Paludisme à P. falciparum

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RECOMMANDATIONS POUR LA PRATIQUE CLINIQUE
Prise en charge et prévention du paludisme
dimportation à Plasmodium falciparum
Révision 2007 de la Conférence de Consensus 1999
TEXTE COURT
Organisée par la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française
avec la participation du collège et des sociétés savantes suivants :
Collège des Universitaires de Maladies Infectieuses et Tropicales (CMIT)
Société Française de Médecine des Armées (SFMA)
Société Française de Parasitologie (SFP)
Société Française de Pédiatrie (SFP) (groupe de pédiatrie tropicale)
Société de Médecine des Voyages (SMV)
Société de Pathologie Exotique (SPE)
Société de Réanimation de Langue Française (SRLF)
Correspondance
Thierry Debord : [email protected]
Martin Danis : [email protected]
SOCIÉTÉ DE PATHOLOGIE INFECTIEUSE DE LANGUE FRANÇAISE (SPILF)
Président : Jean-Paul Stahl
Maladies infectieuses et tropicales. CHU de Grenoble - BP 217, 38043 Grenoble Cedex
Tél : 04 76 76 52 91 - Fax : 04 76 76 55 69
BUREAU DES CONSENSUS ET DES RECOMMANDATIONS
DE LA SOCIÉTÉ DE PATHOLOGIE INFECTIEUSE DE LANGUE FRANÇAISE
Christian Chidiac (coordonnateur), Jean-Pierre Bru, Patrick Choutet,
Jean-Marie Decazes, Luc Dubreuil, Catherine Leport, Bruno Lina, Christian Perronne,
Denis Pouchain, Béatrice Quinet, Pierre Weinbreck
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Ce texte est protégé par un copyright, propriété de la SPILF. Les droits de reproduction et de diffusion sont accordés par la
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clairement fait mention de la SPILF et des références de la publication princeps dans Médecine et Maladies Infectieuses.
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COMITÉ DORGANISATION
Président : Thierry DEBORD
Maladies infectieuses et tropicales. Hôpital dInstruction des Armées Bégin
69 avenue de Paris - 94160 Saint-Mandé cedex
Tél : 01 43 98 50 21 - Fax : 01 43 98 52 79 - E-mail : [email protected]
MEMBRES DU COMITÉ DORGANISATION
Jean-Paul BOUTIN
Eric CAUMES
IMTSSA - Le Pharo, Marseille-armées
Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
Epidémiologie et Santé Publique
Maladies infectieuses et tropicales
Patrick IMBERT
HIA Bégin, Saint-Mandé
Maladies infectieuses et tropicales
Jacques LE BRAS
Michel LE BRAS
Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris
Société de Pathologie Exotique, Paris
Parasitologie - Mycologie
Médecine tropicale
GROUPE DE TRAVAIL
Président : Martin DANIS
Service de parasitologie - mycologie. Hôpital de la Pitié Salpêtrière
47 - 83 boulevard de lhôpital - 75651 Paris Cedex 13
Tél : 01 42 16 01 12 - Fax : 01 42 16 01 65 - E-mail : [email protected]
COORDINATEUR
Professeur Thierry DEBORD
Maladies infectieuses et tropicales. Hôpital dInstruction des Armées Bégin
69 avenue de Paris - 94160 Saint-Mandé cedex
Tél : 01 43 98 50 21 - Fax : 01 43 98 52 79 - E-mail : [email protected]
MEMBRES DU GROUPE DE TRAVAIL
Olivier BOUCHAUD
Fabrice BRUNEEL
Hôpital Avicenne, Bobigny
Hôpital A. Mignot, Le Chesnay
Maladies infectieuses et tropicales
Réanimation
Enrique CASALINO
Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris
Jean-Didier CAVALLO HIA Bégin, Saint-Mandé
Urgences
Laboratoire de biologie médicale
Philippe CORNE
Hôpital Gui de Chauliac, Montpellier Réanimation médicale - Assistance respiratoire
Eric DORTENZIO
Albert FAYE
Institut de Veille Sanitaire - Réunion / Mayotte
Hôpital Robert Debré, Paris
Didier FONTENILLE
IRD, Montpellier
Patrick IMBERT
Denis MALVY
HIA Bégin, Saint-Mandé
Hôpital Saint-André, Bordeaux
Philippe MINODIER
CHU - Hôpital Nord, Marseille
Philippe PAROLA
Stéphane PICOT
Faculté de médecine, Marseille
Université Claude Bernard, Lyon
Jean-Marie SAISSY
IMTSSA - Le Pharo, Marseille Armées
André SPIEGEL
HIA Bégin, Saint-Mandé
Epidémiologie
Pédiatrie générale
Entomologie médicale
Maladies infectieuses et tropicales
Médecine interne et maladies infectieuses
Urgences pédiatriques
Maladies infectieuses et tropicales
Parasitologie
Réanimation
Santé publique
MEMBRES ASSOCIÉS
Frédéric SORGE
Florence MOULIN
Hôpital Saint Vincent de Paul, Paris
Hôpital Saint Vincent de Paul, Paris
Pédiatrie générale
Urgences pédiatriques
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COMITÉ DE LECTURE
Séverine ANSART
CHU La cavale blanche, Brest
Anandadev BANERJEE Hôpital Franco Britannique, Levallois-Perret
Jean-Paul BOUTIN
Geneviève BROUSSE
IMTSSA - Le Pharo, Marseille-armées
Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
Daniel CAMUS
Hôpital Claude Huriez, Lille
Eric CAUMES
Christian CHIDIAC
Hôpital de la Pité-Salpêtrière, Paris
Hôpital de la Croix Rousse, Lyon
Michel COT
Faculté de pharmacie, Paris
Jean DELMONT
Daniel FLORET
Hôpital Nord, Marseille
Hôpital Edouard Herriot, Lyon
Dominique GENDREL
Hôpital Saint Vincent de Paul, Paris
Agnès GIANNOTTI
Nadine GODINEAU
URACA, Paris
Hôpital Delafontaine, St Denis
Catherine GOUJON
Hôpital de lInstitut Pasteur, Paris
Maladies infectieuses et tropicales
Pédiatrie
Epidémiologie et santé Publique
Maladies infectieuses
et médecine des voyages
Mycologie - Parasitologie
Maladies infectieuses et tropicales
Maladies infectieuses et tropicales
Parasitologie
Maladies infectieuses et tropicales
Urgence et réanimation pédiatrique
Pédiatrie
Médecine générale
Parasitologie - Mycologie
Médecine des voyages
Laurent HOCQUELOUX CHR, Orléans - La Source
Marcel HOMMEL
Institut Pasteur, Paris
Maladies infectieuses et tropicales
Affaires médicales internationales
Sandrine HOUZÉ
Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris
Parasitologie - Mycologie
Jacques LANGUE
Jacques LE BRAS
Clinique du Val dOuest, Ecully
Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris
Médicentre
Parasitologie - Mycologie
Michel LE BRAS
Société de Pathologie Exotique, Paris
Maladies infectieuses et tropicales
Fabrice LEGROS
Bruno MARCHOU
CNR Paludisme, Paris
Hôpital Purpan, Toulouse
Parasitologie IRD
Maladies infectieuses et tropicales
Pascal MILLET
Université Victor Segalen Bordeaux 2, Bordeaux
Olivier PATEY
Roland PETROGNANI
CHI, Villeneuve St Georges
Maladies infectieuses et tropicales
Hôpital d'instruction des armées Laveran, Marseille Armées
Réanimation
Parasitologie
Eric PEYTEL
Hôpital d'instruction des armées Laveran, Marseille Armées
Eric PICHARD
Béatrice QUINET
CHU dAngers
Hôpital dEnfants Armand Trousseau, Paris
Christophe ROGIER
IMTSSA, Marseille-armées
Pierre TATTEVIN
Marc THELLIER
Hôpital Pontchaillou, Rennes
Groupe Hospitalier de la Pitié Salpêtrière, Paris
Michel WOLFF
Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris
Réanimation
Maladies infectieuses et tropicales
Pédiatrie générale
Épidémiologie parasitaire
Maladies infectieuses
Parasitologie
Réanimation des maladies infectieuses
SECRÉTARIAT
VIVACTIS PLUS • 17 rue Jean Daudin • 75015 Paris
Tél : 01 43 37 68 00 • Fax : 01 43 37 65 03 • E-mail : [email protected]
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Chaque année, près de 5 000 cas de paludisme d’importation à P. falciparum, dont 80 %
contractés en Afrique inter-tropicale, sont dénombrés en France et sont responsables d'une
vingtaine de décès.
