Cahier de texte Seconde 1

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COURS DE TERMINALE OPTION SES
CHAPITRE 2 :
PROGRES TECHNIQUE ET EVOLUTION ECONOMIQUE (JOSEPH SCHUMPETER)
INTRODUCTION
Thème
Auteur
Progrès technique et Joseph SCHUMPETER
évolution
économique
(Capital, investissement
et progrès technique)
Concepts
Actualité de la pensée
et prolongement
Innovation,
R&D,
taille
des
entrepreneur, cycle long, entreprises, irrégularité
destruction
créatrice, de la croissance
rente de monopole
Ce thème et cet auteur sont associés à l’axe « Capital, investissement et progrès technique » du
programme du tronc commun.
On retiendra de Joseph SCHUMPETER l’idée que l’évolution consiste en deux types distincts mais
étroitement liés de phénomènes : la croissance et le développement, quand ce dernier est défini comme ce
changement qualitatif « spontané et discontinu » induit par le processus économique. On s’attachera à
mettre en valeur le rôle que SCHUPETER attribue à la figure de l’entrepreneur et aux formes imparfaites
de la concurrence. On montrera également le lien qu’il établit entre les innovations et le caractère cyclique
d’une évolution économique rythmée par le processus de destruction créatrice, mais se soldant par un
accroissement de la richesse.
L’actualité des analyses de Joseph SCHUMPETER et ses prolongements contemporains seront étudiés en
s’interrogeant sur l’importance de la R&D (recherche et développement), les effets de taille des
entreprises sur l’innovation et sur la persistance des cycles économiques liés aux changements
technologiques.
I- L'IMPULSION DU SYSTEME ECONOMIQUE : L’ENTREPRENEUR INNOVATEUR
Joseph Alois SCHUMPETER (1883-1950) est un économiste autrichien. Initié à l'économie par les
néoclassiques Autrichiens, Joseph SCHUMPETER est très éclectique dans ses sources d'inspiration : il
est considéré comme un hétérodoxe. Sans rejeter l'analyse statique de la théorie de l'équilibre général, il a
consacré une partie essentielle de son œuvre à l'analyse de l'évolution du capitalisme. Il met en avant le
rôle majeur des innovations dans l'impulsion, la mise en mouvement de l'économie sous l'action de
l'entrepreneur
I.1- L'innovation : de l'économie stationnaire à l'évolution économique
L’économie stationnaire :
Joseph SCHUMPETER prend comme point de départ la modélisation d'une économie stationnaire nommé
circuit économique dont les différents éléments structurels se reproduisent à l'identique. Il s'agit d'une
représentation simplifiée de la vie économique et des relations qui se nouent entre les agents
économiques. La logique de ce circuit économique est celle de l'équilibre général chère à Léon
WALRAS : les mouvements adaptatifs des prix assurent l'adéquation entre les différentes variables
économiques et chaque facteur de production est rémunéré à son prix. Ce circuit économique est
caractérisée par la libre concurrence, la propriété privée et la division du travail entre les agents. Ces
derniers qui agissent en fonction de leur expérience passée n'introduisent aucune rupture fondamentale
dans leurs comportements et les relations économiques en place. Les méthodes de productions et les
pratiques de consommations restent stables et l'offre s'égalise à la demande par le jeu de prix de sorte que
l'allocation des ressources est efficiente. Les comportements routiniers et les mécanismes adaptatifs
conduisent à l'état stationnaire.
Joseph SCHUMPETER considère Léon WALRAS comme l'un des plus grands économistes, cependant il
commence son analyse là où ce dernier l'a arrêtée.
L’évolution économique :
Cette routine de l’équilibre stationnaire est brisée, selon Joseph SCHUMPETER, par l'entrepreneur et ses
innovations. Ainsi l'évolution ne peut venir d'une modification quantitative (hausse de la production ou du
capital), la transformation du système ne peut être que de nature qualitative. Joseph SCHUMPETER
montre que le facteur déterminant de cette évolution est l'innovation. Celle ci est au cœur non seulement
du processus de croissance mais aussi de transformations structurelles plus importantes.
L’innovation :
L’innovation correspond à la mise en ouvre effective, opérationnelle, d’une découverte ou invention, dans
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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le domaine économique ou commercial. On regroupe en général les innovations en deux catégories : les
innovations de produit et les innovations de procédé. Mais Joseph SCUMPETER , étendant le concept,
distingue en fait cinq sortes d'innovations : (1) la fabrication d'un bien nouveau (par exemple le
téléviseur), (2) l'introduction d’un processus de production nouveau (par exemple la machine à
tisser pour le textile), (3) l'ouverture d'un débouché nouveau (par exemple l’ouverture du marché
chinois), (4) la conquête d'une source nouvelle de matières premières (par exemple les matières
synthétiques pour l’habillement) et (5) la réalisation d'une nouvelle «organisation» ou d'une
nouvelle situation (par exemple l’organisation Fordiste des Trente Glorieuses).
Pour SCHUMPETER, seule l'innovation est créatrice du profit par l'apparition d'un monopole
provisoire.
Support pédagogique :
Document A : Document 4 page 15, « SES Spécialité TES », Magnard, 2003
L’innovation source de l’évolution :
Le rôle de l’innovation rend obsolète l'analyse des économistes, trop statiques : « Le problème
généralement pris en considération par les théoriciens [...] est celui d'établir comment le capitalisme gère
les structures existantes, alors que le problème qui importe est celui de découvrir comment il crée puis
détruit les structure ». En effet, l'innovation détruit les produits, les techniques et les marchés obsolètes et
en créent de nouveaux : la « destruction créatrice » permet la croissance grâce à l'investissement qui en
résulte et surtout génère l'évolution du capitalisme (en opposition avec l'économie de circuit).
Les grappes d’innovation à l’origine du processus de croissance :
Une grappe d’innovation désigne un nombre important d’innovations qui surviennent durant une même
période car elles sont dépendantes. Les innovations arrivent par grappes ou essaims et se généralisent par
diffusion entraînant le circuit économique dans une évolution cyclique. Il faut un effet de synergie pour
ces innovations nécessitant deux conditions : une véritable rupture technologique avec le processus de
production précédent et il faut d'autre part que ce développement d'industries nouvelles puissent
déclencher une vague secondaire d'essor caractérisée par la diffusion de pouvoir d'achat dans l'économie
ce qui revient à une augmentation de la demande. Ainsi, une innovation dans un secteur crée des goulets
d’étranglement (déséquilibre dû aux différences de capacités productives de deux secteurs liés entre eux)
dans les secteurs complémentaires (une innovation dans le tissage nécessite par exemple une innovation
complémentaire dans le tissage) qui sont ainsi inciter à innover.
Suite à une innovation majeure, la grappe se constitue par apport d'innovations mineures par les imitateurs
(attirés par les profits potentiels). Mais la généralisation de l'innovation et l'accroissement de la production
dans ces branches entraînent une baisse du profit. Jusqu'au moment où par le jeu de la concurrence entre
entrepreneurs les perspectives de profits apparaissent de plus en plus faibles et le risque de plus en plus
élevé. Dans ces conditions l’impulsion finit par s'épuiser : les entreprises les moins solides disparaissent,
c'est la dépression caractérisée par SCHUMPETER de processus normal, de résorption et de liquidation
de l'économie. Ainsi par la crise va se mettre en place un nouveau processus productif qui générera à son
tour de nouveaux profits. L'évolution économique est alors cyclique.
Les grappes d'innovation à l'origine du processus de croissance porte en elles les conditions de la
dépression : « La seule cause de la dépression c'est l'essor » : ainsi l'explication de la dépression trouve
l'explication dans les racines de l'essor. Joseph SCHUMPETER a une vision optimiste des crises : par
elles passe l'évolution et donc la croissance. Ainsi, il définit la croissance comme un « processus de
destruction créatrice qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique en détruisant
continuellement les éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs ».
