BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) 10/03/2015 THIERRY Guilhem L2 CR : Borg Manon BMCP Pr. M. GASTALDI [email protected] 18-20 pages La Différenciation Cellulaire (1) Plan A. Définition, étapes, principes généraux B. Cellules souches et lignage cellulaire C. Détermination / différenciation D. Contrôles moléculaires et cellulaires 1. Cycle cellulaire 2. Facteurs intrinsèques 3. Facteurs extrinsèques E. Maintien de l'état différencié F. Exemples et pathologies Ce cours se compose de deux parties : la mise en place de la différenciation (la théorie, dans cette partie), et son illustration par les exemples du muscle, du système nerveux et de l'intestin (les pathologies, à voir dans la prochaine partie « exemples et pathologies »). Toutes les notions que j'ai marquées d'un * seront approfondies dans la partie F. A. Définition, étapes, principes généraux I. Définitions Adipocyte Neurone Entérocyte Spermatozoïde La différenciation cellulaire correspond à l'acquisition d'une fonction et d'une morphologie spécialisées et définitives. Une cellule différenciée s'oppose à une cellule indifférenciée (c'est-à-dire une cellule souche). 1/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) Apoptose / Prolifération / Différenciation En situation normale : – l'apoptose est limitée, – la prolifération est contrôlée – et la différenciation est régulée. En situation pathologique : – il peut y avoir soit une augmentation de l'apoptose (induction), soit une diminution de l'apoptose (résistance), – la prolifération est incontrôlée, – et la différenciation est dérégulée. Devenir d'une cellule : 3 possibilités Une cellule indifférenciée reçoit des signaux et est soumise à une régulation dont les conséquences peuvent être : – la mort cellulaire programmée (apoptose), – la prolifération, – ou l'entrée en différenciation (avec acquisition d'une structure et d'une fonction spécialisées). II. Caractéristiques de la différenciation La différenciation se produit dans un premier temps au cours du développement, avec la formation d'un organisme pluricellulaire à partir d'un zygote unicellulaire. Néanmoins un tissu adulte peut également être soumis au phénomène de différenciation, en particulier: – lors de la régénération tissulaire, un tissu lésé nécessite pour sa réparation la génération de nouvelles cellules spécialisées, – à partir de cellules souches, de façon physiologique ou après une lésion, qui sont localisées dans des zones spécialisées : les niches. La différenciation est induite à la fois par des signaux extérieurs (externes ou extrinsèques) à la cellule (qui proviennent de l'environnement), et par un programme de détermination interne (intrinsèque) (ce sont des signaux internes qui correspondent au déterminisme moléculaire). 2/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) Programme interne : 2 voies de régulation de l'expression des gènes Les signaux internes font intervenir d'une part une voie nucléaire et d'autre part une voie cytoplasmique. – Voie nucléaire elle fait intervenir : la matrice nucléaire, les points d'ancrage des chromosomes, la structure de la molécule d'ADN, et le niveau de méthylation de l'ADN qui module l'activation des gènes. – Voie cytoplasmique on y retrouve les facteurs de transcription qui régulent des transcriptions spécifiques, séquentielles et sélectives en fonction du tissu dans lequel elles interviennent, cette voie fait intervenir différentes étapes : 1. inhibition de la prolifération cellulaire 2. mise en place des processus de détermination/différenciation 3. différenciation terminale NB : détermination et différenciation ne sont pas deux processus opposés, la détermination cellulaire est incluse dans le programme de différenciation. Les caractéristiques de la différenciation Signaux spécifiques Cellule indifférenciée Cellule différenciée (structure et fonction spécifiques) Des signaux spécifiques sont reçus par une cellule souche (encore indifférenciée), celle-ci peut alors mettre en place différents phénomènes afin d'aboutir à une cellule différenciée. La différentiation est induite par des signaux externes et des signaux internes. La différenciation de la cellule se traduit par des modifications qualitatives du phénotype (modifications morphologiques, synthèse d'un nouveau produit par un gène) : c'est la spécialisation du phénotype cellulaire. Plus la cellule avance dans la voie de différenciation, plus la nature et le nombre des gènes exprimés devient restreint, spécialisé et peu plastique. Le programme de différenciation aboutit à une diminution de l'expression des gènes. A la base, la cellule pluripotente a toute possibilité d'expression des gènes. Par la différenciation, le nombre de gènes exprimés diminue. Le phénomène de différenciation est irréversible. 