SUJETS D`ANNALES CORRIGÉS •

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SUJETS D’ANNALES CORRIGÉS 쎲
On a parlé des deux « s » de princesse, pour faire le son [s]. On a parlé aussi de tous les
phonèmes que l’on entendait dans princesse. Ensuite on a travaillé sur la terminaison de sourit,
on a vu que pour écrire « i-s », on mettait devant « une ». Ensuite on a éliminé le « i-e », parce
que vous avez dit que c’étaient des terminaisons des verbes du premier groupe ! Vous avez, au
bout d’un moment, découvert que c’était un verbe du troisième groupe et on ne savait plus quelle
était la terminaison et on devait se référer, pour découvrir la terminaison des verbes du troisième
groupe, au cahier de conjugaison.
Corrigé
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Première partie : question relative aux textes proposés
Les quatre textes, littéraires, du dossier, abordent la question du voyage et de l’exil. D’abord
par un extrait d’Eldorado de Laurent Gaudé : le narrateur évoque la séparation d’avec son frère
Jamal au moment où celui-ci retourne dans son pays après avoir accompagné son frère à la frontière. L’extrait insiste sur la déchirure produite par cette séparation ; l’exil est ici choisi, mais le
passage insiste beaucoup plus sur la souffrance de la séparation que sur l’attrait exercé par
l’Eldorado sur le migrant. Dans le texte 2, le poète René Char adresse une lettre fictive à Arthur
Rimbaud : il fait référence à l’arrêt de son activité de poète pour fuir en Abyssinie et s’adonner à
la vente d’armes. L’exil est présenté comme l’appel du « vent du large » et René Char en fait un
prolongement de sa quête de poète. La lettre d’Ovide (texte 3) s’inscrit dans un contexte différent :
contraint à l’exil loin de Rome, Ovide entretient avec ses amis une correspondance qui offre des
« consolations » réconfortantes. Rome apparaît alors comme une terre originelle perdue, alors
qu’elle constitue un espace hostile pour Du Bellay dans le sonnet « Heureux qui, comme Ulysse ».
Parti pour accompagner son oncle en Italie, Joachim insiste sur la nécessité du retour au pays
natal. À la question de savoir s’il peut exister un exil heureux, on pourra répondre en analysant
les conditions d’un exil heureux, pour envisager l’exil comme source de nostalgie.
Quelles sont les conditions d’un exil heureux ? D’abord quitter la terre hostile : Laurent Gaudé
évoque « la vie laide » sur une terre natale source de bestialité et de servitude : « bête »,
« étable », « dans ta niche pour y mourir ». Quant au texte 2, il mentionne l’ennui de la province
comme un « ronronnement d’abeille stérile », et « la malveillance » et « la sottise » de la vie de
bohème à Paris. Ensuite, être dans le mouvement : dans son texte, René Char donne raison à
Rimbaud « Tu as eu raison d’abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisselyres, pour l’enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples » ; l’exil est
qualifié d’ « élan absurde » parce que sans motif apparent », mais il est aussi synonyme de « vie ».
Dans le texte 4, Du Bellay, associe le départ à la conquête. La troisième condition est d’aller vers
un ailleurs fantasmé : l’Eldorado du texte 1, l’aventure du texte 2.
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Pourtant, même lorsque l’exil est volontaire, ce fantasme n’est-il pas illusoire ?
L’exil apparait comme source de nostalgie, ce qui amène à se poser la question de savoir si
un exil heureux n’est pas surtout un exil passé. Si l’exil est source de nostalgie, c’est d’abord
parce que le lieu d’origine est constitutif de l’identité de l’individu : c’est son foyer (textes 3 et 4),
et le quitter, c’est « s’arracher la peau », comme le dit le narrateur de Laurent Gaudé. Mais l’exil
provoque aussi le manque : celui de la famille, dans les textes 1 et 4 ; celui des « amis » choisis,
pour Ovide. Contrastant avec la « douceur » (textes 3 et 4) du pays d’origine, l’ailleurs est hostile ;
parce qu’il blesse (texte 1 : les frontières « blessent toutes » ; Ovide parle des « morsures de
l’exil ») et parce qu’il offre des conditions difficiles comme, par exemple, le climat évoqué par
Ovide dans le texte 3. Dès lors, l’exil heureux est celui qui est passé : parce qu’il permet le bonheur
du retour pour Du Bellay, et parce qu’il permet l’écriture.
