Untitled - Auvergne Rhone AlpeSolidaires

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2
LA PLACE DE LA
COMMUNAUTE DE TRAVAIL
MARCEL BARBU
DANS LE MAQUIS DU VERCORS1
1
.
3
Pour comprendre le rôle des Compagnons et la place de la Communauté de
Travail dans le maquis du Vercors pendant les années 1943 et 1944, il faut
deux entrées :
- Les témoignages des Compagnons, en faisant appel à leur
mémoire ou leurs écrits, principalement dans le bulletin de la Communauté
« Le Lien » (voir le livre « Faire des Hommes libres »). Ces témoignages
de l’intérieur peuvent être altérés par le temps, mais aussi par les multiples
interprétations adaptées suivant les personnes et les interlocuteurs. Les
Compagnons, le nez dans le guidon de la survie, n’ont pas toujours le
regard extérieur nécessaire à une bonne interprétation des faits.
- Une deuxième entrée me paraît aussi importante car ce sont les
témoignages d’acteurs du maquis du Vercors qu’ils ont relatés à travers
leurs ouvrages. L’impact de la Communauté dans les récits est minime
mais réel, ils n’avaient aucune raison d’en modifier le sens. La
Communauté n’est qu’un maillon dans la Résistance, faible mais réel.
Dans ce fascicule, il m’est apparu intéressant de rapporter ces écrits
et c’est cette entrée qui est traitée.
Traiter ces deux visions, les témoignages de l’intérieur et ceux de
l’extérieur, nous rapproche de la réalité.
4
C’est quoi, résister ?
Il était impossible à Marcel Barbu de résister par les armes. La vie des
autres avait plus de valeur que la sienne, la résistance armée n’était pas
l’objectif de l’installation de la Communauté dans la ferme de Mourras sur
le plateau de Combovin. Il fallait garder la cohésion du groupe et
poursuivre la construction communautaire. Et aussi, il était important que le
monde ouvrier et le monde paysan se rapprochent dans l’optique de la
révolution communautaire.
C’est quand le danger est apparu plus pressant qu’il décida de regrouper les
Compagnons à Mourras pour prouver que la Communauté de Travail était
toujours vivante.
Les actions des Compagnons à la ferme étaient :
- Travaux agricoles, pour produire le nécessaire pour vivre
- Continuer à se former, les cours n’ont pas cessé et les
professeurs étaient nombreux à faire le voyage à Mourras
- Produire des boîtiers de montres dans un atelier clandestin et
assurer des rentrées d’argent.
- Rédiger la Règle Communautaire qui devait assurer les bases
de la Communauté
Si de nombreux jeunes ont été accueillis par solidarité pour échapper au
Service de Travail Obligatoire (STO2), parfois pour une simple halte avant
de rejoindre les maquisards, c’est bien la sauvegarde de la communauté
naissante qui motive Marcel Barbu. A aucun moment, les Compagnons ne
se sont préparés à combattre par les armes. Ils possédaient bien quelques
armes pour eux, l’entraînement au tir étant la « lubie » de quelques uns, par
simple besoin de sécurité du groupe, uniquement pour se défendre.
Mais la résistance à l’occupation ne devrait-elle se manifester que par les
armes ?
Un maillon de la résistance
2 Le Service du Travail Obligatoire - STO, est créé par la loi du 16 février 1943. Le Service du Travail
Obligatoire est d'une durée de deux ans. Cette loi découle de la loi précédente et précise le cas des
jeunes gens âgés de 20 à 22 ans qui peuvent être affectés à des emplois utiles aux besoins du pays et
dans ce cas, peuvent être envoyés de force en Allemagne.
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Il faut voir la Communauté de Travail Marcel Barbu comme l’un des
nombreux maillons de la résistance, les maquisards avaient besoin de ces
lieux et de ces personnes civiles qui leur permettaient d’obtenir des
renseignements, un moment de repos, des caches d’armes, etc.
L’apport de la Communauté de Travail Marcel Barbu à la résistance se
traduit par :
- La surveillance du plateau de Combovin face à d’éventuels
envahisseurs
- La cache d’armes
- La fourniture de denrées alimentaires, approvisionnement
- L’accueil de blessés de la résistance armée
- Le réconfort de la population locale
- La formation de cadres pour le maquis
- L’accueil des jeunes qui fuient le STO et qui souhaitent
rejoindre la résistance.
A aucun moment les Compagnons ne se sont engagés dans des actions
militaires contre l’occupant.
Une force morale
D’ailleurs, l’armée Allemande ne s’y trompe pas. Elle incendie la ferme de
Mourras sur le plateau de Marquet à Combovin et la villa de la famille
Barbu à Valence, pille l’usine, arrête et déporte des compagnons. On peut
cependant se poser la question de savoir si les renseignements des
Allemands étaient fiables ? Nul terroriste à la Communauté. Les
compagnons circulaient « presque » librement entre Valence et Combovin,
et parfois jusqu’à Besançon. Alors fallait-il qu’elle paie un si lourd tribut ?
La Communauté de travail est composée d’individus qui n’acceptent pas de
plier, de se taire, ils s’opposent à l’occupant et au gouvernement de Vichy
et le disent (voir le courrier au Maréchal Pétain du 2 mars 1943). C’est une
force morale qu’il faut détruire, elle est plus subversive.
Des noms, des lieux, des situations sont cités dans ces extraits qui
permettront, peut-être, aux lecteurs de faire des liens et pourront enrichir ce
texte, je n’ai pas encore fait le tour de tous les ouvrages sur le maquis du
Vercors et la déportation.
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Ce document est composé de deux chapitres :
- La communauté, maillon dans la résistance
- Les rencontres avec les hommes, résistants pacifiques, qui ont
tenu une place importante dans la Communauté et qui ont subi
la prison, la déportation.
A la vue des informations rassemblées, on peut s’étonner que la
Communauté Marcel Barbu n’ait pas fait l’objet d’un document spécifique
sur le maquis du Vercors. Aucun fait d’armes, pas de bagarre entre les bons
et les méchants, qui font des héros. Et pourtant, sa place a été centrale.
Michel Chaudy 3
Décembre 2010
PS : De nouveaux récits devront s’ajouter à cette liste, ce qui prouve l’importance
de la Communauté de travail Marcel Barbu et des Compagnons dans la Résistance.
En page 1, le poste de surveillance de la route donnant accès au plateau de Mourras
3
Ce document fait partie d’un ensemble en construction consultable sur Internet
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COMMUNAUTE DE TRAVAIL
MARCEL BARBU
Un maillon dans la résistance
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Ils ont refusé de SUBIR- La résistance dans la Drôme (Mémoires d’un Corps Franc et d’une Compagnie
F.F.I.) - Portes-lès-Valence « ZONE ROUGE » 19421944 - René Ladet Le lieutenant René Ladet avait fait du Vercors une
base de repli pour ses hommes, après les coups de
mains. Il faisait des échanges de nourriture avec la
Communauté de Travail et c’est grâce à
l’intervention de Marcel Mermoz et des compagnons qu’il put être
hospitalisé après l’explosion d’un sac de gamons 4
UN SABOTAGE et LE GROUPE PREND LE MAQUIS
8 juin à 1 h 40, sabotage des voies ferrées au Km 630.
Interruption du trafic onze heures.
8 juin 1944 à 6 heures : départ ; le Groupe rejoint son camp au
pied du plateau de Combovin, dans une bergerie, depuis longtemps
reconnue. Je me rends au P.C. du Commandant L'HERMINE à la ferme
BELLE. Il y a là beaucoup de monde le Capitaine JEAN (RUEFF), le
Lieutenant MOURGUES alias JULIEN, MARC alias La Cloche, etc. Le
Lieutenant LEGRAND est en inspection du secteur. Je donne l'effectif du
Groupe, soit 43 hommes au camp, plus 22 sédentaires à Portes Beauvallon
Nous percevons notre armement, soit : une mitrailleuse légère, 4
fusils-mitrailleurs BREN, des mitraillettes STEN, des fusils anglais et
allemands, des grenades défensives, cinq revolvers genre COLT, des
munitions ainsi que des pansements de première urgence.
