La connaissance de soi Approche philosophique

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La connaissance de soi
Approche philosophique
But :
Mesurer l’écart entre l’injonction philosophique « connais-toi toi-même » et les dérives d’un
intérêt démesuré donné à son propre ego qui se traduit par différentes formes dans le monde
moderne :
Moi, je, personnellement en ce qui me concerne…
La mode de l’autobiographie : mon vécu, mon ressenti, mes plaisirs, mes douleurs
C’est mon choix
La mise en scène de soi : moi dans mon lit, dans la cuisine, dans la salle de bain, aux toilettes
// Martine fait su ski, Martine à l’école, Martine petite maman (danger d’infantilisme)
Les selfie, Les I like ou non
Mesurer l’écart entre une exigence morale et une psychologisation excessive des la
connaissance de soi.
Avant, j’étais paresseux, colérique. Ces caractéristiques pouvaient être des fautes morales
que l’on devait corriger. Maintenant je suis sujet à la procrastination, hyperactif. Mes
caractéristiques deviennent des pathologies identifiées et même si elles doivent être soignées,
je n’en porte plus la responsabilité morale.
Méthode d’analyse d’un sujet : Les questionnements
I. Pourquoi faut-il se connaitre soi-même ?
II. Est-ce possible ?
III. Est-ce un devoir, une exigence morale propre à tout homme, une finalité même si elle est
inatteignable ?
I. Pourquoi
Quelles sont les raisons qui nous poussent à nous connaitre nous-mêmes ?
Quelles sont les finalités poursuivies par l’homme ?
II. Est-ce possible ?
En quoi consiste la connaissance de soi ? L’homme peut-il découvrir son identité ? A-t-il une
identité définie ? Peut-on cerner, définir le « moi » ? Le « moi » est-il une réalité, une
substance, une chose ? Qu’est-ce qui assure la permanence du moi ?
Comment atteindre la connaissance de soi ? Les moyens, les techniques de connaissance de
soi.
Quels sont les obstacles à la connaissance de soi ? Obstacles liés aux moyens de connaissance
et obstacles liés au « moi »
Le « moi » existe-t-il ? N’est-il pas une illusion ?
Lien et distinction entre connaissance de soi et conscience de soi
III. Est-ce un devoir ? Portée morale de la connaissance de soi
Développement
I. Pourquoi faut-il se connaitre soi-même ?
1. Origine. Qu’est-ce qui nous pousse à nous connaitre nous-mêmes ?
Evidence du rapport à soi, intimité, familiarité, conscience de soi, connaissance de ses goûts.
Même relation qu’au temps selon Saint Augustin. Je sais très bien ce que c’est tant qu’on ne
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me le demande pas mais si interrogation, les certitudes s’effacent.
Possibilité d’être étonné par ses comportements. Etrangeté. Suis-je celui que je crois être ?
Curiosités, mystère ? Tentative de discerner moi profond du moi superficiel
2. Finalités. Dans quels buts se connaitre soi-même ?
A. Raisons théoriques
a. La connaissance de soi comme condition des autres connaissances
La connaissance de soi est la première étape de toute connaissance. Le monde, la réalité sont
pensés par le sujet. Nécessité de comprendre qui on est pour comprendre le monde et les
autres.
b. La connaissance de ses facultés pour mesurer les limites de toute connaissance
Ex. Travail de Kant dans la Critique de la raison pure. Il est nécessaire de réfléchir sur les
différents moyens de connaissance de l’homme et leur crédibilité avant de connaître le
monde. L’étude des différentes facultés de l’homme détermine ce que l’homme est capable de
connaitre ou non, les limites de sa connaissance. La raison, l’entendement, l’imagination et les
sens fournissent les cadres de toute connaissance. Règles a priori de l’entendement. (Relation
cause-effet) ; le temps et l’espace comme formes a priori de la sensibilité.
B. Raisons pratiques, morales (qui concernent l’action)
a. La connaissance se soi permet d’atteindre le bonheur
Ex. Stoïciens. Savoir ce qui dépend de soi, ce qui n’en dépend pas. Croire que nous pouvons
changer le cours des événements est une erreur qui nous rend malheureux. Changer ses désirs
plutôt que l’ordre du monde. Seul pouvoir sur ses représentations, ses désirs, ses volontés. Les
erreurs de jugement sont la source des malheurs.
