Developpement Durable

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2011-2012
dans le monde et au Maroc
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Youssef
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Sommaire
Introduction………………………………………………………………………………………3
I- Contexte et historique du développement durable…………………………3
II- L’engagement dans le développement durable………………………….….6
1. Au niveau individuel…………………………………………………………………….6
2. Les collectivités locales…………………………………………………………………7
3. Les entreprises……………………………………………………………………………..8
4. La législation……………………………………………………………………………..…9
III- L’empreinte écologique et marché d’environnement………………….10
1. L’empreinte écologique………………………………………………………………10
2. Le marché d’environnement………………………………………..…………..…11
IV- Critiques du développement durable……………………………………….…12
V- Développement durable au Maroc………………………………………………13
1. La charte de l’environnement : Un outil juridique ……………………..13
2. L’INDH……………………………………………………………………………………….14
3. Energies renouvelables………………………………………………………………15
4. Gestion des déchets……………………………………………………………………17
5. Secteur bancaire et développement durable………………………………17
6. L’engagement du consommateur : exemple de Greenstore.ma.…19
Conclusion……………………………………………………………………………………...20
Bibliographie………………………………………………………………………………....21
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Introduction
Le développement économique sans précédent des quelques siècles
écoulés, avec ses conséquences pour le progrès matériel et l’espérance de
vie, a évidemment apporté aux humains un contexte et des perspectives
de progrès continu. Il y a de bonnes raisons à cela. La croissance du stock
de connaissances a produit des améliorations matérielles dont nos
ancêtres n’auraient pas osé rêver. Mais aujourd’hui nous n’avons qu’une
vision limitée de l’avenir et les perspectives futures des humains sont
clairement incertaines. De ce fait engager l'humanité sur la voie du
développement durable est considéré par beaucoup comme étant
l'objectif majeur de ce début de 2lème siècle. Pour l'atteindre, des
organisations internationales, des nations, des régions, des villes, des
entreprises, etc. se sont déjà mobilisées et ont engagé les actions
nécessaires à leur niveau. Une partie des médias s'est jointe à l'effort et
fait régulièrement référence à ces actions et aux problèmes qu'elles
cherchent à résoudre.
I- Contexte et historique du développement durable
Les auteurs s'entendent généralement pour dire que la première
référence publique explicite au concept de développement durable date
de 19801, L'Union internationale pour la conservation de la nature et des
ressources avait alors énoncé dans sa Stratégie mondiale de conservation
que: « Le développement durable doit tenir compte des facteurs sociaux
et écologiques aussi bien qu'économiques, de la base de ressources
biotiques et non biotiques ainsi que des avantages et des inconvénients à
court et à long termes des solutions de rechange»2. Sept ans plus tard, la
Commission Brundtland proposait une autre définition qui s'est plus
largement imposée encore: le développement durable est un
développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs3.
1. Sadler et Jacobs, 1991, (p 12)
2. Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources, Stratégie mondiale de
conservation, Gland, Suisse, 1980.
3. CMED, 1987, (p 51)
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Ces deux définitions semblent traduire chacune à leur façon des
transformations paradigmatiques fondamentales dans la vision du
développement qui avait prévalu jusqu'alors.
La première ancre le processus de développement dans le cadre plus
large de l'univers physique, et promeut la dimension sociale au rang
d'élément explicite du développement. La seconde met en avant une
nouvelle éthique face au futur.
Après la conférence de Rio la notion de développement durable a été
résumée sur un schéma par des experts de la Banque mondiale; ce
schéma a été progressivement enrichi et largement popularisé (Figure 1).
Donc en visant simultanément le développement économique, le progrès
social et la protection de l'environnement, le développement durable
éviteraient à l'humanité de négliger l'un de ces trois thèmes, donc de
compromettre son avenir. Il la pousse à mettre en place un
développement économique qui repose sur l'équité sociale et qui soit
économe en énergie, ressources, déchets, etc.
