COMMENT GAGNER DES POINTS DE CROISSANCE EN GUADELOUPE ? Propos introductifs : Définir un plan de croissance efficace semble être le défi auquel se heurte la plupart des gouvernements dans un contexte économique mondial fragile. Tous veulent augmenter leur niveau de production de biens et de services afin de bénéficier d’une amélioration du niveau de vie et du pouvoir d’achat national. La Guadeloupe n’échappe pas aux difficultés engendrées par la crise qui touche l’ensemble des grandes économies. Le taux de chômage progresse de façon inquiétante et les secteurs clés locaux manquent de compétitivité. La création d’activités nouvelles est dynamique sur le territoire mais les entreprises peinent à prendre de l’essor, à s’exporter. Dans ce cadre, la relance de l’activité économique en Guadeloupe apparaît comme un exercice difficile. « L’homme Guadeloupéen » est nécessairement au cœur de ce projet ambitieux. Comment le réconcilier avec l’effort, la culture du risque et la réussite ? Le CESR est conscient que seules des propositions innovantes peuvent être à l’origine d’un revirement salvateur des agrégats qui tirent la croissance vers le haut, tels que la consommation des ménages et des administrations, l’investissement et l’exportation. Ainsi se pose la question de savoir quels leviers actionner afin de gagner des points de croissance en Guadeloupe ? Pour répondre à cette interrogation, le CESR a utilisé les données statistiques fournies par l’INSEE, l’IEDOM et les Comptes économiques rapides pour l’Outre-mer visant à établir un constat sur l’économie Guadeloupéenne. A l’aide de ce diagnostic, des propositions d’ordre macro-économique et micro-économique ont pu être dégagées. L’objet de ces propositions est lié à la nécessité qui apparaît de plus en plus urgente, aux regard du sort des entrepreneurs, des chômeurs et des acteurs économiques locaux en général, de s’engager dans la mise en place d’une économie porteuse d’un nouveau pacte de croissance, seul moyen de permettre à la Guadeloupe de faire face à l’aggravation du déficit économique de la France et de l’Union Européenne et donc à une prévisible diminution de leurs dépenses. 1 PRINCIPAUX AGREGATS AU 1er TRIMESTRE 2013 En 2011, la consommation des ménages a contribué a hauteur de (+0.6pts) à la croissance. Portée par la hausse des charges de personnel, la consommation finale des administrations contribue pour (+0.4%) à la croissance. La consommation des ménages s’essouffle progressivement en 2012. Les importations de produits agroalimentaires ont augmenté de +2.6% sur l’année, celle des produits de consommation de +1.2%, contre respectivement +8,0 % et +6,1 % en 2011. Importation de biens de consommation Courante 1semestre 2013 L’importation de biens de consommation courante fléchit de (-1.9%) en glissement annuel (GA) tandis que la propension à l’épargne est en évolution (+2.3%) en GA pour les épargnes à long terme. Par ailleurs, les ventes de véhicules neufs diminuent de -13,8 % sur le 1er trimestre 2013 et -7,8 % sur un an. L’évolution observée tient essentiellement au recul de la consommation dans le département dans un contexte de tensions persistantes sur le marché du travail (+4.1% de demandeur d’emploi en mars 2013). Le financement de la consommation baisse de -0,8 % après avoir connu une timide hausse au trimestre précédent (+0,7 %). Sur un an, l’encours stagne (+0,2 %). Au premier trimestre 2013, les crédits alloués aux collectivités locales retrouvent un rythme de progression modéré, à 3,4 % (après +6,9 % au trimestre précédent). Ils enregistrent une légère hausse sur un an (+0,6 %). Au mois d’avril 2013, l’indice des prix à la consommation des ménages en Guadeloupe fléchit de 0,4 %. Le glissement sur un an (avril 2013 par rapport à avril 2012) est de + 1,3 %. Le fléchissement en avril provient essentiellement de la baisse des prix des secteurs de l’alimentation, de l’énergie et de ceux des services. Analyse : Sur un an, l’indice des prix à la consommation et le chômage ont tous deux augmentés en Guadeloupe. Il est aisé de comprendre que la consommation des ménages puisse s’essouffler dans ces circonstances. L’importation de biens de consommation est l’un des principaux indicateurs de la consommation des ménages ce qui démontre que la consommation de produits locaux est accessoire sur le territoire. Se pose la question de