Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Éditorial Comme promis dans le précédent Bulletin, nous essayons de courir après le temps. La présente livraison couvre l’année 2011 et une partie de l’année 2012, période riche en événements du côté de chez Giraudoux. L’Assemblée générale de janvier 2012 a entériné le choix d’un nouveau président. Francis Huster nous a fait l’honneur d’accepter de succéder à Jean-Bernard Raimond, que nous remercions de vingt ans de sollicitude éclairée. Tous deux incarnent deux versants de la carrière de Jean Giraudoux, le diplomate et l’auteur de théâtre. Francis Huster a joué Giraudoux, il l’a aussi mis en scène. C’est en admirateur de l’écrivain qu’il arrive dans notre association. Sa proposition d’en modifier le titre a été acceptée, et les « Amis de Jean Giraudoux » deviennent l’« Académie Giraudoux ». Bulletin de passage, donc : d’une année à l’autre, des Amis à l’Académie, mais dont le contenu reflète la permanence de nos objectifs : parler et faire parler de Jean Giraudoux, à travers son théâtre, ses romans et les témoignages que nous recueillons sur le web, qui nous montrent que l’écrivain et certains de ses personnages comptent au nombre des références culturelles. Après une année 2012 marquée par l’intégrale de Giraudoux au théâtre du Nord-Ouest, la cuvée 2013 est prometteuse : une mise en scène de La Folle de Chaillot à la Comédie des Champs-Élysées ; une commémoration du 60e anniversaire du Festival de Bellac. Nous vous souhaitons une année 2013 riche en découvertes autour de Jean Giraudoux. Annie Besnard Secrétaire générale de l’Académie Giraudoux 1 Bulletin 2011-2012 La Maison natale reçoit le label Maison des Illustres Par un courrier du 17 juin 2011, le Ministère de la Culture et de la Communication annonce au Maire de Bellac que la Maison natale de Jean Giraudoux fait partie des 111 maisons de personnages célèbres qui ont reçu le label Maison des Illustres. localtis.info, 15/09/2011 « Un nouveau label culturel pour les "Maisons des Illustres" », par Jean-Noël Escudié Frédéric Mitterrand a présenté, le 13 septembre, un nouveau label destiné à mettre en valeur un aspect particulier du patrimoine : les « Maisons des illustres ». Comme l'intitulé le laisse entendre, cette distinction concerne des bâtiments en rapport avec de grands personnages historiques ou culturels. Le label reprend ainsi l'idée qui était à l'origine de la Fédération des maisons d'écrivains et des patrimoines littéraires, mais en l'élargissant à des personnalités plus diverses. Pour en bénéficier, il ne suffit cependant pas que le lieu ait accueilli une personnalité (maison de naissance ou de décès, lieu de vie...). Il faut aussi qu'il remplisse un certain nombre de conditions : ouverture au public au moins 40 jours par an (avec ou sans rendezvous) - dont le but ne doit pas être « principalement commercial » -, proposition de formes variées d'accompagnement à la découverte et à l'interprétation du lieu et mise en œuvre d'un programme culturel autour du site. Sans constituer une condition éliminatoire, l'existence 2 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux 3 Bulletin 2011-2012 d'aides à la visite pour les personnes en situation de handicap est également souhaitée. Selon le ministre de la Culture, « la vocation première de ce nouveau label consiste à donner une meilleure visibilité au travail de valorisation effectué sur place par les défenseurs et les acteurs du patrimoine ». Dans les mois qui ont précédé ce lancement, le ministère a déjà labellisé 111 « Maisons des illustres », en veillant soigneusement à représenter tous les territoires, en métropole et outre-mer. On y trouve ainsi des maisons incontournables de grands écrivains du patrimoine comme celles de George Sand à Nohant, de Chateaubriand à Combourg, d'Ernest Renan à Tréguier, d'Arthur Rimbaud à Charleville-Mézières, de Balzac à Paris, de Zola à Médan, de Jules Verne à Amiens, ou encore la maison de tante Léonie à Illiers-Combray (chère à Marcel Proust), le château de La Brède (Montesquieu), celui de Bussy-Rabutin ou celui de Montaigne. Des écrivains plus contemporains sont également représentés à travers le domaine de Malagar (François Mauriac), la maison de Joë Bousquet à Carcassonne, la maison de Marguerite Yourcenar à SaintJans-Cappel ou celle de Jean Giraudoux à Bellac. D'autres artistes sont aussi présents à travers un lieu qui porte la trace de leur passage : Erik Satie, Renoir, Berlioz, Rodin, Courbet, Maillol sans oublier le facteur Cheval à Hauterives et… Tino Rossi et Charles Trenet. Plus de la moitié des maisons labellisées appartiennent à des collectivités Les « grands hommes » sont également très représentés. Figurent ainsi dans cette première sélection les maisons natales de Bonaparte à Ajaccio, de Charles De Gaulle à Lille et de François Mitterrand à Jarnac, mais aussi des lieux liés à de grands serviteurs de l'État, illustres savants ou glorieux militaires : Vauban (château de Bazoches), Foch (Tarbes), Pasteur (Dôle), Gambetta (Sèvres), Poincaré (Sampigny), Champollion (Figeac), les frères Lumière (Lyon)... Il ne s'agit là que d'une première liste, puisque le ministère 4 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux a déjà identifié, lors des travaux de préparation du label, plus de 900 maisons « qui conservent et transmettent la mémoire des hommes qui les ont habitées et qui se sont illustrés dans l'histoire politique, sociale et culturelle de la France ». Une deuxième campagne de labellisation doit donc débuter dès ce mois de septembre, pour s'achever en mars 2012. À noter : sur les 111 « Maisons des illustres » déjà labellisées, 66 appartiennent à des collectivités territoriales : 40 à des communes, 25 à des départements et une à une région (le domaine de Malagar de François Mauriac, en Aquitaine). Les autres appartiennent à l'État, à des associations ad hoc ou à des propriétaires privés. lemonde.fr, 22/09/2011 « Ici vécut un illustre », par Pierre Assouline […] Et voilà nos bonnes vieilles maisons d'écrivains, charmantes et plus ou moins poussives (toutes n'ont pas le dynamisme de la maison de Victor Hugo, place des Vosges à Paris, certaines tiennent plutôt du reliquaire), engagées dans la course au label de référence « Qualité française ». Ou plus exactement : « Maisons des Illustres ». A priori, un nouveau machin dont on dira, comme François Mauriac de l'eau de Lourdes, que si ça ne fait pas de bien, ça ne peut pas faire de mal. Sauf qu'à l'examen c'est (un peu) mieux, sans pour autant favoriser les miracles ni transformer la bicoque d'un romancier jamais réédité en musée quatre-étoiles d'un pléiadisé. Le label veut distinguer et valoriser. Et même mettre à l'épreuve, car il faudra s'appliquer si l'on ne veut pas perdre l'autocollant, pardon, le logotype, que le ministre a mis sur la façade. Cela dit, halte au rêve, descendants d'illustres ! Au mieux, cette pure opération de communication s'étendra jusqu'à un éventuel agrément fiscal en cas de réparation de la toiture, mais elle ne se traduira pas par des subventions. […] 5 Bulletin 2011-2012 Festival de Bellac 2011 6 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Les « Journées Giraudoux » à Bellac (2-3 juillet 2011) Exposition temporaire Alexandre Vialatte et Jean Giraudoux. Résonances. L’exposition a été conçue et installée à la Maison natale par AnneMarie Prévot et Annie Besnard. Elle a été inaugurée le 2 juillet. La préparation a été facilitée par la collaboration de l’Association des Amis d’Alexandre Vialatte, et en particulier Dany Hadjadj et François Béal. 7 Bulletin 2011-2012 Table ronde Alexandre Vialatte et Jean Giraudoux. Imaginaires et écritures Elle a eu lieu le 3 juillet au matin. Elle a été animée par Dany Hadjadj (Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand) et François Béal pour A. Vialatte, par Jacques Body et Pierre d’Almeida pour J. Giraudoux. Spectacle Histoires de choses humaines Il s’agit d’un « récital » à partir de textes d’Alexandre Vialatte, proposé par François Béal l’après-midi du 3 juillet. 8 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux L’Écho du Centre, 16/07/2011 9 Bulletin 2011-2012 Le Populaire du Centre, 05/07/2011 10 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux La bibliothèque de la Maison natale Travaux de restauration Le Populaire du Centre, 30/07/2011 11 Bulletin 2011-2012 lepopulaire.fr, 29/09/2011 « Une médiathèque Jean Giraudoux ? » par Réginald Marie La Fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux a fait don à la commune des ouvrages déposés dans la maison natale de Jean Giraudoux. Ces livres intégreront la future médiathèque qui pourrait prendre le nom de l'écrivain bellachon. C'est une collection riche de 2.000 ouvrages qui prendra place dans la future médiathèque. En effet, afin de les préserver ce patrimoine, la fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux, sous l'égide de la Fondation de France, a fait don à la commune de ces livres conservés dans la maison natale de Jean Giraudoux. Parmi ces ouvrages, dont 900 appartenaient à la fondation, certains possèdent une grande valeur en raison des dédicaces d'hommes célèbres qu'ils renferment (André Gide, Marcel Proust...). « Ces ouvrages étaient en train de s'abîmer dans la maison natale de Jean Giraudoux. Ils seront réparés et mis à la disposition du public au sein de la médiathèque », explique le conseiller général Claude Peyronnet. Restauration, inventaire, désacidification, reconditionnement, numérisation des dédicaces : la totalité des documents sera traitée. L'ensemble de ces opérations estimé à 21160,14 € TTC, bénéficie d'une subvention de 16538 € de la part de la Direction régionale des affaires culturelles du Limousin (Drac). Ce legs de la Fondation Jean et Jean-Pierre à la commune comporte néanmoins une condition : que la future médiathèque, qui conservera ces livres, porte le nom de Jean Giraudoux. « Si un lieu de la commune mérite bien le nom de Jean Giraudoux, c'est bien la médiathèque, même si à Bellac, nous avons déjà un grand nombre d'endroits qui portent déjà ce nom », a souligné le maire Jean-Michel Doumeix. Pour le conseiller municipal d'opposition, Jean-Pierre Gainand, « l'ouverture de la médiathèque appelle forcément le nom de Jean Giraudoux. Lui attribuer ce nom serait d'une grande logique d'autant plus que ses livres intégreront ce lieu. » Affaire à suivre... 12 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Giraudoux au théâtre rjb.ch, 08/01/2011 « Le Parpaillot en tournée » La Troupe de théâtre du Parpaillot de Moutier part en tournée ces prochaines semaines. Les neuf acteurs prévôtois âgés de 15 à 26 ans interpréteront une pièce de Jean Giraudoux : L’Apollon de Bellac, écrite en 1942. Le spectacle raconte les aventures d’une jeune femme qui berne les hommes pour décrocher un travail. [La pièce a été présentée du 15 janvier au 27 février à Bienne, Delémont, Moutier et Berne.] 34.agendaculturel.fr Spectacle Ondine d'après J. Giraudoux à Montpellier Artistes Auteur : d'après J. Giraudoux, metteur En Scène : Julie Desmet, Chorégraphie : Eugénie Andrin, Julie Desmet. Lieu Carré Rondelet Théâtre 14, Rue De Belfort - 34000 Montpellier http://carrerondelet.venez.fr Ondine d'après J. Giraudoux Ne manquez pas la représentation du spectacle Ondine d'après J. Giraudoux au Carré Rondelet Théâtre qui aura lieu du jeudi 24 février 2011 au dimanche 6 mars 2011. 13 Bulletin 2011-2012 Hans...Ondine...Bertha...Un trio amoureux qui lie à jamais un homme avec une fée, sous le regard d'une femme. À la mort de Hans, Ondine, mythologique fille de l'Eau est condamnée à l'oubli. Bertha, devient sa mémoire pour revire en boucle, à l'infini, leur histoire d'amour. Une adaptation pour 1 danseuse et 1 comédienne qui permet de développer, grâce au texte et à la technique sur pointes, une recherche chorégraphique sous une nouvelle forme contemporaine. Les mots, les mouvements deviennent les phrases qui narrent l'histoire. Leurs sonorités, leurs intensités révèlent les états émotionnels et la mémoire d'Ondine qui surgit brutalement ou insidieusement, puis disparaît en un éclair ou un flou, vague, évaporation... Il s'agit, cette fois, d'aborder le mythe d'Ondine en mettant en scène deux femmes autour du souvenir d'un homme aimé. Un travail sur l'oubli et la mémoire mettant à chaque fois en jeu deux regards amoureux. midilibre.com, 06/03/2011 « Gracieuse Ondine » Elles sont deux, vendredi, sur la petite scène du Carré Rondelet, pour jouer Ondine, cette pièce de Jean Giraudoux qui compte pas moins d'une vingtaine de rôles. Leur pari intéressant est assez bien réussi. Le duo, à la belle complicité, a choisi de commencer par la fin : Hans est mort et Ondine ne se souvient plus de l'avoir aimé. La danseuse Eugénie Andrin interprète Ondine et la comédienne Julie Desmet joue Bertha, sa rivale, qui retrace l'histoire de 14 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux cette naïade et de son amour pour le chevalier. Mêlant la danse et le texte, Eugénie Andrin et Julie Desmet font revivre avec légèreté et gravité la poésie des mots de Giraudoux. Même s'il y a quelques fois de petits problèmes de rythme, elles proposent, à travers l'échange entre ces deux femmes à la fois proches M. P. dna.fr, 10/06/2011 « Fortschwihr, la troupe de théâtre sur les planches » Les élèves du Club théâtre du collège de Fortschwihr se sont produits devant leurs camarades, parents et professeurs pour les représentations 2011 dans la semaine du 6 au 11 juin. Le mardi 8, en soirée, a eu lieu la première représentation. Ils ont joué en journée devant les classes du collège et des écoles primaires du secteur et en public pour les soirées. Cette année, une seule pièce, adaptée de Jean Giraudoux, est proposée au public. Il s'agit d'Ondine, un conte tragique, dans lequel l'amour pur et improbable d'une nymphe des eaux et d'un chevalier est malmené par une ancienne fiancée, très belle et bien terrestre. frequence-sud.fr, 07/09/2011 Électre, le 11/09/2011 à Mallemort par la troupe « Les IMPROopmtus » Ce groupe d’amis motivé par une passion ardente pour le théâtre nous proposera une refonte de cette tragédie antique à partir des œuvres de Sophocle, Euripide, Eschyle, Anouilh, Giraudoux… en une tragédie décalée entre sérieux et délires. 