3/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) III. Les étapes de la différenciation La cellule indifférenciée possède une capacité d’auto-renouvellement, elle prolifère tout en recevant des signaux de maintien de l'état indifférencié. Durant son évolution, elle peut recevoir un premier signal qui induit son entrée dans la voie de différenciation. Elle arrive alors au stade de cellule déterminée (néanmoins, rien ne la différencie morphologiquement de la cellule indifférencié), et arrête de proliférer. D'autres signaux qu'elle recevra encore l'engageront un peu plus dans la voie de différenciation jusqu'à atteindre la différenciation finale. IV. Différenciation et apoptose Au cours du développement, il y a activation physiologique d'un programme d'apoptose pour certains types cellulaires. L'apoptose fait donc partie du programme de différenciation au cours du développement. C'est l'exemple de la formation des doigts par l'apoptose des espaces interdigitaux (A) et de la mise en place d'une cavité au sein d'un organe initialement plein qui deviendra creux par apoptose des cellules qu'il contient (exemple de la cavité pré-amniotique) (B). V. Importance de la mémoire cellulaire Il y a un maintien de l'état différencié chez les cellules. La majorité des types cellulaires d'un organisme adulte présente : • des caractéristiques spécialisées stables et transmissibles, • maintenues même lorsque l'environnement change. La mémoire cellulaire repose sur 3 types de facteurs : • facteurs cytoplasmiques • facteurs nucléaires - l'inactivation du chromosome X chez la femme - l'empreinte parentale par la méthylation de l'ADN - les facteurs de transcription (ex : B-HLH et lignage musculaire*) • facteurs autocrines 4/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) VI. Différenciation cellulaire et organogenèse La différenciation cellulaire est mise en place au cours du développement, notamment lors de l’organogenèse. L'embryon est au stade de Gastrula lors de l'apparition des trois feuillets principaux : – l'Ectoderme, qui donne les épithéliums de revêtement (comme l'épiderme), le système nerveux ; – le Mésoderme, qui permet la formation des tissus musculaires cardiaques, squelettiques et lisses, des cellules sanguines, du rein, des os et des gonades ; – l'Endoderme qui donne les organes internes : poumons, glande thyroïde, tractus gastro-intestinal avec le pancréas... VII. Différenciation et expression combinée de différentes catégories de gènes La différenciation correspond également à l'expression combinée de différents types de gènes. On classe ces gènes en 5 groupes : – Gènes du groupes 1 : les gardiens du génome, gènes ménages ou « house keeper » ils sont exprimés pratiquement dans toutes les cellules. – Gènes du groupe 2 ils sont impliqués dans la prolifération, ils sont inactivés dans les cellules différenciées. – Gènes du groupe 3 ils sont impliqués dans la différenciation et la mémoire cellulaire, ils sont spécifiques du lignage cellulaire. – Gènes du groupe 4 spécifiques des tissus et des cellules différenciées. – Gènes du groupe 5 ce sont des gènes de régulation impliqués dans les voies de contrôle de la fonction spécifique. Seuls les gènes du groupe 1 ne sont pas intéressés par la différenciation. Les gènes du groupes 2 sont eux impliqués négativement (ils sont inactivés lors de la différenciation). Les gènes des groupes 3, 4 et 5 interviennent spécifiquement dans la différenciation selon le tissu*. VIII. Moyens d'étude Ils sont multiples pour étudier la différenciation : – traditionnellement, l'observation au microscope et l'embryologie expérimentale – les marquages cellulaires (comme l'immunohistochimie et les anticorps) – les cultures cellulaires – les différents modèles animaux – les animaux transgéniques (surexpression génique ou modèle KO) – puces à ADN, à ARN, analyses de la chromatine... 