés aux effets d’autres facteurs. En effet, une étude montre que les facteurs les plus importants et influençant le plus la reproduction sont les facteurs liés à la saison et aux pathologies postpartum (Gröhn et Rajala-Schultz, 2000, rapportés par Lucy, 2001). Même si les pathologies postpartum entraînent des effets délétères sur les performances de reproduction, il n’en demeure pas moins que l’ensemble des vaches ne présente pas ces troubles, à la différence des facteurs non pathologiques (production laitière élevée, alimentation) qui s’exercent eux sur l’ensemble du troupeau (Lucy, 2001). L’augmentation de la taille des troupeaux peut engendrer des problèmes dans la gestion de la reproduction, notamment au niveau de l’observation des chaleurs, étape essentielle à la réussite de l’insémination. D’autre part, dans les élevages pratiquant une sélection 1 La fertilité est l’aptitude à la reproduction d’un individu, ou plus exactement d’un couple. Pour la femelle, elle désigne sa capacité à produire des ovocytes fécondables. La fécondité désigne la capacité d’une femelle à mener à terme sa gestation. Le taux de fertilité est égal au nombre de femelles mettant bas divisé par le nombre de femelles mises à la reproduction. 11 génétique sévère, le taux de réforme est élevé et s’est traduit par une part plus importante des animaux en première lactation. Or, il a été montré que ces animaux, en raison d’une balance énergétique plus négative que les femelles multipares, présentent des retards au niveau de l’ovulation (Lucy et al., 1992), se traduisant par une diminution de la fertilité. Cette prise en compte de plus en plus importante de l’infertilité s’est faite dans un contexte de rentabilité des élevages laitiers et allaitants, car ce problème n’est pas sans conséquences économiques pour l’éleveur. En production laitière, l’optimum économique est fixé à la naissance d’un veau par vache et par an. Si l’on respecte un repos physiologique d’une cinquantaine de jour pour l’involution utérine notamment, il reste 40 jours environ, soit deux cycles sexuels pour réussir l’insémination de la vache. Passé ce délai, l’entretien d’une vache non gestante constitue une perte économique. L’infertilité se traduit par un allongement de l’intervalle vêlage-vêlage produisant moins de nouveau-nés par an, d’une perte en lait (pour les élevages laitiers), d’un progrès génétique ralenti et d’une perte financière significative de revenu pour l’éleveur laitier (Dunne et al., 2000) et pour l’éleveur de vaches allaitantes (Diskin et Sreenan, 1980). L’infertilité engendre des coûts supplémentaires liés à l’achat des doses d’inséminations et aux frais vétérinaires plus importants. L’infertilité se traduit par l’absence d’ovulation chez certaines vaches, par l’absence d’expression de comportement des chaleurs. Elle peut également se traduire par des échecs de fécondation entre les deux gamètes mâle et femelle, dont l’incidence est de l’ordre de 10 % chez la vache. Les pertes embryonnaires, avec une importance estimée entre 25 % et 40 %, représentent le facteur limitant principal du taux de mise bas. De 5 à 10 % des fœtus peuvent ensuite être perdus lors d’avortements tardifs. L’amélioration de la fertilité dans les élevages passent donc par un rétablissement de la fonction ovarienne, une bonne détection des chaleurs, l’établissement de la gestation et son maintien (Santos et al., 2009). Les cas de mortalité embryonnaire (ME) représentant le poste le plus important d’infertilité, aussi bien dans les élevages laitiers qu’allaitants, il semblait donc intéressant de l’étudier, surtout que la sélection devrait s’intensifier et devrait exercer une pression supplémentaire sur la fonction reproductrice. Les moyens qui permettront de contrôler le développement optimal de l’embryon et sa survie s’appuient sur la bonne compréhension d’éléments physiologiques, abordés dans une première partie. Après avoir défini les termes de mortalité embryonnaire précoce et tardive, les méthodes qui permettent de la mesurer seront évoquées, afin d’évaluer son incidence et le moment où elle intervient, ainsi que les facteurs susceptibles de la provoquer. Après avoir rappelé le rôle tout à fait particulier de la progestérone dans la réussite de la gestation, la seconde partie traitera des stratégies nutritionnelles et alimentaires susceptibles de limiter les cas de ME. 12 PARTIE A : PHYSIOLOGIE EMBRYO-MATERNELLE ET MORTALITE EMBRYONNAIRE 13 14 I. Cycle sexuel chez la vache 1. Cycle œstral et folliculogenèse La connaissance de la physiologie ovarienne est indispensable pour comprendre les mécanismes de l’infécondité en général, nécessaires pour rechercher les stratégies alimentaires potentielles visant à limiter le risque de ME. Le cycle œstral correspond à la période comprise entre 2 œstrus, de l’ordre de 21 jours chez la vache (Binelli et al., 2001). Il donne lieu à l’expulsion d’un ovocyte bloqué en première phase de méiose, qui sera ensuite fécondé par un spermatozoïde si la vache a été saillie ou inséminée. Chez la vache, la production de gamète est le résultat de 2 phénomènes : l’ovogenèse et la folliculogenèse (Picard-Hagen et al., 2008). L’ovogenèse correspond à la formation, à la croissance et à la maturation du gamète femelle. Une réserve définitive de follicules primordiaux, localisés dans l’ovaire, se met en place au cours de la vie fœtale. Seuls les ovocytes I (bloqués en prophase de première division de méiose) persistent pour former des follicules primordiaux. La folliculogenèse désigne l’ensemble du développement du follicule, depuis le moment où il quitte la réserve de follicules primordiaux, jusqu’à l’ovulation ou l’atrésie plus fréquemment (99,9 % des follicules). La croissance folliculaire dure 5 mois chez la vache et se déroule en deux étapes (figure 1). La première consiste en une phase de croissance indépendante de l’action des gonadotropines, alors que la seconde est une phase gonadodépendante durant laquelle la croissance folliculaire est sous influence hormonale : l’hormone folliculostimulante (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH). Le développement des follicules passe alors d’une croissance continue à une croissance de type cyclique. a. Phase non gonado-dépendante La croissance folliculaire débute par l’activation d’un groupe de follicules primordiaux (figure 2). Les follicules de petites tailles (inférieur à 3-4 mm de diamètre) sont capables de se développer en absence d’hormone gonadotropes (Picard-Hagen et al., 2008). Le développement et l’atrésie des plus petits follicules en croissance sont peu dépendants des variations des hormones considérées au cours d’un cycle, en raison de leurs faibles besoins en ces hormones. La croissance folliculaire pendant cette période se traduit par l’augmentation de la taille de l’ovocyte, par la prolifération des cellules de la thèque et de la granulosa. Figure 2 : Représentation schématique des besoins en facteurs de croissance et en gonadotropines, à différents stades de développement du follicule ovarien chez la vache. Source : Webb et al. (2004). 15 b. Phase gonado-dépendante La phase de croissance terminale, qui conduit le follicule antral à l’ovulation, est plus courte que la précédente (2 cycles œstraux, figure 1). La croissance folliculaire est accélérée, c’est la raison pour laquelle on parle de vagues folliculaires. Cette seconde phase se caractérise par la différenciation des cellules de la thèque et de la granulosa, responsables de la synthèse des stéroïdes. Cette phase finale est également essentielle pour que l’ovocyte acquière sa capacité à être fécondé (phase de maturation). La croissance folliculaire est le résultat d’interactions complexes entre les hormones gonadotropes d’origine hypophysaire, des substances polypeptidiques présentes dans le follicule et des facteurs de croissance (Huyart, 2004). Parmi les facteurs de croissance figure l’IGF-1. C’est un puissant inducteur de la prolifération des cellules de la granulosa chez le bovin. Il est par conséquent un puissant stimulant de la croissance folliculaire. Il agit en amplifiant l’effet des gonadotropines sur le follicule (Monget et al., 2003). c. Vague folliculaire Les derniers stades de la croissance folliculaire sont caractérisés par l’émergence coordonnée de groupes de plusieurs follicules antraux. Ce phénomène est appelé vague folliculaire. La majorité des vaches présente de 2 à 3 vagues folliculaires durant un cycle (Binelli et al., 2001), le follicule ovulatoire provenant de la dernière. La durée d’une vague est comprise entre 7 et 10 jours selon le nombre de vagues dans un cycle (Picard-Hagen et al., 2008). L’émergence des vagues est observée à J1 et J9-10 du cycle pour les cycles à 2 vagues, alors qu’elle se fait à J1, J8-9 et J16 pour les cycles à 3 vagues (Ennuyer, 2000, cité par Huyart, 2004). Les différences du nombre de vagues par cycle expliquent la variation de la longueur du cycle, de 18 à 21 jours pour des cycles à 2 vagues, de 21 à 25 jours pour des cycles à 3 vagues (Picard-Hagen et al., 2008). Le phénomène de vagues folliculaires, depuis la croissance folliculaire d’un groupe de follicules sous l’influence des gonadotropines jusqu’à l’émergence d’un seul follicule ovulatoire, est communément décrit par les concepts de recrutement, sélection et dominance (figure 1). Recrutement Le recrutement correspond à l’entrée en croissance terminale de plusieurs follicules de diamètre supérieur ou égal à 4 mm chez la vache (Drion et al., 1996). Le follicule est alors gonado-dépendant, c'est-à-dire qu’il a dépassé le stade auquel la plupart des follicules deviennent atrétiques. Cette étape ne concerne qu’un groupe d’une quinzaine de follicules. Les follicules sont recrutés selon un mécanisme aléatoire parmi ceux ayant atteint la bonne taille à ce moment. Tous les follicules recrutés sont aptes à ovuler (Driancourt et al., 1991). Le recrutement est provoqué par une montée transitoire du niveau de FSH de 1 à 2 jours (Ponsart, 2003). La FSH se fixe sur les récepteurs des cellules de la granulosa, stimule l’aromatisation des androgènes produits par les cellules thécales en œstrogènes et induit la formation de récepteurs à LH. En synergie avec la FSH, les œstrogènes sécrétés provoquent la croissance des follicules et le développement de leur cavité antrale (Ennuyer, 2000, cité par Huyart, 2004). Sélection La croissance des follicules pendant la phase de recrutement s’accompagne d’une élévation de la production folliculaire d’œstradiol et d’inhibine. L’œstradiol exerce un rétrocontrôle positif, se traduisant par une augmentation de la fréquence des pulses de LH ; alors qu’il exerce également concomitamment un rétrocontrôle négatif sur la production de FSH (Picard-Hagen et al., 2008). 16 La sélection est l’émergence parmi les follicules recrutés du follicule ovulatoire. Elle est le résultat de la diminution de la concentration de FSH due à la croissance du groupe de follicules recrutés, à un niveau inférieur à celui induisant le recrutement. Lorsqu’un follicule a acquis un nombre suffisant de récepteurs à LH pour lui permettre de survivre à de faibles taux de FSH, il sécrète de grandes quantités d’œstrogènes et continue à croître en raison de l’augmentation de sa propre sensibilité à la FSH et à la LH. Il croit également avec la production de facteurs de croissance locaux, en particulier l’IGF-1. 2 à 3 follicules parmi les 15 sont alors sélectionnés. Le follicule dominant sera celui qui acquiert le plus précocement des récepteurs à la LH. Pour les follicules non sélectionnés, la sécrétion insuffisante de FSH ne permet plus leur croissance. Lorsque la concentration de FSH atteint un niveau inférieur à celle ayant provoqué le recrutement, les follicules rentrent en atrésie, à l’exception du ou des follicules sélectionnés. L’atrésie ou involution folliculaire constitue le devenir de la majorité des follicules présents dans l’ovaire des mammifères (Drion et al., 1996). L’administration de FSH exogène s’oppose à ce processus. Un tel traitement est donc utile pour induire la croissance d’une quantité de follicules plus importante, et c’est notamment le cas pour les traitements de superovulation. Dominance La dominance est l’étape ultime dans le processus de croissance folliculaire. Elle est associée à l’amorce de la régression des autres follicules recrutés et au blocage du recrutement de nouveaux follicules (Driancourt et al., 1991). Seul un follicule va acquérir les moyens de se développer dans un milieu pauvre en FSH. Il provoque l’atrésie des autres follicules 2 à 4 jours après le début de la vague folliculaire (Huyart, 2004). A cette période, le follicule est caractérisé par une taille plus importante pouvant atteindre jusqu’à 15 mm avant ovulation. Les récepteurs à la LH sur les cellules de la granulosa se multiplient. La LH assure la maturation du follicule dominant, dont l’avenir dépend de la fréquence des décharges de LH, régulée par la GnRH. Lorsqu’un corps jaune (CJ) est présent, la fréquence d’une décharge de LH toutes les 3 à 4 heures provoque l’atrésie du follicule dominant (et par suite, l’absence d’ovulation et d’œstrus). Une nouvelle vague folliculaire a lieu, également précédée d’une augmentation transitoire de FSH. Lorsque la fréquence est d’un pic par heure, l’ovulation peut avoir lieu. Cette fréquence n’est atteinte que lors de la levée de l’inhibition de la progestérone sur la production de GnRH, à la suite de la lutéolyse. Le devenir du follicule dépend finalement de la présence ou non d’un corps jaune. Atrésie folliculaire L’atrésie folliculaire désigne le processus biologique de dégénérescence subi par une grande majorité des follicules présents dans l’ovaire des mammifères (Drion et al., 1996), les follicules dégénérés disparaissant alors dans le stroma ovarien (Picard-Hagen et al., 2008). 99 % des follicules qui entrent en croissance dégénèrent (Monniaux et al., 1999). L’atrésie est sous le contrôle d’un mécanisme de mort cellulaire programmée, appelé apoptose. Pour les stades antraux, l’atrésie est souvent entraînée lors de la sélection, par une réduction de la FSH, secondaire aux sécrétions d’œstradiol et d’inhibine par le follicule dominant (Huyart, 2004). Seul le follicule de la dernière vague échappe à l’atrésie. d. Ovulation L’ovulation dépend du développement d’un follicule dominant, produisant suffisamment d’œstradiol pour induire un pic de LH (Ferguson, 2005). Le follicule dominant émerge en réponse à une augmentation de la teneur plasmatique en LH, ainsi qu’à une hausse de la fréquence des pulses de LH. L’ovulation correspond à la libération d’un ou plusieurs ovocytes fécondables après rupture du ou des follicules pré-ovulatoires. Elle survient suite à l’émission du second globule 17 polaire. L’expulsion de l’ovocyte est suivie d’une reprise de la méiose. La seconde division n’a lieu que si l’ovocyte est fécondé. En l’absence de fécondation, ce dernier dégénère. e. Mise en place du corps jaune La mise en place progressive d’un corps jaune fonctionnel dans les 5-6 jours qui suivent l’ovulation repose sur d’importants remaniements morphologiques. Cela s’accompagne d’une augmentation importante de la progestéronémie, associée à une augmentation du diamètre du corps jaune. La croissance du corps jaune se poursuit dans les jours suivants : les niveaux de progestérone sont les plus hauts entre le 10 et le 14ème jour. En l’absence de fécondation, environ 16 à 17 jours après l’ovulation, le corps jaune régresse sur le plan morphologique et fonctionnel. La régression fonctionnelle est un phénomène rapide alors que les changements morphologiques sont plus longs. La sécrétion de progestérone est bien corrélée à la taille du corps jaune. Cette dernière est dépendante de la taille du follicule qui a ovulé (Vasconselos et al., 2001, cités par Picard Hagen et al., 2008). Augmenter la taille des follicules pourrait donc permettre d’augmenter la production de progestérone. Le bon déroulement de la croissance folliculaire conditionne la qualité du corps jaune et donc le maintien de la gestation. II. Développement embryonnaire chez la vache Des rappels de physiologie de la reproduction chez la vache sont non seulement nécessaires pour comprendre les mécanismes sous-jacents de la MEP/MET et ses conséquences, mais permettront également de déceler les voies sur lesquelles il sera possible d’agir via la nutrition. Les phénomènes liés au développement embryonnaire pendant la vie libre de l’embryon, au moment de l’implantation et de la reconnaissance maternelle de la gestation, en relation avec le corps jaune (CJ), seront particulièrement abordés. 1. Vie libre de l’embryon a. Aspects anatomiques Si le jour des chaleurs est considéré comme le jour J0, la fécondation s’accomplit au jour J1 à la jonction de l’ampoule et de l’isthme de l’oviducte (Betteridge et Flechon, 1988, cités par Barre, 1992). La pénétration de l’ovocyte par le spermatozoïde se fait environ 2 heures après l’ovulation. Le second globule polaire est expulsé à ce moment là.Une trentaine d’heures après la fécondation, il Figure 3 : Embryon bovin en phase d’élongation recueilli à 16 jours de y a formation des 2 premiers gestation. Source : Robinson et al. (2006). blastomères. Cette étape est considérée comme critique pour le développement ultérieur de l’embryon (Poll, 2007). La mise en route du génome embryonnaire se produit à un moment précis du développement embryonnaire, au stade 8-16 cellules chez la vache. Tout retard à la mise en route de la lecture du génome embryonnaire met l’embryon en danger. Ces divisions aboutissent à la formation d’une morula (32-64 cellules) au jour J5 soit 3 à 4 18 jours après la fécondation. A ce stade, la plupart des embryons sont passés de l’oviducte dans l’utérus car l’embryon y pénètre trois jours après fécondation (Betteridge et Flechon, 1988, cités par Barre, 1992). Le phénomène de compaction qui a lieu 5 à 6 jours après la fécondation (au stade 64 cellules) aboutit à la formation d’une cavité blastocœlique et à l’expansion du blastocyste. Les divisions suivantes sont asynchrones et aboutissent à la formation de deux populations cellulaires : l’une de petite taille appelée bouton embryonnaire et l’autre de grande taille appelée trophoblaste. Le blastocyste est constitué d’une centaine de cellules entourée par la zone pellucide. L’expansion du blastocyste suite à l’accumulation de liquide provoque une augmentation de 60 % de son diamètre. La pellucide s’amincit jusqu’à provoquer sa rupture. L’éclosion se produit alors, elle intervient vers le 9ème-10ème jour après fécondation. L’éclosion constitue une étape cruciale du développement. La phase d’élongation commence vers le 12ème-14ème jour (figure 3). b. Effet de l’environnement utérin sur le développement de l’embryon avant son implantation Les rôles de l’oviducte sont de servir de lieu de fécondation et de conduire l’embryon jusqu’à l’utérus. A ce niveau, l’œuf se divise, l’embryon se développe. Chez les ruminants, la durée de vie libre de l’embryon est relativement longue ce qui le rend plus dépendant des sécrétions utérines. A chaque stade du developpement correspond un emplacement, l’embryon baignant dans des sécrétions dont la composition correspond à ses besoins. La synchronisation entre l’embryon et l’utérus est très importante. En effet, un blocage ou un simple retard du développement embryonnaire peuvent entraîner la mort de l’embryon ou sa dégénérescence (Humblot et Dalla-Porta, 1984). De même, un environnement utérin inapproprié compromet la survie embryonnaire : les travaux de Lawson et al., 1983 (cités par Barre, 1992) montrent que la mise en place d’un embryon de 4 jours dans un utérus plus jeune conduit à un ralentissement de sa croissance alors que sa mise en place dans un utérus de 6 ou 7 jours provoque son accélération. Newcomb et Rowson (1975), cités par Barre (1992), montrent que le développement embryonnaire normal n’est possible que s’il y a synchronisme entre le stade du blastocyste et celui de l’utérus. L’environnement, par la modification des conditions qui s’y opère, produit une forte pression de sélection sur les embryons de telle sorte que seuls ceux qui se développent de façon synchrone peuvent survivre. 2. Implantation a. Données anatomiques Les premiers contacts entre l’épithélium caronculaire et l’embryon, qui marquent le début de la phase d’adhésion, s’établissent dès le 20ème jour (King et al., 1980, cités par Barre, 1992). Il s’agit d’une intéraction entre l’utérus et le trophoblaste aboutissant à la formation des structures placentaires. Elle se déroule en plusieurs étapes : orientation et accolement du blastocyste à l’endomètre, apposition et adhésion. Chez les ruminants, l’allongement du blastocyste est crucial : ce dernier occupe la totalité de la cavité utérine au moment de l’implantation. Cet allongement participe à la reconnaissance maternelle de la gestation car il permet de mettre en contact le trophoblaste avec la totalité de l’épithélium utérin. L’ancrage définitif se fait par la mise en place d’un système d’interpénétration des microvillosités utérines et des cellules trophoblastiques. Pour que l’implantation réussisse, le synchronisme entre le stade de développement du blastocyste et celui de l’utérus est indispensable. 19 La formation du placenta commence dans la région de l’embryon et s’étend dans un second temps vers chaque extrémité du blastocyste (King et al., 1980). Chez la vache, la placentation est de type epithélio-choriale. Vers 22 jours, les vésicules optiques se forment ; suivent les bourgeons des membres à partir du 24ème et 25ème jours. La période fœtale débute au 43ème jour. b. Influence hormonale ovarienne Chez la vache, les expériences ont montré que l’implantation peut se faire en présence de progestérone seule mais qu’elle ne peut se faire sans (Humblot, 1981). C’est pour cette raison que le CJ doit être conservé. Ainsi, tous les moyens nutritionnels qui permettraient de garantir un niveau élevé de progestérone au moment de l’implantation, ou qui pourraient inhiber la lutéolyse, devront être utilisés. L’aspect lié à la progestérone sera abordé par la suite dans une partie qui lui est dédiée. 3. Reconnaissance maternelle de la gestation La reconnaissance de la gestation par la vache et la poursuite de la gestation soulèvent un problème majeur d’ordre physiologique qui est le maintien du CJ et la modification de son rôle cyclique en un rôle gestatif. a. Rappel : le corps jaune cyclique Chez la plupart des mammifères, la durée de vie du CJ est brève et sa régression, ou lutéolyse, intervient en permettant un nouveau cycle ovulatoire. C’est par une transformation morphologique et fonctionnelle (lutéinisation) des cellules de la thèque interne et de la granulosa du follicule ovulant que se constitue le CJ, sous l’influence de l’hormone LH. Cette lutéinisation coïncide avec une augmentation très importante de la sécrétion de progestérone 2 . Il y a colonisation de la cavité folliculaire par des vaisseaux sanguins. Les cellules thécales s’hypertrophient, se divisent et envahissent cette cavité. La synthèse d’œstrogènes diminue progressivement tandis que celle de progestérone augmente jusqu’au milieu du cycle sous l’effet de l’augmentation du nombre de récepteurs à la LH (Poll, 2007). Le CJ est constitué de 2 populations cellulaires différentes : des cellules de petite taille issues de la thèque interne et de plus grande taille issues de la granulosa. Ces dernières sont capables de synthétiser de l’ocytocine, de la relaxine et produisent 80 % de la progestérone synthétisée par le corps jaune au cours du cycle. Au cours des 10 à 12 premiers jours du cycle, la progestérone stimule la synthèse de phospholipides et leur stockage endométrial en vue de leur utilisation ultérieure dans la synthèse de PGF 2α . Elle est également responsable de l’inhibition de la synthèse de récepteurs à l’ocytocine par le myomètre. L’utérus devient petit à petit sensible aux œstrogènes, se traduisant par une augmentation du nombre de récepteurs à l’ocytocine. En outre, les œstrogènes favorisent la libération d’acide arachidonique des phospholipides puis sa transformation en prostaglandines de type F en agissant sur la phospholipase et le complexe prostaglandine-synthetase. Le corps jaune secrète de l’ocytocine ce qui va stimuler la production endométriale de PGF 2α . Il existe un rétrocontrôle entre l’ocytocine lutéale et PGF 2α endométriale : une libération de pics de PGF 2α de faible amplitude par l’endomètre entraine la libération d’ocytocine par les grandes cellules lutéales. En retour, l’ocytocine libérée provoque la libération de PGF 2α par l’endomètre. En l’absence de fécondation, il y a lyse du corps jaune sous l’action de la prostaglandine PGF 2α produite par l’endomètre vers J16-J17 (figure 4). 2 La progestérone comme toute hormone stéroïde provient du cholestérol sanguin, libre ou estérifié, présent dans les lipoprotéines LDL ou HDL. LH, après liaison à son récepteur membranaire, provoque l’activation de l’adénylate cyclase et augmente ainsi le niveau d’AMP cyclique, qui stimule en quelques minutes la stéroïdogenèse et la sécrétion de progestérone. 20 Figure 4 : Régulation neuro-endocrinienne de la vache lors de son cycle sexuel. Source : UNCEIA Groupe Fertilité Femelle (2006). b. Signaux embryonnaires et maintien du corps jaune La progestérone étant nécessaire au maintient de la gestation chez les animaux de rente, la prolongation de la durée de vie du CJ par l’embryon est essentielle pour sa survie et l’établissement de la gestation (Northey et French, 1980). La sécrétion de progestérone d’origine lutéale est en effet indispensable pour empêcher les contractions utérines et pour maintenir un environnement utérin complexe essentiel au bon développement de l’embryon. Une ovariectomie réalisée chez la vache durant la première moitié de la gestation induit un avortement, ce qui met en évidence l’importance du CJ (Martal et Charlier, 1985). La transformation du CJ cyclique en CJ gestatif suppose à la fois l’inhibition de la lutéolyse et le maintien de stimuli hormonaux lutéotropes. Chez les ruminants, cette transformation est assurée, d’une part, par une intervention de l’embryon qui bloque l’action lutéolytique de l’utérus, et, d’autre part, par le maintien de l’action lutéotrope d’hormones hypophysaires avec une contribution progressive, et plus ou moins importante, du placenta. Le rôle majeur du conceptus sur le maintien du CJ a tout d’abord été mis en évidence chez les bovins par Northey et French (1980) ainsi que par Dalla-Porta et Humblot (1983, cités par Barre, 1992). Ils ont montré que le conceptus bovin a une action sur le CJ entre le 15ème et le 17ème jour. Le retrait de l’embryon avant le 16ème jour n’influe pas sur le moment du retour en chaleurs, par contre l’administration intra-utérine de broyats d’embryons de plus de 16 jours conduit à un retour en chaleurs décalé (Northey et French, 1980 ; Dalla Porta et Humblot, 1983). Heymann et al. (1984), cités par Barre (1992), ont montré que le CJ pouvait être maintenu uniquement avec des vésicules trophoblastiques, il semble donc que le signal embryonnaire ait pour origine cette structure. Ce signal peut être soit lutéotrope et agir sur l’ovaire soit antilutéolytique et agir sur l’utérus ou l’ovaire. 21 (i) Activité lutéotrope du blastocyste L’activité lutéotrope du blastocyste a été mise en évidence par la découverte d’une gonadotropine chorionique bovine d’origine placentaire par Beckers et al. (1988), cités par Barre (1992), capable de stimuler la sécrétion de progestérone par le CJ. En effet, Humblot (1981) a montré que la concentration de progestérone (CPROG) est plus élevée chez les femelles gestantes que chez les femelles cyclées à partir du 10ème jour. (ii) Activité antilutéolytique Knickerbocker et al. (1986), cités par Barre (1992), ont montré que les protéines d’origine embryonnaire permettent le maintien du CJ. Gross et al. (1988) indiquent que les protéines du conceptus peuvent réguler la sécrétion des protéines endométriales et la synthèse de PGF 2α par l’endomètre. Le maintien du CJ se produirait donc par une atténuation de la production de PGF 2α (Knickerbocker et al., 1986 ; Gross et al., 1988). Ceci est confirmé par l’action du conceptus (maintien du CJ) prouvée par Dalla porta et Humblot (1983) et par Northey et French (1980), qui se produit vers le 16ème jour (juste avant l’augmentation de la production de PGF 2α , observée en absence d’embryon). Parmi ces protéines, l’une d’entre elles, produite par les cellules externes du trophoblaste, joue un rôle tout à fait particulier : la trophoblastine, ou interféron-tau (IFN-τ). La période de synthèse de la trophoblastine bovine est limitée Figure 5 : En haut, analyse à la phase péri-implantatoire de la gestation, soit entre J15 et northern blot de ARNm de 3 J25. L’interféron bovin diminue la synthèse de PGF 2α au PGHS-2 de cellules mises en niveau de l’utérus au moment de la lutéolyse (Leymarie et culture pendant 24 heures avec Martal, 1991), en inhibant le développement des récepteurs à différentes concentrations de En bas : moyennes l’ocytocine dans la lumière épithéliale (Robinson et al., 1999), IFN-τ. ajustées et écart type de la et en diminuant le niveau d’expression des enzymes quantité d’ARNm de PGHS-2. impliquées dans la synthèse des prostaglandines (inhibition de Source : Mattos et al. (2003). l’expression de la PGHS-2, figure 5, Mattos et al., 2003). Arosh et al. (2004) ont montré que la présence d’IFN-τ augmentait les niveaux d’expression de COX-2 (seulement dans l’endomètre), de PGES et de certains recepteurs des prostaglandines (EP2). L’IFN-τ n’influence pas l’expression de COX-1, des transporteurs des prostaglandines alors qu’il réduit celle de PGFS. Ainsi, l’IFN-τ augmente le ratio PGES/PGFS dans l’endomètre et le myomètre. Ces résultats indiquent que l’IFN-τ oriente le métabolisme des prostaglandines vers la synthèse de PGE 2 au détriment de PGF 2α . Robinson et al. (2006) ont montré que l’augmentation de la teneur totale en IFN-τ dans l’utérus est majeure entre 14 et 18 jours après IA chez la vache (figure 6Aa). En revanche, cette augmentation n’est pas accompagnée de changement significatif du niveau d’expression de cette protéine par le trophectoderme (figure 6Ab). Une fois l’élongation débutée, le niveau d’expression n’est pas modifié. Le niveau d’expression de l’IFN-τ n’est pas le facteur déterminant pour expliquer l’augmentation de la teneur d’IFN-τ dans l’utérus entre 14 et 18 jours après IA. Les mêmes auteurs ont mis en évidence que la sécrétion est très différente selon la taille du conceptus : plus le conceptus est de taille élevée, plus la 3 PGF 2α est issue de la mobilisation depuis le pool membranaire de l’acide arachidonique via l’action des phospholipases PLA2 et PLC. Les prostaglandines sont ensuite obtenues après l’action d’une seconde enzyme, la PGHS (prostaglandin G/H synthase), connu aussi sous le nom de cyclooxygénase (COX). Il existe 2 enzymes PGHS, PGHS-1 (ou COX-1) et PGHS-2 (ou COX-2), dont les structures et les fonctions sont identiques. Les prostaglandines sont obtenues après être passé par un stade intermédiaire instable (PGH2 lorsque le précurseur est l'AA par exemple, Coyne et al., 2008). Le PGH2 formé est converti soit en PGE 2 soit en PGF 2α par PGES ou PGFS respectivement. 22 sécrétion en IFN-τ est forte (figure 6Ba). La quantité d’ARNm de cette protéine n’est pas différente selon la taille de l’embryon recueilli (figure 6Bb). A - (a) contenu total utérin en IFN-τ et (b) niveau d’expression en ARNm IFN-τ par le trophoblaste recueilli 14 (n=4), 16 (n=3) et 18 (n=3) jours postIA (moyenne ± écart-type, ab p<0,05 ; bc p<0,001). Source : Robinson et al. (2006). Figure 6 B - (a) contenu total utérin en IFN-τ et (b) niveau d’expression en ARNm IFN-τ par le trophoblaste selon la taille des embryons recueillis entre 14 et 18 jours post-IA. <5 cm (n=3), 5-10 cm (n=3), >10 cm (n=4) (moyenne ± écart-type, ac p<0,001). Source : Robinson et al. (2006). Favoriser le développement de l’embryon est donc primordial. Cela permet une sécrétion suffisante d’IFN-τ, inhibant celle de prostaglandines, assurant ainsi le maintien du conceptus. Le blocage de la sécrétion de prostaglandines nécessite une élongation suffisante, que le conceptus occupe la majorité de la corne ipsilatérale au corps jaune au moment de la période critique (Binelli et al., 2001). La lutéolyse peut intervenir malgré la présence d’embryons si ceux-ci ne sont pas suffisamment développés. 4. La mortalité embryonnaire et fonctionnement du corps jaune Le retrait de l’embryon ou sa mort avant J16 sont suivis d’une ovulation dans un délai identique à celui d’une vache non inséminée, c'est-à-dire avant le 24ème jour postinsémination. En effet, une mort de l’embryon avant J16 ne lui a pas permis de libérer suffisamment de facteurs antilutéolytiques, et n’a pas donné à la mère un temps suffisant pour le reconnaître, se traduisant par une lutéolyse. Les effets et les impacts économiques de la MEP sont donc similaires à ceux engendrés par un échec de fécondation. En revanche, les pertes embryonnaires posterieures au 16ème jour de gestation s’accompagnent d’une lutéolyse différée par l’action des signaux embryonnaires de maintien du CJ (Martal et Charlier, 1985), d’un allongement du cycle de 6-7 jours minimum (Humblot, 1981) et d’un retour en chaleurs tardif pouvant se manifester entre J25 et J45. Les conséquences économiques de la MET sont plus dommageables que celles engendrées par la MEP. 5. Besoins évolutifs Les réserves de l’embryon sont limitées, c’est pourquoi il est nourri par diffusion à partir du milieu qui l’entoure. Les sécrétions tubaires et utérines dans lesquelles baigne l’embryon avant son implantation sont donc d’une importance considérable. Il est très vulnérable même 23 s’il est capable d’une grande adaptation. Après implantation, il est nourri directement à partir du sang maternel et la perte d’embryon suite à cette étape est moins fréquente. Le milieu maternel entourant l’embryon évolue pour satisfaire son métabolisme. Si ce dernier est modifié, ou si l’embryon n’est pas capable de s’y adapter, son développement peut alors être retardé, ce qui peut provoquer sa perte. Des expériences in vitro ont montré que l’embryon était sensible à des variations de pressions osmotiques, de pH, de pression oncotique, de température (Poll, 2007). III. La mortalité embryonnaire : définition, incidence et facteurs impliqués 1. Définition Au cours d’une gestation, la phase embryonnaire se définit par convention comme la période comprise entre la fécondation et la fin de l’organogenèse. La période fœtale couvre le reste de la gestation jusqu’au vêlage. L’échec à l’insémination ou à la saillie peut relever de 2 grandes causes : l’absence de fécondation ou la ME. La ME peut être strictement interprétée comme la perte du ou des produits issus de la fécondation au stade de l’embryon, c'est-à-dire la période depuis la fécondation jusqu’au début de la différenciation, qui chez la vache, s’opère 45 jours après fécondation (Ayalon, 1978). On peut distinguer deux types de mortalités embryonnaires : La ME précoce (ou MEP) consiste en la mort de l’embryon avant l’émission des signaux embryonnaires de maintien du CJ, soit avant le 16ème jour de gestation. En pratique il est difficile de faire la distinction entre l’absence de fécondation et la MEP. L’absence de fécondation peut provenir d’une part d’une mauvaise synchronisation entre l’ovulation et l’insémination et d’autre part de l’échec de la fusion des gamètes mâle et femelle ; La ME tardive (ou MET) consiste en la mort de l’embryon entre le 16ème et le 45ème jour de gestation. 2. Quantification de la mortalité embryonnaire L’examen de tractus de vaches après abattage, à des temps différents après insémination peut donner des estimations de l’incidence des échecs de gestation (Ball, 1978). Seul l’abattage permet de récupérer dans les premiers jours suivant la fécondation l’ovocyte ou le jeune embryon avec une grande certitude par perfusion de l’oviducte. Cependant, seul un nombre limité d’animaux peut suivre cette démarche en raison du coût qu’elle demande. Elle est aussi limitée car une seule mesure par animal peut être réalisée (Ball, 1978). La perfusion de l’oviducte est possible par voie chirurgicale, mais la technique est invasive et moins sûre. La vache étant une espèce mono-ovulante limite énormément l’utilisation de ces techniques expérimentales. L’abattage ou la perfusion de l’oviducte, bien que lourdes, sont les seules méthodes qui permettent de différencier la NF de la MEP lors d’intervention dès le 3ème jour après la mise à la reproduction (collecte respectivement dans l’oviducte d’un ovocyte non fécondé ou d’un embryon). Après le passage de l’embryon dans l’utérus (vers J6 après fécondation), il est possible de récupérer l’embryon pendant sa vie libre par lavage de l’utérus par voie cervicale (jusqu’à J20 pour les équipes expérimentées). Ces techniques précoces permettent non seulement de quantifier dès les premiers jours de gestation la mortalité embryonnaire mais également de réaliser des analyses complémentaires sur le conceptus récolté (évaluation morphologique, quantification de l’expression de gènes ou d’activité de synthèse). Dans un contexte d’élevage, plus l’échec de gestation sera mis en évidence précocement, moins la fécondité sera dégradée puisque l’éleveur peut alors rapidement prendre la décision de remettre la femelle à la reproduction. 24 La proportion de vaches retournant en chaleurs et nécessitant une nouvelle insémination après un intervalle plus long qu’un cycle normal est souvent utilisée comme un indicateur de la MET (Kummerfeld et al., 1978), dans les élevages où l’IA est une pratique courante. Cette méthode a l’avantage de fournir un grand nombre de données (Ball, 1978). En revanche, le retour en chaleur d’une vache dans un délai normal ne permet pas de distinguer les cas de MEP des cas de non fécondation. Ce problème peut être résolu quand l’observation des chaleurs est associée à la mesure de progestérone du jour d’insémination jusqu’à 20 jours plus tard (Ball, 1978). Ces mesures fréquentes donnent de meilleurs résultats pour déterminer l’incidence et la période pendant laquelle des pertes d’embryon ont eu lieu. Le dosage de la progestérone peut être associé à ceux de la PSPB (pregnancy specific protein B) ou la PSP60 (Chene et Martal, 1996). Analysé tout d’abord au moment de la mise à la reproduction, le résultat du dosage de la progestérone donne des informations sur la phase du cycle à laquelle se trouve la femelle inséminée, soit en phase folliculaire donc possiblement en chaleurs, la quantité de P4 est inférieure au seuil de détection dans le plasma ou dans le lait, soit en phase lutéale donc non en chaleurs, la quantité de P4 est supérieure au seuil de détection dans le plasma ou dans le lait. Lors de l’analyse à 21-24 jours après l’insémination, un niveau bas de progestérone indique l’absence de gestation. Fréret et al. (2006) déterminent les épisodes de NF-MEP et de MET selon les concentrations de progestérone dans le lait à J0 et J23, les retours et les résultats du constat de gestation : Des niveaux de progestérone dans le lait inférieurs à 2,5 ng/mL le jour de l’IA et à J23, associé à un retour régulier, évoquent un épisode de NF-MEP Un niveau de progestérone dans le lait inférieur à 2,5 ng/mL à J0, un niveau supérieur à 3,5 ng/mL à J23, et un retour décalé, évoque un épisode de MET. Enfin, des examens par palpation, pour vérifier l’existence ou non du CJ peuvent être un appui au diagnostic. Des examens échographiques permettent également de mettre en évidence la survie ou la mort des embryons. La viabilité des embryons s’appuie sur plusieurs critères : Présence d’un embryon dont les battements cardiaques sont visibles Mouvement de l’embryon ou du fœtus Taille du conceptus compatible avec le stade de gestation Présence d’un liquide amniotique clair Cela n’est possible qu’à partir de 22 jours post-insémination (Kastelic et al., 1991). 