Eléments d’ Histoire des écritures http://classes.bnf.fr/ecritures/arret/lesecritures/alphabets/05.htm http://www.lexilogos.com Ecriture alphabétique L'alphabet phénicien Les Phéniciens furent les premiers qui osèrent fixer les sons de la parole par de grossiers caractères. Lucain L'invention de l'alphabet Si les Phéniciens n'ont pas inventé le principe de l'alphabet, on peut dire cependant que l’alphabet phénicien, inventé il y a 3000 ans, est l’ancêtre de presque tous les systèmes alphabétiques du monde. Les premières traces d'une écriture alphabétique remontent au milieu du IIe millénaire. Elles se répartissent en deux ensembles : - les inscriptions protosinaïtiques : ces graffitis retrouvées dans les mines de turquoise exploitées par les pharaons du Moyen et du Nouvel Empire sur le site de Serabit el-Khadim dans la péninsule du Sinaï. Mal déchiffrées, ces inscriptions permettent toutefois de reconnaître une écriture alphabétique d'une trentaine de signes pictographiques proches des égyptiens notant une langue proche du phénicien. - les inscriptions protocananéennes : des inscriptions similaires mais qui pourraient bien être plus anciennes ont été découvertes dans les régions du Liban et de la Palestine (Lakish, Gezer et Sichem). Elles paraissent toutefois plus évoluées et il semble bien que cette côte du Levant qui était en relation étroite avec les Égyptiens et sous leur influence culturelle, soit le berceau de l'alphabet, plutôt que le Sinaï. Ce premier alphabet sémitique a eu dès le IIe millénaire un développement inattendu. À Ougarit, au nord de la côte syrienne, on a retrouvé des milliers de tablettes en écriture cunéiforme datant du XIIIe siècle. Si la plupart sont en langue et écriture babylonienne, donc dans un système logo-syllabique, environ un quart d'entre elles sont écrites en langue locale dans une écriture alphabétique de trente signes : ici, le principe de l'écriture alphabétique inventé antérieurement a été adapté à la forme de l'écriture cunéiforme sur tablettes, car Ougarit connaissait une forte influence culturelle de la Mésopotamie. Issu de ces premiers essais, l’alphabet phénicien, vers l’an 1000 av. J.-C. (sarcophage d’Ahiram à Byblos), comporte 22 lettres. Système phonétique, simple et démocratique, il ne note que les consonnes ; il est fondé sur le principe de l’acrophonie, qui se sert pour noter les sons consonantiques de la représentation simplifiée d'un objet dont le nom commençait par ce son. Ainsi, pour noter /b/, on utilise le signe symbolisant la maison, qui se dit beit, et l’on décide par convention que, toutes les fois que l’on rencontrera ce signe, il ne s’agira pas de "maison", mais seulement du premier son de ce mot. Le principe de l'alphabet est désormais acquis avec sa graphie linéaire et ses es signes schématiques. Plus de 3000 ans avant notre ère, les Égyptiens possédaient une écriture constituée de vingt-deux articulations différentes, que l’on peut à la rigueur qualifier de signes alphabétiques. Mais ils ne sont pas arrivés à isoler un alphabet fixe en donnant à tous les caractères sans exception la valeur d’une simple articulation en faisant table rase de l’idéographie. À la même époque, l’autre grande écriture en vigueur dans le Proche-Orient antique était l’écriture cunéiforme qui n’était, à l’origine que purement pictographique. Progressivement, les scribes de Sumer et des civilisations qui ont utilisé ce système scriptural, l’ont transformé, en utilisant les pictogrammes non pas pour leur signification mais pour leur son. Ainsi, est née l’écriture