Notre ami MARC, dit La Cloche, responsable de l'armement, me
dit : «S'il te manque quelque chose, n'hésite pas à venir me voir». Ce
MARC est un garçon formidable ; arrêté par les Allemands à Taulignan,
lors d'une livraison d'armes, il est dirigé vers l'Allemagne. Il s'évade du
wagon et revient rejoindre la Résistance dans la Drôme. Il a réalisé pas
4
Un gammon est une grenade à main, dont l'explosif est contenu dans un sac souple. Dans le texte de
Ladet, Gamon est écrit avec un seul m
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mal d'actions en 1943 1944, avec les FTP et l'AS ; il avait des copains
partout.
Hélas, il nous a quittés, emporté par une douloureuse maladie, quelques
années après la fin de la guerre.
Au camp, nous commençons l'instruction sur les armes. Les tours
de garde sont organisés ainsi que des patrouilles. Je prend contact avec
Marcel MERMOZ, responsable de la Communauté BARBU, replié à la
ferme St. Raymond, où l'on accède par une route partant du village de
Combovin, en suivant une vallée, sous le plateau Marquet MERMOZ est
bien organisé, ses hommes sont armés et connaissent parfaitement le
secteur. Nous faisons des échanges, saucissons - conserves contre lait,
beurre et quelques légumes.
Ayant fait une reconnaissance complète des environs du camp, je
me rends compte que notre position est peu défendable, en cas d'attaque
ennemie. Nous sommes adossés à la montagne, les points d'appui ne sont
pas sûrs, nous risquons d'être surpris par une infiltration par les parties
boisées ; il est préférable de tenir les hauteurs. De plus, l'avion mouchard
allemand nous survole assez bas à plusieurs reprises. Par deux fois, une
patrouille allemande est signalée au croisement des chemins Barcelonne La Baume, donc près du camp.
Je prends sur moi de quitter ce camp trop vulnérable. Le 11 juin au
matin, nous faisons mouvement vers le plateau de Combovin. Nous nous
installons à la ferme BOISSONNIER Firmin à côté de Mourras. Le
brouillard très dense enveloppe tout le plateau, ce qui ne facilite pas notre
marche. MERMOZ, avec trois de ses hommes, nous donnent un coup de
main ; avec un traîneau tiré par une paire de boeufs, il transporte notre
ravitaillement en plusieurs voyages. Ma décision de quitter notre premier
camp, au flanc de La Raye, a été critiquée dans un premier temps, puis
comprise par la suite. Nous allons voir que les événements m'ont donné
raison
Nous nous sommes repliés dans un maquis avec la seule intention
d'avoir une base de repli, après des coups de main dans la vallée du Rhône,
et également pour entraîner des groupes de sabotage, des Corps francs à la
guérilla, où j'ai pas mal d'idées à réaliser. Nous sommes tout disposés à
faire profiter de notre expérience les groupes francs des unités voisines, si
l'Etat-major y consent.
Bien entendu, nous participerons à la défense du secteur et nous
obéirons aux ordres du Chef Départemental F.F.I.
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DIX GAMONS EXPLOSENT !
Alors que nous allions prendre nos emplacements de combat, il se
produit une violente explosion. Le sac de dix gamons que porte SIMERY a
sauté ! Elisé SIMERY est tué sur le coup, son corps est déchiqueté par
l'explosion.
Alexandre BEAUFRETON, Edouard LECAM, Léonce FERRIER
sont blessés; deux autres hommes sont plus légèrement touchés. Je suis
gravement blessé car j'étais à un mètre cinquante de SIMERY; je lui
expliquais la position qu'il devait occuper avec ses camarades. Je suis K.O.
perte de l’oeil droit, traumatisme crânien, tendon de la cheville droite
sectionné et de très nombreux éclats aux membres inférieurs. J'ai perdu
connaissance.
Les jeunes Sous-Lieutenants Gérard LEH MANN et Michel
PLANAS, qui font leurs études de médecine, nous soignent et nous
protègent de leur corps à chaque passage des chasseurs allemands qui
nous mitraillent.
J'ai de courts instants de lucidité et je comprends que l'on est
assez inquiet sur mon état. Ce pessimisme de PLANAS et de LEHMANN me
trouble. J'ai le temps de passer le commandement de la Compagnie au
Sous-Lieutenant Dominique SANTELLI alias Bruno, en lui demandant de
poursuivre le combat jusqu'à la victoire, d'embrasser pour moi ma famille
et ma fiancée; puis à nouveau c’est le trou noir. (Je ne reprendrai
connaissance que le 1er juillet à l'hôpital de Die).
J'ai appris, par la suite, que l'on m'avait descendu à la ferme de St
Raymond, que MERMOZ et ANSINELLI m'avaient veillé toute la nuit, que
le lendemain 29 juin, la camionnette qui avait transporté le corps d'Elisé
SIMERY au cimetière de Combovin est venue me prendre, pour me
transporter, ainsi que les trois hommes blessés de ma Compagnie, à
l'hôpital de Die où nous sommes arrivés le 30 juin dans la soirée, après
avoir passé la nuit à l'infirmerie de l'Escoulin.
Dès notre arrivée à l'Hôpital de Die, nous avons été opérés par les
docteurs RIGAL et LAIGLE, tous deux chirurgiens à la Clinique St Joseph
à Valence. Ces deux médecins ont rejoint le Maquis le 6 juin 1944. Avant
cette date, ils étaient dans la Résistance et soignaient nos blessés à la
Clinique St Joseph où ils les camouflaient.
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Je tiens à souligner le courage et le patriotisme de ces praticiens,
des infirmières également, qui n'ont pas hésité à prendre des risques
énormes pour se mettre, sans restrictions, au service de leurs amis de toute
la Résistance.
A mon réveil, je suis d'abord très surpris de me retrouver dans un
lit et surtout dans des draps blancs. Je ne sais où je suis.
La bonne figure de notre jeune ami Edouard BRAVAIS me rassure. Il était
à mes côtés depuis mon arrivée. . . . .
René Ladet
Deux extraits de « Il ont refusé de subir »
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Nous étions cent cinquante Maquisards. Lucien
MICOUD : 206 pages - 1981.
Ce livre donne quelques indications sur les
relations entre les maquisards du Vercors et la
Communauté de Travail Marcel Barbu, ainsi que le
rôle de Gustave Coureau en tant que chef des
Compagnons de France à Valence puis chef du
Service Social de la Communauté.
Page 14 et 15. . . Si nous voulons maintenant remonter aux origines de la
6e compagnie, sans doute nous faut-il mentionner d'abord la première
rencontre du colonel Arnaud (alors lieutenant Arnaud), responsable de l'O.
R.A. (Organisation de Résistance dans l'Armée), pour la Drôme, et de
Gustave Coureau, Romanais d'origine, alors chef de pays (c'est-à-dire
responsable départemental) des «Compagnons de France» à Valence.
C'était dans les premières semaines de l'année 1942, sans qu'il nous soit
possible de mieux préciser la date.
Le chef national du mouvement compagnon, Guillaume de
Tournemire, avait dit à G. Coureau : «Vous auriez «peut-être» intérêt à
prendre contact, à titre strictement personnel, avec le lieutenant Arnaud.
«On» lui a parlé de vous, en raison de vos fonctions dans le mouvement et
à la communauté Barbu».
Le lieutenant Arnaud, en effet, ne pouvait que souhaiter rencontrer
aussi bien les responsables d'un mouvement de jeunesse comme les
«Compagnons de France» que les représentants de la communauté Boimondau (BOItiers de MONtres du DAUphiné), dont nul n'ignorait à
Valence le comportement aussi peu conformiste que possible.
*
Page 17 et 18. . . Venu de Besançon, où il avait dirigé, avec la collaboration active de son épouse, une entreprise de fabrication de boîtiers de
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montres, et d'où il avait été expulsé vers la zone dite «libre», Marcel
Barbu, personnage étonnant à plus d'un titre, était entré alors aux
«Compagnons de France» ; mais au sortir du camp-école, il avait refusé
les fonctions qu'on lui proposait.
A Valence, où il retrouvait notamment Fred Lip, avec lequel il avait
travaillé à Besançon, Barbu avait été mis en contact avec Gustave
Coureau, afin que celui-ci lui apporte son aide pour l'installation au cheflieu de la Drôme d'un atelier de production de boîtiers de montres.
Ce devait être la fameuse Communauté Boimondau, entreprise d'un
type entièrement nouveau, où tout était remis en question, en vue de
l'épanouissement humain de ses membres. Appartenant au mouvement,
ceux-ci portaient l'uniforme des Compagnons de France et ils en avaient
adopté l'insigne (coq blanc stylisé sur fond rouge).
