THÈME 5 : LES FRANÇAIS ET LA RÉPUBLIQUE

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THÈME 5 : LES FRANÇAIS ET LA RÉPUBLIQUE Ø
QU’EST-­‐CE QU’UNE REPUBLIQUE ? ð historique avec Rome : à la fois démocratique, aristocratique et « monarchique » mais contre la transmission héréditaire du pouvoir donc le roi par le principe d’élection et de représentation. ð l’idée républicaine renaît avec le développement de la science politique à la Renaissance lors de la construction des Etats modernes => d’abord signifie puissance issue du peuple de manière indifférenciée avec la monarchie absolue (Bodin) puis des auteurs comme Machiavel établissent les principes à échelle réduite ð lors des Lumières au XVIII, on le retrouve en contestation du principe du pouvoir absolu, notamment chez ROUSSEAU « tout État régi par des lois, sous quelque forme d'administration que ce puisse être ; car alors seulement l'intérêt public gouverne, et la chose publique est quelque chose. Tout gouvernement légitime est républicain. » ; importance aussi de MONTESQUIEU avec le principe de séparation des pouvoirs. La république signifie - gouvernement non héréditaire - donc élection quelle qu’en soit la forme => principe de représentation - gouvernement collégial Ø EN FRANCE : REPUBLIQUE SIGNIFIE DEMOCRATIE La république est choisie en France suite à la radicalisation d’une majorité des Français face à la guerre et à la ERE
stratégie du roi qui mène à la guerre et tente de s’enfuir. LA 1 REPUBLIQUE est proclamée en septembre 1792 le lendemain de la victoire de Valmy. Elle n’est donc pas prisée dès les débuts de la RF. Les Français, en effet, veulent une démocratie mais reste attaché au régime monarchique jusqu’à ce qu’ils découvrent le double-­‐jeu royal. Elle n’est pas un régime stable, connaissance de nombreuses conventions (assemblées), des expériences radicales comme la Terreur, des situations de guerre civile et de pénuries économiques mais elle est fondamentale pour l’apprentissage du politique par les Français, le lancement des débats droite/gauche (égalité ou liberté) et la formation d’une culture politique. A partir de 1796 on évolue vers une « République des propriétaires » avec le Directoire cad un régime modéré (ni trop conservateur ni trop radical). Napoléon Bonaparte, général de la RF, se fait appeler « Empereur de la République française » à partir de 1804. ème
La 2 République (1848 – 1852), la plus radicale de l’histoire française est organisée suite à une révolution parisienne des républicains radicaux (début du printemps des peuples à échelle européenne = ensemble de mouvements révolutionnaires de tendance nationaliste ou libéral qui s’étend de janvier 1848 à juin). Les socialistes sont très présents dans le renversement de la monarchie de Juillet. Les mesures prises par le gouvernement les 6 premiers mois sont populaires => importance de l’idée d’égalité dans une société de classes sociales (première grosse crise du capitalisme). Elle tombe lorsque le président de la République, Louis-­‐Napoléon Bonaparte, organise un coup d’Etat afin de contrer l’interdiction constitutionnelle de sa réélection à la tête de la présidence. Les Français acceptent le nouveau régime, le Second Empire. Cela montre qu’ils ne sont pas encore foncièrement républicains. ème
La 3 république (1870 à 1940) est le premier régime français à s'imposer dans la durée après 1789. Cependant l'Assemblée nationale met neuf ans, de 1870 à 1879, pour admettre de renoncer à la royauté et proposer une troisième constitution républicaine. Cela signifie que la constitution est restée vide pendant 9 ans. Malgré ces origines troubles cette république est un régime central pour la consolidation du lien entre les Français et ce régime : c’est uniquement à partir de cette période que la culture politique française est réellement devenue républicaine. De plus ce régime permet de faire la transition entre une France traditionnelle, conservatrice. ème
La 4 République (1946 – 1958) est fondamentale dans la modernisation sociale et économique de la société française, notamment dans la place politique qu’elle accorde aux femmes. Elle a aussi permis à la France de passer du statut de puissance coloniale à puissance économique contemporaine. Démocratie parlementaire, elle reprend les valeurs et les principes émis par la Résistance et les pérennise dans sa constitution. ème
La 5 république (depuis 1958) permit la modernisation politique du régime en faisant entrer la France dans les dynamiques mondialisées (accélération de la logique libérale + régionalisation). Régime parlementaire qualifié de « semi-­‐présidentiel » vu le rôle du chef de l’exécutif. Mise en place par DG, formulée à l’image qu’il avait de la politique et surtout du rôle clé que doit avoir le chef de l’Etat, elle fut le centre de nombreux débats. Cependant elle s’est ème
pérennisée par l’expérience et a même résisté à l’alternance et à la cohabitation. Le débat sur la 6 république n’est pourtant pas clos… UNE RÉPUBLIQUE, TROIS RÉPUBLIQUES Le programme de cette année s’articule autour de l’enracinement de la culture républicaine et de l’évolution de ce lien politique et social autour des moments de refondation de ce régime. C’est pourquoi nous traiterons particulièrement : -
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la mise en place de la 3ème aux origines si particulières : d’une république « creuse » elle est devenue celle qui a permis de pérenniser cette forme de gouvernement. La relance de la République suite à l’expérience autoritaire de l’Etat Français (1940 – 1946) : les valeurs républicaines, reprises par la Résistance, deviennent celles qui permettent aux Français de recréer une société post-­‐2GM et de combattre le traumatisme (// amnésie) : c’est la IV République La V entend mettre fin à l’instabilité politique née du régime parlementaire en mettant en place une république parlementaire mais où le président de la République a des pouvoirs forts => régime à tendance semi-­‐présidentielle. Particularité de la France voulue par DG => République gaullienne ?? Pourtant malgré la chute de DG en 1969 elle s’est maintenue et a permis au régime de se moderniser. Les moments forts et les débats autour de la fondation de ce régime particulier seront étudiés entre 1958 et 1962, date à laquelle l’élection présidentielle est décidée de manière directe par