Question 1 : comment réduire les délais de diagnostic du paludisme à
Plasmodium falciparum ?
La plupart des cas de paludisme d’importation à P. falciparum surviennent dans les 2 mois
suivant le retour d’une zone d’endémie, certains dans les 6 mois suivant le retour, notamment
chez les migrants. La précocité du diagnostic et l’adéquation du traitement sont les facteurs
essentiels du pronostic. La plupart des formes graves ou fatales surviennent en raison d’un
retard de prise en charge, par négligence des patients ou de leur entourage et/ou du fait
d’erreurs diagnostiques. Ainsi, compte tenu du risque d’évolution rapide vers une forme
grave, il est impératif de sensibiliser les voyageurs et les professionnels de santé à cette
infection et aux mesures préventives à mettre en œuvre avant le départ, pendant le séjour et au
retour de zone d’endémie.
1.1 Information du voyageur
Environ 70 % des patients qui présentent un paludisme d’importation sont originaires d’un
pays d’endémie. L’information doit être renforcée à l’intention de cette population de
voyageurs migrants, par des messages diffusés par leurs associations, les organismes
d’accueil, les voyagistes, les médias (Internet, etc.), les professionnels de santé et notamment
ceux en charge de la petite enfance.
1.2 Formation des professionnels de santé
La connaissance des éléments épidémiologiques et cliniques évocateurs doit être un élément
important de la formation initiale et continue des acteurs de santé [médecins généralistes,
urgentistes, hospitaliers, pédiatres, médecins de santé publique, biologistes, pharmaciens
d’officine, infirmier(e)s…].
Quatre vingt quinze pour cent des paludismes à P. falciparum sont des formes simples. La
fièvre est le symptôme majeur. Toute fièvre, isolée ou associée à des symptômes généraux,
digestifs, respiratoires, ou neurologiques, après un séjour en zone d’endémie, nécessite un
avis médical urgent et la réalisation d’un diagnostic parasitologique en urgence.
1.3 Le diagnostic parasitologique est une urgence
La prise de sang doit être faite immédiatement, sans attendre un frisson ou un pic thermique.
La démarche diagnostique idéale doit associer l'examen microscopique d'un frottis sanguin et
d'une goutte épaisse. En cas de doute diagnostique ou de traitement antipaludique préalable,
dans un contexte clinique évocateur, ces examens seront suivis par un test rapide (HRP-2 +
pLDH) (Fig. 1). Les résultats doivent être rendus dans un délai maximum de 2 heures, avec
un contact direct entre le biologiste et le clinicien.
La PCR est utile dans certaines situations, mais n’est pas actuellement une méthode d’urgence
et ne remplace pas les méthodes classiques. La thrombopénie est fréquente chez l’adulte
comme chez l’enfant et a une bonne valeur d’orientation dans un contexte épidémiologique et
clinique évocateur.
1.4 Peut-on traiter un paludisme sans confirmation parasitologique ?
En cas de forte suspicion épidémiologique et clinique de paludisme, chez un patient ayant des
signes de gravité, l’absence de disponibilité en urgence du diagnostic parasitologique (frottis
sanguin + goutte épaisse) ne doit pas faire retarder la mise sous traitement. Cependant, cette
situation ne devrait plus être rencontrée en France métropolitaine. Il est recommandé
d’obtenir dans tous les cas une confirmation parasitologique aussi vite que possible.
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Question 2 : comment évaluer l’urgence et organiser la prise en charge d’un
paludisme à Plasmodium falciparum ?
2.1 Quelle est la pertinence des critères de gravité définis par l’OMS en 2000 ?
Chez l’adulte
La définition du paludisme grave, établie en 1990 par l’OMS, a été révisée en 2000. Le
paludisme grave est défini par la présence d’une parasitémie (formes asexuées) à P.
falciparum et par une ou plusieurs des manifestations cliniques ou biologiques définies dans
le tableau OMS d’origine, disponible dans le texte long. Ces critères résultent d’études
réalisées en zone d’endémie. Leur pertinence concernant le paludisme grave d’importation
reste controversée.
Le Tableau 1 donne donc les critères de définition du paludisme grave d’importation de
l’adulte, d’utilisation plus adaptée aux voyageurs et à la prise en charge dans un contexte de
soins européens. Ce tableau, sur le modèle de celui de l’OMS, fournit aussi une évaluation de
la fréquence et de la valeur pronostique de chaque critère. Concernant la pertinence de
certains de ces critères (notamment hyperparasitémie et ictère), on dispose de données
insuffisantes au cours du paludisme d’importation, et les seuils choisis reposent donc surtout
sur un accord professionnel d’experts.
Chez l’enfant
Les critères de gravité de l’OMS sont les mêmes chez l’enfant et chez l’adulte, hormis pour
l’hypotension artérielle et l’insuffisance rénale, définies selon l’âge de l’enfant (hypotension
artérielle : PAS < 60 mmHg avant l’âge de 5 ans, PAS < 80 mmHg après 5 ans ; insuffisance
rénale : diurèse < 12 ml/kg/24 heures, ou créatininémie élevée pour l’âge). Une
hyperparasitémie isolée n’a pas de valeur pronostique.
2.2 Qui hospitaliser en réanimation ?
Chez l’adulte
Tout paludisme à P. falciparum qui présente au moins un des critères du Tableau 1
(notamment ceux cotés ++ et +++ en termes de valeur pronostique) doit être immédiatement
évalué avec le réanimateur pour envisager le transfert en réanimation mais sans retarder le
début du traitement spécifique et symptomatique. Au terme de cette évaluation, le patient sera
hospitalisé soit en unité « lourde » de réanimation, soit en unité de surveillance continue (ou
post-réanimation), soit en unité de médecine selon les spécificités locales.
Une parasitémie de plus de 4 % chez l’adulte non immun est considérée par l’OMS comme
suffisamment dangereuse pour justifier une prise en charge de type forme grave. Cependant,
en l’absence de données suffisantes au cours du paludisme d’importation, les seuils de
parasitémie proposés pour guider le niveau de prise en charge ne peuvent relever que d’un
accord professionnel.
a) En unité de réanimation « lourde », seront initialement pris en charge les patients
présentant au moins une des défaillances suivantes du Tableau 1 : coma (score de
Glasgow < 11), convulsions répétées, toute défaillance respiratoire, toute défaillance
cardio-circulatoire, acidose métabolique et/ou hyperlactatémie, hémorragie grave,
insuffisance rénale imposant l’épuration extra-rénale, hyperparasitémie isolée marquée
(> 15 %).
b) En unité de surveillance continue (ou « post-réanimation »), seront pris en charge les
patients moins sévères mais à risque d’aggravation rapide : simple
confusion/obnubilation, convulsion isolée, hémorragie mineure, ictère franc isolé,
hyperparasitémie isolée (en règle de 10 à 15 %), insuffisance rénale modérée, anémie
isolée bien tolérée. Dans ce type d’unité, pourront aussi être pris en charge
initialement les patients sans signe de gravité stricto sensu mais fragiles : patient âgé,
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patient avec comorbidités, infection bactérienne associée, voire patient nécessitant un
traitement par quinine IV quelle qu’en soit la raison (vomissements, femme
enceinte…). La femme enceinte doit être prise en charge conjointement avec les
obstétriciens.
c) Selon les spécificités locales et l’expérience des services dans la gestion du paludisme,
les patients proposés ci-dessus (dans le paragraphe b) pour une prise en charge en
unité de surveillance continue, peuvent probablement être aussi pris en charge dans
certaines unités de médecine (maladies infectieuses, médecine interne, service porte de
certains services d’urgence, gynécologie-obstétrique), notamment en cas de
vomissements, d’hyperparasitémie (jusqu’à 10 %) ou d’ictère isolés. Dans ce cas, la
proximité d’un service de réanimation est néanmoins primordiale, pour pouvoir
assurer immédiatement le relais de la prise en charge en cas d’aggravation.
