I. II. Module Histoire 2G

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Module Histoire 2G - Chapitre 4
Les relations internationales (1945-1989)
Ce chapitre comportera 5 parties:
I.
A) Le monde au lendemain de la guerre (p. 2 - 12)
B) La confrontation Est-Ouest: à la recherche d’un nouvel ordre mondial (p. 13 - 38)
________________________________________________________________________________
II.
C) Le Tiers-Monde: de la décolonisation aux années 1970 (p. 1 - 5)
D) Le Proche-Orient de 1974 à 1987 (p. 5 - 14)
E) L’Europe de l’Ouest en construction (p. 14 - 19)
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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A) Le monde au lendemain de la guerre
A.1. La conférence de Yalta
Proposée dès septembre 1944 par le président
américain, la conférence s’impose aux trois
belligérants en raison de la rapide évolution de la
situation militaire et des succès des alliés. La
conférence a donc lieu du 4 au 11 février 1945 dans
la station balnéaire de Yalta, sur la côte de la mer
Noire en Crimée, et réunit les chefs de
gouvernement de l'Union soviétique (Joseph
Staline), du Royaume-Uni (Winston Churchill) et
des États-Unis (Franklin D. Roosevelt). Staline
avait tenu à accueillir ses alliés sur le territoire
soviétique, pour démontrer la position forte de
l’Union Soviétique et pour réduire les risques d’un
Churchill, Roosevelt et Staline à Yalta.
in: www.
attentat contre sa personne.
Chacun des Alliés est désormais présent en Europe : les Soviétiques dans sa partie orientale et
centrale, les Anglais et les Américains en France, en Italie et en Grèce. Freinés par l’offensive
allemande dans les Ardennes (offensive von Rundstedt en décembre 1944 - janvier 19451), les
Alliés occidentaux n’ont pas encore franchi le Rhin, alors que les Soviétiques ne sont plus qu’à 70
km de Berlin. La situation des Soviétiques est donc nettement plus favorable, puisqu’ils ont réussi à
libérer une plus grande partie de l’Europe.
Le climat entre les Alliés est teinté de méfiance : ils se soupçonnent mutuellement de vouloir
utiliser l’occupation militaire à des fins politiques. Même le camp anglo-saxon est divisé à propos
de l’avenir des pays occupés, les responsables américains soutenant les partis démocratiques, alors
1
Gerd von Rundstedt (1875-1953) lance dans les Ardennes la dernière grande offensive allemande, qui
après de premiers succès foudroyants, est clouée au sol par la supériorité écrasante de l’aviation
américaine. Réalisant que les Alliés ont concentré toute leur attention sur leur poussée vers le Rhin, Hitler
décide de faire un dernier effort pour atteindre le port d’Anvers à travers les Ardennes belges et
luxembourgeoises, afin de séparer les unités américaines et britanniques. Les troupes alliées commandées
au Nord par le général anglais Montgomery et au sud par le général américain Bradley réussirent au début à
arrêter l’avancée allemande. C’est lors de cette offensive que le Grand-Duché de Luxembourg subit de
sérieux dégâts dans l’est et le nord du pays. De nombreux villages de l’Oesling sont détruits et le bilan des
victimes civiles est lourd, à un moment où presque partout ailleurs en Europe, les hostilités ont déjà pris fin.
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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que Churchill donne sa préférence aux forces conservatrices. Un autre élément qui caractérise les
négociations à Yalta est le déséquilibre entre les responsables politiques : Si le Royaume-Uni
(représenté par Winston Churchill, le Premier ministre britannique) a toujours été le partenaire avec
le poids politique et militaire le plus faible, les États-Unis sont représentés à Yalta par le président
Roosevelt très malade qui meurt deux mois plus tard le 12 avril 1945. Staline émerge donc comme
la personnalité la plus forte de cette rencontre à laquelle la France n’est pas invitée.
Les principaux buts que les trois dirigeants vont tenter d’atteindre lors de la conférence sont les
suivants :
- adopter une stratégie commune afin de hâter la fin de la guerre,
- régler le sort de l’Europe après la défaite du IIIe Reich et
- garantir la stabilité du monde au-delà de la victoire.
S’il ne fait pas de doute qu’en Europe la guerre est finie, même si l’Allemagne ne capitulera que le
8 mai, il n’en est pas de même pour la guerre dans le Pacifique. Le Japon en effet ne semble pas
prêt de se rendre et les États-Unis sont seuls à porter le fardeau du conflit en Extrême-Orient.
A Yalta, Roosevelt insiste donc très vivement pour que l’URSS promette d’intervenir au Japon. Les
États-Unis ignorent en effet si la bombe atomique, préparée dans le plus grand secret, sera prête à
temps. Une intervention soviétique au Japon permettrait - en cas de la nécessité d’une intervention
militaire traditionnelle - d’épargner des centaines de milliers de vie américaines. Par ailleurs, un
engagement soviétique au Japon détournerait l’attention de Staline de l’Europe, où Roosevelt craint
une trop grande prise de pouvoir de la part des Soviétiques. Staline promet d’intervenir au Japon
deux ou trois mois après la capitulation allemande, à condition que l’URSS puisse récupérer tous
les droits que la Russie des tsars avait perdus en 1905 : le contrôle des chemins de fer de
Mandchourie, le sud de Sakhaline et l’archipel des Kouriles (carte 1).
En Europe centrale, il s’agit en tout premier lieu de régler le sort de la Pologne. Le président
Roosevelt se déclare favorable à ce que les frontières orientales de la Pologne soient délimitées par
la ligne Curzon de 1919, tandis que Churchill aurait voulu une frontière plus orientale, ce qui aurait
réduit la présence territoriale soviétique en Europe centrale. Staline s’y oppose avec véhémence et
déclare que l’on pourrait donner aux Polonais une compensation à l’Ouest, au détriment de
l’Allemagne, même si cela signifiait le transfert de plusieurs millions d’Allemands. C’est l’URSS
qui obtient gain de cause (carte 2).
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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Carte 1 : L’expansion japonaise (1875-1943).
Carte Hachette Multimedia
Fidèles aux principes énoncés dans la Charte de l’Atlantique2, Roosevelt et Churchill insistent sur la
nécessité d’un gouvernement démocratiquement élu en Pologne. Staline accepte tout au plus
l’élargissement du gouvernement de Lublin, d’obédience communiste et installé par l’armée
soviétique. On se met finalement d’accord pour un élargissement du gouvernement de Lublin sur
des bases démocratiques plus larges avec la participation de membres du gouvernement polonais
exilé à Londres et soutenu par les Anglo-Américains.
2
Signée le 14 août 1941 à bord du Potomac, dans l’Océan Atlantique, entre Churchill et Roosevelt, cette charte
définit les principes de la paix future : renonciation à tout agrandissement territorial, droit des peuples à
choisir leur forme de gouvernement, libre accès de tous les États aux matières premières, liberté des mers,
condamnation du recours à la force.
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Carte 2 : Le glissement de la Pologne vers l’Ouest.
Reste finalement à trancher sur la question de l’Allemagne. Churchill entend intégrer la France au
règlement final du sort de l’Allemagne pour limiter l’influence de l’URSS en Europe. Staline et
Roosevelt acceptent, dès la deuxième séance, que la France reçoive une zone d’occupation prélevée
sur les zones américaine et britannique. Après quelques
discussions, la France est également acceptée dans la
« Commission de contrôle interalliée ».
Si le problème des réparations que l’Allemagne doit payer aux
Alliés n’est pas résolu, on convient de diviser l’Allemagne en
quatre zones d’occupation: américaine, anglaise et française à
l’ouest, soviétique à l’est (carte 3). Berlin, qui se trouve dans la
zone soviétique, est divisée en quatre secteurs (carte 4).
Carte 3 : Zones d’occupation de Allemagne.
in: www
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Carte 4 : Zones d’occupation à Berlin.
in: www
A.2. La conférence de Potsdam
Après la défaite de l’Allemagne, les trois Grands se retrouvent de nouveau à la conférence de
Potsdam en juillet-août 1945. Staline dont on a oublié le pacte de non-agression avec Hitler et qui
fait valoir les vingt millions de Soviétiques morts du fait de la guerre, a en face de lui à Potsdam des
hommes nouveaux, des novices, peu rompus à ses méthodes de discussion et de négociation.
Le président américain Franklin D. Roosevelt
meurt le 12 avril 1945 et son vice-président Harry
Truman lui succède à la présidence des ÉtatsUnis. Au milieu de la conférence (le 28 juillet), le
Premier ministre anglais Winston Churchill doit
céder sa place à Clement Attlee du parti
travailliste (Labour) qui a remporté les élections
législatives en Angleterre. La France n’est pas
représentée à la Conférence de Potsdam, mais y
donne son accord – sous réserves – le 4 août 1945.
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Churchill, Truman et Staline à Potsdam.
in: www
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A Potsdam, les participants prennent les décisions suivantes concernant l’Allemagne et ses alliés :
• L’Allemagne
L’Allemagne doit payer d’importantes réparations aux Alliés, dont les plus gourmands sont les
Soviétiques qui démantèlent des entreprises industrielles entières pour les reconstruire sur leur
territoire. La marine marchande et la marine de guerre allemandes seraient réparties entre les
trois Alliés selon un plan encore à déterminer.