5/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) B. Cellules souches et lignage cellulaire Certaines cellules persistent pendant toute la vie de l'individu sans renouvellement, d'autres seront remplacées. De façon général, le remplacement des cellules mortes se fait par les cellules souches : Cellule Souche Toutes les cellules souches ont 3 propriétés : • l'auto-renouvellement : elles peuvent se multiplier de façon illimitée et produire d'une part des cellules filles identiques et d'autre part des cellules qui s'engageront dans une voie de différenciation ; • une capacité de prolifération élevée ou illimitée ; • la potentialité : elles ont une forte capacité à se différencier en différents types de cellules. A noter que les cellules souches n'ont pas toutes une capacité illimitée de prolifération. Cela dépend de leur état indifférencié. Plus une cellule est indifférencié, plus sa capacité de prolifération est importante. C'est pourquoi il existe des cellules souches à capacité de prolifération illimitée, et des cellules souches à capacité de prolifération élevée (qui sont relativement moins indifférenciées/plus différenciées que les précédentes). Selon le même principe, une cellule souche très indifférenciée possède une potentialité plus importante qu'une autre plus engagée. Niche Les niches sont les sites spécifiques dans un tissu où résident les cellules souches Elles comportent d'autres types cellulaires que les cellules souches, en particulier les cellules mésenchymateuses. Ce sont les niches qui contrôle l'auto-renouvellement des cellules souches (par des facteurs de croissance). Lignage cellulaire Un lignage cellulaire correspond à l'ensemble des cellules dérivant d'une même cellule souche avec un devenir restreint à un type de différenciation. 6/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) Premier exemple : le lignage des cellules du mésoderme* Lignage osseux . cellule progénitrice osseuse . pro-ostéoblaste . ostéoblaste . ostéoblaste mature . ostéocyte Cellules mésodermiques Lignage musculaire . cellules des somites . myoblaste . myotube . myofibre Les cellules souches mésodermiques sont à l'origine à la fois du lignage osseux et du lignage musculaire. Le lignage osseux correspond à différents types de cellules qui vont de la progénitrice osseuse (encore peu différenciée) jusqu'à l'ostéocyte (différenciation finale). Dans le lignage musculaire on retrouve les myoblastes (peu différenciés) à l'origine des myotubes et myofibres (état différencié). Second exemple : le lignage des cellules intestinales* Cellules souches intestinales . cellules de Paneth . cellules à mucus . cellules enteroendocrines . entérocytes (cellules absorbantes) Dans l'épithélium intestinal, la villosité correspond à au compartiment en cours de différenciation tandis que la crypte est le compartiment prolifératif. Dans le fond des cryptes sont présentes des cellules souches (environ 4 à 5 par crypte) qui donneront naissance à tous les types de cellules différenciés : cellules de Paneth, cellules à mucus, cellules enteroendocrine, entérocytes (=cellules intestinales fonctionnelles). Les cellules migrent et remontent depuis la crypte vers la villosité tout en devenant des cellules entérocytaires (représentés en blanc). Après 4 à 5 jours, elles atteignent le sommet de la villosité intestinal et meurent par apoptose au stade de différenciation terminale. 