l’adaptabilité du secteur industriel local aux besoins de la population 2 En 2011, l’investissement permet à la croissance de gagner (+0.2pts). Crédit à l’investissement des entreprises 2013 La reprise des crédits d’investissement observée en fin d’année 2012 semble fragile : l’encours continue de progresser mais à un rythme nettement moins dynamique (+1,6 % début 2013 après +4,3 % en décembre 2012). Sur un an, les crédits d’investissement affichent un nouveau retrait (-2%), soit (-28,1 millions €). La morosité de l’activité économique s’est traduit en 2012 sur les importations de biens d’équipement à destination des entreprises (-13.2%), soit (-5.7%) pour les machines agricoles et industrielles. On peut constater une reprise encourageante en 2013, soit une progression de (+22.4%) en GA pour l’importation de biens d’équipement professionnel. Les crédits d’investissement aux collectivités territoriales (96 % de l’ensemble des crédits alloués aux CT), augmentent de 3,9 % (+31 millions €). Analyse : Il apparaît que l’effort d’investissement de la puissance publique résiste, bien qu’insuffisant au regard des difficultés de trésorerie et les dettes sociales accumulées par les petites et moyennes entreprises dans le bâtiment et les travaux publics. Se pose la question des limites entourant le lancement de grands chantiers structurants : Le manque de financement ? L’attractivité des dispositifs de défiscalisation ? La concurrence sur le marché BTP… Les exportations ont contribué a hauteur de (+0.6%) en 2011. Exportations 2013 Les exportations augmentent de 40.6% en glissement annuel au 1er trimestre 2013. Les exportations de produits agroalimentaires progressent de 2.2pts entre le 4eme trimestre 2012 et le 1er trimestre 2013. Les exportations de bananes chutent de –30.21% entre le 4eme trimestre 2012 et le 1er trimestre 2013 mais augmentent de 10.4% en GA. Analyse : En 2012, Les principaux postes d’exportation sont les produits des industries agroalimentaires (32.7%), les autres produits industriels (21.7%) et les produits agricoles et de la pêche (19.2%). La France Métropolitaine représente 53.6% des exportations de biens. L’essentiel des exportations restantes est destiné au DFA et à Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Les exportations vers la Caraïbes et l’Union Européenne sont faibles, respectivement 2,5% et 5.7% du total. La proximité géographique du marché Caribéen ne constitue t’elle pas une opportunité pour le développement des exportations. 3 LES STRATEGIES DU PROGRAMMME OPERTATIONNEL FEDER/FSE 2014-2020 Il convient que les propositions visant à relancer la croissance économique en Guadeloupe soient cohérentes avec le futur programme opérationnel FEDER/FSE Région et avec le PO FSE Etat. Le PO FEDER/FSE Région s’articule autour de 8 axes prioritaires : - Conforter l’engagement de la Guadeloupe en faveur de la recherche et de l’innovation et de la compétitivité des entreprises - Soutenir la transition vers une économie à faible teneur en carbone - Protéger et valoriser l’environnement et le patrimoine culturel, promouvoir l’adaptation au changement climatique et à la prévention des risques - Améliorer l’accessibilité en particulier numérique, condition de l’innovation et de la compétitivité des entreprises - Promouvoir le développement urbain intégré - Allocation de compensation des surcoût - Investir dans le capital humain - Renforcer les capacités administratives pour accompagner le développement du territoire. Le PO-FSE état s’articule autour de 4 axes prioritaires : - Soutenir et accompagner l’accès à l’emploi - Anticiper et accompagner les mutations économiques - Promouvoir l’inclusion sociale et lutter contre la précarité - Réduire l’abandon scolaire précoce et promouvoir l’égalité d’accès à l’enseignement préscolaire, primaire et secondaire 4 I°) LES PISTES DE REFLEXION D’ORDRE MACRO-ECONOMIQUE Proposition 1 : Lier les taux des crédits à l’investissement aux entreprises à la baisse du chômage - Limiter la hausse des taux des crédits à l’investissement aux entreprises pour favoriser la baisse du chômage et permettre d’accélérer la reprise de l’économie en Guadeloupe. Quelques données : 6,00% 5,00% 4,00% 3,00% 2,00% 1,00% 0,00% Guadeloupe France hexagonale ja nv -1 m 0 ai se 10 pt -1 ja 0 nv -1 m 1 ai se 11 pt -1 ja 1 nv -1 m 2 ai -1 2 Taux moyens pondérés Evolution