Pourtant, dans l'expression développement «durable», la durabilité
semble n'être qu'un qualificatif accroché à un substantif qui a fait, et fait
toujours l'objet d'une abondante littérature en sciences sociales.
Or, étonnamment, la notion de « développement durable» s'est propagée
de façons autonomes, sans que l'arrimage avec le substantif soit toujours
fait. Il semble exister un ancrage plus fort avec le monde de
l'environnement qu'avec celui du développement. Cela tient à de
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multiples causes. La CMED, qui a popularisé le concept, comptait une
quinzaine de spécialistes de l'environnement, ce qui a fortement teinté le
débat et tout le chemin qui a mené à Rio4. Dans la foulée de l'UICN, de
nombreux biologistes et environnementalistes ont été très présents dans
le débat sur le concept et sa mise en oeuvre, parfois avec une certaine
méconnaissance des questions de développement, mais armés d'une
grande foi quant au fait que la question environnementale était
déterminante pour l'avenir de la planète.
Si l'on veut avancer l'idée que le développement durable est un nouveau
paradigme au sens de Kuhn, il faut donc le situer dans l'histoire des
théories, mais surtout des pratiques- c'est là qu'apparaissent les
anomalies -du développement. Histoire dans laquelle la dégradation de
l'environnement au Nord comme au Sud et le maintien (voire la
croissance) des inégalités sociales constituent les anomalies qui
condamnent les anciennes approches et justifient l'appel à un nouveau
paradigme.
Nous évoquions plus haut le flou du concept de développement durable.
Le bébé a de qui tenir, le substantif développement ne fait pas l'objet luimême d'une définition univoque. En suivant Coméliau, nous définirons le
développement à la fois 1) comme le changement social qui permet un
progrès collectif et se situe dans la prolongation du dynamisme de la
révolution industrielle née en Europe occidentale il y a deux siècles; 2)
comme l'espoir de progrès matériel et social qu'elle a engendré dans la
plupart des nations; et finalement 3) comme l'expansion à l'échelle
mondiale d'un système d'économie, de société et de civilisation fondé sur
l'accumulation et qui s'appelle le capitalisme5.
Il fait ressortir que la confusion entre ces trois interprétations de la notion
de développement est à la source de l'ambiguïté du slogan en faveur du
développement6.
4. La conférence de Rio de Janeiro sur l'environnement et le développement juin 1992
5. Christian Comeliau, Planifier le développement: illusion ou réalité ? , L'Harmattan, 1999.
6. Idem, (p. 20)
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II- L’engagement dans le développement durable
Comment contribuer au développement durable? La réponse est simple:
les chefs d'Etat, les chefs d'entreprise, les maires, les responsables
d'association, les citoyens, bref nous tous, devons optimiser nos décisions
afin de favoriser à la fois l'efficacité économique, la protection de
l'environnement et le progrès social. Optimiser signifie qu'il faut savoir
modérer les progrès sur l'un de ces thèmes, pour accroître ceux des deux
autres; ce mode d'emploi est schématisé sur la Figure 1. La durabilité y
apparaît à l'intersection de trois cercles symbolisant les domaines d'action
économique, sociale et environnementale. Elle requiert de travailler
simultanément dans ces trois domaines; négliger l'un d'eux conduirait à
une situation vivable, équitable ou viable, mais pas durable. Certains
considèrent que les trois domaines n'ont pas la même importance et qu'il
faut donner un avantage à l'environnement dans l'optimisation des
décisions. Selon eux, le futur de l'humanité est limité par la capacité de la
planète à fournir des ressources et à absorber des déchets sans se
dégrader; ils estiment donc que l'optimisation doit toujours viser à
maintenir cette capacité. On parle dans ce cas d'un développement avec
une "durabilité forte". D'autres pensent au contraire que les trois
domaines sont parfaitement équivalents et qu'il ne faut pas biaiser
l'optimisation. Ils estiment que la mise au point de nouvelles technologies
permettra de réduire la production de déchets et de pallier le manque de
certaines ressources. On parle alors d'un développement avec une
"durabilité faible".