3. Incidence et importance Après insémination, la ME est reconnue comme la cause majeure d’échec de reproduction en élevage (Ayalon, 1978 ; Kummerfeld et al., 1978 ; Dunne et al., 2000 ; Inskeep et Dailey, 2005). Elle se traduit par un nombre moins important de nouveau-nés, d’une perte en lait (pour les élevages laitiers), d’un progrès génétique ralenti et d’une perte financière significative de revenu pour l’éleveur laitier (Dunne et al., 2000) et pour l’éleveur de vaches allaitantes (Diskin et Sreenan, 1980). Elle entraîne également des coûts de réforme et de renouvellement anticipés, des charges financières liées aux traitements et aux mesures de prévention, qui ne se limitent pas aux seuls frais vétérinaires mais peuvent aller au-delà : alimentation... (Seegers, 1992). Les auteurs estiment que le taux de fécondation 4 est compris entre 85 et 95 %, que ce soit chez des vaches laitières ou allaitantes, et que l’échec de fécondation survient dans environ 10 % des inséminations. Lorsque les problèmes associés à l’ovulation ou au transport de l’ovocyte dans l’utérus (anovulation, adhésions…) sont comptabilisés, de 75 à 78 % des IA aboutissent à une gestation. Ainsi le taux de gestation suite à une IA devrait 4 Défini comme la proportion d’ovocytes expulsés lors de l’ovulation qui sont fécondés par un spermatozoïde 25 atteindre idéalement 75-80 % (Inskeep et Dailey, 2005). Pourtant le taux de gestation 5 est d’environ 55 % (Diskin et Sreenan, 1980). a. Absence de fécondation L’insémination des vaches au mauvais moment concerne en moyenne 4 à 5 % des vaches laitières mises à la reproduction mais cette fréquence est très variable entre élevages (Fréret et al., 2005). b. Mortalité embryonnaire précoce Hawk (1979), cité par Inskeep et Dailey (2005), estime que la ME interviendrait dans 15 % des inséminations. Sreenan et Diskin (1986), cités par les mêmes auteurs, concluent qu’une grande partie des pertes de gestation est due à la MEP. Une grande part des pertes de gestation a lieu durant la période embryonnaire, c'est-à-dire dans les 42 premiers jours après insémination (Inskeep et Dailey, 2005). Les pertes d’embryon compteraient pour 30-40 % des pertes post-fécondation. Outre les avortements d’origine pathologique, les cas de mortalités fœtales chez les bovins (estimées au-delà de 45 jours après la gestation jusqu’à la mise bas) sont très faibles, de l’ordre de 5 %. Il en résulte donc que les mortalités embryonnaires correspondent quasiment aux ¾ des échecs de gestation (Chene et Martal, 1996). La fréquence de la MEP est très variable : entre 11,0 % à 81,6 %, pour une moyenne de 36,6 %, tout pays et toutes races confondus (tableau 1). Cette large fourchette peut être expliquée notamment par les différences de méthodologie utilisée et par des conditions d’échantillonnage propre à chaque étude réalisée dans des pays différents et pour des races différentes. En France, la fréquence de la mortalité embryonnaire précoce varie de 25 à 45 % pour les vaches laitières Prim’Holstein (tableau 1). Dans la plupart des études, elle ne peut être différenciée de la non fécondation, il s’agit donc d’une fréquence cumulée NF + MEP. Quand les pertes très précoces sont cumulées (NF+MEP), elles apparaissent quantitativement plus importantes que les MET et concernent le plus souvent plus d’un tiers des échecs après insémination. Il est important de comprendre les raisons pour lesquelles ces pertes embryonnaires persistent, malgré la mise en œuvre de moyens pour y faire face (Wilmut et al., 1986). De plus, de cette connaissance pourrait émerger des applications utilisables pour accroître la survie des embryons, notamment pour le transfert d’embryons, et les biotechnologies qui s’y rattachent. La question est donc de savoir à quel moment ont lieu les pertes de produits de conception et quels sont les facteurs impliqués. 5 Défini par le rapport des femelles mettant bas au nombre d’inséminations artificielles réalisées 26 Tableau 1 : Fréquence de mortalité embryonnaire précoce chez les vaches laitières. Source : Ledoux (communicaion personnelle). Types de Fréquence Année Pays Méthodes Effectifs Références vache (%) 18 11 1978 Israël VL Abattage Ayalon, 1978 20 20 21 43 PH 1063 25,8* Humblot, 1986 ; 1986 Normande 1001 20,5* Humblot, 2000 Montbéliarde 622 25,5* Fournier et 1989 753 43,6* Humblot, 1989 ; PH Humblot, 2000 France 177 35,6* Humblot, 1991, 1991 2000 Normande 119 37* Humblot, 2001 ; Observation Grimard et al., des 2000 1395 31,6* 2006 ; Pinto et al., chaleurs et PH 2000 dosages France hormonaux 2001 847 36,8* Tillard et al., 2001 (Réunion) Normande / 2002 France 882 37,76* Michel et al., 2003 PH Holstein 78 43* 2002américaine Irlande Horan et al., 2005 2003 Holstein NZ 78 32* 2004 269 37,2* Fréret et al., 2005 France PH 234 45,3* Ledoux et al., 2006 20042005 4066 36,5* Fréret et al., 2006 38 81,6 Wisconsin Vache en Lavage 2002 Sartori et al., 2002 (EU) lactation utérin 41 47,2 MEP : Mortalité Embryonnaire Précoce ; * % englobant non-fécondation et MEP ; VL : Vache Laitière ; EU : Etats-Unis ; PH : Prim’Holstein ; NZ : Nouvelle Zélande c. Mortalité embryonnaire tardive Lorsqu’elle est mesurée en élevage, la fréquence des MET paraît moins élevée que celle de l’ensemble NF-MEP. Elle concerne environ 15% des inséminations et représente 30 % du total des pertes embryonnaires. Des estimations du taux de MET chez les vaches laitières sont comprises entre 10 et 12 % selon les études. En revanche, la MET chez les vaches allaitantes et les génisses laitières avoisinerait entre 2 et 6 % (Inskeep, 2004). Silke et al. (2002) observent une perte du conceptus entre les jours 28 et 84 de gestation de 7,2 % pour les vaches et de 6,1 % chez les génisses. Environ la moitié des pertes (47,5 %) est survenue entre les jours 28 et 42 de gestation, en accord avec les résultats observés par Vasconselos et al. (1997), cités par Silke et al. (2002). La moitié des embryons perdus dans le 2ème mois de gestation le sont entre les jours 28 et 42 de gestation. Ces derniers rapportent que Smith et Stevenson (1995) ont montré que la MET s’élevait à 16 %, alors que Vasconselos et al. (1997) ont évalué les pertes de conceptus entre le 28ème et le 98ème jour de gestation à 20 %. L’incidence de ces pertes est néanmoins élevée. Les pertes tardives contribuent davantage à la dégradation de la fécondité que les pertes précoces du fait du retard pris pour la remise à la reproduction et du risque de réforme encouru. 27 4. Moment d’apparition Il a été suggéré que la plupart de ces pertes avaient lieu avant J15 (Ayalon, 1972, cité par Diskin et Sreenan, 1980). Pour déterminer à quelle période survient le plus souvent la ME, Diskin et Sreenan (1980) ont utilisé 256 génisses allaitantes, dont 119 pour établir le taux de fécondation et le taux de survie des embryons à J4, J8, J12 et J42 (post-insémination), et 127 pour les mêmes paramètres à J8, J12, J16 et J42 (tableaux 2 et 3 respectivement). Tableau 2 :Taux de fécondation, de survie embryonnaire à plusieurs jours post-insémination chez des génisses. Source : Diskin et Sreenan (1980). Jour après insémination 4 8 12 42 35 18 37 29 30 (86) 16 (89) 22 (59) 16 (55) Taux de fécondation en % 90 88 82 - Nombre d’embryons viables 27 14 15 14 Taux de survie des embryons* en % 100 100 45 58 Nombre de génisses inséminées Nombre de génisses avec embryons (%) * le taux de survie des embryons est égal au rapport du nombre des embryons viables sur le nombre d’embryons attendus. Le nombre d’embryons attendus repose sur le taux de fécondation global enregistré aux jours 4 et 8 au sein de chacune des deux expériences. Les taux de collecte d’embryons à J4 et J8 sont similaires et sont significativement plus importants qu’à J12 et J42. Les taux de survie des embryons sont plus faibles à J12 et 42 qu’à J4-8. Tableau 3 : Taux de fécondation, de survie embryonnaire à plusieurs jours post-insémination chez des génisses. Source : Diskin et Sreenan (1980). Jour après insémination 8 12 16 42 26 18 39 44 25 (96) 13 (72) 24 (62) 25 (57) Taux de fécondation en % 92 92 100 - Nombre d’embryons viables 20 9 23 23 Taux de survie des embryons en % 87 56 66 53 Nombre de génisses inséminées Nombre de génisses avec embryons (%) Les taux de survie des embryons pour J12, 16, et 42 sont similaires statistiquement mais sont significativement plus faibles que celui à J8 (p<0,05). Si les données des deux expériences sont rassemblées, le taux de fécondation est le même pour les deux essais, et la proportion globale d’ovocyte fécondé à J4 et J8 est de 90 % (64/71). Cette étude indique que les échecs de fécondation compte pour 10 % des échecs de reproduction. Le taux de survie estimé est de 100, 92, 51, 66 et 58 % pour les jours 4, 8, 12, 16 et 42 respectivement. La ME participe donc à hauteur de 30 % des échecs de gestation. Les taux de survie à J16 et J42 sont proches ce qui indique que la plus grande part des pertes embryonnaires survient entre le 8ème jour et le 16ème. Ceci semble en accord avec les résultats de Dunne et al. (2000), qui ont montré que la majorité des pertes se produisent avant J14. Ils sont en désaccord avec ceux obtenus par Ayalon (1972), qui observe des différences significatives entre les taux de fécondation et les 28 taux de survie embryonnaire seulement à partir de J16, et les travaux de Maurer et Chenault (1983), qui ont suggéré que la plupart des pertes embryonnaires s’opérait avant le jour 8. La fréquence de NF-MEP dans l’étude de Fréret et al. (2006) est estimée à 37,2 % en IA, alors que la fréquence de MET est évaluée à 20,2 %. 5. Dégradation de la situation Il apparaît que l’incidence de la MEP est plus importante chez les vaches laitières hautes productrices actuelles et qu’une proportion supérieure des embryons est perdue avant le septième jour suivant l’insémination (figure 7). Figure 7 : Quantification des échecs de reproduction (sur 100 IA) et leurs évolutions entre 1980 et 2006. Source : Diskin et al. (2006). 6. Facteurs de variation Wiebold (1988) identifie 3 facteurs responsables de la ME : Un facteur d’ordre génétique Une steroïdogenèse ovarienne inappropriée, un signal embryonnaire insuffisant pour le maintien du CJ, ou un stress hormonal affectant l’axe hypothalamo-hypophysaire ou la fonction ovarienne (facteurs maternels). Des changements délétères de l’environnement de l’oviducte et/ou de l’utérus offre une troisième explication pour la ME (facteurs environnementaux). a. Facteurs génétiques Les facteurs génétiques comprennent les facteurs gamétiques et les facteurs embryonnaires. Comme le zygote dérive des gamètes, des erreurs dans la formation ou les fonctions de l’ovocyte et du spermatozoïde peuvent altérer la survie de l’embryon. La compétence de l’ovocyte 6 peut être altérée par de nombreux facteurs. Ils peuvent affecter directement le développement de l’ovocyte ou bien empêcher les cellules folliculaires de remplir leur rôle. Le spermatozoïde apporte à l’embryon des caractéristiques qui conditionnent sa capacité à se développer. L’impact du mâle sur la ME est cependant mal connu. Un sperme de mauvaise qualité favoriserait la MEP (Poll, 2007). L’embryon peut être anormal en raison de défauts à l’échelle du gène (mutation de toute sorte). Des altérations au niveau des gènes codant pour l’IFN-τ pourraient conduire à une sécrétion insuffisante, voire inexistante, ou à un stade embryonnaire inadéquat. Wiebold 6 Elle désigne le potentiel d’un ovocyte à donner naissance à un embryon se développant normalement après la fécondation 29 (1988) indique que la ME peut être due à la présence de gènes létaux dans le conceptus ou de structures anormales. La fréquence des gènes létaux est estimée à 6 % chez la vache, les pertes qui y sont associées peuvent aussi bien intervenir précocement que tardivement dans la période embryonnaire (Inskeep et Dailey, 2005). Des anomalies peuvent porter sur le chromosome (anomalies de nombre, rares, de structure, plus fréquentes) : elles seraient responsables de 20 % des cas de ME et fœtale (Ducos, 2003 ; cité par Poll, 2007). Snijders et al. (2001), cités par Silke et al. (2002), ont mis en évidence que l’accroissement des index génétiques laitiers était associé à une réduction des performances de reproduction. Ils ont montré que les vaches dont l’index laitier était élevé présentaient de plus faibles taux de conception en première, seconde et quatrième IA comparé aux vaches de valeur génétique moyenne. Ils ont aussi montré que les ovocytes prélevés sur les animaux de haute valeur génétique produisaient moins de blastocystes in vitro par rapport aux ovocytes prélevés sur les animaux de valeur génétique moyenne. b. Facteurs maternels Les facteurs maternels sont nombreux. Un niveau de progestérone post-ovulatoire insuffisant, des anomalies de cyclicité après vêlage, les maladies telles que les rétentions placentaires, mammites ou métrites, peuvent être responsables d’une steroïdogenèse ovarienne inappropriée, ou d’un stress hormonal affectant l’axe hypothalamo-hypophysaire ou la fonction ovarienne. Roche (2006) rapporte que les vaches qui souffrent d’hypocalcémie, cétose, acidose ou de déplacement de la caillette présentent une diminution des taux de conception en IA1, demandent davantage d’IA pour établir une gestation. Ces maladies métaboliques sont des facteurs de risque pour l’installation de maladies gynécologiques pendant la période postpartum et notamment durant l’involution utérine. Ainsi, il est évident qu’une alimentation inappropriée pendant le tarissement et en début de lactation peut avoir un impact négatif sur la reproduction. L’étude NEC-REPRO (Ponsart et al., 2006) a montré qu’à 60 jours de lactation, une augmentation du rapport TB/TP est associée à une augmentation de la ME précoce. Une augmentation de ce rapport peut être le résultat d’une augmentation du TB, reflet d’une lipomobilisation importante, ou d’un TP bas. Une forte lipomobilisation et un TP faible résultent d’un seul et même phénomène : une carence énergétique dans les 60 premiers jours de lactation. De plus, la même étude révèle que le profil de la courbe laitière influence le taux de MET. La MET a été augmentée à la fois chez des femelles présentant un pic de lactation précoce et peu marqué, avec des taux élevés, correspondant à des femelles plutôt grasses, et dans le profil caractéristique des multipares, avec un pic précoce et très élevé associé à des TB faibles. Santos et al. (2009) n’ont pas mis en évidence d’association entre la production laitière et la survie de l’embryon. La note d’état corporel et sa variation depuis le vêlage jusqu’au jour de l’insémination sont des indicateurs importants pour l’établissement d’une gestation et son maintien chez les vaches laitières fortes productrices. L’amélioration de la fertilité passe par des programmes nutritionnels permettant de minimiser la perte de poids en début de lactation, tout en limitant l’engraissement durant le tarissement. De nombreuses études ont mis en évidence l’association entre une production laitière élevée et un faible taux de conception (Beam et Butler, 1997 ; Royal et al., 2000). Ces auteurs suggèrent que les effets de cette production sur la fertilité s’exercent vraisemblablement sur l’embryon à son stade précoce, au cours de ses 2 premières semaines de vie. Une fois qu’il est installé, la survie de l’embryon ne semble pas affectée par le niveau de production laitière (Silke et al., 2002). c. Facteurs environnementaux Fréret et al. (2006) ont montré que le taux de vaches présumées pleines à J21 et ne présentant pas de NF-MEP a été de 69 % dans les élevages utilisant systématiquement le contrôle d’involution. L’utilisation occasionnelle de ce contrôle ou son absence réduisent 30 significativement les résultats de reproduction (65,5 % et 62,1 % respectivement). L’incidence de NF-MEP a été plus faible lorsque la contention lors de l’IA a été jugée bonne. Les moyens qui permettent une bonne contention pendant l’IA sont donc indispensables pour minimiser l’incidence de la ME : box avec cornadis, couloir avec anti-recul, étable entravée, logette avec vache tenue par l’éleveur… Ainsi, certaines pratiques d’élevage, qui constituent l’environnement de l’animal, influencent la survie de l’embryon. D’autres facteurs environnementaux exercent une influence sur les performances de reproduction. Facteur nutritionnel La nutrition et son impact sur la ME fera l’objet d’une partie spécifique. Facteur climatique Un stress thermique post-insémination a des effets désastreux, comme le montre une étude faite sur des génisses, exposées à une température de 32°C pendant 72 heures immédiatement après insémination. Aucune des génisses ne devient gestante, comparé au taux de conception de 48 % de génisses exposées à une température de 21°C (Dunlap et Vincent, 1971, rapporté par Ayalon, 1978). Le stress thermique est aussi connu comme une cause d’altération de la qualité des ovocytes (Sartori et al., 2002). L’augmentation de la température favoriserait l’absence de fécondation et/ou la mortalité embryonnaire précoce par défaut de développement embryonnaire (Wolfenson et al., 2000). A contrario, deux études ont montré que la fréquence de MET diminuait en été par rapport à l’hiver (Fournier et Humblot, 1989 ; Grimard et al., 2006). Du fait de l’hyperthermie associée, un processus infectieux (Maillard et Chastant-Maillard, 2002) et/ou inflammatoire (Fournier et Humblot, 1989 ; Hanzen, 2001) favorise aussi l’arrêt de la gestation à tous les stades (indépendamment de l’embryotoxicité propre de l’agent pathogène). Facteur environnement utérin L’exemple des vaches repeat breeders 7 (RB) montre la relation qu’il existe entre le conceptus et son environnement. Chez les vaches RB, plusieurs hypothèses pourraient expliquer leur retour en chaleur à un intervalle normal : la ME pourrait intervenir avant J16, l’embryon ne pourrait pas émettre le signal embryonnaire nécessaire à son maintien, ou encore la mère pourrait ne pas recevoir ce signal (Gustafsson et Larsson, 1985). Le taux de survie des embryons est plus faible chez les RB par rapport aux vaches normales. L’absence de tissu embryonnaire chez 30 % des RB à J16-J17 indique qu’une dégénérescence précoce des embryons a eu lieu chez ces animaux. 5 des 6 embryons transférés de RB à des vaches normales survivent, alors que seulement 2 des 9 embryons transférés de vaches normales à RB survivent. Ceci indique une capacité réduite des utérus des vaches RB à supporter un développement embryonnaire, et que l’environnement utérin de ces vaches exerce une influence négative sur la survie de l’embryon. Lamothe et Guay (1970), cités par Ayalon (1978), ont comparé la composition de sécrétions endométriales de vaches (cyclées) normales et RB. Les RB ont des concentrations utérines de Na+, P, glucose et de protéines totales plus faibles que les vaches normales, alors que celles de K+, Ca2+ et de Mg2+ sont plus fortes chez les vaches RB. Ayalon (1978) a examiné les niveaux de protéines totales, et de quelques ions dans les fluides utérins de vaches fertiles et infertiles, durant la période 6-8 jours post-insémination, afin d’établir s’il existe ou non des corrélations entre des changements dans la concentration de ces constituants et la ME (annexe 1). Les prélèvements ont été réalisés sur des animaux après abattage. Les niveaux de protéines totales sont plus importants dans les fluides (oviducte et utérus) des vaches ne présentant pas de troubles de fertilité, sans regarder si un 7 Absence de gestation après 2 inséminations chez une vache ou génisse présentant des chaleurs régulières et ne manifestant aucune cause cliniquement décelable susceptible d’expliquer son infertilité. Ces vaches nécessitent un nombre d’inséminations important pour établir une gestation 31 embryon normal ou non est présent. Les vaches dont l’embryon est anormal présentent des concentrations en K+, Zn2+, P et Ca2+ plus importantes. La hausse pour l’ensemble des ions suggérerait une cause commune pour ce changement. Le mécanisme sous-jacent n’est pas spécifique d’une zone anatomique, puisque les changements de concentrations se font aussi bien au niveau de l’utérus que de l’oviducte. L’étude de Wiebold (1988) utilise le même dispositif que Ayalon (1978) mais sur des animaux vivants, chez lesquelles des embryons normaux ou non ont été collectés 7 jours après œstrus. La concentration du fluide utérin en certains constituants varie largement entre les vaches dont l’embryon est normal et celles dont l’embryon est anormal (tableau 4). Les concentrations de glucose, protéines totales, Ca2+, Mg2+, K+, Zn2+ et de P sont plus élevées dans les fluides utérins des vaches ayant un embryon anormal par rapport à celles dont l’embryon est normal. Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus par Ayalon (1978), notamment pour le calcium, le phosphore, le potassium et le zinc. Tableau 4 : Caractéristiques des fluides utérins de vaches ayant un embryon normal ou anormal. Source : Wiebold (1986). IV. Relation entre la progestérone et la fertilité L’ovulation est suivie par la formation du CJ et de la production, faible initialement, de progestérone. Durant la phase lutéale (J5 à J18 environ), le CJ se développe et la production de progestérone s’accroit pour atteindre un plateau à J12 jusqu’à J18. A J18 commence alors la phase folliculaire, qui se traduit par une lutéolyse rapide avec un déclin important de la concentration en progestérone (CPROG). La progestérone étant indispensable à l’établissement et au maintien de la gestation (Sreenan et Diskin, 1983), la concentration de cette hormone pourrait influencer la réussite de la gestation chez la vache. La relation entre la progestérone et la réussite de la gestation n’est pas nouvelle. Dans le tableau 5 figure un résumé des effets de la CPROG, retrouvés dans la littérature. 32 Tableau 5 : Synthèse des effets de la concentration de progestérone sur les performances de reproduction. Période Référence Conclusion étudiée Henricks et al., 1971 Teneur élevée en progestérone dans le cycle précédent réduit la fertilité Folman et al., 1973 ; Fonseca et al., 1983 Holness et al., 1981 ; Folman et al., 1990 Shaham-Albalancy et al., 2001 Rosenberg et al., 1981 Wherman et al., 1993 Lee et Ax, 1984 Association positive entre la concentration de progestérone et taux de réussite en IA1 Avant insémination De 1 à 3 jours après œstrus Holness et al., 1977 Bulmann et Lamming, 1978 Henricks et al., 1971 ; Erb et al., 1976 Thompson et al., 1980 Lukaszewska et Hansel, 1980 Hansel, 1981 ; Maurer et al., 1982 Bosu et Leslie, 1984 Lamming et al., 1989 ; Mann et al., 1995 Butler et al., 1996 Mann et Lamming, 2001 Hommeida et al., 2004 Effets de la concentration de progestérone du cycle précédent sur la concentration de progestérone et la sécrétion de PGFM dans le cycle suivant Effet positif d’une supplémentation de progestérone Association positive entre la concentration periovulatoire de progestérone et le taux de conception Association positive entre une faible concentration de progestérone et le taux de gestation Association entre niveau de progestérone plus faible et échecs de conception Phase lutéale de la période postinsémination Mann et Lamming, 2001 Une augmentation retardée de la concentration de progestérone après ovulation compromet le développement embryonnaire Shemesh et al., 1968 ; Pope et al., 1969 Robertson et al., 1971 Hasler et al., 1980 Echternkamp et Maurer, 1983 Roche et al., 1985 Sreenan et Diskin, 1983 Aucune relation trouvée Starbuck et al., 2004 De 10 à 20 jours après insémination De semaine 5à9 postpartum 33 Tendance à l’amélioration du taux de conception avec une supplémentation en progestérone mais pas d’effet significatif Le maintien de la gestation en semaine 7 ou 9 est associé au niveau de progestérone en semaine 5 1. Effet retardé du niveau de progestérone du cycle précédent sur celui du cycle suivant La relation entre de faibles concentrations en progestérone et une faible fertilité a été mise en évidence dans un nombre conséquent de publication. Cependant, ces publications se sont intéressées aux concentrations après insémination. Pourtant, il apparaît qu’une fertilité réduite a aussi comme origine une faible CPROG dans le cycle précédent (Fonseca et al., 1983 ; Folman et al., 1990 et Holness et al., 1981, cités par Shaham-Albalancy et al., 2001). L’étude de Shaham-Albalancy et al. (2001) cherche à déterminer si une faible CPROG pendant un cycle œstral a un effet sur la CPROG et/ou la réponse utérine au traitement à l’ocytocine à la fin de la phase lutéale du cycle Figure 8 : Concentrations moyennes (± écart suivant. Des concentrations haute et basse de type) plasmatiques de PGFM, de 1h avant à ème progestérone sont obtenues de manière exogène 3h après stimulation à l’ocytocine, au 15 jour du cycle suivant pour des vaches (implant intravaginal). exposées à de hautes (, n=5) ou basses (, Une forte CPROG avant œstrus ne se traduit n=5) concentrations de progestérone dans le pas par une concentration plus forte dans le cycle cycle précédent. Source : Shaham-Albalancy suivant. Après injection d’ocytocine, la concentration et al. (2001). moyenne de PGFM (métabolite de PGF 2α ) est plus importante pour le groupe dont la concentration en progestérone lors du cycle précédent était basse (figure 8). Cette étude démontre un effet retardé de la progestérone sur la sécrétion de PGF 2α au cycle œstral suivant. Un faible niveau de progestérone pourrait compromettre la survie du conceptus lors du cycle suivant, par une sécrétion plus forte de prostaglandines. La réduction de la fertilité dans les études (Fonseca et al., 1983, Folman et al., 1990 et Holness et al., 1981, cités par ShahamAlbalancy et al., 2001) qui ont étudié ce paramètre pourrait être due à une sécrétion plus importante de PGF 2α au moment de la reconnaissance de la gestation par la mère, provoquant la lutéolyse et la fin de la gestation. Les effets bénéfiques de la supplémentation de progestérone avant insémination sur la fertilité des vaches et des génisses (Rosenberg et al., 1990 ; Wherman et al., 1993, cités par Shaham-Albalancy et al., 2001) pourraient donc être liés à la diminution de la sécrétion de PGF 2α après insémination. Diskin et al. (2006) rapportent que de faibles concentrations en progestérone lors du cycle précédant l’insémination pourraient entraîner une persistance du follicule dominant. Il produirait un ovocyte à un stade de maturation plus avancé qu’un ovocyte issu d’un follicule dominant d’age normal, réduisant sa capacité à supporter un développement embryonnaire optimal après fécondation. L’embryon dont il serait issu serait alors plus sensible. Ces travaux montrent que la sécrétion de progestérone doit être optimale non seulement pendant le cycle pendant lequel l’insémination est réalisée, mais aussi durant le cycle qui le précède. 2. Sécrétion de progestérone et mortalité embryonnaire La sécrétion de progestérone durant la phase lutéale est essentielle pour assurer la gestation, pour la nutrition de l’embryon/fœtus (Inskeep, 2004). La CPROG a été impliquée dans les épisodes de ME pour les périodes suivantes. a. Entre l’insémination et J6 Mann et Lamming (2001) cherchent à déterminer s’il existe une relation entre la CPROG pendant la phase lutéale et la production d’IFN-τ, bien que la sécrétion d’IFN-τ intervienne plus tardivement dans le cycle. 34 En début de gestation, l’embryon doit inhiber le développement de mécanisme lutéolytique pour maintenir la sécrétion de progestérone, nécessaire à son développement, à travers la production d’IFN-τ. Une compréhension des mécanismes permettant cette production est un paramètre important pour la détermination de stratégies visant à réduire la MEP. Les vaches chez lesquelles aucun embryon n’est détecté ont connu une augmentation retardée de la CPROG après ovulation (6,2 ± 0,4 jours) comparé aux vaches ayant un embryon (4,9 ± 0,2 jours) et au témoin (5,0 ± 0,3 jours). De plus, les vaches chez lesquelles l’IFN-τ n’est pas détecté ont un retard au niveau de l’augmentation de la CPROG postovulatoire, comparé à celles chez qui il est détecté (4,1 ± 0,1 jours contre 5,6 ± 0,4 jours respectivement). Enfin, la concentration moyenne de PGFM en réponse à l’injection d’ocytocine est similaire entre les témoins et les vaches qui n’ont pas d’embryons, alors qu’elle est atténuée pour le groupe avec embryon. Chez ces dernières, la concentration moyenne de PGFM est plus faible pour les vaches chez qui on a détecté l’IFN-τ. Il est clair que des embryons peu développés n’ont pas réussi à inhiber la décharge lutéolytique de PGF 2α , alors qu’un certain nombre y est parvenu. Cela est en partie dû à l’incapacité de ces embryons peu développés à produire l’IFN-τ au moment optimal et dans des quantités suffisantes (Mann et Lamming, 2001). Une augmentation précoce de la CPROG permet un développement optimal de l’embryon. La réussite de la reconnaissance de gestation s’appuie sur un développement adéquat et une production d’IFN-τ satisfaisante, qui dépendent d’un environnement maternel hormonal approprié, en particulier au niveau de la sécrétion de progestérone post-ovulatoire. b. Entre J4 et J9 : effets lutéolytique et embryotoxique d’une sécrétion de prostaglandine prématurée Une régression précoce du CJ peut intervenir suite à une sécrétion prématurée de prostaglandines. La sécrétion de PGF 2α peut être importante durant les cycles où les CPROG sont relativement basses (Inskeep, 2004). Chez les vaches dont la phase lutéale est courte, le moment des pertes embryonnaires, entre J5 et J8, correspond au moment où la sécrétion utérine de PGF 2α augmente (Cooper et al., 1991, cités par Inskeep, 2004). De plus, Shrick et al. (1993), cités par Inskeep (2004) ont observé que la teneur en PGF 2α dans le fluide utérin de ce type d’animaux est le double de celle observée chez des animaux normaux (636 ± 82 et 288 ± 90 pg/mL, respectivement). La qualité des embryons semble être corrélée négativement avec les concentrations en PGF 2α dans les fluides utérins (r= - 0,42), ce qui démontre l’effet embryotoxique de PGF 2α . Buford (1996) a voulu tester si la survie embryonnaire était améliorée chez des vaches traitées avec un inhibiteur de la synthèse des prostaglandines (flunixine meglumine). Le taux de gestation est amélioré uniquement chez les vaches sur lesquelles une lutectomie a été réalisée. Par conséquent, un CJ en régression apparaît comme une composante de l’effet embryotoxique de PGF 2α . Inskeep (2004) a suggéré que les pertes embryonnaires relevées avant 8 jours de gestation par Ayalon (1978) et Maurer et Chenault (1983) seraient en partie dues à une sécrétion précoce de PGF 2α . c. Entre J4 et J9 : progestérone et développement embryonnaire En suivant le niveau de progestérone dans le lait chez des vaches laitières 5 jours après insémination, Starbuck et al. (2001), cités par Wathes et al. (2003), ont montré que les animaux avec un niveau de progestérone supérieur à 3 ng/mL présentaient les meilleurs taux de gestation, alors que ceux présentant de faibles niveaux souffraient d’une réduction importante du taux de gestation (figure 9). Stronge et al. (2005) ont montré qu’il existait une relation entre le taux de progestérone dans le lait aux jours 5, 6 et 7 post-IA et la probabilité de survie de l’embryon. La relation qui 35 Figure 9 : Relation entre le niveau de progestérone dans le lait au jour 5 après insémination et le taux de gestation (n=1228 vaches laitières Holstein). Source : Starbuck et al. (2001). lie les 2 paramètres est de type quadratique au jour 5 : il existe un niveau de progestérone optimal (7,4 ng/mL) permettant une survie maximale de l’embryon. De plus, la relation quadratique indique que la probabilité de survie de l’embryon augmente lorsque le niveau de progestérone devient plus important, mais à un taux décroissant. Des concentrations supérieures ou inférieures sont associées à des taux de survie réduits. De la même façon, Starbuck et al. (1997, 2001), cités par Stronge et al. (2005), ont mis en évidence qu’un niveau de progestérone compris entre 7 et 8 ng/mL au jour 5 était associé à un taux de gestation maximal. Le même type de relation existe aux 6ème et 7ème jour (Stronge et al., 2005). Pour les jours 5, 6 et 7 post-IA, la majorité (60, 80 et 75 % respectivement) des vaches présente une concentration inférieure à la valeur optimale, ce qui indique que le défaut de progestérone est plus fréquent qu’un excès. Il sera intéressant de connaître les facteurs responsables de cette insuffisance. McNeil et al. (2006) ont mis en évidence une relation linéaire quadratique entre le taux de progestérone dans le lait aux jours 4, 5 et 6 et la probabilité de survie de l’embryon mais pas lors des 7ème et 8ème jours post-IA. Ces auteurs rapportent que la mesure du niveau de progestérone dans le lait à J4 pourrait permettre de déceler les vaches à risque pour la perte embryonnaire. Ces mêmes auteurs rapportent que la variation du niveau de progestérone dans le lait entre le 4ème et 7ème jour a une influence sur le taux de survie. Le taux de survie de l’embryon est maximal lorsque l’augmentation de la concentration de progestérone dans le lait est de 4,7 ng/mL/jour. Santos et al. (2004), cités par Thatcher et al. (2006), ont observé une amélioration des taux de conception aux jours 28 et 42 suite à un traitement à l’hCG (3300 UI) au 5ème jour 8 , mais la MET n’a pas été réduite. L’effet positif d’une injection d’hCG, et par suite d’une augmentation du niveau de progestérone, touche l’embryon au début de son développement en diminuant la MEP. L’effet est d’autant plus important que la perte d’état corporel depuis le vêlage a été forte. Kerbler et al. (1997) ont montré que les embryons issus de génisses ayant reçu une injection d’hCG 5 jours après insémination ont tendance à produire davantage d’IFN-τ que ceux issus des vaches ayant reçu un placebo (p<0,059, figure 10A). Si les quantités d’IFN-τ sont étudiées indépendamment du traitement reçu par les animaux, il existe une corrélation positive entre le taux de progestérone et la synthèse du signal anti-lutéolytique (r²=0,59, p< 0,006, figure 10B). Mann et al. (2002), cités par Wathes et al. (2003), ont montré une corrélation identique : les niveaux d’IFN-τ dans la lumière utérine à J16 sont reliés aux concentrations en progestérone à J4 et J5. Augmenter le niveau de progestérone chez les animaux inséminés permettrait d’améliorer le développement de l’embryon. 8 L’injection d’hCG à J5 entraîne l’ovulation du follicule dominant de la première vague folliculaire. Il s’en suit la formation d’un corps jaune accessoire, capable de produire de la progestérone. Le taux circulant de progestérone est significativement plus élevé dans cette étude chez les animaux ayant reçu cette injection. 36 Figure 10 A - Quantité d’IFN-τ synthétisée après 24h B - Corrélation entre la concentration de culture des embryons (J18) recueillis sur maternelle en progestérone et la synthèse d’IFN-τ par des embryons (J18, n=20) après des génisses ayant reçu une injection d’hCG (1500 IU, n=9) ou un placebo (n=11) 5 jours 24h de culture in vitro. Source : Kerbler et al. après insémination. Source : Kerbler et al. (1997). (1997). Mann et al. (2006) ont étudié le bénéfice d’une supplémentation en progestérone à des vaches qui ne sont pas en lactation sur le développement des embryons. Cet apport exogène est réalisé à 2 périodes de la phase lutéale : soit entre le 5ème et le 9ème jour post-IA, soit entre le 12 et le 16ème jour post-IA. La supplémentation, lorsqu’elle est pratiquée précocement, améliore significativement le développement embryonnaire ainsi que la sécrétion d’IFN-τ. En effet, la longueur des embryons recueillis chez les vaches ayant reçu l’apport de progestérone de J5 à J9 est plus importante, comparée aux embryons issus des animaux ayant reçu la supplémentation plus tardivement (figure 11). Cette étude montre que ce n’est pas la valeur finale de la progesteronémie, mais bien le moment où la progesteronémie augmente et sa variation qui influencent le développement de l’embryon. Cette étude met en évidence une relation entre la longueur du trophoblaste et sa capacité à sécréter de l’IFN-τ : favoriser le développement embryonnaire, donc augmenter la taille de l’embryon, permet d’accroître la sécrétion d’IFN-τ. Un retard dans l’augmentation postovulatoire de la progesteronémie compromet le développement embryonnaire et ainsi sa capacité à sécréter l’IFN-τ. Des concentrations optimales en progestérone assurent un bon développement embryonnaire. Un trophoblaste suffisamment développé produirait des quantités suffisantes d’IFN-τ, permettant de bloquer la sécrétion de PGF 2α . Figure 11 : Longueur moyenne du trophoblaste (barre vide) des embryons recueillis à J16 et concentration moyenne en interféron tau (20 mL fluide utérin, barre pleine) de vaches non traitées (control, n=4), de vaches supplémentées en progestérone de J5 à J9 (early, n=4) ou de J12 à 116 (late, n=3). Ab, p< 0,05 ; ac, p< 0,01. Source : Mann et al. (2006). 37 d. Entre J14 et J17 Kastelic et al. (1991) rapportent quelques situations où la régression du CJ est intervenue avant la ME (25 jours de gestation). De courtes périodes de carence en progestérone peuvent diminuer la survie de l’embryon durant la reconnaissance de la gestation. Lulai et al. (1994), cités par Inskeep (2004), ont étudié les effets de la régression du CJ au 15ème jour, 24 ou 36 heures avant de commencer le traitement progestatif. Le taux de survie des embryons est de 84 % chez les génisses/vaches témoins, mais ce taux atteint 45 ou 13 % respectivement, quand le traitement est appliqué 24 ou 36 heures après la régression. Mann et al. (2006) n’ont pas montré d’effet positif sur le développement embryonnaire d’un niveau élevé de progestérone entre le 12ème et le 16ème jour post-IA. e. Entre J28 et J42 Puisque de plus faibles CPROG et de plus fortes concentrations d’œstradiol tendent à limiter le maintien de la gestation lors du remplacement du CJ, l’étude de Starbuck et al. (2004) s’attache à déterminer si la rétention des embryons entre 5 et 9 semaines de gestation est associée à ces concentrations (tableau 6). Tableau 6 : Association entre le maintien de la gestation et les concentrations en progestérone à deux périodes de gestation. Source : Starbuck et al. (2004). Les pertes de gestation avant J45 sont les plus importantes pour les vaches appartenant au quartile le plus bas pour la CPROG mesurée entre J28 et J37, comparé aux vaches appartenant aux quartiles suivants. Le maintien de la gestation en semaine 7 ou 9 semble donc associé au niveau de progestérone en semaine 5. Les pertes de gestation après J45 ne sont pas liées à ces CPROG. 3. Sécrétion de progestérone et follicule La croissance folliculaire se fait par vague. La croissance d’une cohorte de follicules aboutit à l’émergence d’un follicule dominant à chacune des vagues, alors que les autres follicules subissent l’atrésie. Chaque cycle œstral est constitué de 2, 3 voire 4 vagues folliculaires, mais la majorité des vaches présente de 2 à 3 vagues folliculaires durant un cycle (Binelli et al., 2001). Lorsque les concentrations en progestérone sont faibles, une fréquence élevée de pulse de LH stimule la croissance du follicule dominant, alors qu’une forte concentration l’inhibe. Le niveau de progestérone pendant la phase lutéale peut influencer la persistance d’un follicule et le nombre de vagues pendant le cycle (Inskeep et Dailey, 2005). 38 Les ovocytes provenant de follicules persistants sont vraisemblablement à un stade de maturation plus avancé que ceux issus de follicules plus jeunes (Inskeep, 2004). Alors que les ovocytes issus de follicules persistants ont subi les changements caractéristiques des premiers stades de l’atrésie, ils sont néanmoins fécondables. Le développement du zygote formé s’en trouve retardé, la mort embryonnaire survient le plus souvent avant le stade 16 cellules (Ahmad et al., 1995). Cela pourrait expliquer l’influence d’un faible niveau de progestérone du cycle précédant l’IA sur la fertilité, qui se trouve alors réduite. Le follicule ovulatoire des vaches présentant 2 vagues est plus âgé et de plus grande taille que celui retrouvé chez les vaches à 3 vagues. Cela pourrait expliquer la diminution du taux de conception observée chez les vaches laitières à 2 vagues, par rapport aux vaches qui en présentent 3 (Ahmad et al., 1995). Cependant, de faible diamètre folliculaire influence également négativement le taux de conception dans de nombreuses études. Les concentrations de progesterone augmentent plus lentement chez les vaches à petits follicules par rapport aux vaches à plus gros follicules. Ainsi, la fertilité peut être altérée aussi bien par des follicules immatures que par des follicules dont la maturation a été plus longue (Inskeep et Dailey, 2005). 4. Stratégies de maintien de l’embryon Les voies sur lesquelles il va être important d’agir pour diminuer les cas de ME sont les suivantes : Favoriser le développement de l’embryon et son élongation Optimiser et maintenir la sécrétion de progestérone, dont l’augmentation devra être précoce Inhiber la sécrétion endométriale de prostaglandines PGF 2α pendant la période critique Ne pas altérer l’environnement utérin Les performances de reproduction en élevage sont déterminées par 4 facteurs principaux que sont la génétique, l’environnement physique, la nutrition et la conduite d’élevage. En élevage, une des stratégies ayant pour objectif de limiter les pertes consiste à agir sur les facteurs prédisposants. Une alimentation adéquate peut permettre à l’animal d’exprimer pleinement son potentiel, de supporter les effets négatifs d’un environnement défavorable, et de minimiser les conséquences d’une mauvaise gestion de l’élevage. En revanche, une alimentation inapropriée peut exacerber les effets de l’environnement (Smith et Akinbamijo, 2000). L’influence de l’alimentation sur la ME est un aspect intéressant à étudier car il constitue un facteur maîtrisable, applicable à l’ensemble du troupeau, et dont les effets peuvent être mesurés, à plus ou moins long terme. Est-il possible via l’alimentation d’influencer les 4 voies identifiées. C’est pourquoi seront abordés les aspects quantitatifs (nombre de repas, teneur des rations en protéines...) et qualitatifs (dégradabilité des protéines, nature des acides gras...) de la nutrition sur les différents postes qui la composent : l’énergie, les protéines, les lipides, les vitamines. Les effets de ces différentes composantes sur les performances de reproduction seront relevés, en apportant les éléments pour comprendre leurs effets plus ou moins clairs sur la ME. La nutrition peut influencer la reproduction chez les mammifères via des effets spécifiques liés à des excès ou des carences, ou par des facteurs toxiques présents dans l’alimentation. Compte tenu des fortes variabilités des matières premières et de l’animal, l’impact de faibles déséquilibres nutritionnels est considéré comme négligeable, et seuls des déséquilibres modérés à sévères peuvent entraîner une détérioration significative des performances de reproduction (Ferguson, 2005). Les vaches laitières, par rapport aux vaches allaitantes, sont par ailleurs une population à risque compte tenu de l’énergie et de la quantité de matière utiles qu’elles doivent exporter. 