L'acteur central de cette évolution est l'entrepreneur.
Illustration des formes d’innovations distinguées par SCHUMPETER :
- Nouveau produit : le téléphone portable face au fixe, ou four micro-onde face au four traditionnel
- Nouveau procédé de production (innovation de procédé) : le télé-travail face au travail au bureau ou la
vente par correspondance est passée du minitel à internet
- Nouvelle organisation de la production (dans les unités de production) : passage du « domestic system »
au « factory system », ou passage de l’OST au toyotisme
- Nouveau marché ou débouché : les PC gagne la clientèle domestique, ou les producteurs automobiles
japonais gagnent le marché européen
- Nouvelle source de matière première ou énergie : le passage du pétrole au nucléaire pour produire de
l’énergie, ou le passage des fibres naturelles au synthétique dans l’industrie de l’habillement
Exemples d’une innovation majeure ayant entraîné des innovations mineures.
- Exemple 1 : Innovation majeure liée aux entrepreneurs innovateurs pionniers : la machine à vapeur
(appliquée à la locomotive) ; Innovations secondaires, incrémentales ou mineures liées aux entrepreneurs
imitateurs : les bateaux à vapeur, les métiers à tisser…
- Exemple 2 : Innovation majeure liée aux entrepreneurs innovateurs pionniers : la puce électronique ;
Innovations secondaires, incrémentales ou mineures liées aux entrepreneurs imitateurs : la carte bancaire,
le passeport électronique, la puce électronique pour marquer les animaux…
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- La combinaison des deux donnent une grappe technologique.
Inventions, innovations de procédé et de produit :
Le manuel d’Oslo, élaboré par l’OCDE en 1997, propose de distinguer deux groupes : les innovations de
procédé (correspondant à l’adoption de méthode de production nouvelles ou sensiblement nouvelles) qui
permettent aux entreprises d’obtenir des avantages de coûts, et les innovations de produit (produits dont
les caractéristiques ou utilisations sont significativement nouvelles) qui vise à créer de nouveaux marchés
et à obtenir une situation de monopole.
Illustration des innovations de procédé et des innovations de produit.
Innovation de procédé : mise en place d’une nouvelle façon de produire (taylorisme, fordisme ou
toyotisme en sont des illustrations)
Innovation de produit : découverte permettant l’apparition d’un nouveau produit, ou possédant des
caractéristiques nouvelles par rapport aux produits précédemment existants (la télévision ou les microordinateurs en sont des illustrations)
Support pédagogique :
Document B : Dominique GUELLEC, « Innovation et compétitivité », INSEE méthode, n°37-38,
Economica, 1993
Pourquoi innover est-il essentiel pour les entreprises ?
Innover permet :
- de prendre des parts de marché face aux concurrents
- de renouveler les biens et services offerts face à une demande volatile
- de baisser les prix de production (compétitivité prix)
- de jouer sur la qualité et la différenciation des produits (compétitivité hors prix)
- de résister aux concurrents innovants (au niveau national et international) et donc de rester sur le
marché
Les entreprises les plus innovantes sont les plus dynamiques. Elles enregistrent la plus forte progression
de leur chiffre d’affaires et de l’emploi.
• Les innovations de procédé leur permettent de réaliser des gains de productivité engendrant une
amélioration de la compétitivité-prix, condition indispensable au maintien ou à l’accroissement des parts
de marché.
• Les innovations dans le domaine des produits permettent soit d’améliorer la qualité et donc de rester
compétitif par rapport aux concurrents moins innovateurs, soit de créer de nouveaux produits qui
assureront une demande forte et ouvriront de nouveaux marchés. Il s’agit donc d’une compétitivité horsprix.
Une nouvelle vague d’innovation : les NTIC ?
Les NTIC (Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication) constituent-elles dès lors
une nouvelle révolution industrielle ouvrant la voie à une société de l’information et du savoir ? Les NTIC
ont permis de définir dès 1996 la « nouvelle économie » : sa matière première est l’information ; son
énergie pour traiter, transformer et organiser l’information est l’électronique (par exemple avec les semiconducteurs) ; son moyen de transport de l’information est constitué de l’ensemble des réseaux
numériques au centre desquels se trouve Internet.
Les NTIC concernent principalement les services. Mais la frontière entre innovation dans les services et
innovation industrielle devient floue : les innovations dans les services s’appliquent à l’industrie et
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l’industrie génère des innovations dans les services.
Support pédagogique :
Document C : Document 24 page 22, « SES Spécialité TES », Magnard, 2003
Synthèse :
L’innovation consiste en l’application dans le domaine économique ou commercial d’une invention ; elle
peut concerner les produits ou les procédés.
Selon Joseph SCHUMPETER, elle est le fait d’entrepreneurs innovateurs. Il distingue ainsi cinq types
d’innovation. mais il invite à distinguer les innovations majeures (celles qui entraînent un changement
radical ou paradigmatique du système technique pour constituer une révolution industrielle) et les
innovations mineures (elles n’apparaissent pas isolées dans le temps, mais sous formes de grappes
d’innovations sous l’impulsion des entrepreneurs imitateurs).
Les NTIC pourrait aujourd’hui constituer une nouvelle grappe technologique (au cœur de laquelle se
trouve internet), soulignant ainsi l’importance actuelle de l’innovation dans les services.
I.2- L'entrepreneur : acteur fondamental de l'évolution économique
L’idéal-type de l’entrepreneur : il innove et crée de la valeur :
La définition donnée par Joseph SCHUMPETER est demeurée célèbre : l'entrepreneur est avant tout un
innovateur, c'est-à-dire celui qui réalise de nouveaux agencements, sans cesse changeants, des facteurs de
la production (produits nouveaux, technologies nouvelles, débouchés nouveaux, organisation renouvelée).
Il vainc constamment la résistance au changement. « Le rôle de l’entrepreneur consiste à réformer ou à
révolutionner la routine de la production ».
Dans la conception de Joseph SCHUMPETER l’entrepreneur incarne le pari de l'innovation, son
dynamisme assure la réussite de celle ci. L'entrepreneur est motivé par la réalisation de bénéfices générés
par les risques pris et la réussite. La conception du profit défendue par Joseph SCHUMPETER est
originale. L'entrepreneur crée de la valeur comme le salarié. Il pense que le profit est la sanction de
l'initiative créatrice des risques pris par l'entrepreneur qui innove. Cette conception est contraires aux
économistes classiques qui font du profit la contrepartie des efforts productifs (capital et travail) de
l'entrepreneur. Elle est contraire à la conception marxiste qui place l'origine du profit dans la confiscation
de la plus value (appropriation d'une partie du fruit du travail des salariés).
Mais le profit n’est pas la seule motivation : l’entrepreneur est un créateur, un aventurier qui trouve de la
joie et du plaisir à découvrir de nouvelles combinaisons productives et à l’emporter sur ses concurrents.
