Rapport de Stage : Echange au Danemark

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Myriam Fantone
DFGSM1
Faculté de médecine de Grenoble
Rapport de Stage :
Echange au Danemark
Juillet 2014
Introduction J’ai choisi d’effectuer mon échange professionnel dans le cadre de l’association IFMSA
au Danemark. Il s’est déroulé du 1er juillet 2014 jusqu’au 27 juillet 2014 dans la ville
d’Aarhus.
Cet échange me tenait particulièrement à cœur, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, avoir l’opportunité d’organiser seule la globalité d’un voyage permet de
gagner en autonomie, tout comme le fait de devoir vivre un mois seule tout en devant
parler anglais.
Ensuite, la possibilité que nous offre l’association IFMSA de pouvoir plonger à la
découverte d’un autre système de soins est très enrichissante dans notre parcours
d’étudiants en médecine.
Enfin, l’aspect culturel est bien sur également très attirant, et j’ai choisi le Danemark à
cause de ma curiosité pour les pays d’Europe du Nord, de sa réputation de « pays du
bonheur », et parce que je voulais découvrir ce que pouvait avoir de plus un hôpital
d’un pays où la santé est un secteur économique particulièrement bien financé.
La préparation de l’échange professionnel Tout au long de l’année 2013/2014, j’ai donc suivi la procédure de préparation sur le
site ifmsa.com avec l’aide de mon LEO.
Je voulais donc partir au Danemark, et une fois que ce premier choix m’a été accepté,
il m’a fallu choisir une des 4 villes où se situent des hôpitaux universitaires :
Copenhague, Aarhus, Aalborg et Odense. J’ai eu la chance d’être reçue à Aarhus, la
deuxième ville du Danemark.
Concernant les choix de stage je voulais de la chirurgie : chirurgie pédiatrique,
chirurgie de la main ou neurochirurgie dans l’ordre de mes vœux sur le site d’ifmsa.
Malheureusement, la ville d’Aarhus ne possédant pas de services propres à ces
disciplines, j’ai été accueillie dans le service de chirurgie orthopédique.
J’ai été encadrée tour à tour par deux chirurgiens orthopédiques spécialisés dans la
chirurgie du rachis : Kestutis Valancius et Ebbe Stender Hensen, qui ont été des
encadrants très pédagogues avec moi, tout comme le reste de l’équipe soignante.
Comme le Danemark est en Europe, il me suffisait d’avoir ma carte d’identité.
Sur le plan des vaccins, ce sont les mêmes que ceux demandés en France, et j’ai du
faire deux prélèvements nasals pour confirmer mon portage négatif de SARM.
Mon stage en chirurgie orthopédique Je suis donc partie le 1er juillet 2014, et ai commencé mon stage le mercredi 3 juillet.
J’ai passé la grande majorité de mon temps en salle d’opération, ai assisté à quelques
visites en accompagnant l’interne et à quelques consultations.
Le service de chirurgie orthopédique est sous divisé en 4 secteurs : la chirurgie du
rachis, le secteur des tumeurs, le secteur des infections, et le reste de la chirurgie
orthopédique aigue pour la plupart des patients.
De ce fait, j’ai pu assister à beaucoup d’opérations variées, et je préfère détailler ici
quelques cas et les points intéressants qui m’ont marqué pour chacun en fonction de
ces « secteurs ».
Orthopédie
• Evacuation d’un hématome dans la cuisse d’un patient hémophile et mise en
place d’une thérapie VAC
• Amputation trans-fémorale d’une femme diabétique suite à une nécrose de la
jambe : importance des mesures pour la fermeture du moignon et mise en place
d’un cathéter pour administrer des analgésiques dans le nerf fémoral afin de
diminuer les douleurs post opératoires
• Fracture trimalléolaire chez une femme diabétique : nécessité de vissage
percutané pour diminuer le risque d’infection, réalisation de mes premiers
points de suture !
