Syndrome de la jonction pyélo--urétérale de l’adulte: ce pyélo qu’il faut savoir A.Martin, R. Renard Penna, A.Ayed, M.O Bitker, P.Grenier Service de radiologie générale Groupe hospitalier Pitié Salpétrière Généralités z z z z z 40% des uropathies malformatives Garçon (65%) > fille Découverte à n’importe quel âge, classiquement chez l’adulte jeune Rein gauche (60%) > droit, bilatérale dans 10% des cas Uropathies associées dans 20% des cas : reflux vésicourétéral, méga-uretère, ectopies, malrotations, fusions rénales (reins en fer à cheval) Etiologies z z z Anomalies fonctionnelles Anomalies anatomiques Autres Etiologies 1/ Anomalie fonctionnelle la plus fréquente : segment apéristaltique de la région pyélo-urétérale t t t t épaississement musculaire orientation atypique des fibres augmentation du collagène entre les faisceaux musculaires présence anormale d’élastine dans l’adventice Etiologies 2/ Anomalies anatomiques plus rares : Valve urétérale exceptionnelle t Insertion anormalement haute de l’uretère sur le bassinet t Bande fibreuse ou adhérence extrinsèque, vaisseaux polaires inférieurs croisant la jonction t 3/ Associations de plusieurs anomalies potentialisant le phénomène obstructif Circonstances de découverte z Diagnostic précoce: t z lors d’une échographie anténatale Diagnostic tardif (échographie prénatale normale ): t t de découverte fortuite chez un patient symptomatique (infection urinaire,masse abdominale, douleurs, hématurie) Buts de l’imagerie z z z z z z Poser le diagnostic de syndrome de jonction Rechercher une étiologie Evaluer le retentissement fonctionnel rénal Rechercher les anomalies associées Dépister les complications Faire le bilan préopératoire Imagerie : techniques Echographie z Scintigraphie rénale z Uro-TDM z IRM z Echographie z z Permet d’évoquer le diagnostic devant une dilatation pyélocalicielle sans dilatation urétérale Détecte une structure polaire en regard de la jonction en doppler couleur Dilatation pyélo calicielle sans dilatation urétérale TDM z Examen de référence dans l’évaluation du syndrome de jonction chez l’adulte z Pose le diagnostic de syndrome de jonction : z Disparité de calibre entre la pyélon dilaté et l’uretère fin Recherche une étiologie z Vaisseau polaire croisant la jonction Evalue le retentissement fonctionnel rénal z Sécrétion et excrétion, épaisseur corticale Recherche les anomalies associées z Malformations rénales Dépiste les complications z Lithiases, infections, urinome, destruction parenchymateuse Fait le bilan préopératoire z z z z z TDM Etiologie: croisement vasculaire z z z z 45% des patients ayant un syndrome de jonction Artère ou veine, croisant la zone d’obstruction Plus fréquemment les artères antérieures, polaires inférieures Artères naissant de l’aorte ou à proximité plus souvent impliquées Le croisement vasculaire n’est pas forcément impliqué dans le syndrome de jonction : démontrer le rapport intime avec la jonction TDM Etiologie: croisement vasculaire z z Intérêt du scanner : détection, localisation, trajet de la structure vasculaire Objectif : modifier la voie d’abord et la technique chirurgicale si besoin afin de prévenir les risques hémorragiques TDM z z z z z Technique Scanner multidétecteur Coupes fines Débit d’injection : 3mL/min 1 à 2 cc/kg de PCI 300 mg I/mL Protocole : 3 phases z z z z z z Injection de 20mg de furosémide Après 3min : acquisition sans injection de contraste Pré-injection de 80 à 100 cc de produit de contraste iodé (PCI) Phase artérielle : corticale (40secondes après l’injection du PCI) Après 6 minutes, injection de 50cc de PCI Après 90s, acquisition : phase mixte : néphrographique (90sec) et tardif (7min) TDM z Sans injection : z z Temps artériel z z Recherche de lithiase Recherche de vaisseau polaire, évaluation des rapports intimes avec le point anatomique de jonction Temps mixte : z z z Diagnostic du point anatomique de jonction Evaluation de la sévérité de l’hydronéphrose Evaluation fonctionnelle : z z z Évaluation de la symétrie de perfusion rénale Recherche d’un retard d’excrétion du produit de contraste Recherche d’anomalie malformative associée : reins en fer à cheval, malrotation TDM : diagnostic du syndrome de jonction Point anatomique de jonction Uretère fin TDM acquisition au temps cortical: dilatation pyélocalicielle ( ) sans dilatation urétérale ( ) TDM : recherche d’un vaisseau polaire TDM acquisition au temps cortical: artère polaire antéro-inférieure, croisant la jonction pyélo-urétérale droite ( ) TDM : évaluation du retentissement TDM acquisition au temps cortical :absence d’atrophie corticale