taux moyens pondérés des crédits aux entreprises (moyens et longs termes) Dates Analyse : - Il y a une majoration d’environ + 1.22% (Juil.2012) entre les taux d’intérêts des crédits à l’investissement aux entreprises en Guadeloupe et en France hexagonale. Il serait opportun de rendre attractifs les taux à l’investissement dans les secteurs économiques tels que l’agriculture, la pêche, le tourisme et les PME innovantes. En effet, il serait de bon ton de réduire l’écart entre la Guadeloupe et la France hexagonale à +0.50%. La majoration de +0.50% répond à la nécessité de tenir compte du coût du risque pour les banques en Guadeloupe. - En Guadeloupe et îles du Nord, le nombre de demandeur d’emploi de catégorie A, B, C s’établit de 66 930 fin Juin 2013. Sur un an, il croit de 3.7%. Le taux d’intérêt des crédits à l’investissement aux entreprises dans tous les secteurs d’activités (hors grande distribution) doit être maintenu à un niveau proche de celui pratiqué en France afin de donner un coup de pouce à l’activité et la consommation. En vertu de ce nouveau modèle, les taux d’intérêt devront être stabilisés tant que le taux de chômage restera égal ou supérieur à 22%, taux actuel. 5 Il convient également de définir les critères d’application de ce taux préférentiel. Les entreprises bénéficiaires devront participer au programme « une entreprise, un jeune ». Proposition 2 : Création d’une culture de l’entreprise en Guadeloupe. - Mobiliser l’épargne Guadeloupéenne : En Guadeloupe, la collecte d’épargne montre des signes de faiblesse, enregistrant une croissance modérée à fin mars 2013 (+1.1% sur le trimestre). Elle doit être mobilisée. Les épargnants individuels contribuent à la santé financière et la stabilité de nos entreprises. Ils doivent être considérés comme des acteurs à part entière du redressement économique. Il convient de mieux mobiliser l’ épargne financière en faveur des entreprises en mal de fonds propres. Les pistes afin de résoudre le problème de l’accompagnement des entreprises n’évoquent que très rarement l’investissement des citoyens. En échange de leur contribution, les salariés qui investissent dans les entreprises à travers des FCPE (Fonds communs de placement d’entreprise), les détenteurs de fonds d’action et les souscripteurs de contrats d’assurance vie en unités de compte demandent plus de respect et de transparence. Le CESR propose d’opter pour une fiscalité encourageant l’investissement des citoyens dans les secteurs tels que l’agriculture, la pêche, les PME innovantes. Cela est d’autant plus urgent que les experts s’accordent à dire que le rôle des banques dans le financement des entreprises va se réduire à partir de 2014. Pour ce faire, il conviendrait de redynamiser le FIP Guadeloupe afin de relancer la collecte de l’épargne. - Améliorer les relations Employeurs/Salariés/Citoyens : En Guadeloupe comme en France hexagonale, subsistent des difficultés dans le management. (La rigidité hiérarchique, la difficulté à travailler en équipe, l’importance trop grande du diplôme initial et de l’origine sociale, et le déficit de promotion interne.) A ce sujet, le CESR préconise une conférence économique et sociale annuelle en vue de favoriser le dialogue social entre les partenaires. - Lutter contre le chômage des jeunes : En Allemagne, le taux de chômage des jeunes est très faible, 7.9% en Avril. La raison principale de cette performance est le système d’apprentissage qui est très efficace, tout comme en Autriche et en Suisse. 6 En combinant pendant au moins deux ans, formations et expérience du marché du travail, ce système a maintenu quasi-mécaniquement un faible taux de chômage des jeunes. Le système actuel en France, où l’entrée sur le marché du travail se fait pour la plupart des jeunes directement à la sortie de l’école ou de l’université, fragilise les jeunes dans un contexte économique où les employeurs recherchent des profits immédiatement productifs. Le CESR préconise que les aides consenties aux entreprises soient conditionnées au recrutement de salariés par l’entreprise. Le CESR demande que les entreprises soient contraintes d’embaucher en priorité des jeunes en difficulté d’insertion professionnelle faisant partie depuis plus de 5 ans du dispositif RSA. (Conseil Général : 18077 foyers possèdent une ancienneté comprise entre 49mois et plus dans le dispositif