Ex. Epicuriens. Distinguer les désirs naturels dont la satisfaction est facile et nous rend
heureux des désirs vains impossibles à satisfaire car illimités. Ces désirs vains proviennent
d’une erreur de jugement, d’une illusion. Il ne s’agit pas de lutter contre ses désirs mais de
découvrir qu’ils ne sont pas réellement en nous.
Bergson. Savoir ce qui est bon pour nous, conforme à notre nature, à notre volonté
authentique
Aristote. Se réaliser soi-même, développer ses potentialités, être créateur, être citoyen
b. La connaissance de soi permet d’atteindre la liberté
Se libérer des illusions, des apparences
Obéir à soi-même, autonomie, indépendance intellectuelle et morale
« Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité tout entière, quand ils
ont avec elle cette indéfinissable ressemblance que l’on trouve parfois entre l’œuvre et
l’artiste » Bergson
c. La connaissance de soi permet d’atteindre la vertu, la sagesse, un comportement moral
Ecouter la voix de la conscience morale, savoir distinguer les devoirs de la raison des finalités
des passions et des désirs
Contrôle et maîtrise de soi
Reconnaître l’humanité en sa propre personne, dépasser le particulier, viser l’universalité
II Est-ce possible
1. En quoi consisterait cette connaissance ?
a. Qui suis-je
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*Identité
Comment se définir :
Identité : nom de famille, marié, célibataire, enfant, adulte, particularités physiques,
nationalité, religion, goûts // Annonce matrimoniale
Poésie de Roland Barthes : J’aime, je n’aime pas
J'aime : la salade, la cannelle, le fromage, les piments, la pâte d'amandes, l'odeur du foin
coupé (j'aimerais qu'un « nez » fabriquât un tel parfum), les roses, les pivoines, la lavande, le
champagne, des positions légères en politique, Glenn Gould, la bière excessivement glacée,
les oreillers plats,…
Je n'aime pas : les loulous blancs, les femmes en pantalon, les géraniums, les fraises, le
clavecin, Miro, les tautologies, les dessins animés, Arthur Rubinstein, les villas, les après
midi,…
J’aime, je n'aime pas : cela n'a aucune importance pour personne; cela, apparemment, n'a pas
de sens. Et pourtant tout cela veut dire : mon corps n'est pas le même que le vôtre.
Est-ce moi ? D’où vient que je préfère les fraises au chocolat : enfance, histoire familiale,
fraises du jardin des grands parents, appartenance culturelle, physiologie, réception de l’acide
et du sucré, digestion…Ensemble de conditions, de déterminismes, qui font de moi un résultat
de tout ce qui m’entoure ?
Un jour peut-être je n’aurai plus les mêmes gouts, le même statut, la même tête…
*Constat : changement, évolution de la personnalité ; renouvellement des cellules,
vieillissement. Est-ce que « quelque chose persiste ? Y a-t-il un substrat ? Un « moi » qui
assure la permanence ? Ex. Légende de Plutarque. Bateau de Thésée. Conservé en changeant
les planches au fur et à mesure de leur usure. Après plusieurs siècles : s’agit-il encore du
même bateau : la matière n’est plus la même ! Si les planches ont servi à autre chose, cette
autre chose est-elle le bateau, sans être un bateau ? Est-ce la forme qui conserve l’identité ?
PB. Corps-esprit
* L’homme se définit-il par son âme, son esprit, sa raison, sa volonté, sa conscience ?
Ex. Descartes
« Je pense donc je suis…c'est-à-dire je suis une chose qui pense ». « Je »= Ame
Si reconnaissance de qualités particulières ou d’états d’âme, reconnaissance immédiate de
leur insuffisance, mais persistance de l’âme, de la pensée rationnelle, de la réflexion
*Se reconnait-il à son corps, ses particularités physiques ?
Seulement corps : 2 jumeaux même corps, or deux individualités. Pas de sens d’en punir un
pour les fautes de l’autre malgré l’impossibilité de les identifier physiquement! Locke.
Personnalité : plutôt conscience et volonté !
Photographie de la CI, physionomie, mais surtout expressions, regard, pas seulement corps
mais corps et esprit
*Quels sont les liens de l’âme et du corps ? Ai-je un corps ou suis-je un corps ?
