Article original Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014 ; 12 (2) : 163-79 Évaluation comparative de deux dispositifs de formation professionnelle axés sur l’accompagnement des résidents d’Ehpad présentant des troubles psycho-comportementaux Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Comparative study of two on aged care-based occupational (professional) training in medical home for aged and dependant patients with neuro-psychiatric behaviours Philippe Denormandie1 VÉronique Dubost2 Dhiba Marigot-Outtandy1 François Bertin-Hugault2 François Hermann3 Sylvie Treffel3 Claude Jeandel4 1 Institut du Bien Vieillir Korian, Paris, France <[email protected]> 2 Direction médicale, Groupe Korian, Paris, France 3 Formadep, Paris, France 4 Service de gériatrie, CHU de Montpellier, France Tirés à part : P. Denormandie Résumé. Contexte : Les troubles psycho-comportementaux du sujet âgé sont source de souffrance, de burn out et de turn-over important pour les soignants. L’allongement de l’espérance de vie va accentuer cette situation à l’avenir. Objectif : La formation spécialisée des soignants permet de diminuer leur détresse et comparer 2 formations Humanitude® et Formadep®. Méthode : Étude comparative multicentrique non randomisée incluant les résidents de 9 Ehpad du groupe Korian répartis dans 3 groupes de formation : Humanitude®, Formadep® et témoin avec suivi de 29 semaines. Les paramètres étudiés sont les scores NPI-ES (FG et R), BMS-10, ECPA et GIR, les médications des résidents et les taux de burn out/absentéisme/turn-over des soignants. Les tests utilisés sont Wilcoxon signedrank test, Ancova et régression linéaire. Résultats : 320 salariés et 459 résidents inclus dans 3 groupes dont 50 % de syndromes démentiels. Dans le groupe Formadep® : baisse transitoire du score NPI-R global (p < 0,05), baisse prolongé du NPI-FG « agitation/agressivité » (p = 0,035) mais transitoire du NPI-R (p < 0,05), hausse prolongé du NPI-FG « apathie/indifférence » (p = 0,002) mais transitoire du NPI-R (p = 0,003), baisse prolongée du score NPI-R (p = 0,0039) pour les comportements aberrants moteurs (CMA). Dans le groupe Humanitude® : hausse transitoire du score NPI-R (p = 0,025) pour les CMA et baisse du score NPI-R (p = 0,0032) de la dépression (sous-groupe Maladie d’Alzheimer). Les autres paramètres restent inchangés. Conclusion : Malgré la grande variabilité et l’évolution des troubles psycho-comportementaux, la formation Formadep® a montré un impact favorable sur le retentissement global des soignants et sur les trois troubles connus pour être sources importantes de détresse, par rapport à Humanitude®. Cette différence peut s’expliquer par leur philosophie. Malgré tout, la prise en charge du patient doit être multifactorielle. doi:10.1684/pnv.2014.0477 Mots clés : troubles du comportement du sujet âgé, humanitude, Formadep, NPI, syndrome démentiel, Ehpad, Korian Abstract. Background: Neuro-psychiatric behaviours of the elderly is the main issue for caregivers’ distress, burn out and high turn-over. This situation will steadily worsen with longer lifetime. Aim of the study: Specialised training of medical staff may decrease their distress: we compare both training programs Humanitude® et Formadep® outcomes. Methods: A comparative open multicentric non randomised study included 459 elderlies of 9 EHPAD of Korian Company into 3 training groups: Humanitude®, Formadep® and a group control, with 29 weeks follow-up. We studied the scoring NPI-ES (FG and R), BMS-10, ECPA and GIR, medications, caregivers’ burn out/absences/turn-over levels. Statistical significance were done by Wilcoxon signed-rank test, Ancova and linear regression. Results: 320 caregivers and 3 groups of nearly 150 elderlies each, with around 50% dementia. In Formadep® group : lower scoring for a short time of total NPI-R (p<0.05), sustained lower scoring of NPI-FG « agitation/agressivity» (p=0.035) but transitional for its NPI-R (p<0.05), sustained higher scoring of NPI-FG «apathy/indifference» (p=0.002) but transitional for its NPI-R (p=0 .003), sustained lower scoring of NPI-R (p=0.0039) for Motor Aberrant Behaviours (MAB). In Humanitude® group: transitional higher scoring of NPI-R (p=0.025) for MAB et transitional lower scoring NPI-R (p=0.0032) for depression (Alzheimer Disease sub-groupe). Pour citer cet article : Denormandie P, Dubost V, Marigot-Outtandy D, Bertin-Hugault F, Hermann F, Treffel S, Jeandel C. Évaluation comparative de deux dispositifs de formation professionnelle axés sur l’accompagnement des résidents d’Ehpad présentant des troubles psycho-comportementaux. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014; 12(2) :163-79 doi:10.1684/pnv.2014.0477 163 P. Denormandie, et al. No change for other parameters. Conclusion: Despite high variability of the neuropsychiatric behaviours in elderly, Formadep® training has shown a positive impact on the global distress and on three main challenging behaviours, compared to Humanitude®: this may be depend on their own philosophy. But caregivers’ burden in dementia is not a one-factor problem. Key words: neuropsychiatric behaviours, dementia, humanitude, Formadep, NPI, medical home for dependant people, Korian Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. E n 2007, 82 % des personnes âgées en institution présentaient au moins un trouble neuropsychiatrique et 36 % d’entre elles souffraient de démence [1], dont la principale est la maladie d’Alzheimer (MA). Cette proportion de personnes âgées démentes peut atteindre jusqu’à 50 % des effectifs en Ehpad [1] et augmente avec l’âge ; de plus, jusqu’à 96 % des résidents en institution peuvent présenter des troubles psycho-comportementaux [2]. Or sachant que la proportion des personnes de plus de 60 ans sera supérieure à 30 % de la population française en 2030 (génération du baby-boom), que les plus de 75 ans augmenteront de 60 % entre 2007 et 2035 [3], que le nombre d’aidants familiaux sera amené à diminuer [4] et que les personnes âgées rentreraient plus précocement en institution [5], le nombre de personnes âgées ayant des troubles psycho-comportementaux continuera à augmenter dans les établissements d’accueil médicalisés dont les Ehpad. Leur prise en charge en institution devient dès lors un impératif majeur. Les troubles psycho-comportementaux du sujet âgé ont surtout été étudiés en présence d’un syndrome démentiel et sont bien décrits dans la maladie d’Alzheimer [6, 7]. Ils peuvent apparaître précocement [6] avant même les signes de démence (jusqu’à 43 %) [8] et concerner jusqu’à 96 % des personnes atteintes [2, 9, 10]. Environ 55 % des patients atteints de démence présentent au moins deux troubles, 44 % au moins trois [2]. Ces troubles comprennent en ordre de fréquence décroissant : apathie, dépression, anxiété, agitation, irritabilité, comportements moteurs aberrants (CMA), délire, troubles de l’appétit et du sommeil, désinhibition, hallucinations et euphorie [11]. Ils sont source de détresse chez le soignant [12-15], d’épuisement émotionnel [16] et de surcharge de travail quel que soit le déclin cognitif [6, 17] ; leur retentissement sur le soignant est corrélé au type de trouble et à leur intensité [7, 12]. Depuis 2009, la Haute autorité de santé recommande la formation des soignants dans la prise en charge des patients présentant des troubles du comportement (HAS 2009). Beaucoup d’études ont évalué l’apport des formations sur le comportement et la charge de travail des soignants et des patients déments : les résultats sont mitigés en raison du format des études (effectifs faibles, durée courte des formations, absence ou durée de suivi post-formation courte, contenu des formations) ou de leur qualité méthodologique modérée [18, 19]. 164 Le groupe Korian a développé la formation professionnelle Formadep® (Annexe 1), qui est destinée aux soignants intervenant auprès des patients âgés ayant des troubles psycho-comportementaux, afin de diminuer la charge de travail et améliorer leur bien-être, en leur apportant les outils pour optimiser la qualité des soins dispensés aux résidents de 65 ans et plus en Ehpad. Nous avons réalisé une étude prospective en ouvert dont l’objectif principal est de mesurer et comparer l’impact de deux dispositifs de formation professionnelle continue (la méthodologie de soins Humanitude® et Formadep®) sur l’amélioration des pratiques de soins au sein de l’Ehpad versus la formation académique, c’est-à-dire d’évaluer l’impact d’un dispositif de formation tant sur les professionnels que sur les résidents. Nous avons disposé d’un effectif de patients importants des établissements du groupe Korian. Matériel et méthode Critères d’inclusion et d’exclusion Les patients éligibles devaient être âgés de 65 ans et plus, résidant dans l’établissement du groupe Korian depuis au moins 2 semaines, suivis par le soignant participant depuis au moins 2 semaines et qui les connaît bien. Ces résidents pouvaient ou non présenter une démence. Il n’y avait pas de critères d’exclusion dès lors que le patient était éligible. Les dispositifs de formation testés Nous avons choisi de tester deux dispositifs de formation, mis en place selon un format identique : Formadep® (élaborée par le Groupe Korian) et Humanitude® (Institut Gineste-Arescotti – IGM - dont la philosophie est de notoriété internationale et devenu un label de qualité de prise en charge de la personne âgée en institution). Ils ont tous deux pour objectif commun de savoir accompagner les résidents ayant des troubles du comportement en Ehpad en ciblant les outils de communication réduisant les facteurs de stress et