7/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) C. Détermination / différenciation On pourrait seulement parler de différenciation et non plus de détermination : une cellule déterminée est juste une cellule souche s'engageant dans une voie de différenciation. Cellule déterminée Une cellule déterminée est engagée dans une voie de différenciation. Elle ne possède pas encore de modifications structurales ou fonctionnelles visibles. Mais il y a déjà chez elle une mise en place du lignage cellulaire. Elle a une capacité de développement/multiplication plus limitée. Elle engage sa descendance dans une voie de développement spécialisée. Ce moment durant lequel la cellule est déterminée est défini expérimentalement. Cellule différenciée Elle possède une fonction et une morphologie spécialisées et définitives. La différenciation est induite par des signaux extérieurs et par un programme interne. Plus la cellule se différencie et plus la quantité de gènes exprimés est restreinte (stade de différenciation terminale). Prolifération, différenciation Détermination et différenciation cellulaires reflètent l'expression de gènes de contrôle. Quel est la nature des molécules impliquées ? Quel est le mécanisme de mémoire ? Comment détermination et différenciation sont-elles liées ? Ce sont souvent les mêmes types de molécules (ou des variants des gènes) qui sont exprimés à différents moments successifs ou à différents endroits. Selon le moment et le lieu où sont exprimés les gènes, la cellule va pouvoir entrer en différenciation ou pas. D. Contrôles moléculaires et cellulaires (Partie la plus importante selon la prof) Signal extérieur (même tissu ou tissu différent) - arrêt du cycle cellulaire - signalisation intrinsèque : répression/ expression successive de gènes spécifiques (lignage cellulaire) = programme de détermination interne - signalisation extrinsèque : inductions successives ; signalisation intercellulaires détermination-différenciation 8/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) Après avoir reçu un signal extérieur, la cellule indifférenciée connaît un arrêt de son cycle cellulaire, avant que ne se mettent en place deux types de signalisations intrinsèque et extrinsèque, qui aboutiront à la différenciation cellulaire. I. Arrêt du cycle cellulaire L'arrêt du cycle cellulaire est dû à l'expression de la p21. p21 : Inducteur de la différenciation Sous l'influence de signaux extérieurs, il va y avoir augmentation de l'expression de la p21. Celle-ci précède la mise en place dans la cellule du programme de différenciation avec comme première étape la sortie en G1 du cycle cellulaire. p21 bloque le cycle cellulaire et induit la différenciation. Activation de la différenciation musculaire On a pu montré que dans le muscle, l'augmentation de la p21 (qui induit arrêt du cycle cellulaire et différenciation) était postérieure à l'augmentation de la p53. On observe en effet dans le Northern Blot (=ARN) ci-dessus, qu'après un signal de différenciation, l'augmentation de la p21 (maximale à 96h) était précédée par l'augmentation de la p53 (maximale à 36h). Il y a également induction d'autres types de gènes spécifiquement musculaire, comme par exemple ici la myogénine. Dans les souris KO mutée p21-/- on ne retrouve pas de différenciation musculaire, pas de cellules musculaires et pas de facteurs de transcription de la myogénine. 9/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) II. Facteurs intrinsèques On parle également de signalisation intrinsèque ou signalisation interne, de programme de détermination (qui est spécifique du lignage cellulaire)... Cela correspond à la mise en place de la répression des gènes de prolifération et l'expression des gènes du lignage. a. Au niveau de l'ADN ou de l'ARN – le degré de méthylation de l'ADN (avec les îlots CpG) : . la méthylation est un mécanisme répresseur de la transcription en général (+ l'ADN est méthylé, - il y aura accéssibilité du génome pour les FRT). . elle fait intervenir la 3 DNA méthyltransférase (Dnmt) . la méthylation est faible au sein des cellules souches (expression des gènes importante) . une hyperméthylation s'effectue au cours de la différenciation : une répression du programme de pluripotence ? (cf cellules iPS) – le degré de compaction de la molécule d'ADN dans les nucléosomes (qui réduit l’accès pour les facteurs de transcription se liant à l'ADN) : . le ratio homochromatine/hétérochromatine est variable : au sein du noyau, au cours de la différenciation, et au cours du cycle cellulaire . selon le degré d'acétylation des histones . des facteurs ATP dépendants (comme le complexe swi-snf) peuvent également décompacter l'ADN – – – – la structure de l'ADN et la matrice nucléaire les ARNs non codant (« nc RNA ») le RNA editing et les miRNA b. Facteurs de transcription (niveau trans) On parle ici des facteurs de transcription qui agissent par eux-mêmes (attention il existe aussi des facteurs de transcription induits par la fixation d'un ligand) C'est l'exemple des facteurs de transcription Myc, Max, Mad, qui agissent par la formation des hétérodimères Myc-Max ou Mad-Max. Les dimères Myc-Max induisent la prolifération. Les deux dimères sont antagonistes Les dimères Mad-Max induisent la différenciation. Myc possède une demi-vie courte (20-30min) : – il est exprimé durant la transition G0-G1 (+ facteurs de croissance) – lorsque le taux de Myc est élevé : les cellules prolifèrent Mad – – – il est non exprimé quand la cellule est en prolifération mais il est augmenté par les inducteurs de la différenciation il lie Max d'où une compétition entre les facteurs Myc et Mad 10/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) Max est neutre, il possède une expression constante au cours du cycle cellulaire Compétition entre les dimères Myc-Max et Mad-Max Exemple d'une lésion de l'ADN : L'ADN lésé est un signal qui entraîne une augmentation de la p53 avec différentes possibilités : – si le taux du dimère Myc-Max est élevé : . soit la cellule entre en apoptose (c'est le cas lorsque le dimère Bax/Bcl2 est en concentration importante), . soit la cellule entre en phase S et continue sa prolifération (c'est le cas lorsque les cyclines A, E, D1 sont en augmentation) ; – si c'est le taux du dimère Mad-Max qui est élevé, alors la cellule s'engage vers la différenciation cellulaire. III. Facteurs extrinsèques La signalisation extrinsèque correspond à la mise en place des voies de signalisation intercellulaire grâce à : a. des facteurs diffusibles (hormones ou facteurs de croissance) b. l'interaction avec la MEC ou avec la lame basale c. le contact cellule-cellule L'interaction intercellulaire est médiée par : • • • des récepteurs transmembranaires qui vont lier des facteurs de croissance et des CAM, les hormones et leurs récepteurs, et des récepteurs couplés aux protéines G . • Il y a ensuite toutes les voies de signalisations intracellulaires qui aboutiront à l'activation ou à l'inhibition de facteurs de transcription. 11/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) Exemple de 4 voies de signalisation moléculaire Seules les voies 2 et 3 sont importantes à connaître et approfondies dans ce cours. 1ère voie : voie du Récepteur FGFR 2ème voie : voie des récepteurs au BMP et au TGF-β 3ème voie : voie Wnt 4ème voie : voie Notch* La voie 2 présente des récepteurs de type II et de type I dont les ligands sont le BMP (Bone Morphogenetic Protein) et le TGF-β (Transforming Growth Factor β). Ses effets cytoplasmiques s'observent avec les protéines cytoplasmiques SMAD et l'activation de gènes cibles de la matrice extracellulaire. La voie 3 est la voie du Wnt dont le récepteur Frizzled (Fz) possède 7 domaines transmembranaires. Ses effets cytoplasmiques sont l'activation de Dishevelled (Dsh) qui va inactiver un complexe protéique aboutissant à l'augmentation de la β-caténine qui migrera dans le noyau et se liera aux facteurs de transcription. Les gènes cibles de cette voie correspondent aux interactions cellule/cellule, au cytosquelette, à la polarité cellulaire et à l'adhérence. Voie 2 : le récepteur du TGF-β Il existe deux types de récepteurs au TGF-β : le récepteur de type II et le récepteur de type I. Seul le récepteur de type II peut lier le TGF-β. La fixation du TGF-β sur le récepteur de type II aboutit à la dimérisation du récepteur. Le récepteur occupé par le ligand est alors formé de récepteurs de type II et de récepteurs de type I. La famille du TGF-β intervient dans la différenciation cellulaire : – – – au niveau du lignage mésodermique (par l'intermédiaire du TGF-β, et de l'activine) au niveau du lignage ectodermique (via la BMP) au niveau du lignage endodermique (via l'activine) 12/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) Régulation de la voie du TGF-β (comment ça marche ?) 