économies d`agglomération et coûts de la concentration

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COLLOQUE ÉLEVAGES INTENSIFS ET ENVIRONNEMENT
Les effluents : menace ou richesse ?
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ÉCONOMIES D’AGGLOMÉRATION ET COÛTS DE LA
CONCENTRATION.
DYNAMIQUES DE LOCALISATION DES SYSTÈMES D’ÉLEVAGE
INTENSIFS ET CONSÉQUENCES POUR LES TERRITOIRES : LE CAS DE
LA PRODUCTION PORCINE
par Bertrand Schmitt(*)
Si on connaît bien la tendance à la concentration géographique des élevages intensifs, notamment
ceux relevant de la production porcine ou avicole, on sait également qu’il ne résulte une
concentration géographique des effluents issus de ces élevages, aux effets néfastes en matière
environnementale. En nous appuyant sur les exemples français et danois, on présentera ici les
résultats de travaux menés sur les déterminants économiques de la localisation des productions
agricoles à fortes contraintes environnementales, centrés sur la production porcine de ces deux pays.
On fait a priori l’hypothèse que l’agglomération de cette production est due aux gains qu’il y a pour
les producteurs à se localiser à proximité de leurs marchés d’amont et/ou d’aval pour bénéficier
d’économies d’échelle et de coûts de transport bas. Ce facteur classique est ici décomposé, en
amont, en une proximité aux industries productrices d’aliments du bétail et aux surfaces agricoles
nécessaires à l’auto-production de ces aliments à partir de produits agricoles bruts et, en aval, en
une proximité au premier échelon de la chaîne de transformation (ie, les abattoirs) et aux marchés
de consommation finale. Le jeu de ce premier type de facteurs doit être complété par la proximité
directe que les producteurs recherchent en vue de bénéficier de gains à la circulation rapide et fiable
ou au partage d’informations techniques ou commerciales, au partage d’inputs communs ou d’une
main-d’œuvre formée aux tâches spécifiques de cet élevage. Tous ces éléments relèvent de ce que
l’on nomme en économie spatiale, les externalités technologiques ou marshalliennes.
Contrebalançant ces forces d’agglomération, on suppose que les mesures prises en matière de
régulation environnementale (notamment, les contraintes sur les surfaces d’épandage) peuvent
conduire à la dispersion de la production.
En nous appuyant sur des données issues des recensements agricoles (1988 et 2000 pour la France
et 1999 et 2004 pour le Danemark), on montre toute l’importance qu’ont, dans le processus de
localisation de la production porcine, les relations avec les industries d’amont et d’aval de la filière,
et réciproquement les faibles rôles joués, d’une part, par la proximité de surfaces céréalières
permettant la production d’aliments à partir de matière première agricole et, d’autre part, par la
distance aux bassins de consommation du produit abattu et transformé. L’ampleur du mouvement
de concentration géographique de la production peut être renforcée, voire même être dominée, par
l’importance des relations techniques que nouent entre eux les producteurs en recherche
d’externalités technologiques favorisées par la proximité. On montre enfin que, pris globalement,
les contraintes environnementales peuvent entraîner la dispersion de la production. Mais, il faut tout
d’abord que celles-ci prennent des valeurs très élevées pour arriver à contrecarrer les énormes
forces d’agglomération précédentes. Elles peuvent de plus entraîner chez les producteurs des
changements de technologie visant à réduire leurs effluents ou à modifier la nature des traitements
(*)
Directeur de recherche à l’ INRA, UMR CESAER, Dijon.
Copyright – Académie d’Agriculture de France – 2009. Colloque du 28 avril 2009.
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de ceux-ci. Cette réaction conforme à l’hypothèse dite « de Porter » peut même se traduire par un
regain de concentration géographique de la production renforcé par le fait que ce sont les
producteurs techniquement les plus efficaces qui sont le plus en mesure d’adopter ce type de
réaction et d’accroître par ce biais leur productivité et donc leur production. Une analyse du rôle des
différents facteurs de localisation sur l’efficacité individuelle des ateliers porcins français confirme
ce résultat.
Biographie succincte de l’auteur :
Bertrand Schmitt, directeur de recherche INRA au Centre d’économie et de sociologie appliquées
à l’agriculture et aux espaces ruraux (CESÆR, Dijon, France), est ingénieur agronome et
économiste de formation et spécialisé en économie spatiale, régionale et urbaine. Ses recherches,
centrées sur les processus du développement rural, portent sur les déterminants économiques de la
localisation des ménages et des activités économiques ainsi que sur les mécanismes de la croissance
économique locale. Il a, au travers de ses divers ouvrages et articles dans des revues scientifiques
internationales et nationales, mis en évidence les dynamiques spécifiques des espaces urbains,
périurbains et ruraux ainsi que les nécessaires complémentarités de leur développement. Il a
récemment engagé une nouvelle génération de travaux consacrés à la localisation des productions
agricoles sous fortes contraintes environnementales, tout en prolongeant ses réflexions sur les
impacts économiques des politiques de développement rural. Il est actuellement chef du
département Sciences sociales, agriculture et alimentation, espace et environnement (SAE2) de
l’INRA. A ce titre, il est chargé de la définition et de la mise en œuvre des recherches que l’INRA
développe en sciences économiques et sociales, en lien avec les autres disciplines scientifiques, sur
les questions alimentaires, agricoles, agro-environnementales et rurales.
Copyright – Académie d’Agriculture de France – 2009. Colloque du 28 avril 2009.
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