RSA). Cette embauche prendra la forme d’un contrat d’apprentissage en lien avec l’URMA. Les mesures consistant à inclure le citoyen à l’effort de financement de l’activité économique et à responsabiliser les entreprises face à leurs salariés peuvent contribuer à une meilleure entente des acteurs sociaux-économiques. Proposition 3 : Rétablir la compétitivité de la filière touristique et des autres secteurs d’activité économique en Guadeloupe au profit de l’emploi Le coût du travail dans l’hôtellerie en Guadeloupe est à minima de 30% supérieur à celui de l’hexagone pour 15% de temps travaillé en moins, et une productivité salariale inférieure (KPMG). Il faut compenser ce coût supérieur du travail. Le CESR préconise un doublement du CICE hexagonal pour le droit commun et un doublement de cette valeur dans les secteurs exposés comme le tourisme. Cela conduit à : - 8%en 2013 pour toutes les entreprises dom (TPE et PME) non reconnues comme exposées, et 16% en 2013 pour les secteurs exposés. - 12% à compter de 2014 pour toutes les entreprises ( TPT et PME) non reconnues comme exposées et 24% à compter de 2014 pour les secteurs exposés. - Un CICE majoré pour l’hôtellerie (secteur exposé) et porté en année courante (à partir de 2014) à 24% de la masse salariale brute permettrait d’abaisser celle-ci chargée de l’ordre de 20% la ramenant de 50% à 40% contre 35% dans l’hexagone. Proposition 4 : Se tourner vers la croissance verte - Relancer l’investissement dans le bâtiment en instaurant un Green Deal en Guadeloupe Le Green Deal vise à réduire les factures énergétiques en Guadeloupe. 7 Il conviendrait que l’Etat et la Région mette en place un programme d’aide à la réduction de la consommation d’énergie. L’idée est de permettre aux particuliers et aux administrations d’améliorer leurs locaux sans dépenser un centime. Les travaux sont payés par un prêt, qui est remboursé par un prélèvement mensuel, correspondant aux économies d’énergie réalisées sur les factures d’électricités. Ex : Si la facture est habituellement de 100 euros avant les travaux, et qu’elle est désormais de 60 euros, l’occupant du logement versera les 40 euros de la différence au remboursement du prêt. En Guadeloupe, les travaux peuvent consister en l’achat d’une climatisation moins énergivore, en la mise en place d’équipement d’énergie solaire, en la réalisation de travaux d’isolation…. Le CESR préconise que cette mesure soit financièrement portée par un fond dédié, par des organismes bancaires, la BPI, EDF, l’Etat, la Région. Tout le monde doit en profiter : les particuliers qui verront leurs factures diminuer à la fin du remboursement du prêt, l’environnement et les entreprises avec le développement de l’écoconstruction. - Comment inciter les entreprises à se conformer aux législations sur la préservation de l’environnement - Comment la municipalisation de l’eau peut elle permettre de gagner des points de croissance ? Proposition 5 : Règle d’or de la stabilité fiscale : Une règle d’or de stabilité fiscale d’une durée de 5 ans par exemple aurait de nombreux avantages : - Offrir la possibilité de prévoir la fiscalité sur 5 ans - Attirer les investisseurs qui fuient non pas peur des taxes déjà existantes, mais par peur des taxes à venir - Envoyer un signal fort aux marchés et aux entrepreneurs - Engager le gouvernement et les parlementaires dans une stabilité législative, minimisant ainsi l’inflation des textes, qui a donné l’inextricable millefeuille que tous connaissent - Permettre de ce fait une simplification administrative, demandée à corps et à cris par les grands syndicats patronaux 8 II°) LES PISTES DE REFLEXION D’ORDRE MICRO-ECONOMIQUE Proposition 1 :L’homme Guadeloupéen au cœur du développement économique de l’île : Les problèmes sociétaux en Guadeloupe font l’objet de nombreux débats. Violence, incivilité, déscolarisation, chômage, précarité et grèves, constituent un frein non négligeable à la croissance. - Créer une « Cellule de Prospective » au sein du Centre Régional de Formation Professionnelle : Cet outil doit permettre l’anticipation des besoins des entreprises Guadeloupéennes. Ceci afin de répondre aux objectifs en terme d’innovation. La formation aux métiers de demain, peut pallier au recrutement de technicien hors du département et donc favoriser la baisse du chômage. - Renforcer la valeur « Travail » : Revaloriser, occuper et former les inactifs : La rentrée scolaire de 2012 a connu une baisse d’effectif d’élèves de près de 3%. Le taux de scolarisation ,pour les 18-24 ans, est en retrait de 3 points par rapport à la moyenne nationale. La part de population de plus de 15 ans non scolarisée, sans diplôme est de 39.4% en Guadeloupe. 