1. Il y a d'abord fixation du TGF-β sur son récepteur (composé des deux chaînes R-I et R-II). 2. Il y a alors stimulation d'une Sérine/Thréonine Kinase Intracytoplasmique. 3. Cela aboutit à la phosphorylation des protéines cytoplasmiques Smad 2 et 3. 4. Il se produit ensuite un décrochage de Smad 2/3 et une hétérodimérisation avec la protéine cytoplasmique Smad 4. 5. Avec translocation de l'hétérodimère dans le noyau, 6. et activation de la transcription. Voie 3 : Voie de Wnt / β-caténine En l'absence de ligand Wnt (à gauche) : En présence de ligand Wnt (à droite) : la β-caténine est retenue dans un complexe protéique Wnt est lié au complexe récepteur Frizzle/ Lipoprotein avec l'axine, l'APC et la kinase GSK3-β. Receptor-related Protein (LRP). Elle est phosphorylée par GSK3-β, ce qui entraîne son La β-caténine se dissocie du complexe ubiquitinylation et sa dégradation par le protéasome. APC/axine/GSK, n'est plus phosphorylée et migre dans le noyau où elle se lie aux facteurs de transcription Elle peut aussi se lier à la cadhérine et contrôler Lymphocyte Enhancer Factor / T Cell Factor l'adhérence intercellulaire. (LEF/TCF) et déclenche la transcription de gènes cibles.* 13/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) Exemple d'intégration des voies de signalisation Tous ces facteurs très différents, qui peuvent induire ou réprimer la différenciation, seront intégrés par la cellule (ce qui augmente le niveau de complexité de ces processus). E. Maintien de l'état différencié La plupart des cellules maintiennent leur phénotype (même placées dans un autre environnement). 1. Régulation intrinsèque : – traits épigénétiques (sans modification de la séquence d'ADN) qui sont des traits transmissibles à la descendance cellulaire ; – traits régulés de façon lignage spécifique en permanence Par exemple, au cours de la différenciation musculaire, le maintien de l'état différencié est dû non seulement à l'expression de la protéine MyoD mais également à l'augmentation de l'acétylation des histones dans les régions au voisinage de la liaison de MyoD à l'ADN. L'expression seule de MyoD ne suffit pas à maintenir l'état différencié. L'acétylation des histones va permettre la fixation d'autres facteurs. Exemple : transfection du cDNA de MyoD dans un fibroblaste L'expression de MyoD dans un fibroblaste suffit à le convertir en cellule musculaire, mais ce phénomène demeure transitoire. En effet la transfection ne permet pas de réguler l'acétylation des histones au voisinage de la liaison de MyoD à l'ADN. Le maintien de la différenciation nécessite l'expression permanente de MyoD (elle-même due en partie au phénomène d'acétylation des histones) . 2. Régulation extrinsèque = interactions cellulaires, MEC... 14/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) F. Exemples et pathologies I. Exemple de la myogénèse (muscle squelettique) Facteurs myogéniques Les facteurs myogéniques sont des facteurs de transcription capables de déclencher le programme myogénique, c'est-à-dire la différenciation de la cellule musculaire. MRFs : Myogenic Regulatory Factors Les MRFs permettent à une cellule souche de rentrer dans la voie de différenciation et de passer du stade de myoblaste à celui de myotube. MRFs MRFs « précurseur » cellulaire myoblaste myotube On a une cellule souche qui possède une capacité d'auto-renouvellement et qui exprime les gènes Pax3 et éventuellement Pax7 (qui sont des facteurs de transcription de type « hélice-boucle-hélice » avec un domaine basique nécessaire à la liaison à l'ADN). Si l'on place cette cellule sous l'action de facteurs MRFs (par exemple MyoD, Myf5, Myogénine ou Mrf4...), elle va dans un premier temps sortir du cycle cellulaire et ne plus proliférer, avant d'induire le programme de différenciation musculaire, d'exprimer des protéines contractiles, changer de forme et fusionner avec d'autres cellules pour finalement former un myotube (une cellule musculaire est plurinucléée). Action de MyoD qui a un effet positif sur la RNA polymérase et induit l'expression du gène de la Myosine (par exemple) 15/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) La