Support pédagogique :
Document D : Document 1 page 14, « SES Spécialité TES », Magnard, 2003
Support pédagogique :
Document E : Document 3 page 15, « SES Spécialité TES », Magnard, 2003
Profit et situation de monopole :
Le profit est d'autant plus important et immédiat que l'entrepreneur est capable d'éliminer toute forme de
concurrence directe et immédiate. L'innovation revient le plus souvent à détenir une position favorable
dans sa branche et sa diffusion permet l'obtention de droits commerciaux qui techniquement lui
permettent de disposer d'un monopole et donc d’une rente de monopole ou sur-profit (profit d’innovation
temporairement supérieur au profit habituel des capitaux investis dans la branche considérée, en raison de
l’avantage concurrentiel apporté par l’innovation). Par exemple, une innovation de procédé permet d’être
plus productif que les concurrents et donc soit de proposer un prix plus bas (ce qui attire la clientèle), soit
de maintenir le prix (et donc de disposer d’une marge plus importante que les concurrents) ; le tout
permettant de disposer d’une rente de monopole. Par exemple, une innovation de produit permet d’attirer
une clientèle captive que les concurrents ne peuvent pas satisfaire : il est donc possible de proposer un
prix plus élevé et ainsi de disposer d’une rente de monopole. Joseph SCHUMPETER considère les
monopoles nécessaires à la bonne marche du capitalisme. Avec le monopole, l'entrepreneur peut fixer un
prix de vente inférieur à son coût marginal (qui serait égal en situation de concurrence pure et parfaite)
grâce à la baisse des coûts de production (hausse de la productivité) ou aux économies d’échelle
(augmentation de la production et de la taille des entreprises) ou encore par le fait de rendre la demande
captive. Joseph SCHUMPETER montre qu'un univers non atomistique (grand nombre d'entreprises) n'est
pas forcément négatif pour le consommateur car le monopole ne conduit pas toujours à la hausse des prix
ou à la baisse de la production. L'entreprise monopolistique de grande taille percevant un sur-profit peut
effectuer des investissements importants. Par ailleurs les innovations engendrent des effets de synergie au
niveau de l’économie. Elles ont externalités positives en terme d'entraînement sur des secteurs
économiques et de créations de nouvelles activités. Elles apparaissent comme le fer de lance de la
croissance économique justifiant alors l'existence de ces nouveaux acteurs contribuant à l'essor du
capitalisme. Pourtant ces situations de monopole ne durent pas. C'est le jeu de la concurrence qui les
banalise en faisant de la bataille pour le sur-profit le moteur du progrès économique mais aussi le facteur
explicatif des mouvements cycliques de l'économie. SCHUMPETER pense donc que les pratiques
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monopolistiques doivent être acceptées : l’initiative capitaliste doit être concurrentielle, mais le
monopole, provisoire, est dans de nombreux cas un puissant moteur du progrès.
Entrepreneur innovateur et entrepreneur suiveur :
L'entrepreneur schumpeterien est un personnage hors du commun doué de qualités exceptionnelles et dont
l'action provoque la rupture du circuit et déclenche l'évolution. L'entrepreneur schumpeterien se distingue
de l'entrepreneur néoclassique : en effet dans l'univers néoclassique la société est composée d'individus
interchangeables prenant tous la même décision dans des conditions identiques. En conséquence, aucune
évolution n'est possible et le système économique se réduit à un simple circuit c'est à dire une
sempiternelle reproduction à l'identique des conditions de départ.
Ainsi Joseph SCUMPETER est amené à distinguer deux types d'entrepreneurs : innovateur qui va prendre
le plus de risques en introduisant l'innovation mais est celui aussi qui fera le plus de profits,
SCHUMPETER employant dès lors la notion de profit monopolistique et les imitateurs lesquels attirés
par le profit du premier vont suivre la voie de l'innovation.
Support pédagogique :
Document F : Document 5 page 15, « SES Spécialité TES », Magnard, 2003
I.3- La portée et les limites de l’analyse schumpeterienne de l’esprit d’entrepreneur
Support pédagogique :
Document G : Joseph A. SCHUMPETER, « La théorie de l’évolution économique » (1912), Dalloz,
1999
SCHUMPETER distingue l’homme d’affaire capitaliste de l’entrepreneur.
- Le capitaliste, homme d’affaire gère son entreprise de façon routinière.
- L’entrepreneur brise cette routine avec de « nouvelles combinaisons » : il innove.
Quels sont les traits e caractère de l’entrepreneur schumpeterien ?
L’entrepreneur développe une grande énergie. Il manifeste une grande puissance de travail et une forte
résistance à la fatigue. Il est ambitieux. Il dispose de la faculté de décider. Il cherche à anticiper. Il aime le
succès. C’est donc celui qui innove, poussé par la recherche du profit mais aussi par l’esprit d’aventure.
Dans quelle mesure peut-on considérer que la sélection des managers actuels favorise l’apparition
d’entrepreneurs au sens de SCHUMPETER ?
D’une part, deux types de managers correspondent à « l’idéal-type », de l’entrepreneur de
SCHUMPETER : les visionnaires et les leaders qui sont à la source de l’innovation, soit directement pour
les premiers, soit indirectement pour les seconds.
Mais d’autres part, les technocrates réinstallent une routine dans le management des entreprises car ils
sont coupés de la réalité : formés dans les grandes écoles, ils introduisent une bureaucratisation, un
« management cérébral » . Ainsi, le passage de l’entrepreneur en « manager », conduit le système à sa
propre ruine car le seul premier innove.
Support pédagogique :
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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Document H : Henry MINTZBERG, Le Monde, 30 avril 1994
Support pédagogique :
Document I : Albert HIRSCHMAN, « Stratégie du développement économique », Les éditions
ouvrières, 1974
L’individualisme est-il une condition favorable au développement économique ?
L’individualiste, poussé par son seul intérêt, cherche à améliorer sa situation : il met donc en œuvre les
éléments nécessaire à cette amélioration. Généralisé à tous les individus, ce comportement conduit à une
amélioration du bien-être général, donc un développement économique. C’est par exemple le cas du
producteur qui maximise son profit ; le cas de l’entrepreneur qui innove pour acquérir une rente de
monopole…
Mais Albert HIRSCHMAN estime que SCHUMPETER a négligé certaines qualités essentielles pour un
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entrepreneur capitaliste.Il reproche à SCHUMPETER de n’avoir tenu compte que de la hardiesse, de
l’esprit d’aventure de l’entrepreneur : le capitalisme ne suppose pas un individualisme aveugle.
Le succès suppose toujours la mobilisation des hommes et l’esprit d’équipe (ou coopération). Pour cela
l’entrepreneur doit posséder des qualités de négociation et surtout anticiper la croissance économique,
dont il peut profiter tout en partageant ses gains.
A défaut, son activité tendra plus vers le détournement de richesse à son profit que vers la création de
richesse nouvelles, comme le montrent les difficultés du développement dans certains PED.
Synthèse :
L’entrepreneur désigne chez Joseph SCHUMPETER une fonction : il introduit le changement en ne se
conformant pas aux routines. C’est nécessairement un « aventurier » individualiste, puisqu’il ne se
conforme pas aux comportements établis et agit dans l’incertain : dans son domaine, celui de l’innovation,
il se comporte comme un joueur en pariant sur l’avenir, avec l’espoir d’un succès spectaculaire, mais aussi
le risque d’un échec total.
Mais tous les managers ne sont pas des entrepreneurs au sens de SCHUMPETER. Si les visionnaires et les
leaders correspondent bien à la figure de l’entrepreneur schumpeterien, l’apparition et l’extension des
technocrates à la tête des grandes entreprises peut devenir un frein à l’esprit d’innovation. Cette
bureaucratisation du processus d’innovation conduirait ainsi, selon SCHUMPETER, à la fin du capitalisme
et l’avènement du socialisme (ce qu’il déplore).
De plus, le seul esprit d’aventure de l’entrepreneur ne suffit pas à générer un processus de croissance ou
de développement économique : la coopération et l’esprit d’équipe sont des éléments tout aussi
importants.
II- DES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES AU CHANGEMENT SOCIAL : LA DESTRUCTION
CREATRICE
Joseph SCHUMPETER prolonge son analyse par l’étude des cycles économiques. Au cœur de son
explication, il place la destruction créatrice générée par les grappes d’innovation.
II.1- Rythmes économiques et rythmes technologiques
L’existence de cycles :
L'observation empirique du système montre l'existence à intervalles réguliers, de cycles économiques où
des phases de prospérités alternent avec des phases de dépression. Les économistes ont mis en évidence
des mécanismes de régulation permettant au capitalisme de se développer au delà des crises et cherché à
rendre compte de l'existence de ces rythmes. Joseph SCHUMPETER propose une interprétation des
rythmes économiques à la lumière des rythmes ou vagues technologiques. Il montre que le phénomène de
grappes d'innovations est à l'origine à la fois de l'expansion comme de la récession qui lui succède. Les
innovations sont à l'origine de cycles. Mais les innovations étant différentes, elles ont des périodes
d’introduction ou de résorption variée.