La mobilisation de tous les niveaux de la société est bien résumée par
l'expression "penser globalement et agir localement".
1. Au niveau individuel
Au niveau individuel, Tout individu peut optimiser ses achats: en se
procurant régulièrement (selon son budget) des produits dits
"équitables", plus chers que les autres mais pour lesquels il est certain
que le producteur n'a pas été exploité; en acquerrant préférentiellement
des fruits de saison, pour réduire l'impact environnemental lié au
transport de grandes quantités de fruits à partir de pays lointains; mais en
sachant aussi choisir régulièrement des fruits exotiques pour soutenir les
producteurs de pays en développement; etc. Tout individu peut aussi
optimiser le nombre de ses déplacements, le choix de ses moyens de
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transport, le chauffage et le niveau d'isolation thermique de sa maison,
etc7.
2. Les collectivités locales
Les collectivités locales (villes, régions...) peuvent également apporter une
contribution primordiale au développement durable de l'humanité. Dans
ce paragraphe, nous traitons essentiellement le cas des villes, qui
regroupent les acteurs locaux à impliquer en priorité.
Les villes attirent les populations par la diversité des emplois, des activités
et des loisirs qu'elles proposent; dans les pays pauvres, elles sont aussi un
asile pour les populations qui fuient la misère des campagnes. La
population citadine actuelle se trouve essentiellement dans des villes,
mais Les villes ont des problèmes économiques, sociaux et
environnement aux spécifiques, liés à leur histoire et à leur géographie.
Mais, elles ont aussi des problèmes génériques, tels que:
- Le chômage: les villes concentrent souvent des populations de chômeurs
et de personnes marginalisées, ce qui entraîne de nombreux problèmes
sociaux (violence urbaine, suicides, etc.).
- L'étalement: la croissance de la population, le goût pour la maison
individuelle et le développement continu des moyens de transport
favorisent l'étalement des villes, et conduit à la création de zones
d'exclusion, des coûts très élevés en infrastructures de transport (rocades,
tunnels, etc.) et de services (eau, électricité, égouts, déchets, etc.) et donc
dégrade la qualité de vie.
- La surconsommation en énergie: la consommation d'énergie par
habitant est beaucoup plus élevée dans les villes de taille moyenne ou
importante que dans les petites villes ou les campagnes, en particulier à
cause du transport et des services (approvisionnement en eau, collecte
des déchets, éclairage public, etc.)8.
De ce fait une plus forte implication des collectivités dans le
développement durable passe par la formation des autorités locales:
stages, visites, documents, etc. Elle requiert aussi une pression de la part
des citoyens qui doit être stimulée par les gouvernements, et notamment
a travers de l'éducation des plus jeunes.
7. Jean-Claude Van Duysen et Stephanie Jumel, Le développement durable, 2008 (p 17)
8. Jean-Claude Van Duysen et Stephanie Jumel, Le développement durable, (p 127,129 et 130)
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3. Les entreprises
Une entreprise s'engage dans une politique de développement durable de
façon volontaire, les objectifs peuvent être définis à partir des spécificités
de l'entreprise ou être tirés de l'un des nombreux guides proposés pour
uniformiser ce type de politique sur un plan national ou international. Les
guides les plus utilisés sont probablement ceux proposés par le Global
Reporting Initiative (GRI) [97] et l'Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) [98]. Le Tableau I donne quelques
exemples d'objectifs souvent utilisés.
Dans tous les cas, les objectifs doivent être discutés et finalement
sélectionnés avec le personnel (ou ses représentants), afin que celui-ci
comprenne la démarche, y adhère et la fasse réussir. II est également
important d'impliquer d'autres "parties prenantes" : des fournisseurs, des
clients, des représentants d'ONG, etc. car ils apportent une vision
extérieure des forces et faiblesses de l'entreprise. Les objectifs sont en
général consignés dans un document validé par les actionnaires et signé
au plus haut niveau de l'entreprise, afin de montrer que l'engagement est
une décision managériale9.
