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30 septembre 2016
Cancer du sein : les hospitalisations courtes en hausse
Le nombre de patientes qui quittent l'hôpital le jour même de leur opération a été multiplié
par cinq entre 2010 et 2015.
Arriver le matin avec une tumeur dans le sein, puis rentrer le soir chez soi, débarrassée de
l'hôte indésirable. Alors qu'une chirurgie classique requiert 3 à 7 jours d'hospitalisation en
moyenne, de plus en plus de femmes atteintes d'un cancer du sein sont prises en charge en
chirurgie ambulatoire, et restent moins de douze heures à l'hôpital. Alors que cette prise en
charge «express» ne concernait que 5% des actes en 2010 en France, ce taux s'élevait à
24% en 2015, soit près de 18 000 femmes concernées sur les 77 000 opérées cette annéelà.
Une augmentation qui concerne en particulier les vingt centres de lutte contre le cancer
(CLCC), qui affichaient en 2015 40% de prise en charge des cancers du sein par chirurgie
ambulatoire, contre 19% des actes chirurgicaux sur des cancers du sein dans les cliniques
privées. Pour le Pr Charles Coutant, responsable du département de chirurgie du CLCC de
Dijon, cette mutation est doublement vertueuse, tant pour les patientes que pour les
hôpitaux. «Cela représente d'abord une amélioration de la qualité de vie des patientes,
puisque celles-ci rentrent chez elles le soir même de l'opération. C'est aussi une diminution
des risques existant en chirurgie classique, notamment ceux liés aux infections
nosocomiales», explique le Pr Coutant.
Contrairement à l'idée qu'elle véhicule, la chirurgie ambulatoire ne présente pas de risque
particulier selon le Pr Coutant. «Le seul effet secondaire est un hématome, c'est-à-dire une
accumulation anormale de sang dans le sein. Cela peut être très douloureux mais ce n'est
pas une urgence vitale», détaille le chirurgien. Finalement, le principal critère discriminant
d'accès à cette chirurgie est d'être accompagnée d'un adulte lors du retour. L'éloignement
géographique n'est, quant à lui, pas un frein. «La patiente doit habiter à moins de 50
kilomètres d'un établissement hospitalier», rappelle le Pr Coutant.
Une organisation «militaire»
Du côté des professionnels de santé, la prise en charge très rapide des patientes implique
une organisation bien particulière, voire «militaire», selon le Pr Coutant. «En une heure, une
équipe bien entraînée peut s'assurer avant l'opération que la patiente n'a pas de fièvre ni
d'infection, localiser précisément la tumeur par radiologie et le ganglion sentinelle (celui qui
draine la tumeur) par la médecine nucléaire!», explique Charles Coutant. La patiente est
ensuite anesthésiée avant de subir une opération d'une heure et demie en moyenne. Deux
heures plus tard, elle se réveille et peut rentrer chez elle, accompagnée. Le lendemain,
l'équipe médicale l'appelle afin de s'assurer de son état de santé. Une infirmière assure le
suivi à domicile jusqu'à dix jours après l'opération.
«On ne force jamais les patientes à opter pour l'ambulatoire, ce sont elles qui prennent la
décision, rappelle le Pr Coutant. Mais les refus sont très rares», confie le chef de service du
centre dijonnais où 66% des 900 patientes annuelles souffrant d'un cancer du sein sont
prises en charge en moins d'une journée.
Les hôpitaux sont désormais encouragés à pratiquer ces actes ambulatoires pour le
traitement du cancer du sein, puisque la direction générale de l'offre de soins (DGOS) a fixé
leur rémunération à 1700 euros, soit autant que les hospitalisations traditionnelles. Mais à
tarif égal, le nombre d'opérations réalisées en chirurgie ambulatoire est en pratique plus
élevé.
Cécile Thibert
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