République Islamique de Mauritanie

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République Islamique de Mauritanie
Honneur – Fraternité - Justice
Ministère du Développement Rural
ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES DU SECTEUR RURAL
ANALYSE DES MARCHÉS ET DU DÉVELOPPEMENT
DES ENTREPRISES AGRICOLES
DRAFT
Août 2006
Sommaire
Liste des abréviations
Résumé
I- Introduction et problématique
1.1- Place du secteur rural dans l’économie nationale
1.2- Le Rôle des marchés agricoles
II – Caractéristiques des marchés agricoles en Mauritanie
2.1- Système de production
2.2- L’offre
2.3- La Demande
2.4- Les Prix et la régulation
2.5- Les acteurs
2.6- Les circuits de commercialisation et distribution
2.7- Les systèmes d’information
2.8- Les services d’appui et services connexes
III- Analyse de l’environnement, des stratégies, politiques et Programmes du
secteur rural
3.1- Les stratégies et politiques nationales en faveur du secteur rural
3.2- Projets et Programmes d’appui au secteur
3.3- Impact des politiques et programmes sur le développement des marchés agricoles
3.4- Politique et accords commerciaux de la Mauritanie
3.5- Environnement des affaires en Mauritanie
2
IV- défis, opportunités et contraintes du secteur agro-pastoral
4.1- Défis majeurs du secteur agro-pastoral
4.1.1-Sécurité alimentaire, Lutte contre la pauvreté et objectifs de Développement du
Millénaire
4.1.2- Accès aux marchés régionaux et internationaux et substitution aux importations
4.1.3- Productivité, Compétitivité et maîtrise de la chaîne des valeurs
4.2- Opportunités existantes et à venir
4.2.1- Croissance démographique et accroissement de la demande
4.2.2- Libéralisation économique
4.2.3- Ouverture des marchés internationaux
4.2.4- facteurs agro-écologiques et avantages comparatifs
4.2.5- Développement des infrastructures
4.3- Contraintes et menaces sur le développement des filières de production
4.3.1- Contraintes d’ordre structurel
4.3.2- Contraintes d’ordre conjoncturel
4.3.2- la concurrence
V- Conditions de performance
5.1- Cartographie du marché et des filières.
5.2- Besoins des entreprises en services financiers et non financiers
5.3- Renforcement des capacités du système productif
5.4- Renforcement des capacités des acteurs
5.5- Maîtrise de la chaîne des valeurs et captation de la valeur ajoutée
5.6- Alliances stratégiques, partenariats et coopération inter-entreprises
5.7- Marketing des produits agricoles
5.8- Gouvernance d’entreprise et développement des filières
5.9- Système d’information, normes et qualité
5.10- Innovation, Recherche Développement et transfert de technologie
VI- Perspectives et plan d’actions
6.1- Vision à long et moyen termes : les changements avec lesquels il faut compter
6.1- les priorités
6.2- Proposition de Plan d’actions pour la dynamisation des marchés agricoles
3
1- Introduction et problématique
1.1- Place du secteur rural dans l’économie nationale
Le secteur agro-pastoral revêt une importance capitale et stratégique pour le développement
économique et social de la Mauritanie. Traditionnellement, l’économie nationale est basée
sur le commerce et l’agriculture, prédominée par l’élevage. Le secteur des industries
extractives (pétrole et mines) et celui de la pêche ont occupé par la suite, une part
importante dans cette économie qui vient d’intégrer (au mois de Mars en 2006) le groupe
des producteurs de pétrole.
Le secteur a contribué en 2003 à 17% du PIB (4% pour l’agriculture et 13% en ce qui
concerne l’élevage)1. Il est le premier employeur au niveau national avec près de 48% des
emplois occupés. En 2000 il occupait près de 300 000 personnes sur les 626 705 emplois
recensés.2
Contribution des différents secteurs au PIB réel en 1992
Agriculture
3%
Taxes nettes sur les produits
6%
Elevage
13%
Administrations publiques
12%
Autres services
12%
Pêche
18%
Extraction de minerais
métalliques
10%
Commerce, restaurants,
hôtels
8%
Transports et
télécommunications
3%
BTP
5%
Autres activités extractives
2%
Activités manuf acturières
8%
Contribution des différents secteurs au PIB réel en 2003
Taxes nettes sur les produits
8%
Agriculture
4%
Elevage
13%
Administrations publiques
14%
Pêche
3%
Extraction de minerais métalliques
8%
Autres activités extractives
2%
Autres services
16%
Activités manufacturières
6%
Bâtiment et travaux-publics
8%
Commerce, restaurants, hôtels
12%
1
2
Transports et télécommunications
6%
Données corrigées et fournies par ONS/MAED
Bilan de l’Emploi 2000-2005, Direction de l’Emploi- Août 2006
4
Evolution des parts du secteur à la formation du PIB
25,0
20,0
Agriculture, Sylviculture et
Exploit. Forestière
15,0
Elevage
10,0
Pêche
5,0
00
3
20
04
*
2
00
2
2
00
1
2
00
0
2
99
9
1
99
8
1
99
7
1
99
6
1
99
5
1
99
4
1
99
3
1
1
99
2
0,0
Années
Malgré la place qu’occupe le secteur agro-pastoral dans l’économie nationale, l’agriculture et
l’élevage demeurent de façon générale, peu performants. La Mauritanie souffre d’un déficit
chronique pour satisfaire ses besoins alimentaires. Les importations et l’aide alimentaire dont
elle bénéficie permettent de combler ce déficit structurel dû essentiellement aux conditions
agro-écologiques et pluviométriques défavorables. Selon la FAO, la production agricole
couvre rarement 30% des besoins alimentaires du pays et moins de 1% des sols sont
arables.3
Par ailleurs, l’on constate que la contribution des sous secteurs, agricole et élevage au PIB
réel est restée quasiment identique entre 1992 et 2004, avec des variations de faibles
amplitudes au gré des pluviométriques enregistrées. L’on note un fléchissement à partir de
1998-1999, et une reprise en 2003 due à une année de bonne pluviométrie. Le secteur est
resté contre-performant malgré les efforts consentis par le Gouvernement depuis plusieurs
décennies, en termes de financement, d’investissement, dans le cadre du programme de
l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) dont fait partie la
Mauritanie, et d’appuis reçus de ses partenaires au développement.