les Français. Lorsque la 3ème République est proclamée, les Français ne sont pas majoritairement républicains et l’Europe encore moins ! La république fait peur aux puissances voisines qui se souviennent de la RF De plus, le régime subit dans les premiers temps des crises politiques graves qui tentent de la remettre en question à partir même de ces valeurs : crise boulangiste (1888 – 1889), affaire Dreyfus (1894 – 1899), Stavisky (1934), défaite en 1940, gestion de la fin de l’empire colonial… Cependant même si des refontes ont été nécessaires (changement de partis ou changement de constitution) les valeurs républicaines ont été renforcées par ces situations. è Ainsi, régime politique aussi bien qu’ensemble de valeurs et de symboles, la République occupe une place singulière dans la vie politique de la France du fait de sa capacité à s’adapter aux profondes mutations (sociales, économiques, culturelles) que le pays a connues depuis la fin du XIX. PBL : COMMENT LES VALEURS REPUBLICAINES S’AFFIRMENT-­‐ELLES EN FRANCE A PARTIR DE LA FIN DU XIX AFIN DE DEFINIR UN LIEN SOCIAL UNIFICATEUR ET DE DONNER UNE IDENTITE POLITIQUE FORTE A LA FRANCE ? ð Comment l’idée républicaine s’est-­‐elle enracinée en France sous la III République ? ð Comment les valeurs républicaines ont-­‐elles permis à la France de se refonder suite à l’expérience de la 2GM ? ð Comment la République accompagne-­‐t-­‐elle l’entrée de la France dans la modernité économique, sociale et politique à partir de 1946 ? I)
LA III REPUBLIQUE OU L’ENRACINEMENT DE LA CULTURE REPUBLICAINE (1880 – 1900) è Quelles sont les spécificités de la culture républicaine mise en place par la IIIème république ? Quels sont les moyens utilisés par le régime naissant pour s’ancrer dans la culture politique française ? A) le triomphe de la république 1°) une fondation difficile La III République est proclamée le 4 septembre 1870 en pleine guerre contre la Prusse. Le 19 septembre, Paris est assiégée. Le gouvernement se déplace à Tours puis à Bordeaux. Unis, les souverains allemands se réunissent au château de Versailles le 18 janvier 1871 : Guillaume de Prusse devint empereur d'Allemagne. Le 28 janvier, la France signe l'Armistice et Gambetta démissionne. Le 10 mai 1871, Adolphe Thiers, chef du gouvernement, signe le traité de Francfort : l'Alsace et la Lorraine sont annexées à l'Allemagne. La France doit payer une énorme indemnité de guerre. Les troupes allemandes défilent sur les Champs-­‐Élysées. Cependant du 18 mars 1871 au 28 mai 1871, les Parisiens irrités par l'attitude résignée du gouvernement, échauffés par le long siège de la capitale par les Allemands et inquiets de l'avenir, car les députés élus sont surtout des royalistes, se soulèvent contre le gouvernement Thiers : c'est la Commune de Paris ou les « 72 jours qui ébranlèrent la France » qui sera écrasée dans le sang fin mai (« la semaine sanglante »). C'est dans cette ambiance qu'a émergé la Troisième République. Le second Empire est tombé par des logiques externes et non un renversement venant des Français. On peut alors comprendre pourquoi elle a connu une forte opposition dès ses débuts. L’élection de février 1871 confie la France à une assemblée nationale à majorité réactionnaire monarchiste et cléricale. Les députés espèrent, par un pouvoir exécutif fort, remettre à la tête de l’Etat un roi. Jusqu’en 1875 la république reste une coquille vide, sans constitution. Cependant les monarchistes sont divisés entre les légitimistes (ultrasconservatuers) et les orléanistes (plus modérés, ouverts à une monarchie constitutionnelle). De plus, les républicains, sentant le danger, parcourent les campagnes françaises afin de montrer aux masses paysannes les bienfaits d’un régime républicain. De grands orateurs comme Gambetta vont de région en région dans un but pédagogique. Ils arrivent ainsi à gagner du terrain élection après élection. è Le vote des lois constitutionnelles de 1875 jette les bases de la vie politique du nouveau régime républicain. Le pouvoir législatif vote le budget et les lois et élit le président de la République pour 7 ans (SU indirect). Il investit aussi le cabinet (= gouvernement) et peut le renverser. Les sénateurs sont aussi importants que les députés mais sont élus au SU indirect. L’exécutif divisé entre le président de la République et le cabinet fait appliquer les lois. Le président peut dissoudre l’assemblée et il nomme le cabinet. Nées d’un compromis entre les monarchistes et les républicains, les trois lois de nature constitutionnelle votées en France par l'Assemblée nationale entre février et juillet 1875 instaurent définitivement la Troisième République. Auparavant, elle n'avait été qu'ébauchée par des lois qui répondaient à des problèmes ponctuels comme la loi Rivet de 1871 ou la loi de Broglie de 1873. Au total, trois lois constitutionnelles viennent organiser le régime républicain : •
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la loi du 24 février 1875, sur l'organisation du Sénat ; la loi du 25 février 1875, sur l'organisation des pouvoirs publics ; la loi du 16 juillet 1875, sur les rapports entre les pouvoirs publics. Les monarchistes obtiennent que le psdt de la Rep soit doté de pouvoirs importants, dont celui de dissoudre la chambre des députés mais avec l’accord du Sénat. Ce ne sera fait qu’une seule fois en 1877 (« crise du 16 mai 1877 ») lorsque le psdt Mac Mahon dissout l’assemblée passée républicaine. Il force ainsi les Français à repasser aux urnes . Cependant la réélection d’une assemblée à majorité républicaine puis du Sénat en 1879 pousse Mac Mahon à la démission. Cette crise est considérée comme l’ultime affrontement entre les monarchistes et les républicains. Elle apporte en plus une lecture nouvelle aux lois constitutionnelles : le Parlement est favorisé aux dépens du président è RÉGIME PARLEMENTAIRE. Le gouvernement, dirigé par un président du Conseil, détient alors l’essentiel du pouvoir exécutif. Il doit impérativement s’entendre avec une majorité de députés et de sénateurs qui peuvent le renverser et votent les lois. A partir de 1879, les républicains modérés, les « opportunistes » (Ferry, Gambetta) détiennent la majorité dans les deux chambres ainsi que la présidence de la République avec Jules Grévy. Ils peuvent donc inscrire le régime dans la durée. Ces trois lois seront légèrement modifiées par la suite. C'est la première et la dernière fois qu'un régime républicain, en France, n'est pas organisé par une véritable constitution. En 1884, la République est proclamée « gouvernement définitif de la France » 2°) les valeurs au cœur du régime Les valeurs républicaines sont multiples, elles trouvent toutes leur origine dans la RF et les principes des Lumières. -