Le non-conformisme affiché du nouvel établissement et de son
fondateur ne pouvait manquer de porter ses fruits. En décembre 1942,
Barbu lui-même fut arrêté et interné à Fort-Barreau, puis au camp de Saint
Sulpice la Pointe (Tarn), pour refus d'application de la législation de Vichy
concernant les entreprises et pour une attitude générale d'opposition
envers le régime en place.
La communauté ne s'arrogeait-elle pas le droit, entre autres, de
refuser ce piège qu'était en vérité la «relève» (2) pour les travailleurs ?
C'est à Saint-Sulpice que Barbu fit la connaissance de Marcel
Mermoz, qui, libéré peu de temps après son nouvel ami, allait rejoindre la
communauté à Valence fin mars 1943.
Les rapports restèrent très étroits et profondément amicaux entre
G. Coureau et M. Barbu lorsque ce dernier entra en conflit ouvert avec les
instances nationales du mouvement compagnon et que fut consommée la
rupture, mais non la fin de toute relation.
*
Page 19. . . Médecin des Compagnons de France et de la communauté
Boimondau, généraliste récemment installé à Valence, le docteur André
Margot n'avait pas tardé à s'engager, comme beaucoup de ses confrères,
dans la voie dangereuse de l'illégalité : soins aux clandestins de toutes
origines, dont de nombreux Israélites, certificats de complaisance... ; si
bien qu'il finit par devenir suspect à l'occupant et à ses acolytes.
14
*
Page 24 à 26. . . Lorsque les «Compagnons de France», dont l'esprit de
résistance apparaissait par trop flagrant, furent dissous, sur l'ordre des
Allemands, par le gouvernement de Vichy, au début de l'année 1944, la
situation de Gustave Coureau - qui était alors devenu chef du service social
à la communauté Boimondau - se révéla rapidement intenable dans la
Drôme.
Il participait à une réunion clandestine de cadres compagnons à
Lyon, lorsqu'un de ses meilleurs amis, Jacques User, accouru de Valence
en motocyclette, lui transmit, de la part du capitaine Arnaud, l'ordre formel
de ne pas revenir dans la Drôme.
Le matin précisément de ce jour, lors d'une réunion tenue au cheflieu de la Drôme, la Milice (8) avait en effet inscrit notre compagnon sur la
liste des condamnés à mort. Mais un milicien, Viallon, de Bourg-de-Péage,
camarade d'enfance de G. Coureau, en avait immédiatement informé le
capitaine Arnaud. Le soir même, Coureau prenait le train pour Paris,
tandis que J. User revenait à Romans prévenir Madame Coureau et
l'engager à rejoindre son mari dans les plus courts délais avec leurs quatre
enfants.
Barbu, pour sa part, vivait à cette époque dans une semiclandestinité. Sa femme et six de ses enfants rejoignirent sans tarder la
famille Coureau à Paris, plus précisément à Boulogne-sur-Seine.
De leur côté, les compagnons de Boimondau, craignant des représailles,
déménagèrent les machines à leur ferme de Mouras. Bien leur en prit ; les
Allemands vinrent en effet, dans les jours suivants, incendier l'usine, ainsi
que la villa qu'avaient occupée M. et Mme Barbu.
Quelques jours après la montée à Paris des deux familles, Marcel
Barbu en personne les rejoignit avec d'autres membres de la communauté.
Un local avait été trouvé à Paris même, rue J.-J. Rousseau, pour leur
servir de refuge.
Bientôt, malheureusement, le 3 juin 1944, une vingtaine d'entre eux
tombèrent dans une souricière montée par la Gestapo (10). Par chance,
retardé ce jour-là et prévenu par un commerçant voisin, Coureau était
passé entre les mailles du filet.
15
Les époux Coureau s'employèrent alors à ravitailler leurs
infortunés compagnons avec des colis que Mme Coureau portait à la
prison de Fresnes même, où ils avaient été incarcérés.
Gustave Coureau, contraint pour sa part à la plus grande
prudence, avait pour principale préoccupation de s'informer sur la
détention de ses amis et sur leur départ éventuel vers l'Allemagne. Il entra
dans ce but en rapport avec l'abbé Stock, aumônier allemand de la prison,
qui lui fut d'un grand secours et qui le reçut souvent dans le grenier d'un
vieil immeuble parisien, près de la place Saint-Michel.
C'est ainsi par l'abbé Stock que G. Coureau apprit le transfert de
Fresnes au camp de Royallieu, près de Compiègne, de Bruno Larat, un
Romanais, qui était son ami intime et qui avait été arrêté le 21 juin 1943 à
Caluire, chez le docteur Dugoujon, avec Jean Moulin et ses compagnons
(11).
Royallieu c'était la dernière étape sur la route de la déportation.
Coureau partit aussitôt pour Compiègne en bicyclette. Après maintes
péripéties, il réussit à faire parvenir à son ami des limes cachées dans un
morceau de pain, glissé à contre-voie dans le wagon qui allait l'emmener
en Allemagne.
Vaine tentative, hélas ; les compagnons de voyage de Bruno Larat
ne lui permirent pas d'utiliser les instruments de sa libération, craignant
des représailles sur ceux d'entre eux qui ne s'enfuiraient pas. Sont-ils
revenus des camps de la mort ?... Pour Bruno Larat ce fut un voyage sans
retour.
Arrêtés avec leurs amis, trois membres de la communauté
Boimondau feront aussi le sacrifice de leur vie : Hermann, fusillé à
Villeneuve-sur-Ain ; Jean Donguy, mort d'épuisement au camp de
Vailingen ; Simone Donguy, morte à Bergen-Belsen.
*
Page 69 …… Les allées et venues se multipliaient en vue de remplir des
missions de tous ordres. C'est ainsi que dans la nuit du 6 au 7 juin, Isnard
et Minodier partaient dans un camion des transports Eclair de Valence,
réquisitionné avec son chauffeur, pour aller charger des armes dans une
ferme du plateau et les ramener à Beaufort-sur-Gervanne. Sans doute
s'agissait-il de la ferme de Mouras appartenant à la communauté Barbu et
16
ces armes étaient-elles destinées aux maquisards du camp Michel, de
passage à Beaufort à ce même moment.
*
Page 90. . . Dans les premiers jours de juillet encore, Joseph Micoud venait
retrouver à Vaunaveys son frère Lucien. Ayant fait ses Chantiers de
Jeunesse au Muy, Joseph avait d'abord «rempilé» pour éviter le départ en
Allemagne ; mais ce n'était là qu'un sursis. Il avait donc quitté les chantiers
et était rentré à Romans, où vivaient ses parents. Embauché alors à la
communauté Boimondau, il avait passé plusieurs mois à la ferme de
Mouras.
En cas d'alerte, se souvient-il, on partait dans la montagne, attendant pour
redescendre le déplacement des draps que Madame Barbu avait étendus en
vue de renseigner les fugitifs.
Page 141. . . Le lendemain, tirant la charrette sur laquelle Alain et
Gabriel, étendus côte à côte, souffraient le martyre, le mulet les ramena
à Clairnoir ; et les blessés purent être couchés dans un lit à la ferme
Boissonnier.
C'est là qu'ils reçurent la visite du colonel Descour, qui venait luimême, quelques jours plus tôt, de perdre son fils Jacques dans les combats
de Vassieux-en-Vercors
C'est là aussi que, le 29 au matin, Marcel Mermoz vint de la ferme
de Mouras avec son gazogène, pour transporter les blessés à
l'infirmerie de bataillon, établie au Plan-de-Baix, dans les locaux de la
colonie de vacances.
Lucien Micoud
Extrait de « Nous étions cent cinquante
Maquisards »
17
Journal des années noires (1940 - 1944) - Jean
Guéhenno - Editions Gallimard - 1947
Jean Guéhenno a noté pendant toute la période de
la guerre les événements, au jour le jour, comme il
les a vécu, vu, sans chercher à faire découvrir des
secrets, aucune aventure.
Il a vécut ces quatre années comme tout le monde,
sans ennuis particulier.
