Correction epreuve composee bb 2017

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Corrigé de l’épreuve composée
Baccalauréat blanc 2017
Première partie : Mobilisation de connaissances
1) Présentez deux raisons pour lesquelles certains pays européens ont souhaité se doter de l’euro.
Lors du Traité de Maastricht (1992-1993), une partie des pays de l’Union européenne ont pris la décision de se
doter d’une monnaie commune, l’euro, qui a remplacé les monnaies nationales en 2002. Plusieurs raisons sont à l’origine
de cette décision ; nous en présenterons deux.
La première tient à la volonté des pays membres de parachever la réalisation de Grand marché – ou marché
unique – en éliminant l’obstacle que peuvent représenter les monnaies nationales dans les échanges commerciaux. En
effet, la nécessité de convertir les monnaies entre elles engendre des coûts de transaction qui renchérissent les
importations. Ainsi, avant l’euro, les entreprises françaises d’automobile qui importaient des équipements d’Allemagne
avaient à convertir des francs contre des marks pour payer leur facture, ce qui entraînait des coûts supplémentaires qui
ne manquaient pas de peser sur les coûts de production. L’union monétaire avait donc pour premier objectif de faciliter
les échanges au sein de la zone tout en améliorant la compétitivité des firmes importatrices.
L’euro avait également pour objectif de mettre un terme aux politiques de « dévaluations compétitives » qui
nuisaient à la stabilité monétaire. Avant l’euro, les pays avaient en effet la possibilité de dévaluer leur monnaie pour
améliorer leur compétitivité-prix externe, mais cela s’effectuait aux dépens des autres pays. Ce risque pouvait conduire
les entreprises à limiter volontairement leur production. Les constructeurs automobiles français, par exemple, redoutaient
de perdre brutalement des parts de marchés en Espagne en cas de dévaluation de la monnaie espagnole, ce qui les
incitait à limiter leur production, quitte à ne pas satisfaire la totalité de la demande. La monnaie unique devait donc
permettre d’éviter la guerre des monnaies, d’instaurer la stabilité monétaire dans la zone, gage d’une confiance
nécessaire à la croissance économique.
L’UEM devait donc permettre l’intensification des échanges entre pays membres, la compétitivité des firmes, la
stabilité monétaire et donc la croissance économique.
Remarque : il était possible d’évoquer d’autres raisons, comme l’amélioration de la transparence des prix (et donc de la
concurrence), la disparition du risque de change, ou encore la volonté de se doter d’une monnaie internationale pour
concurrencer le monopole du dollar.
2) Vous présenterez deux éléments permettant de distinguer logique d’assurance et logique d’assistance en
matière de protection sociale.
Durant le XXe siècle, on a assisté dans l’ensemble des pays développés à l’avènement de l’Etat providence, qui a
principalement consisté à la mise en œuvre des politiques visant à protéger les individus des principaux risques sociaux.
Ces politiques de protection sociale ont emprunté deux chemins très différents. Certains pays ont opté pour une logique
d’assurance, à l’image de l’Allemagne, là où d’autres comme le Royaume-Uni ont choisi une logique d’assistance. Il est
possible de mettre en évidence plusieurs différences entre ces deux approches.
Dans le système assurantiel, c’est par le travail que les individus s’assurent contre les risques sociaux. Grâce à
leur activité professionnelle, les individus s’ouvrent des droits à la protection sociale. Par exemple, le système de retraite
par répartition qui existe en France fonctionne selon ce principe. Au contraire, le système assistantiel est basé sur un
principe universaliste selon lequel tout citoyen peut bénéficier de la protection sociale, le plus souvent (mais pas toujours)
sous condition de ressources. C’est selon cette logique que fonctionne le système de santé au Royaume-Uni.
La seconde différence découle de la première. Le système assurantiel, basé sur le travail, est financé par les
cotisations sociales versées par les travailleurs (et leur employeur). A contrario, le système assistantiel est
nécessairement financé par l’impôt dans la mesure où tous les citoyens peuvent en bénéficier, qu’ils travaillent ou non.
C’est ainsi qu’en France le système de santé est principalement financé par les cotisations sociales (assurance) alors que
le RSA est financé par l’impôt (assistance).
Si les deux systèmes ont globalement les mêmes objectifs, les moyens utilisés pour y parvenir – et donc les
résultats obtenus – se distinguent profondément.
Remarque : il était demandé de distinguer les deux systèmes. Les réponses qui ont consisté à présenter chaque
système l’un après l’autre sans expliquer précisément en quoi ils se distinguaient en donc été sanctionnées. Il était ici
impératif de distinguer les deux systèmes au sein de chaque paragraphe.
Deuxième partie : Etude d’un document
Vous présenterez le document puis vous comparerez la répartition des étudiants dans les différentes filières
selon leur origine sociale.
Le document qui nous est proposé est un tableau statistique intitulé « Origine sociale des nouveaux bacheliers
s’inscrivant dans les principales filières de l’enseignement supérieur en 2009 (en %) ». Il a été publié par le ministère de
l’enseignement supérieur et de la recherche en 2010. Les données concernent la France. Le document permet de mettre
en évidence les inégalités d’accès à l’enseignement selon l’origine sociale des étudiants.