Support pédagogique :
Document J : Document 9 page 17, « SES Spécialité TES », Magnard, 2003
Cycles longs et cycles courts :
Joseph SCHUMPETER a fourni une analyse cohérente des cycles longs dits de KONDRATIEFF.
SCHUMPETER prétend que trois cycles se superposent et expliquent pour l'essentiel l'évolution de la
conjoncture.
- Les cycles courts, où cycles KITCHIN. C’est un cycle économique de l'ordre de 3 à 4 ans. On considère,
par simplification, qu'il y a deux cycles KITCHIN dans un cycle JUGLAR. Ils s’expliquent selon
SCHUMPETER par des variations de stocks.
- Les cycles moyens, dits cycles JUGLAR. C’est un cycle économique de l'ordre de 6 à 11 ans, aussi
appelé cycle des affaires. Découvert par l'économiste français Clément JUGLAR, il présente les quatre
phases du cycle économique traditionnel : expansion, crise, dépression et reprise.
- Les cycles longs, où cycles KONDRATIEFF (du nom de l’économiste soviétique Nikolaï
KONDRATIEFF, auteur en 1926 de « Vagues longues de la conjoncture »). C’est un cycle économique de
l'ordre de 40 à 60 ans aussi appelé cycle de longue durée. Il présente deux phases distinctes : une phase
ascendante (phase A) et une phase descendante (phase B). Ils seraient le résultat d’innovations majeures :
machine à vapeur, automobiles.
L’explication des cycles long par KONDRATIEFF :
Selon Nikolaï KONDRATIEFF, la phase ascendante (phase A) s’accompagne progressivement d’un excès
d’investissement (réalisé par les entreprises pour faire face à la concurrence), ce qui provoque une hausse
des prix (les industriels répercutent leurs coûts de production sur les produits) et des taux d’intérêt (qui
augmentent face à la forte demande de monnaie). Il s'ensuit donc un déclin de l’activité économique
(phase B) durant laquelle les prix baissent (car il y a excès d'offre parallèlement à une baisse de la
demande) ainsi que les taux d'intérêts (la baisse de la consommation et des investissements entraîne une
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baisse de la demande de monnaie), ce qui permet une purge du système et prépare le terrain pour une
nouvelle phase de croissance.
Support pédagogique :
Document K : Cycle économique
Explication des cycles par Joseph SCHUMPETER ; le monopole temporaire :
Phase I : l’innovation est mise en œuvre et se diffuse par grappes, d’où hausse de la production, puis de la
demande.
Phase II : la prospérité cesse avec l’arrêt de l’investissement. L’innovation est absorbée par le système de
destruction créatrice : faillite des old firms qui ne sont pas remplacées.
Phase III : diffusion totale de l’innovation qui permet de satisfaire la totalité de la demande ; d’où
disparition des sur-profits. C’est une période de liquidation excessive liée à la déflation.
Phase IV : elle marque le retour à la confiance et la gestation de nouvelles innovations qui se diffusent de
nouveau lors de la prochaine phase I.
L’analyse de la conjoncture menée en termes de cycles suggère que l’explication de la crise réside dans
l’expansion et la prospérité qui ont précédé le retournement : la crise apparaît alors comme une purge
nécessaire après une période d’emballement de l’activité économique. La reprise serait liée à
l’assainissement de l’activité économique durant la période de dépression. Mais encore faut-il expliquer
pourquoi la prospérité porte en elle la crise et pourquoi la dépression prépare la reprise. L’économiste
Joseph SCHUMPETER donne une explication des cycles et des crises en termes de progrès technique.
Il propose une nouvelle analyse pour expliquer ces cycles. Les monopoles mettent l'économie sur la voie
du progrès mais ils ne sont que temporaires. Les sur-profits vont amener des entrepreneurs imitateurs à
proposer des biens similaires ou des procédés voisins obligeant les entreprises en place à se différencier
sans cesse ou à baisser leurs prix. Ce phénomène d'imitation entraîne des innovations par grappes, c'est à
dire une agrégation des innovations provoquées par la réussite de l'entrepreneur innovateur dont la
position n'est que temporairement dominante. L'application et la diffusion des innovations dépendent en
amont de la propension de l'entrepreneur à prendre des risques, de la recherche dans l'émergence
d'inventions susceptibles d'être exploitées et du crédit. Elles dépendent en aval de la propension des
individus à recevoir l'innovation (pour les produits nouveaux), donc de leurs goûts et habitudes. Ces
conditions rendent compte de la réalisation, de la vitesse et de l'étendue de la diffusion. C'est donc le jeu
innovation-imitation-monopole temporaire qui assure la croissance économique et le bouleversement
perpétuel des positions établies.
Explication des phases du cycle selon Joseph SCHUMPETER :
L'activité cyclique se déroule de la façon suivante.
Ainsi, selon lui, la phase A correspond à la période de diffusion et d'amortissement des nouvelles
innovations. Durant cette période, la demande de biens est forte, ce qui permet une augmentation générale
de la production et assure donc la croissance économique. La phase d'expansion s'explique par les profits
qui engendrent une hausse des investissements et de la demande, sous l'effet des grappes d'innovation.
Dans un premier temps, les crédits accordés vont provoquer une inflation des biens de production puis de
consommation. La hausse de la demande de crédit génère une hausse des taux d’intérêt. « L’octroi de
crédit permet à l’entrepreneur de détourner de leurs emplois actuels les moyens de production dont il a
besoin, d’affirmer une demande à leur égard, ainsi, il contraint l’économie nationale à entrer dans de
nouvelles voies ».
Ensuite, la quantité additionnelle de biens engendre la déflation, accentuée par le remboursement des
crédits annonçant la dépression. Les possibilités de profit se raréfient, les faillites apparaissent. Peu à peu,
lorsque les agents économiques sont équipés en nouveaux produits, la demande baisse, alors que la
concurrence entre les entreprises est de plus en plus rude. Le phénomène d'imitation entraîne une
saturation des marchés et une baisse de la rente monopolistique, donc une réduction de l'investissement
suivie d'une baisse de l'activité. On parvient alors au point de retournement du cycle.
La phase B correspond à l’élimination des stocks, à la fermeture des entreprises et des filières les moins
rentables (ce que SCHUMPETER appelle le phénomène de «destruction créatrice ») et à la préparation
d’une nouvelle vague d’innovations. Le passage en phase B s'effectue lorsque l'existence de taux d'intérêt
trop élevés fait que certaines entreprises ne peuvent plus rembourser leurs emprunts. Les premiers
touchés par cette crise du crédit sont ceux qui ont imité les innovateurs (attirés par le profit et ayant
spéculé sur la nouvelle situation en supposant que les taux de croissance allaient continuer indéfiniment).
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Cette baisse s’accompagne d’une baisse des taux d’intérêt.
Pour SCHUMPETER, l'entrepreneur innovateur n'est pas la seule figure intéressante, les entrepreneurs
suivent et se faufilent dans la niche technologique mise à nu par les innovateurs ; ils nourrissent ainsi une
dynamique de croissance par les opportunités d'investissement qu'ils exploitent, mais provoquent à terme
une saturation du marché et l'effondrement des capitaux engagés ; d'où la nécessité d’innover. La crise ne
pourra être dépassé que par d'autres vagues d'innovations.
La destruction créatrice :
Joseph SCHUMPETER insiste particulièrement sur le rôle de l’innovation. Il introduit alors l’idée des
« tempêtes de destructions créatrices ». Cette notion permet de décrire l’activité économique caractérisée
par la disparition et la création incessantes d’activités, liées au caractère discontinu des innovations.
