furia et la defaite de bituit

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FURIA ET LA DEFAITE DE BITUIT
Denier frappé en Italie en 119 av J.C
RCV 156 - RSC 18 - BMC/RR 555 (Italy)
Crawford note 393 coins d’avers et 491 coins de revers. C’est l’un des deniers les plus courants de cette
période de la république, retrouvé en grand nombre dans presque tous les trésors Républicains.
Monétaire : Marcus Furius Philus
Fils de Lucius Furius Philus qui fut consul en 136 av J.C. La gens Furia, d’origine patricienne est une des
plus vieilles familles romaines. On pense que le berceau de la gens Furia est àTusculum, ville dans
laquelle on retrouve de nombreuses inscriptions sur les ruines de la cité portant leur nom. A titre
d’exemple, citons cet ancêtre courageux, M. Furius Camillus, dictateur en 396 av J.C qui s’empara de
Veies et triompha des Vosques et des Falisques et qui chassa les Gaulois de Rome en 389 av J.C.
Avers :
Tête de Janus barbue et laurée. Autour, M . FOURI . L . F (Marcus Furius Lucius Fillius)
Buste de Janus (musée national de Rome) et avers du denier Furia.
Janus est le plus grand dieu du Panthéon romain qui est parfois placé au dessus de Jupiter lui-même. La
légende de cette divinité explique que Janus partit de Thessalie, arriva en Italie ou Camèse, roi du Latium,
le reçut et partagea avec lui son royaume. A la mort du roi, Janus régna seul et fonda la ville de Janicule
dans laquelle il accueillit Saturne à qui il donna les terres du Capitole. En reconnaissance, Saturne donna
alors à Janus le don de voir devant et derrière (d’où la tête bicéphale dite Janiforme) et de connaitre ainsi
le passé et l’avenir, ce qui l’amena à devenir le dieu des portes physiques et spirituelles.
Aes grave et Medaillon de Comode représentant le buste de Janus.
Janus était aussi représenté tenant une clé puisqu’il était le dieu des portes terrestres et célestes. C’est la
raison pour laquelle les romains ouvraient les portes de son temple lorsqu’ils allaient au combat et les
fermaient pendant les périodes de paix, enfermant ainsi derrière ces murs la guerre finie.
Hercule devant la porte du temple de Janus combattant les Arpies (dessin G. de Lairesse 1690).
On donnait deux noms à Janus : Janus Patulcius (porte ouverte) et Janus Clusius (porte fermée) illustrant
les deux fonctions principales de ce dieu. Il donna son nom au mois de Janvier, mois représentant à la fois
l’expérience du temps écoulé (année finissante) et le chemin à poursuivre dans l’avenir (année nouvelle).
Janus était fêté pendant les Agonales le 9 Janvier, le 21 mai et le 13 décembre : on lui sacrifiait un bélier,
symbole de l’élan vital. Le temple de Janus se trouvait à Rome sur le Forum Holitorium a coté du temple
de Junon sospita et de celui de Spes.
Sesterce de Néron représentant la porte du temple de Janus fermée.
Maquette du forum ou l'on voit de haut en bas le temple de Janus, celui de junon Sospita et celui de Spes Aureus de Néron à la porte du temple de Janus fermée.
La représentation de la tête de Janus est relativement rare sur le monnayage d’argent. On le trouve à une
période antérieure sur les avers des didrachmes Romano-Campanéens et postérieurement sur des deniers,
représentant Janus debout (Pertinax, Géta) et sur des grands bronzes (Comode).
De gauche à droite : Bituit das un bige sur denier Pomponia, Janus sur denier de Geta, Tête de Janus sur
Didrachme romanoCampanéen et Janus sur denier de Pertinax.
Revers :
A droite, victoire debout tournée vers la gauche, tenant un sceptre transversal de la main droite et
couronnant un trophée gaulois à gauche. Au pied du trophée, 2 carnyx et 2 boucliers gaulois. A droite
verticalement, ROMA. A l'exergue, PHILI.
Le revers fait allusion à la fameuse victoire du consul romain Quintus Fabius Maximus, sur Bituit , roi
des Arvernes, en 121 av J.C près de l’Isère, qui mit fin au royaume Arverne et au peuple Allobroges ses
alliés, permettant la création de la Provencia (Provence) avec sa capitale Narbo (Narbonne) fondée en 117
av J.C :
Carte des province et carte des peuples Gaulois.