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La liberté individuelle, proclamée dans la DDHC, est centrale => il s’agit d’affranchir l’individu de toutes les oppressions traditionnelles (Eglise, Pouvoir…). L’égalité devant la loi et le vote par le SU doit être garantie. L’égalité devant la loi est un principe premier de la DDHC, cependant la question du vote par SU a été plus longue à se mettre en place => suffrage censitaire ou non ? Importance du progrès et de la raison, héritage des Lumières européennes => cœur de la pensée moderne => l’école est donc fondamentale ainsi qu’une laïcisation de la société afin de limiter le poids de l’institution ecclésiastique vue comme une résurgence irrationnelle du passé. Méritocratie => chacun trouve sa place dans la société en fonction de ses efforts et de son utilité sociale donc accepte les inégalités. Mais la république est aussi synonyme d’exaltation de la nation, la nation française comme « patrie des droits de l’homme » donc de portée universelle (d’où toute l’expérience coloniale portée par les républicains). B) la diffusion du régime 1°) les lois Les libertés fondamentales sont ainsi rapidement garanties par les lois de l’assemblée républicaine. A partir de 1879, les républicains multiplient les réformes en votant de nombreuses lois. En 1881, les libertés de réunion et d’expression sont garanties, puis en 1884 le droit d’association (notamment syndicale) renforcé par la loi de 1901 qui permet la création de tous types d’association, notamment les partis politiques (création du parti radical en 1901 et de la SFIO en 1905), c’est donc la reconnaissance du multipartisme. Enfin la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat permet une laïcisation forte de la gestion de la société. L’ensemble de ces lois permet de faire passer les valeurs républicaines mais aussi de protéger les acquis républicains dans les domaines politique, mais aussi social et économique. Elles touchent ainsi énormément les consciences. 2°) L’importance de l’école républicaine Fonder l’école gratuite, obligatoire et laïque est le grand projet des Républicains afin de fortifier, d’enraciner durablement le régime. La loi est donc votée dès 1882. En formant les citoyens ils entendent favoriser l’attachement à la République en inculquant les valeurs mais surtout lutter contre l’Eglise conservatrice (cf fondation du Sacré-­‐Cœur ou de Fourvière à Lyon), renouveler les élites par l’ascension sociale et continuer à former des innovateurs permettant l’industrialisation française (depuis Napoléon). Les lois de 1881 et 1882 proposées par J. Ferry créent ainsi un véritable service public d’enseignement primaire pour les enfants de 6 à 13 ans. Les programmes sont laïcisés et l’instruction religieuse doit désormais être dispensée en-­‐dehors des heures de classe. Elle laisse la place à « une instruction morale et civique ». En 1886 la loi exclut les religieux de l’enseignement dans les établissements publics et des « écoles normales » sont créées dans tous les départements afin de former les instituteurs. Les manuels d’histoire présentent aux jeunes Français une patrie faite de héros et renouvelée par la Révolution. Les instituteurs ont un rôle fondamental confié par le ministère dans l’instruction et l’éducation des futurs Français ; ils sont aux premières loges du combat mené par les Républicains contre les forces conservatrices ou l’extrême-­‐gauche => « hussards noirs de la république ». Cependant l’enseignement secondaire reste encore réservé à une élite car payant. De plus l’égalité homme/femme n’est pas totale car le baccalauréat leur reste fermé jusqu’en 1908 ce qui rend impossible toute poursuite d’études supérieures. 3°) rites et rituels au cœur de la république La culture politique républicaine s’enracine aussi avec des symboles et des pratiques qui deviennent des signes d’attachement au régime => rituels politiques qui viennent remplacer les rites religieux au plus fort de la sécularisation de la société française. Il s’agit de mettre en scène la République afin de la rappeler aux Français à chaque instant dans l’espace public. -
les symboles républicains Dès 1879, les lois inscrivent les valeurs républicaines dans les symboles et les rituels. Ainsi la Marseillaise, interdite après 1815 mais restée le chant de ralliement des républicains tout au long du XIX, redevient officiellement l’hymne national. De même la devise « liberté, égalité, fraternité » devient celle de la République. Le 14 juillet qui symbolise avant tout l’unité de la nation lors de la fête de la fédération de juillet 1790 est adoptée comme fête nationale et le drapeau tricolore est confirmé comme emblème officiel. Enfin Marianne, figure féminine dotée des différentes allégories de la liberté, de l’égalité et de la prospérité, devient l’image officielle de la République. Enfin la culture républicaine s’enracine aussi par l’attachement militaire à sa patrie. Le service militaire de 3 ans , véritable creuset culturel, est rendu obligatoire en 1889 => armée de conscription dans le même état d’esprit que l’avait pensée la RF. -
