Edited excerpts from the Parliamentary Commission held in June

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Psychologists and the assessment of mental disorders.
Edited excerpts from the Parliamentary Commission held in June 2009, Consultations
particulières sur le projet de loi n° 21 ― Loi modifiant le Code des professions et d'autres
dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines
Full text available in Les travaux parlementaires, 39e legislature, 1re session, Le Journal
des débats, or
at :http://www.assnat.qc.ca/Archives/fra/39Legislature1/DEBATS/journal/ci/090611.htm
Ordre des psychologues du Québec (OPQ)
Mme Charest (Rose-Marie): ...M. le Président. Je suis Rose-Marie Charest, je suis présidente
de l'Ordre des psychologues puis je suis accompagnée, à ma gauche, de Dr Martin Drapeau,
qui est psychologue, qui est professeur-chercheur à McGill, au Département de psychologie et
de psychiatrie; à sa gauche, Pierre Desjardins, qui est responsable de la qualité de la pratique à
l'Ordre des psychologues, mais, malgré qu'il apparaît un peu jeune, il a une longue carrière de
psychologue clinicien derrière lui; et, à ma droite, Me Édith Lorquet, qui est conseillère juridique
à l'Ordre des psychologues et qui a travaillé dans la modernisation des professions en santé
physique, lorsqu'elle était avocate au Collège des médecins, et en santé mentale avec nous.
Donc, c'est quelqu'un qui connaît très bien tout ça.
Merci de nous accueillir. Merci de nous permettre de faire une synthèse. Je peux vous dire que,
et ça a été mentionné plusieurs fois pendant cette commission, l'Ordre des psychologues
appuie sans réserve le projet de loi n° 21, puis je vais vous expliquer pourquoi. C'est rare, ça,
appuyer sans réserve un projet de loi.
(…)
Mme Charest (Rose-Marie): Le but d'évaluer, c'est pour savoir quoi faire après. Si on a
donné... Si on reconnaît les compétences des psychologues dans l'évaluation des troubles
mentaux, mais qu'une fois que les psychologues ont évalué ces troubles mentaux ils ne
peuvent pas agir davantage dans la fluidité du système, bien, notre objectif de base, qui est
d'augmenter l'accessibilité, là, on le perd. Et c'est dans ce sens-là. Et je pense qu'on a
suffisamment de garanties, et je passerai la parole à mon collègue Martin Drapeau pour ce qui
est de la recherche tout à l'heure... mais on a suffisamment de garanties à l'effet que le
psychologue qui procède à son évaluation psychologique n'a pas un risque d'erreur plus grand
et qu'il va faire appel aux autres professionnels, au besoin. Veux-tu rajouter?
M. Drapeau (Martin): Oui. En fait, la question du diagnostic, c'en est une qui est extrêmement
intéressante. Je pense qu'on peut l'aborder sous deux angles, il y a deux volets, en fait.
Le premier, c'est de dire, et c'est un peu la position de l'AMPQ, donc des psychiatres, c'est de
dire que le psychologue ne serait pas suffisamment sensible finalement à la dimension
physique. Évidemment, c'est tentant, en tant que psychologue, de répondre que la formation,
donc, c'est une formation, avec le doctorat, qui prend (…) de sept (à) 10 ans (…) de formation
universitaire, ça nous permet, selon moi, d'être sensible à la dimension physique, et mon
premier réflexe, ce serait de vous dire que je suis personnellement convaincu - vous me posez
(la) question-, je suis personnellement convaincu que le psychologue est suffisamment sensible
à la dimension physique. Maintenant, c'est ma conviction. Et puis d'autres personnes peuvent
avoir d'autres convictions, chacun a ses croyances, évidemment. Et ce qui est le plus important,
je pense, c'est que, pour éviter de s'embourber dans une situation comme ça où deux
croyances peuvent s'affronter... c'est de s'appuyer sur des données, donc des données
probantes et ce qu'indique la recherche.
