THÉORIE DE LA RELATIVITÉ Table de matière Mouvements relatifs ……………………………………...….. R1 Référentiels d’inertie ………………………………………..... R2 Principes fondamentaux ................................................................. R2 Dilatation du temps ................................................................. R3 Contraction des longueurs Masse relativiste .................................................... R7 ................................................................. R9 Loi fondamentale de la dynamique Énergie cinétique relativiste ....................................... R11 .................................................... R13 Équivalence de la masse et de l’énergie ....................................... R14 Quantité de mouvement relativiste ....................................... R16 Formulaire .............................................................................. R18 Exercices .............................................................................. R20 Liens internet ……….................................................................. R21 Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R1 Théorie de la relativité Peu de théories en physique sont aussi étroitement liées au nom d’un seul découvreur que la théorie de la relativité. Avec cet ensemble de réflexions, Albert Einstein (1879-1955) a créé pour la physique moderne un outil indispensable, qui a jusqu’à présent résisté à tous les tests expérimentaux. Alors que la théorie de la relativité générale (formulée vers 1915) décrit la gravitation comme la conséquence d’une courbure de l’espace-temps quadridimensionnel, la théorie de la relativité restreinte (1905) bouleverse des notions considérées comme évidentes de la mécanique de Newton telles que l’espace et le temps. Nous voulons montrer dans la suite certains aspects de cette théorie. Principe de relativité Mouvements relatifs Le mouvement d’un corps signifie le changement de position du corps. La position d’un corps est toujours donnée relativement à quelque chose. Les mouvements sont ainsi relatifs, ils dépendent du référentiel par rapport auquel les mouvements sont indiqués. On explique à l’aide d’un exemple que les indications de vitesse sont uniquement pertinentes si on indique en même temps le référentiel. Trois observateurs respectivement au bord de la route, dans une auto qui roule et dans un train en marche effectuent des mesures de vitesse. Le train et l’auto roulent dans la même direction par rapport au bord de la route, à la figure 2 de la droite vers la gauche. Le tableau contient les vitesses qui ont été mesurées respectivement par les trois observateurs, chacun se considérant comme au repos : Indication de vitesse de pour le bord l’observateur en km/h de la route depuis le bord de la route 0 depuis l’auto -50 depuis le train -120 pour l’auto pour le train 50 0 -70 120 70 0 Chaque observateur mesure une autre vitesse par rapport à un autre observateur. Il en découle le principe de relativité suivant, que Galileo Galilei (1564-1642) avait déjà découvert : 1. Albert Einstein (1879-1955) a développé la théorie de la relativité pendant qu’il travaillait comme employé à l’office des brevets de Bern en Suisse. Il a obtenu le prix Nobel en 1921, non pas pour la théorie de la relativité apparaissant comme trop révolutionnaire, mais pour l’explication de l’effet photoélectrique. La photo date de 1906. 2. Des observateurs différents mesurent des vitesses relatives différentes, chacun dans un référentiel différent. Ancien principe de relativité : Chaque mouvement se déroule dans tous les référentiels comme si ceux-ci étaient au repos. Dès lors, chaque mouvement est relatif, le référentiel au repos respectif pouvant être choisi librement. On peut observer des processus à partir d’un référentiel librement choisi. On en tire : Il n’existe pas d’état de repos absolu. Il s’est avéré que ce principe de relativité est valable pour des vitesses qui sont beaucoup plus petites que la vitesse de la lumière. 3. Galileo Galilei (1564-1642) Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R2 Référentiels d’inertie Pour la description de phénomènes physiques, on a besoin de référentiels pour l’espace et le temps. Un référentiel est en cela constitué de points matériels auxquels nous rapportons le mouvement des corps. Au référentiel est relié de manière rigide un système de coordonnées, de sorte que la position de tout point du corps en mouvement est déterminée de manière univoque par trois coordonnées spatiales. Le référentiel peut être choisi librement. Cependant, dans la relativité restreinte, on utilise uniquement ce qu’on appelle des référentiels d’inertie. Les référentiels d’inertie sont des référentiels spatiaux dans lesquels un corps qui n’est soumis à aucune force reste au repos ou en mouvement rectiligne uniforme. Chaque référentiel qui se déplace selon un mouvement rectiligne uniforme par rapport à un référentiel d’inertie est lui-même également un référentiel d’inertie. Il existe dès lors une infinité de référentiels d’inertie qui sont équivalents entre eux. Le référentiel S avec les coordonnées (x, y, z) est lié au quai de gare, tandis que le référentiel S’ avec les coordonnées (x’, y’, z’) est porté par le train de marchandises. Les deux référentiels sont en mouvement rectiligne uniforme l’un par rapport à l’autre. On s’attend à ce que les lois physiques aient la même forme dans les deux référentiels. Enfermé dans une boîte noire, aucune expérience ne permet de déterminer si on se trouve dans le référentiel S ou dans le référentiel S’. En particulier, on ne peut pas déterminer lequel de ces référentiels est au repos. Il n’existe que des référentiels au repos relativement l’un à l’autre. Même lorsqu’on regarde par la fenêtre et qu’on voit un deuxième train, il est souvent très difficile de juger si c’est le train dans lequel on se trouve ou l’autre qui est en mouvement. c e 1. Des référentiels différents sont équivalents entre eux s’ils sont en mouvement rectiligne uniforme l’un par rapport à l’autre. Les mêmes lois physiques sont alors valables sous la même forme dans le train