39 40 PARTIE B : EFFETS DE L’ALIMENTATION SUR LA MORTALITE EMBRYONNAIRE 41 42 I. Niveau alimentaire et fréquences des repas Avant de s’attarder sur les différents postes nutritionnels, il est intéressant d’aborder le mode de distribution de la ration ainsi que sa fréquence afin de montrer s’il constituent des facteurs de risque pour la ME. Il a déjà été montré que de fortes CPROG favorisaient le développement embryonnaire, alors que de faibles concentrations après insémination pouvaient réduire la fertilité (Larson et al., 1997). Les facteurs qui peuvent affecter la production de progestérone et son métabolisme peuvent aussi indirectement affecter la fertilité (Rabiee et al., 2002b). C’est le cas du niveau d’ingestion. 1. Le niveau alimentaire L’influence du niveau alimentaire (et par conséquent de l’énergie) sur la CPROG a été le sujet de nombreuses publications. Il a été rapporté qu’une alimentation ad libitum pouvait augmenter (Donaldson et al., 1970 ; McCann et Hansel, 1986 ; cités par Nolan et al., 1998), diminuer (Beal et al., 1978 ; Villa-Godoy et al., 1990 ; Rabiee et al., 2001b, 2002b ; Vasconselos et al., 2003), être sans effet (Spitzer et al., 1978 ; Assey et al., 1994 ; rapportés par Nolan et al., 1998) sur la CPROG comparé aux animaux dont l’alimentation est restreinte. Nolan et al. (1998) ont rapporté que le niveau plasmatique en progestérone était 25 % plus faible chez des génisses alimentées à partir d’un régime riche en énergie par rapport aux génisses recevant une ration plus pauvre en énergie (120 et 40 MJ d’énergie métabolisable par jour respectivement). Il semble difficile de distinguer les effets de l’ingestion elle-même de ceux induits par l’apport d’énergie. Sangsritavong et al. (2002) mettent en évidence l’effet d’une plus forte ingestion sur cette concentration. En effet, entre 1 et 4 heures après le repas, les vaches ayant reçu leur ration, quelque soit le niveau alimentaire de cette ration, présentent des CPROG inférieures à celles observées chez les vaches n’ayant pas reçu de repas. La diminution est plus importante chez les vaches dont le niveau d’ingestion fournit 2,2 fois les besoins d’entretien, que chez les vaches dont le niveau d’ingestion apporte 0,5 des besoins d’entretien (tableau 7 et figure 12). Tableau 7 : Effets de l’ingestion sur les concentrations de progestérone chez des vaches en lactation (moyennes ajustées). Source : Sangsritavong et al. (2002). 43 Figure 12 : Influence du niveau alimentaire sur les concentrations sériques de progestérone chez des vaches en lactation. Source : Sangsritavong et al. (2002). 2,8 2,7 P4 en ng/mL 2,6 2,5 2,4 2,3 2,2 2,1 2 1,9 0 1 2 3 4 heures après le repas non nourri 50% des besoins 150 % des besoins 220% des besoins Rabiee et al. (2001a) ont montré qu’un apport plus important de matières sèches entraînait une diminution du niveau plasmatique en progestérone, alors que Rabiee et al. (2002a) n’ont pas montré d’effet d’un apport plus conséquent. Dos Santos et al. (2009) ont montré que la quantité de concentrés reçue par les animaux affectait la CPROG Un essai réalisé par Vasconselos et al. (2003) teste l’hypothèse selon laquelle le métabolisme de la progestérone est modifié après un court changement dans le mode d’ingestion des vaches. L’essai est réalisé sur 14 vaches, dont 8 vaches laitières non gestantes et 6 taries non gestantes. Les vaches sont groupées selon deux traitements : (1) : la ration est distribuée en une seule fois le matin (8h00) (2) : aucune ration n’est distribuée pendant 8 heures Les échantillons de sang des différents animaux sont recueillis à partir de 7h00 toutes les 15 minutes jusqu’à 16h. Le statut de lactation n’étant pas un facteur explicatif, les données recueillies sont rassemblées (tableau 8 et figure 13). Tableau 8 : Concentration de progestérone de vaches ayant reçu ou non la ration ad libitum (moyennes ajustées). Source : Vasconselos et al. (2003). 44 Il n’y a pas de changement dans la CPROG des animaux n’ayant pas reçu de repas (niveau alimentaire nul). Chez les vaches ayant reçu la ration ad libitum, une diminution significative de la CPROG entre 3 et 6 heures est observée. La concentration moyenne totale est plus faible dans ce groupe que dans le premier. La concentration sanguine en progestérone est liée à sa production et à son élimination. La nutrition semble affecter les deux paramètres (Rabiee et al., 2001b). Figure 13 : Influence du niveau alimentaire sur les concentrations sériques de progestérone chez des vaches. Source : Vasconselos et al. (2003). 5 pas d'apport b 4,8 apport de la ration b 4,6 b b P4 en ng/mL b 4,4 4,2 4 a *a 3,8 *a *a *a 3,6 0 1 2 3 4 5 6 7 8 heures après le repas 2. Fréquences des repas Les vaches hautes productrices ont généralement des CPROG moins élevées que les vaches dont le niveau de production est plus faible (Lucy et al., 1998, cités par Vasconselos et al, 2003). Rabiee et al. (2001a), Sangsritavong et al. (2002) et Vasconselos et al. (2003) ont montré la diminution de la CPROG chez des animaux nourris par rapport à des animaux non-alimentés (cf. point précédent). Vasconselos et al. (2003) ont étudié l’influence du nombre de repas sur la CPROG. Dans un premier essai, 12 vaches laitières gestantes sont utilisées. Elles sont affectées à 4 traitements. Chaque traitement utilise la même ration de base, formulée pour fournir les besoins des vaches. Ils diffèrent selon le nombre de repas distribué au cours de la journée : (1) : la ration est distribuée en une seule fois le matin à volonté (2) : la ration est distribuée en deux repas (50 % le matin et 50 % le soir) (3) : la ration est distribuée en 4 repas (25 % de la ration à chaque repas) (4) : la ration est distribuée en une seule fois le soir Vasconselos et al. (2003) suivent alors les CPROG de ces vaches (figure 14). Les vaches du groupe (1) ont une diminution significative de la CPROG dès 1 heure après le repas jusqu’à 9h post-repas. La même tendance est observée pour le groupe (4) si l’on regarde les concentrations sur 24 heures. Les vaches du groupe (2) ont aussi une diminution significative de CPROG de 1 à 9h après l’ingestion. Cette diminution est également observée lors de la deuxième ingestion 12 heures plus tard, qui peut se suivre de 1 à 8 heures après le repas. Par contre, la provision de 25 % de la ration à 6 heures d’intervalle (groupe 3) ne provoque pas de diminution de la CPROG. Alors que la concentration totale de progestérone ne diffère pas entre les groupes (1) et (2), elle est significativement plus grande pour le groupe (3) (p<0,01) par rapport aux deux autres. 45 La fourniture à une vache gestante de la ration quotidienne en une ou deux prises provoque une réduction de l’ordre de 25 % de la progestérone circulante. La diminution de cette concentration a été le résultat soit d’une diminution de la sécrétion soit d’une augmentation du catabolisme. Figure 14 : Influence du nombre de repas quotidiens sur les concentrations plasmatiques de progestérone chez des vaches gestantes. a, b : différence significative entre les concentrations de progestérone (p<0,05). Les flèches indiquent les heures d’administration des repas pour le groupe 3. Source : Vasconselos et al. (2003). Distribuer la ration des vaches laitières plusieurs fois par jour permet d’optimiser l’efficacité de la fermentation dans le rumen, maximisant l’ingestion. Ce mode de distribution pourrait également réduire la ME en maintenant le niveau de progestérone. 3. Mécanisme associé Figure 15 : Corrélation entre les Le mécanisme associé pourrait impliquer une moyennes ajustées du LBF et du augmentation, soudaine mais importante, du flux sanguin MCR pour P4, pour des vaches arrivant au foie, résultat d’une forte ingestion non lactantes (□) et des vaches (Sangsritavong et al., 2002, Dos Santos et al., 2009). Ce lactantes (o). r = 0,92. Source : Sangsritavong et al. (2002). flux plus important augmenterait la clairance de la progestérone. Le flux sanguin au niveau du foie augmente immédiatement après le repas et atteint un maximum 2 heures plus tard, aussi bien chez les vaches en lactation que chez celles qui n’y sont pas. Cette augmentation faciliterait et accélérerait le transport des nutriments depuis les intestins vers le foie puis vers l’ensemble de l’organisme (Sangsritavong et al., 2002). Les changements au niveau du flux sanguin hépatique (LBF pour Liver Blood Flow) se traduisent par des changements au niveau de la clairance de la progestérone (figure 15). Dans l’étude de Sangsritavong et al. (2002), le LBF augmente de 24 % chez les vaches en lactation après le repas, alors que le taux de clairance métabolique (MCR pour Metabolic Clearance Rate) augmente de 28 % (comparaison entre des vaches non alimentées et des vaches dont l’alimentation fournit 2,2 fois les besoins d’entretien). Le foie assure la quasi-totalité du catabolisme de la 46 progestérone (96 %) : un flux sanguin plus important est responsable d’une accélération du catabolisme de la progestérone (Dos Santos et al., 2009). Ceci pourrait expliquer les CPROG plus faibles observées chez les vaches fortes productrices, dont l’ingestion est plus forte. Fournir de nombreux repas aux vaches peut être une solution pour éliminer cet effet (Vasconselos et al., 2003). Rabiee et al. (2002a) n’ont pas montré d’influence de la quantité de matières sèches ingérées sur la CPROG. Il est possible que l’augmentation de 12 % de l’ingestion soit insuffisante pour augmenter significativement le flux sanguin hépatique et ainsi réduire le taux de progestérone circulante. 4. Application pratique En élevage, les rations sont généralement distribuées le matin et le soir. Cette pratique serait susceptible de réduire la CPROG. Il serait donc souhaitable que dans les élevages où il existe de telles pratiques, le mode d’alimentation soit corrigé, du moins pour les vaches mises à la reproduction. Cependant, ce changement n’est pas sans contraintes organisationnelle et temporelle, ce qui rend difficile sa mise en œuvre, difficile aussi quand on connaît la place donnée à la simplification du travail dans le secteur agricole. Ainsi dans les faits peu d’élevages isolent les vaches mises à la reproduction. C’est pourquoi les systèmes de distribution automatique de concentrés (DAC) semblent particulièrement adaptés pour faire face à ces contraintes. Des études économiques pourraient donc être menées au sein des élevages qui sont prêts à consentir des investissements pour de telles installations, afin de vérifier si les bénéfices attendus (en prenant en compte une possible amélioration de la fertilité) dépassent les coûts associés. Enfin, on peut conseiller à l’éleveur de repousser la ration à l’auge de façon à fournir au moins 4 repas par jour. II. Nutrition énergétique L’énergie tient une place particulière, tant les déficits en début de lactation sont une cause fréquente d’infécondité, surtout pour les élevages à haut potentiel (Enjalbert, 1994). La production laitière est une fonction prioritaire, indispensable à la survie de l’espèce, qui nécessite alors la mise en place d’une régulation d’homéorhèse. Cette régulation se fait au détriment d’autres fonctions, notamment la fonction de reproduction (Vagneur, 1994). Au vêlage, les besoins nutritionnels augmentent brutalement, en raison d’une production laitière inexistante avant vêlage, forte après (Butler, 2001). Les vaches ont alors une balance énergétique négative (BEN), puisqu’il y a augmentation plus rapide des sorties d’énergie pour la production laitière que des entrées par l’ingestion. Ce déficit est d’autant plus important que la vache est une forte productrice, même si les vaches en déficit sévère ne sont pas forcément les plus grandes productrices (Staples et al., 1990). Même si la production joue un rôle important dans le bilan, l’ingestion y tient une place majeure. En effet, la capacité d’ingestion augmente plus lentement que la production laitière et les dépenses énergétiques qui lui sont associées. Pour y faire face, la vache va alors puiser dans ses réserves corporelles, se traduisant par une perte de poids plus ou moins importante. Le bilan est globalement négatif pendant les 6-12 premières semaines de lactation (Enjalbert, 1994). La perte d’état dépend du poids cible de l’animal, dicté par la génétique, sa prédisposition à diriger ses nutriments pour la lactation, et son efficacité alimentaire (Chagas et al., 2007). Même si l’ingestion en nutriments est importante, le résultat est bien souvent une augmentation de la production laitière, sans améliorer les résultats de reproduction (Chagas et al., 2007). Afin d’améliorer la fonction reproductrice tout en maintenant un haut niveau de production, des stratégies nutritionnelles peuvent être mises en œuvre. Le développement de ces stratégies doit prendre en compte les autres mesures qui optimisent la reproduction, 47 la fonction immunitaire, la santé de l’utérus, la fonction ovarienne, l’expression des chaleurs, l’ovulation. 1. Energie et résultats de reproduction Les taux de gestation de Tableau 9 : Effets de l’énergie sur les taux de gestation de vaches allaitantes et de vaches allaitantes et de génisses. Source : Randel (1990). génisses sont affectés par le niveau d’ingestion énergétique avant ou après vêlage (tableau 9, d’après Randel, 1990). Une ingestion d’énergie inadéquate avant vêlage diminue le taux de gestation même si l’ingestion postpartum est appropriée (Randel, 1990). L’effet d’un déficit énergétique semble surtout s’exercer après vêlage. Les taux de gestation des animaux dont l’apport est insuffisant après vêlage se situent entre 50 et 76 %, contre 87 et 95 % quand la ration apporte l’énergie nécessaire (Randel, 1990). Il apparaît donc important de comprendre par quels mécanismes sous-jacents le taux de gestation est influencé par le niveau énergétique, et en quoi la ME peut être une conséquence d’une carence en énergie. 2. Influence de la perte de poids corporel a. La note d’état corporel comme évaluation du statut énergétique Dans les situations normales des troupeaux, l’appréciation du bilan énergétique individuellement et en temps réel n’est pas applicable. La mesure des réserves énergétiques chez la vache n’est pas si simple. Le poids vif n’est pas un bon indicateur, puisqu’il subit de fortes variations pour un animal de même poids. C’est pourquoi une mesure indirecte peut être utilisée : la note d’engraissement, ou note d’état corporel (NEC). Elle permet de surmonter la variabilité du poids vif. Elle est facile à appliquer en pratique, peu coûteuse, et permet l’évaluation rapide d’un grand nombre d’animaux. Elle permet d’estimer les réserves corporelles dont dispose une vache pour faire face à ses besoins lorsqu’ils sont supérieurs aux apports de la ration alimentaire. L’outil le plus simple pour évaluer le statut énergétique est d’estimer la perte d’état corporel depuis le vêlage, en utilisant la grille de notation spécifique à la race et au pays. Même si cette mesure reste subjective et plus ou moins imprécise, elle n’en demeure pas moins simple à mettre en place, et constitue donc un indicateur fonctionnel pour les éleveurs et les chercheurs (Randel, 1990). En France, les vaches laitières sont notées majoritairement selon une grille allant de 0 (très maigre) à 5 (très grasse). C’est l’échelle à six points, proposée par l’ITEB. D’autres échelles sont également utilisées en France, notamment l’échelle publiée par Edmonson et al. (1989) et utilisée aux Etats-Unis, qui s’étale de la note 1 à 5 (Froment, 2007). Des spécificités peuvent exister selon la race. Sur une échelle de 1 à 5 (l’échelle publiée par Edmonson et al. (1989)), la baisse d’un point de la NEC représente une perte de poids vif de l’ordre de 56 kg (400 Mcal d’énergie nette). La perte de poids corporel reflète le déficit énergétique. En théorie, après vêlage, les vaches laitières ne devraient pas perdre plus de 0,5 point par mois, la NEC devrait augmenter à partir de la 12-14ème semaine (Ferguson, 2005). La mesure de la perte d’état corporel constitue une mesure a posteriori du déficit énergétique : lorsqu’elle est objectivée, les effets métaboliques sur la reproduction sont déjà intervenus. 48 La notation des vaches est conseillée au moment du tarissement, du vêlage, à 30 jours de lactation et au moment de la mise à la reproduction. Le suivi peut être individuel, on s’intéressera alors à l’évolution de l’état corporel au cours du temps. Il peut être collectif et concernera 20 % des vaches du lot à évaluer, 10 au minimum, choisies au hasard pour analyser une période alimentaire particulière. Il existe d’autres mesures indirectes pour évaluer la BE, en particulier le TB du lait (élevé lorsque la BE est très déficitaire), le TP du lait (faible lorsque le déficit est important), le ratio TB/TP (on considère qu’un rapport TB/TP > 1,3 est en faveur d’une acétonémie), la mesure de la teneur sanguine en AGNE ou en IGF-1. La décision de classer une vache en déficit énergétique suivant ses analyses biochimiques doit être modulée en fonction de sa production laitière et de son état corporel. Pour exemple, Staples et al. (1990) concluent que la concentration plasmatique en AGNE dans son étude n’est pas un bon indicateur du déficit énergétique. La concentration d’AGNE serait un bon indicateur du déficit pour des vaches notées à plus de 3 d’état corporel au vêlage et non pas pour des vaches maigres. b. Etat corporel et mortalité embryonnaire Une BEN en début de lactation est généralement associée à une perte de poids, correspondant à la mobilisation des réserves corporelles (la mobilisation des réserves corporelles est associée à une baisse du taux de conception) se traduisant par une chute de la note de conformation. Une vache perdant une unité de BCS en début de lactation a un risque plus important de connaître une fertilité basse (de 17 à 38 % selon les études, rapporté par Butler, 2000). Les concentrations moyennes de LH sont plus basses pour les animaux perdant du poids corporel que pour des animaux qui le maintiennent (Rutter et Randel, 1984, cité par Randel, 1990). Staples et al. (1990) constatent que les animaux pour lesquels le retour de l’activité ovarienne normale est retardé sont les animaux dont la BE est la plus négative, correspondant aux animaux chez lesquels la perte de poids corporel est la plus forte. La réussite à la première insémination est affectée par le déficit énergétique de la vache. Butler et Smith (1989) identifient une sévère dégradation de la réussite à la première insémination des vaches hautes productrices comparées entre elles sur leur perte de poids. Seul 17% des vaches perdant plus d’un point d’état en 5 semaines sont gestantes après la première insémination contre 65 % des vaches qui perdent moins de 0,5 point d’état corporel. Les animaux qui présentent une diminution du poids corporel ont de plus fortes incidences de ME que des animaux chez lesquels un gain de poids est observé (Dunn et Moss, 1992). 41 % des embryons des génisses qui perdent du poids ne survivent pas contre 24 % de survie pour les embryons des génisses qui en ont gagnées (Dunn, 1980, cité par Dunn et Moss, 1992). Peu d’étude ont mis en relation le niveau énergétique de la vache et la mortalité MEP. Fréret et al. (2005) rapportent une relation entre ces pertes précoces et le niveau énergétique significative. La relation entre les pertes plus tardives (embryonnaire et/ou fœtale) est mieux documentée. Silke et al. (2002), Starbuck et al. (2004) englobent dans leur étude, mortalité embryonnaire tardive et mortalité fœtale (MET-MF). Pour Starbuck et al. (2004), les vaches qui présentent le meilleur état corporel à l’IA1 ou un mois après cette IA, dégradent le taux MET et/ou fœtale. Davantage en déficit énergétique, les vaches maigres dans l’étude de Starbuck et al. (2004) subissent, elles aussi, davantage de mortalités embryonnaires tardives par rapport aux vaches en état intermédiaire. Plusieurs études ont montré que l’amaigrissement entre le vêlage et les premiers mois avant la mise à la reproduction a des effets détériorateurs sur la fertilité (Lopez-Gatius et al., 2002 ; Fréret et al., 2005). Lopez-Gatius et al. (2002) indiquent que la chute d’un point de la note d’état pendant le premier mois de lactation multiplie par 2,4 le risque de mortalité embryonnaire tardive. Silke et al. (2002) n’identifient aucune relation entre l’état corporel mesurée à un instant donné (au vêlage ou un mois après IA) et l’échec de gestation. En revanche, les changements d’état, corrélés aux variations de la balance énergétique, sont fortement liés aux mortalités embryonnaires. En 49 effet, les vaches qui perdent de l’état entre 28 et 56 jours de gestation présentent un taux de perte embryonnaire (11,6 %) supérieur aux animaux qui gagnent de l’état (5,7 %) ou qui le maintiennent (4,7 %). Plus les pertes d’état sont importantes plus le risque d’arrêt de la gestation est élevé. C’est pourquoi il est nécessaire que les éleveurs ne mettent à la reproduction uniquement les animaux qui commencent à reprendre du poids, ou tout du moins qu’ils évitent de mettre à la reproduction les animaux qui en perdent. Très peu d’étude ont cherché la relation entre le niveau énergétique et la mortalité embryonnaire précoce, c’est à dire avant la reconnaissance du conceptus par l’organisme maternelle, il est donc difficile de conclure à un effet du déficit énergétique sur cette période où les échecs sont cependant très importants. En revanche, principalement au travers de l’évaluation des pertes d’état corporel pris comme critère de l’état énergétique de la vache en début de la lactation, l’impact du déficit énergétique sur la mortalité embryonnaire tardive et fœtale est bien démontré. 3. Relation énergie-concentration en progestérone circulante Le lien qui unit la BEN et la fertilité repose aussi sur l’effet qu’elle provoque sur les CPROG sanguines (Butler, 2000). La littérature fait état d’un grand nombre de travaux entre le niveau énergétique des rations et la CPROG (tableau 10). Si on s’appuie sur le nombre de publications, l’énergie semble avoir un effet sur le niveau de progestérone. Lorsque ces études reposent sur une comparaison entre une ration adéquate et une ration carencée, cette dernière semble avoir un effet négatif sur la CPROG (Imakawa et al., 1983). Par contre, si la comparaison se fait entre une ration basse et une ration qui apporte un excès d’énergie, alors les résultats peuvent aboutir à l’effet positif d’un régime restrictif (Nolan et al., 1998). Cependant, l’effet négatif d’une ration haute sur la CPROG, basée sur une ingestion importante, peut être biaisée par une clairance métabolique forte, comme l’ont mis en évidence Sangsritavong et al. (2002). D’autre part, comme la progestérone peut être contenue dans la graisse, toute ration provoquant une mobilisation des réserves adipeuses peut alors induire sa libération. Cette libération augmente alors le niveau de progestérone, augmentation qui peut être faussement interprétée si cette libération est suffisamment importante (O’Callaghan et Boland, 1999). Tableau 10 : effets de l’énergie sur la concentration de progestérone Références Conclusions Dunn et al., 1974 augmentation des niveaux de Nolan et al., 1998 progestérone avec une réduction Villa-Godoy et al., 1990 de l’énergie ingérée Hill et al., 1970 Donaldson et al., 1970 Gombe et al., 1973 Beal et al., 1978 Imakawa et al., 1983 McCann et Hansel, 1986 Villa-Godoy et al., 1988 Staples et al., 1990 Spicer et al., 1990 Rhodes et al., 1996 Kendrick et al., 1999 Corah et al., 1974 Apgar et al., 1975 Spitzer et al., 1978 Réduction de la progestérone avec une réduction de l’énergie ingérée pas d’effet significatif de l’énergie sur les concentrations de progestérone 50 Villa-Godoy et al. (1988) indiquent que le déficit engendre une diminution de la CPROG dans la circulation périphérique durant les 2 et 3èmes cycles postpartum pour une vache en déficit sévère, ce que confirme les travaux de Spicer et al. (1990) et de Staples et al. (1990). De plus, l’augmentation du niveau de progestérone après le vêlage est modérée (Villa-Godoy et al., 1988 ; Spicer et al., 1990), et peut même aboutir à ce que le pic moyen de progestérone durant le premier cycle soit inférieur au pic du second (Staples et al., 1990). Pourtant, ce sont chez les animaux dont le niveau de progestérone est le plus élevé en postpartum que le retour à une activité ovarienne normale se fait rapidement (Staples et al., 1990). Ainsi, la fonction lutéale peut ne pas être maximale durant le premier cycle œstral. Or, la capacité du CJ à produire et à maintenir une CPROG optimale est importante pour la fertilité due aux effets de la progestérone d’un cycle à un autre (Shaham-Albalancy et al., 2001) et parce que la CPROG est plus importante chez des vaches gestantes que non gestantes (Butler et al., 1996). La croissance folliculaire débute après la mise-bas, quelle que soit la balance énergétique (BE), mais le nombre de follicules de grande taille est réduit et l’ovulation retardée chez les femelles en déficit énergétique sévère (Beam et Butler, 1999). Britt (1992), cité par Butler (2000), suppose que le follicule ovarien est affecté lors de son exposition à une BEN durant sa maturation. Le développement et l’ovulation de ces follicules affectés pourraient expliquer cette diminution de la synthèse de progestérone. Les effets de l’ingestion sur la clairance de la progestérone doivent aussi être considérés. En effet, les CPROG sont environ 25 % plus basses chez des génisses alimentées avec une ration riche en énergie comparées à celles dont l’alimentation repose sur une ration pauvre en énergie, probablement en raison d’une plus grande clairance (Nolan et al., 1998). L’effet de l’ingestion sur la clairance de la progestérone est d’autant plus important qu’en début de lactation, l’ingestion chez la vache laitière est multipliée par 2 entre le début de la lactation et l’insémination (Bauman et Currie, 1980, cités par Butler, 2000). Les vaches recevant de plus forte quantité d’amidon présentent une élévation retardée de la progestéronémie postovulatoire, comparée aux 4 autres groupes. La CPROG moyenne des jours 3 à 5 est significativement plus faible pour ce même groupe. La CPROG moyenne durant la période post-ovulatoire est environ 40 % inférieure dans ce groupe. Ainsi, fournir de grandes quantités d’amidon (> 183 g/kg de MS) et de faibles quantités de MG (< 42 /kg de MS) semble néfaste pour la réussite de la gestation en raison d‘une baisse de la CPROG (Garnsworthy et al., 2008). Moriel et al. (2008) ont étudié un effet de la source de glucides sur la CPROG, en comparant une matière première riche en pectine (pulpe de citron) et une autre en amidon (grain de maïs). La source de glucides utilisée dans ces essais n’influence pas la CPROG. Les valeurs de CPROG diminuent et atteignent un minimum entre 3 et 4 heures après le repas, confirmant les travaux de Sangsritavong et al. (2002) et de Vasconselos et al. (2003). L’absence d’effet peut provenir d’un flux sanguin hépatique identique entre les 2 rations. Ainsi, durant la période d’insémination, une plus grande clairance métabolique de la progestérone due à une ingestion importante, combinée à une moindre sécrétion de progestérone par le CJ après les premières ovulations (Villa-Godoy et al., 1988), liée à une moindre sensibilité du CJ à LH (Swanson, 1989) voire à une lutéolyse précoce, provoquent une diminution forte de la CPROG. Les changements au niveau de l’utérus, essentiels au maintien de la gestation, sont induits par le changement entre les niveaux de progestérone periovulatoire et lutéale. Si ce changement a lieu prématurément ou trop tardivement, l’environnement utérin est à un stade qui n’est pas compatible avec le développement embryonnaire (Dunn et Moss, 1992). Cette diminution participe à la réduction de la fertilité (Butler, 2000), en entraînant en partie des cas de ME. 51 4. Une moindre sensibilité du corps jaune à la LH Les animaux dont le régime est carencé en énergie connaissent une activité ovarienne limitée, voire une inactivité quand cette carence est trop forte (anœstrus, chaleurs silencieuses). Parce que l’activité ovarienne est sous l’influence des hormones gonadotropines LH et FSH provenant de la glande pituitaire, le site de l’influence nutritionnelle de la carence pourrait se trouver au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire (Randel, 1990). La perturbation des fréquences et des amplitudes de décharge pré-ovulatoire de l’hormone lutéinisante (LH) est un des principales effet du déficit énergétique sur les facteurs hormonaux (Webb et al., 2004). De nombreux travaux ont établi une relation entre le niveau énergétique de la ration et la diminution de la concentration de LH (Echternkamp et al., 1982 ; Terqui et al., 1982 ; Whishnant et al., 1985 ; rapportés par Swanson, 1989). Cet effet sur la sécrétion de LH n’a pas pour origine une diminution de la sensibilité pituitaire à la GnRH. En effet, cette sensibilité est justement plus forte chez les animaux sous-nutris, avec une réponse en LH/FSH accrue suite à une injection de GnRH (Mason et Randel, 1983 ; Rasby et al., 1986 ; Rutte et Randel, 1984 ; Whishnant et al., 1985 ; cités par Randel, 1990). Ces études suggèrent que la diminution de sécrétion de LH a pour origine soit une réduction de la libération de GnRH, soit une diminution du nombre de récepteurs à la LH. La BEN qui se développe en début de lactation représente un état physiologique de sous-nutrition qui compromet la sécrétion pulsatile de LH, augmentant ainsi les réserves pituitaires de LH (Randel, 1990). Cette accumulation est responsable de la réponse forte de LH lors de l’injection de GnRH. Tout semble indiquer que la décharge de GnRH est supprimée, ou tout du moins limitée quand l’animal est en situation de carence énergétique. Les profils de libération de LH sont moins importants suite à l’injection d’œstradiol, chez les animaux carencés en énergie, ce qui semble indiquer que la réponse hypothalamique à l’œstradiol est modifiée (Randel, 1990). La faible disponibilité en énergie affecte non seulement la sécrétion pulsatile de LH, mais réduit la réponse ovarienne à la stimulation de LH (Butler, 2001), provoquant une moindre sensibilité du CJ à LH (Swanson, 1989). Gombe et Hansel (1973), Apgar et al. (1975), cités par Beal et al. (1978), ont suggéré qu’une moindre sensibilité du CJ était responsable d’une diminution de la synthèse de progestérone par le CJ. 5. Influence de l’énergie sur la qualité des ovocytes et des embryons Le statut nutritionnel est un facteur déterminant pour la réussite de la reproduction chez les mammifères. Il peut intervenir à différents niveaux de l’axe hypothalamus-hypophyseovaire pour réguler le développement folliculaire et l’ovulation. Moins connus sont les effets de la nutrition sur l’ovocyte contenu dans le follicule et leurs conséquences sur sa capacité à former un embryon (Adamiak et al., 2006). Comme le développement folliculaire est une étape longue qui peut prendre plusieurs mois, la nutrition apportée à un instant peut exercer ses effets plusieurs mois plus tard (Chagas et al., 2007). Dans une étude sur les ovocytes de bovins (McEvoy et al. (1997), cités par O’Callaghan et Boland, 1999), il a été montré qu’une restriction énergétique avant abattage favorisait le développement de l’embryon in vitro. Yaakub et al. (1997), cités par O’Callaghan et Boland (1999), ont observé que le nombre de blastocystes obtenus à partir des vaches au régime restreint en énergie est supérieur à celui obtenu à partir de vaches recevant le régime le plus énergétique. Le problème majeur de ce genre d’étude est la faible quantité de matériel disponible par animal pour l’expérimentation (O’Callaghan et Boland 1999). Des apports trop importants en énergie semblent délétères pour la qualité des ovocytes, avec une diminution du taux de développement des embryons après fécondation (Nolan et al., 1998 ; Armstrong et al., 2001). La ration pauvre en énergie semble avoir un effet moins 52 négatif sur la qualité des ovocytes (Kendrick et al., 1999). La note moyenne obtenue pour les vaches du groupe L (ration à 1,52 Mcal/kg) diminue au cours de l’expérience, de 2,04 à J30 jusqu’à 2,00 à J100. Les vaches du groupe H (ration à 1,78 Mcal/kg) produisent plus d’ovocytes de note 4 mais aussi plus d’ovocytes de note 1 (note 1=excellent, 5=dégénéré). Nolan et al. (1998) ont recherché les éventuels effets d’un changement rapide dans la nutrition sur la qualité de l’embryon après traitement à la superovulation chez la génisse. Les génisses, séparées en deux groupes, ont suivies deux régimes (régime H : 28,6 Mcal/kg/tête/jour, régime L : 9,6 Mcal/kg/tête/jour). Les embryons récoltés sont évalués selon leur morphologie, puis mis en culture pour permettre la formation du blastocyste, pour une nouvelle évaluation. Il n’y a pas de différences significatives entre les deux traitements pour la qualité des embryons récoltés. Cependant, il y a une tendance pour les animaux du groupe L à produire plus d’embryons transférables (embryons notés 1, 2, 3 : 52 % pour L, contre 44 % pour H). Après mise en culture, une part significativement plus importante d’embryons provenant des animaux du groupe L a atteint le stade blastocyste comparée aux embryons du groupe H. Cette observation conforte l’idée selon laquelle un régime restreint améliore le développement embryonnaire (Nolan et al., 1998). Les embryons récoltés chez les génisses du groupe L ont un nombre moyen de cellules du blastocyste plus important que ceux du groupe H. Ces résultats sont cohérents avec les différences de développement évoquées précédemment. Le groupe dont le régime est excédentaire en énergie présente une CPROG moyenne plus faible que celle du groupe dont l’énergie est restreinte. Le plus faible développement embryonnaire chez ces animaux pourrait en être la conséquence. Fouladi-Nashta et al. (2005), cités par Garnsworthy et al., (2008a), ont montré qu’un régime riche en amidon diminuait la capacité des ovocytes à atteindre le stade blastocyste après FIV. Adamiak et al. (2005) étudient les effets de l’état corporel, reflet de la BE, et du niveau d’ingestion sur la qualité des ovocytes et leur capacité à donner des embryons. La qualité des ovocytes est affectée par une interaction entre le niveau alimentaire et l’état corporel des animaux : un haut niveau d’apport est bénéfique pour les ovocytes issus d’animaux de faible EC, mais néfaste chez les animaux d’EC modéré à élevé. L’effet du niveau alimentaire sur la qualité des ovocytes dépend de l’état corporel initial. Le taux de clivage n’est pas influencé par ces facteurs. L’interaction entre l’état corporel et le niveau alimentaire est significative sur le nombre de blastocyste : ce dernier est inférieur pour les animaux de faible état corporel et dont le niveau alimentaire est le moins élevé (apport=entretien). Pour atteindre le stade blastocyste, un haut niveau alimentaire est bénéfique pour les animaux de faible état corporel. Adamiak et al. (2006) s’intéressent aux effets de la nature et du niveau de glucides (amidon vs fibre) et d’acides gras (AG) chez des génisses maigres ou grasses. Le taux de clivage est meilleur pour les ovocytes issus des génisses dont l’état corporel est le plus faible. La même observation est faite chez les animaux recevant davantage de fibre, par rapport aux animaux recevant davantage d’amidon. L’état corporel n’affecte pas le nombre de blastocyste. Le nombre de blastomères par embryon est plus grand pour les animaux de faible EC. Les glucides ou les AG ajoutés dans la ration diminuent le nombre de blastocyste seulement chez les animaux de faible EC. Cette étude confirme que les effets des glucides sur la qualité des ovocytes dépendent de l’EC des animaux. Contrairement à un régime riche en fibre, une ration riche en amidon compromet le développement des ovocytes suite à la fécondation, mais seulement chez les animaux de faible EC. Les effets sur l’IGF et ses protéines de transport pourraient avoir une répercussion sur la compétence des ovocytes (Adamiak et al., 2005, 2006). Britt (1992), cité par Butler (2000), a suggéré que les conditions environnementales défavorables que subissent les follicules preantraux, pouvaient altérer l’expression des gènes. Cela peut se traduire par une altération du développement, pouvant aboutir à des ovocytes de pauvre qualité. Après une phase de croissance et de maturation de plusieurs semaines, cet ovocyte partiellement compétent peut être expulsé lors de la première IA. Des ovocytes de meilleure qualité pourraient limiter les épisodes de ME. Le développement des embryons récoltés de génisses dont le régime alimentaire est restreint semble meilleur que celui d’embryons récoltés sur des animaux dont le régime est 53 fourni ad libitum. Le développement embryonnaire est important pour que l’embryon parvienne suffisamment rapidement à un stade qui lui permettra de sécréter l’IFN-τ. L’apport élevé d’énergie, en retardant le développement embryonnaire, pourrait retarder cette sécrétion et ainsi retarder la reconnaissance maternelle, étape indispensable pour sa survie. 6. AGNE et ovocytes La nutrition peut exercer des effets directs et immédiats. D’autres effets peuvent être retardés dans le temps, notamment ceux qui touchent l’ovocyte, et peuvent se révélés au moment de la mise à la reproduction. Britt (1994), cité par Leroy et al. (2005), suggère qu’un follicule dont la croissance intervient durant la période de BEN peut être affecté par les changements métaboliques induits par la BEN. Il peut alors contenir un ovocyte incompétent. Un des changements majeurs intervenant lors de BEN est la hausse du niveau plasmatique en AGNE, d’autant plus importante que le déficit énergétique est élevé. Cette hausse est consécutive à la mobilisation des réserves corporelles, en particulier du tissu adipeux. Les AGNE pourraient exercer des effets toxiques sur l’ovocyte et réduiraient sa qualité, ce qui pourrait expliquer en partie la baisse de fertilité. L’intensité de la mobilisation corporelle peut être appréciée par le rapport TB/TP (lorsque celui-ci est supérieur à 1,5, l’animal souffre de cétose). Ce n’est que récemment qu’un rôle déterminant pour la fertilité est attribué à la qualité de l’ovocyte et de l’embryon. Quelques études ont montré un déclin de la fertilité lorsque ces qualités étaient altérées (O’Callaghan et Boland, 1999). Une baisse significative de la qualité ovocytaire a été relevée chez les VLHP (Gwazdauskas et al., 2000), ce qui peut être responsable d’une diminution du taux de conception ou d’une forte prévalence de la MEP (Silke et al., 2002). Spicer et al. (1990) ont mis en évidence une corrélation entre de hauts niveaux d’AGNE dans le plasma et de faibles CPROG. Moallem et al. (1999) ont mesuré les concentrations en AGNE non seulement dans le plasma, mais aussi dans le fluide folliculaire. Aucunes différences significatives ne sont relevées dans les deux liquides entre les vaches qui ont reçu une ration témoin et celles qui Figure 16 : Concentrations en AGNE dans le plasma et dans le reçu un supplément de liquide folliculaire du follicule dominant chez des génisses ont alimentées avec le régime témoin (n=9) et des génisses carencées 0.55 kg/j de sels d’AG. (n=7). Source : Jorritsma et al. (2003). Jorritsma et al. (2003) ont montré que la concentration plasmatique en AGNE exerçait un effet important sur le niveau d’AGNE présent dans le fluide folliculaire, indépendamment de la taille du follicule. La concentration plasmatique en AGNE est significativement associée à celle du fluide folliculaire (p=0,0006, figure 16). Si les AGNE exercent des effets néfastes sur l’ovocyte, ceux-ci pourraient être plus prononcé pour les animaux dont le niveau d’AGNE est très élevé. Leroy et al. (2005) ont recherché s’il existait un lien entre les concentrations en AGNE dans le sérum et dans le fluide folliculaire. A 16 jours pp, la concentration en AGNE dans le fluide folliculaire est significativement plus faible que le niveau sérique (en moyenne, une baisse de 47,0 ± 6,4 % est observée). A 44 jours de lactation, le niveau sérique en AGNE est revenu à un niveau observé avant vêlage. A ce stade, il n’y a pas plus de différences entre les concentrations folliculaires et sériques (figure 54 17). L’ovocyte et les cellules de la granulosa sont protégés de hautes concentrations en AGNE et de ses effets toxiques. Figure 17 : Concentrations moyennes en AGNE (± écart-type) dans le sérum (trait continu) et le fluide folliculaire (trait discontinu) après vêlage. * les concentrations sanguines et folliculaires en AGNE sont significativement différentes (p<0,05). Source : Leroy et al. (2005). La mise en culture de cellules de la granulosa en présence d’AGNE diminue leur prolifération sans altérer leur production de progestérone (Jorritsma et al., 2004). Ces résultats offrent une explication du ralentissement de la croissance du CJ observé lors de BEN, entraînant une baisse du poids de ce CJ et de la production de progestérone (Yung et al., 1996, cités par Jorritsma et al., 2004). Puisque la production de progestérone n’est pas affectée par les AGNE, ces derniers ne doivent pas interagir avec les fonctions cellulaires responsables de sa synthèse. Leur effet semble plutôt s’exercer sur la membrane cellulaire. Jorritsma et al. (2004) recherchent l’effet des AGNE sur la méiose après 24h de maturation des ovocytes. Après 4h de maturation, les AGNE tendent à stimuler la progression des ovocytes vers le stade métaphase II, illustré par un plus grand pourcentage d’ovocyte en métaphase I, une proportion plus faible d’ovocyte au stade vésicule germinale (figure 18). Cependant, après 24h de maturation, la part d’ovocyte au stade métaphase II est significativement plus faible pour les ovocytes ayant baigné dans le milieu avec AGNE. L’effet des AGNE sur la progression de la méiose est particulièrement présent dans la seconde moitié de la phase de maturation. L’émission du premier globule polaire fait intervenir des changements de la structure membranaire, qui a lieu durant la seconde moitié de la maturation. Ainsi, les AGNE pourraient interagir avec les structures membranaires de l’ovocyte. Le taux de fécondation est significativement plus faible pour les ovocytes cultivés en présence d’AGNE. La présence d’AGNE dans le milieu durant la maturation des ovocytes entraîne une réduction du taux de clivage et de la proportion d’embryons atteignant le stade morula et au delà aux jours 7 et 9. Cela peut être le résultat du retard de développement lors de la maturation. L’ajout dans le milieu de culture d’acide palmitique ou stéarique (2 des 3 AGNE prédominants dans le sérum et le fluide folliculaire, Leroy et al., 2005) exerce un effet négatif sur la progression de la méiose des ovocytes (Leroy et al., 2005), confirmant les travaux de Jorritsma et al. (2004). Les taux de fécondation, de clivage et la formation de blastocystes sont réduits. La diminution du taux de fécondation peut être le résultat d’un retard ou blocage de la maturation. L’expansion des ovocytes est réduite par l’acide palmitique ou stéarique, suite à l’induction de l’apoptose et de la nécrose des cellules du cumulus lors de la maturation. Dans cette étude, les ovocytes sont exposés à des concentrations élevées en AGNE seulement pendant 24 heures, alors qu’in vivo ils peuvent l’être pendant plusieurs semaines. L’effet cytotoxique des concentrations en AGNE, identifié aussi par Jorritsma et al. (2004) et Homa et Brown (1992), serait un facteur de détérioration de la qualité ovocytaire des vaches laitières. 