famille des gènes MyoD HUMAIN RONGEURS Myf3 MyoD Myf4 Myogénine Myf5 Myf5 Myf6 Mrf4/herculine Conversion myogénique in vitro L'expression des gènes de cette famille in vitro permet la conversion myogénique des cellules indifférenciées. In vitro, on retrouve séquentiellement/chronologiquement l'expression des gènes de Myf5/MyoD, puis de la Myogénine et enfin de Mrf4. In vivo On retrouve in vivo également une action séquentielle, mais qui sera différente selon les espèces. Chez la souris, il a été étudié les conséquences des différentes invalidations des gènes de la famille MyoD : • Chez la souris KO avec MyoD -/- : - la souris est normale, - l'ARN de Mrf 4 et de la Myogénine sont normaux - l'ARN de Myf 5 est en quantité augmentée • Souris KO avec Myf 5 -/- : la souris est normale • Souris KO avec Myf 4 -/- : la souris est normale • Chez la souris KO avec MyoD -/- et Myf 5 -/- : - les souris sont mortes à la naissance - elles ne possèdent pas de muscles squelettiques, ne synthétisent pas de myogénine... MyoD et Myf 5 sont des gènes interchangeables mais il y a nécessité de présence d'au moins un des deux. La myogénèse Progression en fonction du lignage cellulaire La cellule souche exprime les gènes Pax3 et éventuellement Pax7. Elle est à l'origine de trois type de fibres musculaires selon l'étape du développement. Chez l'embryon, la fibre musculaire embryonnaire est simple. Chez le fœtus, les fibres musculaires deviennent plus complexes. Chez l'adulte, les fibres musculaires ont à leur périphérie des niches qui abritent des cellules souches (=cellules satellites). 16/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) La cellule souche commence par exprimer différents facteurs myogéniques en devenant progéniteur. Le progéniteur embryonnaire exprimera Myf 5, Mrf 4, et MyoD. Le progéniteur fœtale exprimera Myf 5 et MyoD. Le progéniteur adulte qui est une cellule satellite exprimera Pax7 et possiblement Myf 5. Dans l'évolution de la différenciation, les différents précurseurs (myoblastes embryonnaires, fœtaux ou adultes) exprimeront tous le gène de la Desmine. Les gènes Pax Les gènes Pax 3 et Pax 7 correspondent à des facteurs de transcription à homéodomaine (ils sont de type « hélice-boucle-hélice ») qui sont exprimés dans les cellules souches. Dans les modèle de souris double KO Pax3 -/- et Pax7 -/- : on observe une absence de musculature squelettique, un arrêt de la myogenèse embryonnaire, et une mort de la souris. Lors de la différenciation musculaire squelettique, les gènes Pax 3 et Pax 7 vont permettre l'expression des gènes des MRFs (myogenic regulatory factors) comme MyoD, Myf 5, la Myogénine, ou Mrf 4. Eeeet... La prof s'est arrêtée là... Du coup la suite de l'incroyable aventure de la différenciation cellulaire ce sera pour le prochain ronéo ! 17/18 BMCP – La Différenciation Cellulaire (1) Choses promises, choses dues... Kass'dédi à Clara pour son travail photographique d'une rare excellence, digne des plus grands, il est peu fréquent d'admirer tant de talent et de poésie réunis en si peu de pixels... Dédicace à Sarah « qui va pas faire sa mijaurée hein ! » (ça existe vraiment!), à Jean (qui s'est tâché le pantalon en lisant son nom dans un ronéo... mince, rebelote), à Camille (« ZUUUT' ! Rohh... crotte ! »), à Marie Lou qui est invariablement la championne du monde des bonnes blagues (« eh oui Gui, on va t'enlever ta caution haha ! » = Best Joke Ever...), à Virginie et Héléna (qui m'attendent en ce moment même d'ailleurs), à Julie (heureuse?) et à tous mes autres « copinous-tout-pleins ! » qui ont désormais trop honte pour vouloir lire leur nom (aller, cadeau c'est pour toi Victor <3). Merci à tous ceux qui ont aimé le premier ronéo (traduisez : « étonnés que ce ne soit pas bâclé ») mais qui ne manqueront pas de me dire :« le deuxième est moins bien fait quand même ooh ! » Hommage à la soirée pharma qui s'est faite sauvagement boycottée... (non je plaisante, qui va aux soirées pharma?!) Dédicace à ma petite pile de cours qui ne cesse de proliférer et de se multiplier au fil des semaines (sale peste !) Et dédicace à tous les arbres qui se sont héroïquement sacrifiés pour ce ronéo. 18/18