Projet Mo Molière Un diptyque - Dom Juan - Molière Création 2010 Création 2011 Jouvet et le Sentiment du Divin et des actions culturelles… Cie Métro Mouvance Un Théâtre de Tréteaux… versions à la fois plein air et salle Dans le cadre de notre compagnonnage avec la Scène Conventionnée de Thouars et de notre mission territoriale sur le Nord Deux-Sèvres, la Cie Métro Mouvance lance un projet multiple à partir de l’œuvre de Molière : - la création de deux spectacles : & Dom Juan en février 2010 Molière, Jouvet et le Sentiment du Divin à l’automne 2011 - la mise en place d’un travail d’actions culturelles s’appuyant sur l’œuvre mais également sur les écrits "d’après", en particulier les documents laissés par Louis Jouvet lorsqu’il dirigeait le Conservatoire National de Paris en 1939-40. Le diptyque, c’est Une équipe de conception identique : Adaptation & mise en scène : Fatima Soualhia Manet & Dominique Terrier Scénographie : Ludovic Billy Création lumière & régies : Vincent Robert Costumes : Marylène Richard Graphisme : MarieMarie-Edith Leyssene Interprète principal : Marc Marchand qui joue ″Dom Juan″ et ″l’ange″ dans le 2nd spectacle. Une scénographie commune : Tenter l’aventure artistique et humaine dans tous lieux où le désir de Théâtre peut surgir. 1ère création : février 2010 Dom Juan Version pour 5 comédiens Si Rimbaud, poète précoce dont nous avons monté en 2009 "Un cœur sous une soutane...", défie très tôt famille - école - religion, et provoque Dieu lui-même, le Dom Juan de Molière nous apparaît comme un prolongement naturel dans notre démarche thématique. La pièce relate la vie d'un personnage baroque, infidèle, libertin, anarchiste et blasphémateur... un être de l'inconstance et du mouvement. Dom Juan, accompagné de son valet Sganarelle, accumule les conquêtes amoureuses, mais surtout, affiche un certain cynisme dans les relations avec ses proches. Molière remet en cause les déterminismes chrétiens, financiers et politiques : en un mot - l'ordre établi - avec une modernité étourdissante et un esprit prérévolutionnaire… Nous verrons comment et pourquoi il se joue des liens filiaux, des accords matrimoniaux et des représentations du sacré, de la mort enfin, pour accéder à une sorte de "liberté libre" chère à Arthur R. Texte : Molière Adaptation & mise en scène : Fatima Soualhia Manet & Dominique Terrier Scénographie : Ludovic Billy Lumière : Vincent Robert Son : Géry Court Courty y Costumes : Marylène Richard Graphisme : Marie Marie--Edith Leyssene Avec : Marc Marchand (Dom Juan), Arnaud Frémont (Sganarelle), Marion Berthier (Gusman, Elvire, Mathurine), Nadia Sahali (Charlotte, Mr. Dimanche) et Thomas Rollin (Dom Louis, Pierrot, Le Pauvre) Coproduction : Le Théâtre de Thouars, Scène Conventionnée Le Moulin du Roc, Scène Nationale de Niort Résidences : La Maison du Comédien Maria Casarès à Alloue Le Théâtre de Thouars, Scène Conventionnée (Création le 25 et 26 février 2010) Notes du metteur en scène - L’œuvre Le désir insatiable de Dom Juan soulève tous types de réflexions liées à la liberté individuelle et à ses limites. Autrement dit, quelles bornes ou repères poser à nos aspirations ? Molière est victime de ceux qui veulent censurer son théâtre et porter atteinte à sa liberté d’auteur. Ici réside peut-être la métaphore principale offerte par le personnage de Dom Juan. Molière récuse tous les fanatismes (en particulier, ceux des religions), même le fanatisme d’une obsession, par exemple la conquête des femmes. Il propose un Dom Juan condamné par des bien-pensants, eux-mêmes présentés comme très dangereux. Ni libertin, ni censeur, Molière nous propose un idéal de mesure. mesure Notre libertin revendique l’assouvissement de ses désirs. Toutefois, il est d’abord celui qui réclame le libre exercice de sa pensée et le refus de toute croyance qui ne soit pas fondée en raison. On peut voir en Dom Juan un personnage annonciateur du mouvement anarchiste (Ni dieu, ni maitre), un rebelle, un héros qui défie la loi de Dieu et des hommes avec en exergue aujourd’hui cette question : qu’est-il encore possible de respecter en ces temps ? Mais aussi Molière ne signifie-t-il pas qu’il vit dans un système politique en voie de disparition ? Enfin, ne pas oublier, que Dom Juan, figure de l’ambiguïté, est aussi comme Tartuffe une figure de la Comédie, une figure de l’artiste sur une scène de théâtre. Ainsi, les grandes comédies nous aident encore à ouvrir les yeux, à n’être pas dupes des mystifications et de 2 dangers que nous courons encore aujourd’hui : la manipulation par le langage et l’interdiction de ce même langage. - Le traitement Les rôles et les les personnages : La distribution est déjà une analyse de la pièce ; le choix des comédiens implique des partispris et des résonnances. Monter Dom Juan avec 5 comédiens (et non pas 17) donne au duo Dom Juan-Sganarelle, une place encore plus centrale et fait de leur affrontement une sorte de dialectique théâtrale, l’un ne pouvant exister sans l’autre, l’un permettant à l’autre d’être reçu par le public. Nous décidons ainsi que cet échange permanent constitue le fil rouge du spectacle. spectacle Les autres personnages : Dom Louis, Elvire, Mr Dimanche, le Pauvre et les 3 paysans sont les interlocuteurs nécessaires à l’avancée des deux protagonistes. Cette cohorte porte à tour de rôle le sens de la famille, de la morale, de l’ordre social, et même de la libre circulation du capital… Nous avons retiré les 3 scènes des deux frères d’Elvire. Elles nous éloignent de notre fil rouge. Elles portent surtout des problèmes relatifs aux codes d’honneur, bien présents au XVIIème, qui, aujourd’hui, nous parlent peu dans l’organisation duale que nous avons retenue dans la lecture de la pièce. Par ailleurs, la puissance de Dom Juan et son attirance pour le risque physique, seront déjà donnés par le traitement général. De même, les serviteurs sont supprimés, ce qui participe de la même épure et modernise la verticalité du pouvoir. La statue du commandeur (représentation de Dieu, de la morale, de la vertu…) est concrétisée par des interventions sonores. On se concentre ainsi sur le pourquoi « Dom Juan meurt » et non pas le comment. Devant sa liberté de parole, sa liberté d’être, sa liberté de pensée, des forces veulent sa fin, car son comportement est insupportable : l’ordre établi, le pouvoir, la religion, sa famille… Dieu a bon dos d’encaisser ici son anéantissement. Il nous importe de transcrire la métaphore, de la laïciser, de laisser cette responsabilité aux hommes. Scénographies, Scénographies, costumes, artifices… : Une référence : Le baroque En portugais, le mot baroque signifie : perle irrégulière. On peut en tirer les 2 éléments essentiels de cette esthétique qui envahie l’Europe de la fin du XVIème jusqu’au début du XVIIIème : une préciosité certaine et une excentricité permanente. L’homme baroque aime le changement et tout ce qui le caractérise : l’eau qui fuit, les nuages qui passent, les reflets, les univers inversés, les apparences, le théâtre et la séduction. Cette esthétique du désordre était déjà à l’œuvre en Angleterre dans les pièces de Shakespeare avant que Molière s’en saisissent. Les éléments visibles du spectacle ne participent pas d’une reconstitution du XVIIème siècle, ni même d’une modernisation. Les différents lieux de jeu évoqués par Molière ne seront pas transposés, car nous ne souhaitons pas faire des illustrations : ″un palais, apparemment un bâtiment public, ouvert à tous les promeneurs″ (acte I), ″la campagne au bord de la mer″ (acte II), ″une forêt proche de la mer dans le voisinage de la ville″ (acte III), ″l’appartement de Dom Juan″ (acte IV), ″la campagne aux portes de la ville″ (acte V). Par ailleurs, il nous importe, dans le jeu, d’exploiter les concepts d’intérieur et d’extérieur, mais ils correspondent plus à l’intériorité des personnages plutôt qu’aux lieux. Le dispositif scénographique est composé de plusieurs éléments : - Le tréteau : plateau de 4m30 sur 4m30 Des échelles La passerelle Le promontoire La transparence derrière le tréteau Des couloirs extérieurs qui permettent de tourner autour du dispositif Un fauteuil en acier (déplaçable) Ce dispositif est entièrement constitué d’acier, de métal. Le sol du tréteau sera en bois mais recouvert d’une peinture bétonnée. Nous proposons donc une structure où il nous importe de faire circuler la pensée de Dom Juan et les réactions de Sganarelle, et non pas une illustration des espaces que traversent les personnages. Nous souhaitons montrer la puissance physique de Dom Juan qui est nécessaire à la dramaturgie. Si Dom Juan a un corps en action et une énergie redoutable, son corps renferme les forces d’une pensée surpuissante et différente (des autres protagonistes), capable de s’élever devant la pensée dominante et de s’en défendre si besoin est… Notre préoccupation est autour d’un travail corporel spécifique et permanent, donc une stylisation contemporaine du personnage de Dom Juan. Juan Ce processus à pour objet la construction d’un mouvement intérieur et d’une solitude