55 Figure 18 : Progression de la méiose des ovocytes après 24h de maturation dans un milieu contenant (barre vide) ou pas des AGNE (barre pleine). GV : vésicule germinative, MI : métaphase I, AT : anaphase/télophase, MII : métaphase II. Source : Jorritsma et al. (2004). 7. L’énergie et l’IGF-1 L’IGF-1 (Insulin-like Growh Factor-1) est un peptide produit par plusieurs organes que sont l’hypothalamus, les ovaires, l’oviducte et l’utérus. La grande majorité de l’IGF-1 mesurée dans le plasma est produit par le foie. Ce peptide peut réguler plusieurs mécanismes physiologiques en lien avec la reproduction, en se liant à son récepteur. Ce dernier est exprimé à la surface de nombreuses structures du tractus génital et du conceptus (Velazquez et al., 2008). La bioactivité des IGF dans les ovaires est régulée par les IGF Binding Proteins (IGFBP). Celles-ci agissent comme des transporteurs et prolongent ainsi la demi-vie des IGF dans le sérum, tandis qu’elles modulent l’action locale des IGF au niveau des cellules et des tissus cibles. Les récepteurs de l’IGF-1 et des IGFBP ont été identifiés dans les complexes ovocytes-cumulus, suggérant un effet direct de l’IGF-1 sur la régulation de la croissance folliculaire et sa maturation (Armstrong et al., 2002), puisque les IGF et les IGFBP sont considérés respectivement comme des stimulateurs et des inhibiteurs de la croissance et de la maturation folliculaire. La production principalement par le foie, d’IGF-1 est aussi modifiée en cas de variation de la balance énergétique. Sa concentration plasmatique diminue chez des animaux en déficit énergétique (Spicer et al., 1990 ; Lucy et al., 1992). Les concentrations basses en insuline et en IGF-1 sont les principaux facteurs endocriniens agissant sur le développement folliculaire, soit en agissant directement sur la capacité du follicule à répondre à l’action des gonadotrophines (LH et FSH), soit en agissant indirectement sur la diminution des concentration et des pulses de LH hypophysaire (Webb et al., 2004). Spicer et al. (1990) ont montré, grâce au dosage plasmatique de l’IGF-1, que la sécrétion de progestérone augmente avec la quantité d’IGF-1. Pour que la fonction de reproduction soit altérée, il est nécessaire que le niveau en IGF-1 soit réduit d’un facteur 3 avant la mise à la reproduction (Bossis et al., 1999, 2000 ; cités par Velazquez et al., 2008). Cette situation ne se rencontre que chez des animaux sévèrement sous-nutris ou chez les vaches laitières en BEN. L’intensité du déficit énergétique et sa 56 durée sont corrélées avec la teneur en IGF-1 circulante (Fenwick et al., 2008). Une BE fortement négative atténue la transcription de gènes codant pour l’IGF-1 et d’autres composés associés à l’IGF-1 (IGFBP-2, IGFBP-6), réduisant sa biodisponibilité et sa stabilité (Fenwick et al., 2008). La teneur en IGF-1 a été associée au taux de conception en IA1 (Patton et al., 2007 ; cités par Velazquez et al., 2008) et le développement embryonnaire en période préimplantatoire (Matsui et al., 1997 ; Palma et al., 1997 ; Moreira et al., 2002 ; Velazquez et al., 2005 ; cités par Velazquez et al., 2008). L’intervalle séparant le vêlage et le début d’une activité lutéale ovarienne est plus court pour les vaches présentant les concentrations en IGF-1 les plus fortes dans les 2 semaines suivant le vêlage (Patton et al., 2007 ; cités par Fenwick et al., 2008). L’IGF-1 pourrait influencer la survie de l’embryon de manière directe pendant le transfert jusqu’à l’utérus, ou de manière indirecte via des actions sur l’ovaire, l’oviducte ou l’utérus. La mise en culture d’embryons en présence d’IGF-1 entraîne un meilleur taux de gestation après transfert (Block et al., 2003 ; cités par Velazquez et al., 2008). Aucune corrélation entre les niveaux plasmatiques en IGF-1 et ceux relevés dans le fluide utérin n’a été mise en évidence. Le dosage de l’IGF-1 pourrait constituer un outil utile pour prédire la réussite ou non de l’IA. Cependant, la corrélation entre la teneur en IGF-1 et la viabilité de l’embryon reste faible (r²=0,30 ; Velazquez et al., 2008). Cette mesure est donc un outil prédictif très peu fiable. Il peut constituer en revanche un outil pour décider de mettre l’animal à la reproduction. 8. Maîtrise de l’engraissement pendant le tarissement La BEN induit une baisse de poids corporel, consécutive à la mobilisation des réserves corporelles, afin de répondre à la demande de la glande mammaire. Le bilan énergétique en début de lactation est conditionné par la densité énergétique, mais surtout par l’ingestion. Le délai pour retrouver un niveau d’ingestion suffisant est associé à la mobilisation des réserves corporelles. L’intensité et la durée de la perte de poids sont directement reliées à l’état corporel au vêlage, en fin de tarissement. En effet, la vache laitière va réguler son ingestion en début de lactation pour atteindre un état corporel cible 12 semaines après vêlage (Garnsworthy et al., 2008a). Des vaches grasses en fin de tarissement vont avoir tendance à perdre davantage de poids corporel par rapport à des vaches plus maigres, en raison d’une ingestion plus faible. La relation entre la NEC au vêlage et la perte de poids est très forte (r²=0,82 ; Garnsworthy et al., 2007, cités par Chagas et al., 2007). L’alimentation en période de tarissement doit répondre à 2 enjeux : couvrir les besoins des animaux et préparer les animaux à la lactation. La couverture des besoins énergétiques est relativement aisé pour les animaux, il convient alors de limiter la suralimentation, afin d’aboutir à une NEC de 3 à 3,5 au vêlage. La période sèche est une période de repos pendant laquelle il ne devrait y avoir ni amaigrissement ni engraissement de la vache. L’observation de la NEC doit permettre de corriger eventuellement la densité énergétique de la ration. Les vaches taries ont besoin d’une ration pauvre en energie mais appétante pour que l’ingestion demeure importante. Une diminution de l’ingestion provoque une baisse du volume du rumen, néfaste en début de lactation. Les besoins nutritionnels d’une vache laitière en lactation sont dès les premières semaines 3 à 4 fois plus élevés que ceux d’une vache tarie. La ration doit donc évoluer à la fois en quantité et en densité en nutriments, dans un délai relativement court. Le système ruminal ne peut s’adapter à un changement de la ration si brutal : une transition alimentaire longue est necessaire autour du vêlage. Si cette dernière n’est pas respectée, la digestion ruminale n‘est plus aussi efficace. Le temps de sejour des aliments est augmenté, réduisant la quantité de matières sèches ingérées. Cette baisse de l’ingestion en début de lactation est 57 préjudiciable compte tenu de la place de l’ingestion dans le bilan énergétique. L’absence de transition peut donc dégrader un bilan énergétique déjà négatif. La séparation des vaches taries du lot des laitières permet la distribution d’une ration spécifique adaptée aux besoins de ces animaux. Leur retour à la ration des vaches en lactation doit être progressif. L’adaptation doit débuter 3 semaines avant le vêlage. Une bonne transition péri-partum permet d’optimiser l’ingestion en début de lactation (Ennuyer, 2009). La période précédant le part est essentielle pour la bonne gestion de la reproduction suite au vêlage. L’alimentation pendant le tarissement et l’état corporel au vêlage qui en découle ont des effets majeurs sur le retour d’une activité sexuelle normale. Ces effets sont irréversibles lorsque la gestion alimentaire n’a pas été bonne, et ne peuvent être compensés par des apports énergétiques importants (Chagas et al., 2007). Colazo et al. (2009) ont cherché à déterminer si un apport restreint pendant le tarissement améliorait l’ingestion et la BE en début de lactation et si l’apport d’AG polyinsaturés (AGPI) pendant cette période se traduisait par une meilleure fertilité. Après vêlage, l’ingestion tend à être plus importante chez les vaches ayant reçu un apport restreint (15,5 vs 14,2 ; p=0,06). La BE en début de lactation est affectée par l’apport reçu lors du tarissement : le déficit est moins important pour les animaux restreints (p<0,01). La perte de poids corporel est plus importante pour les animaux qui ont reçu la ration à volonté. Le niveau plasmatique en AGNE n’est pas affecté par le régime reçu par les animaux. L’apport restreint pendant le tarissement permet d’augmenter l’ingestion en début de lactation et de réduire le déficit énergétique durant cette même période. Cela permet en outre d’améliorer la santé de la vache pendant cette période. Il existe un profil de NEC idéal pour les vaches laitières qui minimisent l’impact de la BEN sur la reproduction tout en assurant la production laitière (figure 19). Si ce profil idéal est recherché en élevage, les résultats de reproduction doivent s’améliorer (Chagas et al., 2007). Figure 19 : Évolution idéale de la note d'état corporel des vaches laitières au cours de la lactation pour minimiser les effets de l'énergie sur la fertilité. Source : Chagas et al. (2007). Il s’agit donc d’apporter une ration, sans excès, tout en commençant la transition avec la ration de lactation. Pour cela, la meilleure stratégie vise à gérer 2 lots de vaches taries : vaches à plus de 3 semaines du vêlage, vaches proches du vêlage. Les vaches du premier lot reçoivent une ration pauvre en énergie et caractérisée par un fort encombrement. Le coefficient de remplissage du rumen permet de vérifier l’encombrement de la ration, condition indispensable au maitien du volume ruminal. Les vaches en fin de tarissement reçoivent une ration plus riche, dont au moins la moitié des fourrages distribués doit être constituée de fourrages utilisés pendant la lactation. La flore microbienne doit être la plus 58 importante et la plus adaptée possible aux différents éléments de la ration : la ration de transition doit contenir tous les composants de la ration des vaches en lactation. Les fourrages dérivés de l’herbe doivent être utilisés avec précaution, car riches en potassium (BACA 9 élevé) et en calcium, ils sont un facteur de risque pour la fièvre vitulaire s’ils sont utilisés seuls. L’alimentation des vaches taries est régulièrement négligée en élevage laitier. Pourtant, le tarissement apparaît comme une période clé qui conditionne la future lactation et la future gestation. 9. Stratégie : accroître la densité énergétique de la ration La baisse de fertilité observée chez les VLHP est en partie le résultat d’une sélection importante menée sur le caractère production de lait. Malheureusement, il existe un conflit entre les paramètres de production et de reproduction : exercer la sélection sur la production de lait conduit à une baisse de fertilité. Ce conflit n’est pas inévitable, en témoigne l’introduction du paramètre fertilité dans le calcul des index génétiques. Cette prise en compte, relativement récente, a réduit la baisse de la fertilité. Il semble que l’effet de l’énergie s’exerce au niveau de la CPROG et de la qualité des ovocytes. Le niveau énergétique de la ration doit être suffisant pour ne pas altérer la sécrétion pulsatile de LH et la sensibilité du CJ, tout en évitant les excès qui pourraient se traduire par une clairance plus forte de la P4. L’apport d’énergie doit être suffisant, d’autant plus qu’il favorise la production laitière, comme le montrent Kendrick et al. (1999). Deux régimes sont fournis aux vaches laitières, le premier (régime H) fournit 1,78 Mcal/kg tandis que le second apporte 1,52 Mcal/kg (régime L). La production laitière moyenne obtenue avec le régime H est de 41,6 ± 0,3 kg/jour, alors qu’elle est de 32,8 ± 0,3 kg/j avec le régime L. Cependant, une ration trop riche en énergie n’est pas bénéfique pour la qualité des ovocytes (McEvoy et al., 1997 ; Yaakub et al., 1997 ; Nolan et al., 1998 ; Kendrick et al., 1999) et des embryons (Nolan et al., 1998). Le choix de la richesse énergétique de la ration dépend également de la stratégie de l’éleveur au sujet de la production laitière : maximisation de la production laitière (expression du potentiel génétique) ou persistance de la production. Comme souvent en nutrition, il est nécessaire de trouver un optimum. Comme l’ingestion occupe un poste important dans la BE postpartum, les stratégies nutritionnelles pour la maximiser sont intéressantes à étudier. Une attention toute particulière doit être portée à la qualité hygiénique des aliments : un seul aliment peut degrader la consommation du mélange. La conservation des ensilages, le nettoyage de l’auge, l’absence de poussière dans le foin sont des points à vérifier. L’augmentation de l’énergie ingérée pourrait se faire par un apport plus important de concentrés durant cette période (Butler, 2000), au détriment des fourrages. Cependant, des apports trop importants de concentrés peuvent mener à l’acidose et à une diminution de la production de lait (Carroll et al., 1990), ainsi qu’à une dégradation de la qualité ovocytaire. Une alternative, étudiée plus tard dans ce rapport, consisterait à augmenter la densité énergétique de la ration en augmentant la teneur en matières grasses (MG). Cependant, des essais réalisés par Beam et Butler (1998) montrent que l’ingestion d’une ration supplémentée en MG protégées de la fermentation ruminale peut être inférieure, ne se traduisant pas par une augmentation significative de l’énergie ingérée. La production laitière peut aussi s’accroître ce qui pourrait augmenter les sorties d’énergie et rendre la BE plus négative. Toutes les stratégies permettant d’augmenter l’ingestion après vêlage doivent être utilisées. Un soin particulier doit être apporté à l’alimentation durant le tarissement. D’autre part, les taux de gestation diminuent quand l’alimentation avant vêlage est inadéquate. Une alimentation raisonnée doit donc être mis en œuvre durant cette période, en évitant l’excès. En effet, une surnutrition avant vêlage est connue pour augmenter les risques de syndrome 9 Le bilan alimentaire cations-anions : (K + Na) – (Cl + S) doit être le plus faible possible pour réduire le risque d’hypocalcémie subclinique ou de fièvre de lait. Un BACA élevé est en général dû des fourrages riches en K ou à la présence de Na sous formes de bicarbonates. 59 de la vache grasse (Butler et Smith, 1989), pouvant lui-même conduire à une perte importante d’état corporel et une chute de l’ingestion. D’autre part, restreindre l’ingestion durant le tarissement semble améliorer l’ingestion en début de lactation (Colazo et al., 2009). III. Nutritions protéique et azotée Les apports protéiques et azotés de manière générale permettent aux animaux de répondre à leurs besoins d’entretien, de croissance, de production et en dernier lieu à la fonction de reproduction (Roche, 2006). Des rations riches en protéines sont fournies aux vaches laitières dans le but de maximiser leur production. Il semblait alors intéressant de s’attarder sur l’aspect protéique de la ration, pour rechercher si d’éventuels excès pouvaient être néfastes pour la reproduction. Cette partie traitera particulièrement de l’excès azoté, situation la plus rencontrée en pratique courante. D’ailleurs, peu de travaux ont étudié les effets d’une carence. Pourtant, Orihuela (2000), cité par Law et al. (2008), rapporte qu’un déficit azoté sévère affecte la reproduction et ses performances. Ces rations avec une teneur protéique (ou CP) élevée sont surtout observées dans les systèmes anglo-saxons. La disponibilité en protéines n’y est pas limitée (soja produit sur place), leurs introductions dans les rations ne pénalisent donc pas économiquement les élevages, à la différence des élevages européens pour qui la ressource protéique est un poste important de dépense. Le CP des rations des systèmes européens se situe habituellement aux alentours de 15-17%, alors qu’elle est beaucoup plus forte dans les systèmes américains, souvent au-delà de 20 %. La problématique de l’alimentation protéique ne peut être étudiée indépendamment des apports d’urée. En effet, l’alimentation des ruminants peut reposer dans une certaine mesure sur un apport d’azote non protéique, ce qui sera abordé dans une première partie consacrée à la digestion des protéines et plus globalement de l’élément azoté. Les conséquences de ces apports, autant quantitatif que qualitatif, sur la fertilité seront ensuite étudiées, en apportant l’ensemble des effets relevés dans la littérature qui pourraient avoir un lien avec la ME, et les mécanismes qui pourraient être à l’origine des problèmes d’infertilité rencontrés. 1. Digestion des protéines Un apport alimentaire protéique aux animaux est indispensable pour fournir l’azote à la flore microbienne du rumen. A la différence des monogastriques, cet apport n’a pas pour but de fournir les acides aminés essentiels, car ceux-ci sont prélevés sur les protéines microbiennes synthétisées dans le rumen (O’Callaghan et Boland, 1999). L’apport de matière protéique aux ruminants consiste donc à fournir aux micro-organismes du rumen les éléments nécessaires à la synthèse de leurs propres protéines : nourrir un ruminant c’est d’abord nourrir la population du rumen. Les besoins en protéines dépendent du statut de l’animal et de son niveau de production, car dans le cas de la vache laitière, une quantité importante de protéines est excrétée dans le lait. 60 Figure 20 : Digestion des protéines et flux d’azote chez le ruminant. Source : Sauvant (2005). La digestion des protéines des aliments (figure 20) dans la panse débute par une hydrolyse qui aboutit à la libération des peptides et d’acides aminés, et surtout à la formation d’ammoniaque. Les protéines et les peptides sont dégradés essentiellement par les bactéries (B. ruminicola, S. bovis, B. fibrisolvens), alors que ce sont les protozoaires qui dégradent les acides aminés, leur activité étant trois fois supérieure à celle des bactéries. Cette protéolyse est plus ou moins marquée selon l’aliment ou plus précisément en fonction de la dégradabilité (ou solubilité) de la fraction protéique. Les protéines sont donc séparées en deux groupes, les protéines dégradables dans le rumen (PDR) et celles qui ne le sont pas (non dégradables ou PIR), sur la base de la capacité des microorganismes du rumen à les hydrolyser (O’Callaghan et Boland, 1999). Par exemple, les protéines du tourteau de soja sont peu dégradées alors que celles des protéagineux produits en France comme alternative aux importations de soja (colza, pois, féverole), sont très dégradées (Sauvant, annexe 2). Ainsi, suite à la fermentation ruminale, les protéines dégradables dans le rumen fournissent une source importante d’ammoniaque (Butler, 1998). Le NH 3 formé emprunte deux voies principales d’utilisation qui possèdent des significations techniques et "économiques" très différentes. En cas d’accumulation importante, le surplus de NH 3 est absorbé à travers la paroi ruminale pour gagner la circulation sanguine. En raison de sa toxicité, il est ensuite transformé dans le foie en urée, excrétée en majeure partie par la voie urinaire. Elle est aussi éliminée dans le lait. Une seconde source d’urée produite par le foie provient de la désamination et du métabolisme des acides aminés. Les acides aminés non utilisés pour la synthèse de protéines laitières ou dans le dépôt musculaire, sont désaminés au niveau du foie en substrats énergétiques ou en urée. L’ammoniaque et les acides aminés libérés par la protéolyse sont aussi prélevés par les microorganismes pour élaborer leur propre substance. Cette voie d’utilisation est pratiquement très intéressante car elle signifie que des matières azotées non protéiques, telle que l’urée ou des sels ammoniacaux, peuvent être incluses dans les rations et valorisées par les ruminants par l’intermédiaire de la protéosynthèse microbienne de la panse (Sauvant). Ainsi, l’urée figure comme la principale source d’azote non protéique utilisée en alimentation animale (O’Callaghan et Boland, 1999). L’urée exogène apportée par la ration peut être complétée par une source d’urée endogène qui assure une fourniture permanente minimale de NH 3 de deux façons : elle est présente dans la salive qui en 61 contient 20 mg/L et l’NH 3 peut diffuser à travers la paroi du rumen selon un gradient de concentration. L’énergie est requise pour l’incorporation de l’azote dans les protéines microbiennes. Un synchronisme entre les disponibilités en énergie et en azote est alors nécessaire, et affecte l’efficacité de la protéosynthèse microbienne. Une faible disponibilité en énergie peut la diminuer. C’est pourquoi la prise en compte du besoin énergétique des microorganismes est importante pour maximiser la protéosynthèse (O’Callaghan et Boland, 1999), et qu’il est parfois difficile de distinguer les effets de l’énergie des effets de l’alimentation azotée. La notion d’excès azoté est davantage lié au rapport azote/énergie qu’au rapport apport/besoin (Enjalbert, 2003). L’apport excédentaire d’azote fermentescible (ou le défaut en énergie) contribue à augmenter la teneur du jus de rumen en NH 3 non utilisé par les bactéries. Ce dernier, après diffusion à travers la paroi du rumen, et détoxification au niveau du foie, est transformé en urée. Cette transformation est coûteuse en énergie. Au contraire, un apport insuffisant d’azote dégradable réduit la croissance microbienne. La population microbienne, dont la croissance est ralentie, dégrade moins rapidement les constituants pariétaux et rejette une moindre quantité d’acides gras volatils. L’animal hôte dispose ainsi d’une moindre quantité de protéines microbiennes et d’énergie. En outre, la digestion de la matière organique étant plus lente, l’ingestion est réduite, ce qui peut aggraver une balance énergétique déjà négative chez des animaux en début de lactation. Les acides aminés qui arrivent au niveau de l’intestin ont donc une double origine : ceux issus des protéines alimentaires non dégradées dans le rumen, et ceux issus des protéines microbiennes. Les protéines parvenant à ce niveau sont hydrolysées et absorbées sous forme d’acides aminés et de petits peptides en totalité ou presque (certaines protéines ne sont pas très bien hydrolysées dan l’intestin grêle : tourteau de raisin par exemple). 2. Les besoins en protéines en début de lactation Quelques données quantitatives sur les besoins en protéines peuvent être utiles, notamment pour fournir quelques ordres de grandeur. Ces données permettent aussi de connaître les périodes pendant lesquelles il est possible de rencontrer un excès azoté. La période à risque sera les premières semaines postpartum, période où la demande en protéines est la plus importante et l’ingestion limitée. En s’appuyant sur les tables du NRC (National Research Council), les besoins en protéines peuvent être calculés pour une vache de 650 kg produisant 9000 kg de lait (3.5 % de matières grasses) sur une durée de 305 jours de lactation (Ferguson et Chalupa, 1989). La balance énergétique pour une telle vache est négative durant les 12 premières semaines postpartum (Ferguson et Chalupa, 1989). La ration doit fournir des apports permettant d’assurer les besoins des microorganismes et de l’animal pour son entretien, sa croissance et sa production. L’énergie est donc utilisée pour la synthèse protéique microbienne et pour la production de lait. L’énergie résultant de la mobilisation des réserves corporelles ne peut être utilisée pour ces fonctions (Ferguson et Chalupa, 1989). Ainsi, les changements dans l’ingestion énergétique ou dans la production de lait conditionnent les besoins d’ingestion de protéines totales (CP) et de la fraction de PIR sur la fraction protéique totale tout au long de la lactation. Les besoins en CP et en PIR sont de 18 % et 45 % respectivement, durant les 6 premières semaines de lactation. De 6 à 12 semaines de lactation, les besoins pour le CP sont de 17 à 18 % alors que les besoins de PIR atteignent 40 %. Comme l’ingestion augmente et la production diminue, les besoins pour CP et PIR diminuent pour atteindre 15 et 36 % respectivement. 3. Situations susceptibles d’induire des excès Les excès peuvent avoir pour origine une ration de base riche en azote. Les rations reposant sur le pâturage ou l’ensilage d’herbe sont sujettes aux excès azotés, surtout quand l’herbe est jeune, riche en azote soluble rapidement fermentescible. 62 Une ration mal équilibrée peut aussi engendrer des excès. Des déséquilibres peuvent être observés lorsque la ration contient des aliments riches en PDIN en trop grande quantité (graines protéagineuses, urée), lorsqu’il y a trop de compléments azotés, ou lorsque la ration de base est mal évaluée. Une ration insuffisamment riche en énergie peut aussi en être la cause. 4. Nutrition azotée et performances de reproduction L’apport de protéines peut être abordé sous deux angles : un premier aspect quantitatif (CP) et un second qualitatif (fraction dégradable PDR et non dégradable PIR). Les effets de l’alimentation protéique sur la reproduction sont nombreux. Seuls seront traités les paramètres de reproduction qui ont pu faire intervenir des épisodes de ME : taux de gestation (tableau 9), taux de conception en première insémination (IA1), nombre d’inséminations nécessaire par gestation, intervalle vêlage-conception (tableau 10 pour ces deux derniers paramètres). La qualité de l’embryon et son bon développement sont également des éléments qui peuvent être sous la dépendance de l’alimentation protéique. Les propos tenus dans cette sous-partie s’appuient notamment sur les revues réalisées par Ferguson et Chalupa (1989), Randel (1990), Butler (1998), et Laven et Drew (1999). a. La teneur en protéines L’apport de régime riche en protéines a été associé à une réduction des performances de reproduction, comme le rapportent de nombreuses études. Taux de gestation Les données provenant de vaches allaitantes et de génisses ayant reçues des apports adéquats ou non de protéines (tableau 11), montrent qu’un apport inapproprié en protéines entraîne une diminution des taux de gestation, pour certaines des études rapportées par Randel (1990). Cependant, leur interprétation n’est pas aisée car les deux rations peuvent parfois ne pas être iso-énergétiques. Une possible implication de l’alimentation protéique est confirmée par les travaux de Sasser et al. (1989), cité par Randel (1990), dans lesquels un niveau d’ingestion de protéines inadéquat se traduit par un taux de gestation de 32 % comparé au taux de 74 % observé chez les vaches dont le niveau d’apport de protéines était normal (rations iso-énergétiques). Tableau 11 : Effets de la teneur en protéines de la ration offerte postpartum à des vaches allaitantes sur le taux de gestation. Source : Randel (1990). Référence P Forero et al.. 1980 Niveau protéique de la ration Adéquat Inadéquat <0,05 94* 44 Cantrell et al., 1982 <0,03 96 82 Kropp et al., 1983 <0,01 91 71 Hancock et al., 1984 <0,01 92 77 Hancock et al., 1985 <0,01 95 80 Rakestraw et al., 1986 <0,01 79 50 Rakestraw et al., 1986 >0,10 87 65 Rakestraw et al., 1986 >0,10 89 85 * taux de gestation en % 63 Des travaux réalisés chez des vaches laitières arrivent aux mêmes conclusions. Les études de McCormick et al. (1999), Butler et al. (1996) ; Blanchard et al. (1990) ; Canfield et al. (1990) ; Jordan et Swanson (1979) et ont clairement démontré que des vaches laitières alimentées à partir de régime riche en protéine avaient de faibles taux de gestation (Rhoads et al., 2006). Law et al. (2008) n’ont pas mis en évidence d’effet de la teneur en protéines sur différents paramètres de reproduction (comparaison entre des rations carencée et excédentaire). En revanche, les vaches alimentées avec la ration déficitaire ont tendance à présenter un taux de gestation 100 jours post-IA plus élevé. Cependant, les effets sur les vaches laitières sont plus difficiles à attribuer à la fraction protéique de la ration, puisque les animaux peuvent être en déficit énergétique plus important. Taux de conception en IA1 Une réduction du taux de conception en IA1 est souvent rapportée dans la littérature. Canfield et al. (1990) ont utilisé 65 vaches laitières Holstein pour étudier l’effet de deux rations isoénergétiques, fournissant fournit 16 % de CP (PDR et PIR sont égaux aux besoins) ou 20 %. Le taux de conception en IA1 est significativement plus faible pour les vaches ayant reçues la ration la plus riche (31 % vs 48 %, p<0,05). L’étude de McCormick et al. (1999) arrivent aux mêmes conclusions. Elrod et Butler (1993) ont cherché à mettre en évidence l’effet de ration contenant 15,5 % ou 21,8 % de protéines à 80 génisses, via un apport supplémentaire d’urée. Le taux de conception en IA1 est plus important pour les génisses avec la ration la moins riche (82 contre 61 %). Mais l’effet des protéines est difficile à distinguer de l’effet énergie et d’une possible interaction, car les deux régimes n’apportent que 70 % des besoins calculés pour l’énergie métabolisable. Caroll et al. (1988), cités par Laven et Drew (1999), ont recherché l’influence d’une augmentation du CP de 13 à 20 %. Le taux de conception en IA1 n’est significativement pas différent entre les deux rations (56 % pour la ration riche contre 64 % pour la ration pauvre). Nombre d’inséminations nécessaires pour établir une gestation Les résultats de l’étude de Clark et al. (1985), rapportés par Laven et Drew (1999), suggèrent qu’il existe un effet du CP sur le nombre d’inséminations pour établir une gestation. Même si le nombre de vaches est insuffisant pour démontrer un effet significatif, l’apport d’un régime avec un niveau de protéines important augmente le nombre d’inséminations par gestation de 1,5 à 3,0 (10 % contre 16 % de CP). Un effet similaire a été mis en évidence par Jordan et Swanson (1979), qui ont étudié l’influence de 3 régimes (12,7 ; 16,3 ; 19,3 % de CP pour 45 vaches laitières, rations iso-énergétiques). Les vaches avec le régime le plus riche nécessitent significativement plus d’inséminations pour établir une gestation par rapport aux 2 autres groupes. La différence entre les deux autres groupes n’est pas significative, même si une tendance semble exister, le régime pauvre se traduisant par 1,47 inséminations/gestation, contre 1,87 pour le régime intermédiaire. Folman et al. (1981), Piatowski et al. (1981) indiquent une tendance pour l’augmentation du nombre d’IA/gestation lorsqu’un excès de protéines est apporté (tableau 12). Les travaux de Chandler et al. (1976), Edwards et al. (1980), Huber (1983), Aalseth et al. (1986) et de Caroll et al. (1988), cités par par Laven et Drew (1999) ne montrent pas d’influence d’un excès protéique sur ce paramètre. Howard et al. (1987), cités par Laven et Drew (1999), à partir de régimes fournissant 15 % ou 20 % de CP, ne trouvent pas de différences entre ces deux régimes pour le même paramètre (1,55 pour 15 % contre 1,47 pour 20 %). Cependant, les vaches utilisées pour la ration haute étaient en BEP. Ainsi, l’effet des protéines ne s’exprimerait que chez les animaux dont la balance énergétique est négative. 64 Tableau 12 : Effets comparatifs des niveaux protéiques (CP en %) sur la fertilité. Les résultats sont exprimés par rapport à la valeur de référence 1. Sources : Ferguson et Chalupa (1989), Laven et Drew (1999), Randel (1990). Niveau d’apport en protéines en % Vaches par de la ration distribuée Critère étudié et référence traitement 12 à 13 15 à 16 17 à 20 Nombre IA/gestation Edwards et al. (1980) Folman et al. (1981) Jordan et Swanson (1979) Kaim et al. (1983) Piatowski et al. (1981) Huber (1983) Aalseth et al. (1986) Howard et al. (1987) Chandler et al. (1976) Caroll et al. (1988) 9-9-9 19-20 15-15-15 98-107 17-18 418-237-223 32-31 67-69 29-28 0,88 0,79 1,12 1,13 1,00 (1,5) 1,00 (2,6) 1,00 (1,8) 1,00 (1,9) 1,00 (1,8) 1,00 (2,0) 1,00 (1,9) 1,00 (1,5) 1,00 (1,5) 1,00 (2,1) - 1,04 1,25 1,35 1,31 1,40 1,01 1,14 0,95 1,20 Les effets d’un excès de protéines sur le nombre d’inséminations par gestation ne sont pas homogènes d’une étude à l’autre (Randel, 1990). Cela pourrait s’expliquer par les différences d’âge des animaux employés pour les expérimentations. En effet, Kaim et al. (1983), cités par Randel (1990), rapportent que la fertilité est compromise par un excès de protéines davantage chez les vaches de plus grande parité. De plus, une réflexion axée sur le ratio PDR/PIR, au lieu du CP, pourrait expliquer de telles différences. Intervalle vêlage-IAF (tableau 13) Jordan et Swanson (1979) ont rapporté que l’intervalle vêlage-IAF augmentait avec l’augmentation du CP. Cette augmentation est à mettre en relation avec l’augmentation du nombre d’inséminations nécessaires pour établir une gestation. Howard et al. (1987), cités par Laven et Drew (1999), n’ont pas mis en évidence d’effet sur le nombre de jours séparant le vêlage de l’IAF. Barton et al. (1996) rapportent que seules les vaches avec des troubles de santé présentent un intervalle plus grand quand leur CP augmente de 13 à 20 %. En effet, le nombre moyen de jours entre le vêlage et l’IAF est de 64 pour le groupe sans problèmes, contre 112 pour celui avec troubles. Pour les vaches ne présentant pas de troubles, celles dont la ration apporte 13 % de CP tendent à avoir un intervalle plus important (78 contre 64 jours pour le groupe avec 20 % de CP). Tableau 13 : Effets comparatifs des niveaux protéiques (CP en %) sur la fertilité. Les résultats sont exprimés par rapport à la valeur de référence 1. Sources : Ferguson et Chalupa (1989), Laven et Drew (1999), Randel (1990). Niveau d’apport en protéines en % Vaches par de la ration distribuée Critère étudié et référence traitement 12 à 13 15 à 16 17 à 20 Intervalle Vêlage-IAF Edwards et al. (1980) Folman et al. (1981) Jordan et Swanson (1979) Piatowski et al. (1981) Huber (1983) Aalseth et al. (1986) Chandler et al. (1976) Caroll et al. (1988) 9-9-9 19-20 15-15-15 17-18 418-237-223 32-31 67-69 29-28 65 0,87 0,72 1,16 1,08 1,00 (72) 1,00 (141) 1,00 (96) 1,00 (98) 1,00 (82) 1,00 (107) 1,00 (82) 1,00 (130) - 0,99 1,04 1,10 1,55 1,13 0,98 1,13 Effets sur la production d’embryon L’étude de McCormick et al. (1999) n’a pas mise en évidence d’effet de la teneur en protéines de la ration sur la ME (régimes à 23,1 et 17,7 % de protéines). Une moyenne de 10,9 % des inséminations a abouti à une mortalité de l’embryon, ce qui est similaire aux taux de ME tardive relevé dans la littérature. Cette mesure ne comprend pas les embryons perdus avant le 19ème jour. Butler (2001), cité par Law et al. (2008), rapporte que des urémies élevées associées à des CPROG faibles pendant la phase lutéale réduisent la survie embryonnaire. De nombreuses équipes ont recherché l’effet éventuel de la teneur protéique de la ration sur la production d’embryon en vue de l’optimiser, compte tenu du coût relativement élevé de la technique de transfert d’embryon. Les études s’attardent sur le nombre d’embryons produits et sur leur qualité 10 . Elles permettent ainsi d’étudier indirectement les effets de la teneur en protéine sur la physiologie de l’utérus, l’environnement de l’embryon pendant sa croissance et la qualité des ovocytes. L’étude de Mikkolaa et al. (2005) a montré que la qualité des embryons recueilli chez des animaux superovulés puis inséminés était meilleure lorsque les animaux recevaient une ration à 18 % de protéines par rapport à une ration en apportant 14 (embryons de mauvaise qualité représentent 20,2 % des embryons totaux contre 13,2 %, p=0,05). Une corrélation positive a été montrée entre la qualité d’un embryon et son aptitude à établir une gestation suite au transfert. Cela n’est pas observé dans l’ensemble des études puisque Garcia-Bojalil et al. (1994), cités par Butler (1998), Gath et al. (1999), Dawuda et al. (2002) et Rhoads et al. (2006) n’ont pas mis en évidence d’effet du niveau de CP sur la production et la qualité des embryons, alors que Blanchard et al. (1990) ont conclu à un effet délétère d’un apport protéique excessif sur la qualité des embryons. Alors que l’étude de Rhoads et al. (2006) ne met pas en évidence d’atteinte de la qualité des embryons suite à un apport plus important de protéines (21,9 contre 15,7 %), les embryons issus de ces animaux ont une moindre capacité à aboutir à une gestation suite au transfert, confirmant ainsi les travaux de Bode et al. (2001), cités par Rhoads et al. (2004). Si l’effet existe, il semblerait qu’il s’exerce soit sur l’ovocyte soit sur l’embryon (ou les deux) avant le septième jour de gestation, jour où les embryons sont retirés. Ces résultats divergents peuvent s’expliquer par l’hétérogénéité des protocoles, notamment au niveau du moment et la durée pendant lesquels les animaux reçoivent la ration excédentaire, le statut énergétique des animaux, et la source protéique utilisée (Mikkolaa et al., 2006). Il semble que l’effet sur la qualité de l’embryon, lorsqu’il est observé, ne soit pas le résultat de l’apport protéique excédentaire seul, mais les effets combinés d’un excès protéique et d’une carence énergétique. En effet, l’essai de Blanchard et al. (1990) a été réalisé sur des vaches en début de lactation alors que celui de Garcia-Bojalil et al. (1994), cités par Butler (1998) l’a été sur des vaches qui ne sont pas en lactation. b. Les fractions dégradable et non dégradable Les protéines peuvent être plus ou moins vite dégradées par les microorganismes du rumen. L’apport de protéines non dégradées dans le rumen peut être un choix de l’éleveur pour augmenter la production laitière. De plus, pour des raisons économiques, l’éleveur peut apporter comme source azotée non-protéique de l’urée (Laven et Drew, 1999). Les protéines sont donc séparées en deux groupes, les protéines dégradables dans le rumen (PDR) et celles qui ne le sont pas (PIR), sur la base de la capacité des microorganismes du rumen à les hydrolyser (O’Callaghan et Boland, 1999). Au niveau de la littérature, un apport excessif soit de PDR ou de PIR a été associé à des dégradations de la fertilité. La considération de ces fractions, plutôt que le CP, explique une plus grande variation des résultats. 