facilitant ainsi une relation de soin adaptée avec chaque personne atteinte de troubles démentiels. La formation Humanitude® était dispensée par des formateurs de l’IGM et des formateurs du groupe Korian formés par l’IGM tandis que la formation Formadep® était Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Dispositifs de formation axés sur l’accompagnement des résidents d’Ehpad dispensée par des formateurs soignants qui continuent d’exercer en établissement. La formation Formadep® (Annexe 1), élaborée au sein du groupe Korian et dispensée par des psychologues cliniciens, privilégie l’apport de connaissances d’abord, l’échange d’expériences et la réflexion et remise en question des pratiques professionnelles, pour ensuite structurer et formaliser les apports théoriques sur les différentes démences ainsi que sur les troubles du comportement. La formation contient plusieurs ateliers de travail avec jeux de rôles et mises en situation, privilégiant l’interactivité entre participants. La formation « Humanitude® s’appuie pour les trois quarts du temps de formation sur la réalisation d’un soin essentiel : la toilette. Ce soin est réalisé par petits groupes en situation réelle et se base sur la verticalité et l’utilisation des cinq sens du résident dont le toucher. L’autre partie du temps est consacrée à l’apport théorique sur la maladie d’Alzheimer et sur la philosophie de la théorie de ses auteurs. La formation à la méthodologie de soins Humanitude® est protégée par un copyright et consultable sur le site web des Instituts Gineste-arescotti (http://www.igm-formation.net/index.php?option=comcon tent&task=view&id=25&Itemid=76). La principale différence qui ressort entre ces 2 formations est l’apport théorique, la multidisciplinarité et les échanges entre les stagiaires autour de leurs pratiques pour la Formadep®, alors que Humanitude® apporte une prise en charge individualisée du résident en situation réelle avec les stagiaires et s’appuie sur les cinq sens et la notion de verticalité. Donc la formation Humanitude® est plus axée sur la pratique et la prise en charge individualisée que Formadep®. Pour chaque établissement, la formation a été organisée selon le format suivant : – une journée d’évaluation et de sensibilisation : cette journée est assurée par un binôme de formateurs pour la formation Humanitude®, et par un formateur pour la formation de Formadep®. Elle se décompose en 2 demi-journées : évaluation de l’établissement en matinée, puis conférence de sensibilisation l’après-midi. La conférence présente les objectifs et le contenu de la formation à venir. Elle est destinée à tous les professionnels de l’établissement, y compris le personnel non soignant ; – trois sessions de formation de 4 jours chacune : chaque session de formation dure 4 jours ; elle se déroule dans l’établissement et s’adresse à un groupe d’environ dix professionnels. Il est extrêmement important que l’équipe managériale (directeur, médecin coordonnateur, infirmier référent, aide-soignant référent) participe à cette 1re session de formation. Afin de former plus de la moitié du personnel de chaque établissement dans un temps optimal, 3 ses- Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 sions de formation ont été mises en place dans chaque Ehpad sur une période maximale de 2 mois ; – une session de formation spécifique pour un soignant référent : chaque établissement désigne un soignant référent qui sera formé spécifiquement : il suivra 10 jours supplémentaires de formation (journées communes aux référents des autres établissements recevant la même formation) ; – une journée de suivi post-formation : le formateur revient dans l’établissement qu’il a formé environ 3-4 mois après la dernière session de la formation, pour faire un point sur l’après-formation avec le soignant référent, l’équipe managériale, et l’ensemble du personnel, et répondre aux interrogations qui ont pu émerger dans la pratique après la formation. C’est l’établissement (le soignant référent) qui fixe la date de la journée de suivi post-formation. Sélection des établissements participants Neuf Ehpad du groupe Korian ont participé à ce programme de recherche. La procédure de sélection des établissements participants était la suivante : – groupe de formation Humanitude® (groupe H) : appel à candidature auprès des établissements volontaires pour s’engager dans la formation à la méthodologie de soins Humanitude®. Parmi ces établissements volontaires, le groupe H a été constitué par tirage au sort de 3 établissements ; – groupe de formation Formadep (groupe F) : appel à candidature auprès des établissements volontaires pour s’engager dans la formation conçue par le groupe Korian. Parmi ces établissements volontaires, le groupe F a été constitué par tirage au sort de 3 établissements ; – groupe contrôle (groupe C) : les établissements de ce groupe ne reçoivent aucune des deux formations précédemment citées et ont un plan de formation axé principalement sur l’accès aux diplômes. Nous avons donc présélectionné les établissements concernés à partir de leur plan de formation, et avons constitué le groupe C avec 3 établissements volontaires. Quel que soit le groupe H, F ou C, les 9 établissements participants n’ont été formés à aucune des deux formations (Humanitude® ou Formadep) avant cette étude. Périodes de recueil Les 3 groupes d’établissements ont été évalués à 3 reprises : – 1er recueil (R1) : entre 4 et 6 semaines avant le début du dispositif de formation (avant la journée d’évaluation et de sensibilisation) ; 165 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. P. Denormandie, et al. – 2e recueil (R2) : entre 5 à 7 semaines après la dernière des 3 sessions de formation, mais avant la journée postformation ; – 3e recueil (R3) : entre 6 et 7 mois après la dernière des 3 sessions de formation et après la journée de post-formation. Ces 3 périodes de recueil pré- et post-formation ont été positionnées pour que la totalité du programme de recherche pour les 9 établissements puisse se dérouler sur une année civile, qui est aussi un plan de formation. Ainsi, les données recueillies ne sont pas parasitées par le plan de formation de l’année N-1 (pour R1) et par celui de l’année N+1 (pour R3). L’ensemble des indicateurs ont été recueillis par une seule et même personne (attaché de recherche clinique – psychologue), en aveugle sur le type de formation reçue l’établissement. Cette même personne est intervenue auprès des 9 établissements et a assuré les 3 périodes de recueil. Données recueillies chez les résidents Les données suivantes ont été relevées : – ancienneté, âge, sexe et score GIR des résidents ; – taux de résidents présentant une incontinence urinaire, une déficience visuelle, une déficience auditive et une démence (maladie d’Alzheimer et apparentée) ; – nombre de médicaments/jour/résident. Données recueillies chez les soignants Les données recueillies chez les soignants sont les suivantes : – ancienneté ; – profession. Critères de jugements Pour répondre à l’objectif fixé, nous avons choisi les indicateurs suivants : – Critère de jugement principal : inventaire neuropsychiatrique – version équipe soignante (NPI-ES) ; – critères de jugement secondaires : • Sur le professionnel de santé : le degré d’épuisement professionnel de l’intervenant (degré de burn out : échelle BMS-10) et le taux d’absentéisme et de turnover ; • Sur le résident : évaluation de la douleur avant et pendant les soins par l’échelle comportementale d’évaluation de la douleur chez la personne âgée non communicante (ECPA) ; l’état de dépendance du résident (GIR) ; le nombre et la qualité de médicaments par jour 166 (principalement les psycholeptiques et les psychoanaleptiques) Hormis pour l’absentéisme et le turn-over des soignants, tous les autres critères de jugement ont été effectués sur les 3 recueils R1, R2 et R3 détaillés ci-dessus. NPI-ES Le NPI est recommandé dans l’évaluation psychocomportementale dans la démence [13, 20]. C’est un outil créé et validé par Cummings, exclusivement pour évaluer l’intensité et la fréquence des troubles neuropsychiatriques du sujet dément. Ce score, rempli par le soignant, ne nécessite pas la coopération du patient. Il est reproductible, fiable, a une très bonne sensibilité et n’est pas opérateur dépendant [21]. Nous avons utilisé la version destinée à l’équipe soignante en institution (NPI-ES), qui permet aussi de mesurer le retentissement de ces troubles sur le soignant (impact sur charge de travail, quantité d’effort, temps des soins, charge émotionnelle/psychologique) [22]. Ce score porte sur 10 domaines comportementaux (apathie, anxiété, agitation/agressivité, irritabilité, comportement moteurs aberrants, désinhibition, hallucinations, délire, dysphorie/dépression et euphorie) et de deux domaines neuro-végétatifs (troubles du comportement nocturne, troubles de l’appétit), pour chacun desquels la fréquence F, la gravité G sont côtés de 1 (occasionnel) à 4 (> 1/jour) et le retentissement R de 1 (absence/minime) à 5 (détresse extrême). Il se base sur les réponses de 2-3 membres de l’équipe soignante impliquée dans la prise en charge du résident. On obtient ainsi un score NPI Fréquence x Gravité (NPI FG) et un score NPI Retentissement (NPI R). On détermine ainsi : – le score NPI FG et NPI R pour chaque domaine ; – les scores totaux NPI FG et NPI R qui correspondent respectivement à la somme des scores NPI FG et NPI des domaines concernés. Ces scores NPI FG et NPI R ont été recueillis sur l’ensemble des 12 troubles comportementaux (score total NPI 12), des 10 troubles comportementaux (score total NPI 10) hors troubles végétatifs et pour chacun des domaines (score par domaine). Nous avons conduit ce même schéma dans le sous-groupe de résidents atteints de la maladie d’Alzheimer. Ces scores seront recueillis aux temps de recueil R1, R2 et R3. Au-delà de la stricte évaluation dans le cadre de ce travail de recherche, l’intérêt du NPI-ES réside aussi dans son apport didactique pour l’équipe soignante : il permet aux soignants de nommer leurs troubles au travers de définitions sémiologiques claires. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 Dispositifs de formation axés sur l’accompagnement des résidents d’Ehpad ECPA Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. L’échelle comportementale d’évaluation de la douleur chez la personne âgée (ECPA) a démontré sa reproductibilité, sa facilité de réalisation après 30 min de formation, sa fiabilité à évaluer la douleur chez le patient traité par analgésiques (dont opioïdes) ou non, quel que soit le statut professionnel de celui qui complète le questionnaire [23]. Comparée aux autres échelles de la douleur, l’ECPA figure en bonne place [24]. Cette échelle nécessite que le soignant évaluateur se soit occupé quotidiennement du résident depuis au moins 10 jours. Le soignant évalue la douleur avant les soins (4 items : mimiques, posture, mobilisation, interaction avec environnement) et pendant les soins (4 items : anxiété, réactions pendant le soin, réaction aux soins des zones douloureuses, vocalisation de la douleur). Chaque item est coté de 0 à 4, avec des scores s’étalant de 0 (pas de douleur) à 32 (douleur maximale). La seule difficulté est que l’évaluateur ne doit pas faire appel à sa mémoire pour ne pas influer sur la cotation des réactions du résident. Le moment des soins et/ou celui de la toilette nous ont paru particulièrement intéressants à étudier car ils font partie de l’intimité des résidents et peuvent, à ce titre, être une source potentielle de difficultés dans la relation soignant/soigné, et de troubles du comportement chez les résidents présentant une altération cognitive. Ces moments particuliers ont été abordés différemment dans les dispositifs de formation testés : la formation F n’a pas spécifiquement abordé « la toilette » alors que celle-ci est le sujet phare de la formation H. Mesure de l’absentéisme et du turn-over des soignants Le taux d’absentéisme est le rapport entre certaines absences (maladie, arrêt accident du travail, arrêt accident de trajet, absences non autorisées non rémunérées) et les heures travaillées théoriques. Sont exclues les absences « non maîtrisables » : maternité, paternité, événements familiaux, congés spéciaux, enfants malades. . . Une hausse de ce taux peut être liée à une augmentation des maladies ou accidents du travail de l’établissement, ou éventuellement en lien avec une dégradation du nombre d’absences injustifiées. Le turn-over est le rapport entre la somme des sorties sur une période (uniquement démissions et fin de périodes d’essai) et l’effectif moyen sur la même période. Le taux d’absentéisme et le taux de turn-over ont été analysés selon deux méthodes en raison de la grande variabilité entre les établissements, afin d’essayer de dégager une tendance : – méthode 1 : 3 périodes de 8 mois chacune, une période avant la formation (R1), une période juste après la formation (R2) et une dernière période à distance de la formation (R3) ; – méthode 2 : 6 périodes de 6 mois chacune, avec 2 périodes avant la formation (R1 et R2), 2 périodes pendant l’année durant laquelle s’est déroulé le plan de formation concerné (R3 et R4) et 2 périodes après la formation (R5 et R6). Ces recueils de R1 à R6 sont différents de ceux décrits dans le paragraphe Périodes de recueil. Analyse statistique BMS-10 L’échelle BMS-10 de Lourel [25] est la traduction française validée du Burnout measure short version de Malach-Pines (2005). C’est un instrument de mesure du degré d’épuisement professionnel, ou burn out physique (fatigue, sommeil), mental (déception, désespoir, abandon, angoisse, dépréciation) et émotionnel (déprime, fatigue, sentiment d’échec). Il s’agit de répondre aux 10 questions suivantes par jamais (1 point), presque jamais (2 points), rarement (3 points), parfois (4 points), souvent (5 points), très souvent (6 points), toujours (7 points). On obtient alors un score entre 10 et 70. Plus le score est élevé, plus le risque de burn out est important. Pour préserver au maximum l’anonymat des professionnels, et ainsi tenter d’obtenir un score de burn out au plus près la réalité, aucun autre renseignement (ancienneté ou fonction d’établissement) n’a été demandé lors du recueil. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 Pour toutes les variables recueillies (données des résidents, critères de jugement principal et secondaires), l’analyse statistique a été réalisée en plusieurs étapes : – statistiques descriptives pour les 3 groupes de formation et les 3 périodes de recueil, en termes de moyenne ((SD) ou pourcentage, selon la nature de la variable ; – comparaison des 3 groupes de formation pour le recueil 1 (Chi2 de Pearson ou Kruskall-Wallis selon la nature de la variable), afin de voir si les 3 groupes étaient homogènes et donc comparables, malgré l’absence de randomisation ; – comparaison entre les 3 groupes de formation pour le recueil 2 et pour le recueil 3 (Chi2 de Pearson ou KruskallWallis) ; – calcul des différences (deltas) entre le recueil 2 et le recueil 1 (delta R2-R1), et entre le recueil 3 et le recueil 1 (delta R3-R1) et test de la significativité de ce delta pour chaque groupe de formation (paired T-test et Wilcoxon signed-rank test) ; 167 P. Denormandie, et al. – prédiction des deltas entre le recueil 2 et le recueil 1 (delta R2-R1), et entre le recueil 3 et le recueil 1 (delta R3R1) en fonction du groupe de formation et de l’âge (Ancova, régression linéaire) pour recherche d’un effet du dispositif de formation. Ces analyses ont été menées par une équipe suisse indépendante. L’ensemble des résultats de ces tests statistiques est disponible auprès des auteurs. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Résultats Déroulement de l’étude La figure 1 montre le déroulement global de l’étude, avec le dispositif de formation tel qu’il a été réalisé dans chacun des établissements recevant la formation H ou la formation F, et la succession des recueils pré- et postformation. Les délais moyens sont de 4,3 semaines entre le recueil R1 et le début du dispositif de formation, 5,7 semaines et 29 semaines entre la fin de cette formation et les recueils R2 et R3 respectivement. Le nombre de résidents sur lequel a porté chaque recueil s’étend de 459 à 359 personnes entre R1 et R3, cette baisse de 10 % à R2 et de 21,8 % à R3 par rapport à R1 étant liée principalement aux décès ; le reste des résidents sont les mêmes que ceux inclus au départ. Le nombre de professionnels interrogés pour l’évaluation du burn out, de l’absentéisme et du turn-over varie de 320 à 234 salariés entre R1 et R3, la baisse de 12 % à R2 et de 26,9 % à R3 étant due au turn-over et à l’absence de certains lors des périodes de recueil (congés ou arrêts maladie). Caractéristiques des résidents Les principales caractéristiques des résidents composant les 3 groupes à R1 sont présentées dans le tableau 1. Avant l’instauration des formations (R1), les 3 groupes de résidents H, F et C sont homogènes sur le taux de femmes (entre 72 % et 79 %), leur ancienneté dans l’établissement, l’existence d’une comorbidité (incontinence urinaire, déficience visuelle ou auditive), l’existence et la sévérité de la démence, le classement GIR, l’appareillage (canne, déambulateur, fauteuil roulant), le score ECPA, le nombre de médicaments/jour/résident ainsi que la prise de psycholeptiques, psychoanaleptiques et d’analgésiques sont comparables dans les 3 groupes de formation H, F et C. Seul l’âge est différent entre les groupes F et C (85 +/- 8,7 ans vs 88,4 +/- 6,6 ans respectivement, p = 0,0001). Les analyses statistiques sont réalisées avec ajustement à l’âge. Donc hormis l’âge, les 3 groupes de résidents sont comparables. Caractéristiques des salariés Les principales caractéristiques des salariés (professions et ancienneté) sont présentées dans le tableau 2. Au-delà de la représentation des différentes professions au sein d’un établissement et de l’ancienneté des sala- 413 résidents 281 salariés 459 résidents 320 salariés 359 résidents 234 salariés 60% des salariés formés Journée d’évalutation sensibilisation Formation du référent Session 1 Session 2 Journée post formation Session 3 R2 R1 R3 Processus de formation 4,3 semaines 8 semaines 5,7 semaines 29 semaines Figure 1. Déroulement de l’étude. Figure 1. Study design. 