15 Bulletin 2011-2012 Après l'enlèvement d'Hélène par Pâris, et à l'issue de longues tractations, Agamemnon est désigné pour mener l'expédition contre Troie. Il rentre vainqueur de Troie en Argos avec à son bras une princesse troyenne comme putain. Clytemnestre, sa femme, s'en offusque et le tue avec l'aide de son amant Égisthe. Électre et Oreste, fille et fils de Clytemnestre et d'Agamemnon se vengent en tuant leur propre mère... L'Atelier Théâtre du Quartier Latin présente son projet 2010-2011 LA GUERRE DE TROIE N'AURA PAS LIEU de Jean Giraudoux Représentations prévues à Paris : - les 23 et 30 juin 2011 au Théâtre du Mandapa - le 26 juin 2011 à La Fondation Hellénique de la Cité Internationale Universitaire de Paris Mise en scène : Ahouva Lion (assistée par Anne Josserand) Régie : Max Hardt, Emmanuelle Jacquemard et Karell Marchand Costumes et décors : Malvina Kazuro, Karim Merabet, May Roger et Cécile Sudour Avec : Cécile Sudour, Malvina Kazuro, Emmanuelle Jacquemard, Élise Rillard, Julie Vergès, Mathieu Ramona, Yannick Oudin, Clément Vial, Karell Marchand, Mahmoud Ktari, Philippe Bona, May Roger, Tiphaine de Rocquigny, Sarah Wetteler ou Roxane Revon (par alternance), Grégoire Chadenet, Alain Mondino, Mehdi Khakzad, Louis Jean-Joseph, Max Hardt, Karim Merabet, Nicolas Wauters, Nadine Dorsaint. Nous sommes à Troie, quelques heures avant la guerre que Homère racontera dans l'Iliade : Hector retrouve son épouse Andromaque après avoir vaincu les barbares qui semaient la terreur en Asie. Et cette guerre, c'est décidé, sera la dernière... 16 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux La Guerre de Troie n'aura pas lieu fut représentée pour la première fois en 1935, dans un contexte historique profondément marqué par les tensions internationales qui conduiront à la Seconde guerre mondiale. Jean Giraudoux y livre une vision à la fois tragique et détachée de l'acheminement des hommes vers la guerre, et des passions qu'elle suscite ; c'est un portrait sobre et acide de la condition humaine, inspiré de l'une des plus grandes œuvres de l'Antiquité. lanouvellerepublique.fr, 27/11/2011 Vienne, théâtre La Guerre de Troie n’aura pas lieu Organisé par l'Arantelle, le festival culturel de l'Auberge de la Grand'Route, dévoile son nouveau spectacle. Cette année, avec La Guerre de Troie n'aura pas lieu, les seize acteurs de la compagnie mettent leur savoir faire au service du texte de Jean Giraudoux. En 1935, celui-ci met la force et la poésie de son écriture dans un texte férocement drôle et merveilleusement tragique. Un vrai moment de théâtre populaire à ne pas manquer. 17 Bulletin 2011-2012 Les Anges du péché à Paris… Sapho chante Léo Ferré LES ANGES DU PÉCHE Théâtre de la Jonquière (Paris ) mars 2011 Comédie dramatique adaptée et mise en scène par Laurent Le Bras d'après le film éponyme de Robert Bresson, avec Dominique Isnard, Héloïse Ester, Magaly Godenaire, Livane Revel, Nathalie Yanoz, Sophie Colon, Brigitte Massiot, Chantal Péninon, Antoine Réjasse et Christian Abart. En assurant également la mise en scène et la scénographie, Laurent Le Bras s'est attelé, avec succès, à la difficile et ambitieuse mission qu'est l'adaptation théâtrale du premier long métrage du cinéaste Robert Bresson, Les Anges du péché réalisé en 1943 d'après un scénario co-écrit avec le père dominicain Raymond Léopold Bruckberger et l'écrivain Jean Giraudoux. 18 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Tâche d'autant plus ardue et hardie compte tenu de la spécificité stylistique du cinéaste et du genre, s'agissant de théâtre chrétien, qu'il accomplit avec beaucoup de sagacité en évitant l'écueil du dogmatisme. Les Anges du péché suit le parcours tragique d'une jeune femme au tempérament impétueux et déterminé qui se sent non seulement appelée par Dieu mais « élue » qui intègre un couvent dominicain, qui a pour mission ecclésiale la réhabilitation des femmes délinquantes, dont elle compromet l'équilibre non seulement consensuel, mais établi par des sœurs qui ne sont pas toutes touchées par la grâce, mais également religieux par son mysticisme proche de la névrose obsessionnelle. Cette partition sensible et délicate aborde de nombreux thèmes tels que la motivation intime qui sous-tend la vocation religieuse, la rédemption des péchés, la dualité entre la foi et le mysticisme, l'opposition entre l'ascétisme imposé par la clôture et la sensualité de l'individu, qui impliquent un théâtre d'incarnation. Toutes les comédiennes parviennent à donner corps aux personnages, qui conjuguent chacun à sa manière leur foi et leur humanisme : les plus jeunes, Thérèse, la criminelle pragmatique (Dominique Isnard), Anne Marie la mystique (Magaly Godenaire), les jeunes novices (Sophie Colon et Héloïse Ester) et les anciennes, "cadres" du couvent, la supérieure fascinée par celle qu'elle voit comme une future sainte (Chantal Peninon), la tendre maîtresse des novices (Nathalie Yanoz) et la sous prieure intendante de la règle (Liliane Revel). Des femmes de chair dont la sensualité vibrante affleure toujours même si elles ont renoncé aux lois libertaires de la communauté sociétale pour suivre la règle de vie contraignante d'un couvent tant 19 Bulletin 2011-2012 elles ne se dépouillent pas instantanément, et parfois même jamais, non seulement de leurs traits de caractère mais de leur humanité. Porté par une direction d'acteurs remarquable et une scénographie d'un esthétisme aussi lumineux que minimaliste, quelques accessoires symboliques et un très conséquent travail sur les lumières axé qui restitue la densité et la diversité chromatique du contraste du noir et blanc de la photographie picturale à l'argentique, le spectacle s'inscrit dans le registre d'un réalisme stylisé en adéquation avec la thématique particulièrement réussi. puis à Avignon 20 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux 21 Bulletin 2011-2012 22 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux humanite.fr, 24/07/2011 « Avignon 2011 Du côté du OFF « Anges du péché en chair et en os » par Muriel Steinmetz Laurent Le Bras adapte et met en scène Les Anges du péché, le célèbre film de Robert Bresson, scénario de Jean Giraudoux. AnneMarie (Magaly Godenaire), qui se sent appelée, décide de quitter le monde bourgeois d’où elle vient pour rejoindre une congrégation qui accueille des détenues en fin de peine. Le clair-obscur du couvent, l’univers du chant grégorien interprété a cappella, ainsi que les costumes en camaïeu gris ont été soigneusement traités. Magaly Godenaire se montre à la hauteur de sa partition en rendant frémissant son personnage de nonne écartelée entre l’ascétisme exigé et sa sensualité de jeune femme mystique, exaltée jusqu’à en mourir. 23 Bulletin 2011-2012 24 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux www.dezastrenouvo.fr, 27/02/2012 La Guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux Mise en scène : Alain Durig Comme le déclarait encore judicieusement une candidate éclairée au titre de Miss France : « la guerre c'est pas bien et même je suis contre. » Fort de cet aphorisme dont nous partageons pour la plupart, la philosophie profonde, DeZastrenouvÔ-théâtre a décidé de vous présenter une pièce traitant de l'absurdité du comportement des hommes face à la guerre, pièce écrite en 1935 par Jean Giraudoux mais qui n'a pas pris une ride : La Guerre de Troie n'aura pas lieu. L'action se déroule dans une ville fortifiée, Troie, entourée par la mer. Hector, fils du roi Priam et chef de guerre, rentre d'une campagne militaire très dure. Ils ont gagné cette guerre en tuant presque tous leurs ennemis, mais il fera tout ce qui est en son pouvoir pour qu'il n'y en ait plus jamais d'autres. Il retrouve sa femme Andromaque (enceinte) et sa sœur Cassandre, et apprend que son frère Pâris a enlevé, pendant son absence, une certaine Hélène (reine grecque d'une très grande beauté), épouse du roi Ménélas. Les Grecs attaqueront Troie si elle ne leur est pas rendue. Deux clans vont s'affronter : d'une part les pacifistes, emmenés par toutes les femmes du royaume ainsi qu'Hector, qui va convaincre son frère de renoncer à la belle Hélène, et d'autre part les bellicistes, hyper nationalistes, emmenés par le poète officiel Démokos qui veut la guerre à tout prix. 25 Bulletin 2011-2012 Au second acte, l'ambassadeur des Grecs (Ulysse, roi d'Ithaque) arrivera par bateau, accompagné de son émissaire, un certain Oïax, une brute à moitié ivre. Ils mettent le marché en mains à Priam et Hector : soit les Grecs récupèrent la belle Hélène, soit ils déclarent la guerre aux Troyens - hypothèse qui (secrètement) ne serait pas pour leur déplaire, car ils jalousent depuis longtemps les richesses de Troie et ne rêvent que de se les approprier... La Guerre de Troie aura-t-elle lieu ??? Représentations : 9, 10, 13, 17 et 18 mars lavoixdunord.fr, 29/02/2012 La Guerre de Troie n'aura pas lieu, avec DéZastrenouvÔ Les comédiens de la Cie DéZastrenouvÔ, lors d'une répétition au Castel SaintGérard. La compagnie DéZastrenouvÔ fêtera ses 20 ans en 2013 et elle annonce d'ores et déjà que la fête sera belle à l'occasion de cet anniversaire. Le quotidien n'est toutefois pas mal non plus pour la trentaine de comédiens que compte la troupe lambersartoise. Ceux-ci répètent, en effet, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, une pièce de Jean Giraudoux que le public pourra découvrir du 9 au 18 mars prochains à la salle du Pré-fleuri, rue de la Carnoy. 26 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux L'association, née en 1993, regroupe des gens tous mordus de théâtre et bien décidés à présenter des spectacles de qualité. DeZastrenouvÔ a tâté à toutes les formes de spectacles, du classique avec Molière et Marivaux, au contemporain avec Éric Emmanuel Schmitt, en passant par Van Cauwelaert, Obaldia, Choderlos de Laclos, ou encore Dario Fo. Un péplum ! Pour Alain Durig, La Guerre de Troie n'aura pas lieu sera sa seconde mise en scène après Musée haut, musée bas, de Jean-Michel Ribes. Un projet qu'il aura mis deux ans à concrétiser et qu'il a privilégié pour les nombreux personnages que la pièce comprend. « Les comédiens ont commencé à travailler dessus il y a un peu plus d'un an. C'est un pari que de jouer du Giraudoux et mes copains de la troupe me charrient en disant que c'est un péplum que l'on monte ! Ce qui n'est pas tout à fait faux du reste. » Il est vrai qu'ils ne seront pas moins de dix-huit sur scène et quand on comptabilise tous ceux qui ont collaboré à l'aventure, ils seront vingt-six à y avoir participé. Un beau projet qu'Alain Durig trouve d'une grande actualité parce que, dans cette histoire écrite en 1935, Giraudoux dénonce le fait que les hommes, depuis la nuit des temps, trouvent tous les prétextes possibles pour faire la guerre. « Pour moi, la pièce dont l'action se déroule en 1104 avant J.