Chaque cycle long correspond alors à une vague d’innovation. L'expansion dépend de la diffusion et de
l'assimilation des nouvelles conditions d'activité. Dans une phase d’expansion, l’activité des entreprises
innovatrices s’ajoute à celle des autres entreprises. Il y a donc augmentation de la production et des prix.
Mais progressivement, ces entreprises innovatrices se dressent en concurrent des entreprises
anciennement implantées. En effet, les firmes innovantes parviennent à faire baisser les prix, à gagner des
marchés et donc à faire disparaître les entreprises les moins innovantes. La dépression correspond à une
période de disparitions des structures productives en excès et des dettes et à la gestation de nouvelles
innovations. C’est la période de purge. Il y a alors épuisement des progrès techniques. Pourquoi les
innovations nouvelles apparaissent-elles après une crise, durant une dépression ? Car les firmes en
concurrence sont obligées de trouver de nouveaux moyens pour ne pas disparaître. Les nouvelles
innovations entraîne une nouvelle expansion : elle apparaissent donc par « grappes d’innovations » dans le
processus de « tempêtes de destructions créatrices ».
En ce sens, il y a, comme le prétend SCHUMPETER, une destruction créatrice. En effet, il y a destruction
des anciennes machines au profit de nouvelles qui sont plus performantes et donc plus « créatrices », plus
bénéfiques aux entreprises et à l'économie. Si à court terme la destruction créatrice génère des faillites et
du chômage, à long terme elle conduit à une amélioration du bien-être collectif. Cette vision déterministe
(en raison d’un seul facteur explicatif : l’innovation) a été remis en cause mais permet de comprendre les
évolutions cycliques.
II.2- Progrès technique et changement social
Le progrès technique, source de changement social :
L'introduction du progrès technique a un effet sur les comportements et les habitudes des différents
agents économiques. L'entrepreneur innovateur entraîne de nombreux imitateurs, ce qui entraîne un
changement radical de leur fonction de production (réorganisation du travail). Les innovations qui se
diffusent dans l'économie vont bouleverser les modes de consommation en imposant de nouveaux besoins
ou en les anticipant. Les marchés se trouvent modifiés. Le progrès technique agit sur les structures de
l'économie. La combinaison des facteurs de production (travail et capital) se modifie car il y a
remplacement des structures anciennes par des nouvelles structures et donc mobilité des moyens de
production. l'impact sur la nature des qualifications et l'emploi, ainsi que sur leur répartition spatiale est
considérable. Enfin, le progrès technique assure des positions dominantes et bouleverse l'état des rapports
de force entre les pays au niveau international.
Socialisme :
Joseph SCHUMPETER est pessimiste quant à l'évolution du capitalisme puisqu’il ne croit pas que le
capitalisme puisse survivre. En effet, la concentration des entreprises semble inexorable. L’apparition
d’entreprises géante élimine les entrepreneurs, bloquant le progrès technique. Ainsi, le passage d’un
capitalisme de petites entreprises au capitalisme de monopole, consacrant la transformation de
l’entrepreneur en « manager », conduit le système à sa propre ruine car le seul premier innove. Cette
bureaucratisation du processus d’innovation conduirait ainsi à la fin du capitalisme et l’avènement du
socialisme.
Support pédagogique :
Document L : Joseph A. SCHUMPETER, « Capitalisme, socialisme et démocratie » (1947), , Payot,
1990
III- ACTUALITE DES ANALYSES DE JOSEPH SCHUMPETER ET PROLONGEMENTS
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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III.1- Les théories de la croissance endogène
Les théories traditionnelles de la croissance (ou la croissance exogène) :
Les théorie traditionnelles de la croissance (croissance exogène) postulaient que la croissance de longue
période est exogène, c’est-à-dire que ses déterminants sont extérieurs à la sphère économique
(augmentation des facteurs de production par exemple avec l’augmentation de la population).
En quoi SCHUMPETER peut-il être considéré comme précurseur de la théorie de la croissance endogène ?
Joseph SCHUMPETER intègre l’innovation technologique comme moteur de l’évolution économique :
l’innovation est donc une cause de la croissance, mais aussi une conséquence de la croissance.
L’innovation est l’élément qui permet d’endogénéiser la croissance.
La croissance endogène et les apports de Joseph SCHUMPETER :
Les théories de la croissance connaissent un renouveau depuis les années 80. Le progrès technique serait à
la fois une cause et une conséquence de la croissance. C’est cette endogénéisation du progrès technique
qui explique le caractère cumulatif de la croissance : la croissance provoque l’accumulation du progrès
technique qui elle-même suscite la croissance. Cette analyse se trouvait déjà chez Joseph SCHUMPETER
puisqu’il affirmait que les innovations progressives résultent de l’amélioration des innovations
précédentes.
La croissance endogène se définit donc comme une théorie explicative de la croissance, développée dans
les années 80, montrant le rôle des politiques publiques structurelles avec la création d’externalités
positives (infrastructures publiques, R&D, éducation et formation).
Support pédagogique :
Document M : J.-L. CACCOMO, « Analyse économique de la technologie », Cahiers d’économie de
l’innovation, n°4, 1996
La diversité des explication de l’endogénéité de la croissance :
La théorie de la croissance endogène prend plusieurs directions et accepte une définition très large du
progrès technique. Chacun des modèles rend compte d’une forme particulière de progrès technique :
expérience et savoir-faire, éducation et formation professionnelle, infrastructures publiques…
Le modèle de Paul ROMER et l’héritage de SCHUMPETER :
Ainsi, dans un modèle développé par Paul ROMER et largement inspiré des travaux de SCHUMPETER,
c’est l’innovation et la R&D (recherche et développement) qui constituent le facteur endogène de la
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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croissance : plus les efforts de R&D sont importants, plus la croissance est forte ; plus la croissance est
forte, plus les efforts de R&D peuvent être importants. Paul ROMER impute une part du progrès
technique au processus de croissance lui-même, par le biais de rendements croissants des progrès
d’organisation liés à l’investissement, qui sont une forme d’externalité positive, c’est-à-dire une relation
économique ne passant pas par le marché et engendrant du bien pour l’économie. Ce modèle est source
d’une dynamique car l’entreprise qui innove grâce à ses efforts de R&D bénéficie d’une rente de
monopole provisoire ; au bout d’un certain temps, l’innovation tombe dans le domaine public et de
nouvelles innovations rendent les premières obsolètes. Quoique contraire à l’esprit du marché, les rentes
de monopole sont donc très utiles car elles assurent une bonne rentabilité à l’activité de R&D et parce que
leur caractère provisoire encourage une dynamique d’innovation.
D’autres modèles :
► L'Etat joue un rôle très important en formant la population. En donnant une solide formation initiale à
sa population, l'Etat contribue à la formation du capital humain favorable au progrès technique et à la
croissance. Pour certains économistes, le capital humain est un stock de capacités humaines
économiquement productives (sources de revenus) qui peut faire l’objet d’une accumulation
(investissement dans les études, la formation…) et peut aussi subir une obsolescence (formation dépassée,
chômage de longue durée…). La théorie du capital humain (notion de Gary BECKER prix Nobel
d’économie américain) concerne les capacités intellectuelles et professionnelle d’un individu qui lui
assure des revenus monétaires futurs. Selon cette théorie, il faut investir dans le capital humain (en
particulier dans les travailleurs qui auront un meilleur rendement suite à cet investissement) comme dans
le capital technique pour augmenter la productivité, mais il faut aussi prendre en compte l’usure,
l’obsolescence et l’amortissement du capital humain.
► Le modèle de Robert LUCAS est un autre modèle de croissance endogène, qui met l’accent sur un
« feed-back » (ou une rétroaction) en matière d’éducation. L’accumulation de capital humain, l’acquisition
de connaissances d’un individu profite à ceux qui travaillent avec lui. Plus une société est éduquée, plus
elle engendre de l’éducation et de l’intelligence par l’interaction de ses membres.