Et un jour, il rencontre un homme - d’ailleurs dans
son journal, Jean Guéhenno ne cite pas de nom qui lui raconte son histoire : c’est Marcel Mermoz
14 novembre 1943
« Vous ne me reconnaissiez pas ? » Il triomphe. Il a changé son
visage, coupé sa moustache, laissé pousser des favoris, une tignasse
ébouriffée, mis des lunettes, quitté son blouson de cuir d’autrefois et
endossé un pardessus. Il me raconte son histoire. « Trente-neuf mois de
camp de concentration. Emprisonné par Daladier dès décembre 1939. La
prison, les camps, et puis j’ai été libéré. Marrant, mais c’est comme ça :
Un copain de camp qui m’a fait libérer, un « chrétien » qui avait été
emprisonné pour n’avoir pas voulu fournir les états » pour le « relève » :
j’suis avec lui maintenant. Un drôle de type, un petit artisan qui fabrique
des boîtiers de montre. Une année il avait gagné cent mille francs, mais il
s’aperçut que c’était que la même année il avait fait travailler avec lui trois
ouvriers. Alors il n’a pas voulu des cent mille francs et il a mis son affaire
ne communauté. Il me disait qu’il avait trouvé ça dans l’Evangile, mais moi
je ne pouvais pas la croire. Mais maintenant, j’ai vu. C’est devenu énorme.
Il y a deux usines, une à Valence, l’autre à Besançon, et puis une ferme
qu’on a achetée avec les bénéfices, cent soixante hectares, dans le Vercors,
et où on a caché les copains des usines qui devaient partir en Allemagne. Il
connaissait des gens à Vichy, il a été libéré, et puis il m’a fait libérer après.
18
Comme il me l’avait dit. Y avait pas quatre jours que j’étais libéré, qu’ils
sont revenus pour me remboîter. Mais j’étais dans le décor, vous
comprenez. J’dirige la ferme communautaire. A huit cent mètres d’altitude.
Avec un poste de guet qui contrôle la vallée et toute la route qui monte de
la plaine. Les gendarmes ont compris. Y a qu’moi là-dessus qui connais un
peu la terre. J’suis venu à quinze ans à Paris, mais auparavant j’travaillais
sur la ferme avec mon père. Tous les autres sont des bijoutiers. Vous vous
rendez compte. Mais ça marche ! On travaille et on discute, les chrétiens et
nous. Y a une heure d’éducation tous les jours. Le dimanche la messe d’un
côté, et moi de l’autre j’explique le marxisme aux copains. . . »
Je l’ai écouté longtemps. Il était d’une si pleine évidence que cet
homme n’avait aucun intérêt propre et que pas un instant ne le touchait le
sentiment de sa supériorité pourtant si éclatante.
Jean Guéhenno
Extraite du « journal des années noires »
19
Les Hommes d’URIAGE - Pierre Bitoun
Avec la réédition, au format pdf, de
d’Uriage", @telier de Presse permet
nombre d’accéder à un ouvrage
indispensable à la mémoire du siècle
combats humanistes de l’avenir.
"Les Hommes
au plus grand
de référence
dernier et aux
LA COMMUNAUTÉ BOIMONDAU - Pages 119 à 121
Avant de revenir à la Thébaïde, les équipes volantes5 font quelquefois halte
à l'est de Valence, sur le plateau de Combovin, un contrefort du Vercors.
Là, sont installés Marcel Barbu, un catholique pétri des enseignements de
l'Évangile, futur candidat à la présidence de la République en 1965, et
Marcel Mermoz, un fils de paysan savoyard devenu dans l'avant-guerre
ouvrier anarchiste puis communiste à Paris. Les deux hommes, au
tempérament énergique, se sont rencontrés en 1942 au camp d'internement
de Saint-Sulpice et dirigent ensemble depuis le printemps 1943 un maquis
original, initiateur et lointain devancier des expériences autogestionnaires.
C'est la communauté de travail Boimondau, des Boîtiers de Montre du
Dauphiné, où viennent se reposer- et se ressourcer- les membres des
équipes volantes.
CHOMBART DE LAUWE : « À Uriage, nous avions des liens avec la
communauté Boimondau. Les gars qui y vivaient étaient à la recherche
d'une démocratie réelle, d'une démocratie qui soit fondée sur une vie
communautaire. En fait, ils faisaient de l'autogestion avant la lettre. Et à
Uriage, même si on ne prononçait jamais le mot bien sûr, on rencontrait un
peu cette ligne-là. »
5
Les équipes volantes sont composées de stagiaires de l’école d’Uriage et vont des maquis en maquis
pour former les jeunes résistants
20
CACÉRES : « À Valence, un homme essayait de créer une entreprise d'un
genre nouveau le salaire comprenait le travail productif, les actions
d'entraide et les heures de culture. Chacun participait réellement selon
l'ensemble de ses capacités productrices et humaines.
« [...] Quand nous arrivions avec les "équipes volantes", dans la nuit, par
les chemins sûrs, en vue du plateau, une grande joie s'emparait de nous.
Les guetteurs une fois passés, nous entrions dans le monde de la liberté.
Nous arrivions devant une grande cuisine toujours ouverte. Une soupe
nous attendait. La règle voulait que l'accueil, même dans la détresse, fût,
comme dans l'Évangile, la première vertu. Le ravitaillement tenait lui aussi
du miracle. Sur un sol ingrat, avec un soin minutieux, tout ce qui pouvait
pousser se cultivait sur le plateau. Jamais personne ne se plaignait, quelles
que fussent les privations.
« [---] Sur le plateau, les problèmes se débattaient au grand jour. Une fois
par semaine se tenait la grande assemblée. Des veilleurs, comme des
templiers protégeant une initiation compagnonnique, faisaient le guet sur
les hauteurs, les armes à la main, tandis qui hommes et femmes réglaient
les modalités de leur vie. Dans ces assemblées, tout se disait et tout pouvait
se dire. Lorsqu'un problème semblait insurmontable, le tribunal se
réunissait. Les juges élus par toute l'assemblée ne pouvaient prendre la
décision qu’à l’unanimité et le coupable devait accepter sa peine. S’il la
refusait, il en donnait publiquement les raisons. II n'y avait de sentence
qu’acceptée par tous.
DOMENACH : « Dans la légende qui nous environnait, Barbu et Mermoz
tenaient une place éminente. Le novice dominicain qui assurait la liaison
entre Combovin et Murinais, et que j’avais baptisé 'l'archange messager',
nous rapportait de là-bas des nouvelles étonnantes. A l’abri d'une pancarte
qui annonçait fièrement au passant qu’il entrait dam un ‘territoire libre’, et
d’un stock d’armes qui suscitait notre envie, une communauté de
travailleurs continuait l’aventure commencée en temps de paix.
« Exemple unique en France le fondateur et responsable de cette
communauté. Marcel Barbu avait refusé de livrer aux autorités de Vichy la
liste des ouvriers que celles-ci exigeaient pour la relève, et il avait
transféré dans le maquis ses travailleurs mobilisables et une partie de la
fabrication de l’usine. On racontait qu’à Combovin, le dimanche, se
déroulaient trois 'cultes’ différents, le culte chrétien qui rassemblait
catholiques et protestants (chose rare à l’époque), le culte humaniste et le
21
culte marxiste. Ce dernier était présidé par Marcel Mermoz dont la légende
s’enrichissait d'épisodes multiples, et qui nous apparaissait comme
l’athlète complet de la révolution.
« [---] Si ce maquis ne ressemblait pas aux autres, c'est que la lutte contre
les Allemands n’était pas sa raison d'être. Simplement on y poursuivait,
sous une forme guerrière que les circonstances rendaient nécessaires, un
projet radicalement révolutionnaire, qui était la libération concrète des
travailleurs par eux-mêmes, dans leur travail, dans leurs relations, dans
l’ensemble de leur vie sociale et culturelle. A nous, qui dessinions les plans
ce la cité prochaine, la communauté Boimondau apparaissait comme une
pierre d'angle et un prototype.
[_ ] Boimondau se situait dans l'axe du personnalisme communautaire.
Voilà des gens qui, au lieu de disserter sur la prise du pouvoir et le
changement de la vie, avaient commencé de se répartir le pouvoir et de
changer leur vie »
MERMOZ : « Le principe essentiel pour moi était que la communauté de
travail soit l’échelon naturel entre l'individu et la communauté nationale.