comme sur le quai. Les référentiels non inertiels font intervenir des forces d’inertie supplémentaires. Seule la théorie de la relativité générale permet de considérer des référentiels accélérés par rapport à un référentiel d’inertie. Postulats de la théorie de la relativité Einstein a postulé que tous les référentiels d’inertie conviennent de manière équivalente à l’élaboration de la physique. Ceci est le contenu du principe de relativité qu’Einstein a sélectionné comme base pour sa relativité restreinte : Postulat 1 : Principe de relativité Les lois physiques ont la même forme dans tous les référentiels d’inertie. Les lois physiques générales ont la même forme dans deux référentiels en mouvement relatif et sont indépendantes de la vitesse relative entre les deux référentiels. Ceci a de grandes conséquences dans la théorie de l’électromagnétisme, dans laquelle la vitesse de la lumière dans le vide apparaît explicitement dans les équations. Un postulat en physique ne peut pas être mis en question. Il constitue le fondement d’une théorie physique. Des expériences peuvent confirmer ou réfuter des postulats; dans ce dernier cas, les postulats sont eux-mêmes réfutés et donc caducs. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R3 Si tous les référentiels d’inertie ont la même valeur, un signal lumineux dans le vide doit manifestement se propager dans chacun de ces référentiels avec la même vitesse dans toutes les directions. Ceci est le principe de la constance de la vitesse de la lumière. Pour un mouvement rectiligne uniforme entre la source de la lumière et l’observateur, on mesure la même valeur c de la vitesse de la lumière dans le vide, indépendamment de la vitesse relative v. Postulat 2 : Principe de la constance de la vitesse de la lumière La vitesse de la lumière est indépendante du mouvement de la source de lumière et de l’observateur. La vitesse de la lumière dans le vide est dans tout référentiel d’inertie c = 300 000 km/s. 1. La lumière nous atteint toujours avec la même vitesse c = 300 000 km/s. Ce faisant, il ne joue aucun rôle que nous soyons au repos ou que nous nous rapprochions ou nous écartions d’une source de lumière. Ce principe contredit l’expérience de la vie de tous les jours. Le principe de relativité (selon Einstein) et le principe de la constance de la vitesse de la lumière découlent de l’expérience et ne sont à proprement parler pas démontrables; mais uniquement réfutables; ce sont des postulats. On peut uniquement en déduire des conclusions et vérifier les connaissances ainsi obtenues par l’expérience. L’ensemble de notions liées reposant sur ces deux principes de base et l’ensemble des résultats en découlant constituent le contenu de la théorie de la relativité restreinte. Cinématique relativiste Dilatation du temps Nous voulons examiner la marche d’une horloge en mouvement. Afin de faciliter ces considérations, nous construisons d’abord en esprit une horloge la plus simple possible, l’horloge à photons. Elle a l’avantage que le comportement des horloges au repos aussi bien que celui des horloges en mouvement sont entièrement décrits selon les deux postulats de la théorie de la relativité. L’horloge à photons (figure 2) est constituée d’un cylindre dont à l’extrémité supérieure se trouve une lampe à éclair. Un éclair envoyé par la lampe parcourt le cylindre et est réfléchi à l’extrémité inférieure par un miroir. Lorsque l’impulsion lumineuse revient à l’extrémité supérieure, la lampe doit immédiatement envoyer un nouvel éclair. En outre, l’affichage de l’horloge avance d’une unité de temps. 2. Une impulsion lumineuse est envoyée à l’extrémité supérieure et elle est ensuite réfléchie par le miroir dans la partie inférieure. Au retour de l’éclair en haut, l’horloge avance d’une unité de temps. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R4 Horloge au repos par rapport à l’observateur Dans une horloge d’une longueur D, au repos par rapport à l’observateur, l’impulsion lumineuse met le temps Δt0 pour un trajet complet (figure 1) : Δt0 = 2⋅D c Par exemple, si la longueur de l’horloge mesure D = 0,15 m, alors l’unité de temps affichée par l’horloge est : Δt0 = 2 ⋅ D 2 ⋅ 0,15 m = = 10 −9 s = 1 ns c 3⋅108 m/s L’horloge affiche ici le temps en nanosecondes. Δt0 est le temps mesuré par un observateur pour un trajet complet de l’impulsion lumineuse dans une horloge au repos, c’est-à-dire dans un référentiel d’inertie S0 au repos par rapport à l’horloge. Horloge en mouvement par rapport à l’observateur Nous considérons maintenant le trajet de l’impulsion lumineuse dans un référentiel d’inertie S dans lequel l’horloge est en mouvement (p. ex. dans un vaisseau spatial) à une vitesse v (figure 2). On mesure dans le référentiel S l’intervalle de temps Δt entre l’envoi et la réception de l’impulsion lumineuse. Pendant cet intervalle de temps, le vaisseau se déplace d’une distance v·Δt. Comparé au trajet de l’impulsion lumineuse dans le référentiel S0, la lumière accomplit dès lors un trajet plus long dans le référentiel S. Selon le deuxième principe de la théorie de la relativité, on mesure dans les deux référentiels la même vitesse c de la lumière. Il s’ensuit que l’impulsion lumineuse met dans le référentiel S un temps Δt plus long que le temps Δt0 dans le référentiel S0. Du point de vue du référentiel S, la lumière a besoin de plus de temps dans l’horloge avant d’atteindre l’extrémité supérieure du cylindre. Le "tic-tac" des horloges au repos devient un „tiiic-taaac" dans l’horloge en mouvement. Cet effet est appelé la dilatation du temps. 1. La durée pour un trajet complet de l’éclair définit une unité de temps. Dans le référentiel S0 , l’horloge est au repos et l’impulsion lumineuse met le temps 2⋅D/c. Si le cylindre mesure D = 15 cm, l’impulsion lumineuse met 1 ns pour un trajet complet, de sorte que le temps est affiché en nanosecondes. 