-6Laïcité et République : un parcours historique Cléricalisme et anticléricalisme « Le cléricalisme ? Voilà l’ennemi ! » S ous le Second Empire, l’armée et l’église sont privilégiées et assurent une indispensable assise au pouvoir impérial. L’église jouit, presque exclusivement, de la liberté de diffuser sa presse et sa littérature. Face à l’activisme clérical et à son refus du modernisme, l’anticléricalisme se fait de plus en plus radical et athée. Reconstruction des églises Le gouvernement augmente le budget des cultes. L’accroissement de la population et une certaine hausse du niveau de vie des campagnes conduit à un mouvement sans précédent de construction de nouvelles églises, rendu possible par les aides de l’État et la baisse des coûts de construction grâce à la standardisation du néo-gothique. En Haute-Garonne, on totalise 100 églises nouvelles et 100 autres remaniées. Dans le même temps, de nombreux presbytères sont édifiés. Le développement des congrégations s’accélère. Grâce à elles, l’encadrement clérical des populations et l’influence des jésuites se renforcent. Les pèlerinages (à sainte Germaine de Pibrac, canonisée en 1867 ; à Lourdes, où les apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous ont lieu en 1858), les processions, les missions… envahissent l’espace public. 1851-1879 Armand Duportal (1814-1887) Léon Gambetta, Discours à la chambre des députés, 1877 Au moment où l’unité italienne fait disparaître le pouvoir temporel du pape, celui-ci n’a jamais été aussi puissant sur le plan spirituel. Le Syllabus (1864) vient résumer la doctrine de l’Église et son refus de la science et du monde moderne ; le premier concile de Vatican (1870) affirme l’infaillibilité pontificale. L’anticléricalisme Les libéraux, favorables à la monarchie constitutionnelle, choqués par le coup d’État de Napoléon III, se rallient peu à peu à l’idée d’une République modérée et pensent, sous l’influence d’Edgar Quinet, que le catholicisme romain est l’ennemi de la liberté. Socialistes et anarchistes sont des anticléricaux intransigeants ; pour les radicaux, le concordat est incompatible avec la République. Les accointances du clergé avec les royalistes et l’Empire désignent le cléricalisme comme l’ennemi. Dès 1869, par le manifeste de Belleville, rédigé à l’occasion des élections législatives, Gambetta demande la suppression du budget des cultes, la séparation de l’Église et de l’État, la liberté de la presse… Ce manifeste fait office de programme pour les Républicains. L’église de L’Union (1864), typique des église néo-goth iques construites sous le Secon d empire La Commune Après la défaite de Napoléon III à Sedan (1870) et le désaveu du gouvernement de Défense nationale, la Commune de Paris se constitue le 18 mars 1871. L’éphémère pouvoir révolutionnaire prolétarien vote la séparation de l’Église et de l’État, la suppression du budget des cultes et la nationalisation des biens des congrégations. L’ordre moral Au lendemain de la Commune se noue une coalition de conservateurs et de monarchistes qui porte Mac-Mahon au pouvoir. Le régime de l’ordre moral est en fait un retour à la Restauration. C’est l’ultime poussée cléricale en France au XIXe siècle. Son symbole en reste le SacréCœur de Montmartre, édifié pour expier la défaite et la Commune. La loi du 12 juillet 1875 permet la création de l’enseignement supérieur libre. Face aux universités napoléoniennes de tradition gallicane, des universités catholiques sont créées dès 1876 (Paris, Lille, Angers, Lyon). À Toulouse, fondé grâce à une souscription publique, l’Institut catholique est inauguré solennellement le 15 novembre 1877 dans l’ancien couvent des clarisses du Salin, dit hôtel de la Fonderie. Statue de Sai nte Germain e de Pibrac