La majorité des managers sont jugés sur des critères essentiellement
financiers : retour sur capitaux investis, valeur créée pour les actionnaires.
Le développement durable et la responsabilité sociale ne seront vraiment
intégrés dans le management quotidien des entreprises que lorsque le
tableau de bord de ces responsables comprendra aussi bien le social, le
sociétal, l’environnemental que l’économique.
Une analyse confirmée par les progressistes du business, comme
C. Fussler qui pose le véritable défi des entreprises du XXIe siècle :
« Il faut changer de modèle de développement, aller vers le découplage.
La croissance zéro était une utopie, mais il faut inventer une économie qui
fonctionne dans un système fermé. L’expansion incessante, la
libéralisation correspondent à une utopie qui est totalement finie. Le
marché est une construction humaine, pas une loi naturelle »10.
9. Jean-Claude Van Duysen et Stephanie Jumel, Le développement durable, (p 121)
10. Alain Chauveau Jean-Jacques Rosé, L’entreprise responsable, 2003 (p 347 et 348)
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4. La législation
- Le protocole de Montréal
Le Protocole de Montréal est un accord international visant à réduire et à
terme éliminer complètement les substances qui appauvrissent la couche
d'ozone. Il a été signé par 24 pays et par la Communauté économique
européenne le 16 septembre 1987 dans la ville de Montréal, au Québec.
Aujourd'hui 180 pays sont signataires du Protocole de Montréal.
Ce protocole impose la suppression de l'utilisation des CFC
(chlorofluorocarbones), de halons, bromure de méthyle et autres
substances appauvrissant la couche d'ozone. Les CFC sont aujourd'hui
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définitivement supprimés à l'exception de quantités très minimes et
indispensables (utilisation en médecine).
- Le protocole de Kyoto
La gouvernance internationale sur le climat repose sur deux traités
internationaux fondamentaux : la Convention cadre des Nations Unies sur
le changement climatique (CCNUCC ou UNFCCC en anglais), ouverte à
ratification en 1992, et entrée en vigueur le 21 mars 1994, a été ratifiée à
ce jour par 189 pays dont les États-Unis et l’Australie. Son traité fils, le
protocole de Kyoto, a été ouvert à ratification le 16 mars 1998, et est
entré en vigueur en février 2005. Il a été ratifié à ce jour par 156 pays à
l'exception notable des États-Unis et de l’Australie.
III- L’empreinte écologique et marché d’environnement
1. L’empreinte écologique
C’est un indicateur agrégé, développé au début des années 1990, vise à
quantifier le niveau de pression que nos modes de consommation et
production font peser sur la planète, aussi par rapport aux prélèvements
dans les ressources naturelles que concernant les émissions des déchets.
L’indicateur agrège l’ensemble de ces données en une unité synthétique
qualifiée « d’hectare global ». On obtient alors un nombre d’hectares
globaux par habitant qui de mesurer la soutenabilitè du modèle de
développement. Les hectares globaux consommés par les hommes sont
croissants et dépassent le nombre d’hectares globaux utilisables
(biocapacité) depuis les années 1980 : c’est ainsi qu’on a pu dire qu’il
faudrait cinq terres pour assurer la survie de l’humanité si notre modèle
de développement n’était pas remis en cause. L’empreinte écologique
présente cependant des limites : elle ne prend pas en compte la
production d’énergie nucléaire en dépit de la problématique de ses
déchets ; elle fait l’impasse sur les pollutions de l’air et sur les inégalités
sociales11.
C’est donc un outil de mesure utile pour une politique de développement
durable, mais imparfait pour rendre compte de la crise de
l’environnement.
11. Bertrand Affilé et Christian Gentil, Les Grandes Questions de l'Economie Contemporaine,
L’Etudiant 2010 (p 89).
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Dans le monde, l’empreinte écologique moyenne est de 2,5 hectares par
habitant. Celle de l’Afrique est de 1,1, alors qu’elle est de l’ordre de 4,8 en
Europe et de 9,7 en Amérique du Nord. Le Maroc a une empreinte
écologique de l’ordre de 0,9 hectare par habitant.