Les accords de Potsdam prévoient le désarmement complet de l’Allemagne, impliquant aussi la
surveillance ou la destruction complète de toute industrie de guerre. Les armées de terre, de mer,
des airs, ainsi que le parti NSDAP et toutes ses organisations (SA, SS, Gestapo) sont dissous. La
guerre froide entraînera toutefois le réarmement de la RFA et de la RDA dès le début des années
1950.
Les Alliés confirment leur volonté d’épauler les sociétés allemandes et autrichiennes et de
procéder à une dénazification des populations. Il s'agit d'une « épuration » de la société, de la
culture, de la presse, de l'économie, du pouvoir judiciaire et de la politique allemande et
autrichienne de toute influence nazie (abrogation des lois national-socialistes).
• Les anciens alliés de l’Allemagne
Contrairement à l’Allemagne, l’Autriche ne doit pas payer des réparations ou indemnisations aux
Alliées. Par le Staatsvertrag de 1955, l’Autriche s’engage à rester neutre et devient un État
indépendant après le départ des troupes d’occupation.
Les frontières entre la Pologne et l’Allemagne sont déplacées vers l’ouest pour donner à la
Pologne une compensation pour les territoires que Staline occupe à l’Est. Par cette décision,
l’Allemagne perd environ 25 % de son territoire, dont la Haute-Silésie, après la Ruhr le
deuxième centre industriel du pays.
Les Anglo-Saxons promettent d’appuyer, lors de la conférence de paix, le transfert de
Königsberg et d’une partie de la Prusse orientale à l’URSS. Ils ne prennent aucun engagement de
ce genre en ce qui concerne les territoires situés à l’Est de la ligne Oder-Neisse et se contentent
d’admettre qu’ils soient provisoirement administrés par la Pologne et qu’ils ne fassent donc pas
partie de la zone d’occupation soviétique. Comme aucun traité de paix ne sera signé avec
l’Allemagne, les frontières germano-polonaises reposeront sur un accord flou jusqu’au début des
années 1970 quand le chancelier allemand Willy Brandt les reconnaît telles qu’elles avaient été
décidées à Potsdam.
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Les modifications territoriales en Europe se font donc au bénéfice de l'URSS et de la Pologne et au
détriment de l'Allemagne qui perd, sans compter ses annexions de la guerre, 100 000 km2. L'URSS
glisse vers l'ouest en annexant les pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) qui deviennent trois
nouvelles républiques de l'URSS. Elle annexe en outre la partie orientale de la Pologne, ainsi que la
partie nord de la Roumanie, la Bessarabie (carte 2 - p. 5).
De gigantesques transferts de populations sont entrepris jusqu'en 1952, officiellement pour faire
coïncider les nationalités et les États. Mais l’on ne peut s’empêcher de constater un esprit de
revanche et de représailles. Sept millions d’Allemands avaient déjà pris la fuite vers l’Ouest devant
l’avancée de l’Armée Rouge. Après la guerre, tous les Allemands des États non allemands sont
systématiquement expulsés. Deux millions de Polonais doivent quitter les territoires désormais
soviétiques. Au total 13 millions de personnes sont déplacées dans une Europe en ruine. A cela
s’ajoute un fort exode juif vers la Palestine.
Des modifications territoriales sont également entreprises en Asie. Après la destruction des villes de
Hiroshima et Nagasaki par des bombes atomiques américaines (début août 1945), le Japon signe sa
capitulation début septembre.
• Une partie de ces territoires est occupée par l’Union Soviétique : le sud de la presqu’île de
Sakhaline et les îles Kouriles, ainsi que la Corée au nord du 38e parallèle.
• Les États-Unis occupent la Corée au sud du 38e parallèle ainsi que les îles qui constituent le
Japon proprement dit. Ils y établissent un régime d’occupation militaire sous le général
MacArthur qui entreprend à y instaurer une démocratie à l’américaine. La constitution élaborée
par des juristes américains fait du Japon une monarchie, mais dépouille l’empereur de sa divinité
et de son pouvoir absolu.
La Chine récupère l’île de Formose (aujourd’hui
Taïwan) et la Mandchourie ou le Mandchoukouo, un
important territoire sur le sol chinois sur lequel le
Japon avait établi un protectorat de 1932 à 1945.
Le retrait des troupes japonaises des territoires
occupés laisse une situation explosive en ExtrêmeOrient : l’Indonésie et l’Indochine proclament leur
indépendance, la Corée est occupée par les ÉtatsUnis et l’Union Soviétique, et la Chine plonge dans
une guerre civile entre communistes et nationalistes.
Capitulation du Japon sur le Missouri.
in: www
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A.3. La création de l’ONU
Dès 1941, Roosevelt et Churchill avaient proposé de créer une nouvelle organisation internationale
pour remplacer la Société des Nations (SDN)3 qui s’était avérée incapable d’empêcher la guerre en
1939. Il s'agit par conséquent de construire une nouvelle organisation internationale plus universelle
et plus réaliste que la SDN dans laquelle il y aurait non seulement une coopération politique mais
aussi économique.
Une conférence internationale, réunie en avril 1945 à San Francisco, consacre la création de l’ONU.
Quelques jours après la mort de Roosevelt, Harry Truman préside à la naissance de l'Organisation
des Nations Unies (ONU)4 en présence des délégués des pays vainqueurs de l'Axe. La Charte des
Nations Unies est élaborée et signée le 24 juin 1945 par les 51 pays fondateurs qui y adhèrent
aussitôt.
Le siège des Nations Unies est fixé à New-York en 1946. C'est un moyen à l'époque de rendre
hommage à Roosevelt (artisan des Nations Unies mort avant la fin de la conférence de San
Francisco). C'est aussi le signe de l'emprise des États-Unis sur cette nouvelle organisation.
Les grands principes mis en avant dans la Charte de l'ONU sont les suivants :
• l'égalité souveraine de tous les États, quelque soit leur taille ou leur puissance
• la non-ingérence dans les affaires intérieures de chaque pays
• le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
• le règlement pacifique des litiges entre les pays.
3
La SDN (Société des Nations ; Völkerbund) avait été créée au lendemain de la Première Guerre mondiale pour le
maintien de la paix mondiale et le développement de la coopération entre les peuples. Le concept de cette institution
figurait dans les Quatorze Points du président américain Wilson et était inclus dans tous les traités de paix des années
1919 à 1921. Comme les États-Unis refusaient de ratifier le traité de Versailles (conclu avec l’Allemagne), ils se tinrent
à l’écart de la SDN dont ils avaient été les instigateurs. Comme la SDN n’avait aucun moyen de pression efficace ni des
moyens militaires, elle ne répondait pas aux espérances qu’elle avait suscitées. La SDN disparut officiellement en 1946,
après avoir transmis ses fonctions et ses biens à l’ONU.
En anglais, l’ONU s’appelle United Nations Organisation (UNO) et les anglophones y réfèrent généralement par
l’abréviation UN, tandis que les germanophones parlent de UNO.
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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LA CRÉATION DE L’ONU
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Le fonctionnement de l’ONU.
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L'Organisation des Nations Unies est un ensemble complexe d'organismes
internationaux, chacun ayant un rôle bien précis :
L'Organisation des Nations Unies est un ensemble complexe d'organismes internationaux, chacun
L’Assemblée Générale comprend tous les États membres; chaque État y
5:
ayant un
rôle bien
précis
dispose
d’une
voix,
quelque soit sa superficie ou l’importance de sa population.
• Les réunions
Générale
comprend
tous les
États membres
(actuellement
chaque État y
• L’Assemblée
L’Assemblée
Générale
se réunit
chaque
année en
septembre, 192
en Etats);
session
régulière pour laquelle elle élit un président. Elle fonctionne soit en séance
dispose
d’une voix, quelque soit sa superficie ou l’importance de sa population. Il s’agit d’une
plénière, soit dans le cadre de ses six commissions (politique et de sécurité,
économique,
sociale,
de tutelle,
administrative,
juridique).
aussidese
assemblée
délibérante
à compétence
quasiment
universelle,
car elleElle
peutpeut
discuter
tous les sujets
réunir en séances extraordinaires convoquées par le Conseil de Sécurité ou le
Secrétaire
question
de la Palestine;
1956: crise
de Suez,et1990prévus
par la Général
Charte. (1947:
Elle étudie
également
les questions
d’actualité
peut faire des
1: guerre du Golfe).
recommandations, sans toutefois pouvoir contraindre un gouvernement à agir en conséquence.
• Les compétences
L’Assemblée Générale des Nations-Unies est une assemblée délibérante à
Conseil de
Sécurité reflète
la peut
constellation
Les
• La composition
compétenceduquasiment
universelle,
car elle
discuter politique
de tous de
les l’après-guerre.
sujets
par lamajoritaires
Charte. Elle
étudie également
les ilquestions
d’actualité
et peut
petitsprévus
Etats étant
à l’Assemblée
Générale,
fallait réserver
une place
de choix et de
faire
des
recommandations,
sans
toutefois
pouvoir
contraindre
un
gouvernement
à agir en
conséquence.
pouvoir
aux Cinq Grands
: les
Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union Soviétique (l’actuelle
Elle la
élitFrance et la Chine. Ces pays sont les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité
Russie),
tous les cinq ans le Secrétaire Général des Nations-Unies;
tous les deux ans les membres non-permanents du Conseil de
Sécurité;
non-permanents
élus pour deux ans et non immédiatement rééligibles. Ils sont choisis par
• tous les trois ans les 54 membres du Conseil Economique et Social;
l’Assemblée Générale.
