Royaume du Maroc Rabat, le 5 février 2005 Direction des Etudes et des Prévisions Financières Fiche relative aux résultats du rapport 2004 du “Forum économique mondial” sur la compétitivité mondiale Chaque année, le “Forum Economique Mondial” (FEM) publie son rapport “The Global Competitiveness Report”, qui établit un classement mondial de compétitivité, sur la base de critères quantitatifs et qualitatifs, d'un large échantillon de pays industrialisés et en développement. Ce classement de la compétitivité est déterminé par deux indicateurs fondamentaux : • l’indice de compétitivité-croissance “Growth Competitiveness Index”, qui évalue le potentiel d’expansion économique à moyen et à long terme d’un pays. Il est calculé à partir de trois variables : l’environnement macroéconomique, l’efficacité des institutions publiques et la capacité technologique. • l’indice de compétitivité microéconomique “Business Competitiveness Index”, qui identifie les facteurs soutenant la productivité et la performance économique, comme la modernité des entreprises ou la qualité de l’environnement des affaires. La construction de ces indices se fonde sur un ensemble d’indicateurs quantitatifs (variables macro-économiques standards) ainsi que sur des indicateurs originaux issus d’enquêtes qualitatives réalisées auprès des chefs d’entreprises et de « business leaders » interrogés dans 104 pays industriels ou en développement1. Les variables du questionnaire sont organisées en neuf thèmes : • • • • • • • • • Environnement macro-économique. Innovation et diffusion technologique. Infrastructures générales. Institutions publiques, contrats et lois. Institutions publiques. Corruption. Concurrence sur le marché intérieur. Développement des clusters. Marché des affaires et stratégies d’entreprises. 1 Contre 102, 80, 75 et 58 respectivement en 2003, 2002, 2001 et 2000. En 2004, les nouveaux pays analysés sont les Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Chypre, la Bosnie-Herzégovine et la Géorgie. Trois pays n'ont pas été couverts cette année par l'enquête : il s'agit du Cameroun, de Haïti et du Sénégal. 1 Direction des Etudes et des Prévisions Financières 1. Principaux résultats dégagés dans le rapport FEM 2004 Selon le rapport du FEM, la Finlande est l’économie la plus compétitive au niveau mondial, suivie de celle des Etats-Unis. Depuis quatre ans, ces deux pays se partagent les premières places de ce palmarès. La position de la Finlande est le résultat des bonnes performances de ses industries de haute technologie (3ème après les Etats-Unis et Taiwan), de la qualité de son environnement macroéconomique (3ème après Singapour et la Norvège) et de ses institutions publiques (3ème après le Danemark et l'Islande). Les Etats-Unis, malgré leur suprématie technologique, se positionnent en deuxième place, en raison d’un affaiblissement de la qualité de certaines institutions publiques et de la dégradation des équilibres macro-économiques. Pour ces deux indicateurs, les Etats-Unis sont classés au 21ème et 15ème rang respectivement parmi les 104 pays étudiés. A l'exception de l'Australie qui a perdu sa position parmi les dix premiers pays les plus performants en 2003 (passant du 10ème au 14ème rang), les autres pays ont maintenu leur place dans cette catégorie. La performance la plus marquée a été enregistrée par la Norvège qui est passée de la 9ème à la 6ème position. Ce pays a amélioré son classement pour toutes les variables de l’indice de compétitivité-croissance, en particulier les institutions publiques. Sur les dix premiers pays du classement global, six sont européens et les pays scandinaves sont tous particulièrement bien placés : en plus de la Finlande, la Suède est 3ème, le Danemark 5ème, la Norvège 6ème, la Suisse 8ème et l’Islande 10ème. Une bonne gestion macroéconomique, un haut niveau de développement institutionnel, ainsi qu’un climat propice aux affaires sont à l’origine du bon positionnement des pays scandinaves. A noter aussi que le Royaume-Uni a gagné 4 places (11ème), en lien avec les progrès réalisés dans les domaines des institutions publiques et de l’environnement des affaires. Parmi les dix pays qui ont adhéré en mai 2004 à l'Union Européenne, l'Estonie progresse de la 22ème à la 20ème place, devant Malte (32ème), la Slovénie (33ème) et Chypre (38ème). Toutefois, la Pologne a connu un recul important, passant de la 45ème à