(…) nous avons répertorié les recherches qui ont porté sur le sujet, on en a trouvé une demidouzaine, et puis chacune des six études qu'on a trouvées démontre que le psychologue est
effectivement suffisamment sensible à la dimension physique. Maintenant, ce n'est pas tout,
parce qu'il y a un deuxième volet, le deuxième volet, -et c'est la conclusion des psychiatres-,
c'est de dire que, parce que le psychologue ne serait pas suffisamment sensible à la dimension
physique, on peut remettre en question la validité de son diagnostic. Donc, son diagnostic
serait... son évaluation du trouble mental pourrait être remise en question. J'ai trouvé deux
études, (…)... deux études avec une méthodologie douteuse, les deux avec un petit échantillon,
une première (…) qui démontrait que les (conclusions des) psychiatres seraient plus valides,
dans leur évaluation du trouble de la schizophrénie, une deuxième qui démontre que les
(conclusions des) psychologues seraient plus valides dans leur évaluation des troubles
dissociatifs. Donc, deux études. Ce sont les deux exceptions. La quasi-totalité des études, donc
15 autres études, démontrent qu'il n'y a absolument aucune différence dans la validité des
diagnostics posés par le psychologue et le psychiatre.
Ce qui est plus intéressant aussi, parce qu'on a parlé beaucoup de l'autisme ce matin, c'est qu'il
y a eu une étude (…) d'envergure qui a été menée, qui s'appelle DSM-IV Field Trial on Autism,
donc une étude sur l'autisme. (…) il y avait plusieurs volets évidemment à cette étude-là, et un
des volets, c'était de comparer la validité des diagnostics posés par différents professionnels. Ils
ont comparé, entre autres, le psychologue, le psychiatre et une infirmière surspécialisée en
psychiatrie. Ils n'ont trouvé en fait aucune différence dans la validé des diagnostics, si bien
qu'ils ont conclu que la formation pour les professionnels que je viens de citer n'avait pas d'effet
sur la validité des diagnostics qui étaient posés.
Et je suis convaincu... En fait, pour tout vous dire, les chercheurs ne s'intéressent plus du tout
aujourd'hui à savoir qui peut ou ne (peut pas) poser un diagnostic, c'est vraiment de savoir (…),
parmi ceux qui posent un diagnostic... comment procèdent-ils pour arriver à une conclusion
valide. Donc, c'est vraiment le côté expertise et puis le modus operandi, le raisonnement
clinique qui intéressent les chercheurs. Et je suis convaincu que c'est pour ces raisons-là que
justement, (on en a fait mention, si) on regarde les données qu'on a de disponibles, depuis
1997, il n'y a aucune réclamation, aucune plainte à l'endroit d'un psychologue pour des erreurs
quant au diagnostic, pour avoir omis aussi de référer à un autre professionnel quand l'intérêt du
patient l'exigeait. Il n'y a aucune plainte, aucune réclamation aussi vis-à-vis un psychologue, à
l'endroit d'un psychologue pour avoir omis la dimension physique.
Et je suis convaincu aussi que c'est pour cette raison-là que partout en Amérique du Nord, dans
toutes les provinces canadiennes, c'est la même chose. On en a fait mention ce matin. Dans
toutes les provinces canadiennes, aux États-Unis, personne ne remet en cause la capacité du
psychologue à (…) procéder à l'évaluation des troubles mentaux.
(…)
Mme Doyer: ...tu sais... Et, moi, là, on peut bien badiner, mais la psychologie, la
psychothérapie, ce champ-là, là, c'est employé à toutes les sauces. Alors, mon Dieu, merci
d'avoir un projet de loi qui va amener un peu de police, mais dans le bon sens du mot «police»,
par rapport à ça et de faire en sorte que, par rapport à des troubles mentaux, par rapport à des
problématiques extrêmement difficiles telles que la dépression, le suicide, tout ça, que les gens
puissent partager mieux au niveau de, je dirais... des douleurs qui touchent les gens. Et on l'a
vu avec l'exemple patent, O.K., celui du TED-autisme, hein? Et, moi, je voudrais que vous nous
disiez ce que vous pensez de ce qu'a dit un des psychiatres ce matin qui a dit: Le plus, le
mieux. Il n'y a rien qui prouve ça, le plus, le mieux, hein?