168 Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 Dispositifs de formation axés sur l’accompagnement des résidents d’Ehpad Tableau 1. Répartition des résidents, taux de femmes, âge moyen et ancienneté moyenne dans les 9 établissements et pour les 3 groupes de formation pour R1. Table 1. Number (percentage) and characteristics of patients at baseline (R1) in the 9 medical homes and in each training group. Établissement/ groupes Résidents % (n) Age (années) Ancienneté (semaines) Démences % Démences sévères % Établissement 1 8,3 (38) 87,3 ± 9,3 44,1 ± 46,9 55,3 5,3 Établissement 2 12 (55) 87,7 ± 7,3 38,6 ± 24,8 43,6 9,1 Établissement 3 12,8 (59) 87,2 ± 7,4 29,1 ± 27,2 49,1 25,4 33,1 (152) 87,4 ± 7,8 36,3 ± 32,9 48,7 14,5 Établissement 4 9,8 (45) 79,7 ± 10,5 41,3 ± 51,3 57,8 37,8 Établissement 5 10,9 (50) 88,5 ± 7,7 50,9 ± 45,8 48,0 20,0 Établissement 6 12,4 (152) 86,1 ± 5,6 11,5 ± 4,7 47,4 14,0 33,1 (152) 85,0 ± 8,7 33,3 ± 41,9 50,7 23,0 Établissement 7 10,9 (50) 88,1 ± 7,1 37,6 ± 35,1 56,0 16,0 Établissement 8 12 (55) 88,0 ± 7,3 28,2 ± 22,3 36,4 16,4 Établissement 9 10,9 (50) 88,9 ± 5,1 36,2 ± 26,3 38,0 18,0 33,8 (155) 88,4 ± 6,6 33,8 ± 28,3 43,2 16,8 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Groupe H Groupe F Groupe C Tableau 2. Représentations des différentes professions et l’ancienneté des salariés (en % du nombre total des salariés par groupe). Table 2. Healthcare workers ‘ occupations and years of service in the actual medical home (% in each training group). Groupe H (%) Groupe F (%) Groupe C (%) ASH/AV 37,1 39,7 45,6 ASD/AMP 29,5 33 22,1 IDE 6,7 11,3 9,5 Professions Diverses* 26,7 16 22,8 < 1 an 25,7 31,8 29,1 1 -3 ans 19,1 33,0 28,3 3-5 ans 19,2 13,6 17,3 > 5 ans 39,0 21,6 25,2 Ancienneté * accueil, technique, cuisine, animation, psychologue et autres. riés (liées en partie à la date de création de l’Ehpad, qui peut être plus ou moins récente), un aspect important réside dans le mode de management du directeur et la présence/l’implication de l’équipe managériale constituée du directeur, du médecin coordonnateur et de l’infirmière référente. Il n’a pas été possible d’analyser son impact sur les conditions de réussite du processus de formation. Il n’y a pas de différence significative entre les 3 groupes de formation, aussi bien pour la fréquence et la gravité du trouble du résident que pour le retentissement sur les soignants. Évolution des scores totaux NPI FG et NPI R de R1-R2 et R1-R3 : calcul des deltas Scores totaux NPI FG et NPI R pour les 3 groupes de formation pour chaque recueil Les variations des scores totaux NPI FG et NPI R entre deux recueils (R2-R1 et R3-R1) pour les 10 domaines (NPI 10) et les 12 domaines (NPI 12) du score NPI-ES sont superposables. Nous ne parlerons donc que du score global NPI FG et NPI R. Les scores totaux NPI FG et NPI R sont comparables quel que soit le recueil (R1, R2 ou R3) dans les 3 groupes de formation. On note une tendance à la baisse des scores NPI FG dans les 2 groupes de formation et à la hausse dans le groupe contrôle C (p > 0,05). Les variations de ces scores Critère de jugement principal : inventaire neuropsychiatrique version équipe soignante Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 169 P. Denormandie, et al. ne sont significatives pour aucun des 3 groupes, les écartstypes étant importants. Quant au score du retentissement NPI R, l’analyse statistique montre une diminution significative du score NPI R de R1 à R2 et de R1 à R3 uniquement dans le groupe F (p < 0,05). Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Prédiction des deltas R2-R1 et R3-R1 pour les scores NPI FG et NPI R en fonction du dispositif de formation et de l’âge des résidents Le tableau 3 présente les résultats des analyses de la covariance (Ancova) réalisées respectivement sur les deltas R2-R1 et R3-R1 des scores NPI FG et NPI R. Les résultats des analyses de la covariance (Ancova) réalisées respectivement sur les deltas R2-R1 et R3-R1 des scores NPI FG n’ont pas montré de différence significative. On ne retrouve pas d’effet groupe ou âge sur l’évolution de ces scores (Kruskal-Wallis : p > 0,05). Par contre, on observe un effet groupe significatif dans l’évolution des scores NPI R (delta R2-R1), confirmé par le test de Kruskal-Wallis (p = 0,018) ainsi qu’un effet du dispositif de formation en faveur de la formation F (Ancova, p = 0,045 et p = 0,022 respectivement pour NPI 10R et NPI 12R) sans effet âge retrouvé (Ancova, p = 0,114 et p = 0,222 respectivement). Six semaines après la formation, il y a donc un impact du processus de formation F sur les scores totaux de retentissement du NPI : la formation F diminue l’impact des troubles du résident sur l’activité professionnelle du soignant. Cependant, cet effet groupe significatif se perd à distance de la formation (7 mois) : l’évolution des scores NPI R entre R1 et R3 n’est pas significative (Kruskal-Wallis : p > 0,05). Les comparaisons multiples entre les groupes montrent une différence entre le groupe H et le groupe F (p = 0,005). Que ce soit sur le delta R2-R1 ou R3-R1, l’analyse Ancova ne repère pas d’effet de l’âge des résidents. Analyse de chaque domaine du NPI-ES : prédiction des deltas R2-R1 et R3-R1 en fonction du dispositif de formation et de l’âge des résidents Quand on analyse le score de chacun des 12 domaines du NPI-ES, seuls 3 d’entre eux sont modifiés significativement par le dispositif de formation. Le domaine « agitation/agressivité » présente une baisse significative du score FXG dans le groupe F entre les recueils R1-R2 et R1-R3 (p < 0,05) avec un effet groupe de formation pour l’évolution du score entre R1 et R2 (Ancova, p = 0,0061), mais pas entre R1 et R3. Après régression linéaire, il y a un effet du processus de forma- 170 tion : la formation F entraîne une baisse significative de l’agitation/agressivité en terme de fréquence-gravité sur R2 et R3 (p = 0,043 et p = 0,035 respectivement). Le score R du domaine « agitation/agressivité » baisse significativement dans le groupe F entre R1-R2 et R1-R3. On observe un effet groupe de formation seulement entre R1-R2, confirmé par le test du Chi2 (p = 0,00142). Il y a donc un impact significatif du processus de formation F sur le domaine « agitation/agressivité » qui persiste à distance (R3). Il n’y a pas eu d’effet âge retrouvé. Pour le domaine « apathie/indifférence », les scores NPI FG et NPI R augmentent de façon significative dans le groupe F à R2 et R3 avec une tendance inverse pour le groupe C ; on retrouve un effet groupe (variation des scores NPI FG R2-R1 : p = 0,016, NPI FG R3-R1 p = 0,02, NPI R R2-R1 : p = 0,016) sauf pour le score NPI R R3-R1 (p > 0,05) et une différence significative entre les groupes F et C (p < 0,05). L’apathie étant un trouble du comportement qui peut être sous-estimé car « silencieux », ces résultats plaideraient pour un impact positif de la formation F dans le repérage et l’évaluation de ce trouble. Cela expliquerait l’augmentation du score du retentissement à R2 dans le groupe F uniquement : l’identification accrue de ce trouble du comportement perturberait les soignants. Cet impact n’est pas retrouvé à R3. Après régression linéaire, on constate un effet groupe (les scores NPI FG et NPI R du groupe F sont significativement plus bas, quel que soit le recueil), deux effets recueils (R2 et R3 sont significativement plus bas, quels que soient le groupe de formation et le score) et l’effet d’interaction (hausse du score NPI FG à R2 et R3 et hausse du score NPI R à R2 seulement dans le groupe F). La formation F a donc un impact sur le repérage de ce trouble : ainsi, à l’issue de la formation, les soignants détectent mieux ce trouble du comportement (augmentation du score NPI FG), et cela a un impact sur le retentissement sur leurs activités professionnelles à court terme (R2). Quant au domaine « comportement moteur aberrant », il n’y a de variation significative des scores NPI FG à R2 et R3 dans aucun groupe. Quant au score NPI R, après régression linéaire, on observe un effet groupe de formation avec le groupe F : score NPI R bas à R2 et R3 et une différence significative entre les groupes F et H (p = 0,0384). On note deux effets d’interaction : le score NPI R à R2 augmente significativement dans le groupe H (avec un score NPI FG qui a tendance à augmenter dans le même temps) tandis que le score NPI R à R3 est significativement bas pour le groupe F (p = 0,039). Le comportement moteur aberrant a un retentissement plus important à l’issue de la formation H (R2) avec une tendance à mieux détecter ce trouble du comporte- Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 Dispositifs de formation axés sur l’accompagnement des résidents d’Ehpad Tableau 3. Variations des scores NPI en fonction des groupes de formation et des recueils. Table 3. Evolution of NPI scoring according to data collections and training group. Groupe H␣ Groupe F␣ Total NPI 10 FXG 0,711 (10,1) -1,652 (12,7) -1,000 (11,8) NS NS NS Total NPI 10 R 0,518 (4,51) -1,123 (5,68) -0,578 (4,61) Groupe F : p<0,05 p=0,0455 F= / H p<0,05 NS NS NS Groupe C␣ Evolution des recueils Effet groupe␦ Effet dispositif de formation Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Delta R1-R2 Total NPI 12 FXG 0,926 (10,931) -1,782 (13,675) 0,185 (13,247) Total NPI 12 R 0,718 (4,862) -1,123 (6,192) -0,464 (5,123) Groupe F : p<0,05 p=0,0218 F= / H p<0,05 Agitation/ Agressivité NPI FXG -0,052 (2,658) -1,043 (3,122) -0,214 (2,490) Groupe F : p=0,0061 p=0,043 p<0,001 F= / H Agitation/ Agressivité NPI R 0,096 (1,481) -0,500 (1,631) -0,193 (1,280) Groupe F : p<0,001 p=0,0062 F= / H p<0,05 Apathie/Indifférence NPI FXG -0,081 (4,152) 0,717 (4,418) -0,921 (4,261) Groupe F : p<0,05 NS p=0,001 Apathie/Indifférence NPI R -0,111 (1,056) 0,152 (1,350) -0,250 (1,047) Groupe F : p<0,01 p=0,0091 F= / H p=0,003 CMA NPI FXG 0,348 (2,781) -0,377 (3,677) -0,186 (3,306) NS NS NS CMA NPI R 0,178 (0,771) -0,138 (1,221) -0,036 (0,790) Groupe F : p<0,01 p=0,0248 F= / H p=0,025 Agitation NPI FXG 0,01 (2,93) -1,04 (3,36) -0,06 (2,92) Groupe F : p<0,05 NS p= 0,033 Agitation NPI R 0,12 (1,62) -0,59 (1,78) -0,08 (1,41) Groupe F : p<0,05 p=0,006 F= / H p=0,048 Apathie NPI FXG -1,06 (4,73) 1,54 (4,94) -1,40 (5,04) NS p<0,01 F= / H, F = / C p=0,045 Apathie NPI R -0,37 (1,23) 0,32 (1,63) -0,40 (1,24) Groupe F: p<0,05 p<0,05 F= / H, F = / C p=0,002 Dépression NPI FXG -0,31 (2,82) 0,28 (3,18) 0,88 (3,75) Groupe H : p<0,05 p=0,010 H= / C p=0,032 Dépression NPI R - - - NS NS NS Maladie d’Alzheimer Delta R1-R3 Total NPI 10 FXG -0,673 (11,042) -0,727 (12,448) 1,200 (13,166) Total NPI 10 R -0,549 (4,998) NS NS NS Groupe F : p<0,05 NS NS Total NPI 12 FXG -0,637 (12,204) -0,818 (13,231) 1,320 (14,356) Total NPI 12 R -0,522 (5,463) -1,025 (6,456) 0,008 (6,156) NS NS NS Groupe F : p<0,05 NS NS Agitation/ Agressivité NPI FXG -0,389 (2,911) -0,793 (3,531) 0,208 (3,117) Groupe F : p<0,05 NS p=0,035 Agitation/ Agressivité NPI R -0,150 (1,447) -0,364 (1,857) -0,168 (1,585) Groupe F : p<0,05 NS NS Apathie/Indifférence NPI FXG -0,150 (4,043) 0,628 (3,890) -0,816 (4,203) NS NS p=0,002 Apathie/Indifférence NPI R -0,124 (0,992) -0,066 (1,109) -0,200 (1,178) NS NS NS CMA NPI FXG CMA NPI R -0,018 (2,311) -0,314 (3,276) -0,272 (2,582) NS NS NS 0,088 (0,510) -0,182 (1,072) 0,032 (0,782) NS NS p=0,039 -0,983 (6,101) Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 0,024 (5,812) 171 P. Denormandie, et al. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Tableau 3. (Suite) Table 3. (Continued) Maladie d’Alzheimer Groupe H␣ Groupe F␣ Groupe C␣ Evolution des recueils Effet groupe␦ Effet dispositif de formation Agitation NPI FXG - -0,85 (3,41) - Groupe F : p<0,05 NS NS Agitation NPI R -0,04 (1,79) -0,49 (1,89) -0,08 (1,70) Groupe F : p<0,05 p<0,05 F= / H NS Apathie NPI FXG -0,44 (5,10) 1,39 (4,0) -0,86 (5,56) Groupe F : p<0,05 p<0,01 F= / H, F = / C NS Apathie NPI R -0,25 (1,29) -0,02 (1,19) -0,27 (1,56) Groupe H : p<0,05 p<0,01 F= / H, F = / C NS Dépression NPI FXG - - - NS NS NS Dépression NPI R - - - NS NS NS ␣ Moyenne (déviation standard) - référence = R1 (paired t-test/Wilcoxon signed-rank : significatif si p < 0,05) ; NS : non significatif (Ancova/test de Kruskall-Wallis ou Chi2 : significatif si p < 0,05) - régression linéaire : significatif si p < 0,05. ment par le soignant, et à l’inverse, un retentissement significativement moindre à distance de la formation F (R3). Les scores NPI FG et NPI R des autres domaines (idées délirantes, hallucinations, dépression/dysphorie, anxiété, exaltation de l’humeur, désinhibition, irritabilité/instabilité de l’humeur, troubles du sommeil et de l’appétit) ne sont pas modifiés significativement par les formations. Cependant, on note une tendance à la baisse des scores sur un nombre de domaines plus importants dans le groupe F (par rapport au groupe H) : 6 domaines pour Formadep® (versus 4) pour NPI FG et 7 domaines (versus 2) pour NPI R (résultats non présentés). Analyse du sous-groupe des résidents atteints de la maladie d’Alzheimer Afin d’affiner les résultats obtenus pour l’ensemble des résidents, toutes les analyses présentées précédemment dans cette étude ont été réalisées pour le sous-groupe de 195 résidents atteints d’un syndrome démentiel (maladie d’Alzheimer et apparentée), soit 42 % de l’effectif total des résidents à R1. Concernant l’évolution des recueils R1-R2 et R1-R3, l’analyse de ce sous-groupe (tableau 3) montre globalement des résultats comparables à ceux de l’ensemble des résidents. Les deux domaines modifiés par le processus de formation restent « agitation/agressivité » et « apathie/indifférence », avec un effet groupe de formation très net, tant sur les scores NPI FG (p = 0,033 et p = 0,045 respectivement) que sur les scores NPI R (p = 0,048 et 172 ␦ référence = groupe C 0,002 respectivement). Dans ce sous-groupe, le domaine « dépression » est modifié par la formation H (baisse du score FG – p = 0,032), sans effet groupe de formation retrouvé ; c’est un effet qu’on ne repérait pas sur l’ensemble des résidents. Comme sur l’ensemble des résidents, le processus de formation a un impact sur les domaines « agitation/agressivité » et « apathie/indifférence » à R2 (analyse Ancova), mais cet effet est perdu à distance (R3). Critères de jugement secondaires Impact du dispositif de formation sur le score ECPA Les scores ECPA aux différents recueils sont comparables dans les 3 groupes. On ne constate pas d’effet groupe de formation, ni d’effet âge sur l’évolution des scores (p = 0,195) (données non présentées). Impact du dispositif de formation sur le GIR On constate une différence significative du GIR pour les groupes F et C (entre R1 et R2) et pour les 3 groupes (entre R2 et R3) ; cependant il n’est pas retrouvé d’effet groupe, ni âge sur l’évolution du GIR (p = 0,542 et p = 0,690 respectivement). Il n’y a pas donc pas d’impact de la formation sur l’évolution du GIR (données non présentées). Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 Dispositifs de formation axés sur l’accompagnement des résidents d’Ehpad Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Impact du dispositif de formation sur la prise de médicaments journaliers Aspect quantitatif plus bas que le groupe C (p = 0,045). Cependant, on ne retrouve pas d’effet du processus de formation sur le burn out des soignants (régression linéaire, p > 0,05). Entre R1 et R2, on observe une hausse significative du nombre de médicaments/jour dans le groupe H ; cependant il n’y a ni effet groupe, ni effet âge sur la différence du nombre de médicaments/jour entre R1 et R2 (p = 0,118). Entre R1 et R3, il y a une baisse significative du nombre de médicaments/jour dans les 3 groupes, mais sans effet groupe, ni âge retrouvé (p = 0,559). Il n’y a pas d’impact du processus de formation sur l’évolution du nombre de médicaments journaliers du résident. Taux d’absentéisme et turn-over Sur les 3 périodes de 8 mois durant lesquelles nous avons recueilli les données de turn-over et d’absentéisme, 8 établissements sur les 9 ont changé un ou plusieurs membres de l’équipe managériale (directeur, médecin, infirmière référente), le directeur ayant lui-même changé au cours de ces périodes dans 6 établissements sur 9. Le taux d’absentéisme est plus élevé pour le groupe H, quelle que soit la période de recueil. On n’observe pas d’effet recueil, ni d’effet processus de formation avec les 2 méthodes d’analyse. Concernant le turn-over des soignants, la grande hétérogénéité des résultats par établissement et par recueil ne permet pas de dégager une tendance. On retrouve cette même hétérogénéité sur l’ensemble des Ehpad du groupe Korian. Aspect qualitatif Sur les 7 958 médicaments recensés et classés en ATC dans les 9 établissements, 35,8 % appartiennent au groupe du système nerveux central, 21,7 % au système cardiovasculaire et 20,6 % au système digestif et métabolique. Étant donné que l’objectif de cette étude est en lien avec la démence et les troubles du comportement, l’analyse portera sur les médicaments du système nerveux, parmi lesquels les groupes thérapeutiques les plus représentés sont : les psycholeptiques (36 %), les psychoanaleptiques (34 %) et les analgésiques (19 %) dans les 9 établissements. L’analyse statistique montre qu’il n’existe aucun impact du processus de formation sur le type de traitement médicamenteux des résidents issus des 9 établissements concernés pour ces 3 classes de médicaments du système nerveux central (résultats non présentés). Discussion Notre étude avait pour but de mettre en évidence l’effet et de comparer deux formations distinctes Formadep® et Humanitude® sur les troubles psycho-comportementaux du sujet âgé en Ehpad et d’en mesurer l’impact sur les soignants, par rapport à la formation standard académique en vue de l’obtention d’un diplôme (groupe C). Notre population était composée pour moitié de personnes démentes ; leurs effectifs respectifs selon l’état de gravité de la démence étaient restés stables au cours des différents recueils. À la différence des autres études évaluant l’impact des formations, nos effectifs étaient plus importants [19], la durée des sessions de formations étaient plus longues (3 sessions de 4 jours sur 2 mois) suivies d’une phase de consolidation et la durée de suivi post-formation était beaucoup plus longue (29 semaines) par rapport aux études précédentes [18]. Tout d’abord, nous avons mis en évidence un effet significatif favorable de la formation Formadep® L’échelle BMS-10 Le tableau 4 présente les scores BMS pour les 3 groupes de formation et pour chaque recueil. À R1, les 3 groupes sont comparables. L’analyse par régression linéaire fait apparaître un effet recueil quel que soit le groupe par l’augmentation des scores de R1 à R2 et R1 à R3 (p = 0,012 et p = 0,001 respectivement). De plus, il existe un effet groupe : le score BMS du groupe F est significativement Tableau 4. Régression linéaire sur le score BMS. Table 4. Linear regression of BMS scoring. Score BMS Évolution des recueils␣ Effet groupe Effet dispositif de formation R2 : p = 0,012 R3 : p = 0,001 Groupe H : p = 0,295 Groupe F : p = 0,045 NS␦ ␣ référence = R1 (paired t-test/Wilcoxon signed-rank : significatif si p < 0,05) ; p < 0,05) ; ␦ NS : non significatif ; régression linéaire : significatif si p < 0,05. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014  référence = Groupe C (Ancova/test de Kruskall-Wallis ou Chi2 : significatif si 173 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. P. Denormandie, et al. sur le score de retentissement NPI R global, qui persiste à 6 semaines de la formation (R2) mais se perd au 7e mois (R3) : on retrouve cet impact précoce des formations qui se dilue dans le temps dans la littérature [18]. Parallèlement, les scores NPI FG tendent à diminuer pour les deux formations, mais la tendance est plus marquée Formadep® (p > 0,05) ; cette discordance peut s’expliquer par plusieurs raisons : les troubles les plus identifiés par l’équipe peuvent ne pas être toujours les plus gênants [12, 14], le soignant a tendance à surévaluer le trouble du patient [14] et certains troubles peuvent s’aggraver rapidement selon le déclin cognitif [26]. L’impact sur le retentissement est encourageant sachant que les troubles psycho-comportementaux concernent environ 86 % à 90 % des patients atteints de la MA [26], sont sources de détresse chez les soignants [12, 17] et qu’ils sont perçus par ces derniers comme fortement liés à la baisse de la qualité de vie du résident [14]. Dans un second temps, nous avons montré un effet significatif de la formation Fomadep® sur trois troubles psycho-comportementaux : les soignants rapportent moins des troubles « agitation/agressivité » (effet prolongé) ainsi qu’une baisse provisoire de leur retentissement, mais constatent plus d’« apathie/indifférence » (effet prolongé) dont le retentissement augmente transitoirement sur le plan affectif et professionnel ; par contre, on observe une baisse prolongée du retentissement des CMA. À l’inverse, ces derniers retentissent plus sur le soignant après la Formation Humanitude®, de façon transitoire. Ces résultats sont intéressants quand on sait que, chez les personnes démentes, ces 3 domaines ont montré la plus forte prévalence ainsi que des scores NPI fréquencegravité des plus élevés [7, 27] et sont sources de détresse et de dépression chez les soignants [12, 14, 15, 28]. Le syndrome d’hyperactivité comprenant entre autre l’agitation et les CMA a été retrouvé dans des populations démente et non démente, mais de prévalence significativement plus élevée en cas de démence et proportionnelle à la perte cognitive [27, 29] ; parfois, les CMA n’ont pu être associés à un syndrome [7]. Ces troubles sont ressentis comme très perturbateurs par les soignants [7, 8, 12, 29]. La hausse observée des scores fréquence-gravité de l’apathie pourrait être due soit à une meilleure reconnaissance de ce trouble grâce à la formation, soit à son évolution intermittente en quelques mois : le retentissement transitoire s’estomperait en raison d’une prise en charge plus « physique » qu’affective de la part de l’équipe [2, 15]. La prise en charge de l’apathie reste un défi car ce trouble est le plus fréquent chez le patient atteint de la MA [6, 7, 12], peut apparaître précocement et s’aggraver indépendamment de l’intensité du déclin cognitif [26], présente le plus haut score NPI FG [6, 7, 12, 14, 26, 28], peut être source d’une grande 174 détresse chez le soignant [12, 28] et est montré comme un des facteurs prédictifs de la qualité de vie du soignant [14], les autres étant la dépression et l’irritabilité. L’apathie et les CMA sont considérés comme deux entités distinctes des autres troubles psycho-comportementaux (qui sont regroupés en syndromes), évoluant de façon autonome [6, 7, 15] et plutôt associés à un stade avancé de la démence [26, 27, 29]. Dans le sous-groupe MA, nous retrouvons aussi les mêmes effets de la formation Formadep® sur les domaines agitation/agressivité et apathie/indifférence, à la différence que l’on distingue un moindre retentissement de l’agitation sur les soignants ; mais tous ces effets se perdent à distance (R3). Par contre, aucun impact n’a été retrouvé sur les CMA, ce qui assez surprenant car ce trouble est fréquent dans les démences type Alzheimer [2, 7, 8, 27] ; cela peut s’expliquer par l’effectif faible. La formation Humanitude® a significativement diminué, certes transitoirement, l’évaluation de la dépression est sans effet sur son retentissement. La dépression peut être secondaire soit à l’incapacité consciente du patient, soit à une destruction neuronale dans les démences avancées ; elle interfère avec d’autres troubles dont elle augmente l’intensité et la fréquence tels que l’agitation, l’anxiété et l’irritabilité [2] et retentit fortement sur qualité de vie du soignant [14]. Aussi un effet favorable sur les troubles psychocomportementaux pourrait résulter de la baisse de la dépression chez le résident. La différence des résultats entre ces deux formations professionnelles peut s’expliquer par le fait que leurs objectifs et philosophies sont différents : la formation Humanitude® s’adresse « à toutes les personnes amenées à s’occuper de personnes âgées et notamment de celles qui présentent des comportements d’agitation pathologiques » ; elle apporte des méthodes de soins diminuant le stress du patient, source de résistance aux soins (et non de l’agitation proprement dite) [30], au travers de ses cinq sens [31] et luttant contre la grabatisation par la verticalisation. Cette formation est surtout pratique et se déroule en situation réelle pendant les soins « à risque » tels que la toilette. Elle a certes montré une efficacité sur l’agitation des patients atteints de démence [31, 32], pouvant persister jusqu’à six mois après la formation [32] : ces deux études étaient observationnelles, reposaient aussi sur une hétéroévaluation du soignant, utilisaient le score Cohen-Mansfield Agitation Inventory® pour l’une et un questionnaire non précisé pour l’autre et avaient des effectifs faibles. Ainsi, alors que la formation Humanitude® intervient sur les troubles d’agitation comme Formadep®, cette dernière apporte une prise en charge plus personnalisée en prenant en compte la personnalité du patient conditionnée par son passé pour mieux comprendre son comportement présent et donc Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Dispositifs de formation axés sur l’accompagnement des résidents d’Ehpad en adapter la conduite du soignant. De plus, la formation Formadep comprend une part théorique importante sur la connaissance de la pathologie et repose sur les échanges et remises en question sur les pratiques entre les stagiaires. Plusieurs études mettent en avant ou préconisent l’intérêt de la prise en charge individualisée [3, 9, 33] du patient âgé, en considérant le patient dans sa globalité pour expliquer son comportement [30]. Dans notre étude, la formation Humanitude® entraîne certes une diminution des scores NPI FG et NPI R pour l’agitation/agressivité, mais non significative à l’inverse de Formadep®. Cependant, chez l’ensemble des résidents, on observe une tendance à la diminution des scores NPI FG aux deux recueils dans plusieurs domaines pour les deux formations (6 pour Formadep® versus 4 pour Humanitude®) ainsi que pour les scores NPI R (7 domaines versus 2). Même si les objectifs des deux formations sont différents, la formation Formadep® semble avoir un impact plus étendu sur les troubles du comportement, dont l’agitation/agressivité. Sans doute que le contenu des formations doit reposer sur une part théorique et des échanges afin de comprendre les implications de la maladie du patient, de se remettre en question, de changer les mentalités et trouver des solutions avec le soignant sur l’applicabilité de nouvelles pratiques de soins en accord avec ses contraintes professionnelles. On peut se poser la question de la pertinence clinique de nos résultats compte tenu de l’évolution certes significative mais de faibles amplitudes (inférieures à 1) des scores NPI. Tout d’abord, nos deux formations ont été comparées à une formation standard qui donc a sensibilisé les soignants du groupe contrôle à la prise en charge des troubles psychocomportementaux des sujets âgés. Puis, la variabilité inter-individuelle des troubles psycho-comportementaux, leur évolution relativement rapide variable selon l’intensité du déficit cognitif [26], ainsi l’étiopathogénie des troubles de chaque résident [2, 27], peuvent expliquer les écarts types importants retrouvés, qui pèsent sur nos résultats. De plus, le déclin cognitif influe sur les scores fréquencegravité NPI des troubles psycho-comportementaux [26] et son intensité est corrélée à certains d’entre eux [7] : peut-être aurions-nous obtenu des résultats plus significatifs en analysant les scores NPI en fonction de la perte cognitive. Par ailleurs, cette grande variabilité des scores, les faibles variations significatives des scores NPI observés dans notre étude ainsi que l’impossibilité de montrer un plus grand impact des dispositifs de formation pourraient aussi être dus à l’état de dépression du soignant, dont l’intensité majore significativement les scores NPI du délire, agitation/agressivité, dépression, anxiété, apathie, désinhibition, irritabilité et comportements moteurs aberrants [12]. Peut-être en aurait-il été autrement si le résident Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 avait évalué ses propres troubles pour s’affranchir de l’écart de cotation entre les évaluations du résident et du soignant, même avec altération cognitive importante (MMS ≥ 6) [14]. Et enfin, il aurait été sans doute plus pertinent de tester les dispositifs de formation sur les syndromes comportementaux (psychose, humeur, frontal) [7] ou des groupes de comportement compte tenu de la variabilité des troubles. Rocca et al. [15] avaient montré que le fardeau des soignants ne reposait pas seulement sur la présence et la sévérité du trouble, mais aussi sur leurs associations. Cependant malgré tous ces facteurs, l’impact de la formation Formadep® s’est avéré significatif sur le retentissement global des troubles psycho-comportementaux et sur trois domaines éprouvants pour le soignant. De plus, l’absence d’effet sur les autres troubles psychocomportementaux peut s’interpréter comme une absence d’aggravation, issue d’un possible impact de la formation. L’absence de modification des scores de la douleur (ECPA) est difficilement interprétable compte tenu que l’évaluation de la douleur dépend du type de démence ou de la pathologie sous-jacente et peut être biaisée par le ressenti du soignant lui-même dépendant de son état psychologique, par un ou plusieurs troubles du comportement, par des évènements