10 Meilleure est la qualité de l’embryon produit in vitro meilleur est le taux de gestation après transfert 66 Effets sur les paramètres classiques de fertilité La diminution de la fertilité quelquefois observée peut être attribuée à de plus fortes proportions de PDR. Canfield et al. (1990) ont mis en évidence un taux de conception en IA1 significativement plus faible (31 % contre 48 %, p< 0,05) pour les vaches ayant reçues la ration apportant 20 % de CP dans laquelle seule la fraction PDR est en excès, par rapport à la ration apportant 16 % de CP (PDR et PIR égaux aux besoins). Sur ce même paramètre, Elrod et Butler (1993) arrivent aux mêmes conclusions : le taux de conception en IA1 passe de 82 à 61 % lorsque les génisses Holstein reçoivent une quantité de PDR 50 % supérieure aux besoins suite à un apport d’urée (apport PIR=besoins). Folman et al. (1981), cités par Blanchard et al. (1990), ont augmenté la proportion de PIR dans une ration apportant 16 % de CP par un traitement du soja au formaldéhyde, conférant aux protéines une plus grande résistance contre la fermentation ruminale. Le groupe recevant le soja traité nécessite un nombre inférieur d’inséminations par gestation (1,45 contre 1,79), un nombre de jours non gestante moins important (84 contre 98). Cependant, le faible nombre de vaches aboutit à la non significativité des différences observées. McCormick et al. (1999) n’ont pas mis en évidence de différences significatives au niveau du taux de gestation entre des animaux recevant une ration à 5,0 % de PIR (CP à 17,7 %) par rapport à ceux recevant un régime à 6,8 % de PIR (CP à 17,2 %), alors qu’il existe une différence lorsque la proportion de PDR augmente. Ces résultats sont identiques de ceux obtenus par Caroll et al. (1994), lorsque la ration reçue par les animaux, de teneur protéique égale à 21 %, passait de 34 à 40 % de PIR (sur la teneur protéique totale). Bruckental et al. (1989), cités par Laven et Drew (1999), ont remplacé le soja par de la farine de poisson (plus riche en PIR), et à la différence de Caroll et al. (1994), ont trouvé un effet significatif de ce remplacement sur la fertilité. En effet, une proportion significativement plus grande des vaches alimentées à partir de farine de poisson était gestante 16 semaines après vêlage. L’apport de farine de poisson a eu pour conséquence de réduire la sortie de MG dans le lait, ainsi la balance énergétique des vaches alimentées à partir de farine de poisson devait probablement être meilleure. Les bénéfices sur la fertilité ont peut être leur explication dans cette meilleure balance énergétique. Cependant, d’autres éléments peuvent expliquer les effets relevés avec l’apport de farine de poisson. En effet, les farines de poisson contiennent une proportion non négligeable de matières grasses (de l’ordre de 8 %), dont les 2/3 sont des acides gras polyinsaturés à chaîne longue. Ces acides gras peuvent affecter la synthèse de prostaglandines. Il est alors difficile de différencier les effets dus aux protéines de ceux dus aux acides gras. Effets sur la production d’embryon L’effet d’un excès peut aussi s’observer au niveau de la qualité de l’embryon, ou de son développement. Une dégénérescence précoce ainsi qu’un faible développement embryonnaire ont été rapportés chez les vaches laitières avec un excès de PDR (Blanchard et al., 1990). L’étude repose sur 2 régimes, dont le CP est équivalent (16 %), mais qui présentent des proportions de PDR et de PIR différente (73 et 27 % respectivement pour le premier régime, 64 et 36 % pour le second). Le pourcentage moyen d’embryons transférables tend à être plus important pour les vaches alimentées avec le second. Elrod et Butler (1993) ont montré une diminution de la survie embryonnaire de l’ordre de 50% chez des génisses laitières alimentées à partir d’un régime excédentaire en PDR de 50 %. L’étude de McCormick et al. (1999) a montré qu’une proportion plus importante de PIR pour des rations contenant la même teneur en protéines (17,7 contre 17,2 %) permettait de réduire le risque de ME (3,2 contre 10,6 pour les régimes apportant 10,4 et 12,7 % de PIR respectivement, p<0,01). Autrement dit, plus la fraction PDR est importante, plus le risque de ME est élevé. Les études de Gath et al. (1999), ou Garcia-Bojalil et al. (1994), cités par Butler (1998) et de Laven et al. (2004) n’ont pas montré d’effet significatif d’un excès sur le nombre et la 67 santé des embryons. Les effets combinés d’un excès de PDR et d’une BEN pourraient expliquer l’influence sur le développement de l’embryon (Blanchard et al., 1990). Dawuda et al. (2002) ont rapporté que le nombre et la qualité des embryons recueillis 7 jours après insémination chez des vaches en lactation n’étaient pas affectés par des apports élevés d’azote rapidement dégradable (250 g d’urée par vache et par jour) si ces apports excessifs commençaient 10 jours avant l’insémination. En effet, des effets délétères ont été mis en évidence si l’apport débutait le jour de l’insémination. Ainsi, il semblerait que le moment et la durée de l’exposition sont des facteurs prépondérants pour expliquer l’effet négatif d’un excès de protéines dégradables. Si cette exposition est longue, la vache pourrait être capable de s’adapter aux effets toxiques de l’urée. 5. La nutrition azotée et les concentrations en urée Un apport de protéines dégradables s’accompagne de la production d’ammoniaque, qui, en rejoignant la circulation sanguine, est detoxifié par le foie pour donner de l’urée. La plupart des vaches à haut niveau de production consomme des niveaux de protéines supérieurs à leurs besoins, ce qui peut provoquer une augmentation des niveaux d’urée dans le sang (Butler, 1998). L’azote sous forme d’urée 11 dans le sang peut être mesuré dans le plasma et le serum (Plasma urea nitrogen ou PUN, Serum urea nitrogen ou SUN). PUN et SUN sont de bons indicateurs du métabolisme des protéines et de Figure 21 : Concentration de PUN moyen pour des vaches Jersiaises (symbole ouvert) l’utilisation des protéines dégradables ou non dans le et Holstein (symbole plein), nourries avec rumen (Butler, 1998). Ils ont été des éléments des rations avec des teneurs en protéines de importants pour l’étude de l’association entre 13 % (, ) ou 20 % (□, ■). Source : Barton l’ingestion de protéines et les performances de et al. (1996). reproduction. Leur mesure est facile et peu coûteuse, ce qui les rend d’autant plus intéressant. L’apport de régimes excédentaires en azote dégradable à des vaches est associé à une augmentation du niveau d’urée dans le sang et dans le lait dans un nombre important d’études dont ceux de Jordan et al. (1983), Canfield et al. (1990), Barton et al. (1996), Gath et al. (1999), Dawuda et al. (2002), Laven et al. (2004) et Rhoads et al. (2006). Caroll et al. (1988), cités par Laven et Drew (1999), ont montré qu’une augmentation du CP de 13 à 20 % s’accompagnait d’une hausse significative du niveau de PUN. L’excès de CP ou d’une supplémentation directe d’urée dans le régime peut provoquer une hausse significative du PUN (Canfield et al., 1990). Barton et al. (1996) mettent également en évidence l’effet du CP sur le PUN, puisque la concentration de PUN est de 8,6 mg/dL pour le régime 13 % de CP, contre 21,0 pour le régime 20 % de CP (figure 21). Gath et al. (1999) ont observé des concentrations en urée dans le sérum plus importantes pour les vaches dont le régime est supplémenté en urée (250 g). De plus, le fait que les SUN soient plus importantes pour les génisses ayant reçues le régime pauvre en énergie, comparé à celles qui ont reçues le régime plus énergétique, démontre l’effet de la disponibilité de l’énergie sur la digestion des protéines, et sur le niveau d’urée dans la circulation. 11 L’urée est constituée de 46,6 % d’azote 68 6. Le dosage de l’urée comme aide au diagnostic Le dosage de l’urée est un outil facilement disponible pour explorer le poste protéique de la ration fournie aux animaux, et sa valorisation. Le dosage de l’urée est intéressant puisqu’il permet de juger l’équilibre quantitatif des apports azotés et énergétiques (la concentration d’urée dans le lait est fortement corrélée avec le rapport énergie/protéines dans le rumen), ainsi que le synchronisme entre ces deux postes de l’alimentation. Il reflète la concentration en ammoniac dans le rumen, bilan entre le flux de dégradation des matières azotées et le flux d’utilisation par la flore microbienne (Ennuyer, 2008). Comme la corrélation entre l’urée du lait et l’urée du sang est excellente, il est possible d’utiliser l’un comme l’autre (Raboisson et Schelcher, 2009). Les 2 milieux sont complémentaires et offrent des interprétations différentes : les prélèvements sur lait de tank réalisés sur au moins 4 traites permettent de lisser les variations au cours de la journée et de suivre ainsi les apports azotés du troupeau dans son ensemble ou non. Le prélèvement sanguin isolé (quelques heures après le repas) améliore la sensibilité de recherche d’excès azotés. L’urée du lait subit moins de variation en fonction des repas, elle est en revanche moins stable après le prélèvement en raison des uréases bactériennes, ce qui implique son traitement. L’interprétation des résultats d’urée est la suivante : Urémie basse : cela peut traduire un manque d’ammoniaque dans le rumen. Ce dernier résulte d’un niveau de protéines de la ration insuffisant, d’une faible teneur en PDR et PIR. Une urémie faible peut aussi être la conséquence d’une ration trop énergétique. L’examen du TP du lait permettra de distinguer les 2 situations : sa faible valeur permettra de confirmer le niveau protéique trop faible de la ration, alors qu’une valeur élevée sera en faveur d’un excès énergétique. Urémie élevée : elle peut être causé par un excès de PDR ou à un excès de PIR arrivant à l’intestin, en relation avec une faible disponibilité en énergie pour les utiliser. Il faut envisager un niveau protéique de la ration excessif, une quantité d’énergie fermentescible insuffisante, ou un mauvais synchronisme des vitesses de dégradation ruminale respective de la protéine et des glucides. Un faible TP sera en faveur d’un défaut énergétique alors qu’une valeur haute orientera vers un excès de protéines dégradables. Les variations individuelles des composants du lait étant fortes, ces tendances sont à interpréter pour un groupe d’animaux à un stade de production comparable, et doivent reposer sur un nombre suffisant d’observations. Eicher (2009) considère qu’un effectif de 10 à 15 animaux est acceptable. Le nuage de point ainsi formé, à partir des données d’un groupe d’individus, permet de réduire la part de la variabilité individuelle dans l’interprétation, et de dégager une tendance pour ce groupe. Quand cela est possible, il permet d’emettre un diagnostic de troupeau. La représentation graphique des pourcentages de protéines (TP) en fonction des concentrations d’urée permet d’évaluer simultanément l’équilibre de l’alimentation énergétique et azotée et le niveau de couverture des besoins énergétiques. Se basant sur les travaux de Kirchgessner et al. (1986), la surface du graphique peut être divisée en 6 zones selon les valeurs limites des 2 variables (figure 22). 69 Figure 22 : Rapport énergie/protéines de la ration. Adapté de Kirchgessner et al. (1986). 7. Concentration en urée et performances de reproduction Si l’effet d’une plus importante ingestion de protéines sur les niveaux d’urée dans le sang est aujourd’hui clairement admis, les effets de PUN sur la fertilité des vaches laitières sont plus contradictoires. Canfield et al. (1990) montre que le taux de conception en IA1 est réduit de 48 à 31 % quand le niveau de PUN augmente (apport de 16 ou 19 % CP). Le niveau d’urée dans le plasma et la réduction de la fertilité sembleraient être lié. Sur 160 vaches laitières de race Holstein, Butler et al. (1996) évaluent la concentration moyenne de PUN à 18,9 ± 0,3 mg/dL au jour de l’insémination (les vaches sont alimentées à partir d’une ration fournissant de 17,5 à 19,0 % de CP). Le taux de gestation des vaches avec un PUN supérieur à 18,9 mg/dL est inférieur, par rapport au taux de gestation des animaux dont le PUN est inférieur à cette valeur (18 points de différence, figure 23). Ainsi, de plus grandes concentrations de PUN sont associées à une diminution du taux de gestation. Ceci confirme les travaux de Ferguson et al. (1988, 1993, cités par Butler et al., 1996), qui avaient rapporté qu’une concentration de SUN supérieure à 20 mg/dL diminuait le taux de conception. De même, le taux de gestation diminue quand le niveau de MUN est supérieur à 19 mg/dL (figure 24, Butler et al., 1996). 70 Figure 23 : relation entre PUN et le taux de gestation en IA1 pour 160 vaches laitières. Le nombre de vaches qui deviennent gestantes est indiqué pour chaque catégorie. Le taux de gestation est réduit lorsque le PUN>19 mg/dL (p<0,02). Source : Butler et al. (1996). Figure 24 : relation entre MUN et le taux de gestation en IA1 pour 155 vaches laitières. Le nombre de vaches qui deviennent gestantes est indiqué pour chaque catégorie. Le taux de gestation est réduit lorsque le MUN>19 mg/dL (p<0,02). Source : Butler et al. (1996). Il est normal qu’une augmentation des niveaux de PUN et MUN soient associés à une dégradation des résultats de reproduction, puisque ces deux paramètres sont corrélés positivement. Il existe par ailleurs une équation de prédiction de l’urée contenue dans le lait à partir de la concentration en urée sanguine : Urée lait (mg/L) = 0,62*urée sang + 100 (r²=0,842) d’après Enjalbert (2008) Comme l’urée est une petite molécule dont le pouvoir de diffusion est important, une augmentation de l’urémie provoque une augmentation de la teneur en urée dans le lait. Les travaux de Guo et al. (2004) aboutissent aux mêmes conclusions. Pour la plupart (Blanchard et al., 1990 ; Canfield et al., 1990 ; Elrod et Butler, 1993 ; Butler et al., 1996 ; Larson et al., 1997), mais pas la totalité (Barton et al., 1996 ; Laven et al., 2004 ; Rhoads et al., 2006), les études ont conclu à l’association entre un haut niveau de PUN et une réduction de la fertilité (Rhoads et al., 2004). L’étude de Dawuda et al. (2002) a rapporté que le nombre et la qualité des embryons recueillis 7 jours après insémination chez des vaches en lactation n’étaient pas affectés par de hauts niveaux de PUN, si l’ingestion des apports excessifs commençait 10 jours avant l’insémination. Ces travaux sont confirmés par ceux de Laven et al. (2004). Ainsi le moment et la durée de l’exposition semblent être des facteurs prépondérants pour expliquer l’effet négatif d’un niveau de PUN élevé. Pour preuve, les travaux de Rhoads et al. (2006) montrent que de hauts niveaux de PUN pourraient exercer leur effet néfaste avant le septième jour de gestation. 8. Mécanismes par lesquels l’excès protéique pourrait affecter la fertilité Des rations trop riches en protéines sont associées à une dégradation des performances de reproduction. Un excès de protéines diminue le taux de conception en IA1. Les vaches laitières qui connaissent une diminution du taux de gestation associée à une augmentation des niveaux d’urée dans le lait ont des intervalles entre œstrus de longueur normale, ce qui suggère que la dégradation des performances de reproduction serait le résultat d’une absence de fécondation ou d’une MEP (Hammon et al., 2005). Ceci est conforté par le fait que McCormick et al. (1999) aient mis en évidence que le risque de ME est d’autant plus élevé que la fraction PDR est importante. 71 De plus, différents travaux ont montré que l’excès protéique influençait la qualité des embryons. Cet impact semble dépendre du moment auquel l’embryon subi cet excès et de sa durée, mais ils n’ont pas pu mettre en évidence s’il s’exerçait sur l’utérus et sa physiologie, sur l’environnement utérin, sur les ovocytes ou sur les embryons eux-mêmes. Ceci est l’objet de cette sous-partie. a. L’interaction énergie/alimentation protéique Les microorganismes du rumen ont besoin d’énergie pour l’utilisation des produits de la fermentation des protéines. Si l’énergie métabolisable disponible ne concorde pas avec la quantité de PDR disponible (PDR en excès), les sous-produits de la fermentation des protéines ne sont pas utilisés complètement par les microbes, provoquant une augmentation de l’ammoniaque ruminal. L’ammoniaque ruminal rejoint ensuite la circulation, pour regagner le foie. L’ammoniaque y est detoxifié pour obtenir de l’urée. Cette opération est coûteuse en énergie. Ainsi, l’augmentation de la fraction protéique dans les rations a pour conséquence d’aggraver la balance énergétique en raison de l’énergie nécessaire pour détoxifier l’ammoniaque. Une telle augmentation peut aussi s’accompagner d’une élévation de l’urémie. Une réduction de la fertilité due à une augmentation de l’ingestion de protéine peut donc être le résultat d’une réduction de l’énergie disponible, ou d’effets toxiques direct ou indirect des sous-produits de la digestion des protéines (urée, ammoniaque). Accroître l’apport de protéines s’est traduit par une augmentation de la production laitière, de l’ingéré énergétique (Law et al., 2008). C’est pourquoi il est important de savoir si l’effet sur la fertilité est directement dû à l’augmentation de l’ingestion de protéines ou s’il est le résultat d’une diminution de la disponibilité énergétique (Laven et Drew, 1999). Si l’augmentation de l’ingestion de protéines réduit la fertilité simplement par une exacerbation de la carence énergétique, les effets induits par cet apport plus conséquent devraient être similaires à ceux observés en cas de carence en énergie. Si cet effet est dû à l’augmentation des métabolites des protéines, les effets devraient être différents, fournissant ainsi une preuve de l’effet direct des protéines sur la fertilité. Une interaction entre l’énergie et les protéines est également possible. En effet, certaines études ont pu mettre en évidence une détérioration des performances de reproduction suite à l’apport de grande quantité de protéines chez les animaux en déficit énergétique : l’effet des protéines ne s’exprimerait que chez les animaux dont la balance énergétique est négative (Laven et Drew, 1999). Pour Blanchard et al. (1990), les effets sur le développement de l’embryon sont le résultat des effets combinés d’un excès de PDR et d’une BEN. Un apport plus important de protéines chez les vaches laitières peut aussi augmenter le volume de lait produit par jour et modifier sa composition, augmentant les dépenses énergétiques. De même, l’utilisation et l’interprétation de l’urémie montrent qu’il est nécessaire de prendre en compte le poste énergétique. b. Effets spécifiques d'un excès protéique Il existe des effets spécifiques d’un excès de protéines, en particulier la hausse du niveau d’urée dans le sérum, le plasma et même dans le lait. L’augmentation de l’urée dans le plasma est rare pour les vaches souffrant uniquement d’une carence énergétique (l’urémie atteint alors une valeur plutôt importante), sauf quand elle est si sévère qu’elle se traduit par le catabolisme des protéines corporelles (Laven et Drew, 1999). L’effet des protéines peut alors être considéré comme un effet direct. Cela n’élimine pas pour autant l’interaction qu’il existe entre les protéines et l’énergie, notamment parce qu’un apport important de protéines nécessite de l’énergie supplémentaire pour traiter les excès d’ammoniaque ou d’acides aminés circulants, mais aussi parce que l’apport de protéines permet une production laitière plus importante, augmentant ainsi les sorties d’énergie (Laven et Drew, 1999). Un excès de protéines peut alors rendre la balance énergétique plus négative, ce qui peut exacerber les effets de la BEN sur les processus métaboliques et hormonaux (Butler, 2000), notamment sur la CPROG. En effet, comme lors d’une carence en énergie, les vaches alimentées à 72 partir de rations riches en protéines ont de plus basses concentrations plasmatiques en cholesterol (Lindberg, 1984, rapporté par Laven et Drew, 1999). Or le cholestérol est un précurseur des hormones ovariennes stéroïdiennes, ainsi un niveau plus faible peut se traduire par une diminution des niveaux de ces hormones dans le sang. c. Le niveau de progestérone La relation existant entre les protéines et CPROG est relativement complexe, en témoignent les données contradictoires de la littérature (tableau 4). Chez des vaches qui ne sont pas en lactation, Blauweikel et al. (1986), cités par Laven et Drew (1999), trouvent que l’augmentation de CP de 15 à 25 % n’a pas d’effet sur la CPROG dans le plasma. D’autres études n’ont pas mis en évidence d’effet d’une augmentation de CP sur CPROG (Barton et al., 1996 ; Elrod et Butler, 1993 ; GarciaBojalil et al., 1994, cités par Butler, 1998 ; Law et al., 2008). Armstrong et al. (2001) ont mis en évidence une intéraction entre l’énergie et la teneur en protéines sur la CPROG. Les études de Laven et al. (2004) et de Rhoads et al. (2006) n’ont pas mises en évidence d’influence d’une fraction excessive de PDR et de hauts niveaux de PUN sur CPROG. Kane et al. (2004) n’ont pas pu mettre en évidence de différences significatives du niveau de progestérone selon la proportion de PIR dans la ration, même si un niveau plus important de PIR semble favoriser sa production (6,4 ng/mL pour le régime fournissant le plus de PIR contre 5,0 pour le régime fournissant le moins de PIR). D’autres études ont par contre rapporté des effets significatifs des protéines sur CPROG (tableau 14). Jordan et Swanson (1979) ont été les premiers à rapporter que les vaches avec un CP bas (12,7 %) pendant la période d’insémination ont une CPROG dans le sérum plus élevée que les vaches dont le CP est de 16,3 ou 19,3 %. Folman et al. (1983), cités par Laven et Drew (1999), ont rapporté que pour des vaches produisant 40 kg de lait par jour, la CPROG pendant la phase lutéale est significativement plus importante chez les vaches dont le régime contient 15 % de CP que chez celles dont la ration en contient 20 %. Sonderman et Larson (1989), cités par Butler (1998), ont mis en évidence qu’une baisse du CP de 20 à 14 % augmente CPROG. Garcia-bojalil et al. (1998) sont arrivés aux mêmes conclusions, sur des vaches consommant davantage de PIR. Tableau 14 : Effet d’un excès de CP sur la concentration de progestérone dans le plasma pendant le cycle œstral de vaches en lactation ou non. CP dans la Effets sur CPROG Vache en Référence ration en % dans le plasma lactation Jordan et Swanson, 1979 19,3 Réduction de 25 %1 Oui Sonderman et Larson, 1989 20 Réduction de 30 %1 Oui Réduction de 50 % Oui Staples et al., 1993 202 Barton et al., 1996 20 Non Significatif Oui Garcia-Bojalil et al., 1994 27,4 Non Significatif Non Blauwiekel et al., 1986 25 Non Significatif Non Non Significatif Non Elrod et Butler, 1993a 21,83 1 Sur plus d’un cycle œstral Excès de PDR (72.5 % du CP) 3 Génisses > 14 mois, régime contenant 70 % de l’énergie métabolisable 2 Une explication de ces différences peut provenir du statut de lactation des vaches pendant l’étude. Un CP élevé dans la ration réduit la CPROG chez des vaches laitières, mais elle n’est pas réduite chez les vaches qui ne sont pas en lactation ou des génisses (Butler, 1998). Ferguson et Chalupa (1989) ont conclu que le niveau de progestérone dans le sérum diminuait quand les besoins du rumen en PDR étaient dépassés. En effet, un apport trop élevé de PDR au début de la lactation peut exacerber la BEN (Staples et al., 1993, cités par Butler, 1998). La BEN se traduit par une diminution de CPROG. D’autre part, le cholestérol, 73 précurseur des hormones stéroïdiennes, est négativement corrélé avec l’ingestion de protéines, ce qui peut expliquer la baisse du niveau de progestérone dans le sérum. La source de protéines peut aussi expliquer les relations observées. En effet, l'apport de tourteau de soja à la place de l’urée dans des régimes à même niveau d’azote augmente la CPROG dans le sérum. d. Altération de l’environnement utérin (iii) L’urée et l’ammoniaque dans le tractus génital et les follicules Un apport excessif de protéines (en particulier la fraction dégradable) se traduit par une augmentation de l’urémie. L’urée est une petite molécule qui a la capacité de traverser librement les membranes cellulaires. Il semble donc normal, lorsque l’urée atteint un niveau élevé dans le sang, qu’elle se retrouve dans le tractus utérin (O’Callaghan et Boland, 1999). Il en est de même pour l’ammoniaque. De nombreux rapports ont suggéré que d’importantes concentrations d’urée et/ou d’ammoniaque pourraient compromettre le développement embryonnaire dans l’oviducte (Kenny et al., 2002), fournissant un élément d’explication de la réduction de la fertilité chez les animaux recevant des apports excessifs de protéines, puisque l’environnement utérin pourrait être modifié (Visek, 1984). Le fluide présent dans l’oviducte joue un rôle important puisqu’il assure le transport des gamètes et leur maturation, constitue le support de la fécondation et des premières étapes du développement embryonnaire. Il fournit à l’embryon les nutriments nécessaires à son développement : sa bonne composition en métabolites, facteurs de croissance et en ions est donc essentielle (Kenny et al., 2002). Des régimes contenant une quantité élevée de protéines augmentent le niveau d’urée dans le tractus bovin (Jordan et al., 1983 ; Carroll et al., 1988 ; Duby et al., 1986 ; Holtz et al., 1986 ; cités par Canfield et al., 1990) et la concentration d’ammoniaque au niveau du vagin (Duby et al., 1986, cités par Canfield et al., 1990) et de l’utérus (Jordan et al., 1983). Jordan et al. (1983) rapportent que la concentration en urée dans les sécrétions est modifiée par le niveau d’apport de protéines, puisqu’un haut niveau d’apport (23 % CP) se traduit par une concentration en urée 2,7 fois plus forte que celle obtenue avec le régime faible (17,2 ± 1,1 contre 6,4 ± 0,7 mg/100 ml). La concentration en ammoniaque dans les sécrétions est aussi augmentée. Caroll et al. (1987), cités par Randel (1990), rapportent que le fluide vaginal de vache ayant reçu 20 % de CP est plus concentré en urée par rapport à celles qui ont reçues 13 % de CP (20,9 contre 8,2 mg/100 mL). Les vaches concevant en IA1 ne présentent pas de concentration élevée en urée dans le fluide vaginal. Autrement dit, aucune vache n’a pu concevoir quand la concentration en urée dans le fluide vaginal dépassait 6,64 mmol/L. L’injection intraveineuse d’ammoniaque ou d’urée augmente les niveaux d’ammoniaque ou d’urée dans le fluide oviductal (Kenny et al., 2002). Hammon et al. (2000a) ont mesuré la concentration en ammoniaque dans le fluide folliculaire issu de vaches. Cette concentration est d’autant plus élevée que le diamètre du follicule est faible. Les ovocytes immatures et les cellules folliculaires se développent donc dans un environnement contenant des niveaux d’ammoniaque supérieurs à ceux que subissent la plupart des cellules somatiques. Cette concentration plus forte peut être la conséquence d’une activité métabolique importante durant le développement folliculaire ; la plus faible concentration dans les follicules de plus grand diamètre peut être le résultat d’un effet dilution, dû à l’accumulation rapide de fluide dans la cavité antrale lors des derniers stades de développement folliculaire (Hammon et al., 2000a). Sinclair et al. (2000) rapportent que des génisses alimentées à partir de ration augmentant leur niveau plasmatique en ammoniaque présentent parallèlement une augmentation de la concentration en ammoniaque dans le fluide folliculaire. Hammon et al. (2005) ont montré sur 38 vaches alimentées avec une ration fournissant 20 % de protéines, que les animaux dont le PUN est supérieur à 20 mg/dL présentent des 74 niveaux d’urée et d’ammoniaque dans les liquides folliculaire et utérin significativement plus élevés comparés aux animaux dont le PUN est inférieur à 20 mg/dL. Les niveaux d’urée dans le plasma et le liquide folliculaire pour une même vache sont corrélés positivement (figure 25), cette corrélation entre le niveau plasmatique en urée et celui au niveau du fluide utérin est plus faible (figure 26). La teneur plus importante en ammoniaque dans l’utérus est observée au septième jour du cycle, pas initialement. Elle pourrait être mise en relation avec la diminution de la fertilité observée par Butler et al. (1996) et Larson et al. (1997). Le septième jour correspond au développement du blastocœle. De grandes quantités d’ammoniaque pourraient réduire la disponibilité en ATP pour les cellules embryonnaires, à un stade où la demande en énergie est très forte. Gardner et Lane (1993) cités par Hammon et al. (2005), suggèrent que l’ammoniaque pourrait diminuer la quantité de αketoglutarate en le convertissant en glutamate, ce qui réduirait la quantité d’ATP fourni par le cycle de Krebs. Figure 25 : Corrélation entre le PUN et le niveau d’urée présent dans le liquide folliculaire (r²=0,86). Source : Hammon et al. (2005). (iv) Figure 26 : Corrélation entre le PUN et le niveau d’urée présent dans le fluide utérin (r²=0,17). Source : Hammon et al. (2005). Ovocyte et embryon, urée et ammoniaque La maturation de l’ovocyte, la fécondation et les premières étapes du développement embryonnaire sont modulées par les éléments biochimiques présents dans leur micrœnvironnement (Hammon et al., 2000b). La composition biochimique des fluides présents dans le tractus varie au cours du cycle œstral et peut être influencée par la ration (Jordan et al., 1983). Alors que la taille du follicule et le régime influencent la concentration en ammoniaque, l’effet de ce dernier pourrait s’exercer lors de la maturation de l’ovocyte, au moment de la fécondation, ou bien lors du développement ultérieur de l’embryon (Hammon et al., 2000b). L’étude d’Armstrong et al. (2001) a montré que la teneur protéique de la ration pouvait influencer la qualité des ovocytes. Leur capacité à se développer est d’autant plus faible que l’urémie est élevée. Gardner et Lane (1993), rapportés par Hammon et al. (2000a), ont montré que l’ammoniaque dans le milieu de culture réduisait la transformation en blastocystes ainsi que le nombre de cellules d’embryons de souris produits in vitro. La présence d’ammoniaque dans ce même milieu est responsable d’une diminution de l’implantation après transfert et d’une croissance ralentie, deux effets qui sont dose-dépendants. La toxicité de l’ammociaque pour l’embryon a été démontrée par Gardner et al. (1994), rapportés par Laven et Drew (1999), à des niveaux qui ne sont pas observés dans les sécrétions utérines. Rooke et al. (2004) indiquent que la croissance et le métabolisme des cellules de la granulosa sont affectés in vitro par des niveaux de chlorure d’ammonium similaires à ceux 75 mesurés dans le fluide folliculaire ; ces effets ne sont pas immédiatement réversibles. De plus, la capacité de ces cellules (baignées dans du chlorure d’ammonium) à supporter la maturation des ovocytes est altérée. Sinclair et al. (2000) rapportent que des génisses dont la concentration en ammoniaque dans le fluide folliculaire est augmentée présentent une réduction des taux de clivage des ovocytes et une diminution de la segmentation de leurs embryons en blastocystes. Hammon et al. (2000a) n’ont pas observé d’effet d’une supplémentation croissante en ammoniaque dans le milieu de culture pendant la maturation in vitro des ovocytes (de 29 à 356 µM) sur le taux de clivage, la qualité des ovocytes, le développement ultérieur de l’embryon. Les ovocytes seraient donc capables de tolérer des niveaux élevés sans pour autant altérer le développement embryonnaire. Ces résultats sont en accord avec le fait que les ovocytes se développent naturellement en présence de grandes quantités d’ammoniaque dans le liquide folliculaire sans altérer le développement ultérieur des embryons. L’étude de Ocon et Hansen (2003) cherche à déterminer in vitro les effets directs de l’urée sur le développement embryonnaire. L’exposition des ovocytes à des concentrations d’urée importantes durant la maturation compromet la capacité des embryons formés après fécondation à se développer jusqu’au stade blastocyste (figure 27A). En effet, la proportion d’embryons atteignant le stade blastocyste diminue quand les ovocytes sont mis en présence de 5,0 mmol ou 7,5 mmol d’urée, par rapport aux embryons pour lesquels l’urée n’a pas été introduite dans le milieu de culture (figure 27A). De Wit et al. (2001) ont observé un effet similaire et ont suggéré que l’urée pourrait compromettre in vitro la méiose, réduisant ainsi le pourcentage d’embryons qui se développent. Cet effet semble s’exercer uniquement sur l’ovocyte et non sur l’embryon (figure 27B). Soit l’embryon a pu acquérir des moyens pour s'opposer aux effets de l’urée que l’ovocyte ne dispose pas, soit l’urée perturbe certains mécanismes dans l’ovocyte, mais pas pendant le développement embryonnaire (Ocon et Hansen, 2003). Le seul effet mis en évidence est une réduction de la capacité des embryons à se diviser quand 10 mM d’urée sont ajoutés dans le milieu. Figure 27 A - Développement des embryons issus d’ovocytes traités avec des concentrations en urée différentes durant la maturation, en milieu in vitro (moyenne ajustée ± écart type). Les différences significatives par rapport à 0 mM sont indiquées par un astérisque. Source : Ocon et Hansen (2003). 76 B - Développement des embryons traités avec des concentrations en urée différentes durant le développement embryonnaire, en milieu in vitro. Source : Ocon et Hansen (2003). L’étude de Hammon et al. (2000b) a cherché à comparer les effets in vitro d’un ajout d’ammoniaque dans le milieu de culture pendant la maturation des ovocytes, lors de la fécondation, pendant la culture, sur le développement des embryons. L’exposition des ovocytes à des concentrations moyennes en ammoniaque durant la fécondation augmentent le taux de blastocystes. Au contraire, l’exposition continue des embryons à des concentrations moyennes à élevées lors de la culture augmente la part d’œuf dégénéré et diminue la proportion d’embryons qui se développent en blastocystes, un effet qui est dosedépendant. Hammon et al. (2000b) concluent que l’effet éventuel d’une exposition à l’ammoniaque dépend de son niveau dans le milieu, du moment où elle s’exerce et de sa durée. (v) Activité sécrétrice de l’endomètre La réussite du développement embryonnaire repose sur la nature de l’environnement de la lumière utérine au début de la gestation (Butler, 1998). Cet environnement est dynamique et montre des différences importantes au cours du cycle œstral. La nature cyclique de cet environnement est sous l’influence d’une régulation hormonale ovarienne stéroïdienne via les sécrétions endométriales (Butler, 1998). La relation qu’entretient l’embryon avec l’environnement maternel est fondamentale puisque la survie et le maintien du conceptus sont conditionnés par un milieu utérin particulier. Il a été montré que des concentrations significativement différentes en ions et de protéines dans l’environnement utérin étaient associées à des épisodes de ME chez la vache (Wiebold, 1988). La composition du fluide de la lumière utérine a donc été suivie chez des vaches alimentées avec un haut niveau de protéines afin de savoir si un excès pouvait être responsable de tels changements, et pour élucider les mécanismes responsables de la réduction du taux de conception observée chez ces animaux (Rhoads et al., 2004). Jordan et al. (1983) ont examiné les effets de CP sur les sécrétions utérines en certains constituants à différentes étapes du cycle œstral, chez 40 vaches laitières fortes productrices. Les régimes proposés sont iso-énergétiques, et fournissent 12 ou 23 % de CP. Les échantillons de plasma et de sécrétions utérines prélevés sont analysés pour Ca2+, Mg2+, K+, P. Figure 28 : Concentration de plusieurs ions dans les sécrétions utérines (moyenne ± écart type) à l’œstrus, J5, J15 et l’œstrus du deuxième cycle, de vaches nourries avec 12 (Low) ou 23 % (High) CP. A. Magnésium. B. Phosphore. C. Potassium. Source : Jordan et al. (1983). A C B L’ingestion de 23 % de protéines altère les concentrations de Mg2+, K+, P dans les sécrétions utérines, mais uniquement pendant la phase lutéale. En effet, les niveaux de Mg2+ (figure 28A), P (figure 28B) et de K+ (figure 28C) sont plus élevés pour les vaches ayant reçues le régime faiblement pourvu en protéines. Les concentrations de Ca2+ et de protéines totales dans les sécrétions utérines ne différent pas selon le régime. Les problèmes rapportés par certains rapports (résorptions embryonnaires, avortements, malformations fœtales), quand le niveau de magnésium dans les sécrétions utérines est insuffisant, suggèrent qu’un bas niveau de magnésium peut être associé à l’infertilité. Les travaux de Kenny et al. (2002) ont également cherché à établir une relation entre les concentrations systémiques en urée et en ammoniaque sur les concentrations d’autres 77 constituants dans le fluide oviductal, sur 25 vaches. L’augmentation des concentrations en urée ou en ammoniaque se fait par l’intermédiaire d’injection intraveineuse (15 µmol de NH 4 Cl/kg/min pendant 420 min pour le groupe ammoniaque, 2100 µmol d’urée/kg/min pendant une période 25 min puis 9,7 µmol/kg/min pendant 395 min pour le groupe urée). L’étude suit les concentrations en urée, ammoniaque, K+, Ca2+ et Mg2+ dans le plasma, dans le fluide oviductal ou dans les deux. L’injection intraveineuse d’ammoniaque ou d’urée augmente les niveaux d’ammoniaque ou d’urée dans le fluide oviductal. Cependant, ces augmentations artificielles ne provoquent pas de différences significatives au niveau des concentrations des différents ions mesurées dans le fluide de l’oviducte (tableau 15). Tableau 15 : Effets du traitement et du jour du cycle œstral sur la composition biochimique du fluide de l’oviducte. Source : Kenny et al. (2002). (vi) pH du fluide utérin Le pH du fluide utérin doit être associé aux observations faites auparavant. En effet, la présence d’urée et d’ammoniaque dans les sécrétions utérines, la modification de l’activité Figure 29 : pH utérin avant repas jusqu’à 24h après sécrétrice de l’endomètre, s’accompagnent repas, à l’œstrus et 7 jours plus tard, chez des génisses d’une altération du pH utérin, comme le recevant une ingestion normale ou forte (high) de montre les travaux d’Elrod et Butler (1993). protéines. Chaque point représente la moyenne (± écart Une première étude est réalisée sur des type) de 8 mesures. Source : Elrod et Butler (1993). génisses et mesurent les effets d’un excès de PDR sur la fertilité et sur le pH intra-utérin (Elrod et Butler, 1993). 80 génisses sont affectées à 2 régimes, formulés pour fournir 70 % des besoins en énergie métabolisable et 100 % des besoins en PIR. Les deux régimes diffèrent uniquement au niveau de la fraction PDR, le premier régime fournit 100 % des besoins (régime C), tandis que l’autre en fournit 150 % (régime H). L’apport de la ration C se traduit par un taux de gestation en IA1 de 82 %, contre 61 % pour la ration H. Sur les 16 animaux du groupe H chez lesquelles une gestation n’est pas diagnostiquée, 7 présentent une extension de la phase lutéale, ainsi qu’une prolongation du cycle œstral (de 26 à 36 jours). Cette extension de la phase lutéale est probablement le résultat d’une ME survenue après la période critique de reconnaissance maternelle de la gestation (MET). Le jour 7 est choisi pour la mesure du pH intra-utérin car le CJ est fonctionnel et l’embryon a migré dans l’utérus. A l’œstrus, le pH utérin est relativement bas (6,8), quel que soit le régime (figure 29). Le pH de la semence de taureau est de 6,8 approximativement. Le pH utérin observé à l’œstrus est compatible avec celui de la semence. Dans le groupe C, le pH utérin est plus élevé au jour 7 (7,1) alors que dans le groupe H, le pH utérin est significativement plus bas, puisqu’il est similaire à celui observé à l’œstrus (6,8). 78 L’apport d’un excès de PDR semble donc préjudiciable pour la fertilité, par une altération de l’environnement utérin dans lequel l’embryon doit pouvoir se développer. Cependant, les deux régimes apportaient seulement 70 % des besoins des génisses en énergie métabolisable. L’utilisation d’une ration en fournissant 100 % ainsi qu’une proportion de PDR plus faible devrait permettre de réduire les effets d’un excès de PDR. C’est ce qu’à chercher à mettre en évidence la deuxième étude de Elrod et al. (1993). Elle vise également à savoir si l’effet d’un excès de PDR sur le pH se manifeste au niveau des autres fluides corporels. L’étude se base sur un effectif de 36 vaches en début de lactation, séparé en 3 groupes. Chacun des groupes est affecté à un régime particulier : Témoin : les apports fournissent les besoins de PIR et de PDR HI : excès de PIR (+ 25 % des besoins) HD : excès de PDR (+ 25 % des besoins) Dans ces deux derniers régimes, les protéines sont donc apportées en excès par rapport aux besoins. L’ensemble des rations sont isoénergétiques et formulées de telle façon que les besoins en énergie soient totalement apportés. Au jour 7, comme lors de l’œstrus, les pH de la salive, du sang et de l’urine ne diffèrent pas selon le traitement. L’effet, s’il existe, est donc spécifique à l’utérus. Le pH utérin relevé à J7 pour le régime témoin est similaire à celui mesuré lors de l’expérience précédente (7,13). Les deux régimes excédentaires en CP, sans regarder la dégradabilité, bloquent l’augmentation du pH utérin, qui s’opère entre l’œstrus et le jour 7. L’hypothèse selon laquelle une fraction non dégradable plus importante pouvait favoriser l’augmentation de pH en dépit d’une proportion importante de CP est mise à mal par ces observations. Il semble donc que l’excès de protéines, sans regarder la dégradabilité des protéines, est responsable de cette modification du pH. Dans le groupe témoin, l’augmentation du pH de 6,8 à 7,1 peut être associée à l’augmentation parallèle (durant la phase lutéale) des concentrations ioniques de Na+, K+, et de PO 4 3- relevé par Heap (1962), Schultz et al. (1971), et Jordan et al. (1983). La diminution du pH utérin chez les vaches nourries avec un excès de protéines doit être associée à la diminution des concentrations de Mg2+, K+, PO 4 3- dans l’utérus observée pendant la phase lutéale pour les vaches recevant le régime de 23 % de CP (Jordan et al. 1983). Le pH utérin au jour 7 est inversement corrélé à PUN, sans regarder le régime. Les concentrations d’urée dans le plasma au moment des mesures de pH sont en moyenne de 15,7, 19,2 et 22,8 mg/dL dans le groupe témoin, HI, HD respectivement. PUN est à tout moment plus élevé pour le groupe HD, alors que le régime HI se traduit par des PUN plus importants entre 8 et 24 heures post-repas. La relation qui lie PUN et le pH indique que même les régimes pauvres en PDR peuvent altérer l’environnement utérin, si le niveau de PUN devient élevé. (vii) Implication de l’urée L’ingestion d’un haut niveau de CP se traduit par une élévation des niveaux d’ammoniaque et d’urée dans le sang et dans les sécrétions utérines. Ainsi, un ou les deux métabolites est responsable de ces altérations (Butler, 1998). Des apports de PDR ou de PIR supérieurs aux besoins, se traduisent par la formation d’urée, aboutissent à l’accroissement de PUN et à l’altération du pH utérin à un degré similaire. Ces observations soutiennent l’idée que l’urée pourrait être le médiateur des effets de ces excès au niveau de la lumière utérine. Cette remarque est appuyée par la relation négative qu’entretienne PUN et le pH utérin (Butler, 1998). L’étude de Rhoads et al. (2004) cherche à démontrer l’effet sur la lumière utérine (pH) d’une augmentation soudaine du PUN, suite à une injection d’urée par voie intraveineuse. 