• tous les 9 ans les juges de la Cour Internationale à La Haye;
•
•
et ils détiennent le droit de veto6. Le Conseil de Sécurité se compose en outre de dix membres
5
!
6
Sources:
!
http://www.hist-geo.com/Cours/Terminale/Histoire/Chapitre-3-II.php#ONUFonct
http://www.un.org/french/
Jusqu’en 1995, l’URSS a utilisé 116 fois son droit de veto, contre les Etats-Unis avec 63 fois et la France avec 18 fois.
ONU/4
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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• Le Secrétaire Général, élu pour cinq ans par l’Assemblée Générale sur recommandation du
Conseil de Sécurité, est rééligible et il exécute les décisions de l’Assemblée Générale et des
différents organismes de l’ONU. Comme cette fonction confère à celui qui la porte une très
grande autorité politique, le Secrétaire Général de l’ONU provient généralement d’Etats peu
susceptibles de jouer un rôle politique de premier plan. Il dirige aussi les quelques dix mille
fonctionnaires de l’ONU à New York.
Les secrétaires généraux de l’ONU depuis sa création:
1946-1952:
1952-1961:
1961-1971:
1972-1981:
1982-1991:
1992-1996:
1997-2007:
2007:
Trygve Lie (Norvège)
Dag Hammarskjöld (Suède)
U Thant (Birmanie, aujourd’hui: Myanmar)
Kurt Waldheim (Autriche)
Javier Perez de Cuelhar (Pérou)
Boutros Boutros-Ghali (Egypte)
Kofi Annan (Ghana)
Ban Ki-Moon (Corée)
• Le Conseil économique et social est également élu par l'Assemblée générale pour 3 ans et est
composé de 18 membres. Ils règlent les problèmes de coopération économique et sociale et
organisent l'assistance technique internationale. De lui dépendent de nombreuses institutions
comme l'UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'Enfance), la BIRD (Banque internationale
pour la reconstruction et le développement), le FMI (Fonds Monétaire International), l'OMS
(Organisation Mondiale de la Santé), la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation
et l'agriculture), l'UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la
culture, dont le siège est à Paris).
• La Cour internationale de justice (15 juges élus pour 9 ans). Elle siège à La Haye. Elle est
chargée de régler les conflits juridiques entre les États. L'emploi de la force étant interdit dans les
relations internationales, mais pouvant décider d'intervenir elle-même, l'ONU a mis sur pied une
force armée : les Casques Bleus. A la différence de la SDN, l'ONU n'a pas eu comme rôle de
participer à la liquidation de la guerre. Ainsi, l'ONU est une création indépendante des traités de
paix.
• Le Conseil de Tutelle est composé de 15 membres élus et a pour mission de contrôler
l'administration des territoires autrefois colonisés et qui n'ont pas encore acquis leur indépendance
(p.ex. la Libye, ex-colonie italienne).
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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Le 10 décembre 1948, les 58 Etats Membres qui constituaient alors l’Assemblée générale ont
adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais de Chaillot (résolution
217 A (III)).
Pour commémorer son adoption, la Journée des droits de l'homme est célébrée chaque année le 10
décembre.
La Déclaration Universelle des droits de l’homme, laquelle contient 30 articles principaux, a
été traduite jusqu’à aujourd’hui en 360 langues et dialectes. En voici un échantillon :
art. 1 : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de
conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
art. 18 : Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la
liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction
seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et
l'accomplissement des rites.
art. 19 : Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières,
les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
art. 23 : Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et
satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
art. 25 : Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa
famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les
services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de
veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances
indépendantes de sa volonté.
art. 26 : Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne
l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement
technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine
égalité à tous en fonction de leur mérite.
Eleanor Roosevelt, Présidente de la Commission des droits de
l’homme, regardant la Déclaration universelle des droits de
l’homme en espagnol.
in: http://www.un.org/fr/documents/udhr/
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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B) La confrontation Est-Ouest: à la recherche d’un nouvel ordre mondial
B.1. Une méfiance croissante entre alliés
La fracture entre les États-Unis (ainsi que les démocraties européennes) et l’URSS ne surgit pas
inopinément en 1946, mais elle remonte en fait à la naissance même de l’URSS. Depuis la
révolution russe de 1917 et l’arrivée au pouvoir de Lénine, les deux pays souffrent d’une
«incompatibilité idéologique». D’un côté, les États-Unis s’affichent comme les représentants du
libéralisme, tant politique qu’économique, tandis que de l’autre, l’URSS fustige le capitalisme et
prône une société sans classe, où les initiatives de l’individu s’effacent devant les intérêts du peuple.
En ce sens, la Grande Alliance peut être perçue comme une parenthèse nécessaire pour affronter le
nazisme lors de la Seconde Guerre mondiale.
En effet, les Occidentaux s’aperçoivent vite que Staline ne compte pas respecter les engagements
pris à Yalta : il n’a nullement l’intention d’organiser des élections démocratiques dans les pays
d’Europe centrale libérés par l’Armée rouge. Peu à peu, les communistes infiltrent toutes les
positions clés dans les gouvernements et les administrations en se débarrassant de leurs adversaires
politiques.
En 1946, le contexte a changé :
• L’Europe, ravagée par la guerre, a perdu sa puissance et son faste. Elle doit s’atteler à sa
reconstruction. Par ailleurs, les empires coloniaux français et anglais sont en perte de vitesse.
• L’URSS, qui a énormément souffert de la guerre, se relève avec un prestige immense en
Europe, car c’est finalement elle qui a libéré le plus de territoires du joug nazi.
• Les États-Unis, malgré l’effort de guerre, sortent économiquement renforcés et ont montré à
l’URSS leur supériorité militaire en lançant la bombe atomique sur le Japon.
En pleine conférence de Potsdam, le président Truman reçoit un télégramme « Babies satisfactorily
born », l’informant que la première bombe atomique vient d’être testée avec succès. Cette première
bombe, appelée Gadget est constituée de plutonium, comme celle qui sera lancée sur Nagasaki le 9
août 1945. Par contre, la bombe lancée sur Hiroshima (6 août 1945) est constituée d’Uranium 235.
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A 8h15, l'avion américain "Enola Gay" piloté par Paul
W. Tibbets, lâche la première bombe atomique, "Little
Boy", sur la ville Hiroshima, siège du commandement du
Japon impérial. L'explosion provoquera la mort
d'environ 100 000 personnes et anéantira complètement
la ville dans un rayon de 2 kilomètres. Les radiations
continueront à faire de nombreuses autres victimes
pendant des années. Cette explosion a été décidée par le
président américain Harry Truman pour mettre fin à la
Seconde Guerre mondiale.
in: www
Ce n’est que 4 ans plus tard que l’URSS réussit à faire exploser sa propre bombe atomique dans le
désert du Kazakhstan. L’obtention de cette technologie est pour partie due à un bon système
d’espionnage. Elle contribuera à un climat de paranoïa aux États-Unis qui se traduira par la « chasse
aux sorcières » orchestrée au début des années 50 par le sénateur MacCarthy.
Le procès le plus spectaculaire dans ce contexte est celui
fait aux États-Unis aux époux Rosenberg accusés
d’espionnage. Commencé le 6 mars 1951, il aboutit à une
double condamnation à mort par le jury. Selon
l’accusation, les époux, membres du Parti communiste,
auraient fait passer à l’ennemi soviétique des documents
confidentiels sur la bombe A, contribuant ainsi à la
maîtrise de cette dernière par l’URSS. Alors que les
époux clament leur innocence, la nature du procès, mené
à charge et sans révélation des preuves, provoque l’émoi
dans la communauté internationale. Mais les États-Unis,
en plein maccarthysme, sont peu enclins à la clémence.
Julius et Ethel Rosenberg clament leur innocence jusqu’à
la fin, alors qu’un aveu les aurait sauvés de la chaise
électrique. Ils seront exécutés deux ans plus tard à l’âge
de 34 et 37 ans, laissant deux orphelins de 10 et de 6 ans.
in: www
Les Occidentaux craignent que la misère qui règne dans les zones qu’ils occupent sur le territoire
allemand et qui est causée par la destruction des villes, le flux des réfugiés et des sans abris, la
pénurie de nourriture et de matériaux de chauffage, la difficulté de prodiguer des soins médicaux ou
de faire redémarrer une vie normale dans un pays dont certaines grandes villes comme Hambourg
sont détruites à 90 %, ne nourrisse un terrain favorable au communisme.
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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Ils veillent donc à rapidement améliorer la situation matérielle dans les zones occidentales. Les
Anglo-Saxons fusionnent économiquement leurs deux zones en une bizone (janvier 1947). Révisant
leur politique de 1945, les Américains, face à la menace soviétique et à la politique autonome de
Staline dans la zone soviétique, favorisent dès lors le redressement de l’Allemagne de l’Ouest et son
intégration dans le bloc des démocraties occidentales ; les démantèlements des usines allemandes de
l’Ouest sont ralentis et limités. Les responsabilités économiques sont de plus en plus restituées aux
Allemands. En 1948, la France accepte de réunir sa propre zone à la bizone anglo-américaine. Cette
nouvelle trizone sera la base de la future République fédérale d’Allemagne.