la 60ème position, en raison des retards enregistrés en matière de reprise de l'acquis communautaire du fait de fortes tensions politiques. Le rapport souligne l'importante amélioration du classement de la Bulgarie et de la Roumanie, passant respectivement du 64ème au 59ème et du 75ème au 63ème rang. Ce qui montre que les perspectives d'adhésion à l'Union Européenne sont perçues comme un stimulant pour moderniser le cadre institutionnel, améliorer les réformes structurelles et rectifier les retards pris en matière d'application du droit communautaire, de lutte contre la corruption et de respect des libertés. Parmi les pays d’Amérique Latine, le Chili a significativement amélioré son classement, passant de la 28ème à la 22ème place. Ce pays est le plus performant d’Amérique Latine, dépassant de 26 places le second pays le mieux classé de la région, le Mexique (48ème place). Pays très ouvert aux échanges extérieurs, le Chili a pleinement bénéficié de l'expansion de l'économie mondiale. Les fragilités de l'économie chilienne, qui ont trait au faible niveau de développement humain, n'ont pas généré d'instabilité sociale capable de se répercuter négativement sur la gouvernance et la stabilité institutionnelle. 2 Direction des Etudes et des Prévisions Financières Parmi les pays asiatiques, Singapour perd une place mais reste 7ème, alors que le Japon en regagne deux pour se positionner au 9ème rang, bénéficiant du redémarrage spectaculaire de son économie après une décennie de morosité. La Chine, en revanche, recule de la 44ème à la 46ème place, du fait de la persistance de fortes carences institutionnelles, de la situation d'insolvabilité de certains établissements bancaires, en raison de l'ampleur de prêts non performants et de la prolifération des contrôles administratifs, en vue de limiter la surchauffe économique. La Corée du Sud a connu une détérioration significative de son classement, passant du 18ème au 29ème rang. Ce déclin est dû en particulier à l'affaiblissement de la qualité de l'environnement macroéconomique, à l'épuisement des politiques de soutien à la croissance mis en place et au retard pris pour le redressement du secteur bancaire suite à la dégradation du bilan des ménages. Les pays d'Afrique Subsaharienne continuent d'occuper les rangs inférieurs du classement à quelques exceptions près. Portée par la flambée des prix des matières premières, l'Afrique du Sud a amélioré sa position (41ème place) et dépasse tous les pays d'Amérique Latine excepté le Chili. De même, le Botswana devance la majorité des autres pays d'Afrique subsaharienne, avec de bonnes performances en particulier en ce qui concerne la qualité des institutions publiques et de l'environnement macroéconomique. 2. Classement du Maroc au niveau mondial et par rapport aux principaux pays émergents Dans sa troisième apparition dans le classement de la compétitivité mondiale, le Maroc a amélioré sa position, selon l’indice de compétitivité de croissance, de la 61ème à la 56ème place. L'amélioration de la position du Maroc est liée principalement à la consolidation de l'indice des institutions publiques où le Maroc s'est classé 42ème (68ème en 2003). Toutefois, le niveau de développement technologique de notre pays reste faible, régressant de la 71ème à la 74ème place. Le classement de l’environnement macro-économique national a également légèrement reculé, passant de la 43ème à la 46ème position. Concernant l’indice de compétitivité micro-économique, le Maroc a progressé du 49ème au 46ème rang. Cette performance résulte de l'amélioration de la position du Maroc concernant l’indice des « opérations et stratégies des entreprises » et l’indice de « l’environnement des affaires ». Le Maroc est en effet passé de la 49ème à la 45ème place pour les deux indices. Par rapport aux principaux pays émergents, le Maroc demeure selon le rapport du FEM moins compétitif, particulièrement vis-à-vis des pays asiatiques. De même, comparativement aux pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, le Maroc se positionne derrière la Jordanie (35ème) et la Tunisie (42ème). Il dépasse l’Egypte (62ème) et la Turquie1, classée au 66ème rang, malgré l'instauration de la confiance dans ce pays, longtemps caractérisé par l'instabilité macroéconomique. De surcroît, les banques y demeurent fortement exposées au risque de défaut, ce qui est de nature à les empêcher de remplir correctement et dans de bonnes conditions leur rôle d’intermédiaire financier. 