23.5% des personnes actuellement âgées de 25 à 34 ans sont sorties du système éducatif sans diplôme alors que la moyenne nationale s’élève à 12.3%. Le nombre de bénéficiaires du RSA toutes formes confondues est en progression de +6.8% en 2012, soit + 2 765 allocataires sur un an. Au titre du RSA, 70.8 millions d’euros ont été versés aux ménages en 2012 dans le département. En Janvier 2012, c’est à plus de 81 000 personnes que le RSA apporte un soutien soit 20% de la population. Les longues périodes sans activités professionnelles peuvent conduire à une dévalorisation de soi, une perte d’ambition. Soumettre l’attribution de ces allocations à des heures effectives de travail en entreprise, aboutissant à l’obtention d’une qualification professionnelle reconnue peut renverser ces tendances sur le territoire. Le contenue des formations devra être défini en fonction des besoins réels des entreprises locales. 9 - Une entreprise = un emploi : Le renversement de la progression du chômage passe forcément par la coopération des acteurs économiques de la Guadeloupe. Les aides toutes catégories confondues accordées aux entreprises doivent favoriser le recrutement. Vu que ce n’est pas le cas, le CESR préconise que l’attribution de certaines aides aux entreprises soient conditionnées au recrutement effectif d’un salarié. Proposition 2 : Relancer et soutenir l’investissement Augmenter le budget de l’investissement sans accroître le déficit public passe forcément par la réalisation d’économies au niveau des dépenses de fonctionnement des collectivités. Il faut parvenir à ce que le budget investissement soit supérieur au budget fonctionnement. Le CESR préconise une démarche visant à réduire le champ de l’informel dans la fiscalité locale. De nombreuses injustices demeurent en Guadeloupe concernant l’assujettissement aux prélèvements fiscaux. Une meilleure gestion aboutira à une augmentation des ressources des collectivités locales. D’autre part, le CESR encourage les collectivités à adopter des comportements écologiques. Il est urgent de limiter les dépenses en énergie et en fournitures. Le passage au 100% numérique permettra de faire des économies sur le long terme. - Laboratoire régional de transformation agroalimentaire : Mise à disposition de matériel scientifique et industriel pour encourager à plus d’innovation industrielle. L’objectif du laboratoire est de palier au manque de financement qu’accusent les très petites entreprises Guadeloupéennes, obstacle à l’investissement productif. Cette initiative a pour but de promouvoir l’innovation scientifique et industrielle sur le territoire. La région propose déjà des aides à l’investissement. Mais l’avantage de cette opération est de supprimer les formalités administratives, comme le montage de dossier qui peut handicaper certains entrepreneurs. 10 - Fonds de rachat des entreprises par les salariés : Ce fonds sera destiné à la reprise sous forme de sociétés coopératives et participatives (SCOP) des entreprises en difficultés ou face au départ d’un employeur sans succession familiale. Cela vise le maintien du tissu économique existant. La SCOP appartient aux salariés associés majoritaires : ils détiennent au moins 51% du capital social et 65% des droits de vote. Les grandes décisions sont prises selon un principe démocratique ; tout salarié associé détient une voix lors des assemblées générales. Un salarié de l’entreprise a deux fois plus de chance de réussite qu’un repreneur extérieur car bénéficiant d’une excellente connaissance de la société, de son savoir-faire, de son produit et de sa clientèle. Le fond doit disposer de fonds propres. L’actionnariat doit être large et faire appel à la Région et l’ensemble du mouvement coopératif. Les fonds apportés se placent en haut de bilan et assurent ainsi des leviers vers d’autres sources de financements potentiels : prêts bancaires, fonds de garantie, co-investisseurs. La modalité de sortie est le rachat à terme par les salariés du capital détenu par le fond, grâce à leur participation aux bénéfices