Lors d'un discours prononcé au Westminster College de Fulton dans le Missouri, Winston Churchill
utilise pour la première fois l'expression « rideau de fer » le 5 mars 1946. L'ancien chef d'État
britannique déclare : « De Stettin dans la Baltique jusqu'à Trieste dans l'Adriatique, un rideau de fer
est descendu à travers le continent. »
www.youtube.com/watch?v=P8_wQ-5uxV4
Il termine son allocution en exhortant les pays d'Europe occidentale à contrecarrer le pouvoir
communiste afin « d'établir dans tous les pays, aussi rapidement que possible, les prémices de la
liberté et de la démocratie. » Bien que Churchill ne soit plus Premier ministre, son discours marque
le début « officiel » de la guerre froide.
Le développement de la « guerre froide » empêche à partir de 1946 tout accord des anciens Alliés
sur les termes d’un traité de paix avec l’Allemagne. Les quatre conférences des ministres des
Affaires étrangères qui ont lieu sur le problème allemand entre septembre 1945 et avril 1947 étalent
au grand jour l’antagonisme croissant entre Occidentaux et Soviétiques.
Face à la politique indépendante de ces derniers, les Occidentaux fusionnent leurs zones respectives
entre 1947 et 1948 afin d’opposer une Allemagne économiquement renforcée et politiquement
vivable à la zone soviétique. Les Alliés ne peuvent pas non plus se mettre d’accord sur le sort de
l’Autriche. Il faut attendre la mort de Staline en 1953 pour arriver à une détente. L’URSS accepte
d’évacuer l’Autriche et de reconnaître son indépendance totale. En échange l’URSS obtient la
neutralisation de l’Autriche. Elle ne peut donc adhérer à aucune alliance militaire.
Module Histoire 2G (Session 2/1415)
Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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B.2. 1947, une année décisive
Début 1947, certains Occidentaux s’inquiètent du prolongement de la guérilla communiste en Grèce
et de la participation des communistes à divers gouvernements en Europe centrale
(Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie) et occidentale (Belgique, France, Italie). Pour répondre à
une opinion publique qui lui reproche sa passivité face au danger communiste, le président
américain Truman propose deux mesures :
• La doctrine Truman: le containment
Après avoir remplacé le secrétaire d’État Byrnes par le plus énergique général Marshall, le
président Truman s’adresse le 12 mars 1947 aux deux Chambres du Congrès américain. Il insiste
sur la gravité de la situation internationale et sur les dangers qui pourraient en résulter. Or, la
Grèce, en proie à une guerre civile, fait appel à l’aide américaine. La Turquie est également
menacée. La situation économique extrêmement difficile de l’Angleterre d’après-guerre lui
interdit d’intervenir pour pacifier les troubles qui secouent la Grèce et la Turquie, zone
traditionnelle d’intervention du Royaume-Uni.
Le président américain demande donc au Congrès de voter une aide de 400 millions de dollars à
la Grèce et la Turquie. Cette politique est, d’après lui, dictée par la prudence. En effet la
deuxième guerre mondiale a coûté 341 milliards de dollars aux États-Unis, l’aide à la Grèce et la
Turquie ne revenant qu’à un millième de cette somme. Après quoi, ce genre de secours devrait
être élargi à d’autres États. Selon Truman, il faut empêcher que des régimes totalitaires ne se
mettent en place, comme c’est alors déjà le cas en Pologne, en Bulgarie et en Roumanie.
L’aide économique doit permettre d’assurer l’indépendance nationale et de créer un monde
vraiment libre. Il ne s’agit par ailleurs pas seulement d’une aide charitable ou économique, mais
aussi d’un secours militaire (matériel de guerre, experts militaires) à haute signification
politique.
En effet, en fortifiant les nations européennes affaiblies par la guerre, Truman veut contenir
(endiguer) le communisme. Des nations économiquement fortes et politiquement stables savent
résister aux infiltrations ou conquêtes staliniennes. Cette stratégie de la politique étrangère
américaine est connue sous le nom de « containment » ou « endiguement ».
En mars 1947, une conférence réunit à Moscou les ministres des Affaires étrangères de France
(Bicault), Grande-Bretagne (Bevin), USA (Marshall) et de l’URSS (Molotov). Dès le début, cette
conférence est fortement influencée par la proposition de Truman d’aider militairement la Grèce
Module Histoire 2G (Session 2/1415)
Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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et la Turquie et comme les anciens alliés ne réussissent pas à trouver le moindre terrain
d’entente, elle se solde par un échec.
• Le plan Marshall ou ERP (European Recovery Program)
Le secrétaire d’État américain George Marshall est à l’origine du plan qui porte son nom. Se
basant sur la théorie développée par la doctrine Truman, il le développe dans un important
discours qu’il tient le 5 juin 1947 à l’Université de Harvard. En voici un extrait:
« La situation mondiale est très sérieuse ». La guerre a laissé des ruines telles que les besoins
de l’Europe sont plus grands que ses capacités de paiement. Il est nécessaire d’envisager une
aide supplémentaire, une aide qui soit gratuite et qui soit très importante, sous peine de
s’exposer à une dislocation économique, sociale et politique très grave ».
http://www.youtube.com/watch?v=lUd2W6aMng4&feature=related
Cette aide rendue indispensable par le manque de dollars (dollar gap) qui affecte l’Europe, ne
doit plus être accordée petit à petit, irrégulièrement, comme cela avait été le cas depuis 1945,
mais à une large échelle. D’autre part, il est nécessaire que cette aide soit accordée aux pays
européens dans leur ensemble, donc aussi aux pays situés dans la zone d’influence soviétique.
Les pays voulant profiter de l’aide Marshall doivent
au préalable dresser le bilan de leurs ressources et de
leurs possibilités et établir entre eux une coopération.
Les Américains ne veulent donc pas négocier avec
chaque pays individuellement, mais exigent la
création d’une institution internationale qui
regrouperait toutes les demandes et l’affectation de
l’aide.
Marshall n’exclue personne de cette aide promise :
« Nous ne luttons contre aucun pays, contre aucune
doctrine, nos seuls ennemis s’appellent la faim et la
misère ». L’attitude de la presse soviétique est
pourtant assez nuancée au début pour que l’on puisse
espérer une participation de l’URSS à l’œuvre de
coopération économique qui doit précéder l’aide
américaine.
Module Histoire 2G (Session 2/1415)
in: www
Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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La Tchécoslovaquie est prête à accepter, mais le Kremlin, parlant au nom de tout le camp
communiste, refuse tout net, voyant dans le plan Marshall un moyen de miner son influence dans
les pays en voie de satellisation. Le plan Marshall est présenté par le Kremlin comme une
manifestation de l’impérialisme américain pour établir sa domination politique et économique
sur l’Europe.
C’est dans cet esprit qu’est créé, en octobre 1947, le Kominform (Bureau d’information
communiste), organisme de liaison entre neuf partis communistes (Russie, Pologne, Yougoslavie,
Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Tchécoslovaquie, France, Italie). La nouvelle institution fixe son
siège à Belgrade, la capitale yougoslave. Officiellement, elle doit organiser l’échange des
expériences et la coordination des activités des différents partis membres et publier une revue,
dont le titre a été élaboré par Staline lui-même: « Pour une paix durable, pour une démocratie
populaire7 ».
« Une fois passé le portier ». Le 7 janvier 1948, dans le
cadre des débats au Congrès américain sur
l'approbation du plan Marshall, le caricaturiste
britannique Leslie Gilbert Illingworth illustre
l'impatience des pays européens face à l'aide financière
et économique américaine.
in: Illingworth, "Once past the Commissionaire.", dans
Daily Mail. 07.01.1948, n° 16.115, p. 2.
© Leslie Illingworth
En fait, le but réel du Kominform est de renforcer le contrôle soviétique sur les partis
communistes de l’Europe centrale, de France et d’Italie, au moment où l’influence américaine,
fondée sur la doctrine Truman et le plan Marshall, vient contrecarrer la politique d’expansion
soviétique en Europe.
Lors de la réunion de la fondation du Kominform en Pologne, le Soviétique Jdanov, un des
proches collaborateurs de Staline, explique que le monde est désormais divisé en deux camps
irréconciliables, le camp impérialiste et capitaliste, dirigé par les États-Unis, et le camp antiimpérialiste et anti-capitaliste, dirigé par l’Union Soviétique.
7
Le terme de démocratie populaire a été utilisé par les partis communistes pour qualifier les nouveaux régimes
politiques apparus, après la Seconde Guerre mondiale, dans les États d'Europe centrale et orientale : RDA,
Tchécoslovaquie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Yougoslavie, Albanie et Bulgarie. Aujourd'hui encore, la Chine, la
Corée du Nord, l'Algérie, la Libye, Cuba, le Laos et le Vietnam se définissent comme des « démocraties populaires ».
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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B.3. La crise de Berlin (1948-1949)
En 1946, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis permettent aux habitants des zones qu’ils
occupent d’organiser des élections communales et d’élire les Assemblées consultatives des Länder.
