abdominales, ictère, raideur musculaire, uvéite, essoufflement
ainsi que les signes cliniques d’une coagulopathie.
Dans sa forme suraiguë, la leptospirose peut conduire à la
mort en quelques jours. Dans sa forme aiguë, elle entraîne
de la fièvre, des tremblements et des douleurs musculaires,
souvent suivis de troubles sensoriels, d’une déshydratation,
de vomissements et d’un collapsus cardio-vasculaire. Les
coagulopathies peuvent s’accompagner de vomissements, de
diarrhées sanglantes, d’épistaxis et de pétéchies. Cette forme
peut conduire à la mort avant l’apparition d’une insuffisance
rénale ou hépatique. Dans sa forme subaiguë, la leptospirose
peut se manifester par l’apparition de plusieurs des sym-
ptômes cités plus haut. Les plus courants sont la polyurie-
polydipsie et les symptômes respiratoires. Une insuffisance
rénale aiguë causée par une néphropathie tubulo-interstitielle
peut aussi entraîner une oligurie ou une anurie. Une fois cette
phase terminée, la fonction rénale peut redevenir normale, ou
évoluer vers une insuffisance rénale chronique plus ou moins
compensée. En cas d’hépatopathie (hépatite chronique active
ou fibrose hépatique chronique), le patient peut présenter des
symptômes d’insuffisance hépatique, comme : perte d’appétit,
perte de poids et épanchements cavitaires.
Aspects clinico-pathologiques
Les modifications de la formule sanguine les plus fréquemment
observées sont l’anémie, la leucocytose avec neutrophilie et
déviation à gauche, la lymphopénie et la thrombopénie. Quand
celles-ci apparaissent accompagnées de signes de troubles
rénaux, de lésions rénales aiguës et/ou d’une insuffisance hépa-
tique, le diagnostic à privilégier est celui de leptospirose.
L’infection des tubules rénaux entraîne une néphrite interstiti-
elle aiguë avec dysfonctionnement tubulaire, parfois accom-
pagnée d’une nécrose tubulaire aiguë. Les modifications
clinico-chimiques les plus fréquentes sont une élévation
des taux d’azote uréique sanguin (BUN), de créatinine et
d’enzymes hépatiques, une hyperbilirubinémie et des troubles
de l’équilibre électrolytique. Ces derniers sont la conséquence
des vomissements et des diarrhées. Une atteinte hépatique
peut évoluer vers une nécrose du foie. L’analyse d’urine met
souvent en évidence une faible densité urinaire et des signes
d’atteinte tubulaire : glycosurie, protéinurie, cylindres urinaires
granuleux et/ou hématurie. Parmi les éventuelles modifications
du profil de coagulation, on peut observer un allongement
du temps de prothrombine et du temps de céphaline activée,
ainsi que des valeurs de fibrinogène augmentées.
Sérologie
La réaction de microagglutination (RMA) reste l’analyse de
référence pour mettre en évidence la présence d’anticorps
spécifiques des leptospires et les titrer. Le principe de la RMA
repose sur la mise en contact de plusieurs dilutions du sé-
rum à analyser avec des leptospires, la présence d’anticorps
étant déterminée à partir de l’agglutination. La RMA peut
porter aussi bien sur les IgM que sur les IgG. Au cours de
la première phase de l’infection, de nombreuses réactions
croisées peuvent avoir lieu entre les différents sérovars de
leptospires, car les IgM sont peu spécifiques, surtout au sein
d’un même sérogroupe. Au cours de la phase suivante, de
telles réactions croisées sont nettement moins fréquentes.
Un chien atteint de leptospirose peut présenter des signes
cliniques avant qu’une recherche d’anticorps ne soit possible,
principalement au cours de la première semaine de la ma-
ladie. D’autre part, l’infection reste très souvent subclinique,
avec formation possible d’anticorps persistants. Enfin, la vac-
cination entraîne également la formation d’anticorps pouvant
être mis en évidence par RMA pendant plusieurs mois et ce,
même si leur titre reste très souvent faible. Pour interpréter
correctement le titre d’anticorps, il faut donc impérativement
prendre en compte le tableau clinique du patient.
Un titre de RMA supérieur ou égal à 1:800 chez un chien
présentant des symptômes compatibles avec la leptospirose
est fortement évocateur de l’infection. Au cours de la premi-
ère semaine de la maladie, le chien peut être séronégatif. On
recommande donc de renouveler la recherche d’anticorps
une ou deux fois après 7 à 15 jours avant de considérer que
le patient est bien séronégatif. Un titre d’anticorps multiplié par
quatre doit entraîner une forte suspicion d’infection. Toutefois,
en cas d’antibiothérapie, la séroconversion peut ne pas être
aussi marquée. Un titre d’anticorps inférieur à 1:400 est en
général imputable à une infection antérieure ou à une vaccina-
tion. Dans ce cas, les titrages d’anticorps postérieurs doivent
mettre en évidence une séropositivité peu ou pas évolutive.
Diagnostic moléculaire
La PCR en temps réel pour les leptospires constitue un outil
diagnostique très spécifique et extrêmement sensible. La
PCR présente un avantage diagnostique par rapport aux
tests sérologiques avant tout lors des premières phases de
la maladie, c’est-à-dire avant que les anticorps ne soient
détectables. En outre, elle est utile pour mettre en évidence
l’excrétion de leptospires dans l’urine. Au cours de la pre-
mière phase de la maladie (qui correspond à une période
d’environ une semaine à compter de l’infection), les acides
nucléiques des leptospires sont détectables dans le sang.
Au cours de la deuxième phase de la maladie (qui com-
mence environ 7 jours après l’infection), ils sont détectables
dans l’urine. Il est rare que la date précise de l’infection soit
connue ; il est donc recommandé de pratiquer une PCR à la
fois sur le sang et sur l’urine. Le test IDEXX Leptospira spp.
RealPCR™ détecte le gène lipL32, spécifique des leptospires
et qui code pour une protéine de la membrane externe en
rapport avec leur pathogénicité. Des résultats positifs au test
IDEXX Leptospira spp. RealPCR™ indiquent par conséquent