Chez l’enfant
En l’absence de données disponibles en France sur la valeur pronostique de chaque critère de
gravité, la prudence doit conduire à transférer en réanimation tout enfant présentant un des
critères cliniques de gravité OMS 2000, particulièrement une prostration, une dysfonction
d’organe à type de troubles de conscience, de convulsions, de dyspnée ou de défaillance
cardio-circulatoire, ou une hypoglycémie. En l’absence de ces signes de gravité (cas d’une
hyperparasitémie isolée, notamment), l’enfant peut être gardé pour le traitement dans une
unité de surveillance continue ou dans un service de pédiatrie générale, sous réserve d’une
surveillance permanente.
Question 3 : modalités du traitement d’une forme non compliquée à
P. falciparum
Une forme non compliquée de paludisme à P. falciparum est un épisode aigu de paludisme,
sans signe de gravité. Cette définition exclut les formes viscérales subaiguës. Les paludismes
survenant sur un terrain particulier (femme enceinte, jeune enfant, sujet âgé, maladie sousjacente, splénectomie) font partie des formes non compliquées s’ils ne présentent pas de
critères de gravité mais regroupent néanmoins des patients à surveiller plus étroitement.
Quatre antipaludiques sont recommandés chez l’adulte (Tableau 2 et Fig. 2) :
- l’atovaquone-proguanil ou l’artéméther-luméfantrine en première ligne ;
- la quinine ou la méfloquine en 2e ligne ;
L’halofantrine ne doit être utilisée que dans des situations particulières et en hospitalisation
uniquement.
Les très rares paludismes à P. falciparum sensibles à la chloroquine (zone Caraïbes) peuvent
être éventuellement traités par cette molécule selon le schéma OMS (10 mg/kg à H0 et H24, 5
mg/kg à H48, soit 25 mg/kg de dose totale en 3 jours).
En cas de vomissements, le recours initial à la quinine en perfusion IV (8 mg/kg toutes les 8
heures) est nécessaire, relayée dès que possible par un antipaludique oral à dose curative.
L’association pendant 3 jours de la quinine en perfusion à la posologie habituelle et de la
clindamycine (10 mg/kg/8 heures en 3 perfusions IV d’1 heure) est une alternative
thérapeutique validée chez l’adulte dans le paludisme d’importation. Elle a l’avantage d’un
traitement complet en 3 jours et de pouvoir être prescrite chez la femme enceinte.
3.1 Critères de la prise en charge en ambulatoire chez l’adulte et l’enfant
Chez l’adulte
Les situations où, chez un adulte, un traitement ambulatoire peut être prescrit par un médecin
généraliste ou un praticien hospitalier sont les suivantes, tous les critères devant être vérifiés :
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disponibilité d’un diagnostic parasitologique fiable (contact direct entre le médecin et
le biologiste) ;
absence de situation d’échec d’un premier traitement ;
paludisme simple, sans aucun signe de gravité clinique ou biologique ;
absence de trouble digestif (vomissements, diarrhée importante…) qui pourrait
compromettre le succès d’un traitement par voie orale ;
parasitémie inférieure à 2 % ;
plaquettes > 50 000/mm3, hémoglobine > 10 g/dl, créatininémie < 150 mol/L ;
absence de facteur de risque : sujet physiologiquement âgé, sujet fragilisé par une
affection sous-jacente, notamment cardiopathie, patient splénectomisé ;
absence de grossesse (gravité plus grande pour la mère et pour le fœtus) ;
patient entouré (caractère anxiogène de la crise fébrile palustre et pas de possibilité
d’alerte en cas d’évolution défavorable si le patient est isolé) ;
garantie d’une bonne observance et d’une bonne compréhension des modalités du
traitement (déficit intellectuel, difficultés linguistiques…) ;
garantie d’une délivrance immédiate du traitement à la pharmacie (enquête
économique auprès du patient, disponibilité d’un stock d’antipaludiques dans les
pharmacies de proximité) ;
résidence à proximité d’un établissement hospitalier (référence possible en cas
d’évolution défavorable après information du patient et de son entourage) ;
possibilité d’une consultation de suivi à H72 (J3), J7 et J28 (à défaut, possibilité
d’appel téléphonique pour s’enquérir d’une évolution favorable).
Dans des situations socio-économiques difficiles, l’hospitalisation d’un adulte peut être évitée
en débutant le traitement à l’hôpital, dans les services d’urgences ou les consultations de
médecine tropicale sans rendez-vous, avec une période d’observation minimale de 2 heures
après la première prise d’antipaludiques, en fournissant aux patients la totalité du traitement.
Cette pratique doit s’accompagner d’explications détaillées sur les modalités du traitement, en
s’assurant de leur bonne compréhension, et d’un rendez-vous ferme de consultation à H72
(J3).
Chez l’enfant
Chez l’enfant et particulièrement chez le jeune enfant, la fréquence plus élevée des troubles
digestifs ne permet pas de prendre le risque d’une prise en charge ambulatoire intégrale. Une
hospitalisation durant toute la durée du traitement est le plus souvent recommandée.
Toutefois, chez le grand enfant et pour des traitements d’une durée supérieure à 24 heures,
après une prise en charge initiale dans une unité d’hospitalisation de courte durée, la suite du
traitement peut être effectuée à domicile. Cette procédure est possible sous réserve du bon
déroulement des premières prises de traitement, de la fiabilité du milieu familial, de la
possibilité de revoir l’enfant en consultation à 72 heures (J3), à J7 (en cas de parasitémie
encore faiblement positive à 72 heures) et à J28 et sous réserve que tous les critères précités
de prise en charge ambulatoire de l’adulte soient respectés.
3.2 Cas particuliers
- femme enceinte : seule la quinine a fait la preuve d’une parfaite innocuité.
L’association atovaquone-proguanil n’est pas contre-indiquée et peut être envisagée si
nécessaire, en l’absence d’alternative. L’utilisation de la méfloquine est réservée aux
situations de contre-indication à la quinine, ou en cas de résistance du plasmodium à la
quinine. L’halofantrine est contre-indiquée. L’association artéméther-luméfantrine est
contre-indiquée au 1er trimestre et n’est pas recommandée dans cette situation. Une
surveillance obstétricale est nécessaire.
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voyageur revenant d’Amazonie (dont la Guyane), ou des zones frontalières entre
la Thaïlande, le Myanmar, le Laos et le Cambodge : dans ces zones où le niveau de
résistance à la méfloquine et à l’halofantrine est élevé, les alternatives thérapeutiques
sont l’association atovaquone-proguanil, l’association artéméther-luméfantrine, ou la
quinine associée à la doxycycline, 200 mg une fois par jour pendant 7 jours, ou à la
clindamycine, 10 mg/kg toutes les 8 heures pendant 7 jours. L’artéméther IM serait
également utilisable, bien que se prêtant peu au traitement d’urgence du fait de la
nécessité d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) nominative.