4 vaches (groupe urée) reçoivent une injection de 0,01 g d’urée par heure et par kg de poids vif, pendant 24 heures, alors que 4 autres pendant la même durée ne reçoivent pas cette injection (groupe témoin). Apres 24 heures, le premier groupe ne reçoit plus d’injection, alors que le second en reçoit, pendant une durée identique. 79 Figure 30 : Concentration en PUN et pH utérin (moyenne ajustée et écart-type) pendant l’injection intraveineuse A - d’une solution saline à 4 vaches laitières. B - d’urée à 4 vaches laitières. Source : Rhoads et al. (2004). A B Le pH utérin en début d’expérimentation n’est pas différent selon les groupes. Comme attendu, l’injection d’urée augmente significativement le niveau de PUN (22,6 ± 1,3 contre 16,6 ± 1,3 mg/dL pour le groupe urée et témoin respectivement). Le pH utérin est sensiblement identique ou plus élevé pour le groupe témoin, et ne change significativement pas au cours de l’expérience (figure 30A). Au contraire, le pH du groupe urée, similaire entre 6 et 12h, diminue ensuite à 18h pour rester à ce niveau jusqu’à 24h (figure 30B). Pour montrer la réponse du pH à Figure 31 : Évolution de PUN et du pH utérin durant l’injection intraveineuse d’une solution l’augmentation du niveau de PUN, la figure 31 est saline (0 à 24h) puis d’urée (24 à 48h). Source : particulièrement intéressante. En effet, le pH Rhoads et al. (2004). utérin diminue pendant le traitement à l’urée, puis reste stable en dépit d’une augmentation de PUN jusqu’à 48h. Les mesures fréquentes de PUN et du pH utérin montrent que le pH utérin est assez lié à la dynamique de PUN, avec un temps de latence de quelques heures (Butler, 2000). Ces résultats sont en accord avec les travaux sur les vaches de Elrod et al. (1993) et sur les génisses de Elrod et butler (1993) et de Smith et al. (2000), cités par Rhoads et al. (2004). Elrod et Butler (1993) suggèrent que cette diminution du pH pendant la phase lutéale pourrait être le résultat d’un changement de l’activité sécrétrice de l’utérus, en réponse à l’augmentation de PUN. Le pH utérin est contrôlé par une enzyme, l’anhydrase carbonique (AC), qui catalyse la réaction réversible : H 2 O + CO 2 ↔ H 2 CO 3 ↔ H+ + HCO 3 Les cellules épithéliales peuvent exporter H+ ou HCO 3 - en échange de sodium, potassium, ou chlorure dans le but de modifier la concentration en ion du fluide, et par suite son pH (Rodriguez-Martinez et al., 1991, cités par Rhoads et al., 2004). Ainsi, un haut niveau d’urée pourrait altérer l’activité de AC pendant la phase lutéale. L’urée exerce un effet indirect. 80 (viii) Embryon et pH A la différence de sa résistance à l’urée, l’embryon semble sensible à la réduction du pH, indiquant que cette baisse est délétère pour sa survie. L’addition d’un acide faible (diméthadione), non toxique, provoquant une diminution du pH similaire à celle observée lors d’un apport de protéines important, est catastrophique pour le développement embryonnaire (Ocon et Hansen, 2003). La culture d’embryon à un pH inférieur à 7 réduit la capacité des embryons à se diviser et affecte le développement de l’embryon pour atteindre le stade blastocyste (figure 32). Ces résultats in vitro indiquent que le développement est fortement altéré lorsque l’embryon est exposé à des pH acides, similaires à ceux relevés lorsque les vaches reçoivent des apports excessifs de protéines. Il existe donc bel et bien un effet indirect des protéines sur l’embryon, à travers l’altération du pH utérin. Figure 32 : effet de DMD (pH) pendant le développement embryonnaire. Les résultats sont exprimés en moyenne ajustée ± écart type. Les différences significatives sont indiquées par les symboles *(p<0,05), **(p<0,01). Source : Ocon et Hansen (2003) . Elrod (1992), cités par Laven et Drew (1999), a montré, in vitro, que cet effet sur le pH était observé seulement avec l’urée, et non avec l’ammoniaque. Il existe donc bel et bien un effet direct de l’urée qui se manifeste sur les ovocytes, des effets indirects qui s’appliquent à l’embryon par une altération du pH utérin. 9. Quand l’effet se manifeste-t-il ? Le moment de l’expression de l’effet est aussi un élément important à prendre en compte, pour identifier la période du cycle œstral la plus critique. L’effet semble s’étendre sur la totalité du cycle œstral, depuis la maturation, en passant par la fécondation, jusqu’à la reconnaissance maternelle de la gestation. Cependant, l’effet délétère majeur, quand il s’exprime, semble avoir lieu au moment du développement embryonnaire, en raison des conséquences de l’alimentation protéique sur l’environnement utérin. 81 10. Synthèse Il apparaît qu’un excès de protéines a des effets préjudiciables sur la fertilité des vaches, aussi bien d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Sans tenir compte de la source protéique et de sa dégradabilité, les effets peuvent être directs ou indirects. Les effets semblent s’exercer à l’ensemble des étapes du cycle et/ou de la gestation. Cependant, l’effet le plus préjudiciable semble s’exprimer lors du développement de l’embryon et en particulier au moment de la reconnaissance maternelle de la gestation. Des excès peuvent aboutir à des cas de MET. La MET entraîne des pertes économiques importantes, puisqu’elle rallonge l’intervalle vêlage-vêlage, ce qui peut compromettre l’objectif d’un veau par an. A la différence de l’énergie, l’excès de protéines induit des effets directs et indirects qui sont tous préjudiciables pour la reproduction. Ainsi, si l’éleveur souhaite maximiser la fertilité de ses vaches, un apport raisonné évitant les excès sera nécessaire, quelle que soit la période du cycle œstral. Il devra comparer les bénéfices d’un apport excessif de protéines, afin de soutenir la production laitière, aux effets négatifs potentiels que cet apport peut engendrer sur la fertilité (Butler, 1998). Une stratégie alternative pourrait consister à apporter une quantité d’énergie supplémentaire facilement dégradable, des glucides par exemple, en veillant à éviter l’acidose. Des ingrédients tels que le maïs, le citron ou la pulpe de betterave pourraient convenir (O’Callaghan et Boland, 1999). Enfin, comme le rapportent Oltner et Wiktorsson (1983), cités par Laven et Drew (1999), une réflexion de la formulation des rations en fonction d’un ratio protéine/énergie optimal, calculé sur la base des besoins des animaux pour les deux postes, semble un élément intéressant. En effet, lorsque ce ratio optimal est constant, les protéines n’influencent pas les niveaux d’urée dans le plasma, alors que s’il augmente, la concentration plasmatique augmente. Ainsi, le suivi des valeurs de l’urée dans le lait (fourni par la laiterie) est un outil intéressant. Une valeur trop élevée d’urée dans le lait doit être un critère d’alerte pour la reproduction. Une autre solution pour contrecarrer l’excès protéique pourrait consister à apporter une quantité plus élevée de PIR, même si ce dernier ne supprime pas l’augmentation de PUN, mais la limite par rapport aux PDR. Pour cela, l’apport de tourteau tanné 12 ou la farine de poisson semble la source à privilégier, surtout quand on connaît les effets de cette matière première sur la synthèse de prostaglandines PGF 2α , ce dont il va être question dans la partie suivante. Malheureusement, cette matière première est interdite en Europe. IV. Nutrition lipidique et apport en acides gras En début de lactation, en raison d’une faible ingestion et d’une demande énergétique élevée liée à la production laitière, les vaches ne disposent pas de suffisamment de nutriments pour satisfaire leur production. Cela est d’autant plus vrai dans les élevages performants, à sélection génétique sévère, associée ou non aux améliorations technologiques en matière de nutrition (Fouladi-Nashta et al., 2007). Les lipides, protéines et minéraux sont alors mobilisés depuis les réserves corporelles pour assurer la production de lait (Heravi Moussavi et al., 2007a), entraînant une perte de poids corporel importante en début de lactation. Compte tenu de leur densité énergétique, une supplémentation de la ration en lipides pourrait augmenter l’énergie ingérée, sans compromettre la part de fibres (Childs et al., 2008b). Cela permettrait une plus grande production laitière en début de lactation, quand l’animal n’ingère pas suffisamment. Cette supplémentation permet aussi d’augmenter l’efficacité de l’utilisation de l’énergie (Ferguson et al., 1990), afin de minimiser les 12 Le tannage des protéines après traitement au formaldéhyde est interdit en UE. Il consiste donc en un procédé de chauffage des matières premières 82 différences entre l’énergie ingérée et les sorties d’énergie, notamment à travers le lait (Thatcher et al., 2004). Les effets d’une BEN sont préjudiciables non seulement pour la santé générale de l’animal (acétonémie, déplacement de la caillette à gauche…), mais aussi pour les performances de reproduction. Ainsi un meilleur bilan énergétique, obtenu par l’apport de matières grasses (MG), pourrait améliorer ces performances. Cette stratégie nutritionnelle est préférée à l’introduction supplémentaire d’amidon dans la ration, susceptible d’entraîner des effets négatifs sur le fonctionnement du rumen et sur la santé de l’animal (acidose). La supplémentation en MG a aussi des effets positifs directs, indépendants de l’énergie. Elle s’accompagne d’une plus grande sécrétion de progestérone suite à l’afflux plus important de cholestérol (aspect quantitatif). Elle peut réduire la sécrétion de PGF 2α par l’endomètre selon la nature des acides gras (AG) (aspect qualitatif). Ces deux effets pourraient être responsables de la diminution des cas de ME chez la vache. L’intérêt pour les lipides provient également de l’effet anti-cancérigène de certains AG chez l’Homme : la supplémentation de la ration en AG pourrait se traduire par une augmentation de ces nutriments dans les produits animaux à destination de l’alimentation humaine (Bilby et al., 2006a). Le développement récent de produits commerciaux basés sur des sels de calcium d’AG, ou des AG résistants à la digestion ruminale, offre aux producteurs un moyen pour augmenter la densité énergétique de la ration sans utiliser une quantité supplémentaire de fourrages ou de concentrés (Hightshœ et al., 1991). Parce que ces produits ont un coût plus important que les matières premières classiques, leur introduction dans la ration ne se justifie que s’ils ont une influence suffisamment importante, non seulement sur le statut énergétique des animaux, mais aussi sur les performances de reproduction. 1. Nomenclature des acides gras Les AG, composants des triglycérides, sont constitués d’une chaîne carbonée plus ou moins longue, contenant une ou plusieurs doubles liaisons. Les acides gras saturés (AGS) ne contiennent pas de double liaison dans leur chaîne carbonée, alors que les acides gras mono-insaturés (AGMI) en possèdent une, les acides gras polyinsaturés (AGPI) en possèdent deux ou plus. L’acide linoléique (AL) possède 18 atomes de carbone et deux doubles liaisons, avec une première double liaison au niveau du 6ème carbone quand on part de l’extrémité méthyle. Il fait ainsi parti de la famille des n-6 (oméga 6 ou ω6) et on le note C 18:2,n-6 . L’acide α-linolénique (ALA), au même nombre d'atome de carbone, possède 3 doubles liaisons. Il appartient à la famille des n-3 (oméga 3 ou ω3) car sa première double liaison est sur le 3ème carbone, on le note alors C 18:3,n-3 . Les AG à chaîne longue, polyinsaturés, l’EPA ou acide eicosapentaénoique, et le DHA ou acide docosahexaénoique font partie de cette famille des oméga 3 (Thatcher et al., 2004). Un AG de cette famille ne peut être converti dans un AG de la famille n-6 et réciproquement (figure 33). 83 Figure 33 : Désaturation et élongation des AG des familles n-6 et n-3. Source : Mattos et al. (2000). Les AG ont deux origines : une synthèse endogène et l’alimentation. Le métabolisme des ruminants n’est pas capable de synthétiser de novo les précurseurs que sont ALA et AL. Ces deux AG sont essentiels car ils doivent être fournis par l’alimentation, en effet, l’insertion de la double liaison présente entre le ∆-9 carbone et l’extrémité méthyle de l’AG ne peut être réalisée avec les systèmes biologiques des mammifères (Staples et al., 1998). Les AG subissent au niveau du foie l’élongation et la désaturation, ce qui génère de nouveaux AG aux propriétés biochimiques différentes. L’élongation implique l’ajout de 2 atomes de carbone grâce à l’élongase. La désaturation est une étape catalysée par la désaturase qui insert une double liaison dans la chaîne carbonée. 2. Digestion des lipides Les MG alimentaires ingérées sont hydrolysées dans le milieu ruminal. Cela aboutit à la libération des AG de leur squelette de glycérol. Le glycérol après fermentation ruminale fournit du propionate. Les AG libérés subissent différentes transformations, consécutives aux conditions d’oxydoréduction de la panse. Les principales modifications consistent en une hydrogénation, partielle ou totale, et une isomérisation intense des AG insaturés, en particulier des AG à 16 ou 18 atomes de carbone qui se trouvent généralement en proportion élevée dans les lipides ingérés. Environ les 2/3 des doubles liaisons sont ainsi hydrogénés. Chez les ruminants, l’hydrogénation ruminale réduit la quantité d’AG insaturés atteignant l’intestin grêle pour l‘absorption. Ainsi, ALA et AL sont convertis en acide oléique ou stéarique. L’apport dans l’alimentation de MG protégées a été développé pour augmenter la proportion d’AGPI pouvant atteindre le duodénum (Mattos et al., 2000). De la même façon, il existe des AG (EPA et DHA) qui ne subissent pas d’hydrogénation dans le rumen (Staples et al., 1998). Ces deux AG sont présents dans les produits de la mer de type algue, farine de poisson, ou huile de poisson (Thatcher et al., 2004). 3. Matière première, teneur en lipides et composition en acides gras Chez la vache laitière, la plupart des rations sans supplémentation apportent 2 % d’AG à chaînes longues qui sont pour la plupart insaturés (Staples et al., 1998). Les matières premières sont nombreuses et d’origines diverses. Les études, principalement anglosaxones, s’appuient parfois sur des produits non cultivés en Europe (coton par exemple). Dans les systèmes européens, plusieurs matières peuvent être utilisées : graine de lin, 84 tournesol, colza, soja. La farine de poisson peut être utilisée à des fins expériementales uniquement, en effet, elle est interdite pour l’alimentation des animaux en Europe. Dans les climats tempérés, l’herbe fraiche contient de 1 à 3 % d’AG (Chiliard et al., 2001). Les teneurs sont les plus élevées en printemps et automne. Entre 55 et 65 % de ces AG sont constitués par l’ALA. Dans des conditions plus tropicales, la teneur en ALA est beaucoup plus faible puisqu’elle n’atteint que 15-40 %. L’ensilage de maïs est plus riche en AL par rapport à l’ensilage d’herbe, en raison de la présence de grains de maïs, qui contiennent environ 60 % d’AL parmis tous les AG. La composition en AG est par ailleurs très variable. Chaque source de lipides est constituée d’un mélange d’AG différent. Des graisses comme le suif ou l’huile de friture peuvent être utilisées, elles sont riches en acide oléique (de l’ordre de 43 %). Les MG d’origine animale sont riches en acides gras saturés à chaine longue. Des préparations commerciales sous forme de lipides solides sont des sources riches en acide palmitique (de 36 à 50 % selon la préparation). Les lipides peuvent également avoir une origine végétale. Ces derniers peuvent être sous la forme d’huile végétale ou de graine entière. La teneur en lipides des graines se situe entre 18 (graine de soja) et 40 % (graine de lin). Le profil en AG est différent selon la graine : la graine de colza est riche en acide oléique ; les graines de coton, de soja, de tournesol sont riches en AL ; la graine de lin est riche en ALA (tableau 16, Staples et al., 2007). Le principal AGPI oméga 6 d’origine alimentaire est l’AL, présent majoritairement dans les graines et leurs huiles (maïs, tournesol, soja). La plupart des AGPI oméga 3 provient de l’ALA, principalement rencontré dans les chloroplastes des végétaux verts y compris l’herbe (Wathes et al., 2007). Les teneurs en chacun des constituants varient au cours de l'année. Les procédés subis par les différentes matières premières influencent également la proportion des différents AG (fanage, ensilage...). Ainsi, selon la saison, le moment de l'année, l'alimentation reçue par les animaux, l'ingestion de ces AG peut varier fortement. Les matières premières peuvent en outre subir des traitements technologiques afin de modifier la dégradabilité de leur constituant dans le rumen, augmentant ainsi leur quantité arrivant à l’intestin. Des procédés thermiques (chauffage, extrusion…) ou chimiques (tannage au formaldehyde) sont alors utilisés. Ce dernier reste néanmoins interdit. Tableau 16 : Composition en acides gras majeurs de plusieurs sources de lipides. Source : Staples et al. (2007). Acide gras Source C14:0 C16:0 C16:1 C18:0 C18:1 C18:2 C18:3 Suif 3 25 3 18 43 3,8 <1 Megalac-R 1 36 <1 4 26 29 3 Huile de coton 1 23 1 3 18 54 1 Huile de lin <1 5 <1 3 20 16 55 Huile de colza <1 5 <1 2 54 22 11 Huile de carthame <1 7 <1 2 12 78 <1 Huile de soja <1 11 <1 4 23 54 8 Huile de tournesol <1 7 <1 5 19 68 1 Huile de poisson* 7 16 8 3 12 1 2 C 14:0 : acide myristique ; C 16:0 : acide palmitique ; C 16:1 : acide palmitoléique ; C 18:0 : acide stéarique ; C 18:1 : acide oléique ; C 18:2 : acide linoléique ; C 18:3 : acide linolénique. * : elle contient en outre 14 % de C 20:5 (EPA) et 9 % de C 22:6 (DHA). Les produits de la mer (poisson, algue…) sont riches en AG insaturés à chaine longue. On distingue en particulier l’EPA et le DHA. La composition de ces produits en AG connaît une grande variabilité, en raison de l’espèce de poisson, de la saison et de l’aire géographique (Chiliard et al., 2001). La teneur en EPA peut varier de 4 à 32 %, alors que celle en DHA peut osciller entre 2 et 25 %. Les matières premières sources de lipides, d’origine animale, sont interdites dans les pays où a sévit l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), en particulier en Europe. 85 4. Alimentation lipidique et performances de reproduction Dans une revue de Staples et al. (1998), il est rapporté que 11 études sur 20 montrent une amélioration soit du taux de conception en IA1 soit du taux de gestation. 3 études rapportent qu’un supplément de MG dans la ration réduit le taux de conception en IA1. Pour ces 3 études, la diminution du taux de conception s’accompagne de l’augmentation de la production laitière. Cette production plus forte provoque des effets sur le bilan énergétique, qui ne sont pas sans conséquence sur la fertilité (Staples et al., 1998). L’intervalle entre le vêlage et la conception ne semble pas affecté par la supplémentation, sauf pour une étude (Sklan et al., 1991). Cependant, le nombre d’inséminations par conception est réduit dans 3 études (Armstrong et al., 1990 ; Ferguson et al., 1990 ; Sklan et al., 1991 ; rapportés par Staples et al., 1998, tableau 17). Tableau 17 : Effets de l’apport de MG sur la reproduction. Source : Staples et al. (1998). Référence traitement Période Vaches par traitement TC en IA1 taux de gestation Intervalle IA par Velageconception conception 0 g/j IF 43 72 2,3 54 500 g/j IF 60 87 1,8 0 g/j IF 28 86 Sklan et al., 1989 1-170 54 500 g/j IF 44 74 0 % IF 138 43 96 1,96 Ferguson et al., 1990 2 % IF 115 59** 92 1,57** 0 % IF 48 42 62 149 2,9 Sklan et al., 1991 1-120 2.6 % IF 51 39 82** 115** 2,4** 0 % IF 21 33 52 76 1,35 Garcia-bojalil, 1993 1-120 2,2 % IF 22 45 86** 84 1,45 0 % IF 223 49 85 138 1,74 1-180Scott et al., 1995 200 450/j IF 220 46 79 146 1,71 0 % suif 33 44 Son et al., 1996 15-84 34 3 % suif 44 62* 0 % de FM 68 84 87 1,2 Carroll et al., 1994 12-125 31 3,5 % de 89* 86 82 1,4 FM 0 % de FM 67 52 Bruckental et al., 1989 7,3 % de 1-112 65 72** FM 0 % de FM 41 107 2,31 Armstrong et al., 1990 800 g/jour 39 94 1,62** de FM 0 % de FM 146 20 32 74 1,4 Burke et al., 1996 23-105 2,8 % de 154 22 41* 77 1,4 FM IF : inert fat (AG non hydrogénés dans le rumen), FM : farine de poisson, TC : taux de conception Schneider et al. 1988 5. Alimentation lipidique et embryon Il a été proposé que l’amélioration des résultats de reproduction pouvait être due à un meilleur développement de l’embryon dans les 25 premiers jours de gestation. Thangavelu et al. (2007) comparent le développement embryonnaire (en étudiant le nombre de blastomères) chez des vaches recevant une ration supplémenté en AG saturés ou insaturés (riche en ALA ou AL). L'étude montre que l’apport d'AGPI améliore le développement embryonnaire chez des vaches en lactation. En effet, le nombre total de blastomères est affecté par le régime (p<0,01 ; tableau 18). Lorsqu’on considère l’ensemble des catégories d’embryons, les embryons issus des animaux alimentés avec la ration riche en AGS 86 possèdent moins de blastomères, par rapport aux embryons des 2 autres groupes. Le nombre de blastomères des morula tend à être plus important pour les animaux ayant reçu de la graine de lin par rapport aux 2 autres groupes. L’étude ne montre pas d’effet de la nature des AG (oméga 3/oméga 6) sur la qualité des embryons et leur développement, confirmant les travaux de Ponter et al. (2007). Le meilleur développement embryonnaire observé dans ces 2 groupes pourrait être attribuable aux CPROG plus élevées aux jours 7 et 8. Tableau 18 : Effet de la nature des AG sur le développement embryonnaire, via le dénombrement des blastomères. SAT : régime riche en AGS, FLX : régime à base de graine de lin, SUN : régime à base de graine de tournesol. Source : Thangavelu et al. (2007). L'étude d'Ambrose et al. (2006) cherche à déterminer si un régime enrichi en ALA peut influencer la survie de l’embryon, le taux de conception et les pertes de gestation chez des vaches laitières en lactation. Le taux de conception en 1ère IA (évalué par dosage de la P4) à J24 est plus élevé pour les vaches nourries avec de la graine de lin (72,6 % contre 47,5 %) ; les pertes de gestation sont plus faibles pour ce même groupe (9,8 % vs 27,3 %). Il semble que la survie de l’embryon au cours des 24 premiers jours de gestation soit meilleure pour ces animaux. La survie de l’embryon est identique entre J24 etJ32 quel que soit le groupe. La meilleure fertilité observée pour le groupe graine de lin peut être associée à la taille plus importante des follicules ovulatoires. Les taux de conception à J24 et J32 indiquent que l’effet bénéfique de la graine de lin s’exerce dans les 24 premiers jours de gestation. Une étude menée par Colazo et al. (2004) chez des vaches allaitantes, avec les mêmes matières premières, n’a pas mis en évidence de différences au niveau des taux de conception. Cependant la quantité de lipides était inférieure à celle utilisée dans l’étude d’Ambrose et al. (2006). La quantité de lipides est donc un facteur important, suggérant un effet dose dépendant. L’étude de Petit et al. (2006) a montré que la ME était réduite chez les vaches alimentées avec de la graine de lin entière. Burke et al. (1997) ont montré que l’apport d’AG oméga 3 pourrait améliorer la survie de l’embryon seulement dans les élevages où la fertilité est mauvaise. 6. L’incorporation de MG améliore-t-elle la balance énergétique ? Un apport de MG a pour but d’accroître la concentration énergétique de la ration, ce qui pourrait augmenter l’énergie ingérée par l’animal, améliorant ainsi le statut énergétique des animaux (Mattos et al., 2000). Cela se vérifie dans la mesure où le niveau d’ingestion n’est pas modifié.La BE entre 5 et 12 semaines postpartum de vaches ayant reçues ou non des AG résistants à la biohydrogénation du rumen (1,8 % de la matière sèche) n’est pas différente (Spicer et al., 1993). Beam et Butler (1998) ne mettent pas en évidence de différences significatives entre deux régimes, apportant ou non des MG, pour ce paramètre (figure 34). Sklan et al. (1991) observent que chez les vaches supplémentées en MG, la chute du poids corporel est plus forte par rapport aux vaches non supplémentées. 87 Figure 34 : Énergie nette quotidienne moyenne ingérée (Mcal/jour) de 1 à 6 semaines postpartum, pour des vaches alimentées à partir d’une ration contenant () ou non () 2,6 % de lipides protégés. Source : Beam et Butler (1998). Enfin, des vaches laitières nourries avec 3 % de suif ont un meilleur taux de gestation que les vaches du groupe témoin (0 % de suif) malgré une BE plus négative entre 2 et 12 semaines postpartum (Son et al., 1996, rapportés par Staples et al., 1998). Heravi Moussavi et al. (2007a) ont montré que la BE hebdomadaire moyenne n’est pas différente avec un apport croissant de MG (figure 36). Pour l’ensemble des groupes, l’ingéré énergétique excède les besoins à la 7ème semaine de l’étude. Les indicateurs du statut énergétique (poids vif, note d’état corporel) ne sont pas différents selon les groupes (Bilby et al., 2006d ; Heravi Moussavi et al., 2007a). Le statut énergétique, quand il n’est pas réduit, ne semble pas amélioré. L’apport de ration enrichie en MG peut diminuer l’ingestion, ou peut accroître la production laitière (Thatcher et al., 2004). a. Effet d'une supplémentation en lipides sur le niveau d'ingestion Le niveau d’ingestion des rations supplémentées en MG est inférieur pour un ensemble d’études : Andrew et al. (1991), Harrison et al. (1995), Jerred et al. (1990), Romo et al. (1996) (4 études rapportés par Staples et al., 1998), Ferguson et al. (1990), pouvant parfois aboutir à une BE plus négative (Son et al., 1996, rapportés par Staples et al., 1998). Allen (2000) dans une revue étudiant l’ingestion, a trouvé qu’une supplémentation en CaPFA diminuait de façon significative la quantité de matières sèches ingérées dans 11 études sur 24. Childs et al. (2008b) ont mis en évidence une Figure 35 : Niveau d’ingestion quotidien diminution de l'ingestion seulement pour les animaux moyen (kg/jour) de 1 à 6 semaines pour des vaches alimentées à dont la ration présentait une teneur en MG supérieure postpartum, partir d’une ration contenant () ou non à 4 %, sans conséquence sur l'évolution de la note () 2,6 % de lipides protégés. Source : d'état corporel. Des régimes apportant 1 et 2 % de MG Beam et Butler (1998). n'entraînent pas de diminution de l'ingestion. Alors que l’ingestion moyenne sur toute la durée n’est pas différente entre les deux groupes, les vaches recevant le régime supplémenté en lipides (7,0 % de MG) tendent à avoir une ingestion plus faible que les vaches du groupe témoin (4,8 % de MG) (Beam et Butler, 1998). Si on considère uniquement les 4 premières semaines postpartum, la quantité de matière sèche ingérée est significativement plus faible pour le groupe ration supplémentée par rapport au groupe témoin (15,5 ± 0,6 contre 17,3 ± 0,6 kg/jour, figure 35). Fouladi-Nashta et al. (2007) n’ont pas mis en évidence de différences significatives sur l’ingestion et l’ingestion énergétique, entre 2 groupes ayant reçu 200 et 800 g d'AG résistants à la fermentation ruminale. La même observation a été faite dans les études de Bilby et al. (2006c), Garnsworthy et al. (2008b), et Childs et al. (2008a). Drackley et al. (1992) et Bremmer et al. (1998) ont montré qu’un apport d’AGPI diminuait l’ingestion. Thangavelu et al. (2007) et Theurer et al. (2009) n’ont pas mis en évidence d'effet de la nature des AG (saturés ou insaturés) sur le niveau d'ingestion. Heravi Moussavi et al. (2007a) ont mis en évidence que l’apport de MG améliorait l’ingestion, pour une supplémentation en farine de poisson de l’ordre de 5 %. La consommation de grandes quantités de MG (> 5 % de la ration) réduit la digestibilité des fibres végétales ainsi que la quantité de matières sèche ingérée chez les ruminants (Coppock et Wilks, 1991, cités par Williams et Stanko, 1999). Cette réduction est le 88 résultat d’une moindre activité des microorganismes cellulolytiques (Williams et Stanko, 1999), ralentissant la fermentation ruminale, particulièrement si la source de MG a une teneur élevée en AGPI (Ferguson, 2005), ce qui n'est pas vérifié par les travaux de Thangavelu et al. (2007) et Theurer et al. (2009). Cette plus faible ingestion d’une ration plus calorique démontrerait l’existence d’une régulation de l’ingestion énergétique par les ruminants. b. Effet d'une supplémentation en lipides sur le niveau de production laitière Des vaches laitières reçoivent une ration à laquelle on a ajouté 0, 3, 6 ou 9 % de lipides pendant 21 jours. Si la supplémentation augmente la quantité de MG du lait, la production laitière diminue d'autant plus que la supplémentation est importante (Ferguson et al., 1990). La supplémentation de la ration en MG (1,8 %) n’entraîne pas d’augmentation de la production laitière moyenne quotidienne (Spicer Figure 36 : Effets de régimes contenant de la et al., 1993). farine de poisson (FM) à différents %, ou de Les vaches alimentées avec des savons de l’huile de poisson sous forme de savons sur la calcium produisent plus de lait, de concentration production laitière, l’ingestion de matières en MG plus élevée (Sklan et al., 1991 ; Moallem sèches (DMI) et la balance énergétique. et al., 1997). Une plus grande production laitière Source : Heravi Moussavi et al. (2007a). est également observée par Scott et al. (1995), avec l’utilisation d’AG résistants à la biohydrogénation du rumen. Avec le même type de matières premières, Fouladi-Nashta et al. (2007) n’ont pas mis en évidence d'effets sur la production laitière. La production de lait est affectée par le régime reçu par les animaux dans une étude de Heravi Moussavi et al. (2007a) : le régime le plus riche en farine de poisson assure la production laitière la plus élevée (figure 36). Ce résultat est similaire à celui d’études précédentes (Carroll et al., 1994 ; Bilby et al., 2006d) alors que d’autres travaux n’ont pas mis en évidence de différences (Mattos et al., 2002). Santos et al. (1998), cités par Heravi Moussavi et al. (2007a), rapportent que la production laitière est augmentée par l’apport de farine de poisson dans 8 études sur 32. Les vaches produisant plus de 30 kg de lait semblent bénéficier davantage de cet apport par rapport aux vaches produisant moins. Dans cette étude, l’augmentation de la production s’accompagne de celle de l’ingestion de matière sèche. La meilleure production laitière chez ces vaches semble donc être liée à une ingestion plus forte. Les glycémies sont affectées par le régime : les groupes présentant des productions laitières élevées sont ceux qui présentent des glycémies moyennes les plus fortes. L’apport de MG augmente la production ruminale de propionate après fermentation du glycérol dans le rumen, connu pour être l’un des principaux substrats pour la néoglucogenèse chez les ruminants. Cette glycémie plus élevée fournit du glucose pour la synthèse de lactose, déterminant pour la production laitière. De plus, l’apport de farine de poisson apporte des protéines de bonne valeur biologique, utiles pour la synthèse des protéines du lait et la néoglucogenèse. La diminution du niveau d’ingestion, et une possible augmentation de la production laitière participent à ce que la balance énergétique soit inchangée ou même réduite. L’amélioration des performances de reproduction peut donc être observée indépendamment 89 de l’amélioration du statut énergétique (Staples et al., 1998) et fait intervenir d’autres mécanismes. 7. Conséquences sur la synthèse de progestérone Des épisodes de ME peuvent intervenir en raison d’une faible sécrétion de progestérone par le CJ durant le cycle œstral. Des CPROG fortes avant et après insémination ont été associées à des taux de gestation plus élevés (tableau 5). La progestérone préparant l’utérus à l’implantation de l’embryon et permettant son maintien, augmenter sa concentration, par l’intermédiaire d’une supplémentation en MG, peut améliorer les taux de gestation en diminuant notamment les cas de ME (Mattos et al., 2000). En effet, les ruminants nourris avec des suppléments de lipides présentent souvent une augmentation de leur CPROG (tableau 19). Tableau 19 : Synthèse des effets d’une supplémentation sur les caractéristiques du CJ et les concentrations en progestérone. Référence Effets relevés Talavera et al., 1985 Williams et al., 1989 Carroll et al., 1990 Hightshœ et al., 1991 Sklan et al., 1991 Garcia-bojalil et al., 1993 Lucy et al., 1993 Spicer et al., 1993 Hawkins et al., 1995 Lamoglia et al., 1996 Son et al., 1996 Burke et al., 1997 Garcia-Bojalil et al., 1998 Stronge et al., 2005 Childs et al., 2008b Garnsworthy et al., 2008b Augmentation de la progestéronémie suite à une supplémentation en lipides De Fries et al., 1998 Mattos et al., 2004 Wamsley et al., 2005 Ambrose et al., 2006 Bilby et al., 2006d Fouladi et al., 2007 Robinson et al., 2002 Aucun effet d’une progestéronémie supplémentation sur la Diminution de la progestéronémie suite à une supplémentation en lipides L’apport de MG semble avoir un effet bénéfique sur la CPROG, qui ne peut pas s'expliquer par un meilleur bilan énergétique. Bilby et al. (2006b) ont pu montrer que l'apport d'huile de poisson augmentait l'expression du gène codant pour le récepteur à la progestérone, se traduisant par une quantité plus importante de récepteur au niveau de l'épithélium glandulaire superficiel. L'augmentation de la CPROG peut être le résultat d’une synthèse plus importante au niveau du CJ. La synthèse de progestérone peut être plus élevée si la quantité ou la disponibilité de son précurseur est plus importante. L’augmentation de la cholestérolémie pourrait être à l’origine d’une sécrétion plus forte par le CJ. L’augmentation du niveau de progestérone peut aussi être la conséquence d’un catabolisme plus faible. Ensuite, une moindre sécrétion d’œstrogènes, dont il a été montré que la sécrétion augmentait la sensibilité du CJ aux prostaglandines (Howard et al., 1990, cités par Hightshœ et al., 1991), pourrait être un élément d’explication d’un meilleur 90 fonctionnement du CJ, se traduisant par une CPROG plus élevée. Enfin, une fonction lutéale améliorée peut aussi être la conséquence d’une faible sécrétion de prostaglandines. Cet aspect sera étudié dans la partie suivante. a. Augmentation de la cholestérolémie et de la proportion de lipides dans le CJ Figure 37 : Concentrations moyennes de cholestérol de vaches (n=12) recevant le régime supplémenté ou un régime témoin. Source : Hightshœ et al. (1991). L’augmentation de la progestéronémie chez les animaux à ration supplémentée en MG (Staples et al., 1998) peut être le résultat d’une plus grande disponibilité du cholestérol (Mattos et al, 2000). Le cholestérol est le précurseur pour la synthèse de progestérone par les cellules ovariennes. Hightshœ et al. (1991) utilisent 12 vaches qui reçoivent ou non un supplément de MG sous forme de savons de calcium. Les rations sont isoénergétiques et apportent le même niveau d’azote. L’apport de MG se traduit par une élévation du niveau de cholestérol dans le sang. En revanche, la concentration de triglycérides pendant l’essai est similaire entre les deux groupes (figure 37). La concentration plasmatique de cholestérol est significativement accrue avec des régimes supplémentés en MG dans les travaux de Carroll et al. (1990) (figure 38), de Grummer et Carroll (1991) et de Hawkins et al. (1995). Alors que les régimes contiennent les mêmes teneurs en lipides, la cholestérolémie est augmentée suite à l'apport d’AGPI oméga 3, et ce d'autant plus que l'apport est important (Childs et al., 2008b). L’augmentation de la cholestérolémie est probablement à relier avec le besoin accru de cholestérol, nécessaire pour prendre en charge une quantité plus importante de lipides absorbés et transportés sous forme de chylomicrons Figure 38 : Concentration plasmatique et de lipoprotéines (Staples et al., 1998). moyenne de cholestérol (mg/dL) pendant les Les travaux de Beam et Butler (1998) ne mettent 100 premiers jours de lactation, chez des pas en évidence d’effet d’une supplémentation en MG vaches alimentées avec une ration sur la cholestérolémie (deux régimes, dont l’un fournit contenant 0 ou 5 % de MG. Source : Caroll 4,8 % de MG, l’autre 7,0 %, sous la forme d’AG et al. (1990). résistants à la biohydrogénation). Si les lipides s’accumulent dans les cellules du CJ, la stéroïdogenèse pourrait être favorisée, puisqu’ils sont à l'origine de leur synthèse. Dans une étude réalisée par Hawkins et al. (1995), la quantité intracellulaire de lipide au niveau des cellules lutéales est différente selon le régime. Un examen de coupes de CJ au microscope électronique révèle que les lipides occupent un espace plus important quand les génisses sont alimentées avec des savons de calcium plutôt que sans. Cette augmentation doit pouvoir fournir de plus grandes quantités de précurseur pour la synthèse de progestérone et peut en partie expliquer l’augmentation de la CPROG dans le sérum observée chez les animaux supplémentés. 91 b. Une diminution de la clairance L’effet d’une supplémentation sur le taux de clairance est envisagé dans un nombre important de publications (Grummer et Carroll, 1991 ; Hawkins et al., 1995 ; Staples et al., 1998 ; Mattos et al., 2002). Hawkins et al. (1995) montrent que l’augmentation du niveau de lipides dans la ration diminue la clairance de la progestérone. Des génisses sont alimentées avec (0,57 kg/jour) ou sans AG à chaînes longues sous forme de savons de calcium de 100 jours avant vêlage, jusqu’à 3 cycles postpartum. Les niveaux moyens de cholestérol sérique (figure 39A) sont augmentés avec le traitement. La CPROG moyenne dans le sérum à J12 et J13 est plus forte pour les vaches qui suivent le régime supplémenté en MG (figure 39B). A - Concentration sérique de cholestérol, HDL et LDL (moyenne ajustée ± écart type) pour des vaches consommant un régime témoin ou supplémenté en MG (a, b, différent car p<0,001 ; c, d tend à être différent p=0,08). Source : Hawkins et al. (1995). Figure 39 B - CPROG dans le sérum avant ovariectomie et le temps requis pour la disparition de la moitié de P4 après ovariectomie (moyenne ajustée ± écart type), pour des vaches consommant un régime témoin ou supplémenté en MG (* différence : p=0,02). Source : Hawkins et al. (1995). Au 12/13ème jour du 3ème cycle œstral, les génisses subissent une ovariectomie. Les mesures des taux de progestérone après l’intervention montrent que le niveau de progestérone est plus fort chez les génisses qui ont reçu des MG que chez celles qui n’en n’ont pas reçu. Le temps requis pour la disparition de la moitié de la progestérone est plus long après ovariectomie chez les génisses supplémentées (figure 39B). Cela confirme que la clairance de la progestérone est réduite chez ces animaux. c. Une plus faible sécrétion d’œstradiol Hightshœ et al. (1991) observent que des vaches supplémentées ont une concentration d’œstradiol-17β plus faible par rapport au groupe témoin. Ainsi, le CJ formé peut mieux résister à la sécrétion de prostaglandine PGF 2α , puisque Howard et al. (1990), cités par Hightshœ et al. (1991), ont montré que les œstrogènes augmentent la sensibilité du CJ aux prostaglandines. Dans cet essai, les animaux dont les concentrations en œstradiol-17β sont les plus faibles sont ceux dont la CPROG est plus forte, mais pas sur toute la durée du cycle. De plus, les œstrogènes stimulent la sécrétion de PGF 2α par l’utérus d’où l’intérêt de leur diminution. D’autres études ne rapportent pas d’effet d’une supplémentation sur le niveau d’œstradiol sanguin (Lucy et al., 1993 ; Sklan et al., 1994 ; cités par Staples et al., 1998). d. Effet sur la taille des follicules La sécrétion de progestérone est bien corrélée à la taille du corps jaune. Cette dernière est dépendante de la taille du follicule qui a ovulé (Vasconselos et al., 2001, cités par Picard Hagen et al., 2008). Un CJ de grande taille, issu d’un follicule dominant de taille élevée, peut être à l’origine d’une sécrétion élevée de progestérone. Par conséquent, des follicules dominants de grande taille peuvent être bénéfiques. La taille du follicule dominant est souvent plus grande pour les vaches qui ont reçu un supplément de MG (tableau 20). En moyenne, la taille du follicule dominant est plus grande de 3,2 mm (soit une augmentation de l’ordre de 20 %) chez ces animaux. L’effet de la supplémentation sur la taille du follicule est observé avec de nombreuses sources de lipides. 