Un an plus tard, les zones occidentales obtiennent des constitutions démocratiques et des
gouvernements locaux.
Dès janvier 1948, le principe d’une conférence à trois (USA, GB et F) sur l’Allemagne est admis,
indiquant clairement la volonté des Occidentaux à gérer la situation sans les Soviétiques, avec
lesquels ont ne peut se mettre d’accord sur les mesures propres à freiner l’inflation qui sévit en
Allemagne. Les Occidentaux décident donc
d’initier une importante réforme monétaire
dans les zones occidentales d’Allemagne et
dans les secteurs occidentaux de Berlin en
instaurant le 22 juin 1948 une nouvelle
monnaie unique, le Deutsche Mark, sur lequel
allait s’édifier bientôt le miracle économique
allemand (Deutsches Wirtschaftswunder). Une
« Banque d’État » unique pour les trois zones
occidentales est également créée.
in: www
Pour montrer l’opposition soviétique à la fusion progressive des zones allemandes sous occupation
occidentale, Staline limite à partir du 31 mars 1948 de façon drastique la circulation entre Berlin et
l’Allemagne de l’Ouest. Il s’agit du Blocus de Berlin.
Le but de cette action est d’étouffer la ville afin de chasser les puissances alliées des secteurs
occidentaux. Les Russes introduisirent dans leur zone, y compris à Berlin, une nouvelle monnaie.
Fin juin 1948, le BLOCUS TOTAL des voies d’accès routières et ferroviaires aux zones
occidentales a été établi par les Soviétiques. Il va durer presque un an. Réagissant dès le 24 afin de
déjouer la manœuvre soviétique et d’approvisionner les quelque 2 millions d’habitants de BerlinOuest, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis mettent en place un pont aérien.
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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Le pont aérien organisé par les Alliés est contre
toute attente sur le plan technique un succès
complet et réussit pendant 11 mois à assurer la
totalité du ravitaillement de Berlin-Ouest (du 27
juin 1948 au 11 mai 1949). Le trafic journalier
du pont aérien atteint 5.000 tonnes en janvier et
peut être porté à 10.000 tonnes. Les avions
atterrissent toutes les 2 à 3 minutes sur les trois
Les avions américains et anglais ravitaillent la ville de
Berlin avec des DC4, appelés affectueusement
« Rosinenbomber ».
in: www
aéroports berlinois. Le coût de l’opération est
évalué à 300 millions de dollars par an, soit 0,4
% du budget des États-Unis. 31 Américains, 39
Britanniques et 8 auxiliaires allemands y ont laissé la vie. Du point de vue militaire, le pont aérien
donne aux Américains une précieuse expérience et assure l’entraînement de leurs pilotes. De plus,
la crise de Berlin crée entre les Allemands de l’Ouest et les Américains de très forts liens de
solidarité.
Le 12 mai 1949, la levée officielle du blocus est prononcée. La République fédérale d'Allemagne
(RFA) est fondée le 23 mai 1949 ; en réponse, les Soviétiques instituent la République
démocratique allemande (RDA) le 7 octobre 1949. Elle intègre aussitôt le bloc du Komintern. En
revanche, la victoire symbolique que représente cette naissance ne peut masquer l’échec du blocus
de Berlin, première grande défaite de Staline dans la guerre froide.
Les ponts aériens lors du Blocus de Berlin (juin 1948 à mai 1949).
in: www
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B.4. La guerre de Corée (1950-1953)
Une nouvelle crise éclate en Corée en 1950. Ce pays, ancienne possession japonaise, est divisé
depuis 1945 (conférence de Yalta et de Potsdam) en deux zones d’occupation qui ont donné
naissance à partir de 1949, à une Corée du Sud pro-américaine (au Sud du 38ème parallèle) et une
Corée du Nord communiste (au Nord du 38ème parallèle).
La tentation est grande pour Staline (mis en échec en Europe par la politique du containment) de
faire avancer ses pions dans la région. En rétablissant l’unité de la Corée à son profit, il pourrait
menacer la présence américaine au Japon et contenir l’influence de la Chine communiste, dont il se
méfie (déjà). Ainsi, il encourage les Coréens du Nord à envahir le Sud.
Truman, décidant d’appliquer aussi à l’Asie sa politique du containment, réagit aussitôt. Il profite
de l’absence du délégué russe au Conseil de Sécurité de l’ONU pour faire « constater l’agression
dont la Corée du Sud avait été la victime » et à obtenir des Nations Unies le mandat de s’opposer au
nom de l’ONU par les armes aux agresseurs.
La Corée du Nord et la Corée du Sud.
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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B.5. Coexistence pacifique et nouvelles crises
Le tournant vers le « dégel » s’amorce après la mort de Staline le 5 mars 1953. Son successeur
Nikita Khrouchtchev rompt (du moins en surface) avec le passé stalinien douloureux qui adopte
une ligne plus souple vis-à-vis de du capitalisme. L’émanation la plus spectaculaire de cette relative
ouverture est la déstalinisation. Le signal officiel est donné par un événement majeur, lourd de
conséquences :
En effet, lors du 20e Congrès du Parti communiste de l’URSS (février 1956), Khrouchtchev fait le
procès de Staline et dénonce vigoureusement et de façon détaillée les crimes, les erreurs et les
fautes stratégiques de Staline. Ce rapport provoque un immense ébranlement en URSS, dans les
démocraties populaires et les partis communistes du monde entier. En URSS, le dégel entraîne une
plus grande liberté culturelle et artistique.
Le Kominform est dissous en 1956, ce qui semble signifier que les démocraties populaires
pourraient s’orienter vers une plus grande indépendance nationale ou vers d’autres structures
économiques ou politiques.
Aux États-Unis, le président Eisenhower, partisan du refoulement du communisme (rollback), veut
aussi la paix. La tension diminue, voilà pourquoi on parle du « dégel ». Malgré ce relâchement
bilatéral, la paix du monde repose en fait sur l’équilibre de la terreur, c.-à-d. le fait que chacun
peut détruire l’autre par son arsenal atomique. Il s’agit-là du coup de départ pour la course aux
armements.
La course aux armements entre les Etats-Unis et l’Union soviétique (1945-1984).
in: http://fr.wikipedia.org/wiki/Course_aux_armementsww
Module Histoire 2G (Session 2/1415)
Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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Riche en événements comme, par exemple, l’indépendance de la Tunisie et du Maroc, l’année 1956
marque cette période des relations internationales par deux graves crises concomitantes:
• La crise de Suez
En 1956 éclate une double crise. La crise de Suez naît de la volonté du dirigeant égyptien
Nasser de nationaliser la compagnie privée (à capitaux essentiellement français et anglais) qui
exploite le canal de Suez construit par les Français au milieu du XIXe siècle. Cette
nationalisation, dont les revenus doivent assurer la construction du barrage d’Assouan (voir
carte - Aswãn) afin d’accroître les ressources énergétiques du pays, provoque l’intervention
militaire des Britanniques, des Français et des Israéliens (octobre/novembre 1956) pour
reprendre le contrôle du canal. Sous la pression des Américains et des Soviétiques, ils doivent se
retirer.
Désormais, tandis que Nasser s’applique à transformer sa défaite militaire en victoire politique,
les deux Grands se trouvent face à face au Proche-Orient. L’URSS acquiert l’image de défenseur
des petites puissances contre l’impérialisme et continue à fournir des armes à l’Égypte dont elle
financera le barrage d’Assouan. L’influence franco-britannique est ruinée dans les pays arabes
pendant de longues années et désormais les puissances moyennes ne disposent plus d’aucune
liberté d’action si elles ne bénéficient pas, au moins, de la neutralité des Super-Grands.
Le canal de Suez et le barrage d’Assouan (Aswãn).
in: www
Module Histoire 2G (Session 2/1415)
Le canal de Suez.
in: www
Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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• La révolution hongroise
Au même moment, à l’automne 1956, les Hongrois se révoltent contre la présence soviétique.
Les dirigeants soviétiques ne peuvent accepter le statut neutre de la Hongrie qui aurait fait perdre
à l’Armée Rouge une base importante au centre de l’Europe, ni la mise en question du dogme le
plus essentiel du communisme: le caractère irréversible de ses conquêtes.
Profitant de la division des Occidentaux au sujet de l’expédition de Suez, ils décident d’écraser
par la force la contre-révolution hongroise. À l’aube du 4 novembre 1956, les chars soviétiques
pénètrent dans Budapest. Le rétablissement de l’ordre en quelques jours semble avoir causé
25.000 morts, 150.000 départs en exil et plusieurs dizaines de milliers d’arrestations.
B.6. La construction du mur de Berlin (1961)8
Depuis l’échec du blocus de Berlin grâce au pont aérien américain de 1948-49, l'U.R.S.S. n’a pas
remis en question le statut d’occupation de l’ancienne capitale allemande, mais, au fur et à mesure
des résultats prodigieux du « miracle économique allemand » (Deutsches Wirtschaftswunder), les
Berlinois peuvent constater chaque jour le contraste existant entre le niveau de vie des pays
capitalistes occidentaux et la relative médiocrité de celui des pays communistes.