► Le modèle de Robert BARRO est une autre variante, qui se concentre sur l’activité de l’Etat et de ses
administrations (transport, école, armée). Le « feed-back) correspond donc au développement d’un
nouveau facteur de production, les dépenses publiques, qui stimulent la productivité des facteurs de
production privés.
Support pédagogique :
Document N : Bernard MARIS, « Antimanuel d’économie, Editions Bréal, 2003
Selon Paul ROMER, pourquoi le progrès technique et la R&D génèrent-ils des externalités positives ?
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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Si plusieurs firmes augmentent en même temps leurs investissements elles vont connaître une croissance
plus forte que celle qui résulterait pour chacune de leur propre investissement : chacune profite du
développement des autres (la productivité du capital d’une entreprise dépend non seulement de ses
investissements mais aussi du stock total de capital dans l’économie). En accumulant du capital chaque
firme acquiert des connaissances qui bénéficient aussi aux autres firmes : l’apprentissage par la pratique et
la diffusion du savoir éliminent la décroissance des rendements parce qu’ils ont un effet externe positif.
La diffusion des connaissances et l’augmentation de la dimension des marchés, sont à l’origine des ces
externalités positives. L’activité de R&D est un facteur décisif de croissance économique.
Selon Robert BARRO, pourquoi la R&D publique et les infrastructures publiques sont-elles un nouveau facteur
de production ?
L’État achète des produits et offre des services publics gratuits (financés par des impôts ou des emprunts)
qui améliorent la productivité du capital et du travail dans chaque entreprise. Les dépenses publiques
d’infrastructure ont un effet externe positif. La production de chaque entreprise dépend des dépenses
publiques, au même titre qu’elle dépend du capital installé et du travail utilisé. Le capital public est un
facteur de production.
Cela n’a de sens que si le financement des investissements publics n’entraîne pas un effet contraire sur
l’investissement privé (effet d’éviction).
Selon Robert LUCAS, en quoi le capital humain participe-t-il à la croissance endogène ?
LUCAS considère qu’il faut traité le travail comme du capital humain accumulable au même titre que le
capital fixe. Le capital humain est produit par l’éducation à un taux endogène puisque le salarié « investit
» en fonction de son salaire (actuel/futur). L’élévation de la qualification a un effet externe positif.
Par ailleurs le capital humain n’a pas des rendements décroissants parce que le niveau de connaissance
d’un individu est d’autant plus efficace que celui des autres (avec lesquels il communique) est plus élevé.
La productivité individuelle est fonction de l’efficacité de l’équipe dans laquelle il travaille. La
connaissance est partagée et chaque connaissance nouvelle entraîne l’apparition de connaissances
supplémentaires...
Le rythme de croissance d’une économie dépend donc forcément de la part des ressources qu’elle
consacre au système de formation et aux dépenses d’éducation.
Support pédagogique :
Document O : « Passage au schéma… des théories de la croissance endogène »
Selon les théories de la croissance endogène, pourquoi l’entrepreneur ne peut-il diffuser seul le progrès
technique ?
L’entrepreneur schumpeterien est à l’origine de l’innovation. mais les théories de la croissance endogène
soulignent que seul, l’entrepreneur ne génère pas de la croissance : il doit être intégré dans des réseaux
afin de diffuser les connaissances et profiter des autres connaissances.
De plus, les théories de la croissance endogène soulignent que les efforts de R&D et les efforts de
formation dépendent des institutions publiques et de l’Etat. Enfin l’Etat fournit des infrastructures
publiques essentielles.
Synthèse :
Joseph SCHUMPETER peut apparaître comme un précurseur des théories de la croissance endogène. En
effet, il place au cœur de son analyse l’innovation pour expliquer l’évolution économique : la croissance
ne dépend pas de facteurs extérieurs à l’économie, mais l’innovation devient la source et la conséquence
de la croissance.
Les théories de la croissance endogène, développées dans les années 80, montrent en quoi plusieurs
facteurs peuvent faire apparaître des externalités positives et par conséquent être source de croissance
pour la collectivité : investissement en capital physique, investissement en capital public, investissement
en capital humain, apprentissage par la pratique, division du travail, recherche et innovations
technologiques. La croissance est endogène au sens où elle ne dépend que des seuls comportements des
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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agents et des variables macroéconomiques. Paul ROMER développe ainsi une modèle basé sur les
externalités de la R&D, Robert BARRO sur les infrastructures publiques et Robert LUCAS sur la
formation et le capital humain.
Les théories de la croissance endogène soulignent également l’importance des réseaux et des institutions
publiques pour stimuler la croissance.
Qu’est-ce qui oppose les explications exogènes et les explications endogènes de la croissance ?
La croissance économique ne se décrète pas, contrairement aux représentations sociales en vogue au cours
des Trente Glorieuses concernant la croissance exogène. Dans ces périodes, les taux de croissance étaient
programmés de manière indicative par les autorités publiques dans le cadre des plans, comme c’était le
cas en France. Il suffisait de les définir, grâce aux coefficient techniques de production, les volumes de
facteurs de production, compte tenu des stocks disponibles, pour avoir le taux de croissance qu’il fallait
afficher comme objectif global.
Depuis plusieurs décennies, on s’est rendu compte que la croissance n’est pas une affaire de pure
programmation, que les facteurs de la croissance ne sont pas seulement exogènes (ceux qui sont en stock,
concernant les aspects strictement économiques immédiats) mais qu’ils dépendent de la croissance ellemême (facteurs endogènes), dans laquelle les décisions de l’entrepreneur et l’intervention de l’Etat (pour
l’offre d’infrastructures, pour la R&D, pour l’éducation) jouent un rôle essentiel.
III.2-Portée de l’explication des cycles par le progrès technique
L’explication schumpeterienne des Trente Glorieuses :
Joseph SCHUMPETER va distinguer trois grands cycles économiques (de type KONDRATIEFF) liés à
l'apparition de progrès techniques marquants : 1789-1848 Première Révolution Industrielle et vapeur,
1848 - 1896 chemins de fer - acier, 1900- 1950 électricité – chimie. Chaque cycle est liée à l’apparition
d’une grappe d’innovation autour d’innovations majeures, générant une phase de prospérité ; l’épuisement
de l’innovation par sa diffusion complète explique les phases B… durant lesquelles les prochaines
innovations sont en gestation.
Pour les partisans de l’analyse schumpeterienne, la forte croissance des Trente Glorieuses s’expliquerait
par des innovations fondamentales dont la généralisation du fordisme ou la création de nouveaux biens de
consommation, mais tous ces moteurs seraient en panne depuis le milieu des années 70 et aucune
innovation majeure ne parviendrait à les remplacer.
Support pédagogique :
Document P : Croissance et grappe d’innovation
Les limites de l’explication :
Cette explication doit être nuancée car la « crise » actuelle avec son progrès technique important semble
bien différente d’une phase B d’un cycle KONDRATIEFF. Effectivement, de nouveaux procédés de
production se diffusent (automation par exemple) ainsi que de nouvelles organisations de la production
(flux tendus, par exemple) et de nouveaux produits continuent à être innovés (micro-ordinateur, par
exemple). On pourrait même affirmer au contraire que la crise est due à cet important progrès technique
qui induit une destruction créatrice trop forte et trop rapide pour laisser le temps à l’économie de se
restructurer en douceur.
Support pédagogique :
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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Document Q :
Q1 : Document 23 page 22, « SES Spécialité TES », Magnard, 2003
Q2 : La crise consécutive aux Trente Glorieuses
Quelle critique peut-être faite à l’interprétation schumpeterienne de la « crise » consécutive aux Trente
Glorieuses ?