Dualisme : 2 substances distinctes. Le « moi »= âme. Pb : sentiment d’unité, de lien mais
difficulté pour trouver une explication de ce sentiment d’unité. Nécessité de la glande pinéale
pour Descartes, parallélisme pour Spinoza, harmonie préétablie pour Leibniz, explications que
présuppose l’existence de dieu.
Ambigüité du rapport de l’homme à son corps car le corps est un objet qui fait partie du
monde comme les autres objets=ce à travers quoi les autres me voient et me jugent. Peut-être
pensé comme un obstacle= ne traduit pas entièrement la personnalité, enveloppe qui diffère
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du contenu, corps=chose qui ne dépend pas seulement de nous mais d’un déterminisme
biologique.
Modification du corps= changement de la personnalité ? Suis-je différent avec un doigt en
moins, un cœur qui n’est pas le mien ? Remplacement de son corps par du matériel
technique= confirmation des théories mécanistes ? Le corps-machine ?
Mais aussi construction de son identité à travers perception, notre présence au monde, le
regard des autres sur nous. Donc corps non séparable de personnalité. Ma manière d’être en
lien avec ce par quoi je suis. L’homme se définit par ce qu’il fait et ses actions passent par un
engagement corporel dans le monde.
Mais Philosophie, pas seulement recherche de l’identité particulière. Qu’est-ce que le
« moi »= qu’est-ce que le concept de sujet, de personne. Philo= non annonce matrimoniale ou
site de rencontre : je suis comme ci comme ça, j’aime, je n’aime pas, etc. Recherche
définition d’un moi transcendantal plus que d’un moi particulier.
b. La mémoire et la conscience assure la permanence du moi, de l’identité
* Kant : La conscience assure l’unité de toutes les représentations
« Que l’homme puisse posséder le Je dans sa représentation : cela l’élève infiniment audessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. C’est par là, qu’il est une personne; et grâce
à l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule
et même personne, c’est à dire un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de
choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise. »
Anthropologie du point de vue pragmatique
*Locke. Si 2 individus différents= même conscience= même individu et si conscience de
Socrate endormi et conscience de Socrate éveillé différentes alors 2 individus
*Bergson : «Conscience signifie d'abord mémoire. Une conscience qui ne conserverait rien de
son passé, qui s'oublierait sans cesse elle-même, périrait et renaîtrait à chaque instant:
comment définir autrement l'inconscience ? Toute conscience est donc mémoire conservation et accumulation du passé dans le présent ». Mais la connaissance intuitive saisit
d’emblée l’unité de la conscience et du devenir. Le passé, le présent et le futur sont toujours
là. Un individu n’est pas la somme de ses états de conscience, comme un collier n’est pas la
somme des perles. Nécessité du fil, du fil directeur, de l’unité. Boule de neige ; escargot
*Mémoire trompeuse
*Sans mémoire : perte de l’identité. Etudes d’Oliver Sacks dans L’homme qui prenait sa
femme pour un chapeau.
*Modification de son identité en modifiant la mémoire : enfants volés dans les différentes
dictatures/ A grande échelle : modification de la mémoire collective, réécriture de l’histoire,
manipulation de l’identité d’un peuple
*Sciences/sciences fiction : possibilité d’inscrire de faux souvenirs d’une manière technique.
Jason Bourne, la mémoire dans la peau. L’empire des loups, J.C. Grangé ; Mémento,
Christopher Nolan
2. Moyens de se connaitre soi-même
a. Se connaitre soi-même : Activités théoriques, méditation, introspection. Double direction :
* confrontation avec soi-même
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* confrontation avec dieu : se connaitre par dieu, en dieu
Ex. Les confessions, Saint-Augustin. Examen de soi-même= regard de dieu sur soi
b. Autrui : Se connaitre et se construire dans l’interaction avec autrui
*Dans La phénoménologie de l’esprit, Hegel montre la lutte des consciences pour obtenir la
reconnaissance de l’autre. La reconnaissance de sa propre conscience doit être confirmée par
la reconnaissance d’une autre conscience. Les consciences s’affrontent pour obtenir une
reconnaissance mutuelle. Celui qui triomphe de ce combat est celui qui est capable de nier sa
nature animale, sa particularité, il montre qu’il n’est pas attaché aux certitudes individuelles, il
vise une existence universelle et il prouve à l’autre qu’il n’est pas attaché à la vie, il prend le
risque de mourir. Le perdant ne veut pas renoncer à la vie, il préfère renoncer à la
reconnaissance. Il perd la conscience de soi et devient esclave, c'est-à-dire une chose et non
plus un sujet. Cette situation est, néanmoins insuffisante. L’intérêt pour le maître n’est pas
d’être reconnu par un esclave qui a peur de mourir mais par un être libre. L’esclave retrouve
progressivement la liberté par le travail, la capacité qu’il a de transformer les choses. Cette
maîtrise du monde lui permet de retrouver la conscience de soi et la liberté. Cette progression
permettra d’aboutir à la reconnaissance mutuelle de deux consciences libres.