2. Le marché de l’environnement
Levier du marché de l’environnement, l’intervention publique, législative
et incitative se traduit par le développement des métiers de l’audit
environnemental et énergétique.
Sur le terrain, la valorisation des déchets gagne les industriels. Tandis que
technologies et biens propres issus de la génération verte se développent,
portés par une demande naissante.
« La question est simple. D’ici à 2050, la population augmentera de 50 %,
à 9 milliards d’habitants. Dans le même temps, les émissions de gaz à
effet de serre doivent diminuer de 50 %. Ce challenge 50-50 est le plus
important de l’histoire de l’humanité.» indiquait le Secrétaire général de
l’ONU, BanKi-Moon, il y a peu face aux enjeux environnementaux et
économiques internationaux désormais bien connus.
Derrière cette prise de conscience amorcée il y a une trentaine d’année,
un marché de l’environnement vaste et en croissance dans le monde
entier12.
12. Anne-Sophie Colly, «Environnement : mutation annoncée d’un marché émergent», Conjoncture,
N° 925 –Avril 2011 (p 17)
11
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IV- Critiques du développement durable
Le développement durable a au moins deux types de détracteurs:
- certains lui reprochent d'être une notion vide de sens et utopique, qui
conduit à peu de résultats concrets. Pour la renforcer, la compléter ou la
remplacer, ils proposent en général d'autres notions qui reposent par
exemple sur une plus grande implication individuelle ou sur une nouvelle
organisation des rapports Nord-Sud, etc. Ces détracteurs soulignent de
vraies faiblesses du développement durable mais brouillent la
communication vers le grand public par la multiplication des notions
(L’économie économe, l'anthropolitique, l'anti-productivisme, etc.), ou
par des analyses sémantiques sur la signification de l'expression
"développement durable". II nous semble que leurs actions seraient
beaucoup plus constructives et utiles si elles insistaient sur l'intérêt du
développement durable, tout en dénonçant les mauvais choix faits en son
nom ou le manque de volonté politique dans la mise en application de ses
composantes sociales et environnementales.
- d'autres, voient dans le développement durable une notion dangereuse
pour l'avenir de l'humanité car mettant trop l'accent sur le
développement économique suspecté de conduire au désastre
écologique. Ils proposent d'autres solutions qui passent souvent par des
changements radicaux dans le domaine économique (décroissance
économique, usage intensif de taxes écologiques, etc.). Mal maîtrisées ces
solutions risquent de transformer un problème écologique en une crise
économique et sociale; elles trouvent donc peu d'écho dans le grand
public et les milieux politiques. Il nous semble que les actions de ces
détracteurs seraient également beaucoup plus constructives et utiles si
elles insistaient sur l'intérêt du développement durable, tout en militant
pour un virage vers un développement économique compatible avec la
protection de l'environnement. Réduire la consommation de matières
premières et la production de déchets n'est pas incompatible avec le
développement économique. Celui-ci peut au contraire s'appuyer sur le
tri et le recyclage des déchets, le développement des moyens de
télécommunication pour réduire les déplacements (télétravail, etc.),
l'amélioration de l'efficacité énergétique des habitations, la mise au point
12
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de moteurs économes, le développement de moyens de production
d'électricité à partir d'énergies renouvelables, etc13.
D’autre part, certains critique indirectement le développement durable,
car dans une situation normale, la préservation n'est pas nécessaire non
plus pour protéger les générations futures. Les forces du marché et les
prix actuels tiennent compte des développements futurs attendus, et
donc, « préservent» automatiquement les ressources rares à l'intention
d'une consommation ultérieure. Fait peut-être plus important, la
consommation actuelle stimule la production et fait augmenter de cette
façon la productivité, qui profite aux générations futures; l'utilisation
aujourd'hui de papier de journal donne lieu à la création de forêts
entières en vue d'une consommation dans l'avenir, et encourage la
recherche dans le domaine de l'arboriculture. Il n'est logique pour vous de
garder le papier journal que si vous ressentez de la peine vis-à-vis de
l'arbre lui-même lorsqu'il est abattu14.