Depuis la fin des Trente Glorieuses, de nouveaux procédés de production se diffusent (automation par
exemple) ainsi que de nouvelles organisations de la production (flux tendus, par exemple) et de nouveaux
produits continuent à être innovés (micro-ordinateur, par exemple). La crise ne semblent donc pas liées à
un problème d’innovation. On pourrait même affirmer au contraire que la crise est due à cet important
progrès technique qui induit une destruction créatrice trop forte et trop rapide pour laisser le temps à
l’économie de se restructurer en douceur.
III.3- Taille des entreprises et innovation
Innovation et taille de l’entreprise dans l’analyse de SCHUMPETER :
Pour Joseph SCHUMPETER, l’innovation et la taille des entreprises sont corrélées puisque la structure de
marché monopolistique est généralement favorable à l’innovation. La concurrence pure et parfaite est non
seulement irréalisable, mais non souhaitable car, en ne permettant pas la création de la rente de monopole
lié à l’innovation, elle tue l’innovation et donc la croissance.
Cependant, la vision de SCHUMPETER est plus nuancée sur le long terme. Si l’évolution technique rend
instable la position de monopole et incite les entreprises à innover, l’augmentation de leur taille fait
disparaître l’esprit d’innovation de l’entrepreneur. Le développement du capitalisme, avec les sociétés
anonymes de grandes taille, modifie le sens de la propriété et fait disparaître le modèle de l’entrepreneur
capitaliste. Selon SCHUMPETER, le capitalisme risque d’être victime de critiques importantes et le
système socialiste peut alors le remplacer.
Support pédagogique :
Document R : Joseph A. SCHUMPETER, « Capitalisme, socialisme et démocratie » (1947), Payot,
1990
Pourquoi SCHUMPETER remet-il en cause la théorie de la concurrence pure et parfaite au profit des entreprises
monopolistiques ?
L’approche néoclassique conclut à la supériorité de la concurrence sur les structures monopolistiques à
partir d’une situation d’équilibre, mais pour SCHUMPETER ce raisonnement oublie les conséquences de
l’instabilité cyclique. Les monopoles sont utiles pour garantir aux innovateurs les fruits de leur initiative
et ce sont ces innovateurs qui génèrent la croissance.
Il s’agit d’un monopole temporaire basé sur une innovation. Cette innovation permet à l’entrepreneur
innovateur de profiter d’une rente de monopole ou sur-profit de façon temporaire, car les entrepreneurs
imitateurs vont le suivre, attirés par les perspectives de profit. Le monopole sera donc remis en
question… donnant lieu à la recherche de nouvelles innovations.
Support pédagogique :
Document S : Joseph A. SCHUMPETER, « Capitalisme, socialisme et démocratie » (1947), Payot,
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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1990
Quelle crainte SCHUMPETER exprime-t-il face au développement des grandes entreprises concernant le progrès
technique ?
Avec la concentration des activités, et donc le développement des grandes entreprises, SCHUMPETER
craint la désaffection des chefs d’entreprise pour les innovations, en devenant plus des mangers que de
réels entrepreneurs. Mais il craint aussi la bureaucratisation des activités économiques ne conduise à une
routine de l’innovation. Ce qui le conduit à s’interroger sur le devenir du capitalisme.
Actualité du débat :
Ce débat est toujours présent :d’un côté les grandes entreprises ont des moyens importants pour effectuer
des dépenses en R&D et donc pour innover que n’ont pas les petites et moyennes entreprises ; d’un autre
côté, les plus grandes entreprises peuvent développer une inertie qui limite les initiatives alors que les
plus petites apparaissent plus dynamiques et flexibles. L’innovation provient-elle avant tout des
possibilités de dépenses en R&D ou de l’esprit d’initiative ?
La réalité est donc nuancée : un monopole n’a jamais intérêt à s’endormir sur ses positions sauf s’il est
protégé par des règlements administratifs (cas du monopole légal).
Support pédagogique :
Document T : Innovation et grandes entreprises
Quels sont les atouts des grandes entreprises pour l’innovation ?
1- Des fonds importants pour la R&D favorise l’innovation
2- Une répartition des risques liée à des activités multiples favorise l’innovation
3- Une logique propre la poussant à innover pour survivre (trouver de nouveaux marchés)
4- Le chois d’une compétitivité hors prix (basée sur la qualité et donc sur l’innovation) pour éviter la
compétitivité prix dans le cadre des oligopoles
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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Quelles critiques l’auteur adresse-t-il à la thèse de SCHUMPETER ?
D’abord, SCHUMPETER, bien que favorable aux monopoles temporaires, craignait que l’apparition de
grandes entreprises, transformant l’entrepreneur en simple manager, ne signe la fin de l’esprit
d’innovation. L’auteur constate le dynamisme en termes d’innovation des grandes entreprises. La logique
même de la grande entreprise la pousse à innover pour survivre.
Ensuite, beaucoup d’innovations résultent plutôt d’une recherche méthodique, planifiée et demandant des
moyens dont ne disposent que de grandes entreprises ou des organismes publics. Taux d’investissement,
dépenses de R&D sont des facteurs aussi fondamentaux que la sélection d’individus dotés de la
psychologie décrite par SCHUMPETER.
Synthèse :
Bien que favorable à la concurrence pour favoriser l’esprit d’initiative, Joseph SCHUMPETER ne
considère pas que la concurrence pure et parfaite soit une modèle réalisable voire souhaitable. En effet, il
considère que les structures monopolistiques permettent l’apparition d’une rente de monopole liée aux
capacités d’innovations de ces grandes entreprises. Cependant, dans sa théorie, le monopole est transitoire
car la rente de monopole est toujours menacée par les entrepreneurs imitateurs. SCHUMPETER craint
toutefois qu’avec le développement de grandes firmes, l’esprit d’entrepreneur laisse la place à celui de
simple manager et à une bureaucratisation de l’innovation accompagnée d’un nouveau processus de
routine.
Mais aujourd’hui, les grandes innovations nécessitent le plus souvent la mobilisation d’énormes capitaux
(techniques et monétaires), ce qui ne peut que rarement être le cas d’un nouvel innovateur isolé. Cela
débouche sur la mise en place de structures oligopolistiques. Dans un tel cadre, la stratégie de
l’entrepreneur innovateur n’a que peu de place ; les qualités requises pour les décideurs actuels, qui
doivent eux-mêmes rendre compte à leurs actionnaires, sont la garantie d’efficacité, de rentabilité, de
prévisibilité…
Illustration :
Certaines entreprises comme Microsoft ou Intel donnent l’exemple de sociétés de très grande taille en
situation de monopole ou de quasi-monopole qui continuent à innover pour conserver leur situation. Les
sommes considérables qu’elles peuvent dépenser en R&D leur permet de conserver leur position de leader
du marché, mais elles n’en demeurent pas moins extraordinairement dynamiques.
L’entreprise Microsoft, fondée en 1974 par Bill GATES et Paul ALLEN, est ainsi au cœur de la réflexion
sur le rôle des grandes entreprises dans l’innovation. Le développement du DOS et la généralisation de
Windows ont fait de Microsoft un quasi-monopole sur le marché des système d’exploitation, en totalisant
90% des parts de marché. Un long procès contre Microsoft a commencé en 1999 : les prix pratiqués par
Microsoft sont jugés trop élevés et la firme est accusée d’abus de position dominante en imposant Internet
Explorer. Cependant ce débat n’est toujours pas clos et certains économistes américains affirment que
Microsoft n’a pas freiné l’innovation car la firme n’a pas eu une stratégie de croissance externe visant à
absorber ses principaux concurrents, et parce que ses produits sont concurrents de ses propres produits
précédents (c’est surtout Windows 98 que Windows 2000 a concurrencé).