2. Dans le référentiel S, l’horloge se déplace à la vitesse v vers la droite. L’impulsion lumineuse met le temps 2⋅L/c dans S. Pendant ce temps, l’horloge s’est déplacée d’une distance v⋅Δt vers la droite. Dérivation quantitative Afin de calculer la dilatation du temps, nous devons déterminer la relation entre l’indication de temps Δt dans le référentiel S et le temps Δt0 dans le référentiel S0. À l’aide de l’illustration 3 et du théorème de Pythagore, il vient : # Δt & L2 = D 2 + % v ⋅ ( $ 2' Si nous posons ici L = c ⋅ 2 Δt Δt et D = c ⋅ 0 , on obtient : 2 2 2 2 # Δt & # Δt0 & # Δt & %c ⋅ ( = %c ⋅ ( + %v ⋅ ( $ 2' $ 2 ' $ 2' (c ⋅ Δt0 )2 = (c ⋅ Δt)2 − (v ⋅ Δt)2 c 2 ⋅ Δt02 = Δt 2 ⋅ (c 2 − v 2 ) 2 3. La relation entre le temps affiché par les deux horloges peut être trouvée à l’aide du théorème de Pythagore. Nous considérons ici les trajets de la lumière pour la première moitié du parcours. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 Δt02 = Δt 2 ⋅ R5 $ v2 ' c2 − v2 2 = Δt ⋅ &1− 2 ) c2 % c ( v2 c2 Δt0 = Δt ⋅ 1− Δt = Δt0 1− v2 c2 Du fait de v < c, on a toujours : Δt ≥ Δt0 Temps propre Entre deux événements, l’intervalle de temps le plus court est mesuré par l’observateur qui les vit directement – à savoir au repos dans son propre référentiel. Ce temps s’appelle temps propre. 1. Dans les satellites Galileo du futur système de navigation européen, des corrections relativistes de la mesure de temps sont effectuées, sinon la détermination d’un lieu sur la Terre serait trop imprécise. Facteur relativiste γ Pour la suite du calcul, il est utile d’introduire le facteur relativiste γ, 1 γ= 1− v2 c2 de sorte que nous obtenons la relation suivante : Δt = γ ⋅ Δt0 On tiendra compte de ce qu’on a γ ≥ 1 avec v ≤ c. Relativité du temps Comme l’impulsion lumineuse met plus de temps dans l’horloge en mouvement, celle-ci retarde par rapport à une horloge au repos. Ces réflexions faites avec l’horloge à photons peuvent être transposées sur les horloges mécaniques et électriques ainsi qu’aux horloges atomiques. En effet, si une horloge quelconque montrait un autre comportement que l’horloge à photons, on pourrait mesurer dans différents référentiels d’inertie des écarts dans la marche de ces horloges, mais pas dans un autre référentiel d’inertie. Cette distinction d’un référentiel d’inertie est en contradiction avec le principe de relativité. Par conséquent, on admet que le temps lui-même est dilaté, de sorte que tous les processus physiques, chimiques et biologiques sont soumis à la dilatation du temps Dilatation du temps : Si un processus a besoin d’une durée Δt0 dans un référentiel au repos par rapport au processus, le même processus – vu depuis un référentiel en mouvement par rapport au processus – se déroule dans le temps Δt : Δt = γ ⋅ Δt0 = 2. Plus une horloge se déplace rapidement, plus elle marche lentement par rapport aux horloges au repos. Près de la vitesse de la lumière, le temps semble même s’arrêter. Δt 1− v2 c2 avec v comme vitesse relative entre les référentiels. Exercice : Que vaut le facteur relativiste γ à la moitié de la vitesse de la lumière dans le vide ? Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R6 Facteur relativiste γ : Le tableau suivant donne le facteur relativiste γ pour différentes vitesses : Voiture de formule 1, TGV Avion supersonique Mouvement de la Terre autour du Soleil 10 % de c 50 % de c 90 % de c 99 % de c 99,9 % de c v 300 km/h 2300 km/h v/c Facteur γ 3⋅10-7 1+4⋅10-14 2⋅10-6 1+2⋅10-12 30 km/s 10-4 1+5⋅10-9 30 000 km/s 150 000 km/s 270 000 km/s 297 000 km/s 299 000 km/s 0,1 0,5 0,9 0,99 0,999 1,005 1,15 2,29 7,09 22,4 On voit que le phénomène de la dilatation du temps est absolument négligeable dans la vie de tous les jours (γ ≈ 1) et qu’il ne joue un rôle que pour des vitesses de l’ordre de grandeur de la vitesse de la lumière dans le vide. Désintégration des muons : La dilatation du temps a entre-temps été confirmée par de nombreux expériences de la physique des particules élémentaires. À titre d’illustration, nous considérons une expérience qui a été réalisée en 1959 dans le Laboratoire européen pour la physique des particules du CERN à Genève. Ce faisant, on a mesuré le temps de désintégration de muons. Les muons sont par de nombreuses caractéristiques semblables aux électrons; ils sont cependant plus lourds et se désintègrent peu de temps après leur formation en d’autres particules : on dit qu’ils sont instables. Cette désintégration suit une loi exponentielle. Si on a p. ex. au temps t = 0 au total 10 000 muons ayant été générés, on n’en trouve plus que la moitié après la demi-vie. Les 5000 autres muons se sont entre-temps désintégrés. Si l’expérience est réalisé dans un référentiel d’inertie dans lequel les muons sont au repos, on mesure une demi-vie de T0 = 1,52 µs. Dans l’expérience du CERN évoquée, on a observé la désintégration de muons, non pas au repos, mais circulant dans un anneau de stockage à la vitesse v = 0,99942 c. À cause de la dilatation du temps, leur désintégration est ralentie et la demi-vie des muons en rotation augmente dès lors à la valeur T= T0 2 v 1− 2 c = 1, 52 µs 1− (0, 99942)2 1. Le Laboratoire européen pour la physique des particules du CERN est situé à proximité de Genève dans la zone frontière entre la Suisse et la France. Les scientifiques qui y travaillent effectuent des recherches de pointe en physique des particules élémentaires. Nombre de muons Courbe de désintégration des muons à une vitesse proche de c Courbe de désintégration des muons au repos = 44,6 µs Les mesures ont confirmé cette prévision de la théorie de la relativité, la précision de mesure étant de 0,1 %. 2. Les muons tournant dans l’anneau de stockage se désintègrent nettement plus lentement que les muons au repos en raison de la dilatation du temps. À un moment déterminé, le nombre de muons en mouvement est plus grand que le nombre de muons au repos. