Les quatre scénarios envisageables pour la zone euro 1. L’éclatement : Chaque état retrouverait sa monnaie Considérée comme saugrenue il y a encore quelques mois, cette hypothèse est de plus en plus souvent avancée par les économistes. D’après Paul Jorion, la probabilité qu’elle se réalise dépasse même… 60%. Il suffirait pour cela que la Grèce – ou un autre pays lourdement endetté – décide d’arrêter de jouer le jeu de l’austérité. Les experts sont néanmoins unanimes : le retour aux anciennes monnaies serait dramatique pour tout le monde. Car les banques européennes se retrouveraient avec des milliards de créances irrécouvrables sur les bras, ce qui déboucherait sans doute sur une grave crise bancaire. De plus, les taux de change des monnaies du Sud chuteraient rapidement, provoquant une flambée des prix importés. Et donc un effondrement du pouvoir d’achat local. 2. Le Statu quo : Dur pour les “Pigs” Sils veulent sauver la monnaie unique sans mettre en place un système fédéraliste, les Européens vont devoir continuer de jouer les pompiers de service. Mais cela serait très dur pour les «Pigs» (les pays aidés). Pour freiner l’envolée de leur dette, ils seraient en effet contraints de couper à la hache dans leurs dépenses publiques, comme la Grèce aujourd’hui, au risque de casser leur croissance et de faire exploser leur chômage. «Le statu quo ne pourra pas durer plus de deux ans», assure l’économiste Dominique Plihon. 3. Le Fédéralisme : De loin la meilleure voie pour l’euro D’après les experts, ce scénario n’a aucune chance de se produire à court terme. Très attachés à leur souveraineté, les Etats membres freinent en effet des quatre fers, car la mise en place du fédéralisme nécessiterait l’instauration d’un vrai gouvernement économique et le vote d’un véritable budget européen capable d’opérer des transferts entre régions. Pourtant, beaucoup d’économistes assurent qu’il n’y a pas d’autre issue possible. «Sans fédéralisme, une union monétaire conduit de facto à un appauvrissement», prévient James Galbraith. Pour avoir refusé de s’y résoudre en 1865, le sud des Etats-Unis s’est enfoncé dans la pauvreté tandis que le nord, fédéraliste, prospérait… Les experts les plus optimistes estiment toutefois que l’Europe s’achemine à petits pas vers une telle issue. 4. La Scission : La France serait dans le mauvais wagon Lassée de payer toujours plus pour les pays en difficulté, l’Allemagne pourrait très bien décider de quitter le navire de la monnaie unique. Et entraîner avec elle les Etats les plus solides, Pays-Bas, Autriche et Danemark en particulier. Ces bons élèves pourraient alors se regrouper dans une zone «euromark», qui disposerait d’une monnaie forte et pourrait maintenir des taux d’intérêt assez bas. Lâchés par ces locomotives, les Etats du Sud en seraient quittes pour former un deuxième espace monétaire, beaucoup plus faible. Leur nouvelle devise commune perdrait immédiatement 20% à 30% de sa valeur par rapport à l’«euro-mark», ce qui ferait valser le prix de leurs produits importés, à commencer par l’essence. Le pilier de cette zone euro du pauvre serait… la France. Sandrine Trouvelot 20.07.2011 Capital.fr