-C. raconte une histoire des plus contemporaines. C'est un drame, dans lequel il y a aussi de grands moments de rire, que Giraudoux a écrit avec beaucoup d'humour et une pointe de cynisme. L'idée était de pouvoir traiter un sujet sérieux que l'on peut même qualifier de grave, dans un français superbement écrit. Une pièce où l'on passe par différents degrés d'émotion. Tout le monde m'a suivi dans ce projet. Au bout du compte on s'aperçoit qu'il y a quand même des pièces de théâtre qui font réfléchir. Celle-là fait réfléchir et penser. » Serge Carpentier (CLP) 27 Bulletin 2011-2012 ladepeche.fr, 02/03/2012 « Agen. Électre au théâtre du Jour » Deux actes, qui à partir d'aujourd'hui, font revivre le monde de la Grèce d'Euripide et de Sophocle. Toutes et tous servent admirablement la langue de Giraudoux. C'est la tragédie grecque que le théâtre du Jour met à l'honneur à partir d'aujourd'hui mais un genre tragique revisité au milieu du siècle dernier par Jean Giraudoux. La mise en scène est signée Françoise Danell avec pour acteurs Marin Assassi, Peio Berterretche, Théo Comby Lemaître, Emmanuelle Degeorges, Marc Duchange, Aymric Faure, Inès Fourrageat, Agnès François, Damien Gassian, Alice Parrot Labis, Nancy Pobel, Lorenzo Tedone, Marion Vialate et Olivia Viviani. Deux actes qui font revivre le monde la Grèce d'Euripide et de Sophocle, un monde où, dans un palais royal d'Argos, évoluent les protagonistes d'un drame familial dominé par la haine d'une fille, Électre, pour sa mère Clytemnestre, soupçonnée d'avoir, il y a longtemps, assassiné Agamemnon, père de la première et mari de la seconde. Sur cette trame très classique, Jean Giraudoux a retissé une pièce d'une densité et d'une force magistrale et Françoise Danell a composé une mise en scène dont la sobriété et la précision ajoutent à la beauté du texte. Le décor est d'une sobriété à l'antique : scène bordée de grands voiles blancs et meublée d'importants blocs de pierre. Mais c'est surtout une interprétation d'une grande puissance qui frappe le spectateur. Toutes et tous servent admirablement la belle langue de Giraudoux. 28 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Alice Parrot-Labis joue sur toute la gamme des sentiments d'Électre. Quant à Agnès François, elle est habitée par la complexité et la grandeur de Clytemnestre. Peio Berretche compose un Égisthe dont la hauteur se révèle soudain à la fin du second acte. Et Damien Gassian maîtrise avec brio son monologue du jardinier. Le théâtre du Jour nous habite à bien des réussites mais, aujourd'hui, avec Électre, il nous offre un immense moment de théâtre. Et je laisse Giraudoux conclure : « Cela a un très beau nom, cela s'appelle l'aurore ». Bertrand Solès institutfrancais-lituanie.com, 01/02/2012 La Folle de Chaillot, de Jean Giraudoux Le Théâtre National d’Art Dramatique de Lituanie fait entrer dans son répertoire la pièce de Jean Giraudoux, La Folle de Chaillot. Les premières ont lieu les 24 et 25 février. Jean Giraudoux est un écrivain et diplomate français du début du XXe siècle. Son œuvre frappe par sa diversité : essais, critiques, romans. Mais il s’impose plutôt au théâtre dès sa première pièce, Siegfried en 1928, et son succès se confirme avec Amphitryon 38 (1929) et Intermezzo (1933). Avec la montée du totalitarisme en Europe, l’univers de ses pièces se teinte d’angoisse : La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935), Électre (1937), Ondine (1939). Jean Giraudoux a participé comme d’autres dramaturges des années 19301940 à la réécriture des mythes antiques éclairés par les mentalités modernes. La Folle de Chaillot est l’une des pièces les plus célèbres de Jean Giraudoux, et la dernière, qu’il écrivit pendant l’Occupation. Du pétrole sous Paris ? La haute finance et sa horde de spéculateurs s’apprêtent à raser la ville pour s’en emparer. Face à eux, Aurélie, la Folle de Chaillot, suivie par les habitants du quartier, organise la résistance : c’est l’humanité tout entière qui est à sauver…La pièce s’en prend à notre société. Mais Giraudoux l’attaque en poète, et non en doctrinaire : il met en scène une comtesse folle, qui possède pour 29 Bulletin 2011-2012 toute demeure une cave aux flancs de la colline de Chaillot. C’est là même que s’est réfugiée la poésie, autrement dit la liberté de vivre. Théâtre National d’Art Dramatique de Lituanie, Gedimino pr. 4, Vilnius, www.teatras.lt L’intégrale de Jean Giraudoux au Théâtre du Nord-Ouest Le dossier complet paraîtra dans le prochain Bulletin 30 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Publications Dossier de presse des Vies multiples de Jean Giraudoux lefigaro.fr, 06/01/2011 « Où est passé Giraudoux ? » par Astrid De Larminat BIOGRAPHIE - Il faut redécouvrir l'auteur d'Ondine et de La guerre de Troie n'aura pas lieu. Giraudoux a presque disparu, depuis vingt ans, de l'affiche des théâtres. La disgrâce de celui qui enchanta la scène pendant un demisiècle est injuste, inquiétante même : «Nul ne peut résister, sinon par barbarie, au sourire de Giraudoux», disait Gide. Serions-nous devenus barbares? Comment se fait-il qu'Ondine, Intermezzo, Électre, La Folle de Chaillot ne soient plus représentés? Une biographie signée Mauricette Berne, spécialiste du fonds Giraudoux à la BNF, et Guy Tessier, universitaire, est l'occasion de se poser la question et d'éclaircir quelques malentendus. Il y a une raison prosaïque et conjoncturelle à cette éclipse. Conçu pour les nombreux comédiens de la troupe de Louis Jouvet, qui l'attira vers l'écriture dramatique et fut son inlassable complice, le théâtre de Giraudoux est coûteux à mettre en scène. Il y a aussi le fait que sa langue fleurie, son goût pour l'adjectif, son humour empreint d'une tendresse radieuse paraissent naïfs à notre époque qui a le culte du mot qui grince. Cette condescendance est malvenue. Procès politique La légèreté giralducienne est celle des grands mélancoliques. Ses personnages sont pleins de grâce, même lorsqu'ils sont sots ou dangereux, mais le fond de l'air qu'ils respirent est tragique. Il y a une autre cause à cet ostracisme. Comme tous les écrivains de l'entredeux-guerres, a fortiori parce qu'il était haut fonctionnaire au Quai d'Orsay, Giraudoux a subi un procès politique. Quelques pages de son essai Pleins pouvoirs où il s'interroge sur l'identité de la France dans un contexte d'immigration massive lui ont valu d'être désigné 31 Bulletin 2011-2012 comme antisémite. C'est oublier bien d'autres pages, où il écrit par exemple: « Je n'ai jamais pu lire sur une pancarte, sur une affiche ou sur la manchette d'un journal ces mots: “La France aux Français” sans ressentir un choc désagréable. Cette phrase, au lieu de m'enrichir, me dépossède.» Au sujet du nazisme, ce germanophile n'a jamais fait preuve d'ambiguïté. Pour le résistant Claude Roy, cela ne faisait pas de doute, Giraudoux était «des leurs». Il en veut pour preuve que pendant la guerre, il avait réuni un groupe d'écrivains pour constituer un dossier établissant les crimes du nazisme, d'une part et d'autre part les besoins de la France pour préparer la reconstruction du pays une fois la paix rétablie. Lorsqu'il est mort subitement en 1944, à l'âge de 62 ans, plusieurs personnes ont pensé qu'il avait été empoisonné par la Gestapo. Homme de paix Dans les tranchées de 14-18, Giraudoux, comme Hector dans La guerre de Troie n'aura pas lieu (1), avait entendu les hurlements de ses camarades blessés à mort et regardé dans les yeux les ennemis qu'il s'apprêtait à tuer. Pour cela, il était un homme de paix. La guerre civile que fut sa vie privée, déchirée entre son épouse Suzanne et les nombreuses jeunes femmes dont il fut éperdument épris, n'était pas pour rien dans la tristesse que l'on décelait dans son regard souriant. Giraudoux était un faux désinvolte. En 1943, il écrivait cette phrase magnifique: «Qu'est-ce que la paix des individus? La paix est cet état où chaque individu, au lieu de croire que son existence est une conquête prise sur les autres, et que l'existence de ces autres est prise sur lui, accepte chacun d'eux comme un cadeau inégalable. Et la paix des nations n'est pas différente. » Cet idéalisme lui fut reproché lorsqu'il fut nommé commissaire général à l'information en juillet 1939, donc responsable de la propagande. Ce poste, créé en prévision de la guerre, il l'avait accepté par devoir, parce qu'il croyait que la poésie en éclairant les consciences avait un rôle politique à jouer. Giraudoux était un rêveur, au sens où il n'avait pas renoncé à rêver ce que pourrait être le monde. C'est dans cet esprit qu'il écrivait dans les journaux, notamment sur le sport et l'urbanisme. Il avait en 32 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux horreur la courte vue du roman naturaliste. Son ambition littéraire était de libérer la beauté enfouie dans la réalité, d'élever et non de rabaisser ce qu'il décrivait, de révéler la royauté de ce qui semble insignifiant aux grands de ce monde: «Je suis un petit messie pour les bêtes minuscules, pour les taches de soleil.» Proust, Bergson, Joyce, Soupault, Colette, Rilke, Max Jacob admiraient Giraudoux. Sommesnous trop assourdis par le réalisme-cynisme ambiant pour être encore sensible à sa voix grave et enfantine? Guy Tessier et Mauricette Berne, dont la biographie dans un souci d'exhaustivité et de neutralité suit un déroulement chronologique parfois fastidieux mais qui a des mérites, ont placé en exergue de leur ouvrage cette merveilleuse phrase d'Électre: «Évidemment, la vie est ratée, mais c'est très, très bien, la vie.» (1) Réédité dans Les Cahiers rouges, Grasset Les vies multiples de Jean Giraudoux de Guy Teissier et Mauricette Berne, Grasset, 490 p., 23 €. la-croix.com, 12/01/2011 « Giraudoux l’insaisissable », par Bruno Frappat Il faut faire la part, essentielle en lui, de la poésie, de cette incapacité qu’un poète doit avoir d’affronter trivialement le réel. La trace de Jean Giraudoux (1882-1944) s’est-elle perdue dans les sables de son ambiguïté ? L’auteur de théâtre français le plus fameux, le plus universellement connu et représenté, le poète précieux et pirouettant a-t-il fini par décourager la postérité ? On le joue moins, ses romans sont peu lus, il séduit moins. Il a connu une inversion des destinées post-mortem d’écrivains, commençant par un «paradis» de plusieurs décennies et continuant par un «purgatoire» dans lequel il stationne aujourd’hui. La gloire qui fut la sienne, de la Libération jusqu’aux années 1990, semble avoir été suivie par une retenue, une plus grande discrétion. Elles ne sont pas un désaveu mais comme une gêne. On a fini par se demander : qui était-il ? 33 Bulletin 2011-2012 La biographie très méthodique, sagement chronologique, presque au jour le jour, que publient Guy Teissier et Mauricette Berne, aide le lecteur à suivre les pas de Jean Giraudoux. Elle est utile et d’une grande honnêteté. Elle ne loue ni ne célèbre à l’excès. Mais, si elle éclaire le chemin étape par étape, elle n’indique pas de manière conclusive la destination, le sens de cette trajectoire étrange. Elle ne lève pas le secret d’un homme insaisissable. Au contraire : elle en décrit très bien les contours vagues, les oscillations, les amours innombrables, les intermittences, les attachements, les détachements, les naïvetés, les ardeurs, les labeurs. Il semblerait que, dans le domaine de la culture théâtrale, on ait fini par appliquer à Giraudoux l’obligation de réserve que ce fonctionnaire du Quai d’Orsay brandit lui-même tant de fois pour s’abstraire des débats politiques les plus brûlants de son temps. Et qu’il soit politiquement correct, désormais, de le considérer comme ayant trop hésité face à l’histoire. Comme ayant le plus souvent su éviter les pièges des combats de son temps. Sauf lors de la Grande Guerre où il eut un comportement héroïque, notamment lors de la terrible bataille des Dardanelles. Au moment de sa mort (qui reste un peu nimbée de mystère car, dans son cas, il fallait que son décès fût comme sa vie, marqué par l’incertain…), il fut célébré autant par les plumes de la Résistance (Aragon) que par des écrivains de la collaboration (Brasillach). Les années passèrent. On finit par s’aviser que Giraudoux avait aussi écrit quelques horreurs qui, à la relecture aujourd’hui, soulèvent le cœur. N’en citons qu’une, écrite en 1939 : «Nous sommes pleinement d’accord avec Hitler pour proclamer qu’une politique n’atteint sa forme supérieure que si elle est raciale, car c’était aussi la pensée de Colbert ou de Richelieu.» Faut-il retenir cette phrase ou une autre, prononcée quasiment dans le même souffle : le problème de la France «n’est pas d’obtenir dans son intégrité par l’épuration un type physique primitif, mais de constituer, au besoin avec des apports étrangers, un type moral et 34 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux culturel» ? Délire d’un côté, ouverture de l’autre. Comme l’écrivit Giraudoux : «Je ne suis qu’un oiseau, doublé d’un serpent.» Retenons l’oiseau perpétuel, oublions le serpent momentané. Le jeune homme studieux du lycée de Châteauroux et du lycée Lakanal, à Sceaux, le normalien bosseur, le germaniste germanophile d’avant 1914 (anticipateur visionnaire de ce que bien plus tard on appellerait le «couple franco-allemand»), le diplomate pas très politique qui avait choisi la «carrière» de préférence à l’enseignement dans le but principal de voyager (ce qu’il fit : la liste de ses tournées est hallucinante), ce doué n’était sans doute pas un roué. Il faut faire la part, essentielle en lui, de la poésie, de cette incapacité qu’un poète doit avoir d’affronter trivialement le