1er centre de formation comptable via Internet. Les corrigés des examens DPECF - DECF 2003 48h après l’examen sur www.comptalia.com L’école en ligne qui en fait + pour votre réussite Préparation aux DPECF et DECF via Internet Correction de l'épreuve DPECF 2003 UV 5b Dissertation Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com SESSION 2003 EXPRESSION ET COMMUNICATION (EXPRESSION FRANCAISE) Durée : 3 heures – Coefficient : 0,5 Aucun document ni matériel ne sont autorisés SUJET DISSERTATION La misère et l'homme La dignité royale n'est-elle pas assez grande d'elle-même pour celui qui la possède, pour le rendre heureux par la seule vue de ce qu'il en est ? Faudra-t-il le divertir de cette pensée, comme les gens du commun ? Je vois bien que c'est rendre un homme heureux, de le divertir de la vue de ses misères domestiques pour remplir toute sa pensée du soin de bien danser. Mais en sera-t-il de même d'un roi, et sera-t-il plus heureux, en s'attachant à ces vains amusements qu'à la vue de sa grandeur ? Et quel objet plus satisfaisant pourrait-on donner à son esprit ? Ne serait-ce donc pas faire tort à sa joie, d'occuper son âme à penser à ajuster ses pas à la cadence d'un air, ou à placer adroitement une barre au lieu de le laisser jouir en repos de la contemplation de la gloire majestueuse qui l'environne ? Qu'on en fasse l'épreuve : qu'on laisse un roi tout seul, sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans l'esprit, sans compagnies, penser à lui tout à loisir ; et l'on verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misères. Aussi on évite cela soigneusement, et il ne manque jamais d'y avoir auprès des personnes des rois un grand nombre de gens qui veillent à faire succéder le divertissement à leurs affaires, et qui observent tout le temps de leur loisir pour leur fournir des plaisirs et des jeux, en sorte qu'il n'y ait point de vide : c'est-à-dire qu'ils sont environnés de personnes qui ont un soin merveilleux de prendre garde que le roi ne soit seul et en état de penser à soi, sachant bien qu'il sera misérable, tout roi qu'il est, s'il y pense. Je ne parle point en tout cela des rois chrétiens comme chrétiens, mais seulement comme rois. Pascal, Pensées – n°237 Le loisir peut-il constituer un idéal de vie ? © COMPTALIA.COM 1/4 Correction de l'épreuve DPECF 2003 UV 5b Dissertation Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com CORRIGE Nous vous proposons le corrigé suivant sous forme de plan détaillé, avec introduction et conclusion rédigées. Nous attirons votre attention sur le fait qu'il ne s'agit que d'une proposition de correction, d'autres plans sont donc possibles. Introduction La notion de loisir (du latin licere, être permis) apparaît comme une constante au travers des sociétés, même si elle est longtemps restée principalement élitiste. Jusqu'au début de l'ère industrielle, seuls quelques privilégiés disposant de temps libre, c'est-à-dire le temps qu'il reste en dehors des obligations domestiques, professionnelles et biologiques, pouvaient prétendre au loisir. Dans la société athénienne, le loisir est l'apanage des aristocrates qui, n'étant pas contraints par des contingences matérielles, sont libres d'occuper leur temps à la politique, à la philosophie. Le loisir est alors un idéal de liberté. Les loisirs restent ensuite longtemps réservés aux rois et à leurs cours et plus tard à la grande bourgeoisie. Au XIXème siècle, les rentiers sont désignés comme une "classe des loisirs". Il en sera ainsi jusqu'au début de l'ère industrielle où, peu à peu, les loisirs se démocratisent dans les différentes classes sociales sous l'influence conjuguée de la hausse de la productivité, de la diminution du temps de travail et de l'introduction des congés payés, jusqu'à devenir un véritable phénomène de société. Dumazedier évoquera le premier la "civilisation des loisirs" au début des années 1960. Le loisir se définit aujourd'hui en opposition au travail. Il est en ce sens le temps libre de toute obligation professionnelle et dont on peut disposer à son gré à des fins de repos, de distraction ou encore d'épanouissement aux travers d'activités diverses. Le loisir fait l'objet d'une quête pour la plupart