*Pb. Nature-culture/Education : L’homme être inachevé= besoin d’une éducation ;
personnalité en partie le fruit de la relation avec mère, parents, famille, école.
*Les différentes qualités que l’homme peut s’attribuer présuppose la présence et le regard des
autres.
« Imaginons que j'en sois venu, par jalousie, par intérêt, à coller mon oreille contre une porte,
à regarder par le trou d'une serrure. Je suis seul [...] Cela signifie d'abord qu'il n'y a pas de moi
pour habiter ma conscience »… »Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me
regarde. Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est que je suis soudain atteint dans mon être et que
des modifications essentielles apparaissent dans mes structures [...]. D'abord, voici que j'existe
en tant que moi pour ma conscience irréfléchie. »
Prise de conscience de la jalousie et prise de conscience de la honte à être jaloux.
c. Confrontation avec le monde : Se connaitre soi-même : Activités pratiques, confrontation
au monde
Ex. Rousseau, Hegel, Freud
L’homme prend conscience qu’il est différent du monde car la réalité extérieure offre une
résistance. Le sujet se constitue par distinction, différenciation. Pour Freud, l’homme acquiert
le principe de réalité lorsqu’il fait l’expérience que ces désirs ne sont pas tous réalisables.
L’impossibilité d’agir selon ce principe bloque l’homme dans un état infantile. Rousseau dans
son manuel d’éducation Emile donne des règles éducatives qui vont dans le même sens.
Lorsque l’enfant pleure, il ne faut pas lui amener ce qu’il désire car il peut avoir l’illusion de
la toute puissance de sa volonté. Il croit que les choses lui obéissent. Au contraire, il faut
déplacer l’enfant jusqu’à l’objet de son désir, afin qu’il prenne conscience des distances et des
efforts nécessaires pour obtenir satisfaction. On apprend à l’enfant que la réalité lui résiste, il
peut donc comprendre la différence entre le monde et lui et prendre conscience de lui-même.
On peut considérer que le nouveau-né fait l’expérience des limites de son corps en jouant avec
ses mains et ses pieds, en observant ce qui dépend de lui et ce qui n’en dépend pas.
Hegel montre que la prise de conscience de soi consiste à vaincre la résistance du réel, à
imprimer au réel la marque de sa volonté et de sa personnalité. L’exemple le plus simple cité
par Hegel montre qu’un jeune garçon qui jette des pierres dans l’eau et en admire les ronds,
admire son propre pouvoir. Les œuvres de l’homme comme les œuvres d’art reflètent la
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spiritualité de l’homme. Quand il contemple l’œuvre, il prend conscience de son existence, de
sa liberté et de sa spiritualité
3. Obstacles à cette connaissance
A. Propres à la connaissance
a. Obstacles liés à la particularité de cette forme de connaissance où l’homme est à la fois le
sujet et l’objet de la connaissance
*Subjectivité du regard :
On coïncide avec soi-même, mais on ne peut rien dire, il ne s’agit plus d’une connaissance
Ou Complaisance à l’égard de soi, Paresse, lâcheté, mauvaise foi, amour de soi, apologie,
défense de soi et de ses intérêts
*Objectivité du regard
On s’analyse comme une chose, comme un objet, on ne se comprend pas comme un sujet
pensant, une personne.
b. Obstacles liés à l’insuffisance du regard d’autrui
Bien que l’autre joue un rôle fondamental dans la prise de conscience de soi, son regard est
insuffisant, incomplet. Le regard de l’autre est comme une photographie qui fige la personne
dans un état, un geste sans pouvoir saisir son devenir et la multiplicité de ses états.
Suite exemple de la jalousie. L’autre me voit à ce moment précis. En déduit que je suis jaloux,
attache cette qualité à mon être définitivement. Etiquette. Alors que l’expérience de la honte
liée au fait d’avoir été surpris peut conduire à d’autres comportements différents.