réel. C’est dans les mots et les personnages plus que dans les actions qu’un tel homme aura marqué son passage sur terre. Ses initiatives en faveur de l’urbanisme, on peut les considérer comme visionnaires, on peut aussi juger pathétique voire ridicule qu’elles aient été le seul sujet de ses rapports avec Philippe Pétain, à Vichy… Et qu’il ait rêvé longtemps que son fils revienne de Londres où il était parti dès l’appel de de Gaulle. Oui, l’oiseau seul intéresse en Giraudoux. Oiseau se posant sur d’innombrables branches. Sa vie amoureuse est un roman à épisodes répétitifs. On finit par se perdre dans la liste des prénoms de femmes qui ont éclairé telle ou telle phase de sa double vie, inspirant son œuvre, tandis que l’autre face, la relation avec son épouse Suzanne, eut un caractère aussi chaotique que durable, ponctuée de reproches, de brouilles, de jalousies et de ce qu’il appela, quand même, la «fidélité du cœur». Lorsqu’il mourut, Suzanne déclara que la chose la plus urgente était de publier les lettres d’amour adressées dans sa jeunesse… Insaisissable, naïf, à côté de son temps, radical-socialiste au sens le plus hésitant du terme. Tout cela est vrai. Mais reste le ramage de l’oiseau et la beauté des accents de sa lyre. Sa langue, son classicisme, son ironie douce, les inoubliables Électre ou Ondine, 35 Bulletin 2011-2012 pour ne citer que celles-là, qui sur les scènes de notre imaginaire demeurent d’une présence que le temps n’effacera jamais. froggydelight.com, 23/01/2011 Mauricette Berne, archiviste paléographe et conservateur honoraire des Bibliothèques au sein desquelles elle a été la spécialiste du fonds Giraudoux, co-directrice de la Fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux, et Guy Teissier, professeur à l'Université de Tours, spécialiste de l’œuvre de Giraudoux, viennent de publier sous le titre Les Vies multiples de Jean Giraudoux une biographie consacrée à l'écrivain français mort en 1944. En ce 3e millénaire, le nom de Jean Giraudoux sonne vraisemblablement dans le vide pour le commun des mortels et il n'est sans doute pas classé au top 10, ni même 1000 des librairies. Son œuvre romanesque est passée à la trappe et ses opus dramatiques - qui connurent en leur temps un vif succès grâce à Louis Jouvet, son mentor dramaturgique, alors comédien de renom et directeur en quête d'auteurs de la Comédie des Champs Élysées dont principalement Amphitryon 38, La Folle de Chaillot et, récemment à l'affiche, La Guerre de Troie n'aura pas lieu et Ondine, bien que passés à la postérité, sont montés avec parcimonie. Mais il est vrai également que l'engouement pour les auteurs dramatiques inscrit au répertoire est cyclique. Il suffit donc, comme dit la maxime, de laisser le temps au temps pour re-découvrir une œuvre au style à la fois classique, par son appétence pour la quintessence de la langue française, et singulier par son registre du métatexte. Par ailleurs, s'agissant de l'homme, quelques traits réducteurs et définitifs ont la vie dure pour le portraitiser [sic] : un écrivain germanophile et antisémite qui serait mort empoisonné par la Gestapo et un homme à l'élégance britannique qui raffolait des cinq à sept avec les jeunes et jolies vendeuses de magasin. 36 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Mauricette Berne et Guy Teissier ont effectué un travail colossal pendant dix années pour éplucher les archives disponibles étant précisé que celles-ci ne comportent ni journal intime, livres de souvenirs ou de mémoires, ni corpus épistolaire permettant de cerner l'intime. Jean Giraudoux, de son vivant, s'était d'ailleurs volontairement abstenu de laisser ces traces explicites leur préférant des « pistes subtiles » instillées dans ses œuvres : « Mes livres, au fond, sont tout simplement de faux journaux intimes » - « Toute mon autobiographie est dans certains minuscules détails qui sont autant de points de repère ». Ce qui a l'avantage de son inconvénient à savoir que s'ouvre un vaste champ d'investigation d'analyse déductive et d'élaboration d'hypothèses. Et ce que les auteurs annoncent in limine : proposer « une biographie ayant la tension d'une inlassable découverte, d'une enquête sans cesse à recommencer ». Ainsi, ils indiquent que cet éternel jeune homme, dont il n'a pas que l'allure, appartient à « cette génération désemparée de vivre en paix, après avoir traversé des massacres épouvantables » affectée par « un sentiment de mal-être, un mal de vivre » et que ses écrits antisémites et xénophobes s'inscrivaient dans le droit fil d'un « séculaire antisémitisme à la française aggravé de la xénophobie des années 30 liée à la crise économique et à la forte immigration ». Parfois, une phrase dérape pour s'écarter du politiquement objectif, comme sur la vie conjugale de Giraudoux avec une épouse acariâtre et dépensière, et ses multiples liaisons et aventures (« Comme drame bourgeois, on ne fait pas plus graveleux et on est loin de la grandeur homérique ») ou les fins de non recevoir de son fils aux demandes de monter ses pièces après sa mort (« Les exigences de son fils, héritier et gardien autoritaire d'une tradition, soucieux en outre de sa propre carrière de dramaturge »). Alors que retenir de cette vie ? Quelques bribes. Un petit provincial brillant qui dès son installation à Paris tâte de la vie tourbillonnante du début du siècle et qui, après ses études et ses 37 Bulletin 2011-2012 classes militaires, sillonne le monde pendant plusieurs années à la manière du voyage des grands hommes du XVIII e siècle. Un homme qui embrasse une carrière diplomatique en choisissant un poste relativement modeste lui offrant de multiples occasions de voyager tout en ne l'accaparant pas pendant les périodes sédentaires ce qui lui permet de se consacrer à l'écriture « aux frais de la princesse ». Un homme sportif et cependant à la santé fragile, un grand séducteur qui collectionne les maîtresses et pourtant ne paraît pas avoir de « tempérament », un écrivain à l'écriture laborieuse même si d'aucuns qualifient ses œuvres de « féeries de sous-préfecture ». Davantage que des vies multiples, une vie « saucissonnée » en raison d'une indécision permanente au plan sentimental et d'une instabilité constitutionnelle sans pouvoir réellement s'inscrire ni dans la durée, ni dans la fixité. Et puis une mort restée inexpliquée, sa veuve ayant de surcroît refusé l'autopsie. Empoisonnement, intoxication ou pancréatite ? Les auteurs indiquent qu'il traînait depuis quelques semaines sa bronchite annuelle et qu'il était « épuisé par la vie d'un Paris sans voiture et les répétitions de sa pièce Sodome et Gomorrhe ». L'écrivain Roger Martin du Gard a une explication plus prosaïque : « Il se soutenait par les trop bons repas du marché noir et par l'alcool dont il aurait dû se garder avec les reins qu'il avait et depuis 1939 il n'avait pas fait sa cure de Vittel ». Et à l'issue des 451 pages de l'ouvrage, le portrait de l'homme et de l'écrivain est aussi flou que la photographie de la page de couverture. MM 38 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux nonfiction.fr, 5 février 2011 « Giraudoux, un homme complexe » par Nicolas Di Meo Résumé : Un éclairage nouveau sur la vie et l’œuvre de celui qui fut l’un des écrivains majeurs de l’entre-deux-guerres. Alors qu’il existait déjà une biographie très complète de Jean Giraudoux, celle de Jacques Body, publiée chez Gallimard en 2004, Guy Teissier et Mauricette Berne, tous deux spécialistes de l’écrivain, viennent d’en publier une nouvelle, plus synthétique , chez Grasset. Les maisons d’édition qui se sont partagé la publication des œuvres de Giraudoux se partagent aujourd’hui le récit de son existence. Les Vies multiples de Jean Giraudoux exploite un certain nombre de documents inédits, dont quelques-uns (poèmes de jeunesse, dissertations, lettres) figurent à la fin du volume, en annexe. Les auteurs ont choisi une présentation très pédagogique, dans la mesure où leur travail prend la forme d’une chronique, année par année, de la vie de celui qui fut à la fois romancier, auteur de théâtre et diplomate, mais aussi homme politique lors de son passage à la tête du commissariat général à l’Information pendant la drôle de guerre. La dimension intime de l’existence de Giraudoux n’est pas négligée non plus et le récit, élégamment écrit, se lit agréablement. Afin de parer au risque d’émiettement inhérent à toute chronique, Guy Teissier et Mauricette Berne ont choisi de donner un fil directeur à leur biographie en la plaçant sous le signe de la multiplicité et de la dualité, qui caractérisent à leurs yeux l’existence de Giraudoux. Cette lecture, comme ils l’indiquent au début de l’ouvrage, a été suggérée par l’écrivain lui-même, qui a publié un recueil de souvenirs et d’anecdotes intitulé Souvenir de deux existences. Un tel préambule ne manque pas de susciter quelques 39 Bulletin 2011-2012 inquiétudes, qui heureusement se révèlent infondées à la lecture du livre. Les notions de multiplicité et de dualité ont en effet le défaut d’être à la fois trop vastes et trop schématiques : trop vastes parce qu’elles pourraient s’appliquer à n’importe quelle existence humaine ; trop schématiques parce qu’elles risquent de donner lieu à des oppositions ou à des distinctions abusives entre les différentes facettes d’un même individu. Par bonheur, Les Vies multiples de Jean Giraudoux échappe à ce double écueil et les auteurs, attentifs à la complexité vivante de leur sujet, suivent l’existence de Giraudoux pas à pas, sans chercher à la faire entrer dans un cadre interprétatif rigide ou réducteur. L’un des principaux mérites de cette biographie est, par ailleurs, de ne pas céder à la mythologie de l’artiste et d’éviter les surinterprétations, si courantes lorsqu’il s’agit de cerner la personnalité d’un écrivain et de décrire les rapports qu’il entretient avec son activité créatrice. Les œuvres sont replacées dans leur contexte de production et les allusions personnelles qu’elles contiennent, très nombreuses chez Giraudoux mais parfois difficiles à déceler, sont signalées avec prudence et pertinence. Peut-être les positions politiques et idéologiques de l’écrivain (notamment en ce qui concerne les nuances de son patriotisme, qui s’articule souvent de façon étroite avec ses déclarations pacifistes et ses plaidoyers en faveur d’une politique d’urbanisme vraiment moderne, comme par exemple dans sa préface à la Charte d’Athènes) auraient-elles mérité d’être cernées avec un peu plus de précision critique, même si elles sont tout de même abordées à plusieurs reprises. Le chapitre consacré aux années d’occupation, les dernières de la vie de l’écrivain, puisqu’il disparaît le 31 janvier 1944, insiste bien sur cette question du patriotisme, mais les auteurs cherchent moins à définir le rapport de Giraudoux à la France et à la nation qu’à défendre l’idée, déjà présente chez Jacques Body, selon laquelle il n’aurait ménagé les autorités vichystes que par intérêt ou par prudence, ses sympathies allant clairement à la résistance. Quant aux stéréotypes et aux préjugés racistes que contiennent certains de ses textes, ils ne sont ni 40 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux exagérés ni sous-estimés, mais replacés dans le contexte intellectuel de l’entre-deux-guerres, vis-à-vis duquel Giraudoux, c’est le moins que l’on puisse dire, ne s’est pas toujours montré très critique. Enfin, le dernier chapitre, intitulé “Jean Giraudoux au pays des asphodèles”, propose une tentative intéressante d’analyse de la réception de l’œuvre et de la figure de l’écrivain, de sa mort jusqu’à aujourd’hui. Cette dimension manque souvent aux essais biographiques et on ne peut que se féliciter de l’initiative des auteurs, qui soulignent en particulier la place de premier plan occupée par Giraudoux dans le champ littéraire français de 1945 à 1990, puis la relative “disgrâce” qu’il subit aujourd’hui. Selon Guy Teissier et Mauricette Berne, deux facteurs expliquent cette désaffection. Le premier serait d’ordre stylistique, le théâtre de Giraudoux apparaissant relativement daté après les pièces de l’absurde écrites par Beckett et Ionesco. Le second serait de nature plus idéologique et reposerait sur un malentendu, dans la mesure où l’écrivain pâtirait de la mauvaise presse qui lui a été faite ces dernières années, et plus particulièrement des accusations d’antisémitisme et de vichysme portées contre lui par certains critiques. Sans doute, cependant, pourrait-on pousser l’analyse un peu plus loin et nuancer ce dernier argument. Le reproche de pétainisme ne suffit pas à tout expliquer, d’autant que des auteurs beaucoup plus compromis que Giraudoux, à l’image de celui qui fut son meilleur ami, Paul Morand, connaissent au contraire, précisément depuis le milieu des années 1990, un certain retour en grâce. S’il existe bel et bien une gêne idéologique, aujourd’hui, à la lecture de Giraudoux, c’est peut-être, avant tout, dans la présence d’un thème patriotique obsédant, celui de la mesure et de l’harmonie, qu’il faut en chercher la cause – même s’il convient de rappeler, pour rendre justice à l’écrivain, que cette représentation d’une France harmonieuse, si chère au patriotisme de l’entre-deuxguerres, est régulièrement soumise, dans ses textes, au filtre de l’ironie. Quoi qu’il en soit, cette ouverture sur les questions de réception est particulièrement bienvenue et constitue une mise en perspective à la fois utile et stimulante. 