V- Développement durable au Maroc
1. La charte de l’environnement : Un outil juridique
Préparée après un long processus de consultation qui a impliqué le
gouvernement, des représentants de plusieurs institutions publiques et
des citoyens, elle doit être adoptée dans sa version définitive le 22 avril
2010. « Cette charte instituera des principes fondamentaux, notamment
ceux du développement durable, les notions de droit environnemental, de
participation et d’engagement », résume Amina Benkhadra, Ministre de
l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement.
L’un des objectifs principaux de la Charte est de « créer une dynamique
nouvelle et réaffirmer que la préservation de l’environnement est une
préoccupation permanente de tous les Marocains ».
13. Jean-Claude Van Duysen et Stephanie Jumel, Le développement durable, (p 165 et 166)
14. JULIAN L. SIMON, L’homme notre dernière chance, PUF, 1985, (p165)
13
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La Charte de l’environnement rappelle aussi les principes fondamentaux
du développement durable de la protection environnementale et
culturelle, avant de définir les droits et les devoirs de chacun. Elle fait la
promotion de la formation, de l’éducation et de la prévention des jeunes
générations. Elle appelle aussi à la participation de tous, acteurs privés
autant que publics15.
2. L’INDH
Afin d’accroître et de réaliser un développement humain et durable, le
Maroc a mis en place L’Initiative Nationale pour le Développement
Humain, lancée par SM le Roi Mohammed VI en mai 2005, qui est une
stratégie de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, qui vise à préserver la
dignité de l’homme et améliorer son niveau de vie.
15. Anne-Sophie Colly, «2010 : une Charte de l’environnement et du développement durable»,
Conjoncture, N° 914 –Avril 2010 (p 36)
14
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Cette initiative comprend quatre programmes, deux programmes
territoriaux qui sont :
Le programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural qui a pour
objectif la réduction du taux de pauvreté, et le programme de lutte contre
l’exclusion sociale en milieu urbain qui a pour objectifs l'insertion, la
cohésion sociale et l'amélioration des conditions et de qualité de vie des
populations ;
Et deux autres programmes à dimension nationale .Ce sont le programme
de lutte contre la précarité qui a comme objectif l’assistance aux
populations vulnérables, et le programme transversal qui a pour objectif
de renforcer le capital social et créer une dynamique de développement
humain.
3. Energies renouvelables
L’idée d’un développement durable implique un recours nécessaire aux
énergies renouvelables.
Ainsi, renforcer l’indépendance énergétique, diminuer la facture
pétrolière, lutter contre le réchauffement climatique a amené le Maroc à
se doter d’un Plan Energie, présenté lors des Assises de l’Energie, en mars
2009. Il confirme l’engagement du pays dans les énergies renouvelables,
en particulier le solaire et l’éolien, qui seront dés 2015 la seconde source
d’électricité après le charbon. Ces énergies renouvelables affichent une
croissance globale de 22 % par an depuis 1996, même si leur contribution
à la production mondiale d’électricité reste très faible, de l’ordre de 0,2 %.
En 2020, ces sources propres et inépuisables représenteront 42 % de la
puissance électrique installée. Pour accompagner la nouvelle stratégie
énergétique, le Centre de développement des énergies renouvelables,
créé dans les années quatre-vingts, est transformé en Agence nationale
pour le Développement des Energies Renouvelables et l’Efficacité
Energétique (ADEREE). Revers logique de ce choix, la recherche
permanente de l’efficacité énergétique, autrement dit, la chasse au
gaspillage, qui devient une priorité. Objectif : 15 % d’économie sur la
consommation d’énergie d’ici à 2030.
