Classe de TES SES Décembre 2015 Corrigé Dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire SUJET : Comment peut-on expliquer les fluctuations économiques ? (20pts) Compréhension du sujet et problématique : Le sujet correspond à l’indication complémentaire du programme de la partie 1.2 «On présentera les idées directrices des principaux schémas explicatifs des fluctuations (chocs d'offre et de demande, cycle du crédit) « Comment » : cette expression introduit un « sujet analyse ». On ne vous demande pas de débattre d’une affirmation (pas d'analyse critique, seulement le “oui”) mais de démontrer des mécanismes ou processus : Il s’agit donc de s’interroger sur les origines des fluctuations économiques Fluctuations économiques : ensemble des mouvements de baisse et de hausse de l’activité économique, c’est-à-dire des variations du taux de croissance économique. Propositions de plan : I- Les fluctuations économiques s’expliquent par les chocs d’offre et de demande II- Les fluctuations économiques s’expliquent par le cycle du crédit Ou bien : I- Les fluctuations économiques s’expliquent par les chocs d’offre II- Les fluctuations économiques s’expliquent par les chocs de demande III-Les fluctuations économiques s’expliquent par le cycle du crédit Mécanismes et notions à mobiliser : Choc de demande Variation d’une des composantes de la demande globale adressée aux producteurs. phase d’expansion : lorsque la hausse de la demande s’accélère, les entreprises produiront d’autant plus qu’elles devront reconstituer leurs stocks ; la baisse du chômage peut alors contribuer à entretenir l’augmentation de la demande, de même que les investissements réalisés par les entreprises pour étendre leurs capacités de production. Choc d’offre variations des conditions de la production (productivité, prix des facteurs, augmentations de salaires supérieures aux gains de productivité ou alourdissement de la fiscalité sur les entreprises. la situation des producteurs s’améliore par la diminution de leurs coûts de production ; ils peuvent dès lors éventuellement produire davantage et tirer la croissance. phase de récession : si les entreprises décident de réduire leurs stocks afin d’anticiper une baisse plus marquée de la demande ; la hausse du chômage risque alors de contribuer à accentuer ce ralentissement. - l’activité économique devient plus coûteuse et les entreprises les moins productives et compétitives risquent la faillite. Le cycle du crédit renvoie au comportement des banques en matière d’octroi de crédit : en période d’expansion, elles accordent plus facilement des crédits aux ménages et aux entreprises ; au contraire, en période de ralentissement d’activité, elles sont plus sélectives et prennent moins de risques, du fait des possibilités d’insolvabilité accrues. Les documents : Doc.1 : ce document souligne l’ampleur des fluctuations économiques. Il est utile de le comparer aux autres documents. Doc.2 : Ce document met en avant les composantes de la demande et leur impact sur la croissance économique. Si en début de période, c’est surtout la demande intérieure et plus particulièrement la consommation qui parait stimuler la croissance actuellement c’est davantage la demande extérieure (les exportations) qui tire la croissance. Attention à la lecture en point de croissance du PIB Doc.3 : Ce document illustre le cycle du crédit. Il faut montrer la relation de corrélation avec la croissance du PIB illustrée dans le document 1 Doc. 4 : Ce document met en avant les fortes variations du prix de baril de pétrole qui impactent les coûts de production et donc l’offre. Corrélation entre la hausse du prix du pétrole et les périodes de récession. Epreuve composée Première partie : Mobilisation des connaissances 1- Quelle relation peut-on établir entre déclassement et paradoxe d'Anderson ? (3pts) Le déclassement social constitue la situation où un individu occupe une position sociale inférieure à celle de ses parents. Par exemple, en France les tables de mobilité sociale mesurent cela x% des fils de cadres sont devenus ouvriers. Cette mobilité sociale descendante peut avoir deux origines. Soit les fils de cadres concernés ont un niveau de qualification qui ne leur permet que d’accéder à des emplois d’ouvriers et pas à des emplois de cadres comme leurs pères. Auquel cas le déclassement ainsi constaté est « normal », il ne relève pas d’une situation paradoxale. Mais il peut se produire une situation où, un individu bien que possédant un niveau de diplôme ou de qualification équivalent voire supérieur à celui de son père occupe néanmoins une position sociale inférieure. C'est ce que l'on appelle le paradoxe d'Anderson. Cette situation traduit une transformation de la relation diplôme/emploi d’une génération sur l’autre et révèle un accroissement rapide du nombre de diplômés dans la société. Ainsi, depuis une vingtaine d’années en France, la part des individus mobiles s’accroît essentiellement du fait des mobilités descendantes, et le paradoxe d'Anderson met en évidence une forme de déclassement. 2- En quoi l'approche en termes d'IDH complète-t-elle celle en termes de PIB ? (3 pts) Le Produit Intérieur Brut est le principal indicateur de la comptabilité nationale, il permet de mesurer l’ensemble des richesses produites par les organisations productives marchandes et non marchandes résidentes sur un territoire économique. Il a donc une dimension essentiellement quantitative, et il ne permet par exemple pas de rendre compte de l’utilisation qui peut être faite de ces richesses pour améliorer la qualité de vie de la population. Ainsi par exemple il est possible d’avoir deux pays avec le même niveau de PIB, voire le même niveau de PIB par habitant et de ne pas pouvoir les distinguer en fonction de l’utilisation qui est faite des richesses produites. En 1990 le PNUD crée l’IDH à la suite des travaux d’A. Sen, pour compléter cette mesure quantitative par une dimension qualitative. L’indice de développement