41 Bulletin 2011-2012 Les Vies multiples de Jean Giraudoux fournit donc une biographie claire et précise, solidement étayée par des documents d’archives, qui intéressera autant les spécialistes que les non spécialistes et complétera heureusement les travaux déjà existants sur la vie et l’œuvre de Jean Giraudoux. La Montagne ; 27/02/2011 Giraudoux, tel qu'en lui-même Guy Teissier et Mauricette Berne renouvellent l'approche de Jean Giraudoux et d'une œuvre des plus brillantes. Jean Giraudoux (1882-1944) a enfin pris sa pleine dimension sous la plume de Jacques Body, auteur en 2004 d'une remarquable biographie. Aujourd'hui, Guy Teissier, qui a contribué à l'édition des œuvres de l'écrivain de Bellac dans La Pléiade, et Mauricette Berne, conservateur général honoraire des Bibliothèques, en adoptant une démarche chronologique au caractère exhaustif, proposent une nouvelle biographie à la fois alerte et très documentée, Les vies multiples de Jean Giraudoux. Approche chronologique Ce travail s'attache à mettre en lumière les facettes de l'homme et à éclairer des malentendus collant encore à ce Limousin qui « a mené simultanément des existences diverses, parfois opposées et contradictoires, tiraillé qu'il était entre le rêve et la réalité ». Les co-auteurs dirigent la Fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux, placée sous l'égide de la Fondation de France. Giraudoux suscite des recherches et intéresse les universitaires mais il est boudé par le grand public tout en étant connu dans le monde entier pour La guerre de Troie n'aura pas lieu ou La Folle de Chaillot. 42 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Selon les auteurs, l'œuvre de Giraudoux est frappée par une certaine condescendance du fait de sa langue et de son style. Ils estiment que cet oubli découle également du coût des mises en scène nécessaires à son théâtre et au fait que celui-ci était d'abord conçu pour la troupe de Louis Jouvet. Ils déplorent un procès politique totalement gratuit, consécutif à ses propos dans Pleins pouvoirs, qui le voit s'interroger sur l'identité de la France et sur l'immigration. Pourtant, Giraudoux, contrairement à certaines accusations, n'avait rien d'un antisémite. Il s'est même constamment opposé au nazisme. Un empoisonnement par la Gestapo a même été évoqué pour expliquer sa mort soudaine et énigmatique. Giraudoux, dans ses livres, fournit les clefs de sa personnalité, mais aussi « ses secrets de fabrication ». Guy Teissier et Mauricette Berne s'emploient à décrypter les textes du fils de Bellac, à « chercher un sens caché sous les images et les métaphores, pour recueillir des confidences personnelles ». Giraudoux, marqué par la Première guerre mondiale, était indiscutablement un homme de paix. Il avait été traumatisé à jamais par ce qu'il avait vécu dans les tranchées. C'était un idéaliste qui a fait carrière comme diplomate avant de devenir commissaire à l'information pendant la « drôle de guerre », en juillet 1939. C'était également un rêveur qui croyait à un monde meilleur, un écrivain ambitieux qui cherchait à éclairer la beauté, un homme qui aimait les femmes et les choses simples, un être qui croyait au bonheur. Ces pages foisonnantes rendent Jean Giraudoux bien plus proche de nous, plus humain aussi. Comme un autoportrait « Je ne suis qu'un oiseau, doublé d'un serpent, d'un gentil serpent d'ailleurs, qui ne mord pas (bien qu'il ait la bouche assez grande pour cela) mais qui n'en complique pas moins singulièrement la façon dont son partenaire est obligé de s'y prendre pour chanter comme il le désire et comme c'est sa fonction la gloire du Créateur. Cette duplicité n'exclut pas la sincérité. Elle est très fatigante, mais je lui dois un grand nombre de mes plus beaux effets. À la fois théâtre 43 Bulletin 2011-2012 et comme toi spectateur de la critique incessante à laquelle se soumettent mutuellement et parfois simultanément les deux guignols, je m'interdis systématiquement de prendre parti pour aucun des deux » (Confidences). Robert Guinot Tribune de Genève, 21 février 2011 Biographie Guy Teissier et Mauricette Berne «Jean Giraudoux» Mort de manière peu claire en janvier 1944 (empoisonnement?), Giraudoux se retrouve aujourd’hui au purgatoire. Plombé par ses héritiers, son théâtre fait à la fois poussiéreux et vieillot. Il n’y a guère que La Folle de Chaillot pour tenter des actrices octogénaires. Éditeur de Giraudoux, Guy Teissier s’est associé avec Mauricette Berne qui a classé le fonds dédié au dramaturge à la Bibliothèque nationale. Ils ont ainsi donné à quatre mains une longue biographie, truffée de citations, où l’homme se révèle dans sa multiplicité et ses contradictions. Diplomate mis au placard, il lui faut poursuivre l’œuvre, tout en assumant l’enfer conjugal qu’il avait bien cherché. Grasset, 492 pages. E. D. mars 2012, La guerre de Troie n’aura pas lieu traduite en géorgien. C’est le résultat du travail de Sibylle Gueladzé (ci-contre avec quelques étudiantes), qui a présenté le résultat de son travail à l’Université de Tbilissi, en présence de ses collègues, de ses étudiants et de l’attachée linguistique de l'ambassade France en Géorgie. 44 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Cahiers Jean Giraudoux n° 39 45 Bulletin 2011-2012 Au fil des sites et blogs mediapart, 22 juin 2011 Lettre ouverte à Michel Onfray, par Jacques Body Cher Michel Onfray, Vous avez eu raison de fustiger Sartre dans le Monde du 6 juin, mais je regrette vivement la parenthèse sur Giraudoux : (« antisémite et défenseur de Hitler en 1939 », lire Pleins Pouvoirs). Jusqu’à quand le grand Giraudoux sera-t-il calomnié, à coup de citations tronquées, de lectures hâtives et d’anachronismes ? Pleins Pouvoirs contient, il est vrai, certaines formules intolérables pour nous qui connaissons la suite. Mais pour qui a suivi l'évolution et l'engagement de Giraudoux, et lu le livre dans sa continuité et sa logique, cette parenthèse est aussi inadmissible. Antisémite ? Il partageait le sentiment de ceux qu’il appelait légitimement ses « amis israélites », lesquels ne voyaient pas arriver d’un bon œil tous ces« Pollacks », comme on disait dans la famille de Raymond Aron, ces« Juifs de ghetto » comme on disait chez les Menuhin. Sans partager pour autant la haine de beaucoup de « bons Français » à l’égard de ces « Boches » qui avaient trop bien servi leur Kaiser. Juifs ou pas, Giraudoux a accueilli et soutenu les antifascistes allemands, Hermann Kesten, Annette Kolb, Thomas Mann et ses fils, il est intervenu pour faire naturaliser le jeune Stéphane Hessel, ses services du Commissariat à l’Information utilisèrent Erich Noth, Alfred Döblin, Hermann Rauschning. Défenseur de Hitler en 1939 ? Dans ses conférences de février-mars 1939 recueillies dans Pleins Pouvoirs en juillet, Giraudoux se référait à Hitler non pour le justifier, mais pour s’opposer à lui, pour opposer à l’antisémitisme, au racisme xénophobe des nazis la politique d’immigration et de 46 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux naturalisation qu’il souhaitait, lui, Giraudoux, pour la population de la France. À l’automne 1939, parlant à la radio en qualité de Commissaire général à l’Information de la France en guerre, il s’en prenait chaque semaine à Hitler, et en particulier à l’antisémitisme nazi. Le 8 octobre 1939, « À propos de la rentrée des classes », il évoque celle des écoliers allemands : « Ils vont être près de quinze millions à entrer dans des classes tapissées de cartes qui parlent faux, de tableaux maquillés, et où ils ne trouveront aucun des grands Allemands qui ont pensé que les nations et les races étaient sœurs. Le nom même de ceux-là est banni du langage ; leurs bustes, s’ils sont morts, brisés, leurs personnes et leur famille même, s’ils sont vivants, exilées, leurs livres. Brûlés. […] Chaque enfant est tenu, par des questions sur ses parents ou des enquêtes, de vérifier luimême son arbre généalogique. […] Le professeur aryen dédaignant l’arithmétique et l’algèbre, produits juifs, réserve sa sympathie à la géométrie, science nordique » etc. Ce texte a été imprimé aussitôt, tiré en de nombreux exemplaires, publié dans les journaux, et aujourd’hui consultable, avec les autres Messages du Continental, dans les Cahiers Jean Giraudoux, n° 16, Grasset, 1987. Cher Michel Onfray, vous saisirez, j’espère, la première occasion pour rendre « justice à Giraudoux », comme l’a demandé un grand historien de la résistance, grand Résistant lui-même, JeanLouis Crémieux-Brilhac, et je vous en remercie par avance, en vous priant de croire à toute ma sympathie. Jacques BODY P. S. Vous trouverez des compléments en vous reportant aux pages 679-681 de mon Jean Giraudoux, collection biographies NRF Gallimard 2004. 47 Bulletin 2011-2012 Si maintenant vous avez la patience que nous entrions dans les détails 1 Giraudoux plaidait POUR une politique d’immigration. « Cette phrase :’La France aux Français’, au lieu de m’enrichir, me dépossède ». Afin de combattre les réflexes xénophobes, il tempérait ces propos en précisant : immigration sélective. Il prenait sans doute modèle sur la politique américaine des quotas. Comme vous le savez, les visas d’entrée aux États-Unis sont non seulement limités en quantité, mais en qualité : réservés à des gens qualifiés, à des savants, ou soumis à des conditions de ressources. On cite souvent en exemple Varian Fry pour avoir, en 1940-1942, procuré des visas à des écrivains et des artistes qui voulaient fuir vers les États-Unis. En fait, il triait une élite, sans que les fameux quotas aient été jamais dépassés ni même atteints. Giraudoux aurait voulu faire de même pour la France, à cette nuance près qu’il ne fixait pas de quotas pour les demandeurs d’asile. Car oui, 2 Il demandait que la France soit terre d’asile pour les réfugiés politiques, dont les Juifs allemands. « Puisque la Société des nations n’a pas été encore à même de créer le pays où l’on puisse se mettre à l’abri de tous les démons du siècle, de la démagogie, de la tyrannie, de la rigueur des préjugés […], je n’ai conscience d’abdiquer aucun de mes droits nationaux en admettant que la France soit ce pays, et l’expulsion de ces exilés me paraîtrait un signe de faiblesse aussi grave que la conservation des autres. » 3 La sélection des autres immigrés devait se faire sur des bases économiques. L’économie française, depuis la Première guerre mondiale, manque de bras, d’ouvriers agricoles, de mineurs. Arrivent d’Europe de l’est des tailleurs, des fourreurs, des maroquiniers, inadaptés aux besoins d’un pays où sévit déjà le chômage. Raisons économiques, donc et 4 juridiques. L’immigration illégale entraîne toutes sortes d’illégalités : « entassés pas dizaines dans des chambres, ils 48 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux échappent à toute investigation du recensement, du fisc et du travail […] …Concussion, corruption »… 5 démographiques. Il n’envisage pas d’utiliser la main-d’œuvre immigrée à la façon allemande d’après guerre (on les utilise et on les renvoie). Les immigrés ont vocation à rester. Politique d’immigration doublée donc d’une politique de naturalisation. Car il allait plus loin encore. Pour compenser le déséquilibre France-Allemagne, à défaut du Français qui naît, écrivait-il, « il y a le Français qu'on fait ». Il réclame donc la naturalisation de tous ceux« qui ont prouvé à l’État leur pleine capacité à devenir nos concitoyens, […] qu’ils soient aryens ou juifs. » Et sans doute là, ses idées sont un peu celles de l’époque. Il a eu indirectement en charge la préparation des Jeux olympiques de 1924, dans le stade de Colombes tout neuf. Lui-même sportif, il raisonne comme un sélectionneur et choisit les populations qui feront physiquement et culturellement de beaux et bons Français, comme dans une équipe de rugby, où il faut « huit joueurs forts et actifs, deux légers et rusés, quatre grands et rapides, et un dernier, modèle de flegme et de sang-froid. C’est la proportion idéale entre les hommes ». Le mot « race » s’employait alors couramment au sens de « population » : « Il y a race et race. Il y a les races naturelles, déterminées par des caractères physiques primaires, et il y a les races constituées, produit de la fusion de divers éléments ethniques. Les Prussiens — non les Allemands —peuvent prétendre appartenir à la première variété. Nous appartenons à la seconde ». «Le problème (…) n’est pas d’obtenir dans son intégrité, par l’épuration, un type physique primitif, mais de constituer, au besoin avec des apports étrangers, un type moral et culturel. » 49 Bulletin 2011-2012 canalacademie.com, 06/08/2011 « L’enfer de Nourissier et Mozart selon Giraudoux » La chronique Lecture et Relecture de Jacques Rigaud […] Relecture : Mozart par Giraudoux L'un des plus jolis textes écrits sur Mozart est, aux yeux de Jacques Rigaud, celui de la préface de Jean Giraudoux au livre d'Anette Kolb, publié chez Albin Michel en 1938. Giraudoux rappelle combien Mozart était seul : seul lorsqu'il trouve sa mère morte, seul au cimetière... Jamais musicien n'aura écrit une œuvre qui fût autant faite pour lui-même. « Dans Mozart, tout est pour Mozart », écrit Giraudoux (ce qui n'est pas le cas pour Goethe par exemple). Mozart n'a pas connu le doute et tant mieux, il n'aura pas trop souffert de la surdité de Salzbourg ni de celle de Vienne. Et Giraudoux de se désoler que cette musique ait été confiée à une humanité si peu sûre... (...) lejsl.com, 3 mars 2012 (Journal de Saône-et-Loire) « Apprenti pas sorcier » Giraudoux met en scène dans La Guerre de Troie n’aura pas lieu un poète du nom de Démokos qui ne cesse d’empoigner sa lyre pour inviter ses concitoyens à récolter des lauriers sur les champs de bataille. S’il ne les y rejoint pas, ce n’est pas que l’envie lui en manque, mais la faute de l’âge et des rhumatismes qui vont avec. Et nous aussi, en ce début de XXIe siècle, nous avons notre Démokos, autrefois jeune philosophe, aujourd’hui blanchi sous le harnois de guerres dont il s’est fait le propagandiste et le chantre bien que ses multiples occupations et apparitions sur le petit écran ne lui aient permis d’y prendre part que le temps d’une pose. BHL, puisqu’il faut l’appeler par son acronyme, adjure aujourd’hui la communauté internationale d’intervenir militairement 50 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux en Syrie. Les risques, à l’en croire, pour réels qu’ils soient, sont limités. L’opération qu’il envisage ne mécontenterait en effet que le Hezbollah, l’Iran, et ces deux petits États-voyous que sont la Chine et la Russie. On aurait donc bien tort de s’en priver. L’expérience du Kosovo, où les protégés de l’Occident ont mené à son terme, sous l’œil paterne de l’Otan, leur entreprise de purification ethnique que l’on prétendait combattre, l’expérience de la Libye où la chute d’un dictateur fou n’a profité qu’aux intégristes de l’Islam et plongé toute la région dans le chaos n’ont donc pas servi de leçon à notre va-t-en-guerre. Il y a des apprentis qui ne sont décidément pas sorciers. lemonde.fr, 17/03/2012 « Les devoirs du journaliste selon Albert Camus », par Macha Séry […] Bien que les menaces de suspension de leur journal se précisent, Albert Camus et Pascal Pia ne plient pas. Mieux, ils se révoltent. Pascal Pia adresse une lettre à M. Lorit où il se désole que Le Soir républicain soit traité comme « hors la loi » alors qu'il n'a fait l'objet d'aucun décret en ce sens. Parfois le tandem s'amuse des coups de ciseaux. Pascal Pia racontera que Camus, avec malice, fit remarquer à l'officier de réserve qui venait de caviarder un passage de La Guerre de Troie n'aura pas lieu qu'il était irrespectueux de faire taire Jean Giraudoux, commissaire à l'information du gouvernement français... […] lemonde.fr, 18/03/2012 « Grand Chelem gallois : un discours de rois » Warren Gatland, l’entraîneur néo-zélandais du XV de Galles, n’a sûrement jamais lu Jean Giraudoux dont l’équipe de rugby rêvée alignait « sur quinze joueurs, huit joueurs forts et actifs, deux légers et rusés, 51 Bulletin 2011-2012 quatre grands et rapides et un dernier, modèle de flegme et de sangfroid. C’est la proportion idéale entre les hommes ». Les nouveaux Diables rouges gallois, qui ont remporté samedi le onzième Grand Chelem de l’histoire de cette grande petite nation ovale en battant la France 16-9 à Cardiff, sont tous grands, forts, rapides, rusés, actifs… et gonflés à bloc. Avec eux, Giraudoux a tout faux. passion-bouquins.com (blog littéraire alternatif), 07/04/2012 «Toute l’île au moindre vent était ébouriffée.» Larguez vos pesantes amarres de certitudes, jetez vos lourdes et boueuses chaussures terre à terre par-dessus bord et partez rejoindre Suzanne… Robinsonnade au féminin, traité sur le bonheur, Suzanne et le Pacifique est un pied de nez à Pascal, un pari de l’« eudémonisme païen ». Giraudoux nous mène en bateau et faut se laisser faire…se laisser aller… Loin, loin, bien loin de ce fatigant Robinson, cloueur, ficeleur, scieur, qui ne pense qu’à « encombrer déjà sa pauvre île », comme sa nation plus tard allait faire le monde, de pacotille et de fer-blanc. Tandis que Robinson, désespérément, s’occupe à confectionner un calendrier en faisant des entailles dans un morceau de bois, Suzanne, elle, use ses jours à sa poncer les jambes et à les frotter d’une poudre de nacre qui les rendait d’argent même sous les rayons de soleil. Tandis que Robinson, tatillon et superstitieux, dispose un mannequin pour effrayer les oiseaux, Suzanne, elle, admire les milliers d’oiseaux inconnus qui flottent comme une langue nouvelle. Précieux mots de Giraudoux. Bien sûr, ce n’est pas vrai « qu’un navire passa, un matin, à peu de milles…c’était l’époque où je portais encore une tunique ; du promontoire je l’agitai, la plus indigne des héroïnes ; pour des hommes, qui du moins ne virent pas, je me mis nue. » 52 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Et alors ? Robinson, le seul homme que Suzanne n’aurait pas aimé rencontré dans une île… Suzanne, la seule femme que j’aurais aimé rencontrer sur une île… Entre l’« anarchisme distingué » de Giraudoux (Philippe Soupault) et le matérialisme laborieux de Defoe, j’ai choisi mon camp, euh, non, mon île… valeursactuelles.com, 17/05/2012 « Siegfriede et le Limousin », par Stéphane Denis Il fait beau, frais, un temps du Limousin dirais-je en songeant à Hollande et à Tulle, son côté Giraudoux, III e République. Et nous y sommes. Jusqu’à l’hommage à Jules Ferry qui nous manquait et va nous changer du maréchal Pétain entraperçu dans les derniers jours de la droite au pouvoir. Il y a eu aussi Marie Curie, on ne sait pas pourquoi, peut-être parce qu’elle est femme et que la parité, cette huitième plaie française, réclamait qu’on lui fît de la place. Mais c’est égal, dans son genre bonhomme et professeur, cette prise de fonction, comme on dit dans l’administration, était tout plein gentille. Douce France, aimable France qui n’existe plus que dans ces cérémonies officielles et d’abord républicaines, comme ne manquerait pas de le rappeler le maire de Champignac. […] Il ne manque même pas à ce tableau idyllique la forte et robuste présence de l’Allemagne qui nous rappelle à l’ordre, nous dit d’être sérieux. De renoncer à la légèreté française. C’est une habitude en Allemagne de nous faire la leçon à dates régulières. Elle ne désespère jamais. Nous sommes reçus à Berlin avec affection, dans le genre sobre et pressant qui caractérise le gouvernement fédéral. Nous repartons en jurant de bien nous tenir. Nous prenons des résolutions. Mais les Allemands secouent la tête en nous voyant 53 Bulletin 2011-2012 partir. Ils doutent. C’est ce qui nous sépare : les Français ne doutent de rien. En voyant Angela Merkel, cette Siegfriede du SchleswigHolstein, multiplier les petits mots à l’adresse de François Hollande, je me suis dit qu’ils étaient faits pour s’entendre. Elle fera les comptes, il fera les discours. […] lapresse.ca, 21/05/2012 « Cannes : l’hommage d’Alain Resnais au théâtre et aux acteurs », par Marc-André Lussier […] « On met toujours le théâtre et le cinéma en opposition, dit le cinéaste. C’est une idée reçue. Comme si l’un était noble et l’autre secondaire. J’entends ça depuis que j’ai l’âge de 14 ans. Je me souviens avoir vu Louis Jouvet au Théâtre de l’Athénée, qui jouait du Giraudoux, et je me suis demandé pourquoi on ne pouvait pas obtenir cet effet-là au cinéma. Il existe pourtant une gémellité entre les deux formes. On peut tenter de s’en servir. C’est ce que je tente de faire depuis mon premier film. » […] 54 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Vie de l’association COMPTE RENDU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 22 JANVIER 2011 Présents : A. Besnard, M. Berne, R. Beucler, J. Body, L. Body, S. Coyault, E. Demazure, A. Duneau, C. Gaudin, I. Guinle d’Allens, A. Job, A. Lacaux, R. Messié, N. Moreau, A.-M. Prévot, J.-B. Raimond, G. Teissier, J.-L. Vergeade, S. Zaied Akrout Excusés : F. Bombard, C. Brousseau, F. Fouchard, L. Gauvin, J. Greslier, L. Jankovic, C. Nier, D. et G. Roncière Procurations : à A. Besnard : N. Nakamura à J. Body : H. Anamur à S. Coyault : M. Lioure à E. Demazure : B. Brissard à A.-M. Prévot : M. Brémond à J.-B. Raimond : R.-M. Moudoues-Vessigault M. le Président Jean-Bernard Raimond ouvre la séance à 16 heures. Intervention de Francis Huster Francis Huster, présent lors de l’inauguration de l’exposition à la maison natale en juin 2010, a répondu à notre invitation pour cette Assemblée générale. Il évoque, parmi ses projets, ceux qui sont liés à Giraudoux ou à des personnalités du théâtre proches de lui. Il monte actuellement une pièce : Jouvet, la passion du patron, dédiée au metteur en scène de Molière et de Giraudoux. Il pense à une mise en scène de Giraudoux pour 2012-2013. Peut-être Judith ou La Folle de Chaillot, avec un acteur masculin dans le rôle titre. 55 Bulletin 2011-2012 Francis Huster fait ensuite la lecture d’un texte qu’il a écrit pour cette Assemblée générale. Il y célèbre Giraudoux « le plus grand poète de la scène française du XXe siècle ». Introduction La secrétaire générale rappelle la composition du bureau depuis fin juin : Président : Jean-Bernard Raimond Vice-présidents : Sylviane Coyault, André Job, Guy Teissier Secrétaire générale : Annie Besnard Secrétaire adjointe : Anne-Marie Prévot Trésorière : Souad Zaied Akrout Membres : Édouard Demazure, Alain Duneau. La secrétaire générale demande aux adhérents qui reçoivent leur convocation à l’Assemblée générale par voie postale de bien vouloir excuser le retard d’acheminement de ce courrier. Il est à mettre au compte d’une défaillance du secrétariat de Clermont-Ferrand, à laquelle il faudra remédier. Rapport financier 2010 Pour la deuxième année consécutive, le compte de résultats présente un solde négatif : -1600 € pour l’exercice 2009, - 2410 € pour l’exercice 2010. Il reste 5000 € en fond de caisse. Les dépenses sont stables, mais les recettes diminuent : - la subvention du Conseil général de Haute-Vienne est passée de 780 € en 2009 à 650 € en 2010, celle du Conseil régional du Limousin de 1686 € en 2009 à 1500 € en 2010 ; - les cotisations perçues cette année sont faibles : 2800 € au lieu des 4000 escomptés ; - les ventes de Cahiers sont en baisse ; - les entrées à l’exposition annuelle à la maison natale sont désormais gratuites. Le budget est approuvé à l’unanimité. 56 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Quelques solutions sont proposées pour essayer diminuer le déficit : - demander aux membres à vie de faire un don de 20 € ; - annoncer aux collaborateurs du dictionnaire qui ne sont pas membres de l’Association que pour une cotisation de 15 € nous leur offrons 1 Cahier. Notre trésorière conclut en recommandant qu’aucune dépense importante ne soit engagée sans son autorisation. Rapport d’activité 2010 1 Les Cahiers Le Cahier n° 38, Arcadie ou Utopie ?, confronte les travaux de Christian Allègre (Université de Montréal) et d’Abdelghani El Himani (Université de Fès) ; André Job et Antoinette Weber-Caflish ont également contribué à cette publication. 2 Les journées Giraudoux à Bellac (26 et 27 juin 2010) L’exposition temporaire « Charles-Louis Philippe et Jean Giraudoux » a été mise place dans la Maison natale par Anne-Marie Prévot et Annie Besnard. La collaboration des Amis de CharlesLouis Philippe a permis disposer d’objets et de documents. Francis Huster nous a fait l’honneur de sa visite lors de l’inauguration le 26 juin. Le 27 juin, la Table ronde Charles-Louis Philippe et Jean Giraudoux, a été animée par des spécialistes des deux écrivains : David Roe, Marie-Thérèse et Jean-Louis Aurat pour Philippe, Jacques Body et Guy Teissier pour Giraudoux. Elle a été suivie d’une Promenade Giraudoux dans Bellac, conduite par Jacques Body, avec la collaboration de F. Massicot et R. Messié. Les participants se sont ensuite retrouvés pour des « lectures croisées » des deux écrivains. 