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R7 Contraction des longueurs L’allongement de la durée de vie des muons en mouvement a déjà été constaté d’une autre manière avant l’expérience du CERN. Les muons se forment à une hauteur H= 10 km par la collision de particules à haute énergie du cosmos (le rayonnement cosmique) sur l’atmosphère terrestre. Les muons ainsi formés se déplacent presque à la vitesse de la lumière vers la Terre. Pour cela, ils ont besoin du temps Ce temps est nettement plus long que la demi-vie des muons au repos. Seul le fait que la durée de vie est allongée suite à la dilatation du temps permet à une partie des muons d’arriver jusqu’à la surface terrestre. Cela devient encore plus intéressant lorsqu’on considère la situation des muons dans un référentiel immobile relativement aux muons. Dans ce référentiel, la Terre se déplace presqu’à la vitesse de la lumière vers les muons au repos. Dans leur propre référentiel, la demi-vie des muons est encore de 1,52 µs. Comment la surface terrestre venant à leur rencontre peut-elle malgré tout atteindre les muons ? 1. Du fait de la dilatation du temps, la durée de vie des muons s’allonge, de sorte qu’une bonne partie d’entre eux atteint la surface terrestre après 10 km. 2. Du point de vue des muons rapides, un trajet de 10 km se rétrécit à 300 m. On peut expliquer ce paradoxe en partant de ce qu’on mesure des longueurs différentes dans des référentiels d’inertie différents. Du point de vue des muons, la distance à la Terre doit être plus petite que dans le référentiel au repos de la surface terrestre. On parle de contraction des longueurs dans les référentiels en mouvement. Contraction des longueurs : Si un tronçon a une longueur x0 dans le référentiel au repos par rapport à elle, le tronçon en mouvement en direction longitudinale vers l’observateur a une longueur plus petite x : 𝑥= 𝑥! = 𝛾 1− 𝑣! ·𝑥 𝑐! ! La longueur mesurée dans le référentiel au repos s’appelle longueur propre. Dans le référentiel d’inertie à échelle au repos, on mesure dans la direction de déplacement la valeur maximale d’une longueur vis-à-vis de tous les autres référentiels d’inertie. Les longueurs perpendiculaires à la direction de déplacement restent inchangées. 3. Les corps en mouvement rapide apparaissent raccourcis vis-à-vis des corps au repos. 4. Chaque observateur constate la contraction des longueurs uniquement pour les corps en mouvement relatif par rapport à lui. Ce faisant, les corps apparaissent uniquement raccourcis dans la direction de déplacement. Exercice : À partir de quelle vitesse la longueur d’un corps est-elle raccourcie de 10 % ? Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 Le superhéros vole à v << c : tout apparaît comme d’habitude. Le superhéros vole à v pratiquement égale à c : de son point de vue, Einstein et la ville sont raccourcis. Le superhéros vole à v pratiquement égale à c : du point de vue d’Einstein, le héros est raccourci. On a ici pour la contraction des longueurs x’ = 0,55 ⋅ x, ce qui correspond à une vitesse v = 0,835 ⋅ c. R8 Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R9 Dynamique relativiste Masse relativiste u0 On réalise l’expérience suivante par la pensée : L’entraînement d’une fusée est réglé exactement de façon à ce que la fusée soit accélérée avec une force correspondant à l’accélération de la pesanteur : a ≈ 10 m/s2. Selon les lois de la physique classique, à accélération constante, la vitesse augmente linéairement en fonction du temps, c.-à-d. que l’on peut calculer qu’après environ un an, elle atteindrait la vitesse de la lumière. Ceci contredit cependant clairement les postulats de la théorie de la relativité. Au cours des années 1980, on a accéléré tellement fortement des électrons dans l’accélérateur linéaire de l’université de Stanford que, selon le calcul classique, ils auraient dû atteindre une vitesse égale à 280 fois celle de la lumière. Le résultat de cet essai d’accélération peut uniquement être expliqué par le fait que la masse d’un corps augmente à vitesse croissante et a une valeur infinie à la vitesse de la lumière. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut exclure une accélération supplémentaire au-delà de la vitesse de la lumière. À l’aide d’une expérience en pensée, nous pouvons dériver l’augmentation de masse pour les corps en mouvement. Une lourde bille d’acier de masse m0 vole dans un référentiel d’inertie S0 à une vitesse constante u0 contre un mur et y perce un trou. La bille transmet donc sa quantité de mouvement totale p0 = mo⋅ u0 au mur. Le degré de destruction du mur est une mesure de cette quantité de mouvement de la bille, qui se compose de sa vitesse et de sa masse. S0 S0 1. L’impact de la bille observé dans un référentiel S0, au repos par rapport au mur. La bille heurte le mur à une vitesse u0 et pénètre dans le mur d’une certaine profondeur qui est une mesure de la quantité de mouvement transmise dans cette direction. u < u0 S On considère maintenant le même processus depuis un référentiel d’inertie S qui se déplace parallèlement au mur à la vitesse v. Tous les processus dans S0 observés depuis S sont ralentis du facteur 1/γ à cause de la dilatation du temps. Le temps s’écoule plus lentement dans le référentiel S en mouvement que dans le référentiel au repos S0 : Δt = S Δ t0 1− v2 c2 Cependant, l’étendue de la destruction du mur semble la même dans les deux cas : Bien que la bille se déplace plus lentement vers le mur dans S, elle y occasionne le même trou que la bille plus rapide dans S0. Si la destruction est la même, les composantes des quantités de mouvement perpendiculaires au mur doivent être identiques dans les deux référentiels : p0 = p. Cette égalité peut uniquement s’expliquer par le fait que la bille dans S n’a pas la masse m0, mais possède une valeur m plus élevée. Par comparaison des deux quantités de mouvement perpendiculaires au mur, nous trouvons : p0 = p m o⋅ u 0 = m ⋅ u S 2. Le référentiel S se déplace à une vitesse élevée v parallèlement au mur vers la droite. Du point de vu du référentiel S, le mur et la bille vont à toute vitesse vers la gauche ; de plus, les longueurs apparaissent raccourcies dans la direction des x et le temps s’écoule plus lentement de façon que la bille heurte le mur à une vitesse u plus petite. On mesure quand même dans les deux référentiels la même profondeur de pénétration. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R10 u0 u # Δs0 & % ( $ Δt0 ' m = m0 ⋅ # Δs & % ( $ Δt ' m = m0 ⋅ Il ne se produit pas de contraction des longueurs, le référentiel d’inertie S se déplaçant perpendiculairement à la direction de déplacement de la bille, c.