3.3 Faut-il poursuivre une chimioprophylaxie après traitement ?
Il n’y a pas lieu de reprendre une chimioprophylaxie après un traitement curatif avec
n’importe lequel des 5 produits cités, sauf en cas de nouveau séjour en zone d’endémie.
3.4 Modalités de la surveillance
Une surveillance clinique et biologique incluant un frottis-goutte épaisse est recommandée à
H72 (J3) (la parasitémie doit être inférieure à 25 % de la valeur initiale) et J7 (la parasitémie
doit être négative). Le contrôle quotidien de la parasitémie n’a pas d’intérêt. Un contrôle à J28
est également recommandé.
3.5 Schémas thérapeutiques chez l’enfant
Les médicaments de première ligne sont :
- la méfloquine, souvent précédée d’un antiémétique de type dompéridone ;
- ou l’atovaquone-proguanil ;
- ou l’artéméther-luméfantrine, agréé aux collectivités.
L’halofantrine, compte tenu de sa cardiotoxicité et du risque de rechute après une cure unique,
est un traitement de seconde ligne, en dépit de sa présentation en suspension, commode chez
l’enfant. Elle n’est indiquée qu’en cas de nécessité et sous le contrôle d’une équipe
expérimentée. Si la 2e cure n’est pas administrée, il faut s’assurer d’un suivi très fiable de
l’enfant. En cas de rechute après une cure unique, un autre antipaludique doit être choisi. Si
une 2e cure est réalisée, elle impose, comme pour la première cure, l’hospitalisation, le respect
strict des contre-indications et des précautions d’emploi et une surveillance
électrocardiographique étroite.
La quinine orale, qui requiert une adhésion parfaite à un traitement long, reste également un
médicament de seconde ligne (Tableau 3, Fig. 3). Chez le nouveau-né symptomatique, le
traitement est débuté par la quinine IV, puis un relais est pris par l’halofantrine en cure
unique.
3.6 Détection des chimiorésistances, dosage des médicaments : conséquences
thérapeutiques
En termes d’impact sur la prise en charge du paludisme à P. falciparum, la recherche des
résistances aux antipaludiques et le dosage des antipaludiques (en dehors de la quinine) n’est
pas rapidement disponible, sauf demande expresse et contact direct avec les rares laboratoires
spécialisés. Elle a actuellement un intérêt essentiellement épidémiologique pour évaluer les
échecs prophylactiques et thérapeutiques et recommander de nouvelles stratégies préventives.
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Question 4 : modalités du traitement d’une forme grave de paludisme à
Plasmodium falciparum
4.1 Chez l’adulte
Le paludisme grave d’importation est une urgence qui met rapidement en jeu le pronostic
vital. Son traitement ne se conçoit que dans une unité de réanimation.
4.1.1 Traitement par la quinine et surveillance spécifique
Traitement
La quinine injectable reste l’antipaludique schizonticide de référence dans cette indication.
Afin d’éviter toute confusion et tout risque de sous ou de surdosage, la posologie doit être
exprimée en équivalence-base : quinine-base en cas d’utilisation de quinine seule, ou
alcaloïdes-base en cas d’utilisation d’association de sels d’alcaloïdes.
En France, les spécialités disponibles sont :
- Quinimax, pour usage en perfusion intraveineuse en ampoule de 1, 2, 4 ml, correspondant
respectivement à 125, 250, 500 mg. Il contient 125 mg d’alcaloïdes-base/1 ml.
- Surquina, en ampoules de 1 ml et 2 ml, contenant 245 mg de quinine-base/1 ml. La quinine
est sous forme de chlorhydrate.
Pour éviter des erreurs, il est préférable que le choix se porte sur une seule préparation
commerciale disponible au sein de l’établissement.
L’utilisation de la dose de charge au cours du paludisme grave d’importation reste
recommandée chez l’adulte, afin d’obtenir plus précocement une quininémie efficace sur P.
falciparum. La dose de charge est de 16 mg/kg perfusée en 4 heures dans du sérum glucosé à
5 ou 10 %. La dose d’entretien de 24 mg/kg/24 heures est débutée 4 heures après la fin de la
dose de charge. Elle sera administrée soit de façon discontinue (8 mg/kg sur 4 heures
minimum, toutes les 8 heures), soit de façon continue (24 mg/kg sur 24 heures au pousseseringue électrique). Elle sera associée à une perfusion de sérum glucosé (à 5 ou 10 %)
contenant les électrolytes adéquats. La durée totale du traitement doit être de 7 jours, le relais
per os pouvant être envisagé à partir de la 72e heure, si la voie digestive est fonctionnelle.
Après un traitement complet par la quinine, il est inutile de reprendre une éventuelle
chimioprophylaxie antérieure.
En raison d’un risque de cardiotoxicité accru, un traitement antérieur à l’hospitalisation par
quinine à dose curative (dans les 2 jours précédents), par halofantrine ou par méfloquine (si la
dernière prise date de moins de 12 heures), ainsi qu’un allongement de l’espace QT corrigé
(QTc) > 25 %, contre-indiquent la dose de charge. Chez la femme enceinte, la quinine doit
être utilisée aux mêmes doses mais il existe un risque majoré d’hypoglycémie. La quinine n’a
pas d’effet abortif. En l’absence de données chez le grand obèse (> 120 kg) et par précaution,
la dose de charge ne doit pas dépasser 1 500-1 800 mg et la dose d’entretien 2 500-3 000 mg
par jour.
Les seules contre-indications absolues à l’emploi de la quinine sont les antécédents avérés de
fièvre bilieuse hémoglobinurique, d’hypersensibilité à la quinine et les troubles du
rythme/conduction graves (ces situations relevant idéalement d’un traitement parentéral par
dérivés de l’artémisinine).
Surveillance spécifique
Un contrôle quotidien de la quinine plasmatique totale pendant une durée minimale de 72
heures est recommandé, particulièrement au cours des formes les plus sévères. Le
prélèvement est effectué en fin de perfusion lors d’une administration discontinue. La
quininémie plasmatique efficace est comprise entre 10 et 12 mg/l (30 à 36 mmol/l). Le
contrôle de la 72e heure est indispensable pour évaluer un sous ou un surdosage. La réduction
arbitraire de la posologie à la 72e heure chez l’insuffisant rénal ne se conçoit qu’en l’absence
de possibilité de surveillance de la quininémie. Au cours de l’insuffisance hépatique et de
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clairement fait mention de la SPILF et des références de la publication princeps dans Médecine et Maladies Infectieuses.
.
l’insuffisance rénale, la surveillance de la quininémie est recommandée durant toute la durée
du traitement.
Un électrocardiogramme avec mesure du QRS et du QTc doit être pratiqué avant le début du
traitement et quotidiennement pendant toute sa durée. Un monitorage électrocardioscopique
sera également instauré. Il convient d’être particulièrement vigilant en présence des facteurs
de risques suivants : sujet âgé, cardiopathie sous-jacente, hypokaliémie, prise concomitante
d’un médicament allongeant l’espace QT, d’un diurétique ou d’un antihypertenseur.
Un contrôle de la glycémie est nécessaire toutes les heures durant la dose de charge, puis
toutes les quatre heures.
La surveillance de la parasitémie est souhaitable jusqu’à sa négativation. La parasitémie peut
augmenter durant les 24 premières heures d’un traitement bien mené. Cette augmentation n’a
pas de valeur péjorative.