Cette possibilité de comparaison pousse de nombreux Allemands de l’Est à profiter de la brèche
ouverte à Berlin pour se réfugier en Occident: ainsi de 1952 à 1962, 2,3 millions de réfugiés quittent
la RDA pour la RFA. Or, 75 % d’entre eux ont moins de cinquante ans et une qualification
professionnelle relativement élevée. C’est une perte de subsistance qui, à la longue, risque de mettre
en danger l’équilibre économique et démographique de l’Allemagne de l’Est.
Finalement, la RDA décide dans la nuit du 12 au 13 août 1961, à barrer la frontière entre le secteur
soviétique et les secteurs occidentaux. Elle entreprend la construction du mur de Berlin, un
rempart de 4 m de haut, 46 km de long, dominé par 200 miradors avec 250 abris bétonnés
(« zuverlässige Grenzanlagen »). Une zone vide, hérissée de barbelé, parfois minée, rend très
dangereuse toute tentative de franchissement. Les 10.000 hommes qui en assurent la garde, ont
ordre de tirer sans sommation. Un petit nombre de points de passage (p.ex. Checkpoint Charlie)
maintient la communication entre les deux secteurs de la ville. Les Occidentaux dénoncent la
construction de ce « mur de la honte », mais n’envisagent pas des mesures de rétorsion.
8
La construction du mur de Berlin est souvent appelée « deuxième crise de Berlin », la première étant le blocus imposé
par Staline en 1948-49 et le pont aérien des alliés anglo-saxons.
Module Histoire 2G (Session 2/1415)
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in: www
B.7. La crise des fusées de Cuba (1962)
De toutes les crises de cette période, c’est la plus grave : elle donne l’impression que la troisième
guerre mondiale est imminente. Elle est cependant salutaire par la peur qu’elle provoque et le
dilemme qu’elle pose aux deux Grands : s’entendre ou disparaître? C’est elle qui rend en fin de
compte la coexistence pacifique possible.
En automne 1962, Moscou s’estime en position de force, en partie par l’avance prise sur les ÉtatsUnis dans le domaine spatial avec le lancement du premier Spoutnik 9. Certes, les États-Unis
conservent une supériorité stratégique écrasante, mais les succès de l’aéronautique russe indiquent
que Moscou est en train de rattraper une partie de son retard.
En février 1960, l’Union soviétique et Cuba signent des accords commerciaux prévoyant l’achat par
les Soviétiques de 5 millions de tonnes de sucre cubain en cinq ans. Un mois plus tard, Castro10
nationalise les entreprises américaines établies à Cuba, une mesure à laquelle les Américains
9
Premier satellite artificiel, lancé par l’URSS le 4 octobre 1957.
10
Fidel CASTRO est un avocat nationaliste qui souhaite pour son pays une plus grande indépendance vis-à-vis des
États-Unis, ainsi que de profondes réformes sociales, mais il est au départ ni communiste ni partisan d’une rupture
totale avec le puissant voisin. C’est l’intransigeance des Américains, que ses projets révolutionnaires inquiètent et qui
ont tôt fait de voir en lui un « dictateur marxiste », qui va le jeter dans les bras des Soviétiques et transformer peu à peu
l’expérience castriste en un régime inspiré du modèle en vigueur en Europe de l’Est.
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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réagissent en octobre en déclarant un embargo11 total
sur le commerce américain vers Cuba. Tandis que
l'U.R.S.S. proclame son amitié envers Cuba et fait
savoir qu’elle défendra l’île contre une agression
américaine, au besoin en utilisant les armes atomiques,
le numéro deux cubain, Ernesto «Che» Guevara,
annonce solennellement le 3 juillet 1960 que Cuba fait
désormais partie du camp socialiste.
Le 14 octobre, des avions américains U2 volant à très
haute altitude, repèrent sur le territoire cubain des
rampes de lancement en cours d’installation, pouvant
Che Guevara et Fidel Castro.
in: www
recevoir des engins balistiques capables de transporter des charges nucléaires et d’atteindre une
partie du territoire américain (Cuba ne se trouvant qu’à 150 km des côtes de Floride).
Le 16 octobre, Kennedy en est informé et apprend en même temps que des cargos soviétiques font
route vers l’île, porteurs de fusées offensives et de bombardiers. La mise en place des armes,
qualifiées de « défensives » par le Kremlin, ne modifie pas fondamentalement le rapport de force
entre les deux grands, mais elle est une
violation flagrante des promesses faites par
l'U.R.S.S. Aussi Kennedy, dont le crédit
personnel se trouve engagé à la fois en
Amérique central, en Afrique (affaire du Congo
belge) et en Asie (Vietnam) et qui doit affronter
quelques semaines plus tard l’épreuve des
élections au Congrès, se décide-t-il de réagir
avec la plus grande fermeté.
Le dénouement final viendra cependant du
recul des Soviétiques. Soucieux à la fois de
l’emporter et de ne pas déclencher une
nouvelle guerre mondiale, Kennedy a pris soin
de laisser à Khrouchtchev la possibilité de
11
Les fusées soviétiques à Cuba et l’embargo américain.
in: www
Un embargo désigne une mesure de force, admise par la coutume internationale, qui consiste à immobiliser
temporairement les navires de commerce étrangers.
Module Histoire 2G (Session 2/1415)
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reculer sans perdre la face. Le 28 octobre, à la suite de diverses manœuvres diplomatiques, le
numéro Un du Kremlin ordonne à la flotte soviétique de faire demi-tour et de retirer ses missiles et
ses bombardiers de Cuba. En contrepartie, il obtient la levée du blocus et la promesse des
Américains à ne pas envahir l’île. La crise s’apaise rapidement.
Cette affaire se termine avec un très grand succès personnel de Kennedy. Khrouchtchev, au
contraire, dont les mobiles demeurent encore de nos jours assez obscurs, a perdu dans l’affaire
beaucoup de son crédit dans le tiers-monde et en Union Soviétique même. Le monde a frôlé
pendant quelques jours la catastrophe nucléaire. Au lendemain de la crise des fusées cubaines,
Soviétiques et Américains vont s’efforcer à mettre en place les moyens pour éviter dorénavant une
telle confrontation. Les événements d’octobre 1962 marquent ainsi à la fois le point culminant de la
guerre froide et le premier pas d’un processus qui va conduire à la détente.
A voir:
« Thirteen Days » de Roger Donaldson avec Kevin Kostner, Bruce Greenwood e.a.
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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B.8. La guerre du Vietnam
La détente s’accompagne de conflits périphériques comme au
Vietnam.
Lorsque les accords de Genève (1954) mettent un terme à la
guerre d’Indochine, l’ancienne colonie française laisse place à
de nouveaux Etats qui accèdent à l’indépendance : le Laos, le
Cambodge. Pour le Vietnam, les accords de Genève envisagent
une coupure provisoire du Vietnam, de part et d’autre du 17ème
parallèle:
- au Nord, s’impose un régime communiste dirigé par Ho Chi
Minh et le Vietminh, appuyé par l’URSS et la Chine, avec
pour capitale Hanoï.
- au Sud, une dictature proaméricaine très corrompue, dirigée
par Ngô Dinh Diêm, avec pour capitale Saigon. Contre celle-ci
se développe une opposition communiste (le Viêt-Cong :
« communistes vietnamiens ») soutenue par le Nord qui veut
réunifier le pays.
in: www
En l’absence de tout dialogue entre ces deux Vietnam, la réunification du pays (après la tenue
d’organisations libres), pourtant prévue par les accords de Genève, ne peut avoir lieu. Rapidement
l’opposition contre le régime de Diêm grandit. J.F. Kennedy lâche Diêm, qui se fait renverser et tuer
par un coup d’Etat militaire (en 1963).
Les États-Unis s’engagent militairement à partir de 1962, en 1968, plus de 500.000 Américains
combattent au Vietnam sans réussir à emporter la victoire sur les guérillas communistes appuyées
par l’armée du Nord Vietnam.
La guerre du Vietnam est un conflit lourd de conséquences pour les États-Unis : outre les coûts
exorbitants de ce conflit, il reste dans les mémoires (non seulement des Américains) comme une
guerre « sale » : des gaz de combat, des défoliants, du napalm ont été utilisés contre une population
civile victime d’un conflit meurtrier (2 millions de victimes). En dépit de leur suprématie
incontestable en matériel militaire, les États-Unis n’ont pas réussi à vaincre le Vietnam du Nord
communiste et ses alliés.
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Enfants vietnamiens fuyant leur village bombardé au
napalm (juin 1972).
Cette image, qui a fait le tour du monde, a contribué à
ébranler la conscience des Américains à propos de leur
engagement au Vietnam. La petite fille au milieu de
l’image, grièvement brûlée, a survécu à ses blessures. Elle
vit actuellement au Canada et est devenue, en novembre
1997, « ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO pour
une culture de paix ».
in: Histoire Terminale, Hachette 1998, p. 209.
Après l’arrêt total des raids aériens contre le Vietnam du Nord, décidé en novembre 1968 par le
président Johnson, Nixon, nouvellement élu, commença le retrait des forces américaines (juin
1969). En revanche, les communistes ne ralentirent nullement leurs actions offensives, ce qui
contraignit les Américains à intervenir au Laos et au Cambodge (1970).