qui inéluctablement emportent Dom Juan vers la mort. En ce qui concerne les costumes, plusieurs intentions nous animent : - « La scène se passe en Sicile » écrit Molière. Cela nous intéresse : qui dit Sicile dit Mafia, qui dit Mafia dit un certain ordre très établi que Don Corléone, pas plus que Dom Louis, souhaiterait remettre en cause : capitalisme, territoire, pouvoir, argent, patriarcat, sang, honneur, silence, force par les armes… - Le cuir : celui des cavaliers, des flics, des gangsters, des gants de boxe, des salles de sports, mais aussi de la sensualité et du chic… Le cuir comme complément d’une scénographie de fer et de béton. Les costumes des autres personnages seront déclinés à partir de ces réflexions (donc à partir du costume du père) dans une vision contemporain. Costumes et décors doivent être des matériaux qui émanent des questions de sens et non pas d’une volonté d’habillage, de repérage historique, de parti-pris esthétique ou encore d’une projection vers une quelconque modernité branchée. En une phrase, on peut dire que nous allons construire un imaginaire qui présente l’intérieur du personnage et sert le processus de son action. Nous ne posons pas la question de savoir comment se présentent la maison et l’habit de Dom Juan. - Le thème du donjuanisme Si Dom Juan s’intéresse tant aux femmes, c’est bien-sûr par hédonisme, mais c’est aussi que la société est organisée autour du contrôle de la population féminine, que ce soit par la famille et le mariage, par l’Eglise et la loi (l’Etat)… Voulant bousculer une société où il étouffe et s’ennuie, Dom Juan utilise les femmes pour provoquer et interpeler. C’est cette relation là au féminin qui nous intéresse plus que la séduction. Gérard Desarthe qui a interprété 2 fois Dom Juan avec Planchon et Rosner, nous livre sa réflexion : « On confond Dom Juan et le donjuanisme, en le réduisant à la séduction. Certes, le personnage parle de la séduction dans sa profession de foi au premier acte et la pratique dans les scènes des deux paysannes. Mais Molière s’est servit d’un personnage que le public aimait pour dire autre chose. Dom Juan est avant tout un homme libre, en recherche perpétuelle, qui vit dans le présent, oubliant très vite le passé, ne se souciant pas de l’avenir. Homme d’aventure et d’action, il va jusqu’au bout, jusqu’à ce que la statue du Commandeur l’arrête. On fait souvent l’erreur de penser qu’il est soudain confronté à un obstacle imprévu. Mais non, athée, il est toujours de la même virulence et paye le prix de ses défis en toutes connaissances de causes, comme il paye chacun de toute son énergie ; même Mr Dimanche, il le paye à sa manière, par sa virtuosité verbale. Au temps de Molière, le propos général de la pièce était incroyablement téméraire. C’est pour cela que Molière s’exprime à travers deux personnages, en contrepoint : le Maître à qui il fait dire le plus irrecevable, et le Valet auquel il confit un discours populaire rassurant. » - Texte "clin d’œil" : Chanson de Léo Ferré La cigarette sans cravate Qu’on fume à l’aube démocrate Et le remord des cous-de-jatte Avec la peur qui tend la patte Le ministère de ce prêtre Et la pitié à la fenêtre Et le client qui n’a peut-être NI DIEU NI MAITRE Le fardeau blême qu’on emballe Comme un paquet vers les étoiles Qui tombent froides sur la dalle Et cette rose sans pétale Cet avocat à la serviette Cette aube qui met la voilette Pour des larmes qui n’ont peut-être NI DIEU NI MAITRE NI DIEU NI MAITRE Ces bois que l’on dit de justice Et qui poussent dans les supplices Et pour meubler le Sacrifice Avec le sapin de service Cette procédure qui guette Ceux que la Société rejette Sous prétexte qu’ils n’ont peut-être NI DIEU NI MAITRE Cette parole d’évangile Qui fait plier les imbéciles Et qui met dans l’horreur civile De la noblesse et puis du style Ce cri qui n’a pas la rosette Cette parole de prophète Je la revendique et vous le souhaite NI DIEU NI MAITRE Esquisse du décor - A l’avant, un espace pour raconter la fable (plateau de 4m30 sur 4m30) - Au fond du plateau, le couloir des esprits - A l’arrière en transparence, les forces des ombres et du surnaturel, mais aussi les loges où les comédiens changent de personnages et suivent l’action - Au-dessus, une passerelle pour l’élévation de l’esprit et de l’âme, mais aussi pour hiérarchiser l’espace et matérialiser terre et ciel. - Des escaliers pour gravir les marches de l’inconnu ou du pouvoir, mais aussi pour relier les corps, les voix, les sens… - Un promontoire, un espace de