4.1.2 Place des dérivés de l’artémisinine (artéméther et artésunate) par voie parentérale
en monothérapie
Les grandes études menées depuis 10 ans en Asie chez l’adulte au cours du paludisme grave
ont montré que l’artésunate IV était supérieur à la quinine IV et mieux toléré. Néanmoins,
l’artésunate n’est pas disponible en Europe et l’artéméther IM ne peut être obtenu que dans le
cadre d’une ATU nominative. Les indications actuelles des dérivés de l’artémisinine restent
donc très limitées au cours du paludisme grave d’importation : contre-indications de la
quinine (voir ci-dessus) et retour d’une zone de quinino-résistance. Il serait donc vivement
souhaitable de pouvoir rapidement disposer de ces dérivés et notamment de l’artésunate IV.
4.1.3 Traitement symptomatique des défaillances viscérales et surveillance
La prise en charge du coma comprend la recherche d'une hypoglycémie, une intubation
précoce par voie oro-trachéale, la prévention de l’œdème cérébral et des lésions secondaires,
notamment par la correction de toute hyponatrémie. Un EEG et une imagerie cérébrale
doivent être réalisés en cas de signe focal ou de coma mal expliqué. L’intérêt de la
surveillance évolutive par doppler trans-crânien mériterait d’être confirmé. Un traitement anticonvulsivant préventif systématique n'est pas recommandé.
Une déshydratation doit être corrigée par des solutés cristalloïdes. La prise en charge d'un état
de choc repose sur les recommandations récentes concernant le choc septique (incluant
l’utilisation de l’hémisuccinate d’hydrocortisone). En cas de choc et/ou d’acidose
métabolique, la recherche d'une co-infection bactérienne (présente dans 30 à 50 % des cas) et
l'instauration très précoce d'une antibiothérapie probabiliste intraveineuse à large spectre
(céphalosporines de 3e génération, pipéracilline-tazobactam…) sont indispensables.
L’utilisation de la protéine C activée doit être discutée au cas par cas.
La prise en charge de l’œdème pulmonaire lésionnel est celle du syndrome de détresse
respiratoire aiguë recommandée récemment.
Une insuffisance rénale oligoanurique qui persiste après réhydratation nécessite la mise en
place d’une épuration extra-rénale séquentielle ou continue. Un remplissage agressif et/ou du
furosémide intraveineux et/ou de faibles doses de dopamine ne sont pas recommandés.
Des transfusions de concentrés globulaires doivent être proposées selon les recommandations
françaises récentes. En cas d’hémorragie associée à une CIVD, la transfusion de plasma frais
congelé est recommandée. En cas de thrombopénie, la transfusion de plaquettes est indiquée
lors d’un saignement significatif. En l’absence d’hémorragie, la transfusion pourra se discuter
au cas par cas pour des thrombopénies < 10 à 20 000/mm3.
En dehors des spécificités liées au traitement par quinine IV, la surveillance en réanimation ne
présente pas de particularité, en sachant néanmoins que durant les 72 premières heures de
traitement l’évolution est particulièrement imprévisible.
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4.1.4 Place des antibiotiques et des traitements adjuvants
Antibiotiques spécifiques
Chez l’adulte, l’utilisation de la doxycycline (ou de la clindamycine chez la femme enceinte),
doit être limitée aux cas de suspicion de souche de sensibilité diminuée à la quinine (jungles
d’Amazonie et d’Extrême Orient).
Autres traitements adjuvants
Il n’existe actuellement aucun argument qui justifie l’utilisation de l’exsanguino-transfusion
dans le paludisme grave d’importation.
Une corticothérapie à forte dose dans un but anti-œdémateux et/ou anti-inflammatoire n'est
pas recommandée.
Aucun des autres traitements adjuvants (anticorps anti-TNF, chélateurs du fer, pentoxifylline,
ciclosporine A, N-acétyl cystéine…) n’a fait la preuve de son efficacité clinique.
4.2 Prise en charge du paludisme grave de l’enfant
La prise en charge doit se faire en milieu de réanimation pédiatrique. La quinine intraveineuse
reste le traitement de référence du paludisme grave de l’enfant. La dose de charge, discutée en
1999 en raison de l’absence de bénéfice démontré pour le pronostic et du risque de toxicité,
n’est toujours pas recommandée chez l’enfant.
La posologie standard est de 24 mg/kg/j de quinine-base ou d'alcaloïdes-base, soit en pratique
une perfusion de 8 mg/kg toutes les 8 heures. Par voie intraveineuse, la quinine s’administre
en perfusions de 4 heures minimum, dans du sérum glucosé à 5 %, de préférence à la seringue
électrique, sous surveillance ECG continue. Un contrôle de la quininémie doit être effectué à
partir de la 24e heure. La glycémie doit être surveillée étroitement. Le relais par voie orale est
effectué dès que l’état de l’enfant le permet.
Une hyperparasitémie entre 4 et 10 %, sans autre signe de gravité, peut être traitée par un
antipaludique oral, de préférence dans une unité de surveillance continue. Chez l’enfant de
moins de 30 mois, une surveillance particulièrement attentive est justifiée car le risque
d’aggravation est plus élevé.
Question 5 : comment prévenir le paludisme d’importation ?
Plus de 90 % des paludismes d’importation surviennent chez des voyageurs n’ayant pas
observé, ou ayant mal suivi les 2 groupes de mesures préventives efficaces et
complémentaires que sont :
- la protection contre les piqûres de moustique ;
- et la chimioprophylaxie.
5.1 Comment améliorer l’accès à la prévention et son observance ?
5.1.1 Qui doit conseiller cette prévention ?
Tous les médecins généralistes, les pédiatres, hospitaliers, libéraux ou exerçant en PMI, les
médecins du travail. La prescription d’antipaludiques à titre prophylactique relève
obligatoirement d’une ordonnance médicale.
Les Centres de conseils aux voyageurs sont des structures de référence et à l’occasion d’une
vaccination contre la fièvre jaune, les mesures préventives pour le paludisme doivent être
indiquées. La consultation assurée par ces centres doit être réservée en priorité aux cas
difficiles.
Le pharmacien participe à l’information et a un rôle important de conseil.
Le rôle des voyagistes se limite à une sensibilisation au risque de paludisme. Les notices
descriptives de voyage doivent faire figurer de façon bien lisible le risque de paludisme pour
les pays concernés et l’indication d’avoir à demander un avis à un médecin avant le départ
pour s’en protéger.
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5.1.2 Quels sont les obstacles à la délivrance de ces conseils et ordonnances et comment
les surmonter ?
Méconnaissance de la nécessité d’une prophylaxie par les voyageurs.
La sensibilisation vis-à-vis du risque de paludisme par les professionnels de santé, les
voyagistes et dans les aéroports, doit être renforcée, en particulier au profit des migrants.
Formation médicale à renforcer.
L’enseignement des mesures de prévention du paludisme doit faire partie de la formation
initiale des médecins et doit être un objectif prioritaire de la formation professionnelle
continue.
Hétérogénéité de l’information.
Il faut s’appuyer sur les recommandations publiées chaque année dans le Bulletin
Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) de l’Institut de Veille Sanitaire (www.invs.sante.fr),
sous l’égide du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France, devenu le Haut Conseil de
la Santé Publique (HCSP). L’informatisation obligatoire à terme des cabinets médicaux
devrait permettre l’accès à des données fiables et facilement utilisables pour tous les
médecins, notamment sur le site internet de l’Institut de Veille Sanitaire.
Obstacles socioéconomiques.
Certaines populations, notamment les familles de migrants, n’ont pas assez recours aux
consultations de prévention. Le remboursement de ce type de consultation, ainsi que celui des
antipaludiques, permettrait une plus grande accessibilité aux démunis. Dans le choix d’une
prévention, cette dimension économique doit être prise en compte, pour éviter de délivrer une
ordonnance qui ne pourra pas être assumée financièrement par les voyageurs.