d'entre nous et nourrit, par ailleurs, des pans entiers de l'économie, ce qui contribue à en accentuer le besoin. Si le loisir est une constante au travers des sociétés et qu'il constitue une quête partagée par un grand nombre d'individus, peut-on, pour autant, considérer qu'il peut être un idéal de vie, c'est-à-dire un modèle absolu de perfection vers lequel chacun voudrait tendre ? Pascal, dans le texte "la misère du monde", montre que même un roi, qui devrait tirer une grande satisfaction de la seule vue de sa grandeur, ne peut rester sans distraction, sans loisir. Nous analyserons dans une première partie en quoi le loisir est nécessaire à l'épanouissement de l'Homme en nous intéressant successivement à ses différentes fonctions (sociale, d'apprentissage, de divertissement, de repos, …), puis nous nous interrogerons dans une deuxième partie sur la potentialité des loisirs à constituer une fin en soi, un idéal de vie. Partie I : Le loisir est nécessaire à l'épanouissement de l'homme Comme Pascal le démontre dans "La misère du monde", même un roi, pour qui la seule conscience de sa grandeur devrait suffire à son bonheur et à sa satisfaction, ne peut rester sans distraction, sans "satisfaction des sens" sans aucun "soin de l'esprit" et sans "compagnies". Le loisir apparaît ainsi comme une source de stimulations sensorielles, intellectuelles et sociales nécessaires à l'épanouissement. Il revêt un certain nombre de fonctions : fonction sociale, fonction d'apprentissage, fonction de divertissement, … et permet de développer confiance en soi, autonomie, etc... A - Fonction sociale des loisirs Les loisirs sont souvent collectifs. Ils sont alors l'occasion d'échanges, de rencontres et d'interactions sociales. Même lorsque les loisirs sont individuels (pratiquer la pêche, le canevas ou la broderie, le jogging) ils sont dans tous les cas partagés par un grand nombre et seront également l'occasion de rencontres et d'échanges. Ils sociabilisent en ce sens les individus. B - Fonction d'apprentissage L'individu profite souvent de son temps libre pour pratiquer des activités différentes de celles qui occupent son temps contraint. Ces activités stimulent d'autres potentialités et sont alors l'occasion d'exploration et d'apprentissage (sports, voyages, lecture, activités artistiques, bricolage, etc…). Elles apportent ouverture d'esprit, acquisition de connaissances et de savoir-faire. © COMPTALIA.COM 2/4 Correction de l'épreuve DPECF 2003 UV 5b Dissertation Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com C - Fonction de divertissement et de diversification des activités Les activités réalisées dans le cadre professionnel sont parfois récurrentes, voire répétitives. Le temps libre est alors l'occasion de diversifier ses activités, de rompre avec le quotidien. Les activités de loisirs sont librement choisies et revêtent de surcroît un caractère divertissant. D - Fonction de détente Le temps libre peut être utilisé comme temps réparateur de la fatigue physique ou nerveuse causée par le travail. E - Développement de la confiance en soi Les loisirs sont parfois un palliatif aux frustrations de la vie quotidienne. Le bricolage, le sport sont des activités librement consenties qui font appel à une autodiscipline que l'on s'impose. L'enjeu est aussi la possibilité de se vaincre soi-même, de mesurer et d'augmenter ses forces, de réussir quelque chose (performance, objet, etc.), de mener soi-même une activité choisie à son terme, contrairement à ce que l'on peut produire dans le cadre professionnel qui a souvent un caractère parcellaire et dirigé. Les loisirs, non seulement concourent, mais sont nécessaires, à l'épanouissement de l'individu de par le sentiment de liberté dans le choix du loisir pratiqué et de par la stimulation liée à la diversification qu'ils apportent. Peuvent-ils constituer un idéal de vie ? Partie II : Si le loisir est nécessaire à l'épanouissement, il ne peut constituer une fin en soi, un idéal de vie Dans la conception moderne comme dans l'acception classique, le loisir est toujours opposé soit au travail, soit au temps contraint. Pour Pascal, loisir prend le sens de distraction, opposé à la méditation. A - Le loisir