Faut-il réduire les déficits publics ? Introduction Le déficit public est le déficit de l’Etat, plus celui de la sécurité sociale et des collectivités locales. La majorité des pays développés connaissent une situation de déficit de leurs administrations publiques depuis plusieurs décennies. Ainsi la France n’a plus connu de budget de l’Etat équilibré depuis 1974. Le déficit public est devenu structurel et parallèlement la situation économique de nombreux pays s’est détériorée. On peut donc se demander si les déficits publics sont une menace pour une nation ? Les autorités ont-elles intérêt à atteindre l’équilibre budgétaire ? I) La nécessité de réduire les déficits publics… a) Pour éviter la spirale de la dette Les déficits à répétition ont entrainé une hausse de la dette publique. Celle-ci accroit les charges d’intérêt et peut amener une crise de la dette (Grèce) entrainant une chute du PIB et des problèmes sociaux. En outre, la dette publique amène un effet d’éviction vis-à-vis du secteur privé. b) Pour permettre des politiques plus efficaces - Permettre une politique monétaire plus souple : en l’absence de dette publique, le risque d’inflation diminue. - Fournir une marge de manœuvre au gouvernement pour faire face à une récession ou financer des dépenses publiques productives c) Pour avoir une croissance durable Les déficits publics d’aujourd’hui sont la dette publique de demain. Comment en sortir ? Hausse des impôts, inflation ou défaut de paiement. Dans tous les cas, cela se traduira par moins de croissance et un niveau de vie affaibli. Inversement, les pays qui ont connu les plus faibles déficits publics de 1990 à 2012 comme l’Australie, le Canada, la Suède, la Suisse, voire un excédent comme la Nouvelle-Zélande, sont ceux où la croissance est la plus solide et régulière. II) … Mais pas n’importe comment a) Le moment Pour Keynes, il fallait relancer l’économie en période de récession et de demande privée atone, et d’ailleurs beaucoup estiment que le creusement du déficit en 2008-2009 a évité la grande dépression des années 1930. Dans cette perspective, il serait donc judicieux d’attendre que l’économie se rétablisse pour penser à réduire les déficits publics. b) Le rythme Une baisse trop rapide du déficit public entrainerait une baisse drastique des dépenses publiques et une forte hausse des impôts, ce qui ferait chuter la demande et nous replongerait dans la récession. En Grèce et en Espagne de 2009 à 2012, on a vu le PIB chuter suite à la politique d’austérité. c) La méthode La hausse des impôts n’est pas la solution car dans de nombreux pays tels la France les taux de prélèvements obligatoires sont déjà élevés. La hausse des impôts risque d’entrainer une désincitation au travail (courbe de Laffer) et de ce fait une contraction des recettes fiscales. La baisse des dépenses semble la voie à suivre, en privilégiant les dépenses de fonctionnement et en épargnant si possible les dépenses d’investissement. Conclusion Le déficit public est comme une drogue, et comme toute drogue il est difficile de s’en passer, le sevrage est souvent long et douloureux. La population vit mal la politique de rigueur, et le gouvernement est enclin au déficit pour des raisons électorales. C’est l’expérience que vivent des pays comme la France. Signalons que dans le cadre d’une saine gestion budgétaire, il faudrait non seulement supprimer le déficit public mais aussi aller au-delà en faisant apparaitre un excédent public pour rembourser la dette publique et ainsi éviter de faire payer nos errements aux générations futures.