syllabique. Abécédaire d’Ugarit C’est aux Phéniciens que l’on doit l’invention de l’alphabet. Peuple marchand, les Phéniciens ont côtoyé les civilisations égyptiennes et sumériennes, et fait évoluer ces écritures peu pratiques en faisant correspondre un signe à chaque son produit dans leur langue. Le premier alphabet connu est donc de type cunéiforme et aurait été inventé par les scriptes d’Ugarit. Les formes des lettres évoluèrent lentement pour aboutir à l’alphabet phénicien classique. Un destin fabuleux Le port phénicien de Byblos, grand carrefour commercial depuis le IVe millénaire av. J.-C., est relayé, après la fin du IIIe millénaire, par la ville de Tyr : c’est de là qu’est diffusé l’alphabet phénicien. Les marchands, marins et caravaniers, contribuent à faire connaître au loin cette technique révolutionnaire. L’écriture phénicienne a donné naissance : - à l’alphabet grec, qui est lui-même à l’origine de l’alphabet cyrillique utilisé en Europe orientale et dans toute l’Asie russe et, par l’étrusque, de l’alphabet latin, porté par les Européens de l’Ouest dans le monde entier, - à l’alphabet araméen, qui est lui-même la source de l’alphabet hébreu, dit "carré", de l’alphabet arabe et des écritures de l’Inde. L’invention des sémites du Levant a connu un destin fabuleux sur toute la planète. Une révolution décisive Dans l’histoire de l’écriture, l’alphabet représente une véritable révolution, car c’est un système totalement et uniquement phonétique (un signe = un son). Les Mésopotamiens, comme les Égyptiens, utilisaient eux aussi des signes phonétiques, mais en appoint de leur système idéographique et ils ajoutaient encore d’autres signes complémentaires pour préciser la signification. En outre, chez les Égyptiens, un signe pouvait noter des combinaisons de plusieurs consonnes. Le système alphabétique, avec sa trentaine de signes abstraits, codifiés, permet théoriquement de noter n’importe quelle langue. Sa maîtrise requiert un apprentissage facile et rapide, qui n’a aucune commune mesure, par exemple, avec celui de l’écriture chinoise et de ses 50 000 signes. On peut y voir le début d’un processus de démocratisation et un facteur de dynamisme social, en effet "on ne trouve pas dans les sociétés utilisant l’écriture alphabétique l’équivalent des scribes égyptiens ou des mandarins chinois, avec les pesanteurs et l’inertie que ces groupes ont souvent perpétuées." (Françoise BriquelChatonnet) Mais c’est aussi, peut-être, toute une part de la magie poétique de l’écriture – magie du signe, poésie dans les associations de signes-images – qui disparaît. Alphabet Phénicien Pour réciter son alphabet, on disait : bœuf (’aleph = /’/) aiguillon (lamed = /l/) maison (beth = /b/) eau (mem = /m/) chameau (gimel = /g/) poisson (nun = /n/) porte (daleth = /d/) poisson (sâmekh = /s/) [hê = /h/] œil (‘ain = /‘/) clou (waw = /w/) bouche (pe = /p/) arme (zain = /z/) [san = /s/] [heth = /h/] [qoppa = /q/] [thet = /t/] tête (resh = /r/) bras (yodh = /j/) dent (sin = /s/) paume (kaph = /k/) croix (tau = /t/) Le mot alphabet vient des lettres aleph et beit, qui deviendront alpha et bêta. Alphabet grec ancien Α Β Γ Γ Δ Ε Ζ Θ Η Κ Λ Μ Ν Ξ Ο Π Ρ Σ Τ Φ Υ Φ α β γ δ ε δ ε ζ η θ ι κ λ μ ν π ξ ζ η π θ ρ ς Χ σ ο άιθα βήηα γάκκα δέιηα έςηινλ δήηα ήηα ζήηα ηώηα θάππα ιάκβδα κπ λπ μη όκηθξνλ πη ξσ ζίγκα ηαπ ύςηινλ θη ρη ςη A B G D E Z Ê TH I K L M N X O P R S T U PH KH PS σκέγα Ô alpha bêta gamma delta epsilon zêta êta thêta iota kappa lambda mu nu xi omicron pi rhô sigma tau upsilon phi khi psi Oméga La lettre Γγ (Gamma) est