3 La Maison natale - La bibliothèque de Jean Giraudoux La bibliothèque de Giraudoux comprend : les livres dédicacés, propriété de la Fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux et les autres livres de collection, propriété de la Mairie. La Fondation de France a 57 Bulletin 2011-2012 visité la Maison natale en juillet et a constaté que les conditions de conservation étaient mauvaises. À cette bibliothèque ayant appartenu à l’auteur, s’ajoute un fonds documentaire (photocopies de manuscrits, éditions diverses) qui appartient aux Amis de Jean Giraudoux. Une réunion a eu lieu à Bellac le 29 septembre 2010, entre la Fondation de France, représentée par Madame Waquet-Rouge, la Fondation Giraudoux, représentée par Mauricette Berne, et la Mairie. Anne-Marie Prévot y participait pour les Amis de Jean Giraudoux. Il a été décidé que la bibliothèque de Jean Giraudoux serait transférée à la Médiathèque de Bellac, qui ouvrira en 2012 ou 2013. Ce fonds pourrait être le début de la constitution d’un « Centre de documentation Giraudoux ». - Avenir de la Maison natale Le déménagement de la Bibliothèque de Giraudoux diminue l’intérêt que le public porte à la maison natale, dont l’intérieur est actuellement peu attrayant. Il faut donc envisager des solutions pour la mettre en valeur. L’une des pistes de réflexion pourrait être de trouver les moyens d’en faire un lieu qui donne une idée de Giraudoux. Afin de recueillir des idées, Annie Besnard a participé aux « XIe Rencontres des Maisons d’écrivains » à Bourges les 19 et 20 novembre. Le thème était : « La mise en valeur de l’écrit ». D’autre part, en installant l’exposition de l’été 2010, Anne-Marie Prévot et Annie Besnard ont constaté que l’intérieur de la maison souffrait d’un manque d’entretien régulier. Il est souhaitable d’y remédier. 4 Les publications, colloque et mises en scène Les Vies multiples de Jean Giraudoux, écrit par Guy Teissier et Mauricette Berne, est paru chez Grasset en octobre. Le dossier de presse est disponible sur le site des Amis de Giraudoux. Jacques Body a publié « Proust devant l’originalité de Giraudoux », contribution à Originalités proustiennes, sous la direction de Philippe 58 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Chardin. Ce sont les actes d'un colloque international « Originalités de l'œuvre et notion d'originalité dans la pensée de Marcel Proust ». Nous avons eu connaissance de quelques mises en scène : - Les élèves de l'atelier-théâtre du lycée Adrien-Zeller de Bouxwiller ont travaillé sur le thème du double : Amphitryon 38 faisait partie des textes choisis. - La Folle de Chaillot a été jouée par une troupe d’amateurs à Bazas (33). Cette même pièce a été retenue par Maria Naudin et Christian Brendel pour clore une année de travail avec les quatorze élèves de l'atelier du Théâtre populaire de Champagne à Saint-André-lesVergers. - Le Théâtre du Parpaillot a joué L’Apollon de Bellac à Moutier, en Suisse. Le colloque L’espace dans l’œuvre de Giraudoux a été organisé du 6 au 8 mai à Ankara par Arzu Ildem et ses collègues du Département de langue et littérature françaises de l’Université d’Ankara, sous le patronage de la Société Internationale des Études Giralduciennes. La préparation du Dictionnaire Jean Giraudoux se poursuit, sous la direction d’André Job et de Sylviane Coyault. Les entrées ont été définitivement réparties entre les collaborateurs. 5 Bulletin Édouard Demazure avait accepté de prendre en charge la préparation du Bulletin. Il a annoncé en cours d’année qu’il n’était pas en mesure de le faire. Il n’y a donc pas eu de « Bulletin 2010 ». 6 Fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux Comme précisé ci-dessus, la Fondation joue un rôle essentiel dans l’entretien et la mise en valeur des livres dédicacés entreposés dans la Maison natale. Elle est également impliquée dans la numérisation du fonds Giraudoux, qui est le premier écrivain dont l’œuvre soit numérisée alors qu’elle n’est pas encore dans le domaine public. Les metteurs en scène ne préviennent que rarement de leur intention d’utiliser des textes de Giraudoux. Actuellement, seul Laurent Le Bras pour Les Anges du péché la tient informée de son travail. 59 Bulletin 2011-2012 Perspectives 2011 1 Réflexion sur la gestion administrative Le problème des convocations à l’Assemblée générale 2010 révèle un dysfonctionnement que nous ne devons pas laisser s’installer. Notre secrétaire de Clermont a pris conscience de sa négligence et souhaite continuer à travailler avec les Amis de Giraudoux. Si elle se révèle à nouveau défaillante, Annie Besnard cherchera une autre personne, de préférence plus proche géographiquement du lieu où elle réside (Nancy). 2 Les Cahiers Le Cahier 39 (2011) est consacré au théâtre. Catherine Nier a remanié sa thèse Figures du dédoublement et rénovation dramatique dans le théâtre de Jean Giraudoux afin de mettre en évidence la modernité dramatique de Giraudoux. Yukie Mase rend compte de ses travaux sur Giraudoux et le théâtre japonais. Le Cahier 40, qui paraîtra en 2012, publiera une correspondance échangée de 1981 à 1984 entre Anita Madero et André Beucler. Jacques Body assure la coordination de ce volume. En 2013, le Cahier 41 fournira aux enseignants d’Université des éléments d’information et des pistes de travail pour faire étudier Aventures de Jérôme Bardini. Annie Besnard coordonnera les contributions à ce volume. En 2014, le Cahier 42 présentera la thèse de Myriam Lépron. En 2015, Sylviane Coyault dirigera un Cahier autour de Choix des élues. Jacques Body rappelle qu’il reste quelques correspondances à publier : par exemple, lettres à Louis Bailly, lettre du général Spears, lettre à Mrs Adams, lettres à Bernard Grasset. Il demande à ce que les Cahiers ne publient pas de thèses. 3 Les Journées Giraudoux à Bellac (2 et 3 juillet 2011) L’exposition de l’été à la Maison natale aura pour thème Alexandre Vialatte et Jean Giraudoux. Anne-Marie Prévot et Annie Besnard, qui en assurent la préparation, ont obtenu la collaboration des Amis de Vialatte, en particulier de deux spécialistes : François Béal et Dany Hadjadj. 60 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux L’inauguration aura lieu le 2 juillet et sera suivie le 3 par une Table permettra de développer les similitudes et les différences entre les deux auteurs. 4 Bellac et la Maison natale - Brigitte Brissard a pris sa retraite : elle ne sera donc plus joignable à l’Office du Tourisme. Mais elle reste notre fidèle correspondante à Bellac. - La Municipalité de Bellac va mettre des volets neufs à la Maison. - Comme tous les ans, la Maison natale proposera d’octobre à juin des expositions dédiées au patrimoine culturel local. 5 Les publications et mises en scène - Guy Teissier et Mauricette Berne présenteront Les Vies multiples de Jean Giraudoux, à Vichy, à Bellac, à Limoges, et en divers autres endroits au fur et à mesure de la demande. - Les Actes du colloque d’Ankara, L’espace dans l’œuvre de Giraudoux, seront publiés en Turquie. - La préparation d’une traduction de La Guerre de Troie en géorgien semble se confirmer. - Les Anges du péché, mis en scène par Laurent Le Bras, seront joués en mars à Paris, au théâtre de la Jonquière, et vraisemblablement en juillet au festival off en Avignon. - Odile Mallet a le projet de monter plusieurs pièces de Giraudoux pour le théâtre du Nord-Ouest parisien en 2012. 6 Le Bulletin Afin de pallier l’absence de Bulletin en 2010, Annie Besnard va essayer de composer rapidement un recueil des documents qu’elle a rassemblés en 2010. Il faudra ensuite enchaîner sur un Bulletin 2011. Actuellement, personne ne semble être en mesure de l’aider dans cette tâche : tous les emplois du temps sont très chargés. Le Président : Jean-Bernard Raimond La Secrétaire générale : Annie Besnard 61 Bulletin 2011-2012 Compte rendu de l’Assemblée générale du 21 janvier 2012 Réunion du Conseil d’Administration Présents : A. Besnard, M. Berne, S. Coyault, A. Duneau, F. Huster, A. Job, M. Lépron, N. Moreau, C. Nier, M. Potet, A.-M. Prévot, J.-B. Raimond, G. Teissier, S. Zaied-Akrout Excusés : C. Gaudin, J.-L. Vergeade Ordre du jour - réception du nouveau président - affaires financières - évolution des Amis de Jean Giraudoux et de la Société Internationale des Études Giralduciennes. Réception du nouveau président de l’Association Jean-Bernard Raimond, président de l’Association des Amis de Jean Giraudoux depuis 1991, a exprimé début 2011 le souhait d’abandonner ses fonctions. Francis Huster, contacté par le Bureau, a accepté de prendre sa succession. Il entre en fonction aujourd’hui, et le Conseil d’Administration, par la voix de Jean-Bernard Raimond, lui exprime ses remerciements. Francis Huster évoque quelques pistes qui pourraient faire mieux connaître Jean Giraudoux au grand public : - Francis Huster a monté le spectacle Louis Jouvet, la passion du patron ; il l’a proposé aux circuits de distribution Gaumont et Pathé qui projettent de mettre le théâtre à la portée de tous comme ils l’ont fait pour l’opéra. - Montrer dans les médias une autre image de Giraudoux, en s’appuyant sur des acteurs connus du public : Pierre Arditi, Fabrice Luchini. - Proposer à Muriel Mayette de mettre Judith à l’affiche de la Comédie française. 62 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux - Remettre un « Prix Giraudoux » décerné par un jury prestigieux ; ce prix pourrait récompenser une création, soit mise en scène, soit écriture. Francis Huster se propose de trouver un sponsor. Compte rendu financier Bien que les dépenses aient été réduites au maximum, le solde 2011 est déficitaire de 412 €. Ce déficit est dû à un décalage dans le versement de la subvention du Conseil Régional du Limousin, qui ne peut intervenir qu’une fois l’impression du Cahier 2011 effectuée. Francis Huster propose d’apporter un revenu supplémentaire à l’Association. Son spectacle Louis Jouvet, la passion du patron a été mis sur support DVD. Il pourrait être confié à la salle de cinéma de Bellac, qui en ferait la projection pendant le Festival, et pour les lycéens pendant la période scolaire. Une partie de la recette pourrait aller à l’Association. Évolution Amis Jean Giraudoux / Société Internationale des Études Giralduciennes Exposé de la situation En-dehors de la Fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux, il existe deux associations autour de Jean Giraudoux : - L'Association des Amis de Jean Giraudoux, fondée en 1971 : elle entretient la mémoire de l'écrivain (Maison natale à Bellac, présence au festival de Bellac) et met en valeur le patrimoine littéraire giralducien (Cahiers). - La SIEG (Société Internationale des Études Giralduciennes), fondée en 1990 : elle réunit des chercheurs français et étrangers depuis cette date, et organise régulièrement des colloques. Actuellement, la SIEG, du fait de la dispersion de ses membres sur plusieurs continents et du caractère intermittent de son activité, est difficile à gérer. D'autre part l'Association des Amis de Jean Giraudoux, comme plusieurs associations d'amis d'auteurs en France, peine à recruter de nouveaux adhérents. Parmi ses membres, on compte plus d'enseignants et de 63 Bulletin 2011-2012 chercheurs que de personnes ayant connu l’auteur de son vivant. Il semble donc souhaitable d'unir les forces des deux associations. Ce projet a été évoqué en 2010 lors du colloque d'Ankara organisé par la SIEG, et les personnes présentes s'étaient déclarées favorables à une démarche dans ce sens. Objectifs de la fusion AJG/SIEG : - Une meilleure visibilité interne et externe : * les activités de recherche de l'une et de l'autre association sont souvent confondues ; de ce fait, la distinction entre elles n'est guère lisible de l'extérieur ; * les adhérents sont souvent les mêmes, mais pas toujours ; certains adhérents de la SIEG (mais pas des AJG) se demandent pourquoi ils ne reçoivent pas les Cahiers, dont le contenu les intéresse au même titre que les Amis de Jean Giraudoux ; autre avantage : une seule cotisation. - Un cumul des adhérents : le poids d'une association lors de demandes de subventions se mesure à ses activités, mais aussi au nombre de ses adhérents. Discussion - Francis Huster est favorable à la fusion des deux associations - Les autres membres du Conseil d’administration, qui ont étudié cette solution depuis quelques mois, sont dans l’ensemble favorables à cette solution. - Francis Huster juge également opportun de donner un nouveau nom à l’Association ; il propose « Académie Giraudoux » pour les motifs suivants : * c’est un mot international * c’est un terme qui invite au débat. - Plusieurs personnalités pourraient être invitées à rejoindre cette « Académie » : le directeur du théâtre de l’Athénée, les éditions Grasset et Gallimard… 64 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux L’Assemblée générale aura donc à se prononcer sur : - une démarche auprès de la SIEG, proposant à ses membres d’intégrer désormais l’Association des Amis de Jean Giraudoux ; - le passage de l’intitulé « Association des Amis de Jean Giraudoux » à « Académie Giraudoux ». Assemblée générale Présents : A. Besnard, M. Berne, F. Bombard, S. Coyault, B. Dangas, A. Duneau, F. Escoubé, L. Jankovic, A. Job, A. Lacaux, B. Martenka, R. Messié, N. Moreau, C. Nier, M. Potet, A.