rénale droite (cortex de taille symétrique) ( ) TDM : évaluation de l’obstruction TDM temps mixte néphrographique et excrétoire: néphrographie retardée et retard excrétoire à droite ( ) TDM : recherche des anomalies associées TDM sans et avec injection au temps cortical et mixte néphrographique et excrétoire: syndrome de jonction rénal droit avec reins en fer à cheval ( ) Atrophie corticale majeure du cortex rénal droit ( ) TDM : importance du post traitement MPR : reconstructions multiplanaires z z z Technique de reconstructions la plus pertinente dans le bilan pré-opératoire Informations anatomiques précises sur le point de jonction et le croisement vasculaire Evaluation de l’asymétrie fonctionnelle rénale (défaut de parenchymographie, retard excrétoire) ou atrophie corticale MPR TDM acquisition au temps cortical : mise en évidence du point anatomique de jonction ( ) MPR TDM acquisition au temps mixte néphrographique et excrétoire : Syndrome de jonction bas situé ( ) associé à une atrophie corticale ( ) MPR TDM acquisition au temps mixte néphrographique et excrétoire, mieux visible sur les coupes coronales MPR : retard d’excrétion du produit de contraste à droite, parenchymographie persistante et retard d’opacification des cavités excrétrices TDM : importance du post traitement MIP : projection d’intensité maximale z z Dépiste les petites branches vasculaires intra ou extra rénales, croisant la jonction (bilan pré-opératoire++) Mauvaise évaluation du rapport étroit entre le vaisseau et le point anatomique de jonction (le plus souvent non opacifiée) MIP TDM acquisition au temps cortical : artère polaire inférieure croisant la jonction ( ) MIP TDM acquisition au temps cortical : absence de vaisseau croisant la jonction TDM : importance du post traitement VR : volume rendering z Représentation angiographique et urographique z Excellent rendu anatomique z Perspective 3D pré-chirurgicale laparoscopique (réduire le risque hémorragique) MIP Volume Rendering TDM acquisition au temps cortical : artère polaire inférieure croisant la jonction ( ) TDM Avantages z z Examen de référence, rapide, reproductible Pose le diagnostic, recherche les facteurs favorisants, et permet le bilan pré-opératoire en un seul temps TDM Limites z z z Surcroît d’irradiation Nécessite une optimisation de la technique d’acquisition Diminuer le nombre de phases (phase mixte néphrographique et excrétoire++) IRM • • • Peut être proposée en première intention Ou si contre-indications à la réalisation d’un uro-scanner De la même façon que le scanner : z z z z Fait le diagnostic du syndrome de jonction Evalue de la sévérité de l’hydronéphrose Permet une évaluation fonctionnelle : z Évaluation de la symétrie de perfusion rénale z Recherche d’un retard d’excrétion du produit de contraste Recherche d’anomalie malformative associée : reins en fer à cheval, malrotation IRM z Protocole IRM : z z z z z z Coronales T2 TSE +/- séquences T2 HASTE (hydro-IRM) Axiales T1 EG Injection de 20 mg de furosémide juste avant injection de gadolinium Coronales et axiales T1 EG FS après injection de gadolinium aux temps artériels, néphrographique et excrétoire (5 minutes) Importance des reconstructions : séquences d’angio-MR : recherche du vaisseau polaire IRM : diagnostic du syndrome de jonction Uro –IRM : séquences axiales T1 et coronales T2 : diagnostic du point anatomique de jonction ( ) IRM : évaluation du retentissement Uro-IRM : séquence T1FS après injection de gadolinium temps mixte néphrographique et excrétoire : Symétrie de perfusion ( ) et d’excrétion du gadolinium ( ) IRM : recherche du vaisseau polaire Uro-IRM : séquence T1FS après injection de gadolinium temps cortical : Identification d’un vaisseau artériel polaire inférieur et antérieur croisant la jonction ( ) IRM Corrélation en séquences d’angio-MR : vaisseau polaire inférieur ( ) IRM Avantages • • Non irradiant Absence d’injection d’iode Limites • • • • Disponibilité Temps de réalisation Moins bonne résolution spatiale que le scanner Absence de visibilité des calculs Scintigraphie au mercaptoacétyltriglycine (MAG3) z z z z Indispensable dans le bilan préopératoire Evalue la fonction rénale, recherche une obstruction Examen reproductible, faiblement irradiant (100 fois moins qu’une UIV) Technique z Rénographie isotopique avec test au Lasilix® (injection de 40 mg de furosémide) Scintigraphie z Deux critères sont analysés : t la fonction rénale séparée : – t la qualité de la vidange rénale : – – z Contribution de chaque rein à la fonction rénale totale (N : de 45 à 55 %), mesurée dans les 2 minutes