transcrite par un n devant Γγ Κθ Ξμ Υρ Il se prononce comme le -ng de parking exemple : άγγεινο [angelos] ange La lettre Εδ (zêta) se prononce habituellement dz (comme la prononciation de Zeus). Cependant, cette lettre avait un son intermédiaire entre le dz et le z. La lettre Ση s'écrit ηαπ [tau] : la diphtongue se prononce (comme l'anglais cow, vache) La lettre (Sigma) possède deux minuscules : ζ en début ou milieu de mot & ο à la fin d'un mot exemple : ζάιαζζα [thalassa] mer ; θάξνο [pharos] : phare Le grec ancien possédait à l'origine des e,o brefs et des e,o longs, les voyelles brèves sont devenues à l'époque classique des voyelles fermées : Δε se prononce é (voyelle fermée) comme été Ζε se prononce ê (voyelle ouverte) comme être, aimant Ον (omicron, c'est à dire petit o) est une voyelle fermée comme côte, saute Χσ (ôméga, c'est à dire grand o) est une voyelle ouverte comme sotte (on écrit habituellement : oméga) Attention ! en français, la prononciation du o / ô est donc inversée. Pour éviter les ambiguïtés, on transcrit aujourd'hui ces lettres ē et ō Attention aux confusions possibles : Ρξ (R) et Ππ (P, célèbre pour le symbole pi utilisé en mathématiques) Υρ (Ch mais qui a donné le X latin ) et Ξμ (X) Ζε : le H latin est absent du grec, on trouve notamment dans Θζ (th) Φθ (ph) Υρ (kh) La lettre Τπ se prononçait comme le u français et non comme le u latin [ou]. Ce son n'existant pas en latin, on a alors ajouté une lettre à l'alphabet latin, le y (i grec) qui se prononçait en latin comme le u français. La prononciation scolaire du grec ancien ne respecte pas la véritable prononciation. Le h latin marque en réalité une aspiration. Ainsi, les lettres Θζ (th) Φθ (ph) Υρ (kh, transcrit en latin ch) sont des consonnes t, p, k aspirées. Par facilité, nous les prononçons respectivement t, f, k. La prononciation du grec moderne est différente du grec ancien. Cependant, les Grecs d'aujourd'hui prononcent le grec ancien comme ils prononcent le grec moderne. Par exemple, pour les voyelles : Les 3 lettres Ζε Ηη Τπ se prononcent de la même façon : i Ον et Χσ se prononcent de la même façon : c'est un o ouvert Δε est un e ouvert (ê). Alphabet arabe Certaines lettres n'ont pas la même graphie lorsqu'elles sont placée au début, au milieu ou à la fin d'un mot lettre ﺍ nom alif fin ـﺎ milieu ـﺎـ début ﺍـ phonétique aː ﺏ ﺕ ﺙ ﺝ ﺡ ﺥ ﺩ ba ta ṯa (tha) ǧim (jim) Ḥa ẖa (kha) dal ـﺐ ـﺖ ـﺚ ـﺞ ـﺢ ـﺦ ـﺪ ـﺒـ ـﺘـ ـﺜـ ـﺠـ ـﺤـ ـﺨـ ـﺪـ ﺑـ ﺗـ ﺛـ ﺟـ ﺣـ ﺧـ ﺩـ b t ζ ʤ,ʒ,ɡ ħ x d ﺫ ḏal (dhal) ـﺬ ـﺬـ ﺫـ ð ﺭ ﺯ ﺱ ﺵ ﺹ ﺽ ra zay sin šin (shin) Ṣad Ḍad ـﺮ ـﺰ ـﺲ ـﺶ ـﺺ ـﺾ ـﺭـ ـﺯـ ـﺴـ ـﺸـ ـﺼـ ـﻀـ ﺭـ ﺯـ ﺳـ ﺷـ ﺻـ ﺿـ r z s ʃ sˁ dˁ , ðˤ ﻁ Ṭa ـﻂ ـﻄـ ﻃـ tˁ ﻅ ﻉ ﻍ ﻑ ﻕ ﻙ ﻝ ﻡ ﻥ ﻩ ﻭ Ẓa ʿayn ġayn (ghayn) fa qaf kaf lam mim nun ha waw ـﻆ ـﻊ ـﻎ ـﻒ ـﻖ ـﻚ ـﻞ ـﻢ ـﻦ ـﻪ ـﻮ ـﻈـ ـﻌـ ـﻐـ ـﻔـ ـﻘـ ـﻜـ ـﻠـ ـﻤـ ـﻨـ ـﻬـ ـﻭـ ﻇـ ﻋـ ﻏـ ﻓـ ﻗـ ﻛـ ﻟـ ﻣـ ﻧـ ﻫـ ﻭـ zˁ , ðˁ ʔˤ ɣ f q k l m n h w , uː ﻱ ya ـﻲ ـﻴـ ﻳـ j, iː ء hamza ئ إ ؤ أ ʔ Prononciation & translittération Les lettres présentées sur ce tableau avec une majuscule sont emphatiques (elles sont transcrites avec un point sous la lettre : ḥa, ṣad, ḍad, ṭa, ẓa) : elles se prononcent comme si l'on avait la bouche pleine.elles se prononcent comme si l'on avait la bouche pleine. Le ẖa (kha) se prononce comme la jota espagnole (ou le ch allemand). Les lettres ṯa, ḏal (tha, dhal) se prononcent comme le th anglais : tha comme le th anglais de thing, dhal comme le th anglais de this. La lettre ghayn se transcrit aussi ġayn. La lettre ɛayn se transcrit aussi ’ayn. « Ecriture » chinoise : Idéogrammes, plus précisément écriture