CONCLUSION
Bibliographie commentée de Joseph SCHUMPETER :
Eléments biographiques de Léon WALRAS :
Léon Walras (1834-1910) est un économiste français. Il a été considéré par Joseph
SCHUMPETER comme « le plus grand de tous les économistes ». Il est l’auteur de :
« Recherche de l’idéal social » (1868), « Principe d’une théorie mathématique de
l’échange » (1874), « Eléments d’économie politique pure, ou théorie de la richesse
sociale » (1874), « Etudes d’économie sociale » (1896), « Etude d’économie politique
appliquée (1898)…
Léon Walras a montré que l’équilibre général qui s'établit sur un marché de concurrence pure et parfaite
est le meilleur possible : il est optimal. Il veut dire par la que l'équilibre de concurrence pure et parfaite
permet le plein emploi spontané de tous les facteurs de production : toute la population active est occupée
et tous les capitaux sont utilisés. Enfin, il permet de satisfaire toutes les demandes solvables.
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SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
Eléments biographiques de Nikolaï KONDRATIEFF :
Nikolaï Dmitrijewitsch KONDRATIEFF (1892-1932) est un économiste russe. Il est
l’auteur de : « Les vagues longues de la conjoncture » (1926)
Au cours des années 20, Nikolaï KONDRATIEFF a émis l'hypothèse de l'existence de
cycles longs à partir de séries chronologiques des prix de gros au Royaume-Unis et aux
Etats-Unis de 1790 à1920. Bien que ses conclusions présentent certaines faiblesses
(traitement statistique contestable de certaines données, non convergence des cycles dans
tous les pays), KONDRATIEFF est devenu célèbre pour sa thèse de cycles récurrents tous les 40 à 60 ans
(1792-1850, 1850-1896, et 1896-1940) dont la phase ascendante est caractérisée par une hausse des prix
et la phase descendante par une diminution.
Sa théorie des cycles a remis en cause les thèses marxistes projetant la chute du mode de production
capitaliste. Dans un contexte de conquête soviétique, il fut exécuté par STALINE.
Eléments biographiques de Paul ROMER :
Paul ROMER (1956- ) est un économiste américain. Il a enseigné dans plusieurs universités,
Chicago, MIT, Berkeley. Aujourd'hui, il est professeur à la Graduate School of Business de
Stanford en Californie. Il est l’auteur de : « Increasing returns and long-run growth » (1986),
« Endogeneous technical change » (1990).
Au début des années 80, il a étudié la croissance et est à l'origine de la « théorie de la
croissance endogène », ce qui lui vaudra d'être l'un des économistes les plus influents de ces années-là. La
démarche de ROMER consiste donc, dans le cadre de raisonnement néo-classique, à modifier certaines
hypothèses pour mieux coller à la réalité. De fait, il fait intervenir des facteurs extérieurs classiques,
comme le travail, mais qui ont la particularité de se transformer pendant le processus de production, ce
qui permet d'expliquer la croissance. Cette « externalité positive » peut être le résultat d'un apprentissage,
de la formation ou du progrès technique, qui deviennent le moteur de la croissance. En présence
d'externalités, les entreprises sont conduites à prendre des décisions les conduisant sur une trajectoire
sous-optimale. Une politique de l'Etat, qui incite les entreprises à investir, peut alors entraîner une
augmentation du bien-être collectif. Cette réhabilitation du rôle de l'Etat, pour surprenante qu'elle paraisse
dans ce cadre de pensée, semble confirmer le fait que le marché et l'Etat sont complémentaires et non
rivaux.
Eléments biographiques de BECKER :
Gary Stanley BECKER (1930- ) est un économiste américain (né en 1930) connu pour ses
travaux visant à élargir le champ de l'analyse micro-économique à de nombreux
comportements humains. Il a obtenu en 1992 le Prix Nobel d’Economie. Il est l’auteur de
« Le Capital humain, une analyse théorique et empirique » (1964), mais aussi de « The
Economic of Discrimination » (1957), « Crime and punishment : an economic approach »
(1968), « A Theory of Marriage » (1974), « The Economic Approach to Human Behavior »
(1976), « Social Economics : Market Behavior in a Social Environment » (2003). Il a notamment été parmi
les premiers à explorer la notion de capital humain. Ses travaux sur l'analyse économique de la criminalité
lui ont également valu une grande notoriété.
Le capital humain se définit comme l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par
accumulation de connaissances générales (par exemple par l’enseignement scolaire) ou spécifiques (par
exemple par la formation dans une entreprise), de savoir-faire, etc. La notion de capital exprime l’idée que
c’est un stock immatériel imputé à une personne pouvant être accumulé, s’user. L'idée de base de la
théorie du capital humain est de considérer que du point de vue de l'individu, l'éducation est un
investissement. La valeur de celui-ci dépend directement du coût monétaire de l'éducation et des gains
futurs anticipés procurés par l'information. L'investissement en capital humain est aussi un investissement
profitable du point de vue de la société. Autrement dit, l'éducation procure aussi des gains sociaux,
supérieurs aux gains privés. Cette externalité positive peut justifier l'intervention de l'État sinon dans
l'économie du moins dans la prise en charge du système éducatif.
Eléments biographiques de Robert BARRO :
Robert J. BARRO (1944- ) est un économiste américain. Il est professeur à Harvard
University, membre de Institut Hoover de Stanford University, rédacteur fréquent de
Business Week, et chercheur au National Bureau of Economic Research. Spécialiste de la
macroéconomie appliquée à la croissance. Il est l’auteur de : « Rien n'est Sacré! Des idées
en économies pour le nouveau millénaire » (2004) « Les facteurs de la croissance
économique» (2000), « La croissance économique » (1996), « Government Spending in a
Simple Model of Endogenous Growth » (1988), « La macroéconomie » (1987), « Money, Employment
and Inflation » (1976), « Rational Expectations and the Role of Monetary Policy » (1976).
BARRO met en cause l’efficacité des politiques de relance en raison de la dette publique. Il participe
largement au courant monétariste et dénonce les manipulations des variables monétaires en développant
des analyses reposant sur l’hypothèse des anticipations rationnelles.
Mais BARRO est d’avis que la dépense publique influe directement sur la croissance et doit être
considérée comme un des facteurs déterminants de la croissance, dans le cadre des théorie de la
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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croissance endogène : l’État offre des services publics gratuits et des infrastructures publiques qui
améliorent la productivité du capital et du travail dans chaque entreprise. Les dépenses publiques
d’infrastructure ont un effet externe positif. Le capital public est un facteur de production mais à la
condition que le financement des investissements publics n’entraîne pas un effet contraire d’éviction sur
l’investissement privé.
Eléments biographiques de Robert LUCAS :
Robert Emerson LUCAS Junior (1937- ) est un économiste américain. Fondateur de la
Nouvelle Economie Classique, il appartient à « L'École de Chicago ». Il enseigne à
l’Université de Chicago. Il a reçu le Prix Nobel d’Economie en 1995, pour son travail sur
les anticipations rationnelles. Adversaire résolu de l’intervention de l’Etat dans la vie
économique, ses thèses ont une grande influence sur les politiques monétaires. Il est
l’auteur de : « Recursive methods in economic dynamics » (1989), « On the mechanics of
economic development » (1988), « Models of business cycles » (1987), « Econometric policy evaluation: a
critique » (1976).
Imprégné des idées monétaristes de Milton FRIEDMAN, LUCAS va proposer un modèle de formation
des anticipations des agents, qualifiées d’« anticipations rationnelles ». Il postule que les agents anticipent
l’avenir, et notamment les prix réels futurs, à partir de leur connaissance de l’économie.
D’après LUCAS, l’accumulation du capital humain est un facteur endogène de croissance. Cette dernière
dépend effectivement en grande partie des efforts individuels et sociaux consacrés à la formation et
financés par l’épargne. Le niveau de l’éducation de l’individu joue tant sur sa propre productivité que sur
le reste de la société. Il s'est appuyé sur les travaux de BECKER sur l'accumulation de capital humain et il
a montré que l'effort de formation améliore la production future c'est pourquoi il préconise une
intervention de l'Etat favorisant l'instruction.
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)
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