En 122 av J.C, Calvinus décide de transformer le camp construit au nord de Massilia (Marseille) en une
colonie romaine, la première dans la Gaule transalpine. Elle prit le nom de Aquae Sextiae (Aix en
Provence). Massilia favorise alors la formation d'une alliance entre Rome et les Eduens qui contrôlent le
confluent de la Saône et du Rhône, le Sénat romain les proclamant frères de la République. Les Eduens
sont aussi en conflit avec les Allobroges et quand ces derniers, alliés aux Arvernes, attaquent les Eduens,
ceux ci font appel à Rome. Le consul Gaius Sextius Calvinus marche contre les Allobroges, qui
soutiennent Tutomotulus, le roi des Salyens en fuite. Les Allobroges sont vaincus près de Vindalium, au
confluent de la Sorgues et du Rhône. Mais ils se refusent à livrer Teutomal et sont donc envahis par le
nouveau consul Gnaeus Domitius Ahenobarbus (barbe d'airain).
Le roi des Arvernes, Bituit, le chef le plus puissant de la Gaule, propose sa médiation mais il est humilié
parle consul qui refuse de tenir compte de son intervention en faveur des Allobroges. Les Arvernes
attaquent alors les Eduens et Bituit rassemble toutes ses forces pour se porter au secours des Allobroges.
Rome envoie alors le consul Quintus Fabius Maximus en soutien et les Eduens se rangent aussi du côté
romain. Les consuls prennent l'offensive le 8 août 121 av J.C, au confluent de l'Isère et du Rhône faisant
face aux Arvernes qui traversent laborieusement le Rhône. Bituit avait fait construire un pont en pilotis et
décide d'en construire un autre avec des barques. Mais les deux armées sont en nombre inégal : du côté
romain, trente mille légionnaires sont accompagnés d'auxiliaires massaliotes et d'Eduens. L'armée arverne
est trois fois plus nombreuse et comprend des archers Rutènes.
Détails du revers Furia (trophée, boucliers et carnyx) et soldats Arvernes.
Quintus Fabius Maximus décide d’envoyer les éléphants charger les troupes gauloises. Les Gaulois ne
savent pas comment les combattre ces animaux qu’ils ne connaissent pas. Dès lors, la fuite est générale et
le pont de bateaux cède le premier noyant de nombreux Arvernes. La marée de soldats Gaulois reflue vers
l'autre pont qui se trouve rapidement bloqué. Les Romains en profitent alors pour exterminer les
combattants mais Bituit réussit quand même à s'échapper avec le quart de ses hommes, obligeant les
Allobroges à se rendre au consul. Fabius Maximus rentre à Rome et obtient un triomphe laissant
Ahenobarbus gérer la situation seul sur place. Ce dernier étant ulcéré du comportement de Bituit,
s'empare de lui par traîtrise et l'envoie à Rome, enchainé et humilié. Mais le Sénat blâme le consul pour la
violation de la foi jurée mais garde le roi Arverne. Aussitôt, la guerre se rallume, mais les Arvernes sont
un nouvelle fois vaincus. Gnaeus Domitius Ahenobarbus installe une garnison à Toulouse et utilise ses
légions pour créer la route qui porte son nom, la voie Domitienne qui relie le Rhône aux Pyrénées.
Le trophée a tous les attributs des Gaulois que l’on retrouve représenté sur les sculptures qui ornent l’arc
de triomphe de Marius à Orange (Arausio).
Arc de Triomphe d'Orange et détails représentant les boucliers et les carnyx gaulois.
Le Carnyx est un instrument de musique des Celtes entre le VIIIe et le Ier siècle av. J.-C. Il s’agit d’une
trompe verticale d'environ 2 mètres de haut en tôle de bronze, dont le pavillon affecte généralement une
hure de sanglier qui symbolise la mort. Cet instrument devait contribuer à effrayer l’ennemi par son
aspect visuel et par sa sonorité. Les Gaulois en sonnaient au combat comme le rapportent les écrits des
auteurs grecs et latins.
Carnyx et boucliers Gaulois.
Sur le revers, La présence du mot Roma, Rome victorieuse (Roma Victrix) sert à l’emphase de la victoire
du peuple romain sur les Gaulois Allobroges et Arvernes lors de cette victoire mémorable.
Sculpture de Janus et Rome tout un symbole
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