repli, de solitude, de réflexion, le lieu des représentations et des métamorphoses Spectacles en salle et en plein air dans un dispositif unique : une scénographie préétablie "déposée" sur un plateau ou installée sur une place de marché, une cour d’école, un jardin… 2ème création : automne 2011 Molière Jouvet et le le Sentiment du Divin Le rideau s’ouvre sur un plateau de Théâtre à l’exercice. Le public assiste à des répétitions et à des échanges enflammés entre une élève, un metteur en scène et l’auteur de la pièce. Un témoin, sorte d’ange, inspiré du film de Wim Wenders « Les Ailes du Désir », incarne tout au long du spectacle un regard impertinent et drôle, une énergie subversive et maline qui guident et amènent le public sur une actualité contemporaine. Les spectateurs voient et entendent ce personnage alors que les autres acteurs ne perçoivent pas sa présence. C’est au moyen de ce décalage du réel que se construit le regard du public et que se fait la synthèse des 3 sources d’écriture d’écriture de la pièce. Ce Théâtre dans le Théâtre nous invite à une réflexion sur le monde d’aujourd’hui, sur nos troubles devant le fait politico-religieux et sur la spiritualité de l’acteur. Enfin, ce Théâtre fait vivre sous nos yeux la transposition contemporaine d’une œuvre classique. Texte : Molière, Louis Jouvet et Nicolas Bonneau Mise en scène : Dominique Terrier Direction d’acteur : Fatima Soualhia Manet Scénographie : Ludovic Billy Création lumière & régies : Vincent Robert Costume : Marylène Richard Graphisme : Marie-Edith Leyssene Distribution envisagée : L’Ange : Marc Marchand L’Auteur : Nicolas Bonneau Jouvet : Arno Feffer La comédienne : Sophie Caritté Ce spectacle repose sur un choix de scènes extraites du "Dom Juan" de Molière : - pour se poser la question du sens d’un théâtre de tréteaux, ici et aujourd’hui - pour l’actuelle affirmation du retour du religieux dans le politique - pour l’éternelle rivalité du sentiment divin face à l’amour humain - enfin pour cet auteur, qui nous donnent à la fois du tragique et de la comédie, mais aussi de l’énergie poétique et du recul « Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j’ai cru que, dans l’emploi où je me trouve, je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle, et l’hypocrisie sans doute en est un des plus en usage… » MOLIERE Une dramaturgie en trois temps Ecriture 1 : Il ne s’agit pas de monter une pièce de Molière dans son intégralité, mais de se saisir de scènes et situations servant d’appui au thème central du projet : "de la place de la spiritualité chez Molière jusqu’au fait religieux dans notre société". Extraits à l’étude : Les scènes d’Elvire (acte I, scène 2 / acte IV scène 6), mais aussi les paysans (acte II, scènes 1 et 2), les sciences (acte III, scène 1), le pauvre (acte III, scène 2), l’hypocrisie est un vice à la mode (acte V, scène 2)… Ecriture 2 : Il s’agit de puiser dans les cours de Louis Jouvet, rédigés durant ses années de Conservatoire National (39-40), des notes pour mettre en perspective et en action les scènes choisies, mais aussi pour poser un regard sélectif et analytique sur la pratique théâtrale. Références de Louis Jouvet : Molière et la tragédie classique / Le comédien désincarné Ecriture 3 : Il s’agit enfin de confronter ces deux temps à un troisième choix de références plus contemporaines : articles de presse, études sociologiques, essais philosophiques... Cette 3ème écriture vient perturber les répliques des personnages et révéler les postures parfois inquiétantes des hiérarchies religieuses au sein des actes de la vie quotidienne, de la vie sociale, du droit aux minorités, de la constitution de l’Europe…. Signataires des articles : Elisabeth BADINTER, Jean-Claude CARRIERE, André COMTE-SPONVILLE, Régis DEBRAY, Caroline FOUREST, Jacques JULLIARD, François JULLIEN, Luc FERRY, Hervé LIFFRAN, Michel ONFRAY, Natacha POLONY, Olivier PY, Paule SALOMON, Kateb YACINE… CONTACT : Compagnie Métro Mouvance L’ATELIER / Chapelle Anne Desrays 4 rue des Ursulines 79100 Thouars 05 49 67 18 68 [email protected] www.metromouvance.fr ♦ Laure Leveau - coordinatrice des activités de L’ATELIER et de la Compagnie Métro Mouvance ♦ Dominique Terrier - responsable artistique - 06 76 28 69 83 La Compagnie Métro Mouvance est conventionnée par l’Etat (DRAC Poitou-Charentes), la Région Poitou-Charentes et le Département des Deux Sèvres pour les années 2008-2009-2010. Elle est soutenue par la Ville de Thouars et en compagnonnage avec le Théâtre de Thouars, Scène Conventionnée.