5.2 La prophylaxie anti-vectorielle individuelle chez l’enfant et l’adulte
Trois mesures de protection anti-vectorielle, seules ou en association, ont apporté la preuve de
leur efficacité dans la prévention du paludisme, transmis par des anophèles, moustiques à
activité nocturne : la moustiquaire imprégnée d’insecticide, la protection vestimentaire avec le
port de vêtements imprégnés d’insecticide et les répulsifs cutanés.
5.2.1 La moustiquaire imprégnée de pyréthrinoïdes
Pendant le sommeil, son usage est recommandé quel que soit l’âge. Avant l’âge de la marche,
cette mesure est à privilégier chez l’enfant éveillé. Par précaution, il faut laver le jeune enfant
avant la mise sous moustiquaire pour enlever le répulsif appliqué précédemment.
5.2.2 Les vêtements imprégnés de perméthrine
Le port de vêtements imprégnés, amples et couvrant le maximum de peau, est recommandé à
tout âge.
5.2.3 Les répulsifs cutanés
Les recommandations sont celles de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de
Santé (AFSSAPS), publiées dans le BEH n° 24 du 12 juin 2007 (Tableau 4). Le HCSP juge
qu'il est possible, en cas de risque de maladie grave, de se rallier aux recommandations des
CDC qui autorisent l'utilisation du DEET dès l'âge de 2 mois, à condition de ne pas dépasser
certaines concentrations (30 %) et de respecter les contre-indications et les précautions
d'emploi.
Le Groupe de Pédiatrie Tropicale de la Société Française de Pédiatrie recommande pour les
enfants de moins de 30 mois :
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- en dessous de 6 mois, l’abstention de tout répulsif, compte tenu de l’immaturité de la
barrière hémato-encéphalique ;
- de 6 à 30 mois : DEET de 10 à moins de 30 %, citriodiol 20 à 30 %, IR 3535 20 % (à partir
de 12 mois).
Le répulsif doit être appliqué sur la plus petite surface de peau découverte non lésée, hors
yeux, lèvres et mains, à une fréquence maximale d’une fois par jour chez l’enfant de moins de
30 mois.
5.3 La chimioprophylaxie
La chimioprophylaxie (CP) ne se conçoit qu’en complément des mesures de protection
physiques et chimiques contre les moustiques.
5.3.1 Quelles sont les informations indispensables à recueillir pour la prescription d’une
CP ?
Certaines concernent le voyageur et précisent les antécédents et les pathologies sous-jacentes,
les contre-indications, les interactions médicamenteuses avec d’éventuels traitements en
cours, ainsi que les disponibilités financières du voyageur et les possibilités
socioéconomiques d’accès aux soins pendant le séjour et au retour. Le coût élevé de quelques
chimioprophylaxies (atovaquone-proguanil, méfloquine) en limite l’utilisation chez certains
voyageurs (migrants, jeunes, associatifs) et nécessite de les informer avant le départ.
Le médecin prescripteur doit réunir tous les éléments qui permettent d’évaluer le risque réel
d’exposition à la transmission du paludisme au cours du voyage.
Il faut savoir contre-indiquer le voyage dans certaines situations : femme enceinte, nourrisson
trop jeune pour recevoir la prophylaxie adéquate à une zone de haute résistance.
5.3.2 La chimioprophylaxie est-elle toujours nécessaire ?
Une CP n’est pas nécessaire dans certains pays, régions ou villes dont la liste est
régulièrement mise à jour.
Pour toutes les autres destinations, notamment en Afrique intertropicale, la CP est toujours
nécessaire et les recommandations suivantes peuvent être faites.
Séjour 7 jours : une CP est toujours nécessaire
Séjour < 7 jours :
- zone où le risque de transmission est élevé :
une CP est toujours nécessaire ;
- zone où le risque de transmission est faible :
une CP n’est pas indispensable. La décision de ne pas prescrire de CP dépend :
(i)
des conditions du séjour,
(ii)
du respect scrupuleux des règles de protection anti-moustique,
(iii) et de la possibilité, durant les mois qui suivent le retour, de
consulter en cas de fièvre, en signalant la notion de voyage en
zone d’endémie palustre.
5.4 Quels sont les produits et les posologies recommandés ?
cf. Tableaux 5 et 6
Chez la femme enceinte, la chloroquine et le proguanil peuvent être prescrits sans réserve.
L’utilisation de l’atovaquone-proguanil et de la méfloquine peut être envisagée au cours de la
grossesse. La doxycycline est déconseillée pendant le premier trimestre de la grossesse et
contre-indiquée à partir du deuxième trimestre.
5.5 Place du traitement de réserve
Les recommandations sont de limiter le traitement de réserve :
aux situations d’isolement mettant les voyageurs à plus de 12 heures d’une structure de
soins ;
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aux séjours où les patients ne prennent pas de chimioprophylaxie (séjours rapprochés et
répétés, expatriations prolongées) ;
à condition que les enjeux, indications et modalités de ce traitement soient bien compris.
Même s’il est conduit à prendre un traitement de réserve, le voyageur doit être informé de la
nécessité d’un avis médical rapide, pour évaluer l’efficacité de ce traitement, voire le
compléter ou le changer et pour rechercher une éventuelle autre cause de fièvre que le
paludisme.
En dépit de leur sensibilité élevée, les tests rapides pour le diagnostic du paludisme
disponibles sur le marché ne sont pas recommandés pour l’autodiagnostic. Plusieurs études
ont montré que de nombreux voyageurs ne sont pas en mesure de réaliser correctement ces
tests, ou d’en interpréter les résultats.
La place du traitement de réserve doit être très limitée chez l’enfant, ce d’autant qu’il n’a pas
été évalué dans cette situation.
Quelles molécules peut-on utiliser pour le traitement de réserve ?
L’efficacité, le mode d’administration et la tolérance de l’atovaquone-proguanil (Malarone)
et de l’artéméther-luméfantrine (Riamet et Coartem) en font de bons candidats pour le
traitement de réserve de l’adulte.
En raison du risque de contrefaçon ou de dosage inadéquat, le recours à une spécialité achetée
hors de France risque de ne pas être adapté au traitement de réserve.
Chez l’enfant, il n’y a pas de traitement de réserve idéal. À partir de 5 kg, on peut prescrire la
méfloquine ou l’artéméther-luméfantrine, voire l’atovaquone-proguanil. L’halofantrine n'est
plus indiquée du fait de sa cardiotoxicité.
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Figure 1. Protocole de diagnostic parasitologique du paludisme.