• réduction d’une fracture du poignet chez un homme de 25 ans 14 jours après
l’accident : mie en place de 3 broches en percutané sous contrôle radio, et
immobilisation par un bandage plâtré
• fracture articulaire du plateau tibial chez un homme poly traumatisé après un
AVP : retrait des fragments articulaires et vissage d’une plaque maintenant le
fragment principal au tibia
• traitement d’une fracture du pilon tibial 7 jours après l’accident chez un homme
de 30 ans par un fixateur externe selon la méthode d’Ilizarov
Rachis
• fracture instable de C2 : cas où la minerve à base thoracique n’a pas suffi à
stabiliser la vertèbre, d’où une décision de vissage de la dent
• décoaptation du disque C6/C7 : abord cervical antérieur (risque carotidien),
retrait du disque et remplacement de celui ci par un morceau de fibula, montage
stabilisateur vissé sur les vertèbres sus et sous jacentes
• paralysie chez un homme de 82 ans du à la décompensation d’une sténose du
canal lombaire : laminectomie
Infection
• drainage d’un abcès chez un patient diabétique de 50 ans, collecté sous une
cicatrice d’exérèse de lipome en haut du dos : évacuation, curage, lavage, et
mise en place d’une VAC-thérapie
Tumeurs
• suspicion de chordome chez un homme de 60 ans : réalisation d’une ponction
biopsie sous contrôle radio
• exérèse d’un sarcome de l’arrière genou chez une femme de 45 ans : nécessité
de ligaturer les veines superficielles, et d’une greffe de peau
• tumeur dans le canal spinal : laminectomie large et exérèse de la tumeur
Mes encadrants ont essayé de faire au mieux quant à mon choix initial orienté vers la
chirurgie infantile et j’ai donc pu assister à des consultations pédiatriques ainsi qu’à
quelques opérations.
Les consultations concernaient des jeunes patients chez qui étaient suspectées des
dysplasies de hanche, ou chez des enfants ayant une ostéogénèse imparfaite.
J’ai pu également observer quelques opérations :
• chez une fille de 5 ans ayant un membre inférieur plus court : élongation du
tendon d’Achille par 3 incisions et réglage d’un montage externe destiné à
allonger le membre
• une exostosectomie bilatérale à proximité des genoux chez un garçon de 16 ans
• résection d’une 6ème orteil chez une fille de 1 an
La prise en charge du patient au Danemark Il existe certaines différences de prise en charge avec la France, ou du moins avec le
CHU de Grenoble.
Par exemple, lorsqu’un chirurgien est appelé pour prendre en charge un patient atteint
d’un cancer, il doit mettre en suspens certaines de ses activités en cour pour s’occuper
du protocole de prise en charge de ce patient, car il se doit de respecter légalement des
délais très courts.
Les patients sont habillés lorsqu’ils arrivent au bloc, déshabillés seulement une fois
endormis et ré habillés dès la fin de l’opération.
Le patient a une entrevue avec son chirurgien et son médecin anesthésiste juste devant
la porte de la salle d’opération.
Quand le patient est un enfant, sa maman peut l’accompagner jusqu’à ce qu’il soit
endormi, et le retrouve dès l’opération terminée.
Les conditions matérielles de l’hôpital d’Aarhus Dans les services, les chambres accueillent de 4 à 6 patients, et il n’y a que des
infirmières diplômées pour s’occuper d’eux (pas d’aide-soignants). Il y a également
environ 3 kinésithérapeutes pour 20 patients, et des ergo thérapeutes dans chaque
service.
Dans les nombreux bureaux disponibles pour le personnel soignant, les tables sont
adaptables à la hauteur de l’usager, ainsi que toutes les chaises qui sont des chaises de
bureau. Il y a beaucoup d’ordinateurs disponibles, tous équipés d’un microphone pour
que les internes puissent dicter ce qu’ils ont à écrire sur le journal des patients.
Le protocole de lavage des mains avant les opérations est beaucoup plus allégé. Il est
nécessaire pour un chirurgien de se laver rigoureusement les mains à l’eau et au savon
SANS les frotter à la brosse (des études danoises ont montrées que cela engendrait des
micro lésions de la peau et donc favorisait l’apparition des bactéries) UNE SEULE fois
dans la matinées. Ensuite, le chirurgien se frictionne les mains et les avant bras pendant
2 minutes avec de l’alcool, et c’est seulement à ce moment là qu’il n’a plus
l’autorisation de toucher quoi que ce soit. Le premier jour, mon superviseur m’a donc
gentillement fait remarquer que ce serait surement ainsi dans 15 ans en France…
Le système informatique est le même dans tout le pays, ce qui facilite le transfert des
données concernant le suivi du patient ainsi que de ses imageries.
Ils ont également mis en place un système de codification de tous les actes médicaux.
Ce qui fait que pour chaque acte, l’état leur donne une certaine somme d’argent, ce qui
évite des dépenses inutiles.
Ce même système associe donc un numéro d’acte au numéro de sécurité sociale du
patient, ainsi, au fur et à mesure se construit une importante base de données nationale
disponibles pour les recherches !
Les étudiants ont tous leurs 2 à 3 mois de vacances d’été, et ce jusqu’à la fin de la 6ème
année… et peuvent prendre une année pour voyager, faire un an de recherche en tant
que salarié, ont des aides supplémentaires quand s’ils partent en congé maternité… Les
médecins et internes sont simplement tenus de faire 37h par semaine !