n'existe que parce qu'il s'oppose à autre chose (travail, contrainte, activité non choisie, non épanouissante, obligation, pénibilité, etc.) ; s'il doit être un idéal de vie, il suppose l'acceptation de sa contrepartie, qui se trouve alors faire nécessairement partie de cet idéal. S'il n'y a plus la contrepartie de contrainte qui donne au loisir son statut, alors les loisirs ne sont plus des loisirs, mais des activités ordinaires. Par ailleurs, on apprécie d'autant les loisirs qu'ils font suite au travail. B - Le travail ou le temps contraint, apporte aussi des satisfactions et alimente des valeurs qui peuvent recouvrir celles apportées par les loisirs, voire les dépasser en nombre ou en qualité (participation au progrès, à la solidarité, au bien-être d'autrui, etc…) C - Dans l'organisation actuelle de notre société, le loisir est nécessaire à l'épanouissement. Est-il le seul à pouvoir remplir ce rôle ? De plus en plus, on cherche à concilier travail et épanouissement. Les occupations professionnelles doivent répondre à notre besoin de sécurité (salaire), mais aussi aux besoins d'appartenance et d'estime (Voir pyramide de Maslow). D - Il existe un parallèle entre la recherche d'un idéal de vie au travers des loisirs et l'aspiration au bonheur. Selon Platon, rechercher le maximum de pouvoir en vue de satisfaire tous ses désirs afin de parvenir au bonheur est illusoire. En effet, plus notre pouvoir augmente, plus nos désirs s'accroissent, donc plus grande est la quantité de désirs inassouvis et plus grande est notre insatisfaction et notre souffrance. Il en serait de même pour les loisirs. De plus, une vie faite uniquement de loisirs donnerait à ceux-ci un statut de contrainte, contraintes qui sont elles-mêmes la raison d'être des loisirs. On inverse donc le problème. E - L'hédonisme semble être la philosophie qui se rapprocherait le plus de la recherche actuelle des loisirs (loisirs en tant que plaisir). Cette philosophie de recherche du plaisir véhicule un système de valeurs incluant des contraintes, mais ici les contraintes sont liées à la satisfaction du plaisir d'autrui et au respect de la démocratie (Lire le philosophe Michel Onfray). Les loisirs, s'ils constituaient un idéal de vie auraient pour limite de prendre en considération les contraintes sociales. © COMPTALIA.COM 3/4 Correction de l'épreuve DPECF 2003 UV 5b Dissertation Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com Conclusion Le loisir apparaît donc comme un générateur de stimuli nécessaire à l'équilibre des individus mais, la recherche des loisirs ne nous paraît pas pouvoir accéder au statut d'idéal de vie. Elle apparaît plus comme une stratégie d'adaptation aux conditions actuelles du travail et à l'organisation de notre société. Notons également que si nous sommes amenés à parler aujourd'hui de civilisation des loisirs, c'est en partie parce que, dans nos sociétés, nous nous affranchissons de plus de plus des contraintes matérielles, la satisfaction des besoins primaires est plus aisée. Le temps de loisir que nous pouvons dégager de notre temps contraint est le résultat d'une amélioration sensible des performances économiques et le loisir tend à devenir une norme. Si le loisir ne peut constituer un idéal de vie, le "non" accès aux loisirs devient source de frustration et peut générer un sentiment d'exclusion. On peut alors se demander dans quelle mesure l'industrie des loisirs n'est pas génératrice de frustrations ? Mais, plus que d'une opposition entre travail et loisir, il existe une dialectique forte entre les deux notions, il faut travailler pour pouvoir "consommer" du loisir et avoir des loisirs pour son propre équilibre et aussi pour être efficace au travail. S'agissant d'idéal de vie qui viserait à apporter ce qu'apportent actuellement les loisirs, on pourrait penser à l'hédonisme, plus apte à remplir l'ensemble des aspirations humaines. De façon plus pragmatique, le moment ne serait-il venu d'inciter des actions visant à changer l'organisation de la société pour permettre à chacun d'avoir des activités choisies, épanouissantes et valorisantes ? Les loisirs reprendraient alors une place plus modeste dans nos aspirations. © COMPTALIA.COM 4/4