LA FRANCE DU MILIEU DU XIXème SIECLE A 1914 Rappel : Un pays en profonde mutation sur tous les plans mais qui ne suit pas forcément les mêmes évolutions que ses voisins : -sur le plan démographique ralentissement de la croissance de la population avec une politique malthusienne précoce. -sur le plan économique un pays qui s’industrialise plus lentement que l’Allemagne ou le Royaume-Uni, et qui reste fortement marqué par la ruralité. -sur le plan culturel, un pays qui se considère comme un modèle à exporter et cherche à répandre ce modèle par la colonisation, l’école, l’armée. -sur le plan politique, un pays à la recherche d’une stabilité depuis la Révolution française, faisant alterner des régimes soucieux de conserver les acquis révolutionnaires et démocratiques (1ère République entre 1792 et 1799, 2nde République entre 1848 et 1851), des régimes désireux de rétablir un ordre ancien (Restauration jusqu’en 1830 avec les légitimistes) et des régimes autoritaires recherchant un compromis (monarchie orléaniste bourgeoise de Louis Philippe ou deux empires de Napoléon I et III). Comment les Français font-il face aux changements de toute nature qui affectent leur pays à l’heure de l’industrialisation, et se forgent un destin politique commun en adhérant peu à peu à la culture républicaine ? I- LE CADRE 1914. TERRITORIAL, DEMOGRAPHIQUE ET ECONOMIQUE DE LA FRANCE EN Etude de cas : quels changements affectent le territoire et la population de la France sur cette période ? 1) Le territoire et l’identité de la France sont alors en pleine (re)construction mais ne sont en aucun cas achevés. La frontière orientale de la France évolue. Elle glisse vers l’est au sud, en intégrant le comté de Nice et la Savoie en 1860, mais recule vers l’ouest au nord avec la perte de l’Alsace et de la Moselle consécutive à la guerre perdue par Napoléon III contre les Prussiens en 1870. De même qu’elle est inachevée sur le plan territorial, elle n’a pas encore d’unité linguistique. Une large frange au nord d’une ligne Nancy / Bayonne est pratiquement totalement francophone, mais l’est, le sud-est et la partie sud du Massif central sont encore dominés par des patois locaux (auvergnant, catalan, languedocien et provençal, pensez à Mistral). 2) Il faut distinguer des migrations externes et internes. Les flux migratoires, essentiellement belges et italiens, se portent sur le nord-est et le sud-est, mais aussi avec une prédilection pour les villes qui offrent du travail (Marseille, Lyon, Paris, Lille). Les migrations internes traduisent l’exode rural, les flux partant des petites villes de l’est ou de l’ouest, essentiellement des campagnes du Massif central, et se dirigeant vers la capitale à une écrasante majorité. Ils reflètent et ils suivent les tracés des lignes ferroviaires. Quelques flux existent à l’échelle régionale, de l’Espagne et du pays basque vers Bordeaux, du Massif central vers Lyon, du Toulousain vers le Perpignanais. Externes ou internes, ces flux sont attirés par les pôles urbains de plus de 100 000 habitants. 3)Les régions les plus attractives sont les grandes métropoles ( plus de travail en usines, plus de logements en construction, accès facilité par de nouveaux transports) et les régions récemment attachées au territoire français. Plus de 400 000 Italiens se fixent dans le SE, 130 000 Luxembourgeois, Allemands et Belges se fixent prioritairement autour du Rhin, Espagnols sur le piémont pyrénéen. Donc il existe un désir de proximité. Dans ces régions ces arrivées posent de gros problèmes et nourrissent le racisme et de véritables pogroms comme à Aigues Mortes ou à Lyon en 1893. 