s er le doo sier N ¡ 4 - Avril 2002 d ito BULLETIN DE LÉO LAGRANGE POUR LA DÉFENSE DES CONSOMMATEURS ’acte d’achat ne doit pas se limiter à acquérir un bien ou obtenir un service en contrepartie d’un paiement ainsi que le définissent les dictionnaires. Il y a, derrière tout cela, des hommes qui ont contribué à leur conception, à leur fabrication et leur livraison ; cela nous oblige à avoir un comportement responsable car nous ne devons pas ignorer les conditions sociales de leur élaboration. C’est pourquoi nous sommes résolument engagés dans une démarche de sensibilisation de tous les acteurs économiques, avec l’objectif de déboucher sur la mise en oeuvre de filières adoptant les deux grands concepts complémentaires que sont l’éthique et l’équitable. Nous le faisons d’abord parce que cela est indiscutablement en phase avec nos engagements et ensuite parce que cela correspond à une attente forte de la société civile qu’il faut accompagner. Une récente rencontre à Lisbonne des organisations de consommateurs membres de l'Association Européenne des Consommateurs, a montré qu'il s'agissait vraiment d’une forte convergence partagée du nord au sud de l’Union européenne. Les consommateurs ne sont pas seulement au bout de la chaîne de production des produits ; ils ont réellement la possibilité d'influencer de bout en bout leur processus de fabrication. D’où notre participation active aux collectifs réfléchissant sur ce sujet et aux campagnes lancées pour populariser la démarche, mieux la faire connaître et surtout assurer sa pérennité. L’éthique est pour nous bien plus qu’un mot ; c’est une attitude responsable qui conduira à terme, au refus d’acheter des produits dont la fabrication ne respecterait pas nos exigences, à savoir : la vraie liberté syndicale des ouvriers, le refus du travail de trop jeunes enfants et des conditions de travail acceptables s’agissant des rythmes et des cadences. Là aussi, il est nécessaire de dépasser les déclarations d’intention et de générosité théoriques quitte à s’opposer aux multinationales qui sont pour le moins réticentes à l’idée d’introduire dans leurs processus le L Socialement responsables concept de développement social à leurs yeux réducteur de profits. Il s’agit en outre, de construire des filières auditées et vérifiées par des organismes tiers ce qui rend nécessaire, d’abord l’écriture de normes et ensuite l’intervention d’organismes certificateurs accrédités. Il nous faut donc d’ores et déjà populariser un certain nombre de réalisations effectives qui démontrent que la question de l’éthique dans le commerce, qui était il y a peu une utopie est aujourd’hui une réalité : • le parlement européen a montré la voie en votant la résolution HOWITT qui se prononce explicitement pour la création d’un label social reposant sur une norme sociale européenne, avec la mise en place d’un mécanisme de contrôle indépendant et d’un observatoire des pratiques, • de nombreuses collectivités locales se L’éthique est pour nous bien plus qu’un mot ; c’est une attitude responsable sont elles aussi impliquées dans cette direction en votant des motions dans lesquelles elles prennent l’engagement d’intégrer l’approche éthique dans les marchés publics, • enfin il faut souligner le succès de la récente campagne "exploiter n‘est pas jouer" qui a rassemblé plus de 190 000 signatures sur le thème porteur de l’éthique dans le secteur du jouet. L’idée progresse mais il s’agit encore d’une étape ; le combat continue et s’élargit aux placements financiers et à l’épargne salariale. Léo Lagrange Consommation est déterminée à jouer un rôle important face à cette question essentielle dont nous souhaitons que tout le réseau se saisisse car il s‘agît d’un projet en phase avec nos valeurs fondamentales. Bernard ORPHELIN Secrétaire de l’ALLDC Ethique, équitable, solidaire … où en sommes-nous ? Il y a de quoi y perdre son latin. Qui aujourd’hui est capable de faire la différence entre ces trois formes de commerce ? Dans un souci d’éducation à une consommation responsable, nous nous impliquons dans les travaux actuels concernant ces thèmes. A l’AFNOR1 tout d’abord où un groupe de travail planche sur le commerce équitable. Le principe fondamental de ce commerce est de permettre aux producteurs du Sud d’accéder aux marchés 153 avenue Jean Lolive, 93695 Pantin cedex , du Nord dans des conditions économiques équilibrées. Il s’agit d’un réel "contrat" entre producteurs du Sud et commerçants du Nord, chacun devant respecter les règles : organisation et