92 Comparé à l’acide oléique, Staples et al. (2000) et Bilby et al. (2006a) ont montré qu’un apport d’AG oméga 3 ou oméga 6 entrainait des follicules de plus grande taille. Les AGPI sembleraient donc plus efficaces pour accroitre la taille du follicule dominant. Ainsi, les vaches alimentées avec des MG contenant les AG essentiels présentent une synthèse de progestérone plus forte en raison de follicule dominant de plus grande taille, produisant des CJ plus volumineux. Tableau 20 : Diamètre du follicule dominant de vaches laitières recevant ou non un supplément en matières grasses. Source : Staples et al. (2007). Régimes expérimentaux Référence Source lipidique Régime témoin Régime supplémenté Diamètre du follicule dominant en mm Lucy et al., 1991 Savons de calcium 12,4 18,2 Lucy et al., 1993 Savons de calcium 16,0 18,6 Huile de friture 16,9 20,9 Suif- huile de friture 11,0 13,5 14,3 17,1 13,3 16,9 15,0 16,5 14,1 16,9 Oldick et al., 1997 Beam et Butler, 1997 Staples et al., 2000 Robinson et al., 2002 Bilby et al., 2006a Ambrose et al., 2006 Huile de soja, huile de poisson Graines de soja protégées Megalac-R ou huile de lin Graines de lin e. Effet de la nature des acides gras Bilby et al. (2006d) n’ont pas mis en évidence d’effet de la nature de l’AG sur la CPROG. Ambrose et al. (2006) arrivent aux mêmes conclusions en comparant des régimes riches en graine de lin ou en graine de tournesol. L’apport de farine de poisson n’affecte pas la progestéronémie dans de nombreuses études, en dépit d’un apport élevé en DHA et EPA (Wamsley et al., 2005 ; Burns et al., 2003 ; Mattos et al., 2002), et peut parfois réduire la concentration de cette hormone (Hinckley et al., 1996 ; rapportés par Petit et al., 2006). L’étude de Thangavelu et al. (2007) a montré qu'aux jours 7 et 8, les CPROG des vaches avec ration enrichie en AGS sont plus faibles que celles des vaches à ration enrichie en AGPI. Petit et al. (2006) ont étudié l'influence de différents régimes apportés à des vaches laitières en lactation, dont l’un riche en graine de lin (riche en ALA). Le pic de progestérone sur un cycle œstral tend à être plus haut chez ces animaux (p=0,01). Lorsque les données concernant la CPROG sont analysées de J17 à J21 du cycle œstral, les vaches alimentées avec graine de lin présentent une CPROG plus importante. La plus forte CPROG à ce stade du cycle œstral pourrait contribuer à réduire la ME. Les auteurs évoquent l’effet positif des AG oméga 3 sur la CPROG : ces derniers pourraient améliorer la prolifération des cellules de la granulosa et accroître la taille des follicules, comme chez les vaches alimentées avec une ration riche en lipides. Cela pourrait produire un CL de plus grande taille et stimuler la production de progestérone. Burke et al. (1997) ont montré que la proportion de vaches dont la CPROG est supérieure à 1 ng/mL deux jours après injection de PGF 2α est plus forte avec une ration riche en AG oméga 3. La relation entre les AG alimentaires et la CPROG n’est pas entièrement élucidée. 93 8. Conséquences sur la synthèse de prostaglandines Une grande proportion des pertes embryonnaires survient chez la vache dans les 3 premières semaines de gestation (Thatcher et al., 1995, cités par Mattos et al., 2003). On estime qu'au moins 40 % des embryons sont perdus entre le 8ème et le 17ème jour de gestation (Bilby et al., 2006d). Cela coïncide avec la période d’inhibition par l’embryon de la sécrétion utérine de PGF 2α . Cela suggère que certains embryons sont incapables de l’inhiber. A 17 jours de gestation, la taille des embryons est très variable : une taille insuffisante peut compromettre la survie de l'embryon et sa capacité à contrôler la sécrétion de prostaglandine. Des stratégies visant à la réduire pourrait favoriser la survie d'embryons insuffisamment développés (Childs et al., 2008b). L’apport de MG se traduit par de meilleurs taux de gestation, et des niveaux de progestérone plus élevés. En plus d’une disponibilité en précurseurs plus importante, cette augmentation peut aussi être le résultat d’une réduction de la sécrétion de PGF 2α par l’endomètre ou d’une diminution de la sensibilité du CJ à PGF 2α (Mattos et al, 2000). Plus que la teneur en lipides de la ration, c’est davantage le profil en AG qui va influencer la production de prostaglandines. Ainsi, pour une même teneur en lipides, des sources de MG à profils divers peuvent avoir des effets différents sur cette sécrétion. Certains AG ont des effets spécifiques sur différents tissus, dont des effets bénéfiques sur la fertilité des vaches laitières (Cerri et al., 2009a). Ces effets positifs sont indépendants de l’apport énergétique et des changements du bilan énergétique (Staples et al., 1998). Ils ont été mis en évidence in vitro et in vivo sur la steroïdogenèse (Wathes et al., 2007), sur le métabolisme des cellules endométriales (Mattos et al., 2003, 2004) et sur le développement des embryons (Thangavelu et al., 2007). Cette sous-partie étudiera les mécanismes par lesquels un apport de MG peut contribuer à inhiber la sécrétion de prostaglandines, mécanismes qui seront abordés après avoir rappelé quelques éléments sur la synthèse des prostaglandines. a. Rappel : voie de synthèse des prostaglandines Les AGPI à 20 atomes de carbone que sont l’acide dihomo-γ-linolénique (DLA), l’acide arachidonique ou AA, l’acide eicosapentaenoique ou EPA, sont des substrats pour la synthèse des prostaglandines des séries 1, 2 et 3 respectivement (Staples et al., 1998). La mobilisation de l'AA depuis le pool membranaire se fait via l’action des phospholipases PLA2 et PLC (Coyne et al., 2008). AL peut être désaturé et élongué pour former le DLA, précurseur de la série 1 des prostaglandines, ou peut être désaturé davantage pour obtenir l’AA, précurseur des prostaglandines de la 2ème série (figure 40). Les prostaglandines de la série 2 (dont PGF 2α ) sont responsables de la régression du CJ qui mène à l’initiation d’un nouveau cycle œstral. ALA peut être desaturé et élongué pour former l’EPA, précurseur des prostaglandines de la série 3. L’EPA peut être apporté directement par une supplémentation en farine ou huile de poisson. Une enzyme qui intervient dans la synthèse des prostaglandines issu d’AG est la ∆-6désaturase pour la conversion de AL en DLA, et de ALA en EPA (figure 40). 94 Figure 40 : Origine des prostaglandines des séries 1, 2 et 3 depuis les AGPI alimentaires. Source : Wathes et al. (2007). Les prostaglandines sont ensuite obtenues après l’action d’une seconde enzyme, la PGHS (prostaglandin G/H synthase), connu aussi sous le nom de cyclooxygénase (COX), qui intervient pour la conversion de DLA en prostaglandines de série 1, de l’AA en prostaglandines de série 2, et de l’EPA en prostaglandines de série 3 (Staples et al., 1998). Il existe 2 enzymes PGHS, PGHS-1 (COX-1) et PGHS-2 (COX-2), dont les structures et les fonctions sont identiques. L’ARNm codant pour COX-2 et la protéine correspondante sont à des niveaux faibles durant les 12 premiers jours du cycle œstral, à des niveaux élevés du jour 13 à 21 du cycle (Arosh et al., 2002, cités par Heravi Moussavi et al., 2007b). Les prostaglandines sont obtenues après être passé par un stade intermédiaire instable (PGH2 lorsque le précurseur est l'AA par exemple, Coyne et al., 2008). Le PGH2 formé est converti soit en PGE 2 soit en PGF 2α par PGES ou PGFS respectivement. Une enzyme permet d’obtenir PGF 2α à partir de PGE 2 , il s’agit de PGE 2 9-ketoreductase (Coyne et al., 2008). Le mécanisme de biosynthèse des prostaglandines au niveau de l’endomètre des ruminants est présenté figure 41 (Goff, 2004). 95 Figure 41 : Voie de biosynthèse de PGF 2α au niveau de l’endomètre des ruminants. Source : Goff (2004). Alors que la synthèse des prostaglandines dépend de l’apport en AG, ces AG peuvent aussi l’inhiber (Staples et al., 1998). Cette inhibition de la synthèse de PGF 2α se fait par différents mécanismes. b. Effets des acides gras sur la production de prostaglandines Wamsley et al. (2005) ont montré que l’apport de farine de poisson élevait significativement les concentrations plasmatiques en EPA et DHA à partir du 14ème jour de supplémentation. Les AGPI oméga 3 à longue chaîne carbonée peuvent échapper à la fermentation microbienne dans le rumen, et peuvent ainsi être incorporés dans les tissus. L’effet d’une supplémentation sur la sécrétion de prostaglandine est inconstant selon les études. Heravi Moussavi et al. (2007b) ont observé que la supplémentation de la ration en AG n’affecte pas la concentration plasmatique en PGFM suite à un challenge à l’ocytocine (200 g contre 800 g d'AG résistants à la fermentation ruminale). Petit et al. (2006) sont parvenus aux mêmes conclusions. La nature de la MG utilisée peut expliquer les différences entre les études. Mattos et al. (2003) ont montré que la production in vitro de PGF 2α est différente selon l'AG mis en présence de cellules endothéliales bovines (figure 42). L’étude de Petit et al. (2002) montre que cette sécrétion est plus forte pour les animaux recevant de l’huile de lin et de l’huile de poisson. Childs et al. (2008b) ont observé des résultats identiques avec de l'huile de poisson seule. Dans une autre, des génisses alimentées avec de la farine de poisson ne présentent pas de différences dans la production de prostaglandines (Wamsley et al., 2005). Cependant, les génisses dont la progestéronémie est faible durant la phase lutéale tendent à avoir une sécrétion en PGFM plus élevées par rapport aux animaux alimentés avec de la farine de poisson (p=0,09). La farine de poisson, via EPA et DHA, pourrait réduire la synthèse de prostaglandines uniquement chez les animaux dont la progestéronémie est faible. Enfin, d’autres montrent un 96 Figure 42 : Concentrations en PGF 2α dans le milieu de culture (moyenne ajustée ± écart type). Les cellules sont mises en culture avec aucun AG (control), ou avec 100 µM d’AA, OA (acide oléique), LA (acide linoléique), LNA (acide linolénique), DHA ou EPA pendant 24h. Les différences entre les AG et le témoin : a p<0,1 ; *p<0,05 ; **p<0,01. Source : Mattos et al. (2003). effet inhibiteur d’une telle supplémentation sur la production de prostaglandines (Thatcher et al., 1997 ; Mattos et al., 2002, 2004). Moins évident est l’effet que peut avoir AL sur ces mêmes paramètres. Ce dernier est un précurseur pour la synthèse endogène d'AA, stimulant alors la production de prostaglandines de série 2. Des réponses variées ont été obtenues avec cet AG. Chez la brebis, Cheng et al. (2004) ont montré que l'apport d'AL réduisait la production de PGF 2α de manière dose-dépendante. La supplémentation d'AA dans la ration accroît significativement cette synthèse. Un apport intestinal environ 3 fois plus important de AL a conduit à une augmentation de la concentration en PGFM chez des vaches allaitantes en période postpartum (Scholljegerdes et al., 2004 ; cités par Scholljegerdes et al., 2007). Grant et al. (2005), cités par Scholljegerdes et al. (2007), ont observé un effet similaire chez des vaches multipares de 25 à 80 jours postpartum. In vitro, Caldari-Torres et al. (2006) ont montré que la préincubation de cellules endométriales bovines en présence d’AL pendant 24h augmentait la production de PGF 2α . Bilby et al. (2006b) ont montré que l'apport de EPA/DHA n'entraînait pas de modification de la teneur en prostaglandine PGF 2α et PGE 2 dans les fluides utérins. Les sécrétions endométriales de PGF 2α et PGE 2 ne sont pas modifiées suite à l’incubation en présence de DHA, EPA et ALA (5h d’incubation à une concentration de 10 µM). Lorsque les données concernant les 3 AG sont combinées, le ratio PGF 2α / PGE 2 est réduit par rapport au milieu sans AG (p=0,026). Figure 43 : Effet de l’augmentation du ratio nLe temps d’incubation et la concentration en AG 6/n-3 sur la production de prostaglandines. Les ont pu être insuffisants pour assurer une lettres différentes au dessus des barres des différences significatives entre les incorporation significative des AG au sein du tissu indiquent traitements (p<0,05). LA : acide linoléique, EPA : endométrial et peuvent expliquer l’absence de acide eicosapentanoique. Source : Caldarimodification de la production de prostaglandines Torres et al. (2006). (Meier et al., 2009). L’effet inhibiteur d’EPA sur la production de PGF 2α diminue de 88 à 40 % quand le ratio n-6/n-3 augmente de 0 à 19 dans le milieu de culture (figure 43). La sécrétion de PGF 2α est inhibée par l’exposition de cellules bovines endométriales à l’EPA, mais cette inhibition est d’autant plus réduite que ces cellules sont incubées avec un ratio n-6/n3 élevé. L’inhibition de la synthèse de prostaglandines par les AGPI oméga 3 dépend de la quantité de AGPI oméga 6 atteignant le tissu cible. Elle semble être proportionnelle à la dose, et repose en partie sur des phénomènes de 97 compétition entre AGPI oméga 3 et oméga 6. Le type de tissu étudié, la concentration en AG et le temps de culture sont des paramètres à prendre en compte lorsqu’on souhaite comparer des études menées in vitro sur la production et la libération de prostaglandines (Meier et al., 2009). c. Réduction de la disponibilité en acide arachidonique Une réduction de la disponibilité ou de la synthèse d’AA peut diminuer la sécrétion de PGF 2α , au niveau de l’utérus (figure 40). Connaissant les voies grâce auxquelles l’AA peut être obtenu, accroître la disponibilité d’AG oméga 3 (ALA, EPA, DHA) a pour première conséquence de diminuer la disponibilité en AA, se traduisant par une diminution de la sécrétion de PGF 2α (Thatcher et al., 2004). En effet, l’AA est issu d’AG de la famille des oméga 6 (un AG oméga 3 ne peut être converti dans un AG oméga 6 et réciproquement, Mattos et al., 2000). L’incubation des cellules endothéliales bovines pendant 24h avec 100 µM d’AG oméga 3 (EPA, DHA ou ALA) réduit significativement la sécrétion de PGF 2α par rapport au témoin. Elle est également réduite Figure 44 : Concentration de PGF 2α en réponse à un apport croissant (0, par rapport à la sécrétion 20, 40, 60, 100 µM) des acides gras EPA, DHA ou l’acide linolénique. Les obtenue en présence d’AA. cellules sont mises en culture pendant 24h. Source : Mattos et al. (2003). La disponibilité en AA semble limiter la sécrétion de PGF 2α . La mise en culture avec une dose croissante d’AG oméga 3 (EPA, DHA ou ALA) se traduit par une réduction de la sécrétion de PGF 2α proportionnelle à la dose (figure 44). Cet effet du niveau d’AG sur la réduction de la sécrétion de PGF 2α est observé par Hinckley et al. (1996) avec l’EPA. L’EPA est le précurseur des prostaglandines de la 3ème série, or il a été montré que ces prostaglandines sont moins actives que celles de la deuxième série (Burns et al., 2003). L’inhibition de la synthèse de PGF 2α par les AG oméga 3 dépend du ratio n-6/n-3. Augmenter ce ratio dans le milieu de culture accroît la disponibilité en AA pour le pool membranaire (Caldari-Torres et al., 2006). d. Compétition des acides gras n-3 pour la ∆-6-désaturase La synthèse d’AA peut être réduite selon la nature des AGPI contenus dans la ration. En effet, la ∆-6-désaturase semble agir préférentiellement sur les AG oméga 3, aux dépens des oméga 6 (Sprecher, 1981, cité par Mattos et al., 2000). Emken et al. (1990), cités par Mattos et al. (2000), montrent que la conversion de l’ALA en EPA est plus élevée que la conversion de l’AL en AA, en raison d’une compétition entre l’ALA et l’AL pour se lier à la ∆6-désaturase. Cela se traduit par une production plus forte de EPA par rapport à AA, ce qui diminue la synthèse de PGF 2α (Staples et al., 1998). La présence de EPA et de DHA peut également inhiber la synthèse d’AA depuis l’AL par l’inhibition des enzymes de désaturation et d’élongation requises pour cette transformation (Bezard et al., 1994 ; Mattos et al., 1999 ; cités par Thatcher et al., 2004). e. Modification du profil d’acides gras dans les membranes plasmiques Les AG entrent dans la composition des membranes cellulaires. Ils jouent un rôle majeur dans leur structure, leur propriété et leur fonction (Fouladi-Nashta et al., 2007). La longueur 98 de la chaîne carbonée, le nombre de double liaison et leur position dans la chaîne influencent les propriétés des membranes (Bilby et al., 2006a). La proportion des différents AG dans la ration modifie la composition de la membrane plasmique en phospholipides (Wathes et al., 2007). Une disponibilité réduite en AA entraîne une plus grande incorporation des autres AG dans les phospholipides des membranes plasmiques des cellules. Chez des rats alimentés avec un régime riche en AG de la famille n-3, Trujillo et Broughton (1995), rapportés par Mattos et al. (2000), ont observé une réduction significative de la proportion d’AA dans les phospholipides extraits de cellules hépatiques. Howie et al. (1992), cités par Mattos et al. (2000), ont montré que l’apport d’un régime riche en oméga-3 pendant 3 semaines se traduit par un remplacement à hauteur de 50 % des AG oméga-6 présents dans les phospholipides de cellules utérines, par des oméga-3. Plusieurs études ont mis en évidence l’incorporation de DHA (Mattos et al., 2004 ; Bilby et al., 2006c ; Heravi Moussavi et al., 2007b ; Coyne et al., 2008) et d’EPA (Burns et al., 2003 ; Mattos et al., 2004 ; Bilby et al., 2006c ; Heravi Moussavi et al., 2007b ; Coyne et al., 2008 ; Childs et al., 2008b) au sein des membranes des tissus utérins lorsque les animaux reçoivent de la farine ou de l'huile de poisson. L'augmentation de leur proportion au sein des membranes peut parfois se faire au détriment de l'AA qui voit sa part diminuer (Bilby et al., 2006c). Cela offre moins de précurseurs pour la synthèse de prostaglandines de la deuxième série, ce qui peut favoriser le maintient du CJ et de la gestation en cours. L'introduction de ces matières premières entraîne une augmentation de la concentration en AG oméga 3 au sein des membranes (Childs et al., 2008b). Burns et al. (2003) et Childs et al. (2008b) ont montré que la concentration plasmatique en AA est augmentée suite à un apport d'huile de poisson. Cela peut être le résultat du remplacement de cet AG par EPA et DHA au sein de l'endomètre et de son déplacement vers le plasma, puisque la concentration endométriale en AA est réduite (Childs et al., 2008b). La composition en AG du tissu caronculaire peut être influencée par la composition en AGPI de la source de lipides de la ration (Mattos et al., 2004). Mattos et al. (2004) ont montré que les concentrations d’EPA et DHA dans ce tissu sont corrélées positivement avec le nombre de jours de supplémentation en huile de poisson. Dans certaines études, il n’existe pas de corrélations entre les concentrations en AG dans le plasma et celles dans les différents tissus utérins (Scholljegerdes et al., 2007). Cela peut être le résultat de l’utilisation des AG par la glande mammaire. Elle a pu réduire la quantité d'AG disponibles pour le dépôt au sein des tissus utérins. Les AG alimentaires ne sont pas stockés dans le tissu adipeux, le poids vif et la note d’état corporel n’étant pas différente entre les 2 groupes (Scholljegerdes et al., 2007). Lake et al. (2007), cités par Scholljegerdes et al. (2007) ont suggéré que la majorité des AG d’origine alimentaire est utilisée pour la lactation dans les 60 premiers jours de lactation. L’étude de Heravi Moussavi et al. (2007b) montre que la quantité en CLA dans le tissu utérin est plus importante suite à l'apport de farine de poisson. Il a été montré que CLA inhibait la synthèse de PGF 2α chez la ratte indépendamment du ratio n-6/n-3 et de l’ALA (Harris et al., 2001 ; cités par Heravi Moussavi et al., 2007b). Si certaines études (Mattos et al., 2004) montrent une plus grande incorporation des AG oméga 3 dans le tissu endométrial suite à une supplémentation, associée à une réduction de la synthèse de PGF 2α , d'autres travaux n'arrivent pas aux mêmes conclusions. Les modifications induites par la supplémentation en AG n'inhibent ni la production de prostaglandine ni la quantité de COX-2 détectée par Western Blot (Heravi Moussavi et al., 2007b). Cela est particulièrement vrai pour le groupe qui reçoit la ration la plus riche en lipides, qui pourtant présente la proportion d'AA la plus faible au sein de l’utérus. Ces résultats sont en accord avec ceux de Mattos et al. (2000). La modification du profil en AG des membranes plasmiques n’explique pas à elle seule l'influence des AG sur la sécrétion de prostaglandines, et fait donc intervenir d'autres mécanismes. 99 f. Compétition des AGPI pour la cyclooxygénase De fortes concentrations d’autres AG à 20 atomes de carbone peuvent entrer en compétition avec AA pour la COX, ce qui réduit la conversion de l’AA en prostaglandines de série 2 (Staples et al., 1998). L'AL, précurseur de l’AA, a des effets inhibiteurs in vivo et in vitro sur la synthèse de prostaglandine par l’utérus (Staples et al., 1998 ; Williams et Stanko, 1999 ; Mattos et al., 2003 ; Cheng et al., 2004) via une inhibition de la COX. L'AL entre en compétition avec l’AA pour se lier avec cette enzyme. De plus, il peut être converti en un métabolite, l’acide éicosadienoique (C20:2), plutôt qu’en AA (Kaduce et al., 1982, rapporté par Thatcher et al., 2004) quand il y a excès d’AL, ce qui se traduit par une diminution de la synthèse des prostaglandines des séries 1 et 2. Mattos et al. (2003) mettent en évidence que la sécrétion de PGF 2α par des cellules endothéliales mises en culture avec AL a tendance à être réduite avec cet AG (figure 42). Ceci peut être le résultat d’une compétition avec l’AA. Le DLA est en compétition avec l’AA pour la COX Figure 45 : Concentrations en PGF 2α pour être converti en PGF de la première série dans le milieu de culture (moyenne ajustée ± écart type). Les cellules sont (Thatcher et al., 2004) (figure 40). L’EPA peut aussi entrer en compétition avec l’AA mises en culture pendant 24h avec 0, 25 ou 100 µM d’AA et d’EPA. Source : Mattos pour la COX (Weber et al., 1990 ; cités par Staples et et al. (2003). al., 1998). Cette compétition entre les AG et AA est mise en évidence par les travaux de Mattos et al. (2003). Des cellules sont mises en culture avec différentes concentrations de EPA et de AA (figure 45). Comme attendu, l’AA augmente la sécrétion de PGF 2α alors que l’EPA la réduit. L’incubation avec la dose la plus importante d’EPA réduit considérablement la sécrétion de PGF 2α , mais cette inhibition est levée avec l’apport plus important de AA. L’inhibition de la synthèse de PGF 2α par les AG oméga 3 dépend du ratio n-6/n-3. Augmenter ce ratio dans le milieu de culture réduit la compétition exercée par les AG oméga 3 pour la PGHS-2 enzyme (Caldari-Torres et al., 2006). g. Inhibition de la synthèse et de l’activité de la cyclooxygénase L’application de nouvelles techniques de biologie moléculaire peut fournir de nouvelles avancées pour l’évaluation du potentiel reproducteur d’un animal ou pour mieux comprendre les mécanismes physiologiques limitant les performances de reproduction. Ces nouveaux outils permettent d’étudier les effets de différents facteurs sur l’expression des gènes, sur la production des protéines et sur les procédés métaboliques qui en découlent. L’information contenue dans l’ADN est transcrite en ARNm puis traduite en protéines. L’information présente dans une séquence de nucléotides de l’ADN détermine la séquence en acides aminés de la protéine correspondante, détermine également sa structure et sa fonction. De nombreux facteurs extérieurs peuvent influencer la régulation de ces procédés, en particulier la nutrition. Il est désormais possible de comprendre ces procédés de régulation en détail. Il est possible d’examiner les facteurs influençant l’expression de certains gènes en mesurant la quantité de l’ARNm correspondant. La quantité relative d’une molécule d’ARNm particulière dans un tissu ou cellule reflète directement l’expression du gène, et peut être utilisée pour examiner quantitativement les facteurs qui régulent son expression. Il est alors possible de connaître les gènes dont l’expression est augmentée ou diminuée. La science étudiant l’effet de la nutrition sur l’expression des gènes est connue sous le nom de nutrigénomique (Dawson, 2006). Alors que DHA n’est pas un substrat de la COX, il représente également un inhibiteur de cette enzyme (Thatcher et al., 2004). In vitro, les AGPI peuvent inhiber la synthèse de la 100 COX (Achard et al., 1997, cités par Mattos et al., 2000), et ainsi inhiber la conversion de l’AA en prostaglandines de série 2. Mattos et al. (2003) ont recherché in vitro les effets des AGPI oméga 3 à longue chaîne (EPA et DHA) sur le niveau d’expression de PGHS par des cellules endothéliales bovines. L’incubation des cellules avec ces AG à différentes concentrations pendant 24h ne modifie pas les concentrations de l’ARNm PGHS-2, alors qu'ils sont responsables d’une réduction du niveau de PGF 2α . Par contre, l’incubation des cellules avec DHA tend à réduire la quantité de PLA 2 . Achard et al. (1997), cités par Mattos et al. (2000), montrent que lorsque des cellules endothéliales sont cultivées en présence de DHA ou d’EPA, la quantité d’ARNm de PGHS-1 est réduite. Ces auteurs suggèrent en outre que l’activité de l’enzyme pourrait être réduite. Des vaches laitières recevant une ration enrichi en EPA et DHA ne présentent pas de modifications de l’expression des gènes codant pour PGHS-2, PTGS1, PTGS2, PGFS dans l’endomètre recueilli au 17ème jour du cycle œstral (Bilby et al., 2006b). La quantité de COX2 n’est pas différente entre les groupes pour Heravi Moussavi et al. (2007b). Coyne et al. (2008) s’intéressent aux effets d’une supplémentation en AGPI oméga 3 sur l’expression de certains gènes impliqués dans la synthèse de prostaglandine. Les rations sont complétées soit par une source d’acide palmitique protégée de la digestion ruminale, soit par une source d’AGPI oméga 3 partiellement résistante aux conditions du rumen. Les animaux de l’étude sont abattus à J17 du cycle œstral. L’expression endométriale de PGES, de PPAR δ et α sont significativement différentes entre les 2 groupes (p<0,05). La quantité d’ARNm de PGES est 3 fois plus élevée chez le groupe AGPI oméga 3. L’expression du gène associé à la synthèse de PLA2 est lui aussi réduite d’un facteur 2,2 chez les animaux du groupe AGPI oméga 3 (p=0,06). Comme PLA2 est impliqué dans la mobilisation de l’AA depuis la membrane cellulaire, une diminution de son expression indique que l’AA est moins disponible pour la production de PGF 2α . Cela est validé par la diminution de la concentration en AA dans l’endomètre chez les animaux alimentés avec une ration enrichie en AGPI oméga 3. L’expression de la desaturase n’est pas différente entre les 2 groupes. L’expression de la PLC n’est pas Figure 46 : Effets de l’augmentation du ratio n-6/n-3 modifiée par l’apport d’AGPI oméga 3, comme sur la production de prostaglandin endoperoxide celles des gènes codant pour la COX-1 et la synthase-2 (PGHS-2). Des lettres différentes au COX-2, confirmant les résultats de Caldaridessus des barres de l'histogramme indiquent que Torres et al. (2006). les différences sont significatives (p<0,05). LA = La concentration en ARNm de PGHS-2 acide linoléique; EPA = acide eicosapentaenoique. augmente de 18 à 93 % quand le ratio n-6/n-3 Source : Caldari-Torres et al. (2006). augmente de 0 à 19 dans une étude de Caldari-Torres et al. (2006) (figure 46). L’expression de PGFS n’est pas modifiée suite à la supplémentation. En revanche, la quantité plus importante d’ARNm PGES traduit une augmentation de l’expression de ce gène chez les animaux du groupe AGPI oméga 3, entraînant une augmentation de la quantité de PGE 2 sécrétée par l’endomètre. PGE 2 est considéré comme un facteur lutéoprotecteur ou lutéotrophique et faciliterait ainsi l’établissement d’une gestation (Kennedy, 1977 ; Pratt et al., 1977 ; cités par Coyne et al., 2008). Une augmentation de ce facteur dans le fluide utérin pourrait favoriser le développement embryonnaire et sa survie. Ces expériences fournissent une hypothèse permettant d’expliquer la réduction de la synthèse des prostaglandines quand les 101 rations sont riches en AGPI (Mattos et al., 2000). 9. AGPI et facteurs de transcription PPAR Les PPAR sont des facteurs de transcription nucléaires qui régulent de nombreuses réactions physiologiques, en particulier l'expression de certains gènes. Ils constituent une famille de récepteurs nucléaires activés par des ligands endogènes : AG à chaîne longue, eicosanoides (MacLaren et al., 2006). Il est possible que certains des effets bénéfiques des AGPI oméga 3 sur la fertilité soient le résultat d’une activation des PPAR, car les AGPI peuvent se lier à ces facteurs. En les activant, les AGPI peuvent affecter les concentrations cellulaires en certaines enzymes impliquées dans la synthèse de prostaglandines. Il en existe 3 sous-types (α, δ, γ), chacun d’eux semble avoir une expression et un rôle fonctionnel spécifique. Le sous-type PPAR α est impliqué dans le contrôle du catabolisme lipidique alors que le sous type γ régule la différenciation des adipocytes, le stockage des lipides et la sensibilité à l’insuline. Des auteurs ont mis en évidence une relation inverse entre PPAR δ et l’expression dans l’utérus des récepteurs à l’œstrogène et du gène codant pour PGHS-2. Ce récepteur pourrait alors jouer un rôle important dans la reproduction chez les mammifères (Caldari-Torres et al., 2006). L'utilisation d'agoniste activant ces récepteurs augmente l'expression de la PGHS-2 et la production de PGF 2α (MacLaren et al., 2006). Des études in vitro ont montré une augmentation de l’expression des gènes codant pour PPAR δ et γ, associée à une réduction de la sécrétion de PGF 2α par les cellules endométriales bovines (Coyne et al., 2008). PPAR δ est impliqué dans la reconnaissance de la gestation chez la vache et pourrait être en partie responsable des effets bénéfiques des AGPI oméga 3. L'expression de PPAR δ est augmentée dans les cellules endométriales en présence d'EPA (MacLaren et al., 2006). In vivo, l’expression de PPAR α est augmentée chez les animaux recevant la supplémentation en AGPI oméga 3 (Coyne et al., 2008). Les teneurs en ARNm associées à PPAR α et δ sont approximativement 1,5 fois plus importante chez ces mêmes animaux (p<0,05). L’expression de PPAR γ n’est pas modifiée par la ration reçue par les animaux (Coyne et al., 2008). MacLaren et al. (2006) n’ont pas mis en évidence de différence au niveau de l’expression de ce gène lorsque les cellules endométriales sont mis en présence d’EPA dans le milieu de culture. Les AGPI peuvent réduire la phosphorylation d’un facteur de transcription USF-2. Cette réduction est responsable de la diminution de la transactivation de PTGS2 (Wathes et al., 2007). 10. Acides gras, ovocyte et embryon L’établissement de la gestation requiert dans un premier temps l’ovulation d’un ovocyte compétent. De courtes modifications dans l’alimentation des bovins ont des effets directs sur la dynamique folliculaire. Les signaux endocriniens et métaboliques régulant la croissance folliculaire influenceraient également le développement des ovocytes, soit via des changements de concentration des hormones ou facteurs de croissance dans le fluide folliculaire, soit à travers des interactions cellules de la granulosa-ovocytes (Fouladi-Nashta et al., 2007) Les ovocytes bovins sont riches en AG. Ces derniers constituent une source énergétique durant la maturation ovocytaire et la période embryonnaire pré-implantatoire. D'ailleurs, des ovocytes bovins exposés à un inhibiteur de l’oxydation des AG présentent une diminution de leur capacité à former des blastocystes après fécondation, démontrant l'importance de ces éléments pour la survie embryonnaire (Wathes et al., 2007). Une modification de la composition en AG des ovocytes pourrait entraîner une amélioration de leur maturation et du développement embryonnaire (Fouladi-Nashta et al., 2007). 102 Il existe des variations saisonnières dans la capacité des ovocytes à se développer, à relier à un profil en AG différent au sein des ovocytes. Des profils en AG différents peuvent avoir une origine alimentaire (Fouladi-Nashta et al., 2007). Les proportions en AGMI et AGPI sont plus fortes dans les ovocytes et les cellules de la granulosa pendant l’hiver (Zeron et al., 2001). La concentration du fluide folliculaire en AGPI décroît pendant l’été, associée à une diminution du développement embryonnaire et de la fertilité des vaches laitières (Bilby et al., 2006a). Childs et al. (2008b) ont montré que l'apport d'huile de poisson à des génisses augmente la concentration en EPA dans le fluide folliculaire tout en réduisant celle d'AL. Ce changement est fortement corrélé aux modifications du profil en AG dans le plasma. Globalement, le ratio oméga 6/oméga 3 diminue. Childs et al. (2008a) ont mis en évidence que l'apport quotidien de 330 g d'AGPI oméga 3 double la proportion de ces AG au sein du fluide utérin. Cependant, cela ne s'accompagne pas d'une amélioration de la production d'embryons chez ces animaux, tant en quantité qu'en qualité. Seul le nombre d'embryons dégénérés est réduit chez les animaux recevant une supplémentation en AGPI oméga 3. En outre, l'expression de plusieurs gènes impliqués dans le développement embryonnaire n'est pas affectée par le régime. Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus par Bilby et al. (2006a). Adamiak et al. (2006) ont montré que le contenu en AG est plus important au sein des ovocytes de meilleure qualité. Ils ont également montré qu’il y avait une intégration préférentielle des AGS au détriment des AGPI au sein du follicule. L’équipe de Fouladi-Nashta et al. (2007) a étudié chez des vaches laitières les effets d’un apport alimentaire de lipides (200 et 800 g, résistants à la fermentation ruminale) sur le développement des ovocytes et des embryons (tableau 21). Les animaux recevant la plus faible supplémentation présentent significativement plus de follicules de petite et moyenne taille. La production d’ovocyte est en revanche identique entre les 2 groupes. Le taux de clivage des ovocytes du groupe recevant la ration la plus enrichie est significativement plus élevé. Le plus haut niveau de supplémentation augmente la production de blastocyste et améliore la qualité des embryons (plus grand nombre de cellules du trophectoderme). Le nombre total de cellules, de cellules du trophectoderme, de cellules de l’ICM sont plus importants pour les animaux ayant reçu la ration la plus riche en lipides, ce qui suggère une meilleure qualité des blastocystes. La meilleure qualité des embryons formés pourrait améliorer la production d’IFN-τ, augmentant ainsi les chances de reconnaissance maternelle de la gestation. Tableau 21 : Effets du régime sur la qualité et le développement des ovocytes et des embryons. Source : Fouladi-Nashta et al. (2007). 103 Un plus grand pourcentage d’ovocytes de grade 2 est recueilli chez ces animaux. Ces ovocytes correspondent aux follicules préovulatoires qui ont une plus grande capacité à atteindre le stade blastocyste, probablement grâce à une maturation cytoplasmique plus importante. Marei et al. (2009) ont montré que la maturation des ovocytes est améliorée en présence d'ALA. Cet effet bénéfique est associé à une synthèse plus forte de PGE 2 après 24h de maturation, et à une meilleure qualité des embryons (plus grand nombre de cellules et moindre apoptose). ALA accélère la maturation ovocytaire. Une bonne maturation est un élément essentiel pour le développement de l'embryon. Dans cette étude, la concentration en AGNE dans le sérum est significativement plus élevée dans le groupe avec la ration la plus pauvre en lipides. Pendant la période de déficit énergétique rencontrée en post-partum, la concentration sérique en AGNE augmente de manière importante, en raison de la mobilisation des réserves corporelles. De hauts niveaux d’AGNE pourraient influencer la qualité des ovocytes, via une augmentation de la concentration en AGNE dans le fluide folliculaire (Leroy et al., 2005). Des expériences menées in vitro ont montré que le potentiel de développement des ovocytes après maturation peut être réduit en présence d’AGNE. D’autre part, de hauts niveaux d’AGNE pourraient réduire in vitro la prolifération des cellules de la granulosa ainsi que la production des stéroïdes (Vanholder et al., 2005 ; cités par Fouladi-Nashta et al., 2007). Bilby et al. (2006a) ont apporté 4 sources d’AG à des vaches laitières en lactation durant l’été. Le régime n'a pas d'effet sur la qualité des ovocytes (déterminée par la capacité de l’ovocyte à fournir un embryon viable après FIV). L’apport d’AGPI ne modifie pas la qualité des ovocytes comparé à l’apport d’AGMI. L'absence d'effet peut provenir d'une large utilisation des AG présents dans la ration pour la production laitière. De plus, il pourrait y avoir une utilisation préférentielle de certains AG par les tissus. Ainsi, les rations enrichies en AGMI ou AGPI peuvent ne pas engendrer suffisamment de différences pour les AG considérés. 11. Acides gras et paramètres métaboliques Dans une expérience menée par Oldick et al. (1997), les vaches qui reçoivent une perfusion abomasale de lipides présentent des concentrations plus élevées d’AGNE dans le plasma, par rapport aux vaches dont la perfusion est faite soit avec de l’eau soit avec du glucose. Cette augmentation pourrait être le résultat d’une mobilisation plus importante du tissu adipeux ou d’une mauvaise absorption des AG par les cellules après l’hydrolyse des triglycérides (Oldick et al., 1997). Parallèlement aux AGNE, la perfusion de lipides entraîne l’augmentation du niveau de triglycérides dans le plasma, signe d’une lipolyse plus importante. De faibles niveaux d’insuline dans le sang sont connus pour entraîner le phénomène de lipolyse qui s’opère dans le tissu adipeux. Grummer et Caroll (1991) ont montré que l’hydrolyse des triglycérides est augmentée lors de l’addition dans la ration de lipides, comme Oldick et al. (1997). McNamara et al. (1995), cités par Staples et al. (1998) ont aussi observé que la lipogenèse est réduite par le tissu adipeux avec la supplémentation en MG. Une augmentation de la lipolyse entraîne une augmentation de la concentration plasmatique en AGNE (Staples et al., 1998). De nombreuses études observent des résultats inverses de ceux qui viennent d’être cités, en particulier les études de Ryan et al., 1992 ; Lucy et al., 1993 ; Thomas et al., 1997 ; Beam et Butler, 1998 ; Moallem et al., 1999 ; Robinson et al., 2002 et de Mattos et al., 2004. 104 Tableau 22 : Synthèse des effets d’une supplémentation sur les concentrations en AGNE. Référence Effets relevés Gagliostro et al., 1991 Drackley et al., 1992 Oldick et al., 1997 Petit et al., 2002 La supplémentation en MG augmente la concentration en AGNE plasmatique Ryan et al., 1992 Lucy et al., 1993 Thomas et al., 1997 Beam et Butler, 1998 Moallem et al., 1999 Robinson et al., 2002 Mattos et al., 2004 Aucun effet de la supplémentation en MG sur la concentration en AGNE plasmatique Jorritsma et al. (2004) ont montré que les AGNE avaient un effet négatif direct sur la prolifération des cellules de la granulosa. Les AGNE provoquent un retard dans la maturation des ovocytes, alors que la division et le développement embryonnaire sont réduits en leur présence. Jorritsma et al. (2003) ont observé chez des génisses laitières que la concentration en AGNE dans le liquide folliculaire était associée à celle du plasma. Ainsi, les effets défavorables des AGNE sur l’ovocyte sont d’autant plus prononcés que les concentrations plasmatiques sont importantes. 