4)Un recul de la natalité peut être observé continument, avec une baisse de 35%° à 25%° entre 1800 et 1910, soit une baisse de presque 30%. Cela se traduit aussi par une baisse de l’excédent naturel, donc une croissance modérée de la population à peine compensée par les flux migratoires. Les causes sont multiples : nuptialité en recul (liée à une hausse du célibat pour des raisons salariales surtout) de 5 points, peur de voir mourir ses enfants à la guerre dans le cadre des guerres coloniales ou impériales, changements sociaux avec une modification des structures familiales et une moindre solidarité entre les générations. II- A LA RECHERCHE D’UN NOUVEAU REGIME POLITIQUE (1789-1870) 2nde République Aspects politiques : 2 et 5 p 121 -qui a le pouvoir le Président et son gouvernement élu exécutif ? au SUD -le pouvoir l’Assemblée législative élue au SUD législatif ? -le suffrage pas pour les Républicains modérés universel apparaît- comme J.Grévy qui y voit des dérives il comme monarchiques et la tentation, par le nécessaire à la plébiscite, de reconduire son mandat démocratie ? plus longtemps que prévu. Quels sont principes régime, objectifs ? les -séparation des pouvoirs et principe du admis du suffrage universel direct ses -création des ateliers nationaux pour remettre les chômeurs au travail -abolition de la peine de mort pour les délits politiques -liberté de la presse -esclavage aboli. -fondé sur le progrès, les Lumières, la raison, la préservation des héritages de la révolution française 2nd Empire 2 p 125 l’empereur héréditaire et ses ministres 3ème République 3 p129 le Président du Conseil plus que le Président de la République après 1877, responsable devant le Parlement. Peut dissoudre la Chb La Chb des députés élue au SUD et le Sénat au SUI le Conseil d’tat et le Sénat, dont les membres sont choisis par l’empereur. Le conseil législatif élu n’a que le pouvoir d’accepter les lois et le budget sans les modifier. Faux SUD, le plébiscite, aucune obligation pour l’empereur d’y recourir Pas d’élection du Président au SUD 2 p 126, 6 p 127 : 5 p 141, 4 p 153, 2 et 3 p 142 -un programme profondément libéral, -une politique de paix (rejet de la volonté de réduire les barrières violence), de conciliation des douanières (notamment avec les différents groupes sociaux, de Anglais) compromis chez les -redonner un projet collectif tourné « opportunistes » dès 1881. Le vers la sécurité et la grandeur du but est de rassembler et de pays, avec néanmoins un idéal de fédérer. paix. -une politique de laïcisation -Etat et Eglise catholique forcée et de rejet du cléricalisme indissociable, il parle d’évangéliser les chez les « radicaux » après Français 1901. Une pensée libérale -mise en valeur et aménagement du attachée à la propriété territoire : canaux, ports, voies de individuelle héritée de 1789. chemin de fer -des symboles unanimement -la lutte contre la misère acceptés, la Marseillaise 1 p 122 : antiparlementarisme, la redevenu hymne national en responsabilité des chambres dans 1879, le 14 juillet redevenu Fête l’échec du régime est engagée. nationale 7 p 123 : la violence militaire et -les deux piliers : l’école (lois de judiciaire (2000 morts pendant les 1881) et l’armée Quels sont les hommes forts du régime ? Quels sont principaux adversaires régime ? les du insurrections, 980 expulsions, 5200 -un régime libéral (liberté de la mises en résidence surveillée) presse, liberté syndicale acceptée en 1884) Lamartine, Ledru Rollin, Arago, Blanc 1 p 122 : l’empereur, ancien Président 3 p 153 Gambetta pour les de la République, uni au peuple dans « opportunistes », Waldeckune sorte de communion liée au Rousseau, Clemenceau, plébiscite Combes pour les « radicaux », Emile Ollivier, Villèle, Guizot Poincaré Ils ont tous été exilés après le 2 Victor Hugo par exemple 3 p 153, 5 p129 : les décembre donc ce sont des émigrés. Les républicains d’une manière monarchistes à travers l’hériter générale au trône, le comte de Chambord, qui refuse le drapeau tricolore ; les nationalistes (monarchistes) d’Action française comme Maurras ou Barrès. Quelques socialistes révolutionnaires aussi et surtout les anarchistes qui commettent des attentats. 2nde République Aspects politiques : 2 et 5 p 121 -qui a le pouvoir exécutif ? -le pouvoir législatif ? -le suffrage universel apparaîtil comme nécessaire à la démocratie ? Quels sont les principes du régime, ses objectifs ? 