structuration, bénéfices collectifs, respect éthi- t l 01 48 10 65 65 que et environnemental d’un côté et assurer un prix d’achat juste, réduire les intermédiaires, établir des relations durables, pratiquer un acompte à la commande, de l’autre. suite page 4 ••• http://www.leolagrange-conso.org le dossier Socialement responsables I l s s ’ e n g a g e n Artisans du Monde : 28 ans de commerce équitable e commerce équitable a le vent en poupe. Les associations de solidarités internationales ont ouvert la voie. De plus en plus d'acteurs économiques, politiques et associatifs s'y intéressent aujourd'hui. Dans une économie toujours plus mondialisée, une part croissante des produits que nous consommons vient des pays du Sud. Pourtant le développement de ces pays stagne, voire régresse, alors qu’ils devraient tirer les bénéfices de ces échanges. L Depuis 1974, Artisans du Monde agit pour un commerce plus équitable entre les pays du Nord et du Sud. Cela signifie entre autres payer un juste prix et établir une relation durable pour permettre à des producteurs marginalisés de vivre dignement de leur travail et développer des projets économiques et sociaux (santé, éducation, habitat…) dans leur communauté. Un réseau de 105 points de vente, animé par près de 4000 bénévoles et salariés, propose des produits artisanaux et alimentaires en provenance Le droit à l’enfance et les conditions humaines de travail D ans un contexte de mondialisation grandissante, où les agents économiques sont de dimension internationale, il est légitime de s’interroger sur la qualité des produits que nous consommons. Aujourd’hui, les différences structurelles et économiques entre les pays déclenchent un débat qui porte sur les conditions de fabrication des produits, notamment les jouets. Les règles du commerce international, mises en place par l’Organisation Mondiale du Commerce, apportent déjà des réponses qui sont des règles de conduite pour chaque pays membre. A son niveau, La Grande Récré mène son action en ce sens. En effet, les conditions humaines de fabrication des jouets constituent une préoccupation pour La Grande Récré qui est solidaire de toutes les actions menées pour la promotion du respect de l’homme. Ainsi, La Grande Récré met en œuvre des méthodes d’interrogation de ses fournisseurs pour avoir connaissance des conditions dans lesquelles sont produits les jouets, et plus précisément pour savoir si la production provient de pays dotés de normes légales de santé et de sécurité.. En outre, l’environnement commercial de La Grande Récré est déjà composé des plus grands fabricants dont la taille et le sérieux constituent un gage de confiance. Enfin, La grande Récré a mobilisé sur ce sujet le Syndicat Français du Jouet, dont elle est membre, pour la représenter dans les débats. 2 Franck MATHAIS Directeur de la Communication de La Grande Récré d'une centaine d’organisations de producteurs de 45 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Les boutiques sont aussi des lieux de rencontre et d’information, d’éducation au développement, où se construit un mouvement de solidarité Nord-Sud. La vente est associée à une information sur les producteurs et sur les mécanismes du commerce international. Des actions d'éducation au commerce équitable, notamment auprès du public jeune, sont menées pour permettre aux consommateurs de devenir des citoyens plus conscients et actifs dans leur choix de consommation. Le commerce équitable propose une action concrète de soutien aux pays du Sud. Chacun peut être acteur en achetant des produits équitables, en relayant des campagnes ou en devenant bénévoles ! Gérald GODREUIL Responsable conseil au Réseau Pour plus d’information : www.artisansdumonde.org Le travail des enfants est une réalité i une simple interdiction de ce phénomène complexe ne peut résoudre des problèmes sous-jacents tels que la scolarisation ou la question des revenus familiaux, certaines mesures peuvent néanmoins être prises pour lutter contre. Carrefour et Promodès confirment leur engagement dans ce domaine et conjuguent leur démarche pour être encore plus efficaces. Depuis 1995, Carrefour a mené une réflexion qui a abouti, en 1997, à la signature d’une charte avec une vingtaine de fournisseurs au Bangladesh fixant des règles de conduite bien définies : pas de travail forcé ni d’esclavage, pas d’enfants de moins de 14 ans, une durée de travail de 8 heures par jour, 48 heures par semaine, l’existence d’un plan de scolarisation et le respect des salaires minima pour les