Autant de différences matérielles que j’ai pu observer et qui m’ont fait réfléchir sur leur
répercussion sur la prise en charge du patient !
Généralités sur les mœurs danoises Au Danemark, TOUT le monde parle anglais couramment.
Tout le monde se tutoie et s’appelle par son prénom. A l’hôpital, aucune hiérarchie ne
se fait sentir, il n’y a pas de « Professeur », ni de « Docteur » dans la vie courante, il n’y
a que des prénoms. Les étudiants et les patients ont de ce fait beaucoup moins de
scrupules à poser leurs questions !
L’accueil local Logement
J’ai été logée dans l’appartement d’une étudiante en 5ème année, qui était aussi la LEO
d’Aarhus et qui était également présente le temps de mon échange. La colocation s’est
très bien passée, surtout qu’elle était de bons conseils pour les astuces de la vie
pratique à Aarhus, à l’hôpital…
Repas
J’ai bénéficié durant mon séjour d’une carte me permettant d’aller prendre une assiette
au buffet (viandes froides, tranches de poissons fumés, salades atypiques ou sandwich)
que proposait la cantine de l’hôpital entre 11h30 et 13h30, car les danois prennent le
repas de midi très rapidement (15 minutes), il n’y a pas à proprement parlé de pause
déjeuner. Malheureusement, les opérations n’étant presque jamais terminées à cette
heure ci, je n’ai pas pu rentabiliser cette carte.
Le soir, c’est vers 18h que ce fait le repas. Les danois « mettent tout en sandwichs », et
de ce fait en mangent très très souvent. Sinon, ils aiment manger des salades (la plus
typique est celle de pommes de terres avec des tranches de radis), des saucisses, du
pain très noir avec beaucoup de céréales très complètes, et en dessert, des yaourts
(présentés dans les mêmes briques que le lait) dans lesquels ils émiettent des cookies
secs.
Programme social
Nous étions 5 étudiants étrangers au mois de juillet à Aarhus, et nous avons eu la
chance de bénéficier d’un comité d’accueil local vraiment génial.
Ce groupe d’amis était rodé puisqu’ils faisaient ça depuis des années, et étaient très
amicaux (certains danois peuvent paraître froid car ils n’ont pas pour habitude
d’exposer ce qu’ils ressentent), nous ont préparé dès notre arrivée un « international
diner » qui nous a directement rapprochés, et proposé au moins une fois par semaine
de se rejoindre pour jouer à un « pubquiz ».
Le premier week-end devait rassembler tous les étudiants en échange au Danemark
pour visiter Aarhus, et cela a été très enrichissant, autant par le fait de visiter les
curiosités historiques de la campagne danoise, que par le fait de rencontrer d’autres
étudiants en médecine venant des 4 coins du monde !
Le deuxième week-end était à Copenhague, avec beaucoup plus de temps libre à
occuper par nous même, mais comme cette capitale est particulièrement intéressante,
ça a été aussi un moment phare de mon voyage.
Communication
Comme dit précédemment, au Danemark TOUT le monde parle anglais : les chauffeurs
de bus, les vendeurs au supermarché, et tout le monde paraît heureux de vous aider,
s’intéresse à vous, vous questionne sur votre voyage… C’est vraiment rassurant. De
plus, avec un accès wifi au domicile, à l’hôpital, dans la plupart des lieux touristiques à
visiter, c’est difficile d’être perdu ou de se sentir perdu !
Conclusion Si c’était à refaire ?
Oui, évidemment que je repartirai. C’est une expérience personnelle enrichissante sur
tous les points de vue.
Sur le plan de mon autonomie personnelle, j’ai appris à me débrouiller seule dans des
aéroports, des gares, des bus avec des imprévus, dans un pays étranger où je devais me
forcer à parler anglais correctement pour me faire comprendre et représenter mon pays
du mieux possible.
Sur le plan de mes études de médecine, j’ai observé des opérations variées et assisté
des chirurgiens pendant un mois en m’efforçant de retenir leur explications sur les cas
cliniques. J’ai pu observer des différences matérielles qui m’ont questionnées sur la
possibilité de leur application en France dans le futur.
Sur le plan culturel, j’ai pu rencontrer des étudiants en médecine n’ayant pas la même
culture que moi, mais le même but professionnel : devenir médecin, et je n’oublierai
jamais tous ces moments de discussions et de partages que nous avons eu ensemble.
Je tiens évidemment à remercier Etienne et Maité les LEO de Grenoble, le comité
d’accueil local d’Arhus et particulièrement Maria qui m’a accueilli chez elle, Kestutis et
toute l’équipe médicale et paramédicale de chirurgie orthopédique et enfin Giss et Gio,
Marta et Elena, mes « international friends » pendant ce mois de juillet !
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