2nd Empire 2 p 125 3ème République 3 p129 2 p 126, 6 p 127 : 5 p 141, 4 p 153, 2 et 3 p 142 1 p 122 : 7 p 123 : Quels sont les Lamartine, Ledru Rollin, Arago, Blanc hommes forts du régime ? Quels sont principaux adversaires régime ? les du 1 p 122 : 3 p 153 3 p 153, 5 p129 : La 2nde République était née en réaction à la dérive autoritaire de la monarchie de juillet (réduction des libertés individuelles et de celle de la presse) et la crise économique née en 1846. Le 22 février, l’interdiction d’un banquet de l’opposition tourne à l’insurrection, lors de laquelle la Garde nationale fraternise avec la foule. Le roi Louis-Philippe abdique. La France reste cependant très rurale, conservatrice et modérée, et voit encore dans beaucoup de républicains les « rouges » qui lui rappellent la terreur de 1793. Hostile aux idées de Blanc ou Proudhon, l’assemblée ferme les ateliers nationaux ce qui conduit à une seconde révolution du 23 au 26 juin dans les quartiers est de Paris. Des lois contre la presse sont votées, Cavaignac réprime durement les insurgés. En rassurant les notables et les ouvriers grâce à un discours social, LNB se fait élire avec 74% des voix. Il poursuit la politique du « Parti de l’ordre », conservatrice, assure à l’Eglise une forte place dans l’enseignement par la loi Falloux de 1850, et restreint le corps électoral (obligation de résidence de 3 ans). L’assemblée refusant de réformer la constitution pour qu’il bénéficie d’un second mandat, il entreprend un coup d’Etat en 1851. La constitution reconnaît les acquis de 1789 et donne au Prince Président d’immenses pouvoirs. L’empire est rétabli le 2 décembre suivant. Le 2nd Empire apparaît comme une expérience originale assimilable à un césarisme démocratique où l’exécutif cherche à s’assurer le soutien du corps électoral par plébiscite. Il est détenteur de tous les pouvoirs, a le soutien de l’Eglise et de l’armée et s’affirme comme le défenseur de l’ordre. Les chefs de file de l’opposition sont exilés. Même s’il existe une candidature officiel, il contribue dans une certaine mesure à l’éducation politique des masses. L’Empire se libéralise après 1864 (grèves tolérées, libre échange…), l’opposition républicaine perce en 1869, la liberté de la presse et de réunion se confirme. Mais l’empire s’effondre avec la défaite contre la Prusse (guerre mal préparée déclarée en juillet) ; le 4 septembre les républicains déchoient l’empereur de son titre. Un gouvernement de défense nationale tente de faire rempart aux Prussiens, dirigé par Gambetta, mais le gouvernement capitule. Bismarck exige que la défaite soit acceptée par un gouvernement légitime, donc par une assemblée élue le 8 février. Commence alors une commune insurrectionnelle à Paris quand Thiers, nouveau Président, doit négocier le traité de Francfort (10 mai 1871). Installée à Versailles, l’AN prive Paris de son rôle de capitale. Le 28 mars les insurgés s’emparent de l’Hôtel de Ville de Paris. Le 31 août la loi Rivet fait de Thiers un Président de la République, ce qui affirme le caractère parlementaire du régime. Comme en 1792, comme en 1848, la République naît d’une crise (la guerre contre la coalition vaincue à Valmy en 1792, la défaite de la monarchie bourgeoise conservatrice en 1848, la conséquence de la défaite du 2 nd Empire). Mais pour une fois elle ne s’achève pas par un coup d’Etat, quoique la menace revient à plusieurs reprises (épisode de la Commune, épisode de Boulanger, pendant l’affaire Dreyfus). Du moins pas pour l’instant. Elle meurt néanmoins par un quasi coup d’Etat, légal, le retour de Pétain en juin 1940. Et c’est en fait le Parlement qui suicide la République en confiant les pleins pouvoirs à Pétain. III- L’ENRACINEMENT DE LA CULTURE REPUBLICAINE A TRAVERS LES CRISES (18701914) 1) La défaite et la Commune. Etude de documents. 