humain est un indicateur composite qui permet de mesurer l’utilisation qu’une nation fait des richesses qu’elle produit en termes d’accès aux biens et services (PIB/hab en parité de pouvoir d’achat), en termes d’accès à l’éducation (taux d’alphabétisation, durée moyenne de la scolarisation) et en termes d’accès à la santé (espérance de vie à la naissance). Ainsi plus l’IDH d’un pays est proche de 1, plus sa richesse est utilisée pour améliorer la qualité de vie de sa population en termes d’accès à l’éducation et à la santé notamment. On se rend compte ainsi que le pays ayant le niveau de PIB le plus élevé au monde, les EtatsUnis, n’est qu’au 3ème rang du classement de l’IDH. Des pays moins riches, comme l’Australie ou la Norvège utilisent mieux leurs richesses au profit du développement humain de leur population. Deuxième partie : Etude d’un document (4pts) Vous présenterez le document puis vous mettrez en évidence l’évolution du patrimoine brut des ménages en France entre 1998 et 2010. Ce document est un graphique d’évolution publié par l’INSEE. Il permet d’analyser l’évolution du patrimoine brut des ménages répartis en déciles des 10% les plus pauvres aux 10% les plus riches en France entre 1998 et 2010 sachant que 2 périodes sont mises en avant 1998-2004 et 2004-2010. L’évolution est mesurée par des taux de variation en %. On constate qu’entre 1998 et 2010, la masse de patrimoine brut possédée par les ménages vivant en France métropolitaine a progressé quel que soit le décile les inégalités de croissance de patrimoine se sont creusées à l’avantage des catégories les plus favorisées. En effet les augmentations des patrimoines au-delà des 50 % les mieux dotés sont plus élevées que pour les 50 % les moins riches. De fait, le patrimoine progresse d’environ 120 % (ce qui signifie qu’il est multiplié par 2.2) pour les 10 % les plus riches et de 20 % pour les 10 % les moins riches. Il augmente donc 6 fois plus vite pour les premiers que pour les seconds. De plus, les écarts de croissance des patrimoines se sont accentués durant la période 2004 -2010 comparé à la période 1998-2004. Par exemple, entre 2004 et 2010 le patrimoine des 10 % les plus riches a cru de 60 % et de 30 % sur la période précédente tandis que celui des 10 % de la population entre les 20 % les plus pauvres et les 70 % les plus riches a vu son rythme de croissance diminuer en passant de 10 % à 2 % environ entre les 2 sous périodes. Cependant, pour les 10 % les moins bien dotés en patrimoine, la hausse a été supérieure à celle des 20 % des ménages suivants tout en restant très inférieure à celle des 60 % les mieux dotés. En conclusion, les patrimoines bruts les plus importants ont progressé le plus rapidement, en particulier entre 2004 et 2010. Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10pts) À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous démontrerez que la famille peut constituer un frein à la mobilité sociale des individus. Compréhension du sujet : La famille, en tant que première instance de socialisation, détermine en partie les comportements de ses membres et peut constituer un frein à la mobilité sociale (c'est-à-dire au changement de position sociale au cours d'une vie ou entre générations). On dit aussi que la famille est responsable d'une certaine reproduction sociale. « Vous démontrerez que » : cette expression introduit un « sujet analyse ». On ne vous demande pas de débattre d’une affirmation (pas d'analyse critique, seulement le “oui”) mais de démontrer des processus : Il s’agit donc de s’interroger sur le rôle de la famille comme frein à la mobilité sociale et non comme ascenseur de mobilité sociale Proposition de plan : 1- La transmission inégale de capitaux en fonction du milieu social participe à la reproduction. Thèse de Pierre Bourdieu. Le capital culturel plus élevé dans les familles favorisées aident les enfants dans leur scolarité : un vocabulaire riche est déjà utilisé à la maison, des activités culturelles sont plus souvent pratiquées (qu'ils s'agissent de lecture, de cinéma ou de visite de musées...), les parents ont la capacité d'aider leurs enfants pour leurs devoirs,... Le document 1 pourra être utilisé ici Le capital économique (ensemble des revenus et patrimoine), lorsqu'il est élevé, favorise également la poursuite d'études. Le capital social, une fois le diplôme obtenu, permet de faire jouer son réseau de relations pour l'obtention d'un emploi. 2- Les coûts et avantages de la poursuite d'études ne sont pas évalués de la même façon d'un milieu social à l'autre. Thèse de Raymond Boudon. Dans les milieux populaires, la poursuite d'études représente un sacrifice financier plus élevé et l'enfant recherchera souvent plus rapidement son indépendance financière. Dans les familles favorisées ce coût sera moindre, le risque d'échec plus facilement supporté et la mobilité descendante difficilement acceptée, les études seront donc en moyenne plus longues. L'objectif qui peut-être de faire « aussi bien ou mieux que ses parents » est plus rapidement atteint dans les milieux populaires. Voir document 2 3- Le poids du milieu familial sur la reproduction sociale est d'autant plus fort que l'homogamie persiste. Partie de table d'homogamie dans le document 3 L'homogamie est le fait que les 2 membres d'un couple appartiennent au même milieu social. Or cette homogamie est forte dans les milieux populaires : 50.6% des hommes ouvriers en couple en France en 1999 l'étaient avec une femme employée et 23.3% avec une femme ouvrière. A l'inverse près de la moitié des hommes cadres en couple l'étaient avec une femme cadre ou une personne exerçant une profession intermédiaire, soit avec quelqu'un du même milieu social ou d'un milieu social proche. Cette homogamie persistante renforce les arguments exposés dans les parties 1 et 2. Les apports de capitaux ou de stratégies de poursuites d'études lorsque les 2 parents appartiennent au même milieu social renforce la reproduction sociale.