Exil choisi ou exil subi : l’exil est toujours douloureux, mais il est source de bonheur a posteriori et, surtout, particulièrement productif, car source d’inspiration pour le poète ou l’écrivain.
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Deuxième partie : connaissance de la langue
A – Répondez aux questions suivantes
1. Le texte 4 comporte uniquement des vers de douze syllabes, appelés aussi alexandrins. Le vers
10 comporte aussi douze syllabes, puisqu’on fait la diérèse sur « audaci-eux » :
« Que/ des/ pa/lais/ ro/mains/ le/ fron/t au/da/ci/eux ».
2. La rime « saison »/« maison » s’appuie sur trois phonèmes : [ɛzõ]. C’est donc une rime riche.
3. [plymǝplɛlǝseƷuRkͻbαtimezajØ]
B – Pour ce questionnaire, plusieurs réponses peuvent être valables
1. La réponse c) est valable : un pronom se met à la place d’un nom.
2. b) Non : il y a des pronoms, comme ceux que l’on emploie dans la conversation, qui représentent directement les personnes : ce sont des déictiques (je, tu, nous, on…).
3. a), b) et c).
4. c) C’est une conjonction de subordination.
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5. a) « que » est un pronom relatif.
6. b) « miens » est un pronom possessif (« les miens » évite la répétition de « mots »).
7. c) Il n’y a pas de pronoms dans cette phrase.
8. a) « Aucun » est un pronom indéfini.
9. a) ou c) : avec l’auxiliaire « avoir », le participe passé d’un verbe à la forme composée s’accorde
avec le COD placé avant le GV. Ici, « les » doit être un masculin pluriel, donc la seule proposition
à écarter est le groupe au féminin.
10. La réponse est c) Trois pronoms.
Pierre en est sûr, il y retournera en octobre sans encombre.
C – Réécrivez les phrases suivantes en utilisant l’occurrence qui vous semble correcte et en justifiant
votre choix.
1. Il faut qu’il vienne. (Le subjonctif est attendu après le verbe « falloir ».)
2. Nous doutons qu’elle soit venue à temps.
3. Elles ne t’écouteraient pas, quoi qu’il arrive, disaient-elles. (Pronom indéfini à valeur concessive.)
4. Vous voudriez que nous payions si cher un pareil colifichet ? (Conjugaison du verbe « payer »
au subjonctif présent dans une subordonnée COD si le verbe de la principale exprime un désir, une
crainte, une volonté.)
5. Les doutes que vous avez formulés sont légitimes. (Antéposition du COD « que », pronom relatif
ayant pour antécédent « les doutes », GN masculin pluriel. Cette antéposition justifie l’accord du
participe passé employé avec l’auxiliaire « avoir ».)
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Troisième partie : analyse de supports d’enseignement
1. L’activité est une activité d’orthographe, un atelier de négociation graphique. Elle combine donc
la dimension orale (« parler, débattre ») des Programmes 2008 aux domaines plus purement orthographique et grammaticaux :
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- les classes de mots : identification, selon leur nature, des mots suivants : les verbes, les noms,
les déterminants, les adjectifs qualificatifs, les pronoms, les adverbes, les prépositions ;
- orthographe grammaticale : les élèves sont entraînés à orthographier correctement les formes
conjuguées des verbes étudiés.
