CA/FMME, 11ème Session Extraordinaire

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CA/FMME, 26ème Session Ordinaire
Nairobi, 21-24 Février 2011
CONTRIBUTION DU MAROC AU DEBAT MINISTERIEL
ECONOMIE VERTE
Les crises successives qu’a connu l’humanité ses derniers temps notamment la
hausse du pétrole et la récession économique associées à l’amplification des
phénomènes extrêmes sous les effets des changements climatiques, viennent nous
rappeler les limites du mode de développement et de gouvernance de nos sociétés.
Les débats menés au sein du CA/FMME du PNUE ou dans d’autres enceintes
internationales doivent à notre avis mener à une révision globale des approches
économiques de manière à assurer un développement durable.
Dans ce contexte général, privilégier l'approche curative pour corriger les effets
négatifs peut s'avérer très coûteux et conduire à des situations d'irréversibilité, déjà
nombreuses dans notre planète.
L'enjeu consiste au contraire à intégrer bien en amont les enjeux du développement,
notamment sociaux et environnementaux de manière à créer des opportunités de
valorisation de l’environnement et de contribution au développement du bien être du
citoyen.
Ceci nécessite une conciliation du développement économique avec la protection de
l’environnement à travers l’intégration des préoccupations environnementales dans
les aspects pertinents de la politique économique de manière à prévenir et maîtriser
les conséquences négatives qui pourraient résulter du développement sur
l’environnement et les écosystèmes.
Dans cette optique, l’économie verte offre des opportunités à saisir pour pallier aux
insuffisances observées et répondre aux besoins de développement, à condition de
bien en évaluer les obstacles et les solutions pour y remédier.
En effet, parmi les obstacles que risque de confronter ce nouveau mode de
développement économique on peut citer les subventions qui favorisent les
combustibles fossiles au détriment des énergies plus propres, les régimes tarifaires
et commerciaux qui pénalisent les technologies plus propres et la réticence des
banques et autres institutions financières quand il s'agit des prêts pour l'énergie
solaire et éolienne pour les communautés les plus pauvres.
Par ailleurs, l’économie verte devra amorcer une nouvelle révolution technologique,
tournée vers les énergies renouvelables et plus largement vers tous les produits et
services innovants répondant aux enjeux du développement durable. Une nouvelle
manière d’envisager la production, les échanges commerciaux et la consommation
pour un monde plus respectueux de l’homme et de son environnement, qui
s’accompagnera inéluctablement avec de nouvelles opportunités pour l’emploi et
l’apparition de nouveaux métiers.
Cependant, ce passage qui parait salutaire étant donné les circonstances actuelles,
doit se faire dans le cadre d’un nouveau mode de gouvernance internationale
solidaire et basé sur les principes d’équité et de responsabilités communes mais
différenciées.
En effet, les pays en développement, de part leur contexte socio-économique, ont
encore besoin d’assistance technique et financière pour relever ces défis. Des
discussions sérieuses seront également nécessaires pour identifier les moyens de
lever les barrières liées au transfert de technologie et de savoir-faire.
Actions du Maroc pour la promotion d’une économie verte
Depuis la Conférence de Rio, le Maroc s’est engagé, dans un processus de mise à
niveau environnementale visant à concilier le développement socio-économique
avec la préservation de l’environnement. Dans le cadre de processus, des efforts
importants ont été déployés pour la mise en place d’un cadre juridique et
institutionnel adéquat en matière d’environnement. Ainsi, plusieurs textes de lois ont
été adoptés (loi cadre sur l’environnement, loi sur les EIE, loi sur l’eau, loi sur la lutte
contre la pollution de l’air, loi sur les déchets, etc,…). Par ailleurs des stratégies
ambitieuses ont été mises en place dans différents secteurs dans le but de
promouvoir une économie verte.