ouvriers. Dès 1994, Promodès a demandé S à ses fournisseurs de produits à marque distributeur de s’engager contractuellement à respecter les conventions internationales relatives au travail des enfants, à s’interdire d’employer des enfants mineurs pour la fabrication des produits ou tout autre tâche s’y rapportant. Par la suite, le groupe a adhéré à la norme internationale de certification sociale SA 8000 avec l’appui du Council on Economic Priorities (CEP), une association d’études économiques, et du Bureau International du Travail (BIT). Le Groupe Carrefour, propose un code de conduite européen en faveur de l’élimination du travail des enfants pour aboutir à des résultats concrets et contrôlables. C’est ainsi que nous participons à différentes initiatives soutenues par IEPCE (Initiative Européenne pour une Production et une Consommation Ethique), Eurocommerce, SA 8000… Notre démarche se construit autour des axes suivants : • établissement d’une charte fournisseur, • audit interne, • création d’une association en partenariat avec la FIDH (Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme), • adhésion au board CEP. Nous avons agi pour mettre en place un double système de contrôle interne (propre au travail des équipes de Carrefour, des fournisseurs et des bureaux de contrôle qualité) et externe (avec les ONG). Cette démarche sera généralisée dans les mois à venir. Pour fonctionner dans la durée, notre démarche doit être réaliste, crédible et générale (tous produits, tous fournisseurs), tournée prioritairement vers les pays producteurs et tous les pays ou Carrefour est implanté. Daniel BERNARD Président de Carrefour. L’épargne salariale au service de l’éthique e 29 janvier dernier, les confédérations syndicales C.F.D.T., C.F.E-C.G.C., C.F.T.C. et C.G.T. ont annoncé la création d’un comité intersyndical de l’épargne salariale ; elles ont à cette occasion affirmé leur volonté de sélectionner en commun des gestionnaires dont les offres "épargne salariale" répondront à leurs objectifs : sortir l’épargne des salariés d’une logique exclusivement financière en lui assurant des conditions de gestion qui tiennent compte non seulement de critères financiers, mais aussi des pratiques sociales et environnementales des entreprises, notamment le respect des normes fondamentales définies par l’Organisation Internationale du Travail. Concrètement, les confédérations sont convenues L de demander aux établissements financiers intéressés de proposer une offre épargne salariale socialement responsable c’est à dire : • le meilleur rapport qualité/prix pour les salariés, comprenant des services étendus (notamment pour éclairer les choix des salariés et sécuriser leur épargne) et des frais de gestion et de tenue de compte aussi réduits que possible ; • des instruments d’investissement socialement responsables et diversifiés en fonction de la sécurité et de l’orientation souhaitées par le salarié (entreprises cotées, investissements sectoriels ou régionaux, secteur social et solidaire etc..) • des garanties fortes : contrôle par un conseil de surveillance composé majoritairement de représentants de salariés (désignés par les confédéra- tions signatair compétences o sur listes syn conseil de co ment la gestio té de gestion.) Parce qu’il s l’épargne sala dynamique de rer une déma être aussi à tra trument destin et environnem Nicolas THERY C.F.D.T. n t . . . Pour une nouvelle épargne éthique et productive es temps changent, la société civile s’implique de plus en plus dans la vie politique, sociale et économique du monde. A cet égard il est intéressant de jeter aujourd’hui un regard nouveau sur l’ épargne et son usage à la lumière des évolutions en cours. Il y avait en effet jusqu’à présent majoritairement deux sortes d’épargne ; pour simplifier celle du livret A placement de précaution du "père de famille" et celle des "SICAV" plus spéculative avec toute la gamme intermédiaire de nombreux produits de placement mobilier ou immobilier. Aujourd’hui apparaît une nouvelle - et heureuse conjonction entre la récente "épargne salariale volontaire" mise en place par la loi FABIUS et la préoccupation éthique et solidaire de son placement grâce à l’initiative remarquable de quatre grandes confédérations syndicales (C.F.D.T., C.G.T., C.F.T.C., C.G.L.) qui ont décidé de s’associer à la gestion de ces nouveaux fonds. Les projets de "normes sociales" qui sont actuellement en cours (à l’origine le projet SA 8000 lancé aux USA) pourraient bien changer la donne boursière après