qui s’accumulent sur un plan d’épargne. Proposition 3 :Simplification de l’environnement des entreprises En Guadeloupe et Îles du Nord, le nombre de demandeurs d'emploi de catégories A, B, C inscrits à Pôle emploi s'établit à 68 160 fin avril 2013. Ce nombre augmente de 1,5 % (soit +1020). Sur un an, il croît de 5,6 %. Les contrats bénéficiant d’une aide de l’état en vue d’améliorer l’insertion professionnelle et sociale des personnes éloignées de l’emploi ne s’inscrivent pas dans la durée. Les employeurs profitent de ces dispositifs pour embaucher une main d’œuvre qualifiée à moindre coût. La complexité de la rupture du CDI encourage les entreprises à multiplier les CDD. Tous ces facteurs conduisent à plus de précarité dans le travail. Dans le cadre de l’expérimentation, les collectivités territoriales peuvent prendre des mesures prenant en charge les intérêts de la population d’un territoire précis, d’appliquer une politique publique ne faisant pas partie de ses attributions légales, pour une période donnée. - Expérimenter dans le cadre du droit du travail : créer un contrat de travail qui offre des droits progressifs dans le temps Plus de souplesse à l’embauche Plus de motivation pour les employés Plus d’emplois durables Allègement du coût du travail Rédiger les modalités avec l’ensemble des partenaires sociaux de la Guadeloupe 11 Le contrat de travail à droits progressifs consisterait à n’avoir qu’un contrat de travail dont le montant de charges (charges chômage, charges patronales) serait dégressif en fonction de la durée dans l’emploi. Les salariés, de leur côté, accumuleraient des droits progressifs dans le temps (en terme d’indemnisation du chômage, de protection juridique, de formation, etc.), en évitant les effets de discontinuité et de rupture liés à la distinction CDD/CDI. - Organiser la réponse des PME Guadeloupéennes aux grands appels d’offre locaux et régionaux : 33.4% des entreprises Guadeloupéennes sont des micro-entreprises en 2010. Ces petites structures sont prépondérantes dans les départements d’Outre-Mer. Elles sont présentes dans le commerce, la construction et les activités touristiques. Elles sont également importantes dans le secteur santé, la réparation automobile et les services à la personne. De manière générale elles sont tournées vers l’économie locale. Marchés publics et PME ne sont pas toujours des termes qu’il est facile d’associer. Ce phénomène s’explique par la différence des structures. D’un coté, l’administration organisée en strates hiérarchiques qui émet ses besoins par le biais des appels d’offre publiés et de l’autre, les PME organisées en petites structures souples qui ne perçoivent pas bien le fonctionnement des marchés publics. Les PME sont souvent découragées d’aller jusqu’au bout de la procédure de candidature. En plus de ces considérations d’ingénieries, se pose la problématique de la forte concurrence que subissent les entreprises locales. Le CESR préconise de soumettre l’obtention du marché à des clauses privilégiant les produits locaux (au niveau de la rédaction de l’appel d’offre). Exemple : l’utilisation d’une clause de fraîcheur dans la rédaction des appels d’offres concernant la restauration. Le CESR préconise également de renforcer et de faciliter la constitution de Groupement d’Opérateurs Economiques, pour la réponse aux appels d’offre locaux et régionaux d’envergure. La création d’une structure ayant pour vocation de tenir une veille sur les appels d’offre, de démarcher les entreprises susceptibles de se regrouper et de prendre en charge les démarches administratives doit être envisagée. Proposition 4 : Dynamiser l’ensemble du territoire et équilibrer la balance commerciale Le pôle « Pointe à Pitre » regroupant les communes de Pointe à pitre, Baie-Mahault, Lamentin, Petit-bourg, les Abymes, le Gosier, Morne à l’eau et Saint- Anne se positionne comme l’agglomération économique de la Guadeloupe. Le pôle « Basse-Terre », comprenant les communes de Saint-Claude, Gourbeyre, Baillif, Vieux Fort, Vieux Habitants et trois rivière constitue l’agglomération administrative. Il est nécessaire de structurer le développement économique de manière homogène sur le territoire. De répondre au manque d’attractivité des communes hors du pôle économique. 