Aux États-Unis même, cette guerre a contribué au renforcement du mouvement hippie et des
contestations souvent violentes sur les grands campus universitaires. Le fait qu’encore aujourd’hui,
de nombreux films produits à Hollywood ont comme sujet la guerre du Vietnam montre à quel point
ce conflit est enraciné dans le conscient collectif de la population américaine.
Œuvres cinématographiques traitant de la guerre du Vietnam:
• La sixième face du Pentagone, de Chris Marker, 1967
• Les bérets verts (The Green Berets), film de John Wayne et Ray Kellog, 1968
• Voyage au bout de l'enfer (The Deer Hunter), film de Michael Cimino, 1978
• Le Retour (Coming home), film de Hal Ashby, 1978
• Apocalypse Now, film de Francis Ford Coppola, 1979
• Hair, film de Milos Forman, 1979
• Rambo I (First Blood), film de Ted Kotchev, 1982
• Rambo II : La Mission (First Blood Part II), film de George Pan Cosmatos, 1985
• Platoon, film d’Oliver Stone, 1986
• Hamburger Hill, film de John Irvin, 1987
• Good Morning, Vietnam, film de Barry Levinson, 1987
• Full Metal Jacket, film de Stanley Kubrick, 1987
• Dear America, lettres du Vietnam, de Bill Couturié, 1988
• Né un 4 juillet (Born on the Fourth of July), film de Oliver Stone, 1989
• We were soldiers, film de Randal Wallace, 2002.
Module Histoire 2G (Session 2/1415)
Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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B.9. L’ « Ostpolitik » de Willy Brandt
En 1966, Willy Brandt (SPD) tient le poste de vice-chancelier
et ministre des Affaires étrangères dans un gouvernement de
grande coalition (CDU/SPD/FDP) dirigé par le chef de la
CDU Kiesinger. Dès cette époque, Brandt inaugure sa
politique d’ouverture vers l’est qu’il devait poursuivre comme
chancelier. Comme chancelier fédéral (Bundeskanzler) de
1969 à 1974, Brandt se consacre surtout à la politique
étrangère. Sans relâcher les liens d’amitié unissant
l’Allemagne fédérale aux États-Unis, il s’emploie à normaliser
les rapports de Bonn avec les pays socialistes.
Après ses entretiens d’Erfurt avec les dirigeants est-allemands
(mars 1970), Brandt se rend à Moscou pour signer le 12 août
in: www
1970 un traité par lequel il reconnaît la ligne Oder-Neisse comme frontière polonaise et admet la
division de l’Allemagne en deux États (tout en réservant la possibilité d’une future réunification
pacifique si les deux populations allemandes la désirent).
L’ « Ostpolitik » de Brandt est vivement attaquée par la CDU ; une partie de l’opinion éprouve un
profond malaise devant la reconnaissance de la ligne Oder-Neisse, qui constitue un abandon de
vieux territoires allemands, et devant les manifestations spectaculaires du chancelier qui en
décembre 1970 s’agenouille au ghetto de Varsovie et qui à Jérusalem, entonne un psaume de
pénitence devant le monument aux victimes des camps de la mort.
Cependant, le prestige de Brandt est renforcé par l’attribution du prix Nobel de la paix (octobre
1971) et de nombreux Allemands lui sont reconnaissants d’avoir permis, par ses négociations, des
contacts plus étroits entre les deux Allemagnes.
Enfin, un « traité fondamental » (Grundvertrag) entre les deux Allemagnes est signé le 21 décembre
1972 ; il établit formellement des relations entre les États, sur un pied d’égalité; chaque État étant
représenté dans l’autre capitale par un ministre plénipotentiaire. À la suite de ce traité, les deux
Allemagnes sont admises à l’ONU en 1973.
Module Histoire 2G (Session 2/1415)
Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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B.10. La conférence d’Helsinki (1973-1975)
Le 3 juillet 1973 s’ouvre à Helsinki la première Conférence sur la sécurité et la coopération en
Europe (CSCE) qui réunit 35 États participants, dont les États-Unis, l'URSS, le Canada et tous les
pays européens (y compris la Yougoslavie, mais non l’Albanie). La première session de la
conférence s'achève le 1er août 1975 par la signature des « accords d'Helsinki », qui ne sont pas un
traité au sens juridique du terme, mais plutôt des engagements politiques, fixant entre les États une
série de principes et de règles de conduite.
Par la suite, la CSCE est remplacée par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe (OSCE). Il s’agit là de l'une des organisations internationales les plus importantes œuvrant
en faveur des droits de l'homme. Sa mission est définie dans l'Acte final de cette conférence.
On peut résumer ainsi les engagements souscrits par l’OSCE:
• Respect des droits inhérents à la souveraineté;
• Non-recours à la menace ou à l'emploi de la force;
• Inviolabilité des frontières;
• Intégrité territoriale des États;
• Règlement pacifique des différends;
• Non-intervention dans les affaires intérieures;
• Respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales;
• Égalité des droits des peuples et droit des peuples à disposer d'eux-mêmes;
• Coopération entre les États;
• Exécution de bonne foi des obligations assumées conformément au droit international.
Les accords prévoient donc une coopération économique et technique et affirment les libertés et les
droits de l'Homme. Depuis la fin de la guerre froide, l'OSCE œuvre à l'édification d'une nouvelle
structure de sécurité européenne destinée à empêcher la formation de nouvelles lignes de division.
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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B.11. Les tensions au Moyen-Orient et en Asie
Au Moyen-Orient, la fin des années 1979 et les années
1980 sont une période riche en bouleversements et
conflits. En 1979, le régime du Shah d'Iran est balayé
par la révolution musulmane de l'ayatollah Khomeyni
qui instaure en Iran une république islamiste très
rigoureuse. A la fin de la même année, l'URSS envahit
l'Afghanistan dont elle se retirera quelques années plus
tard sans résultat, y ayant créé son « Vietnam ».
Le dictateur irakien Saddam Hussein, soutenu par les
puissances occidentales et l'URSS, voyant en lui un
rempart laïque contre l'islamisme iranien, déclenche en
Le Moyen-Orient.
in: www
1980 une guerre contre l'Iran qui laisse les deux pays ruinés et exsangues, mais qui renforce la
dictature de Hussein. Après huit ans de guerre acharnée, on compte des millions de morts et de
blessés des deux côtés, à grande majorité iraniens. Le régime militaire de Saddam Hussein a su faire
plier l’Iran, renouer la solidarité arabe autour d’un régime laïc et élargir les capacités d’exportation
de pétrole par la construction de pipe-lines. Mais le pays a accumulé une dette extérieure de plus de
60 milliards de dollars.
En dépit des efforts matériels, militaires et humains immenses que les Etats-Unis ont fournis lors de
la guerre du Vietnam, toute la péninsule indochinoise bascule dans le camp communiste. En 1975,
Saigon tombe et l'ancienne capitale du Vietnam du Sud est rebaptisé Ho-Chi-Minh-Ville du nom du
leader communiste du Vietnam du Nord. Le Laos se donne un régime communiste et au Cambodge
les sanguinaires Khmers rouges s'installent au pouvoir pendant quatre ans, une période qui leur
suffit pour tuer deux millions de leurs concitoyens au nom d'un maoïsme extrême.
Communistes influencés par les idées de Mao Zedong, les Khmers rouges imposent leur dictature
de 1975 à 1979. Sous le commandement de Pol Pot, ils vident les villes au profit des campagnes,
créent des centres de rééducation pour ceux qu’ils qualifient de traîtres, d’irrécupérables, d’ennemis
de la révolution. Ils imposent le travail forcé, infligent à leurs adversaires d’épouvantables
traitements, massacrent deux millions de leurs compatriotes (soit près du tiers de la population du
pays). Le reste du monde se tait, détourne les yeux ou ne saisit pas l’horreur de la situation. Les
Khmers rouges sont finalement chassés du pouvoir en 1979 par les Vietnamiens, au bout de quatre
ans.
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B.12. « America is back »
Après une période de déclin dans les années 1970, marquée par le scandale du Watergate, la défaite
au Vietnam, l'affaire des otages américains à Téhéran et de sérieuses difficultés économiques dues
au choc pétrolier, les Etats-Unis reprennent leur place de leader mondial sous le président
républicain Ronald Reagan (1980-1988). Les années 1980 sont marquées par différentes
interventions militaires des Etats-Unis et par des négociations de désarmement avec l'Union
Soviétique, où le charismatique Mikhaïl Gorbatchov a pris la direction du parti communiste et de
l'Etat en 1985.
« America is back », cette formule du président Reagan rappelle que les États-Unis, affaiblis dans
les années 1970, entendent retrouver leur puissance pour mieux affronter l’URSS. Reagan qui
succède à Jimmy Carter le 20 janvier 1981, exprime de fortes certitudes. Les Américains doivent
être fiers de leur passé, de leurs valeurs et de leurs vertus. L’URSS, c’est l’empire du Mal. Défendre
la liberté et la démocratie, résister à l’agression, telle est la mission de l’Amérique. Il faut que les
États-Unis réarment et devancent l’URSS dans la course aux armements les plus sophistiqués.