L’État. 1789 a atomisé les hommes, ne considérant que les individus,
ignorant la famille, cellule naturelle, et toutes les cellules intermédiaires, si
bien que l’individu est la proie de tous les organismes puissants de l’État :
le fisc, le gendarme, le préfet, l’huissier. C'est la lutte du pot de terre
contre le pot de fer. L’homme se sent tellement seul qu’il accepte et baisse
la culotte. Pour qu’il ne baisse pas la culotte. Il faut faire une bonne
communauté, solide et solidaire. Sur le plan économique d’abord. A ce
moment-là, ces gens de l'administration, ces bonnes intelligences, ces
belles mécaniques intellectuelles, seront désarmés en face d'un groupe uni.
Là-dessus, nous étions d’accord et à mon sens, c'était essentiel. Grâce à
Barbu, moi qui m'étais forgé pour la destruction, je suis devenu un
bâtisseur.
Pierre Bitoun
Extrait « Les Hommes d’URIAGE »
(format pdf)
22
Pour l’amour de la France - Drôme - Vercors
1940 - 1944
Fédération des combattants de la résistance et des FFI
de la Drôme - Editions Peuple Libre - 1989
Cet ouvrage collectif permet à lui seul de présenter les
nombreux contacts entre les maquisards et les
compagnons de la Communauté de Travail Marcel
Barbu. Dans le réseau de la résistance, la Communauté
est un maillon.
Page 29 :
....
Venus de Besançon où il dirigeait une entreprise de fabrication de
boîtiers de montres, Marcel Barbu entre aux Compagnons de France. Mis
en contact avec Gustave Coureau, responsable du mouvement pour la
Drôme, Barbu apporte son aide en installant à Valence un atelier de
production qui sera à l’origine de la communauté Boimondau et
constituera plus tard le maquis de Combovin.
Le docteur André Margot, généraliste récemment installé à
Valence, médecin des Compagnons et de la communauté Boimondau, ne
tarde pas à s’engager.
Page 30 :
....
Pierre Laurent, lui, échappera aux recherches et après un court
séjour à Paris où il retrouve Coureau, Barbu et d’autres, il revient à Etoile
....
Page 52 - L’abbé Glasberg aura un rôle important dans la construction de la
Cité horlogère :
. . . . au début de 1942, un prêtre, l’abbé Glasberg, loue l’hôtel Bitsch pour
le transformer en camp d’étrangers juifs assignés à résidence par la
gouvernement de Vichy.
23
Page 62 :
....
Dans la lutte contre la collaboration et le STO, l’histoire de Marcel
Barbu et de la communauté Boimondau est un exemple de détermination,
nous dit Amédée Tena :
En juin 1941, expulsé de Besançon occupé par les Allemands,
Marcel Barbu transfère son activité industrielle de fabrication de boîtier de
montres à Valence, où la société LIP, son principal client, elle-même
repliée. Marcel Barbu fonde alors la première communauté de travail qui
suscitera l’intérêt de plusieurs sociologues.
Marcel Barbu espérait que le maréchal Pétain s’opposerait au
départ des travailleurs pour l’Allemagne. Force lui est pourtant de
constater que le chef de l’Etat français n’est plus en mesure de défendre et
de diriger librement le pays. Soutenu par l’ensemble de son personnel, il
écrit sa désapprobation au Maréchal, en août 1942. Il refuse en outre
d’adresser l’état de recensement de son personnel.
Le premier novembre suivant, le préfet de la Drôme le fait interner
au sinistre fort Barrau, en Isère, pour les motifs suivants :
« Considérant que monsieur Barbu, industriel à Valence, 41 rue
Montplaisir a engagé ses ouvrier à opposer un refus aux demandes
d’engagement pour le recrutement de la main-d’œuvre en Allemagne :
Qu’ainsi qu’il le reconnaît, il s’est entendu avec son personnel
pour s’opposer par tous les moyens aux mesures prévues par le
gouvernement en vue de la relève.
Que son attitude est non seulement inadmissible, mais encore
dangereuse pour l’ordre public. Arrêtons. . . . »
Sur l’intervention de monseigneur PIC, évêque de Valence de
dirigeants de l’école de cadres d’Uriage, qui sera dissout à la fin de
l’année par vichy, le 23 décembre 1942, Marcel Barbu, père de six enfants
est libéré.
Convaincu qu’il doit poursuivre son combat, cet homme courageux
créera, au début de 1943, le premier maquis de Combovin.
Page 103 :
. . . . Avec Amédée Téna, de Montségur, ils inspectent le premier maquis de
la Lance, puis vont dans le nord visiter le camp Thivollet-Bozambo, Marcel
24
Barbu recevra leur aide en armes et ravitaillement par camion que
conduira, entre autres, Louis Bazzini.
Page 167 :
En janvier 1943, Marcel Barbu vient d’être libéré de fort Barrau.
Prévoyant, il va faire l’acquisition de la ferme Mourras, sur la montagne
de Combovin afin d’assurer, si nécessaire, un abri pour sa communauté et
lui-même.
Amédée Téna de Montségur est le fournisseur en verres de montres
de Marcel Barbu avec lequel il s’est lié d’amitié. . . .
. . . . Téna, ne prenant en compte - dit-il - que l’esprit de la Résistance,
laissant à Barbu sa philosophie expérimental et sociale de groupe, propose
à Descour et à Barbu de créer une école de cadres pour les maquis, à
Combovin. Barbu accepte, mais demande un soutien en matériel,
ravitaillement et armement. Des camions feront la navette entre le Nord et
le Sud avec Amédée Téna, Louis Bazzini, Marius Gras, René Balte ou Louis
Clarice. Auparavant, Léopold Fabre, mécanicien, était allé installer un
groupe électrogène.
C’est ainsi que s’établit la chêne de solidarité Nord-Sud par des
hommes qui se font confiance, car ils mènent le même combat.
Page 186 - Le maquis Michel :
. . . . La ferme Peyri s’avère trop petite et l’on décide de s’installer dans les
baraquements confortables de la communauté Barbu à Mourras
apparemment peu occupés, ce qui sera chose faite le 13 février. Marcel
Barbu est d’ailleurs des nôtres.
On organise aussitôt la garde et la défense de cette nouvelle
position et la vie reprend comme à Peyri : intense.
Page 274 :
. . . . Madame Faure passe devant nous, assise sur la banquette de la
charrette sur laquelle repose le cercueil de son fils. Elle le conduit au
cimetière de Combovin. Marcel Mermoz tient le cheval par la bride. . . .
Extraits de « Pour l’amour de la France - Drôme - Vercors 1940 - 1944
25
Une utopie combattante - L’école des cadres
d’Uriage 1940-1942 - Bernard Comte - Editions
Fayard - 1991
Dans la résistance, l’école des cadres d’Uriage tient une
place à part. Installée par le régime de Vichy pour
former des « chefs » pour la jeunesse, elle devient
rapidement un laboratoire d’idées pour l’après guerre.
C’est dès 1942 que Marcel Barbu et quelques
compagnons font le voyage à Uriage pour ce former ou confronter leur
idées, car en ce début d’année 1942, les intellectuels de l’école réfléchissent
à une autre place pour la classe ouvrière par la constitution d’authentiques
« communautés de travail » (1) dans lesquelles le travail trouverait sa
dignité et sa valeur au service de l’homme (page 441).
C’est en septembre 1942 que date la première participation des
compagnons de la communauté de travail en gestation de Valence, il y eu
trois déplacements.
D’autre part, Raoul Sauron (3) arrivé dans l’entreprise Barbu le 1 er
septembre 1941 au poste de directeur commercial, participe en tant
qu’animateur de formation à l’école d’Uriage.
Le livre « Une utopie combattante » ne va pas assez loin et assez précis
dans les relations entre l’école des cadres et la communauté, et parle peu de
ce qui c’est passé en 1943, mais il transpire que ces rencontres ont
influencées Marcel Barbu et ses compagnons dans leur comportement et
lors de la rédaction de la Règle Communautaire6.
Dans un récit fait par Marcel Barbu à Louis Joseph Lebret et Henri Charles
Desroches et transcrit dans les cahiers de la Communauté aux éditions
Economie et Humanisme, on peut lire :
Marcel Barbu :
6
Les Compagnons ont décidé que l’année 1943 serait mise à profit pour tester la Communauté et
rédiger, en partant de leur vécu, une Règle Communautaire qui sera mis en vigueur le 1 er janvier 1944.