12 (Source : Schéma d’Aménagement Régional) - Faire d’une ville de la côte sous le vent une ville thermale et y construire un casino : A la demande du conseil régional, un recensement des sources thermales de Guadeloupe a été effectué par le BRGM. 35 sources ont été recensées, principalement concentrées autour du dôme de la soufrière et dans la zone de Bouillante. Ces sources peuvent être à la base de développement local car elles présentent des caractéristiques favorables à diverses sortes de valorisation. (Thermalisme médical, thermoludisme, embouteillage et aquaculture.) Exemple : Sources thermales sur la commune de Saint-Claude : - Bain-Jaune : Propriétaire Conseil Général Pas du Roy : Conseil Général Source du Gallion : Conseil Général Ravine Marchand : Conseil Général Pyton Tarade : Conseil Général Bain chaud de Matouba : Conseil Général (Source : Rapport final BRGM Février 2007 BRGM/RP-55060FR) Les stations thermales se caractérisent par la densité et la diversité de leur tissu commerçant. Les communes thermales comptent 0,28 hyper et supermarchés pour 1 000 habitants, alors que la moyenne nationale est de 0,18. (Source : La diversification des activités des stations thermales, Conseil National du tourisme, Ministère de l’économie des finances et de l’industrie, 2011) Un casino est pourvoyeur de développement économique, souvent premier contribuable de leur commune d’accueil. Ils peuvent pourvoir employabilité et formation de jeunes non diplômés, animation culturelle du territoire et attractivité touristique. - Constituer une zone franche dans le Nord Grande Terre dans le cadre des travaux du Canal de Panama2 La région caribéenne est amenée à connaître des mutations importantes dans les prochaines années en lien avec l’ouverture des nouvelles écluses de Panama. Les routes maritimes vont traverser les Caraïbes et le trafic conteneurisé offre des opportunités importantes pour l’archipel de la Guadeloupe. Les zones franches sont des outils de développement, fournissant des emplois directs et indirects. Elles peuvent générer des activités (fournisseurs, services, transformations) et sont des terrains d’expérimentation pour des réformes administratives. 13 Elles ont pour cibles de nouvelles implantations et, dans de nombreux cas, des sociétés étrangères. Les productions sont destinées en grande majorité à l’exportation. Les zones franches bénéficient d’un éventail complet de mesures incitatives (suspension de droits douanes, fiscalité allégée, facilités pour le rapatriement des bénéfices, etc.) Ce projet peut servir de locomotive pour mobiliser la communauté guadeloupéenne. Un des enjeux est de faire converger les énergies et les projets sur une ligne stratégique commune, partagée par tous les acteurs économiques et institutionnels. Le projet devra être lisible et attractif pour des investisseurs internationaux qui lui donneront un crédit et un rayonnement nécessaire, mais aussi auprès des investisseurs locaux qui sauront trouver les bonnes articulations avec le tissu local de PME. Les avantages fiscaux accordés aux investisseurs étrangers s’étendent aux investisseurs locaux. En retour, les productions locales qui seraient destinées à l’export bénéficieront des mêmes avantages que les productions exportées venant des zones franches. L’alignement des secteurs productifs locaux existants sur le régime des zones franches a l’avantage de faire disparaître de possibles barrières à l’entrée des marchés d’exportation et des situations potentielles de concurrence des productions locales. Une source importante de revenus pour les investisseurs est liée à la commercialisation de zones commerciales ou de zones résidentielles à proximité de la zone. Un retour sur investissement moyen concernant l’équipement industriel pourra être largement compensé par les bénéfices retirés de projets immobiliers. Une autre source d’avantages est liée à la capacité de l’économie locale de proposer des services d’appui spécialisés et compétitifs, il peut s’agir de services d’ingénierie financière, informatique et télécommunications, technique, maintenance industrielle, de centres de recherche et développement, de services de contrôle et surveillance, etc. qui ensuite peuvent se redéployer sur l’économie locale et régionale. - Comment un nouveau plan de déplacement peut permettre de gagner des points de croissance en Guadeloupe ? Proposition 5 : Relancer et dynamiser le secteur agricole : L’activité agricole