la république dans l’espace public Par ses sculptures et ses fêtes, le nouveau régime s’impose dans les paysages et la vie des Français, notamment dans les villages, terre de conquête pour les républicains des années 1870. Ainsi la loi municipale de 1884 confie aux conseils municipaux, élus au SU masc, l’élection du maire (avant désignation par le préfet). Tous les villages de France se dotent rapidement d’une mairie et d’une école communale qui viennent concurrencer par leur architecture les bâtiments traditionnels notamment l’église. Les sculptures républicaines se multiplient dans l’espace public (fronton, places publiques) et leur inauguration est toujours l’occasion de manifester solennellement l’adhésion fervente au régime. C) les crises permettent de renforcer le régime 1. la crise boulangiste ou l’antiparlementarisme : la république triomphe du conservatisme (1886 – 1889) A partir de 1885, dans un contexte de difficultés économiques, s’ouvre une période d’opposition croissante au régime. L’antiparlementarisme progresse, cad un sentiment hostile au régime parlementaire et aux députés qui le représentent développé à partir des thèmes de la faiblesse / action, corruption, logique de parti et donc un sentiment d’inefficacité globale. En effet, de nombreux mécontents se sentent lésés et reportent leur ressenti non pas sur la conjoncture mais sur la structure du système politique. Ainsi, les ouvriers sont les grands oubliés de réformes et ils continuent de supporter des conditions de vie difficiles ; le conservatisme est toujours fort en France, alimentant les bancs de la droite divisée (pour eux, le parlementarisme = faiblesse). Cependant, le 3ème quart du XIX est touché par la Grande Dépression, crise globale du capitalisme s’internationalisant. Le régime français n’est donc pas responsable des difficultés économiques. Un homme politique va alors permettre l’union de tous les ressentis dans une critique acerbe du parlementarisme : le général Boulanger, alors ministre de la Guerre. Il se rend en effet très populaire, de l’extrême-­‐droite à l’extrême gauche par : - son patriotisme intransigeant vis-­‐à-­‐vis de l’Allemagne - sa proposition de mettre en place une République autoritaire (donc pouvoir fort à l’exécutif) Renvoyé du gouvernement puis de l’armée, il remporte les élections partielles de 1888 et 1889 et est élu triomphalement député à Paris sur les mots d’ordre « dissolution, révision, constituante ». Une foule de plusieurs milliers de personnes l’acclament et certains lui demandent d’orchestrer un coup d’Etat. Cependant il refuse. Face à ce refus, rapidement ces soutiens s’étiolent (car la droite était pour une action forte contre la République) et le pouvoir en place s’allie (républicains modérés, radicaux et socialistes) pour organiser sa mort politique (levée de l’immunité parlementaire, jugement par contumace pour atteinte à la Sûreté de l’Etat…) l’obligeant à fuir en Belgique. Il se suicide en septembre 1891. Privé de son chef le boulangisme s’essouffle rapidement et les élections sont finalement remportées par les républicains fin 1889. 2. les attentats anarchistes (1892 – 1894) : l’extrême gauche ne se reconnaît pas dans le modèle républicain En //, toujours dans ce contexte de montée du mécontentement social, une douzaine d’attentats anarchistes ensanglantes Paris. En 1894, Le président de la République Sadi Carnot est assassiné à Lyon. L’anarchisme est un courant révolutionnaire qui refuse le système républicain et préconise la violence pour détruire le pouvoir de la bourgeoisie. Il n’adhère pas à la République car pour eux elle est une émanation de la bourgeoisie. Mettant au premier plan la question ouvrière, les anarchistes sont partisans de l’action violente contre l’ordre établi pour renverser la « République bourgeoise » (cf depuis le 2nd XIX République bourgeoise contre République populaire => Zola, Le ventre de Paris). Des lois restreignant la presse sont alors votées et entraînent des poursuites contre des journaux, accusés d’encourager l’anarchisme 3. l’affaire Dreyfus et « la défense républicaine » (1898 – 1906) ð L’affaire Dreyfus divise les Français et met à l’épreuve les valeurs républicaines En 1894, Alfred Dreyfus, officier de confession juive, est condamné pour espionnage au profit de l’Allemagne. Il est dégradé et déporté au bagne en Guyane. La famille Dreyfus porte l’affaire en politique. Le peu de preuve de la culpabilité de Dreyfus émeut le président du Sénat Scheurer Kestner. Cependant en 1898, l’affaire éclate quand le véritable coupable Ferdinand Walsin Esterházy est acquitté par l’administration militaire et elle est portée à l’opinion publique par Emile Zola qui publie dans le journal L’Aurore, un article titré « J’accuse ». ð La République paraît alors une nouvelle fois ébranlée. De manière passionnelle la crise divise les dreyfusards (républicains, socialistes) qui le défendent au nom des droits de l’homme, de la raison et des libertés et les antidreyfusards (droite, extrême-­‐droite) qui parlent au nom du nationalisme, d’un militarisme et d’un antisémitisme exacerbés. Des manifestations éclatent, faisant même des morts à Alger. Les Républicains se rendent compte que la République peut encore vaciller puisque le sentiment antidreyfusard, assez répandu, traduit en fait un rejet de la République et de ses valeurs pour une nouvelle forme de nationalisme antisémite antiparlementaire et violent, souvent appuyée par l’Eglise catholique. ð Cependant elle provoque un réflexe militant de « défense républicaine » qui rassemble les républicains et les socialistes (seule une extrême minorité de socialistes ne veut pas intervenir car le capitaine est vu comme « bourgeois ») contre la menace de la droite nationaliste et des cléricaux. Ainsi en 1899 est constitué un gouvernement de défense républicaine (socialistes, radicaux et modérés). Le président E. Loubet gracie Dreyfus dès 1899 cependant sa réhabilitation n’est acquise qu’en 1906 ! ð Le gouvernement de Défense républicaine remporte les élections de 1902 (radicaux majoritaires) ce qui prouve que la République est majoritairement soutenue par les Français. La loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 est une conséquente directe de l’affaire Dreyfus. è CONCLUSION : LA NAISSANCE D’UN MODELE REPUBLICAIN ð