-à-d. : Δs0 = Δs Pour la masse de la bille en mouvement, on a donc : 1. L’augmentation de la masse de corps en mouvement empêche qu’une fusée atteigne la vitesse de la lumière. # 1 & % ( $ Δt0 ' m = m0 ⋅ #1& % ( $ Δt ' = m0 ⋅ Δt Δt0 Δt0 = m0 ⋅ 2 v c2 Δt0 ⋅ 1− = m0 1− v2 c2 2. Vue sur le tunnel annulaire de 27 km de long du Large-Hadron-Collider (LHC) au CERN. À cause de l’augmentation des masses, des champs magnétiques extrêmement puissants sont nécessaires pour maintenir les particules accélérées sur une trajectoire circulaire. Nous appelons la masse m0 dans notre expérience en pensée la masse au repos ; m est la masse dynamique du corps en mouvement, qui dépend donc de sa vitesse. Masse dynamique : Si un corps de masse au repos m0 se déplace à la vitesse v, sa masse dynamique m vaut m = γ ⋅ m0 = m0 1− v2 c2 Comme v est toujours plus petite que c, la masse dynamique m du corps doit toujours être plus grande que sa masse au repos m0. La masse du corps augmente à vitesse croissante. Du point de vue physique, cela signifie que le corps devient de plus en plus inerte à vitesse croissante : il "s’oppose" donc toujours plus à une accélération supplémentaire ; le cas limite v = c reste dès lors inaccessible pour un corps massique. 3. Les masses en mouvement ont une plus grande inertie. Comme l’augmentation de la masse relativiste tend vers l’infini, un dépassement de la vitesse de la lumière est impossible. Exercice : À quelle vitesse un corps doit-il se déplacer pour que sa masse dynamique soit le double de la masse au repos ? Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R11 Les particules sans masse (dont la masse au repos m0 = 0 disparaît donc) se déplacent toujours à la vitesse de la lumière dans le vide. Le photon (particule de lumière) n’a pas de masse au repos; pour cette raison, la lumière se propage avec la vitesse limite maximale définie par la théorie de la relativité. Les particules sans masse se déplacent toujours, et dans chaque référentiel, à la même vitesse c = 3⋅108 m/s. Loi fondamentale de la dynamique Comment doit-on maintenant se représenter la 2e loi de Newton de la mécanique sous la forme relativiste ? Comme il est impossible pour un corps massique d’atteindre la vitesse de la lumière, l’expression pour l’énergie cinétique doit également être modifiée. Nous devons tenir compte de ce que la masse d’un corps n’est plus une constante, mais fonction de la vitesse. 1. Isaac Newton (1642-1727) Nous examinons l’effet d’une variation de la quantité de mouvement : F= dp dt avec p = m(v)⋅ v = m0 ⋅ v 1− v 2 c 2 Pour la dérivée, nous écrivons: € 𝑑𝑝 𝑑 = 𝑚 𝑣 ∙𝑣 𝑑𝑡 𝑑𝑡 = À la différence des mathématiciens, les physiciens écrivent df/dx au lieu de f’(x). 𝑑𝑚(𝑣) 𝑑𝑣 ∙ 𝑣 + 𝑚 𝑣 ∙ 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑚 = ∙ 𝑣 + 𝑚 ∙ 𝑎 (1) 𝑑𝑡 À des vitesses élevées, la masse dynamique m dépend de la vitesse v = v(t). C’est pourquoi nous dérivons la masse par rapport au temps t en considérant la règle de la dérivation pour fonctions composées: 𝑑𝑚 𝑑𝑚 𝑑𝑣 = ∙ 𝑑𝑡 𝑑𝑣 𝑑𝑡 = Accélération 𝑎 = 𝑑𝑣 𝑑𝑡 Dans la mécanique non relativiste, la masse m ne dépend pas du temps : dm/dt = 0. Dans ce cas, seul le dernier terme en (1) subsiste ; il en découle la 2e loi de Newton: 𝐹 = 𝑚 ∙ 𝑎 folgt. 𝑑𝑚 ∙ 𝑎 (2) 𝑑𝑣 Dans l’étape suivante, nous dérivons la masse dynamique m = m(v) par rapport à la vitesse v: 𝑑𝑚 𝑑 𝑚! = 𝑑𝑣 𝑑𝑣 𝑣! 1− ! 𝑐 𝑑 𝑣! = 𝑚! ∙ 1− ! 𝑑𝑣 𝑐 ! ! ! 1 𝑣! = 𝑚! ∙ − ∙ 1 − ! 2 𝑐 = 𝑚! ∙ 1− 𝑣 𝑐! 𝑣! 𝑐! ! ! ! ! ! ∙ −2𝑣 𝑐! 2. Dans la vie normale, nous ne remarquons pas d’effets relativistes. Les ingénieurs ne doivent pas en tenir compte lors de la construction de moyens de transport et peuvent utiliser les lois de Newton. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R12 Insérons en (2) : 𝑣 𝑑𝑚 𝑚! ∙ 𝑐 ! · 𝑎 = ! 𝑑𝑡 𝑣! ! 1− ! 𝑐 Nous insérons la dernière expression en (1) et nous obtenons : 𝑣 𝑚! ∙ ! · 𝑎 𝑑𝑝 𝑐 = ∙ 𝑣 + 𝑚 ∙ 𝑎 ! ! 𝑑𝑡 𝑣! 1− ! 𝑐 𝑣! ·𝑎 𝑐! = + 𝑚 ∙ 𝑎 ! ! 𝑣! 1− ! 𝑐 𝑚! ∙ La masse dynamique m est exprimée en fonction de la masse au repos m0 : 𝑣! 𝑚! ∙ ! · 𝑎 𝑑𝑝 𝑚! · 𝑎 𝑐 = + ! ! 𝑑𝑡 𝑣! 𝑣! 1− ! 1− ! 𝑐 𝑐 1. Les chambres à bulles contiennent un liquide sur le point de bouillir. Le passage de particules chargées dans le liquide surchauffé provoque la formation de bulles de vapeur le long de leurs trajectoires, lesquelles sont visibles sur des photographies. L’illustration montre la Big European Bubble Chamber (BEBC) au CERN à Genève. Nous cherchons un dénominateur commun à droite du signe d’égalité : 𝑣! 𝑣! 𝑚! ∙ ! · 𝑎 1 − 𝑑𝑝 𝑚 · 𝑎 ! 𝑐 𝑐! = + · ! ! 𝑣! 𝑑𝑡 𝑣! 𝑣! 1− ! 1 − ! 1 − 𝑐! 𝑐 𝑐 Il en découle : Loi fondamentale de la dynamique relativiste F= m0 ⋅ a 3/2 # v2 & %1− 2 ( $ c ' Pour les vitesses faibles par rapport à la vitesse de la lumière dans le vide v << c, la loi fondamentale de la dynamique relativiste revient à la forme classique connue. 2. Les particules sont soumises dans la chambre à bulles à un puissant champ magnétique, qui fait dévier les particules sur des trajectoires courbes. À partir de la courbure de la trajectoire, on peut déduire la vitesse et l’énergie des particules. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R13 Energie cinétique relativiste Pour accélérer un corps au repos à la vitesse v, on doit fournir un travail d’accélération, qui est alors stocké sous la forme d’énergie cinétique. !" Nous savons que : 𝐹 = !" L’énergie cinétique est donnée par : ! 𝐸!"# = ! 𝐹 𝑑𝑠 = ! ! ! 𝑑𝑝 𝑑𝑠 = 𝑑𝑡 ! 𝑑𝑠 𝑑𝑝 = 𝑑𝑡 ! 𝑣 𝑑𝑝 ! La technique utilisée ici est une substitution de variables. !" Nous venons de calculer dans le paragraphe précédent . Afin de pouvoir !" utiliser ce résultat, nous transformons l’intégrale ci-dessus : ! 𝐸!"# = et avec 𝑑𝑝 = 𝑑𝑣 ! 𝑣 𝑑𝑝 = ! 𝑣· ! 𝑑𝑝 𝑑𝑣 𝑑𝑣 𝑚! 1− nous obtenons : !" 𝑐! ! 𝐸!"# = Comment trouve-t-on l’expression !" pour ? Regarde à la page R12 et !/! 𝑣! 𝑣· ! considère que 𝐹 = 𝑚! 𝑣 𝑣! 1− ! 𝑐 ! 𝑑𝑝 𝑑𝑣 = 𝑑𝑣 · 𝑑𝑡 . 𝑑𝑝 𝑑𝑣 𝑑𝑣 ! = 𝑑𝑝 𝑑𝑡 !/! 