Le regard de l’autre s’arrête aux apparences, aux conventions sociales, à la place de l’individu
dans l’entreprise, le groupe, la société, aux rôles qu’il peut y jouer. Certains individus ont peu
de reconnaissance sociale, d’autres sont ignorés, rejetés, marginalisés, exclus, ont-ils pour
autant perdu leur humanité ? A-t-on le droit de retirer toute dignité à ces hommes ?
Les mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar
« L'observation directe des hommes est une méthode moins complète encore, bornée le plus
souvent aux constatations assez basses dont se repaît la malveillance humaine. Le rang, la
position, tous nos hasards, restreignent le champ de vision du connaisseur d'hommes: mon
esclave a pour m'observer des facilités complètement différentes de celles que j'ai pour
l'observer lui-même; elles sont aussi courtes que les miennes. Le vieil Euphorion me présente
depuis vingt ans mon flacon d'huile et mon éponge, mais ma connaissance de lui s'arrête à son
service, et celle qu'il a de moi à mon bain, et toute tentative pour s'informer davantage fait
vite, à l'empereur comme à l'esclave, l'effet d'une indiscrétion. Presque tout ce que nous
savons d'autrui est de seconde main. Si par hasard un homme se confesse, il plaide sa cause;
son apologie est toute prête. Si nous l'observons, il n'est pas seul. »
B. Propres au sujet
a. Le « moi » n’existe pas
Nietzsche. Le sujet est une illusion. Confusion du « je » grammatical avec l’existence d’un
substrat. Ce qui est ramené à la pensée, à la conscience, au langage= impersonnel, utilitaire,
grégaire et non individuel.
Pascal. Le sujet est introuvable, insaisissable. Il se confond avec des qualités qui sont
périssables, mais on ne trouve rien au-delà de ses qualités.
b. Présence d’une pensée inconsciente
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Freud. Psychanalyse. Reconnaissance d’un Inconscient psychique, d’une activité mentale,
d’une pensée qui échappe à la conscience et qui ne peut être entièrement dévoilée. L’homme
demeure en partie obscur à lui-même. L’homme ne peut pas savoir qui il est, ne peut pas
connaitre toutes les raisons, les motivations de ses choix, de ses goûts, de ses actes.
Tentative pour prendre conscience de lui-même par mise à jour des pensées refoulées.
c. Définition de l’homme comme conscience
*Distinction conscience de soi et connaissance de soi
Se connaitre soi-même= prise de conscience de ce que l’on est, de ce que l’on fait.
Toute prise de conscience est une modification de l’état premier que l’on cherche à connaitre.
Si je prends conscience de ma colère, de ma timidité, de mon histoire, de mes refoulements, je
suis déjà différent de ce que j’étais. Travail de connaissance de soi= changement
Reprise de l’exemple de la jalousie : J’étais jaloux, mais englué dans le réel, je ne le savais
pas. En découvrant ma jalousie, vue par l’autre, je ne suis plus exactement jaloux tout en
l’étant car j’ai honte de cette jalousie. Distance à l’égard de soi.
*La conscience= perte de l’identité
Homme en devenir : corps et esprit, existence= temporalité
Conscience= dualité, dédoublement. Moi qui agit, parle, pense. Moi qui observe, voit.
Réfléchir= retour sur soi. Mais pas d’identité. L’homme ne coïncide pas avec lui-même.
Sartre : La conscience n’est pas ce qu’elle est et elle est ce qu’elle n’est pas.
*La conscience est une activité et non une chose
Kant. Le « moi », le « je », le « cogito » le sujet pensant n’est pas une chose, la conscience est
une activité. Le cogito est l’activité de pensée qui accompagne toutes les représentations et
qui assure l’unité de la personne et l’unité du monde. La conscience peut être pensée comme
une cause première
Schopenhauer. Le sujet : ce par quoi l’on connait mais qui ne peut être connu.
Phénoménologie. Husserl. Sartre. Conscience= intentionnalité ; la conscience est vide.
Remise en cause de l’intériorité, du for intérieur. La conscience toujours tournée vers ce
qu’elle n’est pas.
4. Liberté ou connaissance : le dilemme ?
Kant. Toute connaissance est déterministe. Se connaitre soi-même, se définir= nier sa liberté
Marx. Si l’on peut définir un moi= résultat des conditions matérielles d’existence de
l’homme. Dans une autre famille, un autre pays, je serai différent.