qui suivent l’injection Normale : l’activité du traceur chute rapidement après son pic ou après l’injection du furosémide Si obstruction : la courbe d’activité décrit un plateau ou diminue en pente douce Affirme l’obstacle lorsque le temps de demi élimination du traceur radio-actif est supérieur à 20 minutes Complications du syndrome de jonction Infections z Destruction parenchymateuse rénale z Lithiase z Urinome z Complications : lithiase Uro-TDM acquisition sans injection et au temps mixte néphrographique et excrétoire : Calcul pyélique droit sur syndrome de jonction pyélo-urétéral ( ) Complications : atrophie corticale TDM acquisition au temps cortical : Atrophie corticale marquée à gauche ( ) Complications : infections Uro-TDM acquisition au temps cortical: Prise de contraste des parois pyélocalicelles ( infiltration et épanchement péri-rénal ( ) ), Traitement Indications opératoires: z z z z Symptômes d’obstruction Dégradation de la fonction rénale Complications lithiasiques Complications infectieuses Techniques z z z Pyéloplastie à ciel ouvert, sous coelioscopie ou laparoscopique robot-guidée Endopyélotomie antéro ou rétrograde Dilatation simple Imagerie post opératoire z Surveillance post-opératoire en imagerie: z échographie z doppler, UIV, ou uroTDM z 1er contrôle à 3 à 4 mois post opératoire z si patient asymptomatique : UIV à 6 mois, 1an et 2 ans (risque de sténose secondaire au-delà de 1 an) Evaluation de l’efficacité thérapeutique : z passages précoces de produit de contraste avec opacification satisfaisante de l’uretère et bonne évacuation des cavités rénales z dilatation des cavités qui peut persister durant les 6 premiers mois dans environ un tiers des cas Imagerie post opératoire UIV à 4 mois post opératoire d’un syndrome de jonction gauche : bon passage urétéral ( ) associé à une hypotonie pyélocalicielle persistante ( ) TDM post pyéloplastie Pré-opératoire : syndrome de jonction droit Résultats 3 mois après pyéloplastie laparoscopique robot guidée Uro-TDM acquisition au temps mixte néphrographique et excrétoire : absence de dilatation persistante des cavités TDM : imagerie post opératoire Recherche des complications : z z z z Lâchage de suture Lésion vasculaire : pseudo-anévrysme, hématome, anomalie de perfusion rénale Formation de caillots au sein des voies excrétrices Sténose anastomotique avec dilatation d’amont TDM : imagerie post opératoire Uro-TDM acquisition sans injection : hématurie post opératoire : Zone spontanément hyperdense traduisant le saignement au sein du pyélon droit ( ) Conclusion z Le bilan du syndrome de jonction: z z z z z z Techniques en imagerie z z z z Savoir poser le diagnostic Evaluer le retentissement rénal (perfusion et excrétion rénale) Rechercher une étiologie (artère polaire inférieure++) Rechercher des complications (infectieuse, lithiasique) Rechercher des anomalies associées Echographie (dépistage) Uro-scanner (examen de référence) : acquisition sans et avec injection au temps cortical et mixte ,intérêt des reconstructions MPR, MIP, VR++++ Uro-IRM (alternative à l’examen TDM) Imagerie post opératoire : TDM, UIV z z Evaluation de l’efficacité thérapeutique : bon passage urétéral Recherche des complications Bibliographie z z z z z z z Anomalies congénitales du rein et de la voie excrétrice supérieure chez l’enfant , C. Veyrac, EMC 2007 Anomalie de la jonction pyélo-urétérale et hydronéphrose, L.Cormier, EMC 2000 Uropathies congénitales Atlas d’uroIRM, I.Youssef, JFR 2006 Adult Ureteropelvic Junction Obstruction : Insights with Threedimensional Multi– Detector Row CT, Leo P. Lawler,radiographics, 2005 Evaluation of Crossing Vessels in Patients with Ureteropelvic Junction Obstruction by Means of Helical CT, Akihito Mitsumori,radiographics, 2000 Imagerie de l’appareil collecteur opéré, L.Hendaoui et al, EMC 2000 Syndromes obstructifs du haut appareil urinaire, O.Hélénon et al, EMC 2000 Bibliographie z z z z z Ureteropelvic junction obstruction : use of helical CT for preoperative assessment-comparison with intraarterial angiography, O.Rouvière, Radiography, 1999 Crossing Vessels at the Ureteropelvic Junction: Detection with Contrast-enhanced Color Doppler Imaging, Ferdinand Frauscher,Radiology, 1999 Promising Functional Outcomes Obtained with Robot-Assisted Laparoscopic Pyeloplasty: A Single-Center Experience, Karim Ferhi and al, journal of endourology, 2009 Aspects techniques de la pyéloplastie laparoscopique robotassistée, Karim Ferhi et al, Progrès en urologie, 2009 MR Urography: Techniques and Clinical Applications, John R. Leyendecker,Radiographics, 2008