1/Selon J.Ferry les causes de la Commune sont : -la mentalité du peuple de Paris qu’il décrit comme étant en insurrection permanente en référence aux épisodes d’octobre 1789, de 1793-1794, de 1830 et de 1848. -la défaite contre la Prusse et l’humiliation. -l’occupation de Paris perçue comme une possible cause de la décapitalisation de Paris au profit de Versailles. Les actions menées par les parisiens : barricades pour empêcher les « Versaillais » après les « Prussiens » de passer avec la garde nationale mais aussi des civils ; on y amène même ses enfants. 2/ les aspirations des communards : -aspiration à la démocratie directe et représentative : élection de délégués au conseil municipal -suppression de l’armée permanente au profit d’une garde nationale -laïcisation de la vie politique avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat, lutte contre le cléricalisme et destruction de l’enseignement catholique (jésuitisme) -hostilité au peuple prussien -plus d’égalité dans les salaires avec l’établissement d’un maximum -instruction primaire gratuite, publique, obligatoire 3/présentation des Versaillais comme des monarchistes (vêtus comme Louis XIV) symbolisant l’union de la religion et de l’Etat, et la centralisation mais aussi la perte pour Paris du statut de capitale. Présentation des Parisiens comme étant les authentiques républicains, symbolisés ici par Marianne. 4/-Thiers dit avoir le soutien du peuple de France que lui a confié le suffrage universel -présentation des communards comme des socialistes révolutionnaires ( drapeau rouge), en reprenant la vieille opposition entre 1789 (révolution bourgeoise soucieuse de préserver la propriété individuelle) et celle de 1793 (égalitarisme conduisant à la Terreur, « dérive » révolutionnaire). Ici Thiers se situe dans le premier camp, les communards dans le 2nd. -il en fait à la fois les responsables de la crise économique et politique, expliquant qu’ils nuisent à la croissance alors que l’on entre dans une phase de ralentissement de la croissance, et que les Prussiens refusent de quitter le territoire. Il en fait les responsables de la guerre alors que la responsabilité revient au 2nd empire. -il les accuse enfin de rechercher une guerre civile et donc une révolution, et dit ainsi œuvrer pour la paix et la conciliation. 5/outre les morts au combat l’auteur insiste sur les exécutions sommaires et les morts indirects de la guerre (estimation à 20 000 morts ramenée par les historiens à 10 000). Il insiste sur le rôle de l’Eglise et l’hypocrisie d’un régime qui se prétend solidaire et charitable alors qu’il a conduit le pays au bord de la guerre civile. Du 21 au 28 mai, lors de la semaine sanglante l’armée versaillaise rassemblée par Thiers reconquiert la capitale, au prix de 10 000 à 20 000 morts (y compris parmi les Parisiens qui exécutent des otages et mettent le feu aux quartiers pour ralentir la progression des Versaillais). Le mouvement socialiste est décapité. Parmi les grands noms de la Commune, Louise Michel qui participe avec l’extrême-gauche à une tentative d’insurrection contre le gouvernement de défense nationale. Elle se bat sur les barricades et se livre aux Versaillais qui ont arrêté sa mère à sa place, elle est condamnée à la déportation pendant 7 ans en Nouvelle Calédonie. Institutrice, elle participe à l’instruction des kanacks. Amnistiée en 1880, elle défend les idées anarchistes. 2) La crise du 16 mai 1877 et le boulangisme. -le 16 mai 1877 : la République s’installe avec les lois républicaines de 1875 et l’amendement Wallon adopté à une voix confirme le rôle du Président de la République. Les lois ne tranchent pas réellement entre le pouvoir exécutif et législatif fort, le régime reste en construction. En mars 1876 les législatives donnent la majorité aux républicains conduits par Gambetta qui ont désormais séduit le monde rural. Mac Mahon monarchiste prend le premier prétexte pour dissoudre la Chambre républicaine le 16 mai 1877. Pourtant Gambetta affronte le Président (quand