1 Néanmoins, l'annonce d'un calendrier de négociation pour l'adhésion à l'Union Européenne devrait enclencher un cercle soutenu de croissance en Turquie. 3 Direction des Etudes et des Prévisions Financières 3. Limites de la méthodologie de construction des indices du FEM D’après une étude réalisée par l’INSEE1, le classement de la compétitivité mondiale, tel qu’il est effectué par le FEM, présente quelques limites de construction. Sa base théorique et la méthodologie statistique adoptée paraissent discutables. En effet, la mesure de certaines variables pose problème, comme l’impact de l’ouverture sur la croissance, l’impact du poids des dépenses publiques dans le PIB ou de la qualité des institutions, ne font pas consensus. En particulier, l’accumulation de capital humain ne dépend pas que des taux de scolarisation, tandis que l’effort d’innovation ne peut être ramené au seul ratio de recherche-développement au PIB. Les enquêtes, sur lesquelles s’appuie le FEM risquent d'être biaisées systématiquement au niveau des réponses et des imprécisions des questions. Aussi, la pondération des variables, pour les indicateurs composites, peut être arbitraire ou fondée sur des méthodes statistiques. Conclusion L'amélioration du classement de la compétitivité du Maroc, selon le FEM, renforce certes la crédibilité de notre pays sur le plan international, reflétant l’engagement du Maroc dans la voie de l’ouverture et de la libéralisation de son économie ainsi que sa grande volonté de poursuivre les réformes politiques, économiques, sociales et institutionnelles. Toutefois, afin d’améliorer sa compétitivité et, par conséquent, son classement au niveau mondial, le Maroc est appelé à poursuivre les réformes et à prendre les mesures nécessaires pour développer les secteurs ou les créneaux dans lesquels il est mal positionné au niveau international. En matière de ‘‘développement technologique’’ où le Maroc enregistre un retard en matière d'innovation et de recherche-développement, la mise en place de nouvelles mesures incitatives, notamment fiscales, et de formations s'avère nécessaire pour accroître le niveau de compétitivité technologique dans notre pays. De même, l’environnement macro-économique national devrait être consolidé, en particulier à travers une meilleure gestion des finances publiques et la persistance d'efforts en vue d'améliorer l’attractivité pour les investissements étrangers. 1 Les indices de compétitivité des pays : interprétations et limites, S. Grégoir et F. Maurel, 2002 4 Direction des Etudes et des Prévisions Financières Annexe : Classement du Maroc par rapport aux pays émergents ou en développement selon le niveau de compétitivité (*) Compétitivité de la croissance (macro-économique) Pays Taiwan Singapore Corée Chili Malaisie Thaïlande Hongrie Jordanie Tunisie Rép. Tchèque Chine Pologne Mexique Brésil Inde Egypte Maroc Turquie Philippines Indonésie Pakistan Algérie Argentine Indice global 2003 5 6 18 28 29 32 33 34 38 39 44 45 47 54 56 58 61 65 66 72 73 74 78 2004 4 7 29 22 31 34 39 35 42 40 46 60 48 57 55 62 56 66 76 69 91 71 74 Environnement macroéconomique 2003 18 1 23 35 27 26 38 42 32 39 25 49 54 75 52 56 43 82 60 64 62 51 93 2004 9 1 35 27 20 23 55 36 32 41 24 51 49 80 52 57 46 84 69 63 67 40 94 Institutions publiques 2003 21 6 36 19 34 37 33 20 32 47 52 58 50 53 55 57 68 63 85 76 74 66 88 2004 27 10 41 20 38 45 37 29 36 51 55 80 59 50 53 70 42 62 99 68 102 67 79 Compétitivité des affaires (micro-économique) Technologie 2003 3 12 6 31 20 39 32 48 57 21 65 34 43 35 64 68 71 54 56 78 83 96 45 2004 2 11 9 32 27 43 29 51 58 19 62 45 48 42 63 65 74 52 61 73 87 98 57 Indice global 2003 16 8 23 32 26 31 38 41 33 35 46 47 48 34 37 58 49 52 65 60 75 88 69 2004 17 10 24 29 23 37 42 43 32 35 47 57 55 38 30 66 46 52 70 44 73 89 74 Source : Rapports du Forum Economique Mondial. (*) Chaque pays est classé par rapport à 102 pays dans celui de 2003 et 104 pays dans le rapport 2004 5 Opérations et stratégies des firmes 2003 2004 16 12 12 13 19 21 34 33 26 28 31 36 45 48 59 54 38 43 33 31 42 39 43 47 37 46 30 29 40 30 55 57 49 45 51 44 48 50 62 38 81 67 93 93 63 68 Qualité du climat des affaires 2003 16 4 25 30 24 32 37 35 29 38 44 45 51 39 36 62 49 55 74 61 70 86 73 2004 20 8 28 29 23 36 38 40 30 37 47 64 56 44 32 68 45 55 77 46 75 86 78