26
. . . Sur ces entrefaites, nous entrons en contact avec une école de cadres du
voisinage. Le milieu était sympathique. Je réussis à y emmener deux ou
trois chefs de service. Ceux-ci, intéressés, persuadent un jour deux ou trois
autres de les accompagner. Ils avaient discuté, mais ils revenaient
mécontents d’eux-mêmes parce qu’ils ne savaient pas s’exprimer. Ils
avaient compris que s’ils avaient un bagage intellectuel un peu plus lourd,
ils ne se seraient pas trouvés en état d’infériorité. La semaine suivante un
cours de français fut organisé. . .
Ce témoignage de Marcel Barbu (2) montre que les relations entre l’école
d’Uriage et de la communauté ne furent pas neutres.
L’école des cadres d’Uriage fut dissoute fin 1942, les chefs se sont
regroupés dans un bureau d’étude à Murinais (Isère), moins de 60 Km
séparaient Combovin de Murinais ce qui permit de nombreuses rencontres
en 1943.
Quelques extraits :
Page 448 ; sessions d’information SI 15, SI 16, SI 17 et SI 12 du 20
septembre 1942 pour Marcel Barbu :
. . . A chacune de ces trois dernières sessions participe aussi un contingent
d’une dizaine d’ouvriers et employés de la communauté Boimondau
(Boîtiers de montres du Dauphiné) que dirige à Valence Marcel Barbu, qui
lui-même a participé avec plusieurs de ses compagnons au stage général
de septembre.
(1) Page 457 ; session de formation du premier semestre 1942 :
. . . Après avoir analysé les contradictions du capitalise et les caractères de
l’attitude révolutionnaire du prolétariat, on recherche les conditions de la
transformation des entreprises en communauté de travail, seule alternative
plausible au matérialisme marxiste.
(2) Page 458 :
. . . Autre rencontre, celle de Marcel Barbu, créateur de Boimondau
(Boîtiers de montres du Dauphiné, entreprise industrielle dont il veut faire
une « communauté humaine » fondée sur une éthique pluraliste et un
« style de vie. L’usine communautaire de Valence est un lieu d’ »éducation
27
humaine » autant que production économique, qui fait même sa place à la
culture physique et l’éducation artistique. On y crée des cours de français
après un stage à Uriage d’où les ouvriers sont rentés mécontents de
n’avoir pas été capables de s’exprimer.
(3) Page 458 ; Stage SI 17 du 19 au 21 décembre 1942 :
1er jour : . . . Sauron : Témoignage sur un chef d’entreprise
révolutionnaire [Barbu]
Page 477 :
. . . Beuve-Méry suggérait après François Perroux la transformation des
entreprises en « communautés de travail », après avoir montré que la lutte
des classes est une donnée de fait, qu’il est vain de dénoncer si on ne
s’attaque pas aux causes.
Page 527 :
. . . Dès le début de 1943, une mission a été effectuée par Cazenavette et
Dumazedier, accompagnés de Poli et Ollier de Marichard, à Combovin
dans la Drôme, sur le flanc ouest du massif du Vercors. Marcel Barbu y a
installé, à la ferme de Mourras, une communauté de travail où il regroupe
ses ouvriers de Valence réfractaires au STO - lui-même a subi, à la fin de
1942, un internement administratif de deux mois pour avoir refusé de
fournir la liste de ses ouvriers susceptibles d’être désignés pour la relève.
Entre Uriage et la communauté Barbu, entre Murinais et Combovin, la
parenté d’inspiration favorisera une liaison régulière.
Page 547 :
. . . tandis que Jean Bernard entreprend de redonner vie au
Compagnonnage et que Marcel Barbu invente à Valence une communauté
à la fois économique (une entreprise industrielle) et humaine (sur le plan
social, culturel et spirituel).
Bernard Comte
Extraits de « Une utopie combattante L’école des cadres d’Uriage 1940-1942 »
28
Le défi d’un sourire ou la vie militante de
Claude Belmas - 131 pages - Collectif - Repro
Rapide - Mai 1979.
Livre réalisé par les amis de Claude Belmas, décédé en
1976 à l’âge de 54 ans
Dans la résistance, Claude Belmas prendra le nom de
Ulysse
Page 32 :
« Cette quête d’armes emmène Ulysse sur le plateau de Mourras, où
Mermoz, en l’absence de Marcel Barbu, est responsable du maquis de la
Communauté Barbu. »
« Ulysse, aidé du F.T.P. Martinez, essaye d’obtenir des armes. Refus de
Mermoz bien sûr. L’entrevue est très brève, Ulysse et son compagnon
essayèrent de faire comprendre à Mermoz tout l’intérêt qu’il y aurait, pour
la résistance, à partager les armes. Mermoz apprit, bien plus tard, que si
les F.T.P. renoncèrent à l’attaque du maquis Barbu, ce fut grâce à
l’opposition de Belmas »
« C’est ainsi que le destin mis en présence deux hommes qui devaient se
retrouver par la suite et devenir amis. Comme Bénigno Caceres, un autre
F.T.P. qui fit une tentative avortée pour s’emparer des armes, tant
convoitées du maquis Barbu. L’un et l’autre ignoraient que ce maquis
servait de protection et de couverture aux écoles de cadres de l’armée
secrète qu’organisait Bayard (le général Descour). »
29
COMMUNAUTE DE TRAVAIL
MARCEL BARBU
LES HOMMES
30
L’espèce humaine - Robert Antelme - Editeur
Gallimard - 9 mai 2006 (première édition
février 1957) 306 pages
L’auteur, déporté à Buchenwald (kommando
Gandersheim), il a rencontré Gaston Riby (page 200)
et lors de la marche le 4 avril 1945 (page 224 et
suivantes)
Gaston Riby est un ami de Marcel Barbu et a été arrêté le même jour à
l’association La Chaîne, 68 Rue Jean-Jacques Rousseau à Paris, le 14 avril
1944.
Après la guerre, il tiendra une place importante à la Communauté
Boimondau et à l’Entente Communautaire
Michel Chaudy
Extraits des pages 200 à 204
. . . Gaston avait envisagé la veille d’organiser pour ce dimanche une
séance récréative.
. . . Gaston Riby était un homme qui approchait de la trentaine. C’était un
professeur. Il avait une figure massive avec des mâchoires larges. Il était
passé lui aussi par le zaunkommando puis par l’usine. A ce moment là, il
travaillait avec quelques autres dans ce qu’ils appelaient la mine. C’était
un tunnel- abri que les SS faisaient creuser dans la colline au pied de
laquelle se trouvait leur baraque . . . / . . . Quand Gaston rentrait au block,
souvent il avait à peine la force de boire sa soupe et aussi tôt il allait
s’étendre sur la paillasse et ses yeux se fermaient.
Pourtant, la bête de somme qu’ils en avaient fait, ils n’avaient pas pu
l’empêcher de penser en piochant dans la colline, ne de parler lourdement
avec des mots qui restaient longtemps dans les oreilles. . . ./. . . Gaston
avait dit ceci :
- Dimanche, il faudra faire quelque chose, on ne peut pas rester comme ça.
Il faut sortir de la faim. Il faut parler aux types. Il y en a même qui ont
oublié pour quoi ils sont là. Il faut parler. . .
31
. . . Gaston est allé avec un copain prendre derrière le block un des
panneaux que l’on avait transporté depuis le talus de la voie ferrée . . . / . .
. Gaston a allumé une petite lampe à huile - c’était une boîte de métal
remplie d’huile de machine dans laquelle trempait un morceau de mèche et l’a posée sur un montant du châlit, au-dessus du tréteau.. . .
. . . Gaston est monté sur le tréteau. La petite lueur de la lampe à huile
éclairait à peine sa figure. Il avait enlevé son calot et son crâne
apparaissait carré, osseux, écrasant son visage sans joues. Son rayé était
sale, ses souliers boueux. Gaston paraissait plus pesant, debout sur la
planche. Il ne savait trop quoi faire de ses mains qu’il laissait pendre le
long de son corps et qu’il frottait de temps en temps, l’une contre l’autre. . .
. . . Gaston dit à peu près ceci :
« Camarades, on a pensé qu’il était nécessaire de profiter d’un après midi
comme celui-ci pour se retrouver un peu ensemble. On se connaît mal, on
s’engueule, on a faim. Il faut sortir de là. Ils ont voulu faire de nous des
bêtes en nous faisant vivre dans des conditions que personne, je dis bien
personne, ne pourra jamais imaginer. Mais ils ne réussiront pas. Parce que
nous savons d’où nous venons, nous savons pourquoi nous sommes ici
aussi. La France est libre mais la guerre continue, elle continue ici aussi.