le peuple aura fait entendre sa voie souveraine il faudra se soumettre ou se démettre) et les élections d’octobre confortent les républicains. Le Président doit reconnaître le régime parlementaire et démissionne fin janvier 1879. -le boulangisme est d’abord un homme, une pratique avant d’être une idée : l’antiparlementarisme qui se développe autour de ce général en 1885-1889 revient dans un climat de scandale politique (vente de décoration par le gendre du Président de la république). Plusieurs fois députés il réclame une révision constitutionnelle et l’instauration d’un exécutif fort. Il refuse de suivre ses partisans qui réclament un coup d’Etat, part en Belgique et se suicide sur la tombe de sa maîtresse. 3) L’Affaire Dreyfus. Etude de documents. 1/1894-95 : découverte de la trahison et tentative de régler en interne l’affaire, sur le plan militaire, en dégradant Dreyfus 1896-1898 : suite à la découverte du vrai coupable, l’affaire est rendue publique et des intellectuels et associations tentent d’obtenir la réouverture du procès. 1899-1906 : devant la fracture de la France entre Dreyfusard et Antidreyfusard, alors que la France est menacée de coup d’Etat, le Président gracie le capitaine. 2/ journal de Drumont, le pape français de l’antisémitisme : salle, pouilleux, avide, voleur, tares physiques (nez, oreilles, poils), souci d’enrichissement… 3/ -lutte contre l’injustice, les vrais coupables sont connus selon Zola, outre Esterhazy ceux qui ont tenté d’étouffer l’affaire, Mercier, Billot, Boisdeffre, Gonse et surtout Paty du Claim. Tous sont chefs d’état major ou ont été Ministres de la guerre pendant la période considérée. -omerta dans la « grande muette », idée que l’armée ne peut s’être trompée et préfère condamner un innocent. -au nom de la République et de l’égalité ( thème de la balance), des droits de l’homme qui les pousse à condamner l’antisémitisme (naissance de la LDH) -lutte contre une certaine presse d’opinion qui ne respecte pas la déontologie journalistique 4/lèse-humanité, lèse-justice, faiblesse d’esprit il est condamné en procès et s’exile, la raison d’Etat renvoie à un régime personnel ou autoritaire, monarchique ou impérial, et pas à une démocratie dans un Etat de droit. 5/les valeurs républicaines de tolérance et d’égalité imposent la nécessité d’un procès juste. C’est une crise morale et politique qui a failli provoquer un coup d’Etat car pour les anti-dreyfusards le retour sur le jugement dénotait un acte de faiblesse de la République, et un affront fait à l’armée qui symbolisait la grandeur et l’unité nationale (qui n’avait pas été remise en cause depuis la Commune). Face à la menace d’un coup d’Etat nationaliste, les républicains se regroupent en 1899 au sein d’un gouvernement de défense républicaine dirigé par Waldeck Rousseau, qui comprend des radicaux et pour la première fois un socialiste, Millerand. La République après cette affaire est associée à l’idée de justice et de droits de l’homme, au refus du racisme et de l’anti-sémitisme. 4) Comment s’opère le ralliement à la République ? Les ennemis de la République vont se rallier en deux temps -Par l’encyclique « inter sollicitudines » en 1892 le pape demande à ses fidèles d’accepter la République, de se plier à ses lois (laïques) car l’histoire de l’humanité montre que l’on ne peut pas indéfiniment refuser la modernisation des institutions politiques. Il en va aussi de l’unité de la société française. Léon XIII, chef spirituel de l’Eglise catholique romaine et chez de l’Etat du Vatican avait aussi souvent dénoncé les excès du capitalisme (rerum novarum) et souhaitait une intervention accrue de l’Etat dans le domaine économique. -les socialistes et des nationalistes se rallient eux au moment de la 1°GM dans le cadre de l’Union sacrée contre le péril allemand, en mémoire de l’Alsace Moselle et de l’humiliation infligée par Bismarck en 1870. Ce ralliement passe par une sociabilité républicaine, fondée sur des rites, des