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Tableau 1
Critères de définition du paludisme grave d’importation de l’adulte
Fréquence
Pronostic
Critères cliniques ou biologiques
+++
Toute défaillance neurologique incluant :
+++
+++
- obnubilation, confusion, somnolence, prostration
- coma avec score de Glasgow < 11
Toute défaillance respiratoire incluant :
+
-
+++
si VM ou VNI : PaO2/FiO2 < 300 mmHg
si non ventilé PaO2 < 60 mmHg et/ou SpO2 < 90 % en air ambiant
et/ou FR > 32/mn
- signes radiologiques : images interstitielles et/ou alvéolaires
Toute défaillance cardio-circulatoire incluant :
++
-
++
pression artérielle systolique < 80 mmHg en présence de signes
périphériques d’insuffisance circulatoire
- patient recevant des drogues vasoactives quel que soit le chiffre
de pression artérielle
- signes périphériques d’insuffisance circulatoire sans hypotension
Convulsions répétées : au moins 2 par 24 h
+
++
Hémorragie : définition clinique
+
+
Ictère : clinique ou bilirubine totale > 50 μmol/l
+++
+
Hémoglobinurie macroscopique
+
+
Anémie profonde : hémoglobine < 7 g/dl, hématocrite < 20 %
+
+
Hypoglycémie : glycémie < 2,2 mmol/l
+
+++
Acidose :
++
+++
- bicarbonates plasmatiques < 15 mmol/l
- ou acidémie avec pH < 7,35
(surveillance rapprochée dès que bicarbonates < 18 mmol/l)
Toute hyperlactatémie :
++
+
++
- dès que la limite supérieure de la normale est dépassée
- a fortiori si lactate plasmatique > 5 mmol/l
Hyperparasitémie : dès que parasitémie > 4 %, notamment chez le non +++
immun (selon les contextes les seuils de gravité varient de 4 à 20 %)
Insuffisance rénale :
+++
- créatininémie > 265 mol/l ou urée sanguine >17 mmol/l
- et diurèse < 400 ml/24 h malgré réhydratation
VM : ventilation mécanique ; VNI : ventilation non invasive ; FR : fréquence respiratoire
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Tableau 2
Principaux antipaludiques utilisables chez l’adulte pour le traitement du paludisme non compliqué d’importation à
P. falciparum avec critères de choix
Antipaludique
Atovaquone + proguanil
Ligne de
traitement
1re ligne
Malarone®
Artéméther + luméfantrine
Riamet®
Coartem®
1re ligne
Quinine
2e ligne
Arguments « pour »
Arguments
« contre »
- Traitement court
- Vomissements
- Tolérance générale - Faible
biodisponibilité
(atovaquone)
- Rapidité d’efficacité - Faible
- Traitement court
biodisponibilité
- Tolérance générale (luméfantrine)
Possible si grossesse
- Quinimax®
cp à 500 et 125 mg
- Quinine Lafran®
cp à 500 et 250 mg
- Surquina®
cp à 250 mg
Méfloquine
Lariam®
cp à 250 mg
2e ligne
Traitement court
- Tolérance
moyenne
- Traitement
long
Mauvaise
tolérance
Contre-indications
- Aucune sauf allergie à l’un
des constituants
Effets secondaires
principaux
Nausées
et vomissements
- Non recommandé si grossesse - Céphalées, vertiges
et allaitement
- Troubles digestifs
- Troubles de conduction
intra-ventriculaires de haut
degré
- Pratiquement pas sauf
antécédent de fièvre bilieuse
hémoglobinurique ou allergie
(rare)
- Troubles de conduction de
haut degré
- Cinchonisme* :
troubles digestifs,céphalées,
acouphènes ++ (J2)
- ATCD neuro-psychiques
(dont convulsions),
d’intolérance à la méfloquine et
de fièvre bilieuse
hémoglobinurique
- Traitement par acide
valproïque
- Insuffisance hépatique sévère
- Relais d’halofantrine
- Non recommandé si grossesse
- Troubles digestifs,
céphalées, vertiges
(fréquents)
- Troubles neuro-psychiques
(dont convulsions) : rares
mais potentiellement graves
- Troubles du rythme
(surdosage)
Posologie
- 4 cp en 1 prise à renouveler 2 fois à
24 h d’intervalle au cours d’un repas
(soit 12 cp au total sur 48 h)
- À partir de 40 kg
- 4 cp en 1 prise à H0, H8, H24, H36,
H48 et H60 (2 fois/j pendant 3 j)
avec prise alimentaire ou boisson avec
corps gras (soit 24 cp au total en 60 h)
- À partir de 35 kg
- 8 mg/kg /8 heures pendant 7 jours
(= 1 cp à 500 mg x3/j chez l’adulte de
poids moyen ; ne pas dépasser 2,5 g/j)
- Perfusion IV si vomissements (même
posologie)
- 25 mg/kg en 3 prises espacées de 8
heures
- En pratique : 3 cp puis 2 cp (puis 1 cp
si > 60 kg)
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Halofantrine
Halfan®
cp à 250 mg
et suspension
à 100 mg/5ml
- Rapidité d’action
3e ligne
(si situation - Traitement court
particulière) - Tolérance générale
- Cardiotoxicité
- Absorption
faible et
variable (rares
échecs
possibles)
- ATCD de troubles du rythme
et de fièvre bilieuse
hémoglobinurique
- Hypokaliémie,
- Médicaments allongeant QT
- QTc allongé
- Insuffisance cardiaque
- Relais de méfloquine***
- Grossesse
- Cardiotoxicité :
allongement QTc très
fréquent ; troubles du rythme
(rares/graves)
- 25 mg/kg en 3 prises espacées de
6 heures, à jeun (en pratique 2 cp x 3)
+ 2e cure à J7-J10 chez le non-immun
(à dose réduite**)
- En milieu hospitalier (surveillance
ECG notamment entre 2e et 3e prise)
* la survenue d’un cinchonisme et notamment d’acouphènes n’est pas un signe de surdosage mais un signe « d’imprégnation » par quinine : elle ne
doit pas entraîner une réduction de posologie
** posologie non validée, risque accru de cardiotoxicité à dose pleine
*** potentialisation de la cardiotoxicité
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Figure 2. Conduite à tenir thérapeutique devant un paludisme d’importation chez
l’adulte.
P. falciparum*
Recherche de signes de gravité
- Troubles de la conscience (même minimes), convulsions
- Choc, défaillance respiratoire
- Syndrome hémorragique
- Hémoglobinurie, ictère ou bilirubine totale > 50 mol/l
- Hb < 7 g/dl
- Créatininémie > 265 mol/l
- Glycémie < 2,2 mmol/l
- Parasitémie > 4 %
- Hyperlactatémie, acidose métabolique
Avis du réanimateur pour
hospitalisation en urgence en :
* réanimation
* unité de surveillance continue
* unités spécialisées
Traitement par quinine en
perfusion IV
NON
- Hospitalisation
en urgence
- Quinine
perfusion IV
OUI
OUI
Vomissements ?
NON
Hospitalisation ou en ambulatoire ?
- Patient adulte, diagnostic parasitologique fiable
- Absence de facteur de risque de mauvaise observance, bonne compréhension
- Absence de facteur de risque associé (isolement, patient âgé, pathologie associée
notamment cardiologique, splénectomie, grossesse…)
- Proximité d’un hôpital, contact médical identifié, n° téléphone fourni
- Disponibilité immédiate de l’antipaludique prescrit (pharmacie ou service des
Urgences)
dès amélioration
- Suivi possible à H72 et J7
- Plaquettes > 50 000/mm3, hémoglobine > 10 g/dl, créatininémie < 150mol/l
- Parasitémie < 2 %
Si tous les critères sont vérifiés
Traitement ambulatoire possible
• atovaquone-proguanil
ou artéméther-luméfantrine
• quinine
• méfloquine
Si 1 seul critère pas vérifié
Hospitalisation
• atovaquone-proguanil
ou artéméther-luméfantrine
• quinine
• méfloquine
• (halofantrine si pas de
contre-indication)
Suivi avec frottis-goutte épaisse à H72, J7 et J28
* si biparasitisme ou espèce non précisée, traiter comme un P. falciparum
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Tableau 3
Traitements oraux du paludisme simple à Plasmodium falciparum de l’enfant en France
Molécule
Galénique
Posologie
Avantages
Méfloquine
Lariam
25 mg/kg
Comprimés à 250 mg
Répartition en :
15 mg/kg H0 et 10 mg/kg H12
ou 8 mg/kg H0, H6-8, H12-16
Une cure en un jour Pas de galénique adaptée
au nourrisson et au petit
enfant
Tolérance
cardiaque
Intolérance digestive
Malarone
20/8 mg/kg/j pendant 3 jours
(prise unique quotidienne)
Tolérance
cardiaque
Atovaquone-proguanil
Comprimés adulte à
250 mg/100 mg
Comprimés enfant
62,5 mg / 25 mg
Artéméther-luméfantrine Riametou Coartem
5-< 9 kg : 2 cps enfant / j
à 9-< 11 kg : 3 cps enfant / j
11-< 21 kg : 1 cp adulte / j
21-< 31 kg : 2 cps adulte / j
31-< 40 kg : 3 cps adulte / j
40 kg : 4 cps adulte / j
6 prises orales à
H0, H8-12, H24, H36, H48, H60
Halfan
Suspension à
100 mg / 5 mL
Comprimés à 250 mg
Quinine orale
1ère cure : 24 mg/kg
soit 8 mg/kg à H0, H6, H12
Précautions d’emploi
Traitement préalable de la
fièvre
Traitement antiémétique
avant la prise orale
Redonner la prise orale
si vomissement dans
l’heure
Pas d’AMM actuelle
Faire prendre avec un
repas ou une collation
Pas de galénique adaptée lactée
au nourrisson et petit Redonner la prise orale
enfant
si vomissement dans
l’heure
Durée de traitement
Intolérance digestive
Tolérance
cardiaque
Comprimés à 120 mg /
5-< 15 kg : 1 cp / prise
20 mg
15-< 25 kg : 2 cps / prise
25-< 35 kg : 3 cps / prise
> 35 kg : 4 cps / prise
Halofantrine
Inconvénients
Pas de galénique adaptée Redonner la prise orale
au nourrisson et petit si vomissement dans
enfant
l’heure
Durée de traitement
Galénique adaptée
Toxicité cardiaque
Recul d’utilisation
Cinchonisme
Respect strict des contreindications
Tolérance digestive Nécessité de 2 cures
ECG avant et sous
traitement lors des 2 cures
2ème cure à J7 (si pratiquée, faire
Modalités de la 2e cure Ne pas redonner la prise
une dose réduite)
orale si vomissement quel
mal connues
que soit le délai de
survenue
Quinimax
8 mg/kg trois fois par jour
Comprimés à 500 et pendant 7 jours
125 mg
Surquina
Comprimés à 250 mg
Nécessité d’une
compliance parfaite
Risque d’intoxication
Durée de traitement
Avant l’âge de 6 ans, les comprimés doivent être écrasés
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clairement fait mention de la SPILF et des références de la publication princeps dans Médecine et Maladies Infectieuses.