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LES FORCES POLITIQUES ANIMENT LE DEBAT : La France est ainsi gouvernée durant les années 1870 par des conservateurs monarchistes, cependant les républicains modérés, appelés « opportunistes » obtiennent ensuite la majorité des voix aux élections législatives de 1876 => construction de la culture politique à ce moment en reprenant les symboles issus de la RF. Ensuite le débat politique républicain est favorisé par l’émergence de grands partis qui se forment à cette époque : à gauche, les Radicaux dominent (mouvance => parti) avec Clemenceau, à l’extrême-­‐gauche), la SFIO créée en 1905 tentent de rassembler les socialistes sous la direction de Jean Jaurès mais des divergences importantes notamment entre les plus révolutionnaires (autour de Jules Guesde) et les plus réformistes (autour de Jaurès) surgissent régulièrement (F doc 4 p. 297 Hachette + doc 4 p. 299 Magnard). La droite est beaucoup moins bien organisée et les anciens conservateurs de plus en plus distancée par les nouvelles formes de contestation, les Ligues d’extrême-­‐droite. Ces partis politiques font vivre la République en construisant une opinion publique, notamment par le biais de la presse. Importance de la pluralité des opinions et du multipartisme UNE CULTURE POLITIQUE REPUBLICAINE : la victoire des Républicains sur leurs adversaires permet donc d’enraciner un modèle politique républicain. IL est fondé sur la pratique régulière du SU pour les élections locales et nationales (députés et sénateurs mais indirect). Les institutions dessinent un régime parlementaire qui privilégie le pouvoir collectif des assemblées et se montre très méfiant vis-­‐à-­‐vis de tout pouvoir trop personnel. Une démocratie libérale : importance de la souveraineté populaire qui se retrouve dans la primauté donnée à l’assemblée nationale et des libertés individuelles au cœur du régime + laïcité. UN MODELE IMPARFAIT CEPENDANT : le régime républicain peine à satisfaire les ouvriers => les lois sociales sont timides (repos obligatoire hebdomadaire en 1906 seulement, retraites en 1910) et les grèves sont durement réprimées (cf Fourmies) => le système républicain est libéral au sens économique du terme ! De plus les femmes son exclues du droit de vote et considérées comme mineure. Même la Première Guerre mondiale ne sera pas pour elles une avancée politique majeure. Lien fort IIIème République et impérialisme colonial ! II)
LES COMBATS DE LA RESISTANCE ET LA REFONDATION REPUBLICAINE ( 1940 – 1946 … 1958) En septembre 1939 commence la « drôle de guerre » qui se termine après 9 mois par la défaite française, véritable débâcle en juin 1940. Cette date est une rupture dans l’histoire républicaine française car la France rentre à la fois en occupation et connaît 4 années de « révolution nationale » sous l’égide du régime autoritaire clairement anti-­‐républicain de l’Etat Français. La France est divisée territorialement, et politiquement: pour les collaborateurs et collaborationnistes, le régime de Vichy en zone libre (jusqu’en novembre 1942) et Paris occupé ; pour ceux qui refusent la défaite, « la France libre » avec Londres puis Alger pour capitale et la résistance intérieure. La IIIème République est mise à mort par Pétain lorsque le 10 juillet 1940 l’assemblée lui remet les pleins pouvoirs. Il critique ouvertement le régime républicain et démocratique comme ayant conduit à la défaite. Ses discours, emprunts de nationalisme, d’antiparlementarisme, mettent en avant les forces supérieures de l’instinct que l’on peut retrouver dans les discours de la droite traditionnelle depuis le début de la III. « Un ordre nouveau commence… C’est à un redressement moral et intellectuel que, d’abord, je vous convie… Français, vous l’accomplirez et vous verrez, je vous le jure, un France neuve surgir de votre ferveur… Vous avez souffert et vous souffrirez encore… Votre vie sera dure. Notre défaite est venue de nos relâchements. L’esprit de jouissance détruit ce que l’esprit de sacrifice a édifié. » (discours du 25 juin à la radio). Pour les opposants républicains c’est la chute d’un engagement, d’un idéal politique avant d’être celle d’un simple régime. « Toute notion morale, toute foi politique, tout patriotisme s’évanouissent dans l’angoisse… Pétain est un refuge commode tout prêt pour leur lassitude et leur lâcheté. » (Ramadier). En quelques jours plusieurs « actes constitutionnels » sont rédigés. Les valeurs « famille, travail, patrie » remplacent « liberté, égalité, fraternité ». Le culte de la personnalité est imposé autour du maréchal Pétain vu comme un homme providentiel, seul capable de relever la France => un régime de dictature est ainsi installé, les libertés fondamentales d’expression, de la presse et d’association disparaissent. Pétain, autour de sa « révolution nationale » veut restaurer une France rurale, respectueuse des hiérarchies traditionnelles (armée et Eglise), où les valeurs d’autorité, d’obéissance et d’efforts remplacent celles de la DDHC => fête des mères. Ainsi l’extrême-­‐droite nationaliste et cléricale triomphe-­‐t-­‐elle. Elle impose une revanche contre ses adversaires, rendus responsables de la défaite : le Front Populaire mais aussi les Juifs. Progressivement le régime de Vichy, notamment sous l’impulsion de personnalités comme Laval, passe d’une collaboration d’Etat à une politique de plus en plus collaborationniste (notamment toutes les mesures antisémites et l’envoi des jeunes Français au STO). Cette politique suscite une impopularité croissante et nourrit le refus de certains Français d’accepter ce régime. L’histoire de la Résistance est ainsi celle de strates entrée à des dates différentes (juin 1940 pour l’armistice, juillet 1940 pour la chute de la République, octobre 1940 pour la collaboration d’Etat, 1941 pour les communistes, 1942 suite aux rafles de Juifs et 1943 suite au STO), pour des motivations diverses mais qui a su se rejoindre pour la défense des valeurs républicaines. PBL : COMMENT L’IDEAL REPUBLICAIN PERDURE-­‐T-­‐IL DANS LA RESISTANCE ? COMMENT EVOLUE-­‐T-­‐IL FACE AU DANGER TOTALITAIRE AFIN DE REFORMULER UNE FRANCE MODERNE ? A) 1940 – 1944 : la Résistance comme défense de l’idéal démocratique et républicain 1°) Des raisons diverses pour entrer en Résistance (1940 – 1942) Dès le 18 juin 1940, de Londres, De Gaulle appelle les Français à la résistance en refusant l’armistice signé par Pétain et en continuant le combat. Son discours, peu entendu, est publié dans les journaux français le lendemain. Les mouvements de résistances sont nombreux et décentralisés, de familles religieuses et idéologiques variées ainsi que d’origine sociale et professionnelle diverse. Ils ne sont pas tous rentrés en résistance en même temps. La résistance extérieure : une partie de l’armée se désolidarise du maréchal Pétain et retrouve dès juin 1940 De Gaulle en s’exilant en Angleterre + volontaires. Il crée ainsi la « France Libre » (puis « France combattante » à partir de 1942) reconnue et aidée par la Grande Bretagne dès août 1940. Elle diffuse les informations par radio, tente de rallier les colonies et continue la guerre en Afrique aux côtés des Alliés. Les FFL (Forces Françaises Libres, armée constituée par DG à Londres et dans l’empire colonial) menées par Koenig ont un poids important dans