fêtes et des symboles : la Marseillaise redevient hymne national en 1879, le 14 juillet devient Fête nationale en 1880 et célèbre la chute de la Bastille, Marianne devient l’allégorie de la République. Les lieux sont aussi symboliques : le Palais Bourbon fait ainsi office de temple de la démocratie. Les -républicains fréquentent des cafés, des cercles ou associations, comme les libre-penseurs et la francmaçonnerie. Des lieux sont également reconquis comme l’église Saint Geneviève devenue Panthéon en 1880, où les grands hommes sont enterrés. Des saints laïques sont honorés comme V.Hugo, qui reçoit des obsèques nationales. En 18891890 sont édifiés autant de lieux de commémoration de la République que dans toute la période 1880-1900. L’armée est aussi garante de cette unité nationale : elle fait se rencontrer des jeunes conscrits issus de tous horizons, de toutes cultures, de tous niveaux sociaux. En 1911 la loi ramène à 3 ans le service militaire pour compenser le ralentissement démographique qui met notre armée en infériorité numérique par rapport à celle des Allemands. Peu à peu les efforts pour consolider le socle républicain paient ; on peut dire qu’en 1914 la culture républicaine est enracinée en France autour de quelques convictions fortes : -faire vivre l’héritage de 1789 lui-même ancré dans la culture des Lumières du XVIIIè siècle. Les Républicains sont guidés par la Raison, possèdent des droits inaliénables. Dans la pratique ils défendent le parlementarisme ; le pouvoir appartient à une assemblée élue au suffrage universel masculin. Le législatif l’emporte sur l’exécutif puisque l’exécutif émane du législatif. Ces républicains veulent promouvoir le républicanisme par l’école, autre héritage révolutionnaire. -l’Ecole doit en effet faire des Français pour consolider la nation. Tous doivent avoir une même perception du cadre national, les mêmes références historiques, les mêmes langues. Les leçons de morale diffusent les valeurs républicaines. Il faut échapper à toute tutelle religieuse : la loi Goblet de 1886 oblige aux instituteurs d’avoir une formation laïque dans les écoles supérieures. L’ascension sociale provient de l’obtention d’un diplôme de premier cycle, le certificat d’études. Le secondaire reste alors payant et élitiste : en 1913 il n’y a que 7 733 bacheliers ; seuls quelques boursiers issus des classes populaires peuvent ainsi s’en sortir. -organiser la vie politique et notamment associative (loi de 1901 à l’origine aussi de la naissance des grandes familles politiques notamment la SFIO en 1905 autour de Jaurès), la liberté de la presse facilite l’émergence d’une culture et d’une presse politique (l’Humanité). -laïciser la république en 3 temps : 1/ en 1904 interdiction des congrégations religieuses 2/ en 1905 loi de séparation des Eglises et de l’Etat (en fait ce n’est pas une loi discriminante mais une loi d’équilibre3/ inventaire et saisie des biens d’Eglise en 1906. Cette politique anticléricale est menée par le ministère Combes. Néanmoins les adversaires de la République demeurent et profitent de ses fragilités. -Depuis 1879 le Président (J.Grévy renonce d’ailleurs à utiliser son droit de dissolution) et le pouvoir devient vite la cible des adversaires du parlementarisme, essentiellement les anarcho-syndicalistes qui pratiquent l’attentat direct : bombe de Vaillant à la Chambre des députés en 1893, assassinat de Carnot à Lyon en 1894… D’où des lois « scélérates » de réduction des libertés individuelles en 1894. En 1895 est créée la CGT par la Charte d’Amiens pour défendre les salariés et établir la dictature du prolétariat : des affrontements très violents ont lieu en 1908. -Les ligues d’après guerre (souvent dérivées d’associations d’anciens combattants) tentèrent en vain un coup d’Etat le 6 février 1934 en marchant sur le Palais Bourbon mais le mouvement ne trouva pas d’unité ni de leader. -des cléricaux convaincus voulant que la religion continue d’organiser la société