12. Perspectives L'apport de matière grasse peut avoir des effets bénéfiques sur la reproduction en améliorant la BE, en optimisant la concentration en progestérone, et en inhibant la sécrétion de prostaglandines. De nouveaux travaux cherchent à étudier l'influence des isomères géométriques et positionnels de l'AL, plus connus sous le terme de CLA. Il en existe une vingtaine (Rodriguez-Sallaberry et al., 2006). Les plus connus d'entre eux sont le cis9,trans11 CLA et le trans10,cis12 CLA, dont les activités biologiques sont différentes. Le premier est le CLA prédominant dans les MG de ruminants : il est produit par fermentation bactérienne dans le rumen et constitue un AG intermédiaire dans le processus de biohydrogénation (Rodriguez-Sallaberry et al., 2006). Le second est responsable d'une réduction de la quantité de MG dans le lait. Cela constitue une approche pour réduire le déficit énergétique en début de lactation, puisque la MG du lait constitue plus de 50 % de l'énergie contenue dans le lait (De Veth et al., 2009). L'apport de CLA à des vaches laitières réduit significativement la teneur en MG du lait. Cependant, les marqueurs du statut énergétique que sont les AGNE, le BHB et la note d'état corporel ne sont pas influencés par cet apport. Cela laisse supposer que la baisse de la MG du lait est insuffisante pour assurer une réduction du déficit énergétique (Cerri et al., 2009a). De Veth et al. (2009) utilisent les données recueillies par 5 équipes pour étudier l'influence de trans10,cis12 sur la reproduction (Bernal-Santos et al., 2003 ; CastanedaGuttierrez et al., 2005, 2007 ; De Veth et al., 2005 ; Mann et al., 2007). Il existe un effet des CLA sur la probabilité de gestation. La relation entre la dose de ce CLA et cette probabilité est de type quadratique : la probabilité maximale est obtenue pour un apport quotidien de 10 g. Les auteurs ne mettent pas en évidence d'influence de ce CLA sur le bilan énergétique. Castaneda-Guttierrez et al. (2007) suggèrent que l'énergie économisée suite à la baisse du TB (quand elle existe) est utilisée pour augmenter la production laitière. Les mêmes auteurs rapportent que le niveau plasmatique en IGF-1 est plus élevé lorsque les animaux reçoivent une supplémentation en CLA. L'IGF-1 est un indicateur du métabolisme énergétique. 105 En outre, CLA peuvent inhiber la sécrétion de prostaglandines dans des études in vitro. Les CLA pourraient réduire la production de prostaglandines via une diminution de l'expression et de l'activité de la PGHS-2, via une compétition avec l'AA pour cette même enzyme, avec l'AL pour les désaturases et élongase (Rodriguez-Sallaberry et al., 2006). Les CLA n'augmentent pas la quantité de PGHS-2, alors qu'ils augmentent son expression dans un modèle in vitro (Rodriguez-Sallaberry et al., 2006, figures 47A et 47B). L'effet des CLA sur la production de prostaglandine ne repose pas sur une répression de l'expression du gène codant pour PGHS-2, mais sur une modification post-transcriptionnelle de son activité. Figure 47 : Effets de l’AL et de 2 isomères conjugués de l’AL. A - Effets sur l’expression du gène codant pour la B - Effets sur la quantité de protéine PGHS-2 PGHS-2 par des cellules endothéliales bovines. produite par des cellules endothéliales bovines. Les L’expression est différente quel que soit l’acide gras mis différences ne sont pas significatives. Source : en culture (p<0,01). Rodriguez-Sallaberry et al. (2006). En revanche, cela n'a jamais été évalué in vivo. L'apport de CLA n'influence pas la production de prostaglandines dans cette étude, ce qui ne confirme pas les travaux menés in vitro par l'équipe de Cheng et al. (2003) citée par Castaneda-Guttierrez et al. (2007). Dans cette étude, aucun changement au niveau du profil en AG au sein de l'endomètre n'a eu lieu, ce qui pourrait expliquer l'absence de différences. Les animaux alimentés avec de tels AG présentent un meilleur taux de fécondation des embryons, des embryons de meilleure qualité par rapport à des animaux nourris avec de la farine de poisson. Les embryons issus de ces derniers animaux ont un nombre inférieur de cellules (Cerri et al., 2009a). 13. Quand apporter le supplément de matières grasses ? L’apport de MG doit être initié suffisamment tôt pour restaurer les tissus de l’appareil reproducteur et pour que l’animal puisse retrouver un état propice à la reproduction. Cela comprend l’involution utérine et le retour d’une activité ovarienne normale. Puisque l’activité ovarienne retrouve son niveau normal 4 semaines après vêlage, l’apport de MG doit se faire dès la période de tarissement pour que leurs effets puissent s’exprimer précocément dans la lactation. Staples et al. (2007) indiquent que la supplémentation doit avoir lieu 21 jours au moins, 40 jours préférentiellement, avant la période pendant laquelle le supplément doit exercer ses effets. 14. Synthèse et problèmes liés à un apport de matières grasses Globalement, ces résultats encouragent l’apport de certains AG (AG oméga 3 tels que EPA, DHA et ALA) puisqu’ils sont capables de diminuer la sécrétion de PGF 2α , ce qui peut en théorie réduire les cas de ME. Mattos et al. (2003) ont même mis en évidence qu’EPA complète l’action du signal antilutéolytique IFN-τ (figure 48). Parce qu’une proportion significative d’embryon est perdue en raison d’une mauvaise inhibition de la sécrétion de 106 PGF 2α , une inhibition plus importante par des moyens exogènes comme l’alimentation peut améliorer de la survie des embryons (Thatcher et al., 2004). Si le cholestérol est limitant pour la synthèse de progestérone, la supplémentation peut le fournir. Dans le même temps, la sécrétion d’œstradiol est réduite par la supplémentation de MG dans le but de rendre le CJ moins sensible à la sécrétion de PGF 2α . Le CJ est alors maintenu pour permettre la survie du conceptus. Figure 48 : Concentrations en PGF 2α dans Les différentes études réalisées montrent que le milieu de culture (moyennes ajustées ± l’utilisation de farine ou l'huile de poisson apparaît écart type). Les cellules sont mises en culture pendant 24h avec 0, 3 ou 20 µM comme une alternative intéressante. En effet, elle d’EPA avec 0, 50 ou 100 pg/mL d’IFN-τ. fournit non seulement des AG comme EPA et DHA Source : Mattos et al. (2003). dont l’inhibition de la sécrétion de PGF 2α a été montrée, mais également des protéines peu dégradables dans le rumen et de bonne valeur biologique. Toutefois, son utilisation dans l’alimentation des ruminants est interdite en Europe, et limitée par la présence de dioxines. Les études dose-réponse indiquent que l’apport d’huile nécessaire pour maximiser les effets sur la fonction ovarienne est de 4 % (Stanko et al., 1997 rapportés par Funston, 2004 ; Thomas et al., 1997). Staples et al. (1998) indiquent qu’un apport de 3 % influence positivement les performances de reproduction chez la vache laitière. Les études utilisant la farine de poisson indiquent que même un niveau de 1 % produit une amélioration de la reproduction (Burns et al., 2002, rapportés par Funston, 2004). Staples et al. (2007) indiquent qu’un apport de 1,5 % améliore les résultats de reproduction, sans altérer la digestion des fibres. L’huile de poisson semble poser problème, puisque de faibles taux d’incorporation entrainent une diminution de l’ingestion (Staples et al., 2007). Un apport trop important de MG (> 5 % de l’ingestion) n’est pas recommandé, vus les effets sur la digestibilité des fibres et la diminution de l’ingestion qui peut en résulter (Coppock et Wilks, 1991 ; rapportés par Funston, 2004). De plus, de grande concentration de lipides dans la ration peut entraîner des problèmes de palatabilité, comme le montre les problèmes rencontrés avec le suif (Williams et Stanko, 1999). L’apport de MG sous forme d’huile dans la ration peut poser des problèmes pratiques. Le challenge consiste donc à réaliser un supplément solide, facile à distribuer aux animaux. Des proportions supérieures à 8 % ont donné lieu à des suppléments de faible qualité (Funston, 2004). Cependant, l’utilisation de suppléments sous la forme de savons de calcium solides semble une bonne alternative et aboutit à de bons résultats. Leur coût reste néanmoins problématique. D’autre part, si les AGPI contenus dans les huiles apportent des effets bénéfiques sur la reproduction, elles peuvent néanmoins contenir des phytœstrogènes qui peuvent la détériorer (Funston, 2004). Enfin, comme les suppléments comportent des AGPI, des précautions particulières pour éviter leur oxydation doivent être prises. L’ajout d’antioxydants est alors indispensable, et il semble que la vitamine E pourrait convenir, surtout que le supplément permettrait alors d’apporter cette vitamine, dont la carence peut provoquer des rétentions placentaires (favorisant la ME) ce qui va être abordée dans la prochaine et dernière partie. V. Nutrition en vitamines Pour la vache laitière, c’est essentiellement la recherche de performances de lactation élevées qui peut engendrer un besoin vitaminique accru, du fait de l’augmentation de l’exportation vitaminique, de l’élévation de la demande métabolique intermédiaire associée à 107 la synthèse des constituants du lait. Les vitamines participent en effet aux différentes voies biochimiques impliquées dans la synthèse des constituants du lait. Ce besoin accru peut alors engendrer des situations carencielles. C’est là l’objet de cette partie, à savoir si un défaut en vitamine (A, E) peut avoir des effets sur la reproduction, et plus précisément sur les épisodes de ME. 1. La vitamine A et les caroténoïdes Le terme vitamine A se rapport à tous les composés autres que les caroténoïdes ayant une activité biologique proche du rétinol. Les ruminants consomment la vitamine A contenue dans les végétaux principalement sous forme inactive, la provitamine A, connue aussi sous le nom de β-carotène. Elle devient active après biotransformation dans l’intestin (Smith et Akinbamijo, 2000). Les caroténoïdes d’origine végétale sont les sources majoritaires de vitamine A d’origine alimentaire chez les bovins. Ces derniers sont émulsifiés dans la lumière intestinale grâce aux sels biliaires, puis sont absorbés par les cellules de la muqueuse intestinale où ils sont transformés en rétinol. L’absorption est favorisée par l’incorporation de graisses à l’alimentation, par la présence d’antioxydants (vitamine E et sélénium) et par un apport en protéines suffisant (Bertin, 1996). Les chylomicrons gagnent la lymphe et le foie, lieu où la vitamine A est stockée. Le foie, chez les bovins, n’est pas le seul lieu de stockage de la vitamine A ou du β-carotène. Les concentrations observées par Ahlswede et Lotthammer (1978), rapportés par Bertin (1996), dans d’autres tissus montrent que le CJ est le tissu le plus riche en β-carotène. La vitamine A intervient dans de nombreux mécanismes physiologiques notamment ceux de la vision, de la régulation des gènes, de la fonction immunitaire et de la reproduction (Weiss, 1998). a. Vitamine A et reproduction La carence en vitamine A est la carence la plus couramment rencontrée en élevage bovin (Hurley et Doane, 1989). Des situations carentielles peuvent entraîner des retards de croissance voire son interruption, particulièrement chez le fœtus et le jeune (Ganguly et al., 1980 ; cités par Hurley et Doane, 1989). Des perturbations de la reproduction apparaissent lors de carence en vitamine A. Ces perturbations comprennent un retard de l’apparition de la puberté, de faibles taux de conception, une augmentation de la ME et de la mortalité fœtale (Smith et Somade, 1994 ; cités par Smith et Akinbamijo, 2000). (i) Vitamine A et synthèse des stéroïdes Selon certaines expériences, la vitamine A exerce un contrôle sur le métabolisme des stéroïdes. Une carence en rétinol influence le métabolisme des hormones sexuelles par le biais du cholestérol notamment, diminuant de ce fait les performances de reproduction des animaux (Bertin, 1996). Grangaud et Conquy (1958), cités par Bertin (1996), ont montré que la vitamine A agirait au niveau de la transformation de prégnénolone en progestérone. Ces travaux sont confirmés par Juneja et al. (1966), cités par Bertin (1996), qui montrent que 3 conversions sont catalysées par un seul et même complexe enzymatique, faisant intervenir le rétinol. (ii) Vitamine A et nidation En cas de carence en vitamine A, une altération de l’épithélium sur l’ensemble des voies génitales est observée. La muqueuse utérine subit une kératinisation. Elle est alors plus sensible aux infections. Chez l’animal carencé, la réduction de la synthèse d’hormones sexuelles stéroïdes et la kératinisation des épithéliums provoquent des troubles de la nidation à l’origine de ME et d’avortement précoces. 108 Mingazov (1977), cité par Bertin (1996), a mis en évidence une amélioration des taux de fertilité en IA1, une diminution des pourcentages d’avortements précoces, chez des vaches ayant reçu une supplémentation en vitamine A (250 000 UI de vitamine A par jour). La carence en vitamine A est cependant très longue à s’installer du fait de l’existence de stocks hépatiques qui peuvent être importants. Le défaut d’apport doit être durable pour induire les troubles de la reproduction. Par contre, l’épuisement des réserves hépatiques va induire un transfert réduit vers le fœtus, ce qui ne sera pas sans conséquences sur la viabilité et la santé du nouveau-né. b. Le rôle spécifique du β-carotène sur la fertilité Il y a encore quelques décennies, le problème du β-carotène et d’une possible carence ne se posait pas car les animaux recevaient toujours de grandes quantités de fourrages. Les besoins des animaux étaient inférieurs à ceux actuels compte tenu du plus faible niveau de production. L’apport de concentrés, pauvres en β-carotène, a fortement augmenté dans les élevages et les rendements de production se sont considérablement accrus. Le β-carotène n’exerce pas seulement un rôle de précurseur pour la vitamine A, mais exerce aussi des effets spécifiques sur la fonction reproductrice. (iii) Le β-carotène dans le corps jaune Le CJ contiendrait chez les bovins la plus forte concentration de β-carotène jamais trouvée dans les tissus animaux (Bertin, 1996). Ceci est confirmé par les expériences de Ahlswede et Lotthammer (1978) dont les résultats sont donnés dans le tableau 23. Tableau 23 : Concentration de β-carotène dans les divers tissus chez la génisse. Source : Bertin (1996). Teneur en β-carotène en µg/g de tissu pour une ingestion Tissu quotidienne de β-carotène en mg par 100 kg de poids vif de : 0 30 0,24 0,91 Foie Corps jaune 1,25 16,25 0,14 0,29 Graisse abdominale 0,53 1,02 Graisse rénale 0,61 1,84 Graisse sous-cutanée Les teneurs en β-carotène dans le CJ et dans d’autres tissus dépendent de l’ingestion de cette substance par l’animal. Des résultats similaires ont été obtenus par Anwandter (1974), cités par Bertin (1996), qui constate que le CJ présente une concentration en β-carotène plus élevée au cours de l’été, période pendant laquelle le pâturage fournit une quantité importante de β-carotène, par rapport à la saison hivernale. Bien que le niveau de β-carotène dans le CJ semble dépendre de la quantité ingérée, sa simple présence n’est pas un élément suffisant pour lui attribuer d’office une fonction dans cet organe. (iv) Le β-carotène et le cycle œstral Seitaridis (1963), cité par Bertin (1996), a mesuré les concentrations de β-carotène et de vitamine A dans le plasma de vaches laitières durant la totalité d’un cycle œstral. Si les taux plasmatiques de vitamine A ne présentent pas de variations aux différentes phases du cycle, les taux de β-carotène sont plus élevés durant la phase lutéale. Une autre étude réalisée par Konermann (1967), cité par Bertin (1996), a observé que l’intervalle entre les vêlages a été raccourci suite à un apport de β-carotène. Schultz et al. (1974), rapportés par Bertin (1996), ont montré que les taux de β-carotène étaient plus élevés en été qu’en hiver, comme le niveau de progestérone où une variation similaire a été observée. Les variations de CPROG en cours de cycle étaient plus prononcées en été qu’en hiver, période où les fourrages fournissent une quantité moindre de β-carotène. 109 Des travaux (Meyer et al, 1975 ; Schams et al., 1977) ont mis en évidence le rôle joué par le β-carotène dans le bon développement du CJ, qui en cas de carence, pourrait être retardé et/ou perturbé (Bertin, 1996). Ces effets sur le CJ pourraient expliquer les anomalies observées au niveau de la production de progestérone observées par Schultz et al. (1974) et Anwandter (1974). Kawashima et al. (2009) ont suivi les concentrations plasmatiques en β-carotène et l’activité sexuelle chez 22 vaches laitières. La concentration plasmatique en β-carotène diminue pendant la période sèche pour atteindre un minimum unesemaine après vêlage. Les vaches qui sont en anœstrus après vêlage (1 cycle œstral) présentent un niveau plasmatique en β-carotène constant et plus faible durant les 3 semaines précédant le part, par rapport aux animaux qui ne sont pas en anœstrus. Un niveau plus faible en β-carotène pendant la période sèche peut donc affecter l’activité sexuelle des vaches, en particulier la capacité des follicules à se developper. Il faut donc veiller à ce que l’apport de β-carotène soit suffisant pendant le tarissement afin de ne pas alterer l’activité sexuelle des vaches et leur fertilité. (v) Le β-carotène et la fécondation Même si une relation entre l’apport en β-carotène et le CJ semble avoir été établie, la preuve d’une éventuelle implication du niveau de β-carotène sur la fécondation est toujours manquante. La fertilité des bovins en lien avec un apport de β-carotène a été suivie chez 20 génisses par Lotthammer et al. (1976), cités par Bertin (1996). Les taux de gestation sont significativement plus élevés pour les animaux supplémentés, pour la première IA, mais aussi lors de la deuxième. Le supplément de β-carotène a réduit le nombre d’IA par génisse pour établir une gestation. Cette relation liant le β-carotène et la fertilité a été confirmée par plusieurs travaux par la suite (Mingazov, 1977 ; Cooke et Comben, 1978, rapportés par Bertin, 1996). Une hypothèse permettant d’expliquer cette amélioration de la fertilité consisterait à une réduction des épisodes de ME. (vi) Le β-carotène et la gestation Schultz et al. (1974) et Anwandter (1974) avaient déjà constaté que la CPROG était plus faible et que la variation de CPROG était moins prononcée chez les vaches dont le niveau sanguin de β-carotène était faible. Lotthammer et al. (1978), cités par Bertin (1996), ont choisi d’étudier l’influence d’une supplémentation de β-carotène sur le développement de l’embryon et du fœtus. L’étude a été effectuée sur 32 vaches. Un groupe a été privé de supplément de β-carotène, mais a reçu de la vitamine A, l’autre groupe a reçu des suppléments de β-carotène et un peu moins de vitamine A pour compenser l’activité vitaminique A correspondant à la dose de β-carotène administrée. L’expérience a duré 212 jours pour le groupe carencé, 200 jours pour le groupe bénéficiant d’une supplémentation. Une chute du niveau de β-carotène plasmatique a été observée chez les vaches carencées, dès une semaine d’essai. Après la fécondation, la CPROG sanguine n’augmente que dans de faibles proportions pour les vaches qui n’ont pas reçue de supplémentation et n’atteint pas le niveau observé chez les vaches supplémentées. Le faible niveau de progestérone pourrait expliquer les différences au niveau des épisodes de ME survenus au cours de cette expérience. En effet, 31,3 % des vaches carencées ont présenté des cas de ME, contre aucune des vaches du groupe supplémenté. Les troubles de gestation liés à la carence en β-carotène sont réversibles et peuvent être prévenus en augmentant le niveau d’approvisionnement en β-carotène. (vii) Besoins en β-carotène et discussion Ces besoins sont fonction notamment du niveau de production laitière, car le β-carotène est excrété dans le lait. Ces besoins sont plus importants pour une vache par rapport à une génisse, et plus important pour une vache dont le niveau de production laitière est important 110 par rapport à une autre dont la production est faible. Compte tenu de la dynamique de la lactation, les besoins sont plus importants en début qu’en fin de lactation. Cependant, l’augmentation de la production laitière est associée à celle de l’ingestion. Des besoins supplémentaires sont nécessaires pour la formation de colostrum jusqu’au vêlage. Des expériences simples mesurant l’impact du niveau de β-carotène sanguin sur la fertilité peut fournir des éléments de base pour définir les besoins. Il apparaît que la fertilité est affectée lorsque la concentration plasmatique est inférieure à 300 µg/100 mL. Des taux inférieurs à 200 peuvent être considérés comme critiques. L’étude précédente de Lottammer et al. (1976) utilisait une supplémentation de 30 mg/100 kg de poids vif, ce qui revient à supplémenter la ration d’une vache de 600 kg par 180 mg de β-carotène par jour, dans l’hypothèse où seule la supplémentation fournit les besoins. Bien que certaines publications de la littérature aient mis en évidence un effet bénéfique d’une supplémentation en β-carotène sur la reproduction, d’autres n’ont pas trouvé d’effets (tableau 24). Tableau 24 : Bilan des essais relatifs au rôle spécifique du βcarotène dans la reproduction des bovins. Source : Bertin (1996). Essais positifs Essais négatifs Ahlswede et Lotthammer (1978) Akordor et al. (1986) Ascarelli et al. (1985) Bindas et al. (1984) Jackson (1981) Bremel et al. (1982) Lottammer et al. (1976) Ducker et al. (1984) Lotthammer et Ahlswede (1977) Folman et al. (1979) Lotthammer (1979) Gaines (1989) Meyre et al. (1975) Greenburg et al. (1986) Rakes et al. (1985) Larson et al. (1983) Schams et al. (1977) Lee et al. (1983) Snyder et Stuart (1981) Tektepey et al. (1987) Wang et al. (1982) Wang et al. (1983) Wang et al. (1985) Wang et al. (1988) La diversité des protocoles expérimentaux de ces différentes études ne permet pas de tirer des conclusions définitives sur le rôle du β-carotène (Hurley et Doane, 1989). Les différences de résultats entre ces études pourraient provenir de l’alimentation ellemême. L’alimentation peut montrer de grandes variabilités au niveau de la teneur en βcarotène. Les conditions de stockage de l’aliment pourraient également expliquer les résultats divergents, étant donné que le β-carotène est sensible à l’oxydation et à la lumière. Il n’en demeure pas moins que le β-carotène a été identifié comme faisant partie intégrante du CJ, et ce dans des proportions importantes. Cela suggère l’existence dans le CJ d’un stock de β-carotène qui permet de faire face aux périodes de déficit en rétinol. Ce stock permet alors de réaliser une synthèse de vitamine indispensable au fonctionnement du CJ. Un haut niveau de β-carotène semble important pour la synthèse de progestérone, en témoigne l’expérience in vitro de Graves-Hoagland et al. (1988), où une augmentation de la synthèse de progestérone par le CJ est observée en présence de β-carotène, seulement quand celui-ci est déficient. La carence en vitamine A est la carence la plus couramment rencontrée en élevage bovin (Hurley et Doane, 1989). De bonnes performances de reproduction ont été le critère pour établir les recommandations. Elles ont été évaluées à partir d’une étude réalisée entre 1937 et 1957 par Ronning et al. (1959), cités par Weiss (1998). Les performances de reproduction ont été maintenues pour des régimes contenant 0,18 mg de β-carotène/kg de poids vif (72 UI vitamine A/kg de poids vif). Avec du recul, les résultats de cette étude prêtent à caution. Le niveau d’ingestion de β-carotène par les vaches n’a pas été évalué de manière optimale (Hurley et Doane, 1989). 111 Les bovins trouvent dans le pâturage la majeure partie de leurs besoins en β-carotène, même si la production de β-carotène dans les fourrages verts est dépendante de la synthèse chlorophyllienne. Sa concentration varie largement d’une espèce végétale à une autre (les graminées, légumineuses sont de bonnes sources de carotène). Les concentrations en βcarotène dans le foin et l’ensilage d’herbe sont comprises entre 5 et 100 mg/kg de MS avec une moyenne de 37, alors que la concentration n’est que de 1 à 4 mg/kg de MS pour l’ensilage de maïs. Les concentrés sont relativement pauvres en β-carotène (Weiss, 1998). Le maïs a des teneurs plus faibles et irrégulières de β-carotène. Le niveau de β-carotène dépend aussi du stade d’exploitation ou de récolte de la plante, de la technique de récolte et de conservation, ainsi que la durée de stockage. Ainsi les animaux dont l’alimentation repose sur l’ensilage de maïs et les concentrés sont à risque. 2. Le rôle de la vitamine E et du sélénium Un stress oxydatif peut s’exercer sur les cellules lorsque les agents oxydants ne sont pas suffisamment pris en charge par les composés censés les inhiber (Smith et Akinbamijo, 2000). Parmi ces anti-oxydants figurent la vitamine E et le Sélénium. Ils agissent en synergie et permettent le maintien de l’intégrité de la membrane phospholipidique. Lorsqu’ils font défaut, les radicaux libres s’accumulent, endommageant la structure membranaire. Ils peuvent aussi perturber de nombreux processus biologiques parmi lesquels la synthèse des stéroïdes et le développement de l’embryon (Guto et al., 1992 ; cités par Smith et Akinbamijo, 2000). Une carence en vitamine E conduit à de la mortalité fœtale, à une dégénérescence du système vasculaire embryonnaire (Scott, 1978, cité par Hurley et Doane, 1989). Des carences en vitamine E sélénium pourrait donc réduire la survie embryonnaire. La culture in vitro d’embryons bovins en présence de radicaux libres réduit le nombre d’embryons atteignant le stade blastocyste (Fujitani et al., 1997 ; cités par Cerri et al., 2009b). Uhm et al. (2007), cités par Cerri et al. (2009b), ont montré que la culture d’embryons porcins en présence de Sélénium augmentait le nombre d’embryons atteignant le stade blastocyste et le nombre de cellules. Cela s’accompagne d’une réduction du nombre de cellules en apoptose. Cerri et al. (2009b) ne sont pas parvenus à mettre en évidence un effet sur la qualité des embryons. En effet, le protocole expérimental utilisé n’a permis de modifier ni la concentration plasmatique en sélénium, ni l’activité de la glutathion peroxydase (2 sources alimentaires différentes à la dose de 0,3 mg/kg 25 jours avant vêlage, 0,6 mg/kg pendant 70 jours qui suivent le part). Chez la ratte, la carence en vitamine E affecte profondément le développement embryonnaire, principalement dans les jours qui suivent la nidation. Les symptômes essentiels sont représentés par la MEP, suivie de résorption consécutive aux lésions placentaires (Bertin, 1996). Chez la vache, des études menées sur le long terme en utilisant des aliments pauvres en vitamine E n’ont pas montré d’impact sur la reproduction (Hurley et Doane, 1989). Sur des vaches soumises à un traitement de superovulation, un supplément de sélénium a permis d’observer 100 % de fécondation contre 41 % d’ovocytes fécondés chez les femelles non supplémentées (Segerson et al., 1977, cités par Bertin, 1996). Laflamme et Hidiroglou (1991), cités par Bertin (1996), ont étudié les effets de l’administration de vitamine E et de sélénium sur la reproduction de génisses. 48 génisses ont reçu de la vitamine E et/ou du sélénium ou n’ont reçu aucun traitement durant les 6 premiers mois précédant la période des saillies. La fertilité du groupe témoin était significativement inférieure à celle des groupes recevant de la vitamine E. Arechiga et al. (1994), cités par Bertin (1996), ont injecté de la vitamine E-Sélénium ou une solution saline à 198 vaches 3 semaines avant la date présumée du vêlage. L’incidence de rétention placentaire est plus élevée pour le groupe non traité. L’injection du produit a amélioré la réussite en IA1. Les animaux carencés en vitamine E-Sélénium ont des moyens 112 de défense contre les agents infectieux qui sont réduits. Les leucocytes de ces animaux ont une activité microbicide diminuée (Arthur et Boyne, 1985 ; cités par Hurley et Doane, 1989). La supplémentation en vitamine E et Sélénium semble avoir des effets sur la réduction de la rétention placentaire uniquement dans les troupeaux où la prévalence de la maladie est élevée (Hurley et Doane, 1989). Si le rôle du complexe vitamine E-Sélénium n’est pas évident sur la ME, il est par contre admis que la carence en vitamine E-Sélénium peut être un facteur d’explication des rétentions placentaires. La rétention placentaire a été identifiée comme une cause importante d’infertilité, notamment parce qu’elle altère l’environnement utérin. Cependant, la non délivrance peut aussi intervenir chez des animaux dont l’apport en vitamine E-Sélénium est correct. Ainsi, comme la carence en vitamine ESélénium favorise les rétentions placentaires, puisque ces dernières constituent un facteur de risque pour la ME, des situations carentielles en vitamine E-Sélénium peut favoriser la ME. D’autres composés sont suspectés d’intervenir dans la rétention placentaire : vitamine A, calcium, cuivre et iode (Hurley et Doane, 1989). La teneur en vitamine E évolue parallèlement à celle du carotène dans les fourrages, mais elle présente quelques particularités selon l’espèce végétale, le stade d’exploitation et la technique de conservation. Les céréales sont relativement bien pourvues en vitamine E, surtout dans le germe et les enveloppes des grains. Les ensilages de maïs ou de graminées en sont pratiquement dépourvus, celle-ci étant rapidement oxydée au cours de la fermentation lactique. Enfin, de par ses propriétés chimiques, elle représente un antioxydant pouvant être associé à une supplémentation en vitamine A et AGPI, composés sensibles à l’oxydation. VI. Bilan Cette étude bibliographique a montré qu’il existe des facteurs de risque susceptibles d’augmenter l’incidence de la ME : Une mauvaise gestion des apports alimentaires pendant le tarissement. Elle peut aboutir à l’obtention d’animaux trop gras au moment du vêlage, qui souffriront d’un déficit énergétique plus important par rapport aux animaux en état correct, en raison d’une ingestion trop faible. Une fréquence des repas insuffisante, qui peut entraîner un catabolisme de la progestérone plus important, défavorable pour la fertilité. Un apport protéique excessif en début de lactation peut exacerber les effets associés au déficit énergétique. Il peut en outre compromettre la gestation et la survie de l’embryon en influençant le pH du milieu utérin. Une carence en caroténoïdes peut entraîner une kératinisation de l’épithélium endométrial, défavorable pour la nidation de l’embryon. D’autres pratiques peuvent en revanche être favorables à la survie embryonnaire, et peuvent ainsi réduire les cas de ME en élevage. Elles découlent des facteurs de risque susceptibles de l’engendrer : Une gestion optimale du rationnement pendant le tarissement Une fréquence importante des repas Un apport protéique adapté aux besoins de la vache laitière Un apport de MG dans la ration, apportant du cholestérol, précurseur de la progestérone Un apport d’AG oméga 3 à longue chaîne, protégés de la fermentation ruminale, qui réduira la production de prostaglandines de série 2. Cette diminution sera bénéfique pour la reconnaissance maternelle de la gestation Un apport de vitamine E et de sélénium prévient la rétention placentaire. Elle protége en outre les MG de l’oxydation. 113 Le déficit énergétique observé après vêlage exerce surtout son influence sur le délai pour retrouver une activité ovarienne. Ainsi, il se traduit par un allongement des intervalles entre le vêlage et les premières chaleurs. L’implication de l’énergie n’est à envisager que lorsque des ME s’ajoutent à un contexte de retard de reprise de l’activité ovarienne. Il est indispensable de s’intéresser aux vaches taries et d’évaluer leur état corporel : un engraissement excessif des animaux est un facteur de risque important. L’estimation du coefficient de remplissage du rumen permet de suivre l’ecombrement de la ration. S’il est important, l’ingestion est bonne, ce qui maximise le volume ruminal. Un volume ruminal important en fin de tarissement conditionne une bonne ingestion en début de lactation. L’examen des animaux du troupeau peut parfois aboutir à la découverte d’anomalies. Il convient de vérifier l’état corporel des animaux, le degré de remplissage du rumen, de repérer les boiteries cliniques ou subcliniques. Pour les excès azotés, les déséquilibres minéraux et vitaminiques, il faut étudier les apports alimentaires. Cela peut être complété par des dosages biochimiques, permettant de préciser le statut nutritionnel des animaux. Les situations alimentaires pouvant conduire à un excès d’azote dégradable sont peu nombreuses : Ration de base riche en azote soluble : pâturage d’herbe jeune, ensilage d’herbe de mauvaise qualité Complémentation en concentrés inadéquate : source de protéines trop solubles sur une ration de base riche en azote dégradable, apport d’azote non protéique trop important Les apports azotés et leur excès peuvent être objectivés par la mesure de l’urémie et du taux d’urée dans le lait de tank (des teneurs entre 0,25 et 0,32 g/L de lait sont normales). Lorsque cet excès est mis en évidence, il est nécessaire de réajuster la ration : diminution des apports d’azote dégradable, augmentation de l’apport énergétique fermentescible. Avant d’attribuer la ME à une cause alimentaire, il faut avoir écarté les autres causes. L’origine infectieuse est fréquente : virale : IBR, BVD, FCO bactérienne : Campylobacter, Salmonella, Brucella, Chlamydophila, Coxiella burnetii, listeria, leptospira parasitaire : neospora L’utilisation d’indicateurs simples peut fournir de nombreuses informations. Ils doivent être faciles à mesurer, facilement disponibles pour les opérateurs et peu couteux. Dans les élevages pratiquant le contrôle laitier, l’examen des taux est particulièrement utile, au niveau individuel ou du troupeau. Le taux d’urée dans le lait de tank permet de connaître l’efficacité protéique des animaux du troupeau. Enfin, des mesures au chevet de l’animal peuvent affiner des doutes émis au niveau collectif (mesure des AGNE, urée, IGF-1). Le vétérinaire, amené à devenir le médecin de l’élevage, sera plus à même de déceler les situations à risque pour la ME. Il pourra alors, après l’examen des documents d’élevage et l’étude des pratiques d’élevage, apporter à l’éleveur les conseils les plus pertinents afin de réduire l’incidence de la ME. 114 CONCLUSION Suite à l’insémination, la ME est une des causes majeures d’échecs de reproduction. Elle est responsable de pertes financières non négligeables pour l’éleveur, entraînant pertes de lait, perte de nouveaux nés et ralentissant le progrès génétique. Bien qu’elle semble survenir le plus souvent entre 8 et 16 jours après l’insémination, elle peut aussi avoir lieu plus tard, ce qui peut entraîner un rallongement du cycle. Les épisodes de ME peuvent être le résultat d’une sécrétion insuffisante de progestérone. La diminution de cette sécrétion peut être le résultat d’une synthèse réduite, d’une clairance augmentée, ou d’une sécrétion trop précoce ou forte de prostaglandines. C’est pourquoi un fonctionnement optimal du corps jaune est une condition nécessaire pour assurer la survie de l’embryon, puisque c’est cette structure qui assure la sécrétion de progestérone, nécessaire au maintien de la gestation et au développement embryonnaire. L’environnement utérin, contrôlé par la progestérone, est un facteur qui peut également compromettre la survie de l’embryon s’il est altéré. La nutrition peut constituer un moyen pour limiter les épisodes de ME. Certaines conduites alimentaires peuvent en effet réduire le niveau de progestérone, soit par l’intermédiaire d’une sécrétion plus faible, soit par une clairance plus forte : un haut niveau d’ingestion, une fréquence de repas trop faible, une carence en énergie, une teneur en protéines dans la ration trop importante. Ces effets peuvent être réduits par l’apport de matières grasses dans la ration, notamment en acides gras oméga 3. Il accroît la sécrétion de progestérone grâce un apport plus important de cholestérol. Il permet aussi de réduire la sécrétion de prostaglandines. Un apport d’acides gras oméga 3 peut donc avoir d’autres intérêts que d’accroître le lait en ces constituants. Une ration trop pourvue en protéines peut réduire le pH utérin, préjudiciable pour le développement et la survie de l’embryon. Une carence en vitamine A peut être responsable de la kératinisation de l’épithélium utérin, ce qui peut compromettre la nidation de l’embryon. Certaines de ces conduites peuvent en outre modifier la composition des produits. L’alimentation peut donc être utilisée pour limiter les épisodes de ME, seulement si les modifications du système d’alimentation s’appuient sur la compréhension du fonctionnement du rumen et sur la prise en compte des besoins nutritionnels de l’animal. Au niveau de l’éleveur, on ne doit s’attendre à ce que les différents postes nutritionnels n’améliorent la fertilité d’un troupeau que s’ils sont le facteur le plus limitant. Aussi longtemps qu’un autre facteur est insuffisant, la réponse, si toutefois il y en une, sera limitée. Cette étude bibliographique pourrait conseiller à l’éleveur, afin de limiter la ME, une formulation optimale des régimes en apportant un niveau d’énergie suffisant, une fraction protéique limitée et d’accroître la supplémentation en matières grasses et en vitamines. La gestion de l’alimentation pendant le tarissement est une étape essentielle. Ces indications sont d’autant plus intéressantes qu’elles ne diminuent pas uniquement les problèmes de ME. En effet, certaines d’entre elles peuvent améliorer la maturation folliculaire et l’involution utérine, diminuer l’intervalle vêlage-première ovulation. Cependant, elles se heurtent aux autres effets que ces apports peuvent avoir sur la production laitière, la composition du lait, le fonctionnement du rumen, la santé animale, le niveau d’ingestion... qu’il est indispensable de prendre en considération. 115 116 Annexe 1 : analyse du fluide utérin de vaches au statut reproductif différent. Source : Ayalon (1978). 117 Annexe 2 : valeurs de la dégradabilité de l’azote des aliments dans le rumen. (Source : Sauvant, 2005) 118 BIBLIOGRAPHIE 1. Adamiak S.J., Mackie K., Watt R.G., Webb R., Sinclair K.D. 2005. Impact of nutrition on oocyte quality: cumulative effects of body composition and diet leading to hyperinsulinemia in cattle. Biology of Reproduction. 73:918-926. 2. Adamiak S.J., Powell K., Rooke J.A., Webb R., Sinclair K.D. 2006. Body composition, dietary carbohydrates and fatty acids determine post-fertilisation development of bovine oocytes in vitro. Reproduction. 131:247-258. 3. 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Suite à l’insémination, la mortalité embryonnaire représente une des causes majeures d’échecs de reproduction. La nutrition peut influencer l’environnement hormonal de la mère et l’environnement utérin. Un haut niveau d’ingestion peut provoquer une diminution rapide de la progestérone circulante. La progestéronémie est suboptimale quand les vaches sont en déficit énergétique, observé en début de lactation. Un apport de protéines important peut rendre la balance énergétique encore plus négative, ce qui a pour effet d’exacerber les effets associés au déficit énergétique. Des excès de protéines dégradables entraînent une baisse du pH utérin et une modification des concentrations de certains ions dans le fluide utérin durant la phase lutéale, ce qui peut être préjudiciable pour le développement et la survie de l’embryon. Des apports de matières grasses n’améliorent pas la balance énergétique. Les lipides peuvent améliorer le fonctionnement du corps jaune, par l’apport de cholestérol, précurseur de la progestérone. Le profil en acides gras peut être utilisé pour diminuer la synthèse de prostaglandine F 2α en début de gestation, ce qui peut contribuer à la réduction de la mortalité embryonnaire. Mots clés : MORTALITE EMBRYONNAIRE, NUTRITION, FERTILITE, PROGESTERONE, MILIEU UTERIN, BALANCE ENERGETIQUE, PROTEINE, LIPIDE, PROSTAGLANDINE, RUMEN, BOVIN, VACHE LAITIERE Jury : Président : Directeur : Pr. Andrew PONTER Assesseur : Pr. Sylvie CHASTANT-MAILLARD Adresse de l’auteur : GUELOU Kévin, 14 Square SULLY, 95240 CORMEILLES EN PARISIS 132 EMBRYONIC MORTALITY IN DAIRY COW – INFLUENCE OF NUTRITION SURNAME and Given name : GUELOU Kévin Summary Changes in livestock management have been associated with a decline in the fertility of dairy cows. Following insemination, embryonic mortality is one of the major causes of reproductive failure in cattle resulting in significant financial losses for the cattle industry. Nutrition can influence maternal hormonal environment and uterine environment. High feed intake causes an acute decrease in circulating progesterone concentrations. The rate of increase in progesterone levels is reduced by negative energy balance early postpartum. The effects of feeding high dietary protein are superimposed on the effects of negative energy balance. The intake of high dietary protein (above all soluble protein) can also result in decrease of uterine pH, which might be detrimental to embryo survival and growth. Supplemental dietary lipids do not alleviate the negative effects of negative energy balance, since cows often respond with lower feed intake after fat supplemented diets. Fats in the diet can improve corpus luteum function, by increasing precursors for the synthesis of progesterone. Manipulation of the fatty acid profile of the diet can also be used potentially to decrease uterine synthesis of prostaglandin F 2α during early pregnancy in cattle, which may contribute to a reduction in embryonic mortality. Keywords : EMBRYONIC MORTALITY, NUTRITION, FERTILITY, PROGESTERONE, UTERINE ENVIRONMENT, ENERGY BALANCE, PROTEIN, FAT, PROSTAGLANDIN, RUMEN, BOVINE, DAIRY COW Jury : President : Director : Pr. Andrew PONTER Assessor : Pr. Sylvie CHASTANT-MAILLARD Author’s address: GUELOU Kévin, 14 Square SULLY, 95240 CORMEILLES EN PARISIS 133