idéophonographique le feu brûler La connaissance des caractères est indissociable de cet apprentissage puisque chaque caractère est un mot, riche d'un (ou de plusieurs) sens, d'une étymologie et d'une prononciation qui n'est en principe pas notée et qu'il faut aussi apprendre. La maîtrise de l'écriture chinoise requiert des qualités physiques (habileté manuelle), morales (assiduité, persévérance), intellectuelles (compréhension du sens des mots) et sensorielles (sens des proportions et de l'organisation de l'espace). Elle est un passage obligé vers la connaissance, qui donne accès au pouvoir par la voie des examens mandarinaux. l'Afrique Noire berceau de l'écriture Le Medou Neter écriture hiéroglyphique "Écriture" dite cunéiforme L'Afrique en plus d'être le berceau de l'humanité est celle de l'écriture. L'invention de l'écriture remonte au IVe millénaire avant notre ère, en haute Egypte, voire en Nubie ( au Sud, zone de naissance de l'homme moderne ), confirmer par les égyptiens eux mêmes en attribuant : les sciences, l'écriture, les arts et les lettres au dieu Thot, avec le hiéroglyphe d'un ibis ( d'origine éthiopienne) blanc monté sur un support. Gunter Dreyer, directeur de l'institut d'archéologie d'Allemagne a mené avec son équipe des fouilles au sud d'Abydos qui ont permis de déterminer que l'écriture existait déjà en Afrique noire - 3700 ans avant notre ère. Il dira plus tard devant la communauté internationale : ""L'écriture égyptienne était bien plus avancée que celle de la Mésopotamie qui à l'époque n'était pas encore habitée par les Sumériens (...) Nous pensions que les Sumériens avaient été les pionniers de l'écriture", confirmant ainsi que l'antériorité de l'Afrique noire par rapport à la Mésopotamie dans le domaine de l'écriture.La publication de cette découverte par Dreyer ( Institut allemand d'archéologie du Caire) date de 1992. Le "Medou Neter" (ou parole de Dieu) est le nom que porte l' écriture hiéroglyphique utilisée en - 3400 avant notre ère en Afrique noire. Elle emploie la faune et la flore africaine et sert à communiquer, à informer, de copier les sons (le parler) et dans toutes les circonstances de la vie. Il faut rappeler que le mot papier vient du mot papyrus. Pour référence les inscriptions de la tombe U-j d'Abydos tracées à l'encre sur des jarres. Les tables royales d'Abydos, de Karnak, de Saqqarah, la pierre de Palerme, le Canon royal de Turin, l'inscription rupestre nº 81 de Séhel, la pierre de Shabaka, la pierre de Rosette et les écrits des auteurs anciens gréco-latins (dont Hérodote) sont porteurs d'écrits laissés à la postérité attestant que l'Afrique Noire fut la première à créer et à maîtriser l'écriture. En Orient,vers 2600 avant notre ère, l'écriture dite cunéiforme (ou en forme de clou) est exclusivement utilisée pour effectuer des calculs par la dynastie Our. La date avancée de - 3200 ans (avant notre ère) pour la création de l'écriture en Mésopotamie ne repose donc sur aucun élément scientifique, aucune fouille ne vient étayer cette affirmation. Les professeurs Contenau (cf:La civilisation des Hittites et des Mitanniens) et M.V.Christian après de nombreuses recherches arrivent à la conclusion que la Mésopotamie ne voit apparaitre sa première civilisation qu'aux environs de -2620 ans (avant notre ère). Pour rester dans le domaine des calculs, il existe deux éléments qui donnent la primauté à l'Afrique noire : l'os de Lebombo (37000 ans avant notre ère) et l'os d'Ishango (25000 ans avant notre ère). http://www.shenoc.com/Afrique_berceau_de_l%27ecriture.htm