Cf. Résultats des sciences
Humaines : l’homme est déterminé par l’histoire, générale et personnelle, par sa société, son
appartenance sociale, les lois de la psychologie.
En général : lois de la génétique, connaissances neurologiques= modes de fonctionnement du
cerveau, interaction du cerveau et du milieu
Donc connaitre l’homme et se connaitre soi-même= nier sa liberté. Expliquer ce que l’on est
par un ensemble de mécanismes
Sartre. L’existentialisme. L’homme ne se connait pas, l’homme se construit, se façonne, se
crée. Choix d’accepter ou non les déterminismes.
L’homme n’a pas d’essence, pas de nature. L’homme est « projet ». L’homme se définit par
ses actes. Il n’est pas déterminé, pas conditionné. « Il est condamné à la liberté »
Avoir une nature, contraire à l’idée de liberté et de responsabilité.
Ex. Si je suis colérique, timide, jaloux, ma nature= excuse aux actes commis. Je n’y peux rien,
je suis comme ça, c’est dans ma nature.
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L’homme est responsable de ses actes, de lui et de l’humanité car il s’engage non seulement
pour lui mais aussi pour les autres. Impossibilité de se connaitre.
III. La connaissance ou la conscience de soi est-elle un devoir ?
1. La connaissance de soi n’est ni obligatoire, ni nécessaire
*Goethe, Conversations de Goethe avec Eckermann
« On dit et répété de tout temps qu’il faut s’efforcer de se connaitre soi-même. Voilà une
étrange obligation, à laquelle personne jusqu’à présent n’a satisfait, ni ne saurait d’ailleurs
satisfaire. » L’homme ne vit qu’en relation avec le monde extérieur. « Il ne prend
connaissance de lui-même que lorsqu’il jouit ou souffre, aussi est-ce par la douleur et la joie
seulement que l’homme est averti de lui-même, de ce qu’il doit chercher ou éviter. »
*Danger de l’amour propre
Forme d’immoralité à s’observer soi-même, à se placer au centre du monde.
Complaisance à observer ses douleurs, ses sentiments, ses émotions, à croire à l’unicité de ses
idées ou de ses émotions
*Rejet de la philosophie cartésienne par Satish Kumar dans son ouvrage anticartésien : Tu es
donc je suis. Une déclaration de dépendance : « En posant l’ego comme le moteur de l’être,
votre Descartes a institué un dangereux dualisme, il a isolé l’homme de son environnement, il
l’a proclamé indépendant. Les bouddhistes indiens, eux, se sont évertués à libérer l’homme
des illusions de l’ego, […] ont développé le principe de codépendance entre tout ce qui vit. »
L’homme a agressé les écosystèmes sans comprendre qu’il en faisait partie. Les abattoirs
industriels, l’arme atomique sont les conséquences de la croyance au rationalisme scientifique
et au progrès de la technique.
*Rejet de l’ego dans la philosophie indienne ; le nirvana, la paix, dissolution du « moi », de
son individualité, de ses désirs, de son vouloir -vivre.
2. La connaissance de soi est un impératif moral
a. Se connaitre soi-même pour devenir soi-même. L’homme être inachevé qui doit se
construire lui-même, réalisation de ses potentialités, de ses virtualités. Passage de la puissance
à l’acte. Parabole des talents
b. Etre humain : non donné mais conquête : l’homme a des devoirs à l’égard de lui-même, de
l’humanité dont il est porteur et représentant
La finalité de la philosophie serait d’être humain, de perfectionner sa spiritualité, son
humanité. « Il n’est rien si beau et légitime que de faire bien l’homme. » Montaigne
c. Etre conscient de soi et de ses actes, avoir une conscience morale, assumer la responsabilité
de ses actes. Même si l’homme n’a pas la connaissance et la maitrise complète des raisons de
ses actes, se pense comme la cause de ses actes.
Difficulté : Si l’homme est en devenir, il n’est pas toujours et par nature un criminel, un être
violent. Il peut continuer à purger une punition pour un acte qu’il ne commettrait plus. La
personne actuellement punie n’est plus celle qui a commis l’acte.
Conclusion
« Il n’est permis à personne de dire ces simples mots : je suis moi. Les meilleurs, les plus
libres peuvent dire j’existe, c’est déjà trop » Sartre, Saint-Genêt, comédien et martyr
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