Dans ce cadre une nouvelle stratégie de proximité a été adoptée par le Département
de l’Environnement. Cette stratégie s’inscrit dans une politique de régionalisation
volontariste renforcée par l’implication de tous les intervenants au niveau régional et
local. Cette démarche s’appuie sur une nouvelle approche qui donne un véritable
contenu au développement durable à travers la dimension territoriale de l’action
environnementale et le partenariat actif avec tous les acteurs locaux. Des
programmes ambitieux en matière de gestion des déchets, de traitement des eaux
usées et de mise à niveau des infrastructures de base seront exécutés dans le cadre
de la mise en œuvre de cette stratégie.
Dans le secteur de l’énergie, la nouvelle stratégie permettra de réaliser une
importante économie d'énergie par la promotion de l’efficacité énergétique dans la
majorité des secteurs économiques tels le bâtiment, l’industrie et le transport.
Cette stratégie qui vise également à développer les énergies renouvelables, qui
devront atteindre 12 % de la part de l’énergie primaire en 2020 et 20% en 2030, a
été consolidée récemment par le lancement d’un programme ambitieux de
développement de l’énergie solaire d’une puissance de 2000 MW sur 5 sites dont la
mise en service est prévue vers 2015-2020. Le potentiel global d’atténuation de ce
programme s’élève à 3,7 millions de tonnes des émissions de CO2 par an. La mise
en oeuvre de ce projet augmenterait de 26 à 42% la part des énergies renouvelables
dans le bilan électrique du Maroc.
Au niveau industriel, le Maroc a élaboré une stratégie de développement industriel
durable visant la prévention de la pollution, l’utilisation rationnelle des matières
premières et des ressources naturelles, l’adoption de techniques et de technologies
plus propres, la promotion des activités industrielles qui contribuent à la préservation
de l’environnement. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie un Centre
Marocain de Production propre a été mis en place. Ce centre mène des actions qui
visent à assister les opérateurs économiques à acquérir et à intégrer la stratégie de
développement durable et de production propre et d’en faire un facteur
d’amélioration de la compétitivité et de l’image de marque de l’entreprise.
Pour accompagner ces stratégies, des mécanismes d’incitation ont été mis en place
à travers la création d’un Fonds de dépollution industrielle (FODEP), un Fonds
national de l’Environnement (FNE) et la promotion du Mécanisme de développement
propre. Ainsi, le FODEP a financé 98 projets de dépollution industrielle, pour un
montant global de 497 MDH dont 190 MDH de don. Ces projets concernent plusieurs
secteurs d’activités industrielles et artisanales, à savoir : l’Agro Alimentaire ; la
Chimie Parachimie ; le Textile et Cuir ; la Mécanique et la métallurgie ainsi que
l’Artisanat.
Le Fonds National de l’Environnement récemment mis en place et doté de
ressources importantes dans le cadre la loi de finances prévoit également des
contributions financières à la dépollution dans l’industrie et l’artisanat.
Par ailleurs et afin de faire bénéficier nos entreprise de sources de financement
additionnelles dans le cadre du marché du carbone nous avons mis en place les
mécanismes et procédures qui ont permis à nos opérateurs économiques de
développer un portefeuille d’une soixantaine de projets portant sur les énergies
renouvelables, l’efficacité énergétique, les déchets et la biomasse pour un total
d’émissions évitées d’environ 8 millions de tonnes équivalent CO2 par an. Parmi ces
projets, 5 ont été enregistrés au niveau international.
Pour capitaliser ces acquis, les mettre à niveau et en assurer la cohérence, Sa
Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’Assiste, a donné ses hautes instructions
dans son discours du Trône le 31 juillet 2009, pour élaborer une Charte globale
nationale de l’environnement. Cette Charte vise la sauvegarde des espaces, des
réserves et des ressources naturelles, ainsi que du patrimoine culturel dans le cadre
du développement durable, en tant que bien commun de la Nation dont la protection
est une responsabilité collective qui incombe aux générations présentes et futures.
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