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Figure 3. Modalités du traitement du paludisme à P. falciparum chez l’enfant en France.
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Tableau 4
Recommandations de l’AFSSAPS pour l’utilisation des répulsifs cutanés (BEH 2007)
Catégorie d’âge
Substance active
Citriodiola
Concentrations
20 à 50 %
IR 3535
20 à 35 %
Akipic (gel)d , Cinq sur cinq Tropic lotione
Duopic lotion adulte, Manouka lotion
citronelle zones tropicales, Mouskito (spray ou
roller), Prebutix zones tropicales (gel ou
lotion)
DEETb
20 à 35 %
Mouskito Tropicf (spray ou roller), Mouskito
Travelf stick, Mouskito Tropical sprayf
De 30 mois
à 12 ans
>12 ans
Femmes
enceintes
a
KBR 3023c
20 à 30 %
aux mêmes
Les mêmes substances
concentrations sauf pour
que la catégorie
le DEET :
précédente
de 20 à 50 %
+ KBR 3023c
20 à 30 %
IR 3535
20 à 35 %
Exemple de formulations commerciales
Mosiguard (spray)
Antimosquitospray
Insect écran peau enfant
Tous ceux cités +
Insect ecran peau adulte (gel ou spray), King,
Mouskito tropical spray, Pikpa adultes, Repel
insect adultes
Insect écran spécial tropic
Akipic (gel), Cinq sur cinq Tropic lotion,
Duopic lotion adulte, Manouka lotion
citronelle zones tropicales, Mouskito (spray ou
roller), Prebutix zones tropicales (gel ou
lotion),
sauf si antécédents de convulsions ;
b
sauf si antécédents de convulsions ; éviter les contacts du diéthyl toluamide (DEET) avec les plastiques, vernis, verres de
montres et lunettes ; attention, le DEET diminue l’efficacité des crèmes solaires (environ 1/3).
c
limiter l'utilisation consécutive à un mois
d
e
f
le fabricant le recommande à partir de 4 ans
le fabricant le recommande à partir de 36 mois
le fabricant le recommande à partir de 5 ans
Précautions d’emploi : Pas plus de 3 applications/ jour. Eviter le contact avec les yeux. Ne
pas appliquer sur les muqueuses ou sur des lésions cutanées étendues. Ne pas appliquer en
cas d'antécédents d'allergie cutanée.
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Tableau 5
Schémas prophylactiques recommandés chez l’adulte (hors femme enceinte) en fonction
des pays de destination
Pays de destination
Schémas prophylactiques
Durée
Pays du groupe 1
Chloroquine 100 mg (Nivaquine )
une prise par jour
Séjour + 4 semaines après
Pays du groupe 2
Chloroquine 100 mg + proguanil 200 mg
(Nivaquine + Paludrine) ou Savarine
une prise par jour au cours d’un repas
Atovaquone 250 mg + proguanil 100 mg
(Malarone )
une prise par jour au cours d’un repas
Séjour + 4 semaines après
ou
Pays du groupe 3
ou
ou
Atovaquone 250 mg + proguanil 100 mg
(Malarone )
une prise par jour au cours d’un repas
Méfloquine 250 mg ( Lariam)
une prise par semaine
Monohydrate de doxycycline 100 mg
(Doxypalu , GranudoxyGé)
une prise par jour, le soir
Séjour + 1 semaine après
Limitée à 3 mois consécutifs
Séjour + 1 semaine après
Limitée à 3 mois consécutifs
10 j avant + séjour + 3 semaines après
Séjour + 4 semaines après
Tableau 6
Chimioprophylaxie antipaludique chez l’enfant en France en 2007
Molécule
Nivaquine (chloroquine)
Paludrine
(proguanil)
Lariam
(méfloquine)
Présentation
Sirop à
25 mg = 5 ml
Comprimés
sécables
à 100 mg
Comprimés
sécables
à 100 mg
Comprimés
sécables
à 250 mg
Malarone Enfants Comprimés à
62,5 mg/25 mg
(atovaquoneproguanil)
Malarone (atovaquoneproguanil)
Doxypalu
(doxycycline)
GranudoxyGé
(doxycycline)
Posologie
1,5 mg/kg/j
< 8,5 kg : 12,5 mg/j
8,5-16 kg : 25 mg/j
16-33 kg : 50 mg/j
33-45 kg : 75 mg/j
3 mg/kg/j
9-16 kg : 50 mg/j
16-33 kg : 100 mg/j
33-45 kg : 150 mg/j
5 mg/kg/semaine
15-19 kg : 1/4 cp/sem
> 19-30 kg : 1/2 cp/sem
> 30-45 kg : 3/4 cp/sem
5-< 7 kg : cp/j (hors AMM)
7-< 11 kg : cp/j (hors AMM)
11-< 21 kg : 1 cp/j
21-< 31 kg : 2 cp/j
31- 40 kg : 3 cp/j
Commentaires, durée, indications
Attention aux intoxications accidentelles
Séjour + 4 semaines après
Pays du groupe 1 (et 2 en association
avec le proguanil)
Uniquement en association avec la
chloroquine
Séjour + 4 semaines après
Pays du groupe 2
Contre-indications : convulsions,
pratique de la plongée
10 j avant + séjour +3 semaines après
Pays du groupe 3
Prendre avec un repas ou une boisson
lactée
Séjour + 7 jours après
Durée : 3 mois consécutifs maximum
Pays du groupe 2 et 3
Comprimés à
1 cp/j
250 mg/100 mg poids > 40 kg
Cp à 50 mg
Cp à 100 mg
< 40 kg : 50 mg/j
40 kg : 100 mg/j
Cp à 100 mg
Contre-indication : âge < 8 ans
Prendre au dîner
Séjour + 4 semaines après
Pays du groupe 3
Avant l’âge de 6 ans, les comprimés doivent être écrasés.
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