les années de folie spéculative dont on a vu les dégâts sociaux sur la planète. Il n’est pas inutile d’observer que les indices concernant les entreprises américaines respectant leur "label social" sous la pression de certains fonds de pension et des mouvements de consommateurs montrent que sur le long terme ces placements sont aussi, voire plus performants que les aventures du NASDAQ. Notre développement durable a et aura besoin de capitaux ; mais si nous savons conjuguer intelligemment les moyens financiers de l’épargne salariale avec des placements nouveaux et pertinents en termes sociaux, économiques et écologiques, nul doute que s’ouvrent - y compris pour l’économie sociale et solidaire - des perspectives novatrices et plus qu’encourageantes pour recentrer une économie dévoyée par le court terme ultra libéral. Je souhaite donc que les mouvements de consommateurs, les partenaires sociaux, le monde économique et les responsables res, agréés en fonction de leurs politiques prennent la ou élus par les épargnants salariés mesure d’un procesndicales), capacité donnée à ce sus riche de prontrôler régulièrement et concrètemesses. on des fonds, (transparence et clarLà aussi, n’oublions ) jamais que "l’avenir s’agit de l’argent des salariés, n’est pas celui que riale qui constitue désormais une l’on attend mais celui e négociation et permet de structuque l’on fait." rche collective à leur service doit Jean AUROUX avers l’investissement ciblé, un insAncien Ministre né à peser sur les pratiques sociales Président d’honneur entales des entreprises. De la Fédération des Maires des Villes Y Moyennes. L Nous aussi Mondialisation solidaire : faire comprendre pour faire réagir 4000 paquets de café Kalinda Lobodis ont été adressés à tout le réseau Léo Lagrange de la région ainsi qu’à chaque mairie partenaire ; chaque paquet était accompagné d’un double tract, l’un a destination du consommateur achetant le paquet et destiné à lui expliquer la labellisation, le commerce équitable et les lieux de vente en Picardie, l’autre destiné à son point de vente favori… à charge pour lui de convaincre son commerçant d’ouvrir un point de vente éthique. Les effets de la mondialisation libérale se font de plus en plus visibles et nous touchent directement dans la Région Picardie par la fermeture réelle ou annoncée de plusieurs usines. Les mêmes phénomènes économiques ont des effets dévastateurs pour les ouvriers ou les petits producteurs à l’autre bout du monde. De grandes multinationales exercent un monopole pour la diffusion chez nous de certaines productions du sud. Les producteurs sont obligés de se soumettre à la cotation de leur produit sur le marché mondial où les multinationales s’organisent pour faire pression à la baisse. Contraints de s’aligner sur ces prix, le producteur n’a pas d’autre choix que d’avoir recours à une main-d’œuvre souspayée, au travail des enfants, ou de se reconvertir vers des productions illicites. C’est alors un cercle vicieux qui s’enclenche : dégradation des conditions de vie des ouvriers et des enfants, dégradation des conditions de production et enfin de la production elle-même qui doit être vendue moins cher... La seule façon efficace d’inter- venir pour interrompre cette spirale mortelle, c’est la durée. C’est le choix que nous faisons en popularisant le commerce équitable et la coopération Nord/Sud, plutôt que le pillage international. Ce type de commerce consiste à ne vendre que des produits ayant été réalisés dans des conditions respectueuses des droits de l’homme, des droits de l’enfant ainsi que des droits du travail. En contrepartie les producteurs bénéficient d’un prix d’achat garanti, au dessus des prix du marché international et ce, dans la durée. Notre action militante pour l’éducation populaire est de faire comprendre et de faire connaître pour faire réagir. Nous avons choisi un produit de consommation courante - le café - pour appuyer notre action ; et pas n’importe quel café : un café labellisé "commerce équitable" par l’association Max Havelaar. Cette campagne est inscrite dans la durée et sera diversifiée par d’autres outils éducatifs (vidéos, expos, BD…) et d’autres produits (bananes, chocolat…) afin de mener cette action éducative auprès de nos jeunes publics. Nous pensons œuvrer ainsi, dans le cadre de nos valeurs et de nos missions, pour une mondialisation de la solidarité. Christophe BERARDI Anouck FULACHIER Léo Lagrange Picardie, 24 rue Jean-Jaurès,BP 626 80006 Amiens Cédex, Tel : 03 22 82 00 58 Fax : 03 22 82 00 