En 1982, les États-Unis interviennent pacifiquement au Liban et soutiennent le Royaume-Uni
contre l’Argentine dans la guerre des Malouines. L’année suivante, ils renversent le régime prosoviétique qui s’était installé dans l’île de Grenade aux Antilles. Ils adressent des signes
d’encouragement à la Chine communiste qui dénonce bruyamment le « social-impérialisme » de
l’URSS.
En 1983 éclate la crise des fusées.
Craignant la capacité de destruction
des fusées SS-20 installées au
début des années 1980 par l’URSS
en Europe de l’Est, les États-Unis
déploient en RFA et au RoyaumeUni, leurs fusées Pershing. Ils
l a n c e n t e n même temp s u n
ambitieux programme « initiative
de défense stratégique » (IDS)
rebaptisé « guerre des étoiles »
pour mettre fin à la menace des
Le monde selon Ronald Reagan.
in: www
fusées soviétiques.
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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B.13. La victoire du pragmatisme
En dépit de la redoutable course aux armements, les négociations sur le désarmement continuent.
Reagan suit une politique pragmatique (réaliste). Puisque Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du
parti communiste de l’Union soviétique depuis 1985, souhaite négocier un désarmement progressif
avec les Américains, Reagan saisit l’occasion. En octobre 1986, les deux hommes se rencontrent à
Reykjavik (Islande) et envisagent un accord.
Le 8 décembre 1987, Reagan et Gorbatchev signent à Washington le traité qui élimine les armes
nucléaires de courte et moyenne portée (SS-20 et les Pershing).
Les missiles à longue portée font l’objet d’un accord postérieur, en juillet 1991 entre Gorbatchev et
George Bush12, le successeur de Reagan. Finalement, Le 16 juin 1992, à Washington, les présidents
Bush et Eltsine s’accordent pour porter à 70 % la réduction de leurs armes stratégiques.
Les forces en présence en Europe en 1988.
in: www
Depuis l’élection de son fils comme président des États-Unis, on a pris l’habitude de citer le nom du premier
président Bush par « George Bush » (1989-1993), tandis que son fils est appelé « George W. Bush » (2001-2008).
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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B.14. La perestroïka, tentative de réforme globale
Vers la fin des années 1970, l’URSS affiche un déclin économique évident face au Japon et à la
RFA dont l’économie dépasse celle de l’Union soviétique. Dès 1978, la Chine connaît aussi une
véritable révolution économique en introduisant des règles capitalistes dans son économie
communiste, produisant ainsi une croissance économique exceptionnelle. De surcroît, les Etats-Unis
ont entamé des relations avec la Chine, creusant ainsi le fossé entre les deux puissances
communistes. Le 11 mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev devient secrétaire général du PCUS. Il est
désormais le premier homme au Kremlin13.
Associer la population à la vie politique, instiller une dose de démocratie, stimuler l’initiative
individuelle, rendre l’économie plus performante, tel est l’ambitieux pari de Mikhaïl Gorbatchev.
Un projet qui ne prétend pas remettre en cause le système communiste et le modèle soviétique, mais
qui souhaite en corriger les dysfonctionnements.
En quelques années, des réformes de fond bouleversent un pays qui paraissait figé. Gorbatchev est
ouvert aux idées occidentales et désire mettre fin à la guerre froide. Il s’engage dans la voie d’un
socialisme rénové et tente de faire redémarrer l’économie soviétique et lui donner du dynamisme. Il
met en place une politique de glasnost (transparence) et de perestroïka (restructuration) pour
renouveler le pays. Gorbatchev propose également d’ouvrir le dialogue avec les Etats-Unis, dont le
président est Ronald Reagan.
Pour asseoir son pouvoir sur une base
constitutionnelle, Gorbatchev crée la
fonction de président de l’URSS, élu
par un nouveau Parlement élargi, le
Congrès des députés du peuple, issu
d’élections en partie libres. L’élection,
en mars 1989, de ces députés au
scrutin secret, avec des candidatures
multiples, marque une étape décisive
dans l’évolution de la vie politique
soviétique vers la démocratie.
Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1987.
in: www
Le Kremlin est la résidence officielle du président de la Fédération de Russie après avoir été celle des tsars et des
dirigeants soviétiques.
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B.15. Crise et disparition des démocraties populaires (1975-1989)
Depuis les années 1960, la détente permet une certaine ouverture des démocraties populaires à
l’Occident : accueil de touristes, importation de journaux et de films, fin du brouillage des radios.
L’acte final d’Helsinki fournit une base légale à l’éclosion des revendications après 197514.
La contestation se développe aussi en réaction à la crise économique. La vie quotidienne devient
de plus en plus difficile : pénurie, inflation, baisses autoritaires des salaires, sous-emploi. Les
systèmes de production sont incapables de fournir des produits innovants (électronique,
informatique).
Les réformes de Gorbatchev15 en URSS et son engagement en 1987 de ne plus intervenir
militairement dans les affaires des autres Etats socialistes, libèrent les énergies des populations
dominées. Les manifestations se multiplient en Pologne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, en
Roumanie, en Bulgarie et en Yougoslavie.
En Pologne et en Hongrie, la transition se fait en douceur : les
mouvements d’opposition réussissent, avec l’appui de la société
civile, à s’imposer progressivement sur le plan politique:
• En Hongrie, le gouvernement communiste accepte, le 5 mai
1989, des élections libres, le multipartisme et l’ouverture du
rideau de fer. Le processus démocratique devient rapidement
irréversible.
• En Pologne, c’est par la grève que Lech Walesa et Solidarnosc,
soutenus par les ouvriers, les intellectuels de la société civile et
l’Eglise catholique, parviennent à faire reconnaître leur
syndicat, puis à introduire des élections démocratiques. L’échec
électoral des communistes conduit à un partage du pouvoir. Le
24 août 1989, les dirigeants de Solidarnosc prennent la tête du
La joie après l’enregistrement de Solidarność au
tribunal ; Lech Wałęsa avec
des fleurs.
in: www
premier gouvernement non communiste d’Europe de l’Est
depuis 1945.
14
cf. B.10. - La conférence d’Helsinki (1973-1975).
cf. B.14. - La perestroïka, tentative de réforme globale
Module Histoire 2G (Session 2/1415)
15
Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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En RDA tout comme en Tchécoslovaquie, l’effondrement du régime communiste est engendré par
de constantes manifestations et grèves de la part des populations civiles, contraignant finalement la
classe dirigeante à se soumettre à la volonté publique:
• En RDA, le gouvernement d’Erich Honecker est profondément
ébranlé quand la Hongrie ouvre ses frontières avec l’Autriche le 10
septembre 1989 : des centaines de milliers d’Allemands profitent de
cette brèche dans le « rideau de fer » pour fuir vers la RFA.
Honecker qui n’est plus soutenu par Gorbatchev, finit par céder
devant les manifestations massives et régulières regroupant des
communistes réformateurs, des chrétiens progressistes, des
intellectuels et des représentants de la société civile. Honecker
démissionne, des communistes réformateurs lui succèdent : sous la
Erich Honecker
in: www
pression des manifestations, ils font ouvrir le mur de Berlin le 9 novembre 1989 et annoncent
des élections libres pour le 6 mai 1990. Celles-ci donnent le pouvoir à une coalition dirigée par
des chrétiens démocrates ce qui accélère le rapprochement entre les deux Allemagnes.
Finalement, le 31 août 1990, la réunification allemande est signée à Berlin, avec le
consentement de Gorbatchev.
La chute du mur de Berlin, le 9
novembre 1989.
in: www
• En Tchécoslovaquie, le Forum civique créé par l’écrivain dissident
Vaclav Havel obtient, par l’ampleur de ses manifestations Place
Wenceslas à Prague et par la grève générale, l’effondrement du régime
en une semaine et la création d’un gouvernement où les communistes
sont minoritaires. Il s’agit-là de la « révolution de velours ». Vaclav
Havel est élu président de la République, le 29 décembre 1989.
Vaclav Havel
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Chapitre 4(I) : Les relations internationales
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D’autres révolutions plus ou moins violentes éclatent dans les Balkans :
• En Roumanie, les événements prennent une tournure plus violente, face à la mégalomanie du
dictateur Ceausescu et aux difficultés économiques du pays. Une insurrection violente amène
la chute et l’exécution de Ceausescu le 25 décembre 1989. Mais faute d’une opposition
organisée, la révolution roumaine est confisquée pour un temps par une fraction du parti
communiste.
• En Bulgarie, le chef d’Etat Jivkov, qui dirige le PC d’une main de fer depuis 1954 est destitué
sans effusion de sang.
• En Yougoslavie, une réforme de la Constitution, en mars 1989, supprime l’autonomie qui a été
accordée au Kosovo et à la Voïvodine ; deux mois plus tard, Slobodan Milošević devient
président de la Serbie.
• En janvier 1990, la Ligue communiste de Yougoslavie accepte d’abandonner son monopole du
pouvoir politique ; des élections multipartites, les premières depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale, peuvent alors être organisées dans les six républiques de la fédération.
L’effondrement du communisme entraîne, dans les Balkans, une implosion de la République
socialiste fédérative de Yougoslavie (RSF) et une succession de guerres civiles se prolongeant
jusqu’en 1992, lorsqu’est créée la République fédérale de Yougoslavie. Ainsi, l’Europe connaît
une modification profonde de sa carte politique.
Les Balkans en 1992.
in: www
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