On observe d’abord que certaines catégories sont surreprésentées parmi l’ensemble des étudiants là où d’autres
sont sous-représentées, ce qui traduit une inégalité d’accès à l’enseignement supérieur. Par exemple, les enfants de
professions libérales, cadres et enseignants représentent près de 28 % de l’ensemble des étudiants néo-bacheliers
contre à peine 15 % pour les enfants d’ouvriers. Or on sait que les enfants d’ouvriers sont plus nombreux que les enfants
de cadres, professions libérales et enseignants dans la classe d’âge. Ils sont donc sous-représentés parmi les étudiants
alors que les autres sont surreprésentés.
L’écart semble même s’accentuer à mesure que l’on progresse dans la hiérarchie des filières. Dans les CPGE par
exemple, près de la moitié des effectifs sont des enfants de professions libérales, cadres et enseignants contre seulement
6,4 % d’enfants d’ouvriers et 9,1 % d’enfants d’employés.
Inversement, les filières jugées les moins prestigieuses recrutent un public moins favorisé. Les enfants d’ouvriers
représentent en effet 21,6 % des étudiants inscrits en STS alors que les enfants de cadres, professions libérales en
enseignants ne constituent que 13,6 % des effectifs.
Les données mettent donc en évidence le poids important de l’origine sociale dans l’accès aux études
supérieures et le caractère élitiste du recrutement des filières les plus prestigieuses.
Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que les variations de la demande
globale sont un facteur important des fluctuations économiques.
L’activité économique n’est pas stable dans le temps. La croissance économique, mesurée par l’augmentation
du PIB, connaît des périodes d’accélération ou au contraire de ralentissements. La croissance peut même être négative,
ce qui correspond à une diminution du PIB, même si c’est devenu rare depuis la Seconde Guerre mondiale. Parmi
l’ensemble des facteurs qui expliquent ces fluctuations économiques, la demande globale joue un rôle important.
Celle-ci correspond à la demande intérieure (la consommation et l’investissement) et à la demande extérieure (les
exportations).
Après avoir montré que l’on observe une très nette corrélation entre les variations de la demande globale et la
croissance économique (I), nous expliquerons cette relation en mettant en évidence le rôle central de la demande
intérieure (II), puis nous montrerons que le contexte extérieur, par ses effets sur la demande globale, peut aussi être un
facteur explicatif des fluctuations économiques (III).
Avant de s’interroger sur le rôle de la demande globale dans les fluctuations, on peut commencer par mettre en
évidence le lien statistique existant entre les deux variables. On observe en effet une forte corrélation positive entre les
variations de la demande globale et la croissance économique. Par exemple, lorsque la demande globale a reculé de
près de 3 % en 2009, le PIB réel a diminué presque exactement dans les mêmes proportions. De même, en 2010, les
deux variables ont progressé de 1,6 % environ (document 1). Il y a donc un lien statistique très fort entre les variations de
la demande globale et la croissance économique.
Pour expliquer cette corrélation, on peut mettre en lumière le rôle de la demande intérieure, composée de la
consommation et de l’investissement. Lorsqu’un ménage consomme ou lorsqu’une entreprise investit, cela se traduit par
un achat réalisé auprès d’une entreprise, ce qui constitue une demande pour cette dernière. Et, comme l’a montré J.M.
Keynes, la hausse de la demande – en particulier lorsqu’elle a pour origine une hausse de l’investissement – a un effet
amplifié sur la croissance économique, selon le principe du multiplicateur. Au contraire, un choc de demande négatif
comme celui que le monde a connu en 2008 et 2009, incite les entreprises à réduire leur production, ce qui entraîne la
montée du chômage, qui favorise à nouveau la baisse de la demande et alimente un cercle vicieux qui aboutit à la
récession. Un mécanisme dont l’Espagne, entre autres, a été victime, avec un taux de chômage de 26 %, soit 5 millions
de chômeurs en 2009 (document 2).
Toutefois, la demande globale ne se limite pas à sa composante intérieure, et pour comprendre les fluctuations
économiques, il est nécessaire de prendre en compte la demande extérieure. Une partie de la demande adressée aux
producteurs nationaux provient en effet de l’étranger et se traduit par des exportations. Les commandes d’avions Airbus,
par exemple, proviennent essentiellement de compagnies aériennes non résidentes. Si la demande extérieure a moins
d’importance dans la croissance économique que la demande intérieure – le volume des exportations étant beaucoup
plus faible que celui de la consommation et de l’investissement –, la forte volatilité des exportations peut contribuer à
amplifier les fluctuations économiques. Ainsi, le volume des exportations a reculé de plus de 11 % en 2009 en France, ce
qui a contribué à expliquer la baisse de près de 3 % du PIB réel cette année-là. Tout comme la hausse de 9 % l’année
suivante a contribué à la reprise économique (document 3). Le contexte économique mondial, et en particulier celui de
l’Union européenne où se situent les principaux partenaires commerciaux de la France, joue donc un rôle non négligeable
dans l’activité économique française.
En définitive, la demande globale est sans aucun doute le déterminant majeur des fluctuations économiques, à
défaut d’être le seul. Et si la demande intérieure joue un rôle prépondérant, le contexte extérieur revêt une importance
croissante dans une économie de plus en plus internationalisée.
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