joue un rôle essentiel dans la tenue et l’organisation de l’espace et de la vie des territoire ruraux représentant 40% du territoire 64000ha de zones agricoles pour uniquement 9500 exploitations. On note une diminution constante de la surface agricole utilisée qui régresse de 1000ha par an. La canne à sucre, la banane et les pâturages occupent 30000ha. La diversification des cultures constitue un enjeu pour le territoire, car pouvant être porteuse de débouchés. Plusieurs instituts scientifiques sont implantés en Guadeloupe ; l’INRA, CIRAD, IPGP, INSERM, Institut pasteur, BRGM soit le plus important dispositif de recherche de l’OutreMer Français. Le CESR préconise de : 14 - Structurer et de développer la production des plantes médicinales entrées dans la pharmacopée Française - De diversifier l’utilisation des terres agricoles en s’essayant à la plantation d’une espèce proche du bananier « L’ABACA ». La fibre d’abaca est principalement transformée en pâte pour la fabrication de papiers spéciaux: sachets de thé et de café, boyaux pour saucisses, billets de banque -papiers à cigarette, papiers d’emballage alimentaires et médicaux, papier pour produits jetables, papiers à lettre de qualité supérieure, sacs d’aspirateurs, etc. Dans l’industrie automobile, l’abaca est aujourd’hui principalement utilisé pour le rembourrage des garnitures intérieures et des sièges. Sa forte résistance à la traction lui permet également d’entrer dans la composition de plastiques renforcés venant remplacer la fibre de verre dans les composants extérieurs semi-structurels. L’abaca offre de riches possibilités pour remplacer la fibre de verre dans de nombreuses pièces automobiles et c’est une matière première reconnue pour les produits de papier. Même si l’abaca est aujourd‘hui principalement cultivé aux Philippines, on pourrait augmenter l’offre si d‘autres pays des zones tropicales et humides se lançaient dans cette filière. Les connaissances et l’expérience acquise en matière de production et de transformation pourraient facilement être transmises à d’autres pays. - La culture Hydroponique : Technique de culture hors sol qui utilise des substances nutritives en lieu et place de la terre naturelle. Cette option permettra la production régulières et calibrées des légumes traditionnelles, ce qui représente un plus pour la commercialisation. Ceci peut également constituer une réponse aux problèmes de pollution des sols par le chloredécone. - Réalisation d’ici 2014 d’un Marché d’intérêt régional Proposition 6 : Consolider le secteur touristique - Améliorer la desserte aérienne dans l’espace Régional Caribéen - Diversifier la clientèle en mettant en place une stratégie pour attirer une clientèle Nord/Sud Américaine. - Multiplier les événements culturels, sportifs 15 - Rentabiliser les saisons creusent en mettant en place des tarifs résidents et habitants de la Caraïbes. Proposition 7 : Economie solidaire - Développer le modèle économique du « e-Lolo ». De nombreux bourgs souffrent d’un manque d’attractivité dû à la perte de services et de commerces, à la modification des façons de consommer et au faible niveau de desserte. Phénomène de captation des parts de marchés par les grosses centrales faisant disparaître les petites surfaces commerciales des bourgs. ( Source : SAR) Au 1er janvier 2009, on dénombre 55 supermarchés ou hypermarchés sur le territoire de l’archipel (Source Antiane de l’Insée, n°73, Juin 2010). Le chômage ne cesse de progresser en Guadeloupe : +4.1% au 1er trimestre 2013. Le « Lolo » est une épicerie de proximité fonctionnant sur le principe du « Crédit ». Traditionnellement, le montant des achats sont inscrits sur « un carnet » et la somme totale est réclamée en fin de mois. Ce système, endémique à la Guadeloupe, s’inscrit dans le cadre de l’économie solidaire. Dans le sens où il contribue à la création d'activités économiques et d'emplois tout en renforçant la cohésion sociale par de nouveaux rapports sociaux de solidarité. Il convient de moderniser le système. D’associer ce modèle traditionnel aux nouvelles technologies pour le pérenniser. D’informatiser les données en dématérialisant le « carnet ». Le client pourra ainsi recevoir sa facture en fin de mois par e-mail, par exemple. Il faut envisager un système d’approvisionnement permettant une forte compétitivité au niveau des prix de vente. 16