intercurrents qui auraient aggravé ou soulagé la douleur du résident [24]. Sur les autres critères secondaires, on constate une tendance à la diminution de la dépendance (score GIR) et du nombre de médicaments journaliers dans les 3 groupes. Dans notre étude, les médecins n’étaient pas concernés par aucune formation : la sensibilisation aux recommandations de prescriptions de la Haute autorité de santé [20] et le monitoring des prescriptions médicales auraient probablement permis une diminution conséquente de la prescription de psychotropes compensée par la prise en charge non médicamenteuse des troubles du comportement [34]. À partir du moment où nous n’avons pas pu mettre en évidence un impact plus marqué des dispositifs de formation sur le retentissement des troubles du comportement, il apparaît évident que nous ne montrerions pas d’effet significatif sur le burn out, le turn-over et l’absentéisme des soignants, d’autant plus que l’effectif des soignants a diminué de plus d’un quart entre le premier et dernier recueil. Le burn out est l’aboutissement de l’accumulation progressive de stress au travail issu de l’excès de charge de travail et des agressions (plutôt psychologiques) multiples de la part des patients et aboutissant à une dépréciation de soi [16, 18] et à un turn-over important. Il est difficile d’espérer pouvoir diminuer leur détresse chronique responsable du burn out, en quelques semaines. La disponibilité psychologique des soignants devait être faible compte tenu de la tendance à l’augmentation des scores du burn 175 P. Denormandie, et al. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. out au moment de cette étude. Il convient d’aider ces aidants en proie à cette lutte intérieure permanente entre leur vocation profonde et leur impuissance à s’occuper des résidents selon leurs valeurs [16]. Une étude canadienne [33] a mis en évidence d’autres facteurs rendant difficiles l’intégration de nouvelles pratiques de soins par les soignants, malgré une formation plus individualisée : même si la plupart d’entre eux étaient volontaires pour améliorer leur pratique et en ont reconnu les impacts positifs sur la relation avec le patient (bienêtre du patient, qualité de la relation, facilité des soins, satisfaction au travail, soins prodigués adaptés, facilité d’intégration de certains acquis dans leur pratique courante en accord avec leurs valeurs), des raisons professionnelles (le manque de temps principalement, le manque de cohésion de l’équipe médicale autour de l’implantation de ces nouvelles pratiques par carence du projet d’établissement), des raisons personnelles (la fatigue, les croyances à l’origine d’une non-adhérence de certains aux composants de la formation, la difficulté ou l’absence de volonté de rompre les habitudes) et des raisons environnementales (les limites cognitives du patient, l’interaction avec la famille/visiteurs) limitent l’efficacité du dispositif de formation. De plus, le biais culturel peut aussi y contribuer [35]. Dans cette même étude, les soignants ont souligné la difficulté d’intégrer les nouvelles pratiques en rapport avec l’autonomisation et la verticalisation du patient, ces deux thèmes étant un pilier de leur formation : il s’agit effectivement d’une prise en charge de longue haleine ; ceci pourrait expliquer l’absence d’effet constaté de la formation Humanitude® dans notre étude. Mais l’enjeu de toute formation, aussi performante soit-elle, passe par la possibilité de l’implanter dans le fonctionnement de l’établissement et de la rendre pérenne : cela nécessite l’implication de sa direction administrative pour permettre les changements organisationnels adéquates [18], incluant l’environnement des patients (adaptation des locaux, unités spécialisées, activités ludiques stimulantes) et un personnel formé [30]. Les limites de notre étude sont tout d’abord le biais induit par le choix de nos outils d’évaluations qui sont liés à la subjectivité du soignant, le biais induit par de possibles évènements intercurrents chez le résident et le soignant, non répertoriés et qui ont peut-être influé sur les cotations et un échantillon de résidents atteints de MA relativement faible pour démontrer un meilleur effet significatif des formations notamment sur les CMA. Nous aurions sûrement pu mieux démontrer et définir l’impact des dispositifs de formation si nous avions analysé nos scores en fonction des étiologies de troubles psycho-comportementaux, du déclin cognitif de nos résidents (dont l’atteinte asymptomatique) 176 Points clés • En 2007, 82 % des personnes âgées en institution présentaient au moins un trouble neuropsychiatrique. • Le nombre de personnes âgées ayant des troubles psycho-comportementaux continuera à augmenter dans les établissements d’accueil médicalisés dont les Ehpad. • Depuis 2009, la Haute autorité de santé recommande la formation des soignants dans la prise en charge des patients présentant des troubles du comportement (HAS 2009). • La formation Formadep® a permis de réduire significativement le retentissement global des troubles du comportement sur les soignants, ainsi que celui de l’agitation/agressivité, l’apathie et les comportements moteurs aberrants ; mais la plupart de ces effets s’estompent à distance. • Même si le personnel médical est volontaire pour améliorer leur pratique, des raisons professionnelles (le manque de temps principalement), des raisons personnelles et des raisons environnementales limitent l’efficacité du dispositif de formation. qui est lui-même lié aux troubles du comportement et des syndromes psycho-comportementaux. Les points forts sont une étude multicentrique, la réalisation de notre étude en situation réelle (panel varié des pathologies des résidents), un effectif important, des sessions de formations assez prolongées pour transmettre et échanger les idées et un suivi post-formation plus long [18]. Conclusion Le trouble du comportement est un mode de communication du sujet âgé dément ou non. La formation apporte aux soignants des outils qui leur permettent de le comprendre et d’adapter leurs soins. Cela implique une prise en charge personnalisée du patient, qui est aujourd’hui recommandée. La formation Formadep® a permis de réduire significativement le retentissement global des troubles du comportement sur les soignants, ainsi que celui de trois troubles impliqués dans la détresse et l’épuisement professionnel du personnel, que sont l’agitation/agressivité, l’apathie et la CMA. Ces résultats se retrouvent dans notre population de résidents atteinte de la MA. Mais la plupart de ces effets s’estompent à distance, résultats concordants avec la littérature [18, 19]. La formation Humanitude® n’a eu que peu d’effet : cette différence entre les deux formations découle de leurs philosophies et leurs méthodologies respectives. Ces ébauches d’effet suggèrent que la formation Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Dispositifs de formation axés sur l’accompagnement des résidents d’Ehpad doit être régulière mais aussi associée à un environnement favorable au bien-être du résident et du soignant. 14. Hurt C, Bhattacharyya S, Burns A, Camus V, Liperoti R, Marriott A, et al. Patient and caregiver perspectives of quality of life in dementia. Dement Geriatr Cogn Disord 2008 ; 26 : 138-46. Remarques : seuls les tableaux montrant des différences significatives sont insérés dans l’article. Les autres tableaux ne sont pas montrés pour ne pas alourdir l’article inutilement. Il est précisé que les données non montrées sont disponibles auprès des auteurs. 15. Rocca P, Leotta D, Liffredo C, Mingrone C, Sigaudo M, Capellero B, et al. Neuropsychiatric symptoms underlying caregiver stress and insight in Alzheimer’s disease. Dement Geriatr Cogn Disord 2010 ; 30 : 57-63. Remerciements. Les auteurs tiennent à remercier la CNSA pour son soutien financier et méthodologique, et particulièrement le comité de pilotage de ce projet : Émilie Delpit (CNSA), Marie-Aline Bloch (CNSA), Juliette Bloch (CNSA), Pascale Barberger-Gateau (ISPED), Gérard Rimbert (Technologia), Pascale Dorenlot (ANESM) et Philippe Robert (CHU Nice). 16. Evers W, Tomic W, Brouwers A. Aggressive behaviour and burnout among staff of homes for the elderly. Int J Ment Health Nurs 2002 ; 11 : 2-9. 17. Vellas B. PHRC REAL.FR : réseau français sur la maladie d’Alzheimer. Rev Med Interne 2003 ; 24 : 275s-7s. 18. Aylward S, Stolee P, Keat N, Johncox V. Effectiveness of continuing education in long-term care : a literature review. Gerontologist 2003 ; 43 : 259-71. Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec cet article. 19. Brodaty H, Green A, Koschera A. Meta-analysis of psychosocial interventions for caregivers of people with dementia. J Am Geriatr Soc 2003 ; 51 : 657-64. Références 20. Haute autorité de santé. Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : prise en charge des troubles du comportement perturbateurs. Paris : HAS, mai 2009. 1. Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Les personnes âgées en institution 2011 ; no 22. 2. Cerejeira J, Lagarto L, Mukaetova-Ladinska EB. Behavioral and psychological symptoms of dementia. Frontier in neurology 2012 ; 3 : 1-21. 3. Blanpain N, Chardon O. Projections de population aè l’horizon 2060 : un tiers de la population âgée de plus de 60 ans. Insee Première 2010 ; n◦ 1320. 4. Observatoire régional de santé d’Ile-de-France (ORS). Maladie d’Alzheimer : épidémiologie, prise en charge et prévention en Ile-deFrance. Paris : ORS, 2008 ; n o 13. 21. Cummings JL. The neuropsychiatric inventory : assessing psychopathology in dementia patients. Neurology 1997 ; 48(Suppl.16) : S10-6. 