la lutte armée (cf bataille de Bir Hakeim en 1942). - La résistance intérieure est plus faible et divisée jusqu’à la fin de l’année 1942 : § Rapidement des réseaux de Juifs se créent afin d’aider à faire passer les familles en Espagne ou dans la France libre. Il en est de même pour les Francs-­‐maçons. § Des individus rentrent en résistance par refus de l’armistice (défaite), de la collaboration (refus de traiter avec une puissance ennemie ou l’Allemagne nazie) ou du régime de Vichy (refus d’accepter un pouvoir autoritaire) § Les communistes, d’abord neutres, entrent en résistance à partir de 1941 lorsque Hitler rompt le pacte de non-­‐agression. § A partir de 1942 face à l’augmentation des mesures et des lois anti-­‐juives prises par le gouvernement Laval et touchant les femmes et les enfants, des réseaux chrétiens (catholiques et protestants) se mettent en place. § De nombreux jeunes rentrent dans les maquis lors de la mise en place du STO en 1943 => refus d’aller travailler pour une puissance ennemie. Avant 1943, il faudrait donc plus parler des Résistances car les maquis ne sont pas centralisés par une organisation et parce que les références idéologiques sont nombreuses. Les formes de luttes sont aussi diverses : attentats, sabotages, presse clandestine, réseaux de soutien… Mais les partis politiques et les syndicats réapparaissent clandestinement et le discours des mouvements de résistance font tous référence à - un combat patriotique : lutte contre l’occupant - un combat idéologique : lutte contre le fascisme è Ainsi les valeurs démocratiques et républicaines sont reprises par tous les mouvements F doc 1 p. 342 -
2°) L’unification de la Résistance par De Gaulle et Jean Moulin : le CNR (1943 – 1944) Face à l’augmentation du nombre de résistants entre 1942 et 1943 et l’importance des actions menées par la Résistance intérieure pour miner l’Allemagne et le régime de Vichy, De Gaulle décide d’unifier les réseaux avec l’aide de Jean Moulin. Cette volonté mène à la création du CNR, Conseil National de la Résistance, le 27 mai 1943. Il rassemble les 8 principaux mouvements de résistance, les délégués de 6 partis de la IIIe République (PCF (extrême-­‐gauche), SFIO (gauche), radicaux (centre laïque), démocrates-­‐chrétiens (Parti Démocrate Chrétien qui devient le MRP en 1944, Alliance Démocratique (droite modérée et laïque) et Fédération Républicaine (droite conservatrice et catholique)) et 2 confédérations syndicales (CGT, CFTC) Le but du CNR est à la fois de mener les actions de la résistance intérieure et de préparer la transition démocratique de la France libérée. Des mesures économiques, sociales et politiques sont proposées. F doc 2 p. 343 Hachette Istra Reconnaissant tous l’autorité du général De Gaulle (même les communistes !), les réseaux intérieurs forment en février 1944 les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur sous la direction de Pierre Koenig). è Ainsi les résistants participent pleinement à la bataille de France. En effet les FFL participent aux débarquements (Afrique du Nord, Provence notamment) et les FFI préparent l’avancée des troupes alliées voire libèrent certaines régions comme le Sud-­‐Ouest de la France B) 1944 – 1946 : Restaurer et approfondir la démocratie au lendemain de la guerre 1°) La création du GPRF afin de restaurer l’unité de l’Etat démocratique. Lors de la libération du territoire français, les tensions accumulées se libèrent et font craindre un éclatement. -
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« l’épuration spontanée » se développe notamment dans les campagnes mais aussi dans les villes contre les individus soupçonnés de collaboration. Cette épuration se fait souvent sans preuve et sans jugement, elle touche les plus faibles comme les femmes (cf femmes tondues). Quelle va être la réaction du PC ? Certains pensent qu’il va entraîner un mouvement de révolution ? Tensions entre le CNR décentralisé entre les différentes tendances et le CFLN (comité français de libération national) centralisé autour de DG Afin de restaurer rapidement l’intégrité et l’unité de l’Etat le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) est créé le 2 juin 1944 et dirigé par le général De Gaulle (en remplacement du CFLN). Dès le 9 août 1944, le GPRF proclame dans une ordonnance que « le premier acte de rétablissement est la constatation que la forme de gouvernement de la France est et demeure la République. En droit, celle-­‐ci n’a pas cessé d’exister ». Il devient l’autorité légitime de la France après la libération de Paris le 26 août 1944. De Gaulle refuse alors de proclamer la République à l’Hôtel de Ville car pour lui la République n’a jamais cessé d’exister, le régime de Vichy étant nul et non avenu. 2°) Le GPRF prend les premières mesures mettant en place un Etat-­‐Providence Rapidement le GPRF s’affirme dans l’espace national en envoyant des commissaires de la République dans chaque département où ils suppriment les comités départementaux de Libération tenus par les Résistants. Le général De Gaulle se déplace lui-­‐même dans les régions où les FFI se sont libérées seules (Sud-­‐Ouest). En décembre 1944 les communistes acceptent finalement la dissolution de leurs milices et soutiennent l’action du GPRF. Le GPRF arrête aussi le mouvement d’épuration spontanée afin de mettre en place l’épuration légale => retour à l’unité nationale par la légalité. Les premières mesures démocratiques élaborées par le CNR sont prises rapidement : droit de vote des femmes en 1944, premières nationalisations, la création de la Sécurité Sociale en avril 1945 par ordonnance ou les comités d’entreprise. Le GPRF permet ainsi la mise en place d’un Etat-­‐Providence (déjà vu dans le thème 1) C) La IVème ou la refondation de la république contemporaine: de l’avènement d’une démocratie sociale à la chute d’un régime incapable de se réformer (1945 – 1958) 1°) les débats autour du nouveau régime et le départ de De Gaulle Le GPRF restaure une démocratie politique : les partis politiques se reconstituent et d’autres, comme le MRP (mouvement républicain populaire) sont créés (nouveau parti démocrate chrétien). Les forces politiques ont énormément évolué : les radicaux sont en baisse, représentant trop la IIIe qu’ils ont longtemps dominés, la droite traditionnelle aussi car collaboratrice avec le régime de Vichy. Cependant le PCF et la