15
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Pour y parvenir, la nouvelle agence à des missions plus larges que l’exCDER. Elle est notamment chargée de proposer un plan national et des
plans sectoriels de développement des énergies renouvelables et de
l’efficacité énergétique ; de superviser au niveau national des projets et
des actions liés aux économies d’énergie ; de mobiliser les instruments et
moyens financiers nécessaires ; de proposer et vulgariser des normes et
des labels ; de conseiller le gouvernement au plan législatif et
réglementaire ; de mener des actions de sensibilisation et de
communication L’approche de l’ADEREE se veut globale et concertée,
l’ensemble des secteurs économiques et des acteurs privés ou publics
sera impliqué : bâtiment (habitat, santé, éducation, tourisme), industrie,
agriculture et collectivités locales. Principaux pollueurs au Maroc comme
dans le monde entier, les secteurs des transports et du bâtiment feront
l’objet d’une attention particulière. Un code d’efficacité énergétique
devrait voir le jour prochainement dans le bâtiment.
Pour encourager les industriels à recourir aux énergies renouvelables et à
la co-génération, l’agence proposera des audits énergétiques afin de faire
émerger les niches de surconsommation, d’identifier les économies
possibles et de proposer des actions concrètes intégrant des plans de
financement16.
16. Anne-Sophie Colly, «Les énergies renouvelables au coeur de la politique verte du Maroc»,
Conjoncture, N° 914 –Avril 2010 (p 28)
16
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4. Gestion des déchets
Marché historique lié à l’environnement, la gestion des déchets connaît
depuis plusieurs années une mise à niveau dans les principales villes du
Royaume.
Le volume global de déchets domestiques quotidien au Maroc s’élevait à
5,6 millions de tonnes en 2005. En constante augmentation du fait à la
fois de l’exode rural au profit des grandes villes et de l’extension du
périmètre urbain, il devrait atteindre 12 millions de tonnes en 2020. On
observe également une tendance à la hausse concernant les déchets
industriels qui représentent 1,2 million de tonnes par an. Dans un
contexte de rareté et d’incertitude énergétique, les industriels s’orientent
de plus en plus vers la valorisation tandis qu’une réflexion sur la faisabilité
du tri chez les particuliers s’amorce. Pourtant La loi 28-00, promulguée en
2006 classe les déchets par type (domestiques, industriels, hospitaliers,
dangereux…) et en défi nit la gestion. Elle prévoit que chaque région soit
couverte par « un plan directeur régional de gestion des déchets
industriels, médicaux et pharmaceutiques et des déchets ultimes,
agricoles et inertes ». Des plans communaux de gestion des déchets
ménagers et assimilés (zones, circuits, modalités, fréquences) sont
également prévus17.
5. Secteur bancaire et développement durable
Le secteur bancaire et financier n’est souvent pas perçu comme un acteur
clef du développement durable, son rôle central dans le financement de
l’économie lui donne néanmoins accès à des leviers d’intervention, qui
rendent légitime un véritable engagement sur ce thème. C’est un enjeu
stratégique pour les banques, qui devront s’adapter aux futures exigences
du marché en la matière.
Lorsqu’il est question de développement durable dans les services
financiers, deux types d’actions sont à distinguer.
D’une part les établissements de crédit peuvent apporter une
contribution sous forme d’opérations de structure, peu liées à l’activité
bancaire intrinsèque et accessibles à tout type d’entreprise.
17. Anne-Sophie Colly, «Gestion des déchets : un enjeu environnemental et… économique»,
Conjoncture, N° 925 –Avril 2011 (p 22)
17
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C’est notamment le cas de l’optimisation de normes internes
(performance énergétique des bâtiments, réduction des déplacements),
du progrès social au sein de l’entreprise (conditions de travail, dispositifs
de solidarité et de réduction des inégalités) ou encore de la redistribution
d’une partie des bénéfices sous forme de mécénat (humanitaire, écologie,
droits de l’homme).
D’autre part, il peut s’agir de moyens d’action liés à l’activité bancaire et
au financement de l’économie. Cela suppose la prise en compte d’une
démarche de développement durable dans la manière d’octroyer des
crédits, de placer des fonds ou de conseiller ses clients.
