Contribution de la Commission économique et financière : Gagner des points de croissance en Guadeloupe pour créer de l’emploi Les membres du CESR, réunis en Commission Economique et Financière s'accordent à dire qu'il est nécessaire de tirer la sonnette d'alarme quant à la situation économique de la Guadeloupe et aux maux de société qui en découlent. Le constat est amer. Il fait état d'un taux de chômage des jeunes record en France et de l'asphyxie des entreprises locales. La consommation, principal agrégat tirant la croissance vers le haut s'amenuise. Dans ce contexte, la question du gain de point de croissance suppose de repenser entièrement le modèle de développement mis en place ces dernières années. Il apparaît nécessaire de redéfinir les priorités dans une démarche d'économie intelligente. Les propositions de la Commission économique et financière s'articulent autour de quatre grands axes dont les effets pourront se faire sentir dans un délais plus ou moins court. - 1) A court terme : Développer l'esprit d'entreprise. - 2) A moyen terme : Développer les compétences et les valoriser. - 3) A long terme : Développer l'attractivité du territoire - 4) A très long terme :S'interroger sur l’intérêt que pourrait représenter pour la Guadeloupe un changement statutaire Du plus court au plus long : 1) A court terme :Développer l'esprit d'entreprise. Le gain de croissance en Guadeloupe passe par un changement de concept ancré dans les mentalités : le culte du fonctionnaire. Longtemps les familles ont poussées leurs enfants à se diriger vers la fonction publique en dévalorisant les autres secteurs. Sauf que les administrations ne contribuent que très peu à la croissance. Ce sont les entreprises qui ont vocation à créer de l'emploi et de la richesse sur le territoire. Le CESR incite à mettre en place un outil qui permettrait de renverser cette image négative des métiers de l'artisanat, de la pêche, du BTP, de l'agriculture, du commerce et des services. 1 Il serait opportun de redonner une image de marque à ces métiers en valorisant le travail bien fait. Cela peut passer par la mise en place d'un salon annuel de l'excellence récompensant le meilleur dans chaque domaine. Se pose également la question de la compatibilité du modèle social actuel avec le retour de la croissance. Le CESR est d'avis qu'il faut accélérer la transition du RMI vers le RSA. Soumettre l'attribution des prestations sociales à une participation du receveur à la création de valeur . Les aides accordées aux entreprises ne peuvent plus faire l'objet d'une répartition selon les secteurs les plus en difficultés. La Commission préconise que tous les secteurs créateurs de richesse en Guadeloupe soient soutenus au même titre. Il faut repenser l'utilisation des aides et engager une véritable stratégie sur le long terme. En effet, beaucoup d’aides ont été établies pour compenser des handicaps cependant de nombreux autres secteurs auraient pu devenir de véritables leviers de développement s’ils avaient pu également être aidés. Il serait souhaitable alors, de revoir la politique d’attribution d’aide en l’ouvrant à tous les secteurs porteurs capables de donner une croissance forte et surtout une expertise ou l’excellence serait par la suite la meilleure protection. En exemple : - le développement du pécatourisme (activité alliant la pêche et le tourisme) la structuration de la filière autour des plantes médicinales entrées dans la pharmacopée française. 2) A moyen terme : Développer les compétences Les entreprises enclines à recruter déplorent le manque de spécialisation, de techniciens, d'ingénieurs en Guadeloupe. Pour exemple : - l'agriculture confrontée à la mise aux normes environnementales européennes nécessite le recours à des ouvriers qualifiés - la réparation des bateaux de pêche - la maintenance industrielle - le BTP - les services à hautes valeurs techniques 2 Le CESR préconise l'adaptation du système éducatif aux besoins spécifiques des entreprises locales. Au regard du nombre de jeunes chômeurs, on peut présumer que les diplômés ne sont pour la plupart pas aptes à s'intégrer dans le monde du travail directement après leur cursus. L'apprentissage doit être un mode de formation encouragé mais surtout valorisé par des concours et des récompenses à l’excellence. 3) A long terme: Développer l'attractivité du territoire Cela fait maintenant 10 ans qu'il n'y a pas eu d'investissement structurant permettant d’améliorer de façon sensible l’attractivité du territoire. Le CESR remarque que plusieurs documents ont été commencés mais n'ont jamais aboutis. Il faut absolument repartir vers une politique d’investissement structurant et stopper la politique de désendettement qui nous a conduit là où nous sommes . Les dettes laissées aux générations futures sont normales si elle correspondent à une contrepartie d’investissement structurant dont elles pourront bénéficier. En effet au train où vont les choses et compte tenu de la structure du financement de notre économie nous seront amenés demain à augmenter l’endettement pour payer le fonctionnement ! La saturation de Jarry, offre une opportunité de désenclavement des zones isolées telles que le nord Basse terre ou le nord grande terre. Il faudrait mettre en place des zones industrielles sécurisées hors spéculation foncière et travailler sur le plan de déplacement permettant l'accès à ces zones. La fiscalité, première source de financement de l'économie doit faire l'objet d'une appropriation au niveau régional. Une réflexion est à mener compte tenu des failles et de la complexité du système actuel alors que l’état délègue de plus en plus de charges aux collectivités, Bercy devient de plus en plus autoritaire et centralisateur. Les membres de la Commission économique et financière souhaitent attirer l’attention sur la possible extension du Parc National de la Guadeloupe. L’application de ce décret risque de toucher l’ensemble des Guadeloupéens dans le sens où ils vont perdre la maîtrise sur l’exploitation de la biodiversité de l’île et le contrôle de leur développement lié a l’environnement . 4) A très long terme: S'interroger sur l’intérêt que pourrait représenter pour la Guadeloupe un changement statutaire 3 La question est de premier ordre. Comment faire des préconisations concernant le gain de point de croissance en Guadeloupe quand l'essentiel des politiques économiques régionales prennent forme au niveau National ? Au niveau Européen ? Les membres de la Commission font état d'un décalage entre les difficultés qu'ils peuvent rencontrer de part leurs fonctions respectives et les réponses apportées par les élus de la Guadeloupe. Peut être est il nécessaire de faire un travail sur le relais des informations concernant l'action des élus au niveau National et Européen. Il faut trouver un équilibre propice au développement du territoire. Bien que l'article 349 permette une adaptation de la législation européenne aux spécificités des régions ultrapériphériques, le recours à cette dérogation n'est pas systématique et des règles incompatibles avec la réalité locale peuvent être amenées à être appliquées sur le territoire. Les fonds européens constituent une opportunité de développement. Cependant, les entreprises déplorent le manque de souplesse lié à leur attribution. Pour que le procédé de remboursement des dépenses engagées fonctionne en Guadeloupe il aurait fallu que les banques locales jouent le jeu du financement de l’économie. D'autre part, les professionnels qui parviennent à obtenir ces financements sont confrontés au refus du paiement de la totalité des sommes engagées. Il est fait état de difficultés au niveau de la gestion des pièces justificatives. 4