SFIO sont les deux grandes forces gagnantes, tout comme le MRP car ils ont résisté. Le gaullisme s’affiche aussi comme un courant politique fort mais qui ne se retrouve pas dans un parti. Après les élections municipales, le GPRF organise un referendum le 21 octobre 1945 pour savoir si les Français veulent retourner à la IIIe République : ils votent massivement contre ; la rupture de la 2GM est profonde. Les Français veulent un régime démocratique et moderne. Une Assemblée constituante est donc élue le même jour. De Gaulle est reconduit unanimement à sa tête. Cependant les désaccords sur la forme que doit prendre le nouveau régime sont profonds. En effet la SFIO et le PCF préfère un régime d’assemblée donnant le pouvoir au Parlement par rapport à l’exécutif quant DG attend un régime présidentiel donnant plus de pouvoir au président de la République au-­‐dessus du jeu politique. De Gaulle démissionne donc le 20 janvier 1946 et quitte officiellement la vie politique. En Mai un premier projet constitutionnel mettant en place un régime d’assemblée est rejeté par les Français. Une nouvelle assemblée est alors élue : le 13 octobre 1946 le projet de régime parlementaire est adopté par 53% des votants (36% des inscrits donc peu d’enthousiasme). 2°) la constitution de 1946 : la fondation d’une démocratie sociale - un régime parlementaire dans lequel l’assemblée nationale a un rôle clé : élue pour 5 ans au SU direct, elle a l’initiative et le vote des lois, elle donne l’ordre du jour, elle investit le Président du Conseil (et donc son gouvernement) et peut le renverser. Le conseil de la République, élu au SU indirect pour 6 ans n’a qu’un rôle consultatif. Le président de la République, élu par le Parlement, désigne le psdt du conseil mais n’a qu’un rôle représentatif. C’est donc l’Assemblée nationale qui dirige les débats et dans laquelle les partis politiques animent la vie politique du pays. - L’Etat-­‐Providence est aussi un Etat planificateur afin d’assurer l’entrée dans la modernité de la France (30 Glorieuses) : la reconstruction économique est terminée au début des années 1950, de vastes programmes de logements sont lancés, le SMIG ou la création des HLM et la troisième semaine de congés payés améliorent les conditions de vie des Français 3°) La chute de la IVe : un régime balloté par les crises internationales Cependant la IV ne parvient pas à surmonter des difficultés internes dans un contexte international très troublé : -­‐ dans le cadre de la Guerre Froide le tripartisme (PCF, SFIO, MRP) d’origine s’effrite : le PCF passe dans l’opposition, doublé du RPF parti gaulliste à partir de 1947 -­‐ la décolonisation : le CNR n’avait pas pensé à l’indépendance, la IV gère pourtant assez bien la sortie de l’empire sauf pour l’Algérie => instabilité ministérielle forte due au régime d’assemblée => crise du 13 mai 1958. III)
DE LA IV A LA V REPUBLIQUE OU LE RENOUVELLEMENT DE LA REPUBLIQUE : UNE NOUVEAU LIEN REPUBLICAIN ENTRE LE PEUPLE ET LE PRESIDENT (1858-­‐1962) A) une crise coloniale et politique déstabilise le régime : la France au bord de l’insurrection Lors du choix de Pflimlin comme président du conseil (démocrate chrétien), une insurrection éclate à Alger le 13 mai 1958 et un comité de Salut Public est créé par une partie de l’armée. Contre Pflimlin favorable à des négociations avec le FLN, le comité de Salut Public réclame le retour du Général De Gaulle. Une grande partie de l’opinion publique française, en Algérie et en métropole, pense que DG est l’homme providentiel qui peut seul sauver la France de la guerre civile. Celui-­‐ci conditionne son retour au pouvoir à un changement institutionnel => le 29 mai, malgré une forte opposition de la gauche, René Coty fait alors appel au général comme président du Conseil et lui demande de former un gouvernement. Le 1er juin DG est investi psdt du Conseil par l’Assemblée et le 3 juin une loi constitutionnelle autorise le gouvernement à réviser les institutions sous certaines conditions (souveraineté populaire, responsabilité du gouvernement devant le Parlement (= régime parlementaire), préambule de la constitution de 1946 et de la DDHC, séparation des trois pouvoirs) B) Une nouvelle constitution à l’image de la politique du général De Gaulle La nouvelle constitution est préparée pendant l’été 1958 par le général lui-­‐même et Michel Debré, garde des sceaux. Ils s’inspirent donc de la loi constitutionnelle de juin 1958 et du discours de Bayeux prononcé en juin 1946 par DG dans lequel il rejetait la prééminence de l’Assemblée et proposait un renforcement de l’exécutif soumis au chef de l’Etat. La constitution est proposée en septembre 1958 : considérée comme particulièrement moderne et permettant de renouveler le lien politique traditionnel dans lequel le Parlement gère la grande majorité de la vie politique, les Français votent massivement en faveur du projet le 28 septembre (referendum). Les grands partis le soutiennent aussi sauf le PCF car le renforcement de l’exécutif permet de mieux gérer la crise. F Attention entre 1958 et 1962 le président de la République est élu par un collège de 80000 électeurs et non au SU direct è le régime reste parlementaire, cad que les trois pouvoirs sont bien séparés et que le gouvernement est responsable devant le parlement qui peut voter une motion de censure. Le psdt peut quant à lui dissoudre l’assemblée. Cependant, grande nouveauté, le psdt est la clé de voûte des institutions (cf « je n’ai pas de prédécesseur »). Elu par un collège de 80000 électeurs, il n’est plus seulement choisi par le Parlement. Il veille toujours au respect de la Constitution, psde le conseil des ministres et promulgue les lois. Il garantit la continuité de l’Etat. Cependant ses nouveaux pouvoirs lui permettent de limiter ceux du Parlement et de contrôler le gvmt : il peut dissoudre l’assemblée, soumettre à referendum certains projets de lois et de prendre les pleins pouvoirs en cas de crise. Il nomme le premier ministre et les ministres sur proposition de ce dernier. Le gouvernement n’est plus investi par l’Assemblée mais est toujours responsable devant elle, « détermine et conduit la politique de la nation ». Il peut procéder par ordonnance cad texte plus précis qu’une loi, élaboré par le gouvernement sans passer par le parlement. Cependant son accord au préalable est requis. L’article 49-­‐3 permet aussi