L’objectif consiste à ne pas se focaliser sur la seule performance financière
à court terme, mais à viser également la stabilité économique à long
terme, la responsabilité sociale et le respect de l’environnement.
Au Maroc, la situation est contrastée. En termes de développement
durable, les banques marocaines concentrent avant tout leurs actions
vers la promotion de la « responsabilité sociale de l’entreprise ». Cela
passe notamment par la création de fondations finançant des projets
d’intérêt public liés à l’art, à la culture ou encore à l’éducation.
On peut également citer l’attribution de conditions préférentielles aux
entreprises bénéficiant du label RSE, décerné par la Confédération
Générale des Entreprises du Maroc. Ce label, créé en 2006, sanctionne le
respect d’un certain nombre de critères de respect des droits humains,
d’engagement social, de gouvernance d’entreprise ou encore
d’environnement. Les avantages proposés sont par exemple des taux
bonifiés sur les crédits d’investissement, des commissions réduites (tenue
de compte, frais de dossier…) ou encore des garanties sur le délai
d’instruction des dossiers de crédit18.
18. Anne-Sophie Colly, «Développement durable un enjeu de demain pour le secteur bancaire»,
Conjoncture, N° 914 –Avril 2010 (p 22)
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6. L’engagement du consommateur : exemple de Greenstore.ma
Le site www.greenstore.ma (site marchand) dédié aux produits
écologiques a reçu le prix MED-IT qui récompense le meilleur projet d’ecommerce au Maroc.
Le site a été ouvert pour le grand public qui recherche des produits
écologiques : des ampoules écologiques, des balles de lavage, des jouets.
Il a été créé pour accompagner les clients qui souhaitent réduire leur
impact sur l’environnement et diminuer leurs dépenses énergétiques. Les
gens sont intéressés, mais des réticences persistent pour payer sur
Internet et le consommateur marocain aime toucher le produit avant
l’acheter. Il faut franchir quelques barrières : les habitude de
consommation et une prise de conscience de l’enjeu écologique19.
19. Anne-Sophie Colly, «Greenstore.ma, le premier site marchand dédié aux produits écologiques»,
Conjoncture, N° 925 –Avril 2011 (p 25)
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Conclusion
Il fait aucun doute que le développement sera durable ou ne sera pas. La
question de fond est de savoir à quel prix, tant pour les générations
actuelles que pour celles à venir.
L’observation de la réalité empirique au Maroc comme ailleurs, montre
l’existence de grands projets visant une croissance économique attaché à
un développement durable, qui s’affiche comme obligation éthique,
environnementale et législative. Mais cela n’empêche pas d’avouer que la
protection de l’environnement et le développement des énergies
renouvelables, ne s’imposent pas seulement en termes de politique
environnementale et climatique, mais sont également bénéfiques pour
l’innovation, la croissance et la création d’emplois.
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Bibliographie
Ouvrages :
Alain Chauveau Jean-Jacques Rosé, L’entreprise responsable, Éditions
d’Organisation, 2003
Bertrand Affilé et Christian Gentil, Les Grandes Questions de l'Economie
Contemporaine, L’Etudiant, 2010
Christian Comeliau, Planifier le développement: illusion ou réalité ? ,
L'Harmattan, 1999
Jean-Claude Van Duysen et Stephanie Jumel, Le développement durable,
L' Harmattan, 2008
Julian L. SIMON, L’homme notre dernière chance, PUF, 1985
Sadlerb et Jacobps, « Définir les rapports entre l'évaluation
environnementale et le développement durable: la clé de l'avenir », dans
Jacobs 1991
Revues et Magazine :
Anne-Sophie Colly, «Dossier : Environnement, mutation annoncée d’un
marché émergent», Conjoncture, N° 925 –Avril 2011
Anne-Sophie Colly, «Dossier : le Maroc lancé dans sa révolution verte »,
Conjoncture, N° 914 –Avril 2010
Sites web :
Http://www.charteenvironnement.org
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