-M. Prévot, A. Struve-Debeaux, G. Teissier, S. Zaied-Akrout Procurations : à A. Besnard : J.-C. Fasquelle, F. Fouchard, D. Roncière à S. Coyault : M. Lépron, M. Lioure à A. Job : G. Giraudin, I. Guinle d’Allens à C. Nier, J.-C. Sertelon à G. Teissier : J. Body, M. Renders à S. Zaied-Akrout : J. Tucoo-Chala Excusés : P. d’Almeida, S. Aucante, R. Barthélémy, R. Beucler, J.M. Doumeix (Maire de Bellac), C. Gaudin, R. Gonzalez-Naranjo, M.-C. Hubert, H. Maurel-Indart, S. Oudin, A. Patierno, J.-C. Thiriet, J.-L. Vergeade En raison d’engagements professionnels, Francis Huster ne peut participer à cette assemblée. En son absence, la secrétaire générale ouvre la séance. Réception du nouveau président de l’Association L’association adresse ses remerciements à Jean-Bernard Raimond pour ses vingt années de présidence. Son remplacement par Francis Huster, choisi par le Conseil d’Administration, est annoncé officiellement. 65 Bulletin 2011-2012 Approbation du Compte rendu de l’Assemblée générale 2010 Ce compte rendu a été envoyé en cours d’année aux adhérents. Jacques Body a souhaité par courrier deux modifications qui concernent ses interventions : - que l’expression « quelques lettres » soit modifiée en « quelques correspondances » ; - que soit mentionnée son intervention à propos des « Cahiers », demandant à ce que cette publication ne comporte pas de thèses. Ces modifications sont proposées à l’Assemblée qui les approuve à l’unanimité. Interventions de François Auffret et d’Elvira Luengo Intervention de François Auffret Président des Amis de Jongkind, il fait des recherches sur la généalogie d’Anita Madero, qui a eu une liaison de plusieurs années avec Jean Giraudoux. Il explique quel est le rapport entre Jongkind et le mystérieux personnage qu’est Anita Madero. Il livre ses découvertes concernant sa liaison avec Giraudoux. Intervention d’Elvira Luengo Professeure de Littérature à l’Université de Saragosse, elle travaille sur la réception de Giraudoux dans l’œuvre de Benjamin Jarnès, romancier espagnol (1888- 1949). Elle s’est en particulier intéressée au thème de la femme et de l’eau chez les deux auteurs. Elle propose d’intégrer le résultat de ses recherches dans un cahier Jean Giraudoux ; elle présente un dossier qui sera soumis au comité de rédaction des cahiers. Rapport financier 2011 Compte de résultat - Les recettes proviennent plus des subventions (6215 € versés actuellement) que des cotisations (2812,80 €). Un appel à dons a permis de recueillir 300 €. Il faut noter que la subvention annoncée par le Conseil régional du Limousin pour le Cahier 2011 (1700 €) est 66 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux versée en décalage, puisqu’il faut attendre l’impression pour compléter le dossier. Total des recettes 2011 : 9874 €. - Les dépenses, que nous avons essayé de réduire au maximum, se montent à 10286,16 €. Les frais de personnel (2602,58 €) représentent le coût du gardiennage de l’exposition pendant les mois d’été et la rétribution du secrétariat de Clermont. Ils sont en baisse. Les Journées Giraudoux à Bellac représentent un poste budgétaire important, avec 1279,07 € de frais de déplacement (préparation et intervenants) et 639,20 € de frais d’exposition. Le coût de l’assurance est élevé : 2577,65 €. - L’exercice 2011 se termine par un solde déficitaire de 412,16 € ; cependant, une fois comptabilisée la subvention du Conseil régional et réglés les frais d’impression du Bulletin, les comptes devraient être en équilibre. - Le fonds associatif s’établit à 5340,98 € au 31 décembre 2011. Prospective - Décision est prise de démarcher d’autres compagnies d’assurance pour comparer les tarifs. D’autre part, une fois la Bibliothèque de Giraudoux transférée à la Médiathèque de Bellac, la valeur des biens à assurer diminuera. Si certaines expositions nécessitent des objets de valeur, on peut souscrire une assurance spéciale, pièce par pièce. - Il est moins difficile d’arriver à un équilibre financier si tous les adhérents payent leur cotisation pour l’année courante. Le budget de l’exercice 2011 est approuvé à l’unanimité. Débat autour des propositions du Conseil d’Administration Un résumé de la réunion du Conseil d’administration est fait aux membres de l’Assemblée, qui débattent ensuite sur deux points : - La modification du nom de l’Association - La proposition de rattachement des membres de la SIEG à l’Académie Giraudoux. 67 Bulletin 2011-2012 Modification du nom de l’Association L’intitulé proposé par Francis Huster, « Académie Giraudoux », est mis au vote à bulletins secrets après débat entre les participants. Deux adhérents ayant quitté la séance, le nombre d’adhérents présents s’élève alors à 28. Résultats du vote : Votants : 28 Pour « Académie Giraudoux » : 18 Contre « Académie Giraudoux » : 10 Bulletin nul : 0 Abstention : 0 Cette décision prendra effet dès que la déclaration de changement de nom aura été entérinée par la sous-préfecture de Bellac. Rattachement de la SIEG à l’Académie Giraudoux Les membres de l’Assemblée générale se montrent favorables au rattachement des adhérents de la SIEG à l’Académie Giraudoux. Il est cependant nécessaire, selon les statuts de la SIEG, que son bureau soit consulté sur la dissolution de cette association. Ce débat aura lieu lors de la prochaine Assemblée générale de la SIEG, en 2013. En attendant, les membres de la SIEG recevront un bulletin d’adhésion à l’Académie Giraudoux. Mise à jour de la liste des membres du Bureau Président : Francis Huster, en remplacement de Jean-Bernard Raimond Vice-présidents : Sylviane Coyault, André Job, Guy Teissier Secrétaire générale : Annie Besnard Secrétaire adjointe : Anne-Marie Prévot Trésorière : Souad Zaied Akrout Membres : Alain Duneau ; Catherine Nier remplace Édouard Demazure, qui a souhaité se retirer. Mise à jour de la liste des membres du Conseil d’Administration Francis Huster remplace Jean-Bernard Raimond Françoise Bombard remplace Nicole Moreau, qui a souhaité se retirer 68 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux Édouard Demazure a souhaité se retirer. Rapport d’activité 2011 Les publications de l’Association - Le Cahier n°39, intitulé Le Théâtre de Giraudoux, un mégaphone pour les vivants et les morts a été réalisé grâce aux contributions de Catherine Nier : « Le théâtre, "pavillon de résonance et d’aération" » et de Yukie Masie : « Parler pour les morts dans le théâtre : la collaboration artistique de Giraudoux et de Jouvet ». - Un Bulletin, récapitulant l’actualité littéraire, théâtrale, universitaire autour de Jean Giraudoux a été réalisé. Il est accessible sur le site, et a été envoyé sur support papier aux adhérents qui ne sont pas connectés à internet. Les « Journées Giraudoux » à Bellac (2-3 juillet 2011) L’exposition temporaire Alexandre Vialatte et Jean Giraudoux. Résonances a été conçue et installée à la Maison natale par AnneMarie Prévot et Annie Besnard. Elle a été inaugurée le 2 juillet. La préparation a été facilitée par la collaboration de l’Association des Amis d’Alexandre Vialatte, et en particulier Dany Hadjadj et François Béal. Le 3 juillet au matin, la Table ronde Alexandre Vialatte et Jean Giraudoux. Imaginaires et écritures., a été animée par Dany Hadjadj et François Béal pour A. Vialatte, par Jacques Body et Pierre d’Almeida pour J. Giraudoux. L’après-midi du 3 juillet, François Béal a proposé un « récital » à partir de textes d’Alexandre Vialatte, intitulé Histoires de choses humaines. Le label Maison des Illustres Il a été décerné en juillet par le Ministère de la Culture et de la Communication à la Maison natale de Jean Giraudoux à Bellac. Cette distinction récemment créée concerne des bâtiments en rapport avec de grands personnages historiques ou culturels. Pour qu’un lieu en bénéficie, il faut qu’il soit ouvert au public au moins 40 jours par an et qu’il accueille dans son cadre un programme culturel. 69 Bulletin 2011-2012 Ce label est donné pour 5 ans et il est renouvelable. La Maison natale - Nous exprimons nos remerciements à la Municipalité de Bellac pour les volets neufs et la rénovation du crépi. - Deux réunions à Bellac (3 juillet et 21 novembre) ont permis à la municipalité, à la Fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux et à l’Association des Amis de Jean Giraudoux de faire le point sur la Bibliothèque et de se concerter sur l’avenir de la Maison natale. * Les ouvrages dédicacés, qui appartiennent à la Fondation, ont été restaurés avant d’être transférés à la Médiathèque de Bellac. La Fondation en a fait don à la Municipalité. Les pages de dédicaces (soit page de titre, soit page de garde) ont été numérisées ainsi que les couvertures. L’ensemble du fonds a été nettoyé, désacidifié et inventorié grâce à une subvention de la DRAC avant son déménagement vers la nouvelle médiathèque. * L’Association des Amis de Jean Giraudoux a donné son approbation pour le transfert des livres autres que dédicacés de la Maison natale vers la Médiathèque. * Le devenir de la Maison natale Le déménagement des livres et documents à la Médiathèque entraînera une réorganisation de la Maison natale, de façon à la rendre plus attractive pour les visiteurs. François Massicot, architecte, a rédigé pour la Municipalité de Bellac, un projet de réaménagement de l’espace. Il s’agirait de mettre en valeur l’écrivain, et en particulier son œuvre théâtrale, et sa présence depuis 1953 dans le Festival annuel. Le coût de ce projet implique d’envisager la gestion de la Maison une fois les transformations réalisées. Les publications et mises en scène - La traduction de La Guerre de Troie n’aura pas lieu en géorgien a été réalisée par Sibylle Guéladzé, avec l’aide de Guy Teissier. - Le Théâtre du Parpaillot a joué L’Apollon de Bellac à Moutier et à Bern (Suisse). 70 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux - Une chorégraphie d’Ondine, « d’après Giraudoux » a été proposée à Montpellier par Julie Desmet et Eugénie Andrin. - Les Anges du péché, dans la mise en scène de Laurent Le Bras, ont été présentés au théâtre de la Jonquière à Paris, puis au Off du Festival d’Avignon. - L’Apollon de Bellac a été joué au théâtre de Hautmont (Nord) - L’Atelier théâtre du Quartier Latin a présenté La Guerre de Troie n’aura pas lieu au théâtre du mandapa puis à La Fondation Hellénique de la Cité Internationale Universitaire de Paris. - Le Club théâtre du collège de Fortschwihr a joué Ondine. - La Guerre de Troie n’aura pas lieu a été présentée à Villedieu-duClain par le théâtre de l’Arantelle. Colloque Les Écrivains diplomates, entre littérature er lettres de créance, colloque international du 12 au 14 mai, au Centre des Archives diplomatiques à La Courneuve, près de Paris, et au Quai d'Orsay. Perspectives 2012 Les publications de l’Association - Le Cahier 40 sera intitulé Commencer… sans fin. Il s’agit d’un travail de Myriam Lépron sur les débuts et fins des romans de Giraudoux, qui développe une réflexion autour de l’écriture romanesque de l’auteur. Pour le Cahier 41 (2013), la décision reste à prendre entre une série d’études autour de Aventures de Jérôme Bardini, destinée aux enseignants d’université, et une proposition d’Elvira Luengo autour de Giraudoux/Jarnès, formulée au début de la présente Assemblée générale. - Le Bulletin : il sera, comme l’an dernier, préparé par Annie Besnard ; le montant de la subvention demandée au CNL sera augmenté de 500 € afin de prévoir l’impression du Bulletin pour tous les adhérents. Les Journées Giraudoux à Bellac (7-8 juillet) - Inauguration de la Médiathèque le 7 juillet ; elle portera le nom de Jean Giraudoux. 71 Bulletin 2011-2012 - Exposition de l’été à la Maison natale : l’intitulé n’est pas encore précis ; elle devrait tourner autour des représentations du théâtre de Giraudoux au Festival de Bellac ; Nicole Moreau (Amis de Jean Giraudoux) et Jean-Louis Alquier (Les Amis de la Maison natale) a proposé des documents. - La Table ronde traitera donc certainement du théâtre ; la participation de Catherine Nier, qui a coordonné le Cahier 39 consacré au théâtre de Giraudoux, a été sollicitée. - Concertation le 21 novembre 2011 avec Stéphane Aucante, directeur du théâtre du Cloître, qui réintroduit Giraudoux dans le programme du Festival * La représentation des Anges du péché dans la mise en scène de Laurent Le Bras se confirme. * Il est possible qu’Yves Landerouin intervienne avec sa troupe universitaire. Les publications et mises en scène - Le Théâtre du Nord-Ouest, à Paris, présente l’intégrale de Giraudoux du 6 janvier au 8 avril : théâtre et lectures d’extraits de romans et d’essais. - La troupe universitaire de Yves Landerouin donnera deux représentations (Supplément au voyage de Cook et La Folle de Chaillot) les 24 et 25 mai à Biarritz. Colloque Le prochain colloque autour de Jean Giraudoux devrait avoir lieu à Cluj (Roumanie) du 9 au 12 mai 2013. 72 Des Amis de Jean Giraudoux à l’Académie Giraudoux 73 Bulletin 2011-2012 74