59 Ces enfants qui travaillent L’Association Départementale de Défense des Consommateurs 91, a, pour la campagne de "L’Ethique sur l’Etiquette", mené les actions suivantes : • nous avons initié des groupes d’apprentissage à la lecture des étiquettes, pour connaître la provenance des jouets et autres marchandises ; nous pensons ainsi pouvoir persuader les grands magasins de ne pas acheter des jouets fabriqués par des enfants, pour les nôtres. Ces rencontres ont eu pour but de sensibiliser les consommateurs sur le travail des enfants dans les pays sous-développés ou émergeants. • nous avons aussi sensibilisé le Centre des Œuvres Sociales de certaines communes, à ce qu’ils exigent avant tout achat de jouets pour les enfants de leurs personnels, leur traçabilité. • nous avons tenu plusieurs réunions d’information dans les Maisons de Quartier, sur les thèmes commerce éthique, commerce solidaire, commerce équitable et consommateur-acteur. Nous avons tenté de clarifier ces notions tout en cherchant à montrer le rôle actif que les consommateurs doivent jouer. Nous avons tenté de faire passer le message selon lequel le consommateur qui, lors d’un acte d’achat s’appuie d’une part sur les règles définies par le législateur, et d’autre part sur des règles morales aujourd’hui encore non écrites, peut infléchir le pouvoir des distributeurs et des grands magasins : il devient ainsi consommateur-citoyen. Les affiches et documents qui ont accompagné cette campagne ont été distribué dans le grand public ainsi que dans les écoles. Sadrak M’BEI Association Départementale de Défense des Consommateurs 91 Tel : 01 69 05 78 29. Fax : 01 69 45 36 25 3 suite de la page 1 ••• Et le commerce solidaire ? Il correspond au commerce équitable mais dans une logique Nord/Nord. A l’AFNOR toujours qui a mis en place une réflexion autour de l’éthique sociale, dans la suite logique de la publication du livre vert sur "La responsabilité sociale des entreprises" par la commission européenne. Cette responsabilité, qui vise surtout les PME eu égard à leur contribution importante au niveau économique et de l’emploi, est une "intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes"2. Enfin, dans le cadre du Collectif de l’Ethique sur l’Etiquette, nous travaillons à l’élaboration d’un label social, label qui donnerait des informations sur les conditions de travail dans la filière d’approvisionnement du produit concerné. Il devra garantir du respect des droits sociaux fondamentaux par tous les acteurs économiques de la filière et certifiera que les entreprises s’inscrivent dans une démarche de progrès social continu, et donc durable, pour tous les travailleurs impliqués. Pour une consommation responsable par tous, le réseau Léo Lagrange s’engage concrètement et durablement … Marie-Laure DAVY Chargée de mission Education à la Consommation et à l’Environnement 4 1 Association Française de Normalisation 2 Livre Vert "Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprises" Responsabilité sociale des entreprises près la qualité des produits, la sécurité, les systèmes d’assurance de la qualité avec les normes ISO 9000 puis ceux du management environnemental avec les ISO 14000, les consommateurs s’intéressent aux pratiques de l’entreprise dans son environnement social. Ils ont exprimé leur besoin de règles du jeu économiques et sociales, transparentes en y intégrant la dimension d’éthique sociale. Ainsi les représentants des consommateurs au comité consommation AFNOR ont souhaité qu’AFNOR étudie la faisabilité d’une norme sur les aspects éthiques des conditions de production et sur l’information donnée aux consommateurs. Cette demande a été appuyée par le Ministre en charge de la Consommation. AFNOR a ainsi entrepris en 2001 une étude autour des points suivants : définition du périmètre qui recouvre ce concept, recensement des acteurs concernés et leur soutien éventuel vis à vis de sujet, filière la plus appropriée pour débattre de cette question. AFNOR a d’abord procédé à une étude documentaire puis à un repérage des acteurs impliqués dans le champ. Des entretiens en face à face ont été organisés ainsi que des A réunions-débats et ateliers. Un rapport final, réalisé avec l’aide des acteurs impliqués et notamment des représentants des consommateurs a été rendu au comité d’orientation et de programmation d’AFNOR en juin 2001. Ce rapport recense les principales initiatives dans le domaine de la responsabilité sociale des entreprises tant publiques que privées. L’éthique sociale recouvre