Si parfois il nous arrive de ne pas nous reconnaître nous-mêmes, c’est cela
que coûte cette guerre et il faut tenir. Mais pour tenir, il faut que chacun de
nous sorte de lui-même, il faut qu’il se sente responsable de tous. Ils ont pu
nous déposséder de tout mais ce que nous sommes. Nous existons encore.
Et maintenant, ça vient, la fin arrive, mais pour tenir jusqu’au bout, pour
résister et résister à ce relâchement qui nous menace, je vous le redis, il
faut que nous nous tenions et que nous soyons tous ensemble »
Gaston avait crié cela d’un trait, d’une voix qui était devenue
progressivement aiguë. Il était rouge et ses yeux étaient tendus. Les
copains aussi étaient tendus et ils avaient applaudi. Les droits communs
avaient l’air stupéfait et ne disaient rien. Ces phrases étaient lourdes dans
le block. Elles semblaient venir de très loin. On oublié la soupe, on n’y
pensait plus. Et ce que l’on avait pu se dire à soi-même, venait d’acquérir
une force considérable pour avoir été crié à haute voix, pour tous.
Gaston qui était descendu du tréteau y remonta pour annoncer que des
copains allaient chanter et dire des poésies.
32
A partir de la page 215
Le 4 avril 1945, évacuation du kommando Gandersheim du camp de
Buchenwald. Une longue marche commence pour les prisonniers.
L’auteur raconte le calvaire des prisonniers qui, à pieds pour une grande
partie, rejoignent le camp de Dachau.
Parti le 4 avril 1945, ils arrivent à Dachau le 17 avril. Le camp est libéré le
29 avril 1945.
Gaston Riby est compagnon de Robert Antelme, il apparaît de nombreuses
fois dans le récit.
33
De la Drome aux camps de la mort - Robert
Serre - Editions peuple Libre / Notre Temps Avril 2006 - 400 pages.
Liste des déportés politiques, résistants, otages, juifs Nés, résidant ou arrêtés dans la Drôme
Bador Georges
Page 12 :
Né le 20 octobre ou novembre 1911 à Valence (Drôme). Ajusteur
Arrestation le 17 décembre 1943 par la Feldgendarmerie à la cartoucherie
- Bourg-lès-Valence - au motif : résistance, « vol d’armes »
Déportation le 30 avril 1944 à Auschwitz, matricule 184 986, transféré le
14 mai 1944 à Buchenwald, matricule 52 955, puis au kommandos
Langenstein.
Libéré le 11 mai 1945.
Page 122 :
Circonstance de l’arrestation de Georges
Page 215 :
Détails de l’arrivée à Buchenwald le 14 mai 1944
Page 221 :
Georges est muté au kommandos
Informations Communautés de travail :
Georges Bador a rencontré Marcel Barbu au kommandos Mauthausen
(Martha). Il le rejoindra à la Cité Donguy-Hermann, puis à partir de
1950, travaillera à la Cité Horlogère.
Barbu Marcel
Page 12 :
Né le 17 octobre 1907 à Nanterre, industriel, fondateur de la communauté
Boimondau.
Arrestation le 14 avril 1944 à Paris, motif : résistance
Déportation le 21 août 1944 à Buchenwald, matricule 81 203, transféré au
kommandos Mauthausen.
Libéré le 11 avril 1945
34
Page 123 :
Il est question du ravitaillement d’une cinquantaine de moutons pour le
groupe Barbu.
Page 124 :
7 mars 44 : Rafle chez Barbu, à l’usine Boimondau (Boîtiers de montres du
Dauphiné)
Début mars 1944, la police française se rend à l’usine Boimondau de
Marcel Barbu, fabrique de boîtiers de montres à Valence, pour cueillir
Mermoz, qui vient d’être libéré du camp de Saint-Sulpice. Simone Donguy
leur dit qu’il n’est pas encore rentré et Mermoz s’enfuit pendant qu’ils
attendaient. Le 7 mars, les Allemands pillent et incendient l’habitation et
l’usine Boimondau, impasse Faventine à Valence. M. Barbu aurait était
mis en cause par suite de ses relations avec des éléments de résistance. Ils
arrêtent des membres de la communauté, en fusillent un et déportent Jean
Donguy, 48 ans, et sa fille Simone, 24 ans, membres de l’organisation de
maquis de Barbu. Jean mourra d’épuisement au camp de Vaihingen. On
trouve Simone dans les cellules 25 et 27 de la prison de Montluc à Lyon.
Lise Lesèvre, internée avec elle, l’évoque ainsi : dans la cellule 27, le 15
mars, « il y avait la benjamine, qui m’avait reçu dans ses bras : Simone, 20
ans, Simone Donguy de Valence ». En mai, Lise est dans la chambre des
malades. « Ma jeune amis Simone Donguy est venue plusieurs fois me voir
alors que j’étais immobilisée. Il y avait eu de nombreuses fouilles dans les
cellules depuis mon départ. On n’avait pas touché à mon rangement.
Simone en avait profité pour y cacher certaines choses personnelles ». Le
19 mai, Lise a reçu l’ordre de départ « avec bagages ». « Simone est
silencieuse et tranquille. On lui a annoncé sa libération et celle de son
père. Elle a des messages à transmettre de ma part. Je la sais prudente et
sage. Je pars rassurée et heureuse pour elle et les siens. . . Elle est morte à
Bergen-Belsen. Son père n’est pas rentré non plus »
Page 190 :
Départ du dernier train de Compiègne le 18 août 1944, avec Marcel Barbu
Bonnefois Aimé
Page 17 :
Né le 19 avril 1920 à Monclar-sur-Gervanne - Drôme, Chauffeur
mécanicien
Arrestation le 16 avril 1944 à Vassieux par la milice, motif résistant
35
Déportation le 02 juillet 1944 à Dachau, matricule 75 896, Libéré le 29
avril 1945 à Dachau.
Page 142 :
Le « tribunal » installé à Vassieux, composé des chefs de Bernonville,
Raoul Dagostini et Mlle Champetier de Ribes, maîtresse du chef de la
Milice, condamne à la déportation à Dachau Aimé Bonnfois, de Monclarsur-Gervanne, 24 ans, arrêté le 16 avril, . . .
Page 341 :
Aimé Bonnefois, originaire de Montclar-sur-Gervanne, déporté à Dachau,
rescapé et libéré le 29 avril 1945, est à la fin 1945 au sanatorium de SaintHilaire-du-Touvet. . .
Informations Communauté de Travail :
Aimé Bonnefois est entré à la Communauté de travail Boimondau où
son épouse travaille. Un temps à la Cité Horlogère, il revien à
Boimondau. Adjoint au chef de Communauté Roland Ludot, il est
licencié à la fermeture en 1971.
Donguy Jean
Page 26 :
Né le 24 septembre à la Chapelle-en-Vercors - Drôme, employé de
bureau à Valence (communauté Boimondau). Il est le père de Simone
Donguy
Arrestation le 02 mars 1944 à Valence par la Felgendarmerie, motif
résistant
Déportation le 05 juillet 1944 à Dachau, matricule 76 735. Transféré à
Vaihingen, Kommando du camp Natzweiler-Struthof. Revenant malade,
épuisé, il décède à Vaihingen le 26 février 1945.
Donguy Simone
Page 26 :
Née le 10 janvier 1920 à Branges - Saône et Loire, secrétaire à Valence
(communauté Boimondau), fille de Jean Donguy.
Arrestation le 02 mars 1944 à Valence par la Felgendarmerie, motif
résistant
Déportation le 30 juin 1944 à Ravensbrück, puis au Kommando Neue
Bremm, matricule 44 709, transférée à Neuengamme, Ravensbrück, puis
Bergen-Belsen.
36
Décède le 10 mai 1945 à Bergen-Belsen
Information Communautés de Travail :
Jean et Simone Donguy ont été arrêtés en même temps que Charles
Hermann, membre aussi de la Communauté.
Marcel Barbu a décidé, en 1947 à Valence, d’appeler la cité
communautaire Donguy-Hermann
Granier Juliette
Page 34 :
Née le 18 octobre 1922 à Valence - Drôme, secrétaire à Bourg-lèsValence.