On peut affiner en notant les compétences suivantes :
- repérer les discordances dans les choix orthographiques des élèves et tenter de les comprendre ;
- rendre l’élève capable d’analyser des difficultés graphophonologiques ;
- rendre l’élève capable d’identifier les classes de mots et d’appliquer les accords adéquats ;
- faire identifier et expliciter à l’élève les difficultés dans la maîtrise des terminaisons verbales.
2. La question que les élèves cherchent à résoudre est de choisir entre plusieurs graphies homophones. Ils travaillent sur quatre propositions permettant de retrouver la terminaison correcte de
« elle sourit » : « souris », « sourit », « sourie » et « souri ».
3. Le méta-langage grammatical employé par les élèves se rapporte à la morpho-syntaxe verbale.
Ils utilisent les termes suivants : « conjugaison », « « se conjugue », « les terminaisons », « le
groupe », « premier groupe », « deuxième groupe », « troisième groupe », « sujet ». On relève aussi
une référence à la chaîne d’accords avec « féminin », ce qui indique d’ailleurs que le travail sur
l’accord dans le GN contamine le travail sur le verbe, bien que les élèves aient tourné autour de
cette notion pendant tout l’atelier.
Il manque dans le métalangage les notions de « pronom personnel » et de « personne ». Elles
apparaissent dans les terminaisons mémorisées : « e, es, e », et dans la référence au « s » qui se
met avec « tu » (par exemple : « ça dépend de quoi le « e », le « e-s »… ? ça dépend du sujet ! »).
4. La nature des interactions en jeu : les élèves valident ou invalident des propositions ; ils complètent la proposition d’un autre : « on procède par éliminatoire » ou encore « Ben si ça se conjugue !
Parce qu’on peut le mettre à l’infinitif » ou encore suggèrent « moi, j’aurais dit ». À la fin, on se
trouve davantage dans l’explication avec des énoncés commençant par « parce que ». Les interactions participent à la construction de la notion d’accord avec le sujet en fonction du temps, du
groupe et de la personne.
5. Le rôle de l’enseignante :
- elle enrôle ceux qui sont en retrait : « Alors, les autres ? » ;
- elle encourage : « Vas-y, Tiphaine » ;
- elle guide et soutient le raisonnement : « Et il a dit : on peut le conjuguer ! Donc si on peut le
conjuguer, on n’est pas obligé de le conjuguer avec elle ! On peut le conjuguer aussi avec… » ;
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- elle indique un outil qui peut guider les élèves : « Il suffirait qu’on aille voir quoi, pour savoir ? » ;
- elle reformule les propositions des élèves, ramène à la question initiale, « notre problème c’était
de trouver la terminaison de « elle sourit ».
Le rôle de l’enseignante compose un étayage solide : elle pose la problématique et permet aux
élèves d’y revenir, enrôle tous les élèves dans l’activité et distribue la parole, suscite et facilite le
raisonnement, élabore une synthèse sur ce qui a été élucidé et ce qui demeure en suspens, guide
les élèves vers l’utilisation d’outils qui leur permettent de lever les incertitudes. En revanche, la
pratique de la langue orale de l’enseignante n’est pas complètement adaptée : oubli de la double
négation (« vous êtes pas d’accord ? »), élisions inadaptées « t’as un avis ?), oubli de l’inversion
sujet-verbe dans les formules interrogatives (« Comment on peut être sûr que c’est un verbe ? »).
6. L’intérêt de cette activité est de permettre aux élèves de prendre la langue comme objet d’étude
et d’être actifs dans une situation d’apprentissage de type « résolution de problèmes ».
Pour ce qui est des limites, on peut s’interroger sur la pertinence d’une séance entièrement dédiée
à un verbe du troisième groupe ne faisant pas partie de la liste des verbes préconisés dans les
Programmes de 2008. L’autre limite est que ce type d’activité est chronophage, qu’elle demande
aux élèves de raisonner à partir de connaissances sur la langue incomplètes et mal stabilisées, la
séance aboutissant finalement à un résultat minime (aller chercher dans un ouvrage de conjugaison) et non abouti.
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