Fonctionnement de l'écosystème côtier Un bilan du fonctionnement de l’écosystème de la baie ... Dans le cadre des réflexions de la Commission interbassins baie du Mont-Saint-Michel, une expertise a été réalisée par le Pr. Lefeuvre, constituant un bilan des connaissances acquises sur le fonctionnement de cet écosystème côtier. Des richesses qui ont conduit à la mise en œuvre de protection ... Ecrin d’un ensemble monumental exceptionnel pour son architecture et son histoire, cette baie marine d’une grande ampleur (environ 300 Km²), soumise à un marnage exceptionnel, est une gigantesque zone d’accumulation sédimentaire (accroissement de 1-1,5 Mm3/an), dont les marges sont le site d’une poldérisation importante, à la fois ancienne et récente. Ces caractéristiques ont conduit à la mise en œuvre de multiples protections dont son classement au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO. La richesse écologique est à l’origine des activités économiques ... La richesse écologique de la baie est à la base du développement d’importantes activités, en particulier liées à l’exploitation des productions dites "secondaires" (dénomination liée à la place des organismes dans les chaînes alimentaires). Leurs fonctions écologiques et leur rôle économique sont abordés. La mytiliculture ... La mytiliculture, implantée depuis 1954, occupe une surface considérable sur les estrans (longueur cumulée de bouchots : 271 Km) et génère 200 emplois directs (hors saisonniers). La production commercialisée s’élève à 10 000 t/an. Si les naissains sont importés sur cordes de Bretagne sud et de Charente, tout le cycle de développement (< 2 ans), se déroule en baie. La consommation de matières organiques des moules est estimée à 100 000 t/an. L’ostréiculture ... L’ostréiculture est une activité plus ancienne en baie, avec une production d’huîtres creuses Crassostrea gigas (4 000-5 000 t/an) localisée en zone intertidale autour de Cancale, et d’huîtres plates Ostrea edulis de pleine eau (500-1 000 t/an). Cette production emploie 800 personnes et près de 400 saisonniers. Les huîtres ont des exigences écologiques proches de celles des moules, avec une croissance plus lente (la production d’huîtres plates semble concurrencée par la prolifération des crépidules Crepidula fornicata qui se développent sur les mêmes sites). Par ailleurs, la conchyliculture a un fort retentissement sur l’activité touristique. L’élevage des moutons de prés salés ... L’élevage des moutons de prés salés est la 3e activité importante d’exploitation directe des ressources de la baie. Avec un troupeau global de 13 000 brebis partagées entre 55 éleveurs, elle exploite la production primaire de la plus grande surface (3 000 ha) de marais salés de France. Les moutons consomment essentiellement la graminée Puccinellia maritima qui, sous l’effet du pâturage, occupe la majeure partie de l’herbu. La pêche ... La pêche est une activité très ancienne dans la baie. Des pêcheries fixes en bois étaient déjà installées au XIe siècle, et des techniques de pêche variées coexistent. Quoique difficiles à chiffrer, les captures annuelles effectives sont estimées à 20-50 t de poissons (toutes espèces confondues) et 15-25 t de crevettes (grises essentiellement). Ces captures sont surtout des pêches d’estran, ce qui atteste du rôle fondamental des espaces intertidaux, les prises au chalutier étant difficiles à chiffrer (tonnages collectés par port de débarquement et non par lieu effectif de pêche). Un milieu d’une richesse écologique capitale ... La baie est un lieu capital de nurseries (70 % des poissons pêchés dans le golfe normano-breton y séjournent à un moment de leur existence) et un lieu de transit pour les espèces migratrices (truite de mer, saumon, anguille). Le pool de matière organique disponible est à la base d’un réseau trophique riche, au sommet duquel se trouvent les oiseaux, dont les regroupements hivernaux massifs (100 000 laridés, 50 000 limicoles) indiquent qu’ils y trouvent des proies abondantes (invertébrés benthiques, poissons). Un réseau trophique basé sur la production primaire ... Les origines de la matière organique sont en effet diverses. Le phytoplancton marin, dominé par une seule espèce de diatomées (Leptocylindrus minimus) n’atteint presque jamais les zones intertidales en raison des particularités courantologiques. Son rôle dans la production côtière semble donc réduit. Il en est de même pour les macroalgues benthiques, du fait de l’absence des substrats rocheux qui leur sont nécessaires, et qui participent plutôt au pool de matières détritiques par les échouages de leur débris (épaves) en hiver. En revanche, les microalgues benthiques (150 espèces de diatomées répertoriées), colonisant densément les vastes surfaces de vasières, constituent une source majeure de production primaire. La productivité des marais salés est également importante, et peut atteindre 20-30 t/ha/an de matières sèches pour les obiones et l’agropyron. Une partie de cette production, estimée annuellement à 50 kg d’azote/ha d’herbus, est exportée vers le système côtier. Ces nutriments favorisent le développement de microalgues benthiques et consécutivement d’invertébrés dans les chenaux. En outre, les herbus exportent aussi des molécules osmoprotectrices, synthétisées par les végétaux halophiles pour résister à la salinité. Ces molécules pourront être utilisées par les microorganismes exogènes et favoriser ainsi leur survie dans le milieu marin. Mais l’importance des apports par les rivières reste à déterminer ... Enfin, les apports d’eau douce à la baie sont estimés à environ 1000-1500 Mm3/an. Mais les apports de matières organiques, nutriments et contaminants (phytosanitaires, métaux) par les rivières sont peu connus. Or ces informations sont indispensables pour comprendre le fonctionnement global de cet écosystème, évaluer ses potentialités trophiques, et les risques induits par les contaminations. Toute politique de gestion des ressources de la baie requiert donc de compléter ces connaissances. Etude commandée par : AESN Réalisée par : Université de Rennes (Pr. Lefeuvre) Thème d'étude : PROTECTION DU LITTORAL Résumé d'étude N° 98 LITT 12 rédigé par F. Bruchon Référence documentation : sans