essentiellement, pour les personnes interrogées, la notion de responsabilité sociale de l’entreprise dans le cadre de son activité envers les diverses parties prenantes : actionnaires, clients, salariés, fournisseurs, consommateurs, pouvoirs publics,… Déjà quelques premières initiatives en normalisation ont été prises. Les participants à la réflexion sont exprimés sur le rôle de la normalisation dans ce domaine. Il ressort que la normalisation pourrait avoir une place comme outil car elle n’a pas de vocation à fixer des performances sociales aux organisations. En revanche elle peut aider à construire un consensus général destiné à une application volontaire contribuant à la compréhension mutuelle et à la cohérence des démarches tant publiques que privées. Quatre directions possibles ont été No logo Savez-vous que la plupart des marques* que nous payons quelquefois très cher ne sont que des marques? Il n'y a rien derrière ces noms, ces logos: pas d'usine pas d'ouvrier; trop lourd, trop cher à gérer. Les chaussures, les vêtements, les boissons gazeuses et autres aliments que nous consommons avec tant de plaisir, sont fabriqués ou conditionnés dans les pays du sud-est asiatique, "là où les travailleurs ont faim", par des sous-traitants qui emploient dans des zones franches (zones de non-droit où être syndiqué peut valoir la mort) des ouvriers rivés à leur chaîne 17 heures d'affilée et payés 1/2 dollar par jour ; à titre de comparaison un ouvrier américain pour le même travail est payé 18 dollars de l'heure. Lorsque le véritable processus de production est à ce point dévalué, il va de soi que les individus qui effectuent le travail le sont aussi. Les profits ainsi dégagés, sont bien sûr utilisés à engraisser les actionnaires mais - c’est moins connu - ils servent aussi à faire prospérer le logo du produit et à lui donner du sens. Il faut que les consommateurs s'identifient toujours plus à lui, à l'image qu'il renvoie ; qu’ils en fassent un objet symbole de leur mode de vie et un signe de reconnaissance tribal. Au bout du compte pour nous permettre de nous sentir mieux dans nos baskets et mieux dans nos têtes il faut que des millions d'êtres humains vivent aujourd'hui en esclavage. Est-ce vraiment une fatalité ? Non, bien sûr et le numéro spécial que vous avez entre les mains démontre le contraire, à condition que chacun d'entre nous y mette un peu du sien. Pour en savoir un peu plus sur "les mœurs dissolues" des marques, il faut lire le terrible bouquin de Naomi Klein, "NO LOGO" éditions Actes Sud 24, 24 euros. J. A. * Nike, Adidas, Coca Cola, Esprit, Kiwi, Wonderbra, Levi's, Gap etc.. identifiées pour la normalisation : • Les modalités de labellisation des produits (informations pour le consommateur) • Les informations de "reporting" • Les outils de management • Les modalités de conduite d’un audit social. Par ailleurs, le président du comité consommation d’AFNOR, Yves HUGUET (Léo Lagrange) a avec AFNOR participé à l’élaboration de la position du CEN (Comité Européen de Normalisation) en réponse à la consultation lancée par la Commission européenne sur le livre vert : promouvoir la responsabilité sociale des entreprises. Dans le même temps le COPOLCO (comité ISO pour la politique de consommation) travaille à une étude de faisabilité dont le rapport sera rendu en juin prochain lors de la réunion plénière qui sera précédée de la journée d’étude sur le même thème. Dans un domaine où les réflexions et les initiatives déjà prises sont nombreuses, la normalisation pourrait apporter transparence, crédibilité, cohérence et aide à la vérification. Annie TRICOCHE AFNOR - Conseiller affaires consommation Actualité législative Un projet de loi est en cours de discussion en Belgique, visant à promouvoir la production socialement responsable. Ce texte prévoit qu’un label pourra être apposé sur les produits par les entreprises, certifiant que toutes les étapes du processus de fabrication répondent aux critères de conformité. Ces critères comprennent au moins le respect des normes définies dans les conventions de base de l’Organisation Internationale du travail et en particulier : • l’interdiction du travail forcé • le droit à la liberté syndicale • le droit d’organisation et de négociation collective • l’interdiction de toute discrimination en matière de travail et de rémunération • l’âge minimum pour le travail des enfants ainsi que l’interdiction des pires formes de travail des enfants. A suivre… act : 01 42 71 57 70 le dossier Socialement responsables