au gouvernement de faire adopter un projet de loi sans débat du parlement. Cependant il reste toujours responsable devant l’assemblée nationale qui peut proposer une motion de censure si elle ne reconnaît plus la politique gouvernementale. Le Parlement, composé des députés de l’Assemblée nationale élus pour 5 ans au SU direct, et des sénateurs, élus au SU indirect pour 9 ans, perd sa prééminence : l’AN conserve l’initiative et le vote des lois, le vote du budget et le contrôle du gouvernement mais elle ne l’investit plus et son pouvoir est contrôlé par l’exécutif. => L’ordre du jour (= thème des débats) est fixé par le gouvernement, l’assemblée nationale n’est plus permanente et elle peut être dissoute par l’exécutif. Innovation gaullienne : le conseil constitutionnel, constitué de 9 membres chargés de veiller à la constitutionnalité des lois et à la régularité des élections. Cela montre aussi le peu de confiance que DG pouvait porter au Parlement. C) La mise en place d’un régime « semi-­‐présidentiel » par la pratique institutionnelle ð les premières élections législatives sont encadrées par une loi promulguée en octobre 1958 car la constitution n’avait pas fixé de mode de scrutin pour l’élection des députés : la France passe ainsi d’un scrutin à la proportionnelle à un scrutin uninominal à deux tours (une seule personne) afin de dégager plus facilement une majorité et d’empêcher l’instabilité politique de la IV (les petits partis apparaissent moins) => l’UNR (union pour la nouvelle République), parti gaulliste, remporte les élections. ð 21 décembre 1958 : DG est élu président de la Rep par 77% des voix du collège électoral. Le 9 janvier 1959, il nomme Michel Debré comme premier ministre (résistant pendant la 2GM, il fonde l’ENA et participe à la vie politique sous la IV rep en tant que membre du RPF. Il participe avec DG à la rédaction de la constitution de la Ve République, puis est nommé Premier ministre jusqu’en avril 1962.) ð le gouvernement formé rassemble beaucoup de hauts fonctionnaires auxquels DG fait confiance et moins de parlementaires. ð S’appuyant sur une majorité stable et large à l’assemblée, un parti s’identifiant au chef de l’Etat (UNR) et l’adhésion des Français, DG façonne par sa pratique des institutions la Ve République en renforçant le rôle de président et en s’imposant comme véritable chef de l’exécutif o
Il impose son autorité à son premier ministre, montrant que le chef de l’Etat est plus important que le gouvernement en terme d’exécutif : il prend à bras le corps la question algérienne et va progressivement vers l’indépendance algérienne (alors que Debré est pour l’Algérie Française), il gère la défense nationale, la politique extérieure (construction européenne) et la monnaie (politique du Franc fort). Le 14 avril 1962 il pousse Debré à la démission alors que la constitution ne lui donne pas ce pouvoir ; il choisit alors G. Pompidou comme successeur, proche collaborateur, qui n’a jamais été parlementaire. o
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Il noue des contacts directs avec les Français : beaucoup de bains de foule, nombreux déplacements en province, grandes interventions retransmises à la radio et à la TV au cours desquelles il explique lui-­‐même les grandes orientations de sa politique aux Français, utilisation des referendums comme lien de confiance mettent en avant le personnage du président contre le Parlement et au détriment du gouvernement. Avec la guerre d’Algérie , il montre que la réalité du pouvoir est à l’Elysée : suite au putsch des Généraux d’avril 1961, il prend les pleins pouvoirs puis mène les négociations jusqu’à l’indépendance. Les accords d’Evian signés en mars 1962 sont soumis à referendum le 8 avril 1962. D) l’aboutissement de la présidentialisation du régime par la réforme institutionnelle de 1962 -
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Attentat du Petit-­‐Clamart le 22 août 1962 par des membres de l’OAS http://www.ina.fr/economie-­‐et-­‐societe/justice-­‐et-­‐faits-­‐divers/video/AFE85009640/l-­‐attentat-­‐
du-­‐petit-­‐clamart.fr.html => DG profite de l’émotion suscitée par cet attentat pour proposer une réforme institutionnelle : le 12 septembre 1962 le projet d’un referendum sur l’élection du psdt de la Rep au SU direct est annoncé. Ce referendum suscite une forte opposition dans la classe politique : tous les partis, à l’exception de l’UNR, refusent à la fois un réforme susceptible de renforcer le rôle du psdt et l’usage abusif du referendum è le 5 octobre les députés votent une motion de censure contre le gvmt. è DG tente alors un coup de force et dissout alors l’assemblée nationale. Les 28 octobre, les Français approuvent la réforme par 62% des suffrages exprimés et les élections législatives anticipées en novembre 1962 donnent une large majorité à l’UNR. La première élection du président de la République au SU direct eut lieu en 1965 => DG réélu au second tour ; CONCLUSION V : La crise du mai 1958 et la guerre d’Algérie ont été un moment de réflexion pour les Français sur le régime politique le plus approprié => importance de l’exécutif afin de régler les problèmes rapidement. DG est alors vu comme l’homme providentiel pour sauver la France d’une guerre civile et le détachement d’une partie de la population du régime républicain. Sa vision particulière de la politique et son attachement républicain lui permette de revenir au pouvoir après un retrait de 12 ans. La constitution mise en place émane d’un compromis entre la vision de DG (importance de l’exécutif et du président de la république) et celle des parlementaires => régime parlementaire. Cependant, c’est par la pratique des institutions entre 1958 et 1962 que DG fait évoluer le régime vers une forme « semi-­‐présidentielle » dans laquelle le président est l’homme fort de la vie politique. Jusque dans les années 1980, lorsque la gauche arrive au pouvoir avec F. Mitterrand, l’opposition se bat contre cette présidentialisation du régime, elle parle de « monarchie républicaine ». Cependant l’alternance a montré que la constitution de 1958 et les pratiques impulsées par DG ont mis en place un régime stable qui a permis à la République française de passer d’une république traditionnelle d’envergure nationale à une république libérale ouverte à l’international. 
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