22. Sisco F, Taurel M, Lafont V, Bertogliati C, Baudu C, Girodana JY, et al. Troubles du comportement chez les sujets déments en institution : évaluation à partir de l’inventaire neuropsychiatrique pour les équipes soignantes. L’année gérontologique 2000 ; 14 : 151-71. 23. Morello R, Jean A, Alix M, Sellin-Peres D, Fermanian J. A scale to measure pain in non-verbally communicating older patients : the ECPA2. Study of its psychometric properties. Pain 2007 ; 133 : 87-98. 5. Lecroart A, Froment O, Marbot C, Roy D. Projection des populations âgées dépendantes : deux méthodes d’estimation. Paris : Dress 2013 ; Septembre. 24. Zwakhalen SMG, Hamers JPH, Abu-Saad HH, Berger MPF. Pain in elderly people with severe dementia : a systematic review of behavioural pain assessment tools. BMC Geriatrics 2006 ; 6 : 1-15. 6. Benoit M, Staccini P, Brocker P, Benhamidat T, Bertogliati C, Lechowski L. Symptômes comportementaux et psychologiques dans la maladie d’Alzheimer : résultats de 1’étude REAL.FR. La revue de médecine interne 2003 ; 24 : 319s-24s. 25. Lourel M, Gueguen N, Mouda F. L’évaluation du burnout de Pines : adaptation et validation en version française de l’instrument Burnout Measure Short version (BMS-10). Pratiques psychologiques 2007 ; 13 : 353-64. 7. Frisoni GB, Rozzini L, Gozzetti A, Binetti G, Zanetti O, Bianchetti A, et al. Behavioral syndromes in Alzheimer’s disease : description and correlates. Dement Geriatr Cogn Disord 1999 ; 10 : 130-8. 26. Benoit M, Robert PH, Staccini P, Brocker P, Guerin O, Lechowshi L, et al. One-year longitudinal evaluation of neuropsychiatric symptoms in alzheimer’s disease. The real.fr study. J Nut Health Aging 2005 ; 9 : 1-4. 8. Lyketsos CG, Lopez O, Jones B, Fitzpatrick AL, Breitner J, DeKosky S. Prevalence of neuropsychiatric symptoms in dementia an mild cognitive impairment. JAMA 2002 ; 288 : 1475-83. 27. Lyketsos CG, Steinberg M, Tschanz JT, Norton MC, Steffens DC, Breitner JCS. Mental and behavioral disturbances in dementia : findings from the cache county study on memory in aging. Am J Psychiatry 2000 ; 157 : 708-14. 9. Brocker P, Benoit B, Clement JP, Cnockaert X, Hinault P, Nourasheim F, et al. Les symptômes psychologiques et comportementaux de la démence : description et prise en charge. Revue de Gériatrie 2005 ; 30 : 241-52. 10. Mega S, Cummings JL, Fiorello T, Gornbein J. The spectrum of behavioral changes in Alzheimer’s disease. Neurology 1996 ; 46 : 130-5. 11. Centre d’expertise collective Inserm. Maladie d’Alzheimer : enjeux scientifiques, médicaux et sociétaux. Paris : Inserm, 2007. 12. Fauth EB, Gibbons A. Which behavioral and psychological symptoms of dementia are the most problematic ? Variability by prevalence, intensity, distress ratings, and associations with caregiver depressive symptoms. Int J Geriatr Psychiatry 2014 ; 29 : 263-71. 13. Cummings JL, Frank JC, Cherry D, Kohatsu ND, Kemp B, Hewett L, et al. Guidelines for managing Alzheimer’s disease : part I. Assessment. Am Fam Physician 2002 ; 65 : 2263-72. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 28. Godinho C, Camazzato A, Kochhann R, Chaves MLF. Association of caregiver demographic variables with neuropsychiatric symptoms in Alzheimer disease patients for distress on the neuropsychiatric inventory (NPI). Dement Neuropsychol 2008 ; 2 : 211-6. 29. Binetti G, Mega MS, Magni E, Padovani A, Rozzini L, Bianchetti A, et al. Behavioral disorders in alzheimer disease : a transcultural perspective. Arch Neurol 1998 ; 55 : 539-44. 30. Volicer L, Hurley AC. Management of behavioral symptoms in progressive degenerative dementias. J Gerontol 2003 ; 58 : 837-45. 31. Sicard N, Aubois I, Lasnon-Dussaussay F, Champvert. Apport de la méthodologie dans l’unité spécifique Alzheimer de la résidence de l’Abbaye à Saint-Maur-des-Fossés. journées annuelles de la société francise de gériatrie et de gérontologie. 2010. http://framework. agevillage.com/documents/pdfs/etude_humanitude_saint_maur.pdf. 177 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. P. Denormandie, et al. 32. Gineste Y, Marescotti R, Pellissier J. Méthodologie de soin GinesteMarescotti®, dite « Humanitude » et pacification des comportements d’agitation pathologique (CAP). Actes colloque. Paris, juin 2008. 34. Fossey J, Ballard C, Juszczak E, James I, Alder N, Jacoby R, et al. Effect of enhanced psychosocial care in antipsychotic use in nursing home residents with severe dementia : cluster randomised trial. BMJ 2006 ; 332 : 756-61. 33. Viau-Guay A, Bellemare M, Feillou I, Trudel L, Desrosiers J, Rabitaille MJ. Person-centered care in long-term care settings : usefulness and facility of transfer into practice. La revue canadienne du viellissement 2013 ; 31 : 57-72. 35. Binetti G, Mega MS, Magni E, Padovani A, Rozzini L, Bianchetti A, et al. Behavioral disorders in Alzheimer disease : a transcultural perspective. Arch Neurol 1998 ; 55 : 539-44. Annexe 1. Formation Formadep Synthèse du contenu pédagogique L’accompagnement des personnes désorientées Contexte Notre expérience au sein des établissements du groupe Korian a mis en évidence les besoins théoriques et pratiques des équipes dans l’accompagnement des personnes accueillies. Soucieux de valoriser et d’aider les équipes dans leur démarche d’amélioration de la qualité des services proposés et notamment aux personnes désorientées, Formadep propose un contenu de formation adapté et pragmatique. Les équipes peuvent apparaître démunies dans l’accompagnement de résidents présentant des syndromes démentiels et/ou des troubles comportementaux ; la formation que nous proposons s’inscrit dans l’exigence de l’accompagnement individualisé des résidents en s’appuyant sur le travail d’équipe pluridisciplinaire au centre du fonctionnement institutionnel. Objectifs Notre démarche d’accompagnement des équipes a pour but la réhabilitation du résident dans son univers de vie présent et passé, un apaisement des conduites agressives et/ou d’opposition. Nos objectifs de formation sont les suivants : 1. Savoir être accompagnant en Ehpad Positionner son rôle et sa fonction dans le cadre de la démarche institutionnelle Comprendre les enjeux de l’accompagnement Développer et valoriser ses compétences relationnelles 2. Savoir accompagner des personnes désorientées Acquérir les connaissances nécessaires à la compréhension des troubles liés aux syndromes démentiels Adapter sa communication et son accompagnement aux capacités du résident Mettre en pratique dans son exercice professionnel l’enseignement proposé Contenu 1. Savoir être accompagnant en Ehpad A Cadre d’intervention Approche réglementaire du travail en Ehpad : rôles, fonctions et responsabilités Analyse de Charte des droits et libertés des personnes âgées dépendantes Définition du projet institutionnel et promotion du travail d’équipe B La relation d’aide Écouter, observer, être présent, placer sa voix, toucher Être empathique, créer l’alliance thérapeutique, générer un rapport collaboratif 178 Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 Dispositifs de formation axés sur l’accompagnement des résidents d’Ehpad 2. Savoir être accompagnant auprès des personnes désorientées A Connaissance de la personne âgée désorientée La difficulté de vieillir : pertes, renoncement et adaptation Les syndromes démentiels : définitions, sémiologie, modalités diagnostiques et thérapeutiques B Sensibilisation aux outils de communication et d’accompagnement des personnes désorientées Techniques d’écoute et de remédiation cognitive, communication non verbale, description factuelle, reformulation, imitation gestuelle et posturale. . . Expérimentation des techniques dans des situations d’accompagnement. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Méthodes pédagogiques Nos méthodes pédagogiques sont fondées sur : La reconnaissance et la valorisation des connaissances et des compétences de chacun. La réflexion et la remise en question afin d’amener chaque stagiaire à avoir un regard critique et constructif sur sa pratique professionnelle. Nous nous attachons à leur proposer des outils concrets et exploitables ; dans une dynamique d’interactivité, de respect, et de collaboration, en favorisant l’expression et l’implication de chacun. Les moyens pédagogiques utilisés sont : Apports théoriques référencés et issus de la littérature scientifique sur diaporamas. Échanges autour d’études de cas rapportés par les stagiaires. Projection de films ou séquences filmées issues du programme MobiQual (Direction générale de la santé), de la Fondation nationale en gérontologie, de la banque de données du Centre national audiovisuel en santé mentale, de l’Espace éthique de l’AP-HP. Jeux de rôles et mises en situations filmées (élaborés par l’équipe d’ingénierie pédagogique de Formadep) et débriefing collégial systématisé. Public Tout soignant en charge de l’accompagnement des actes de la vie quotidienne des personnes dont certaines peuvent présenter des comportements d’agitation pathologique. Tout autre intervenant en établissement : directeur, animateur, personnel d’accueil, personnel de restauration. . . Groupe de 10 personnes maximum. Durée 4 jours soit 28 heures. Formateurs Psychologues cliniciens spécialisés en gérontologie salariés à temps partiel en Ehpad et formateur au sein de Formadep. Ils sont sélectionnés pour la qualité de leurs aptitudes relationnelles, leur maîtrise des différentes techniques pédagogiques et de communication et pour leurs expériences réussies dans ce domaine. Ils ont élaboré le support pédagogique destiné aux stagiaires. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 2, juin 2014 179