Arrestation le 08 mai 1944 à Valence par la Gestapo, motif résistante.
Déportation le 22 août 1944 à Ravensbrück, matricule 57 980,
transférée à Buchenwald, Kommando Torgau, Abteroda et Leipzig
(tous trois Kommando de Buchenwald)
Libérée le 18 avril ou le 18 mai 1945.
Page 134 :
Le 6 mai, suite à une dénonciation, une descente de la Gestapo au
Secrétariat de la Jeunesse, rue des Alpes à Valence est fatale à Lucien
Poulet, 23 ans, et Juliette Granier, 22 ans, ancienne secrétaire des
Compagnons de France, qui s’occupait des fausses cartes, des liaisons
et du secrétariat pour la Résistance.
Page 193 :
. . . marche de la gare de Fürstenberg au camp de Ravensbrück. . .
Information Communautés de Travail :
Juliette Granier est entrée à la Communauté de travail Boimondau
après son retour de déportation. Elle connaissait la Communauté car
son frère y travaillait depuis quelques années.
Elle a marié un ami de son frère : Guy Rolland qui travaillait aussi la
Communauté.
Riby Gaston
Page 55 :
Né le 25 juillet 1914 à Pithiviers - Loiret, Chef du service social à
Valence.
37
Arrestation le 13 avril 1945 à Pau, motif résistance (réseau Alliance)
Déportation le 21 août 1944 à Buchenwald, matricule 81 223
Libéré le 13 août 1945 ?
Information Communautés de Travail :
Gaston Riby, responsable de l’Association La Chaîne à Paris, dont
Marcel Barbu utilisait les locaux. C’est après l’arrestation de Gaston
Riby qu’une souricière a été tendue à La Chaîne.
Riby et Barbu sont parti par le même train pour Buchenwald.
C’est en fin 1945, que Gaston Riby pris la direction du Service
Social de la Communauté, puis devint le premier Secrétaire Général
de l’Entente Communautaire
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Face à Barbie - Souvenirs - cauchemars de Montluc à
Ravensbrück - Lise Lesèvre - Editeur Les nouvelles
éditions du Pavillon - 26 mars 1987 - 156 pages
Lise Lesèvre a rencontré Simone Donguy à Montluc :
Page 55 :
Il y avait ensuite la benjamine, qui m’avait reçue dans ses bra :
Simone - vingt ans -, Simone Donguy, de Valence.
Page 56 :
. . . Les présentations faites, des sympathies sont nées spontanément :
Mamie, Simone et moi. Cela se confirma. Mais la petite Simone n’est
pas rentrée. Son père non plus. Il était à Montluc aussi. Elle, qui aurait
dû être libérée, est allée mourir à Bergen-Belsen.
Page 73 :
Ma jeune amie Simone Donguy est venue plusieurs fois me voir alors
que j’étais immobilisée. Il y avait eu de nombreuses fouilles dans les
cellules depuis mon départ. On n’avait pas touché à mes rangements.
Simone en avait profité pour y cacher certaines choses personnelles.
Page 75 :
. . . Il faut faire vite bien sûr, « schnell » ! Simone est silencieuse et
tranquille. On lui a annoncé sa libération et celle de son père. Elle a
des messages à transmettre de ma part. Je la sais prudente et sage. Je
pars rassurée et heureuse pour elle et les siens. . .
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A la mémoire de. . . J.H. de la Teyssonniere - Editeur
La Pensée Universelle - 1er trimestre 1972 - 215 pages
Cet ouvrage dédicacé par l’auteur à Mme Donguy
L’auteur parle de sa rencontre avec Jean Donguy à la
prison de Montluc à Lyon, du leur départ pour
Dachau, de la mort de jean Donguy.
Pages 32, à la prison de Montluc :
« D’abord les présentations. . . .
« Je suis Donguy de Valence »
Celui-là, le plus âgé, les cheveux grisonnants, m’accroche tout de suite
de son regard, je sens un ami, et cette main qu’il me tend scellera une
amitié qui durera de long moi et seule la mort rompra. Nous
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traverserons de biens durs moments ensemble, nous nous soutiendrons
comme deux frères, nous parlerons de nos familles, nous ferons des
projets. Mais lorsque j’arrive deux mois après lui au camp de
Vaihingen, on me dira « Donguy est mort là sur cette paillasse depuis
huit jours »
Page 35 :
« . . . il n’y a rien de spéciale à dire à ces dames ? »
« Si attend, » Et Donguy prend sa place.
« Allo, ces dames ? Ici Donguy dites en sortant le matin, essayez donc
d’avoir des novelles de ma fille Simone Donguy qui se trouve avec
vous. Connaissez pas ? Essayez donc de savoir où elle est. Oui elle ne
sort pas avec vous . . . essayez de savoir par d’autres. Merci ; au
revoir à demain, soyez prudente, ne vous faites pas prendre »
Le pauvre, sa fille, sa fille st là sous lui, il ne l’a pas vue depuis son
internement. Est-elle toujours là, il ne sait. Et Donguy se remet, sur
mon interrogation, à me parler des siens. Oui sa fille a été arrêtée avec
lui, qu’en ont-ils fait ? Son fils a pu s’échapper derrière la maison ;
mais où est-il maintenant, au maquis probablement, mort peut-être. Et
sa femme ?
Page 51 - Départ pour Compiègne :
Un matin enfin, le 19 juin, à sept heures, la porte de notre cellule
s’ouvre devant un allemand tenant une liste.
« Jean Donguy avec bagages »
« De la Teyssonniere Joseph, Henri . . . avec bagages »
Ca y est, je pars aussi.
« Alors Jean nous partons toux les deux ; comme je suis content que tu
sois avec moi »
Page 52 :
En bas, un groupe important de femmes part aussi. Déjà elles sortent
dans la cour.
« Simone » crie soudain Jean Donguy qui vient d’apercevoir sa fille !
Elle lève la tête et nous aperçoit.
« Papa, je pars aussi, ça va, ne t’en fais pas. A bientôt, courage ! »
Page 82 - A Dachau :
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. . . Même chambre, même disposition. J’échoue à la chambre 3 et je
m’empresse d’occuper une paillasse avec Jean Donguy et Maurice
Espitallier de Valence aussi.
Page 198 - Au camp de Vaihingen :
« Et Jean Donguy ! » Demandai-je en pensant à mon vieil ami de
Valence.
« Jean Donguy est mort là, il y a huit jours dans ce lit »
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Ma guerre secrète - Résistance, pétainisme et
presse clandestine - Jacques -Yves Mulliez - Editeur
Les Lumières de Lille - main 201 - 190 pages
De son passage aux Compagnons de France,
l’auteur a rencontré Gaston Riby
Pages 106 - 107 - Aux Compagnons de France :
. . . J’y trouve des amis exceptionnels. Gaston Riby, par exemple, qui a
fondé un mouvement de solidarité appelé la Chaîne. Généreux, le
personnage a aussi un certain ses de la provocation.
Un jour, Riby se rend à l’hôtel de ville de Lyon où je ne sais plus quel
organisme collaborationniste présente une exposition antisémite.
Comme cette initiative est très controversée et qu’on s’attend à des
manifestations, voire des attentas, l’hôtel de ville est gardée par la
police assistée de Groupes mobiles de réserve (GMR), devenus les CRS
après la libération. Pour entrer par le grand escalier arrière donnant
sur la place des Terreaux, il faut passer entre deux rangs de GMR et
de se laisser fouiller de la tête aux pieds. Gaston Riby, plutôt
déguenillé, s’y rend, monte les larges marches en haut desquelles un
policier, méfiant devant son allure un peu traîne-savate, le palpe
consciemment. Quand il a terminé, Riby souriant le remercie et au lieu
d’entrer, fait demi-tour. Il redescend l’escalier quand le policier qui
vient de le fouiller le rappelle.
- Oh ! Où allez-vous ? C’est par ici l’entrée.
- L’entrée de quoi ? répond Riby.
- Eh bien l’entrée de l’exposition.
- Mais je ne vais pas à l’exposition.
- Alors qu’est-ce que vous êtes venu faire ?
- Eh bien, je venais juste pour qu’on me fasse des
papouilles. Moi j’adore ça.
Devant l’hilarité générale, le flic préfère hausser les épaules et passer
au suivant.
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