𝑑𝑣 ! = 𝑓 𝑣 𝑑𝑣 = 𝐹 𝑣 − 𝐹(0) ! où F(v) est une primitive de la fonction f(v) : F(v) = m0 ⋅ c2 1− v2 c2 Exercice : Vérifiez que F’(v) =f(v). On en tire : € Ecin = m0 ⋅ c 2 2 2 – m 0 ⋅ c2 1− v c = m ⋅ c2 – m 0 ⋅ c2 = Δ m ⋅ c2 Expression relativiste pour Ecin Expression non relativiste pour Ecin avec l’énergie au repos : E 0 = m 0 ⋅ c2 et l’énergie totale : E = E0 + Ecin = m ⋅ c2 = γ ⋅ m 0 ⋅ c2 1. L’énergie cinétique relativiste augmente plus rapidement avec la vitesse que dans la physique newtonienne. Pour les faibles vitesses, on a par approximation l’expression de Newton. Pour v → c, l’énergie cinétique relativiste augmente au-delà de toutes les limites. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R14 Équivalence de la masse et de l’énergie L’énergie cinétique apportée au corps pendant la phase d’accélération du repos à la vitesse v est donc : Ecin = m ⋅ c2 – m0 ⋅ c2 = (m − mo) ⋅ c2 Cette formule est initialement simplement valable pour l’augmentation de la masse en cas d’augmentation de l’énergie. Albert Einstein a cependant reconnu sa signification générale. Il a montré que l’énergie et la masse sont deux grandeurs équivalentes. La conversion d’une dans l’autre se fait selon la relation masse-énergie (formule d’Einstein) : 1. La formule la plus célèbre de la physique écrite de la main d’Einstein. L’énergie totale et la masse dynamique diffèrent uniquement par le facteur c2. Si nous apportons à une particule au repos l’énergie E, sa masse augmente de E/c2. Toute variation de masse signifie une variation d’énergie et inversement. Exemple : L’augmentation de masse lors d’un apport d’énergie courant, p. ex. lorsqu’on chauffe l’eau du bain ou lors de l’accélération d’une voiture de 0 km/h à 100 km/h est si petite qu’elle est absolument négligeable vis-àvis des autres masses intervenantes. Considérons l’accélération d’une automobile de masse (au repos) m0 =103 kg de 0 à 100 km/h = 27,8 m/s : Ecin = 2. Dans la centrale nucléaire française de Cattenom près de la frontière luxembourgeoise, la fission d’atomes d’uranium libère de l’énergie qui est contenue sous forme de masse dans le noyau atomique d’origine. 1 1 ⋅ m0 ⋅ v2 = ⋅ 103 kg ⋅(27,8 m/s)2 = 386 kJ 2 2 Cette énergie cinétique correspond à une augmentation de masse de : Δm = 386 kJ Ecin = = 4,28 ⋅ 10-12 kg 8 2 2 (3⋅10 m/s) c Inversement cependant, la conversion – même de faibles masses en énergie – libère de grandes quantités d’énergie. Lors de l’explosion d’une bombe à hydrogène, la fusion (nucléaire) de l’hydrogène en hélium libère une énergie d’environ 200 millions de kWh par kg d’hélium – assez pour couvrir le besoin annuel en énergie d’une localité ! Ce faisant, la réaction de fusion ne fait intervenir qu’une perte de masse d’environ 7 g par kg d’hélium. Dans un accélérateur de particules, un apport d’énergie de 400 GeV fait augmenter la masse à environ 40 000 fois la masse au repos. Ce faisant, les particules atteignent pratiquement la vitesse de la lumière. 3. Dans le sud de la France, à Cadarache, la communauté internationale construit un réacteur d’essai dans lequel la fusion nucléaire devrait être utilisée pour la première fois comme source d’énergie. Un électronvolt (1 eV) est l’énergie qu’absorbe un électron libre dans un champ électrique sous une tension de 1V: 1 eV = 1,6 ⋅ 10-19 J Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R15 De l’équation d’Einstein, on déduit cependant également qu’on peut considérer l’ensemble du monde matériel comme une accumulation d’énergie. Heureusement, le stockage d’énergie sous la forme de masse est exceptionnellement stable, de sorte que pour la plupart des processus physiques et chimiques seules de minuscules parties de la masse se transforment en énergie libre. L’énergie totale d’un corps en mouvement est constituée de son énergie au repos E0 = mo ⋅ c2 et de son énergie cinétique Ecin : E = m ⋅ c2 = m0 ⋅ c2 +Ecin Défaut de masse : Chaque noyau atomique est constitué de nucléons (protons et neutrons) qui sont liés entre eux par de puissantes forces nucléaires. Pour écarter un nucléon du noyau atomique, on doit fournir un travail contre les forces nucléaires, donc fournir de l’énergie. Par contre, si on construit un noyau atomique à partir de nucléons, il y a libération d’énergie, l’énergie de liaison nucléaire. Cette libération d’énergie correspond à cause de la relation masse-énergie à une diminution de Δm0 de la masse au repos des nucléons unis dans le noyau atomique. La masse du noyau atomique assemblé est toujours plus petite que la somme des masses des nucléons pris individuellement. Cette différence Δm0 est appelée le défaut de masse. De manière générale, on a pour le défaut de masse : Défaut : manque Δm0 = (Z ⋅ m0p +N ⋅ m0n) – m0k Ici, Z signifie le nombre de protons présents dans le noyau atomique (nombre atomique), N le nombre de neutrons présents dans le noyau atomique, m0p la masse au repos d’un proton, m0n la masse au repos d’un neutron et m0k la masse au repos totale du noyau atomique. Défaut de masse : La masse d’un noyau atomique est toujours plus petite que la somme des masses des nucléons. L’énergie correspondant à la différence de masse est l’énergie de liaison nucléaire qui est libérée lors de l’assemblage du noyau atomique à partir de ses nucléons. Exemple : Le noyau de l’hydrogène lourd (deutérium) est constitué d’un proton et d’un neutron. L’assemblage de ces deux particules libère l’énergie de liaison E = 2,23 MeV = 3,58⋅10-13 J dans l’environnement. Le noyau de deutérium doit donc avoir une masse plus faible que le proton et le neutron pris ensemble. Le défaut de masse est de : La masse du noyau de deutérium peut être calculée comme suit : Δm0 = (Z ⋅ m0p + N ⋅ m0n) – m0k m0k = (Z ⋅ m0p + N ⋅ m0n) – Δm0 1. Deutérium : hydrogène lourd Le noyau d’un atome d’hydrogène simple contient un proton. Le deutérium contient en plus un neutron, qui est sans influence sur les propriétés chimiques de l’atome. Noyau de deutérium 2. À cause du défaut de masse, la masse du deutérium est un peu plus faible que la somme des masses du proton et du neutron. