Les douaniers ont visé hier après-midi les voyageurs d’un vol en provenance de Maurice. (Photos Frédéric Laï-Yu) Les fruits et les légumes cueillis par les douaniers En cette période de voyages, les douaniers de Gillot multiplient les contrôles de voyageurs à l’arrivée. Ils traquent ainsi les produits végétaux, les produits laitiers ou la viande dont l’importation est interdite. Hier après-midi, ils ont scruté les bagages de passagers en provenance de Maurice. GILLOT Le vol UU107, un ATR 72 en provenance de Maurice vient de toucher le tarmac avec un quart d’heure de retard. Il est un peu plus de 15h05 hier quand les 48 passagers débarquent loin de se douter qu’ils vont faire l’objet d’un contrôle renforcé de la part des douaniers. Clic, clic, clic. Les photographes tirent à vue sur des voyageurs qui ne savent pas réellement ce qui leur arrive. Les agents des douanes ont décidé de communiquer sur les importations de denrées depuis la zone océan Indien ou depuis la métropole. En cette période de fête de fin d’années, l’aéroport RolandGarros va être très fréquenté. La douane veut donc informer. Ramener des produits locaux de séjours à Maurice ou à Madagascar est tentant. Mais attention, c’est peut-être aussi interdit. C’est le cas pour tout ce qui est végétal. Tous les fruits frais, tous les légumes, toutes les fleurs (sauf les fleurs séchées), toutes les plantes et tous les bulbes sont in- terdits d’accès à la Réunion. Et c’est valable pour tous les passagers qui entrent sur notre île qu’ils viennent d’Europe ou d’ailleurs. “L’environnement de Réunion est plus fragile. Pendant plusieurs millions d’années, il a été protégé. Nous sommes plus exposés aux nuisibles venants de l’extérieur”, explique Olivier Pinguet, responsable des postes frontaliers phytosanitaires et vétérinaires. 2 KILOS DE CAMARONS SANS CONDITIONNEMENT L’idée est d’éviter que des maladies se développent sur notre île comme ça a déjà été le cas par le passé. Une brochure distribuée dans l’aérogare rappelle d’ailleurs quelques dates. En 1846, la vigne marronne en provenance d’Asie est introduite et envahit les milieux naturels et les sentiers de randonnée. En 1972, le ver blanc arrive de la Grande Ile. L’impact est considérable et coûte plus de 600 000 euros à la filière canne à sucre. En 2004, c’est la mouche blan- che qui débarque de Maurice. L’ensemble de l’île est envahi en 4 mois seulement. Pour beaucoup de cas, ce sont les maladies végétales qui sont redoutées. Actuellement, une mouche des fruits sévissant à Madagascar est particulièrement surveillée. Elle s’attaque aux mangues et aux agrumes. Mais les douaniers et les services de l’alimentation ont aussi dans le collimateur la viande. Si on peut ramener son steak d’Europe sans problème, c’est beaucoup plus risqué de voyager avec son pavé de zébu acheté sur le marché de Tana. Car des maladies animales peuvent en effet être introduites par ce biais. Si la peine maximale encourue est de deux ans de prison et 75 000 euros d’amende, dans les faits, les douaniers sévissent principalement par la dépossession. “C’est déjà lourd ” note Gildas Guillemot, divisionnaire des douanes. “Une personne qui transporte des stupéfiants sait ce qu’elle fait. Pour ces produits, c’est différent. Nous ne trouvons pas non plus de très grosses quan- tités” En 2010, les douaniers de Gillot ont ainsi procédé à 350 dépossessions. Cette année, à ce stade, il y en a déjà eu 450. Sur un carnet, on découvre les dernières saisies : 3 kilos de piments en provenance de Mayotte, 2 kilos de gingembre, 2 kilos de fruits à pain et des brèdes, 2 kilos de camarons sans conditionnement, tout ça venant de Madagascar. Il y a aussi des tomates arbustes ou des pommes de terre. Les destructions se font dans des congélateurs coffres où les agents déversent du bleu de méthylène sur les produits interdits. Quelques voyageurs fraîchement débarqués de Maurice en ont fait les frais. Cette dame transportant une main de bananes et des mangues dans un panier made in Mauritius a dû laisser ses fruits aux agents. Mais ce contrôle renforcé et le passage au rayon X de quelques valises n’a pas permis de dénicher une cargaison des fruits et légumes provenant de l’île Sœur Nicolas Goinard Quand ce n’est pas interdit tout est question de quantité Certains bagages ont été passés aux rayons X. Si tous les produits végétaux se font refouler à l’entrée du territoire, il n’en est pas de même de la viande qui peut être transportée depuis l’Europe. En revanche, elle est bannie quand elle provient de chez nos voisins tout comme les produits laitiers. Impossible de ramener son cheddar préféré de Maurice. Quant aux crustacés et poissons, bien conditionnés, ils peuvent voyager dans les valises dans la limite d’un poids total de 20 kilos. Si vous ne pouvez pas ramener du zébu de Madagascar, ramenez des langoustes ! Quant aux alcools et autres produits, ils sont autorisés à condition de ne pas dépasser une certaine quantité. Ainsi, on peut voyager avec 200 cigarettes ou 100 cigarillos ou 50 cigares ou 250 g de tabac à fumer. On peut transporter 1 litre d’alcool titrant plus de 22° (rhum…) ou 2 litres d’alcool à moins de 22° (punch…). Ce à quoi on peut ajouter 4 litres de vin et 16 litres de bière. Le total des produits ne doit pas dépasser en valeur les 430 euros.