Puis, moi, je disais: Bien là, c'est toujours bien mieux de commencer à quelque part quelque
chose. Mais j'aimerais ça que vous nous disiez ce que vous pensez de ça parce que, vous,
vous intervenez beaucoup avec des équipes dans différents hôpitaux très spécialisés, avec des
gens. Il y a une dame qui est dans la salle aussi, qui travaille beaucoup avec les
problématiques TED, d'enfants TED, autisme, et tout ça. Qu'est-ce que vous avez à dire de ça?
Parce qu'on dirait qu'on nous a un petit peu déstabilisés par rapport aux bons gestes à faire,
mais, regarde, des fois, là, si ce n'était pas si bon que ça, pourquoi tout le monde veulent ça...
Mme Charest (Rose-Marie): Vous faites bien...
Mme Doyer: ...le 20, 25 heures d'intervention, puis de mettre le doigt sur le bobo comme il
faut?
Mme Charest (Rose-Marie): Vous faites bien de le rappeler, qu'un tel projet de loi suscite des
inquiétudes, comme tout changement suscite des inquiétudes, mais on perd de vue le fait que,
quand on en est venus à proposer des changements, c'est parce qu'il y avait un énorme besoin
de changement.
Vous savez, une personne qui est fragilisée dans sa santé mentale, c'est une personne qui est
prête à accrocher une bouée. Quand on souffre, donne-moi une bouée, je vais y croire. Or,
dans notre domaine, un professionnel responsable ne lance pas des bouées, il utilise, bien sûr il
tend la main, mais il utilise une démarche intellectuelle, une démarche scientifique qui lui
permet non seulement d'évaluer les troubles mentaux, mais d'être capable de faire le lien entre
ce qu'il perçoit comme étant le trouble et le type de traitement qui risque d'être efficace pour
cette personne-là. Or, ce qu'il y a de plus dramatique actuellement, c'est que vous avez des
gens, vous avez utilisé le mot «charlatan», et je pense que vous n'exagérez pas, mais vous
avez des gens qui, sans même être des charlatans, ils ont une trouvaille, eux autres, ils ont une
technique, puis la technique, elle va sauver tout le monde. Et, quand vous êtes fragilisés et
quelqu'un vous dit: Moi, ma technique, là, et ceux qui ont vu l'émission Enjeux il y a quand
même... ça commence à faire plusieurs années ont vu ça, moi, ma technique, elle va te guérir
de ta dépression dans deux semaines...
Il n'y a aucun professionnel parmi nous qui est capable de dire quelque chose comme ça. On
est moins séduisants que le charlatan parce que, le patient, on est obligés de lui dire: Écoutez,
ça va être exigeant, puis c'est ça. Mais par contre on risque plus de l'aider à long terme. Moi, en
tout cas... on prend les mesures pour ne pas lui faire de tort.
Donc, ce que je voudrais ajouter à ça, c'est qu'il y avait une espèce de confusion, à un moment
donné, de penser que, parce que les psychologues allaient faire l'évaluation des troubles
mentaux, dans le cas du TED, par exemple, qu'ils allaient recommander le même traitement à
tous les enfants. Ce n'est pas ça. En tout cas, nous, on ne va sûrement pas appuyer ça. C'est
que la même démarche qui permet à quelqu'un de bien évaluer quelle est la problématique qui
est devant lui doit être poursuivie au-delà de ça pour évaluer quels sont les services et les
traitements qui existent et comment on peut faire la jonction entre les deux. Veux-tu ajouter
quelque chose?
M. Drapeau (Martin): Non, je pense que l'accent... il faut mettre l'accent là-dessus. Il y a eu
confusion, je pense, dans la présentation qu'on a entendue précédemment. On ne recommande
pas un traitement particulier. Ça, c'est la prérogative de l'expert clinicien, l'expert chercheur
aussi, qui, lui, en fonction des données qui sont disponibles, va déterminer quel est le meilleur
plan de traitement à la fois en termes d'intensité, en termes de durée et en termes de moment
le plus opportun pour l'offrir, ce traitement-là. Ça, c'est une question purement scientificoclinique, ce n'est pas particulièrement lié au projet de loi.
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