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R16 Pour m0p = 1672,62⋅10-30 kg, m0n = 1674,93⋅10-30 kg, Δm0 = 3,97⋅10-30 kg et Z = N= 1, on obtient pour la masse du noyau de deutérium : m0k = 3 343,58⋅10-30 kg. Si on diminue la masse d’un corps dans notre environnement de m0 = 1 kg, nous obtenons l’énergie E = 25⋅109 kWh. Ceci permettrait de couvrir les besoins énergétiques européens pendant plusieurs jours. Annihilation : En 1932, on a observé des particules dont la plupart des caractéristiques correspondaient à celles des électrons. Leur déviation dans le champ magnétique montrait cependant que ces particules présentaient une charge positive. On les a dès lors appelées positrons. Ces positrons s’assemblent immédiatement avec les électrons présents en grand nombre. Ce faisant, il se produit une annihilation, c.-à-d. que la paire électron-positron disparaît et que l’ensemble de son énergie est convertie en rayonnement. Les positrons sont les premières antiparticules qui ont été découvertes. Entre-temps, on peut générer des antiprotons, des antineutrons et d’autres formes d’antimatière. Si cette antimatière entre en contact avec de la matière, la masse au repos se transforme entièrement en énergie. L’antimatière peut uniquement être générée dans de grands accélérateurs moyennant une dépense d’énergie très élevée. - + e +e → rayonnement électromagnétique 1. Annihilation d’une paire électronpositron, observée dans le référentiel de la paire. En 1932, on a découvert ces particules dans le rayonnement cosmique Matière Antimatière Hydrogène Antihydrogène Deutérium Antideutérium Globalement, l’annihilation ne permet aucun gain d’énergie, car la production d’antimatière requiert au moins autant d’énergie que celle libérée lors de l’annihilation. Lois de conservation relativistes Pour le choc de deux particules, les lois de conservation suivantes sont valables dans la physique de Newton : Lois de conservation dans la physique de Newton Conservation de la quantité de mouvement : Conservation de l’énergie : Conservation de la masse : € p1 + p2 = p3 + p 4 +… E0,1 + E0,2 = E0,3 + E0, 4 +… m0,1 + m0,2 = m0,3 + m0, 4 +… La quantité de mouvement est€donnée par p = mo⋅ v et l’énergie par E 0 = ½ m 0 ⋅ v 2. € Pour être complet, la conservation de la masse est également reprise ici dans les lois de conservation. Les points du côté droit des équations indiquent que les particules peuvent se décomposer lors du choc. Afin de généraliser les lois de conservation de la physique relativiste, nous devons tenir compte de l’augmentation de la masse et remplacer dès lors l’expression pour la quantité de mouvement par : p = m⋅v = m0 1− € v2 c2 ⋅v 2. L’antimatière est constituée d’antiprotons négatifs, d’antineutrons neutres et de positrons positifs. Elle ne se distingue pas de la matière et est également stable. Lors du contact entre la matière et l’antimatière, les deux peuvent se transformer en rayonnement. On ne sait pas si l’univers contient des quantités substantielles d’anti-matière. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R17 Le principe de conservation de la quantité de mouvement relativiste a la même forme que dans la physique de Newton, sauf que la masse au repos m0 est remplacée par la masse dynamique m des particules. Des expériences avec de la matière et de l’antimatière montrent que la conservation de la masse au repos n’a pas une validité générale. Dans le principe de conservation de la masse, elle doit être remplacée par la masse dynamique : m1 + m2 = m3 + m4 +… Si nous multiplions ce principe de conservation par c2, il vient : m1 ⋅ c2 + m2 ⋅ c2 = m3 ⋅ c2 + m4 ⋅ c2 +… Comme E = m ⋅ c2 est l’énergie totale d’une particule, nous pouvons introduire l’énergie dans cette équation. Le principe de conservation s’écrit alors : 1. Au CERN, on mesure dans d’énormes détecteurs les caractéristiques des particules qui se forment lors de la collision de deux faisceaux de particules de haute énergie. E1 + E2 = E3 + E4 +… La conservation de la masse dynamique s’avère ainsi être en même temps la grandeur de conservation pour l’énergie totale. Si nous la divisons en énergie cinétique Ecin et énergie au repos m0 ⋅ c2, on voit clairement comment la conservation de l’énergie et la conservation de la masse interviennent maintenant dans un seul principe de conservation : Ecin,1 + m0,1 ⋅ c2 + Ecin,2 + m0,2 ⋅ c2 = Ecin,3 + m0,3 ⋅ c2 + Ecin,4 + m0,4 ⋅ c2 +… La séparation de la conservation de l’énergie et de la conservation de la masse est supprimée, l’énergie et la masse étant équivalentes. Lois de conservation dans la physique relativiste Conservation de la quantité de mouvement : Conservation de l’énergie : p1 + p2 = p3 + p 4 +… E1 + E2 = E3 + E4 +… € particule est : La quantité de mouvement d’une € p = m⋅v = m0 1− v2 ⋅v c2 L’énergie totale d’une particule en mouvement est constituée de l’énergie au repos et de l’énergie cinétique : € E = Ecin + m0 ⋅ c 2 = m ⋅ c 2 = m0 1− v2 c2 ⋅ c2 Lors de la collision d’électrons et de positrons, il se forme pour une certaine énergie une particule Ψ (se prononce : particule psi) de masse élevée. Les mesures montrent que la masse de la nouvelle particule est égale à la somme des masses dynamiques de l’électron et du positron, ce qui confirme les résultats mentionnés ci-dessus. 2. Les collisions de particules peuvent être extraordinairement complexes. Sur l’illustration sont représentées les trajectoires de toutes les particules qui ont été formées lors d’une collision de deux atomes d’or chargés d’une énergie de 100 GeV. Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 R18 Formulaire Facteur γ relativiste (R1) γ= 1 ≥1 v2 1− 2 c v vitesse c = 3·108 m/s célérité de la lumière dans le vide Dilatation du temps (R2) Δt0 Δt = γ ⋅ Δt0 = 2 1− v c2 Δt durée d’un événement dans le référentiel en mouvement Δt0 durée d’un événement dans le référentiel au repos (temps propre) γ facteur relativiste γ v vitesse du référentiel en mouvement c = 3·108 m/s célérité de la lumière dans le vide Contraction des longueurs (R3) x= x0 v2 = x0 ⋅ 1− 2 γ c x longueur dans le référentiel en mouvement x0 longueur dans le référentiel au repos (longueur propre) γ facteur relativiste γ v vitesse du référentiel en mouvement c = 3·108 m/s célérité de la lumière dans le vide Masse relativiste (dynamique) (R4) m0 m = γ ⋅ m0 = 1− € v2 c2 m masse dans le référentiel en mouvement m0 masse dans le référentiel au repos (masse au repos) γ facteur relativiste γ v vitesse du référentiel en mouvement c = 3·108 m/s célérité de la lumière dans le vide Loi fondamentale de la mécanique relativiste (R5) F= m0 ⋅ a 32 # v2 & %1− 2 ( $ c ' F force sur l’objet m masse relativiste (dynamique), m0 masse au repos de l’objet a accélération de l’objet v vitesse de l’objet c = 3·108 m/s célérité de la lumière dans le vide Quantité de mouvement relativiste (R6) € m ⋅v p = γ ⋅ m0 ⋅ v = 0 v2 1− 2 c γ facteur relativiste γ m0 masse au repos de l’objet v vitesse de l’objet c = 3·108 m/s célérité de la lumière dans le vide Théorie de la relativité 13GE − 2013/14 Énergie cinétique relativiste (R7) # & % ( 1 2 % Ecin = m0 ⋅ c ⋅ −1( 2 % ( v % 1− 2 ( $ ' c m0 masse au repos de l’objet en mouvement v vitesse de l’objet en mouvement c = 3·108 m/s célérité de la lumière dans le vide Énergie au repos (R8) E0 = m0 ⋅ c 2 m0 masse au repos de l’objet c = 3·108 m/s célérité de la lumière dans le vide Énergie relativiste totale d’une particule en mouvement € (R9) E = E0 + Ecin = m ⋅ c 2 = γ ⋅ m0 ⋅ c 2 E0 énergie au repos de la particule Ecin énergie cinétique relativiste de la particule m masse dynamique, m0 masse au repos de la particule γ facteur relativiste γ c = 3·108 m/s célérité de la lumière dans le vide Lois de conservation (R10) p1 + p 2 = p 3 + p4 +… (R11) E1 + E2 = E3 + E4 +… € Conservation de la quantité de mouvement relativiste pi quantité de mouvement relativiste de la particule i Conservation de l’énergie relativiste Ei énergie relativiste totale de la particule i € Ce qui est le plus incompréhensible dans l’Univers est au fond que nous le comprenons. R19 Théorie de la relativité 13GE – 2013/14 R20 Exercices 1. Des expériences avec les muons, particules élémentaires créées dans la haute atmosphère à une altitude de 10 km, servent à vérifier la dilatation du temps. Ces particules ressemblent en beaucoup de propriétés aux électrons, mais elles sont instables et se désintègrent rapidement. Leur désintégration suit une loi exponentielle, comme c’est le cas d’une désintégration radioactive. La demi-vie des muons, donc la durée au cours de laquelle la moitié des particules présentes se sont transformées, est égale à 1,52 µs. Les muons ont une vitesse de v = 0,999 42 c. Montrez que ces muons atteignent la surface de la Terre uniquement grâce à la dilatation du temps. 2. Dans une expérience, des noyaux atomiques sont bombardés avec des pions chargés positivement qui se déplacent à 90 % de la célérité de la lumière. La distance parcourue par les pions entre la source jusqu’à la cible est égale à 44,5 m. Les pions au repos ont une demi-vie de 1,8·10-8 s. Quel pourcentage des pions atteint la cible ? (6,29 %) 3. De combien la masse d’une voiture est-elle augmentée, si elle roule à 200 km/h au lieu d’être immobile ? (1 + 1,7·10-14 fois plus lourde) 4. Un accélérateur de particules confère aux électrons une énergie cinétique de 7500 MeV. a) Quelle est la masse dynamique des électrons ? (m = 1,34·10-26 kg) b) À quelle vitesse les électrons se déplacent-ils ? (v = 0,999 999 998 c) 5. L’étoile la plus proche est Alpha Centauri visible dans l’hémisphère sud. La distance entre le Soleil et Alpha Centauri vaut 4,5 années-lumière. a) Quel temps un vaisseau spatial utopique met-il pour un allerretour de la Terre jusqu’à Alpha Centauri, si le vaisseau se déplace à v = 0,5 c ? (t = 18 a) b) Quelle est la durée du voyage mesurée par les astronautes dans le vaisseau spatial ? (t’ = 15,6 a) c) À quelle vitesse le vaisseau doit-il se déplacer pour que le voyage complet ne dure qu’une année pour l’équipage ? (v = 0,9938 c) 6. La puissance rayonnante du Soleil est égale à 4·1023 kW. De combien la masse du Soleil diminue-t-elle chaque seconde ? (m = 4,4·109 kg) 1. Albert Einstein (1879-1955) était professeur aux universités de Zurich et de Prague. Il était membre de l’Académie prussienne des sciences à Berlin. Après son émigration 1933 de l’Allemagne nationale-socialiste, il travaillait au Institute for Advanced Studies à Princeton, USA. Masse au repos de l’électron : me = 9,109·10-31 kg Masse au repos du proton : mp = 1,673·10-27 kg Masse au repos du noyau atomique 4 2 He : mHe = 6,646·10-27 kg Cherche la masse et l’âge du Soleil. Déduis-en de combien (en pourcentage) la masse du Soleil a diminué depuis sa naissance. Théorie de la relativité 13GE – 2013/14 7. La masse d’un noyau atomique d’hélium est 0,6 % plus petite que la masse de 4 noyaux atomiques d’hydrogène. a) Quelle énergie est libérée lors de la fusion d’un kilogramme d’hydrogène en hélium ? (E = 5,39·1014 J) b) Combien d’hydrogène doit être « brûlé » par seconde au centre du Soleil pour maintenir le rayonnement solaire émis ? (m = 7,42·1011 kg) 8. Quelle est la vitesse d’un électron avec une quantité de mouvement égale à p = 4 MeV/c ? (v = 0,991 92 c) R21 1. Une photo d’Albert Einstein orne le billet de banque israélien de cinq shekels. Après la fondation de l’État d’Israël, le poste de président d’État fut proposé à Albert Einstein qui y renonça toutefois. 9. Un noyau atomique d’hélium possède une énergie cinétique de 5 GeV. Calculez sa masse dynamique et sa vitesse ! (m = 1,56·10-26 kg, v = 0,904 c) 10. Un proton a une énergie totale de 1500 MeV. a) Calculez sa masse dynamique et sa vitesse ! (m = 2,67·10-27 kg, v = 0,78 c) b) Quel pourcentage de l’énergie totale représente l’énergie au repos respectivement l’énergie cinétique ? (Ekin : 37,5 %, E0 : 62,5 %) 11. Un électron est accéléré par une tension de 150 kV. a) Calculez sa vitesse avec les lois classiques ! (v = 2,30·108 m/s) b) Calculez sa vitesse avec les lois relativistes ! (v = 1,90·108 m/s) c) Quelle est son énergie totale ? (E = 1,06·10-13 J = 661 keV) Liens internet Animation en langue allemande sur la dilatation du temps : http ://www.walter-fendt.de/zd/zd_appl2.htm Animations en langue anglaise sur la dilatation du temps : http ://www.phys.unsw.edu.au/einsteinlight/ Animation en langue anglaise sur la contraction des longueurs : http ://www.physicsclassroom.com/mmedia/specrel/lc.html Recueil de liens sur la théorie de la relativité : http ://www.schulphysik.de/relativ.html