Évolution de la population occupée entre 1988 et 2000 par branches d’activités :
effectif
Agriculture
Elevage
Pêche
Ind. Extractive
Ind. Manufact.
Énergie
BTP
Commerce
Transport Communication
Banques/ Assurances
Administrations/services
Non déterminés
Ensemble
Sources : Direction de l'Emploi
3
1988
%
130134
81269
7729
5882
6441
1292
12694
71222
8596
1403
86277
16887
429826
30,28
18,91
1,80
1,37
1,50
0,30
2,95
16,57
2,00
0,33
20,07
3,93
100,00
2000
effectif
218127
81235
14944
5769
30136
2837
15562
108532
17916
2011
98720
30916
626705
%
34,81
12,96
2,38
0,92
4,81
0,45
2,48
17,32
2,86
0,32
15,75
4,93
100,00
Evolution entre 1988 et 2000
TCA(*) variation
% variation
4,40
0,00
5,65
-0,16
13,72
6,77
1,71
3,57
6,31
3,05
1,13
5,17
3,19
87993
-34
7215
-113
23695
1545
2868
37310
9320
608
12443
14029
196879
44,69
-0,01
3,66
-0,05
12,03
0,78
1,45
18,95
4,73
0,30
6,32
7,12
100
(*) taux de croissance annuel de la population occupée
Rapport spécial : Mission FAO/PAM- Evaluation des récoltes et des disponibilités - Décembre 2004
5
En termes d’emploi l’on constate une baisse notoire dans le sous secteur de l’élevage et une
modeste hausse dans l’agriculture (4%) entre les recensements de la population effectués
les années1988 et 2000.
De plus, la contribution du secteur au commerce extérieur est en deçà de ses potentialités
du fait du volume important des importations et de la faiblesse quantitative des exportations
qui se limitent à quelques productions maraîchères, et des animaux sur pieds dont les
chiffres ne sont pas maîtrisés. Pourtant, la Mauritanie dispose d’un potentiel considérable
pour l’exportation du cheptel. Elle a exporté en 1998 pour près de 12 Milliards d’Ouguiya de
bovins, camelins et petits ruminants vers le Maroc et les pays limitrophes4.
Tableau : Visualisation par filière des volumes d ‘échanges (nationaux et internationaux)
des différents produits (Source : EMEA 2002/2003)
La quasi-totalité de la production nationale est autoconsommée et faiblement transformée.
La Mauritanie reste tributaire des importations pour une grande partie de ses besoins
alimentaires.
L’évolution des importations de produits alimentaires dépend en grande partie des conditions
hivernales et des facteurs naturels dont la production agricole nationale reste dépendante.
Les statistiques douanières montrent que la tendance de ces importations est à la hausse
entre 2000 et 2003.
4
Rapport IEPC 2002
6
Tableau : Evolution des importations de produits alimentaires
valeur : en millions d’Ouguiya
Produits
Riz
Sucre
Thé
Blé
Lait
Farine
Huiles
Total
Source : Douanes
'2000
Valeur
Quantité
1 656
32,10
4 142
93,30
522
2,70
3 276
94,10
1 026
9,10
2 768
69,50
1 751
19,70
15 141
320,50
quantité : en milliers de tonnes
'2001
Valeur
1 217
3 214
534
1 718
906
2 330
2 266
12 185
Quantité
25,60
78,10
3,90
65,20
7,90
64,20
32,50
277,40
'2002
Valeur
30
6 056
477
516
1 726
3 613
2 102
14 520
Quantité
0,04
157,74
3,99
20,94
13,60
63,38
40,71
300,40
'2003
Valeur
202
4 467
539
4 356
1 489
2 842
3 135
17 030
Quantité
3,20
125,89
4,17
377,02
9,72
44,48
48,22
612,70
Variation 03/02 (en %)
Valeur
Quantité
569,8
7 344,2
-26,2
-20,2
13,0
4,5
744,2
1 700,6
-13,7
-28,6
-21,3
-29,8
49,1
18,4
17,3
104,0
En ce concerne les investissements dans le secteur, l’Etat a consenti ces dernières
décennies, des efforts considérables en vue d’accélérer le développement le milieu rural.
Depuis la fin des années 70, près de 50 Milliards d’Ouguiya ont été investis par le
Gouvernement pour l’aménagement de 42.180 hectares de périmètres.
Tableau . Coûts des aménagements hydro-agricoles réalisés en Mauritanie depuis 1977.
Souce : Rapport CMAP, Éléments d’analyses de la croissance économique en Mauritanie – Août 2005
Les efforts consentis à travers les projets et programmes mis en œuvre par le
Gouvernement depuis plusieurs décennies ont certes contribué à la modernisation de
l’agriculture, à limiter les effets dévastateurs de la sécheresse et l’avancée du désert, mais
n’ont pas réussi à hisser le secteur à un niveau lui permettant d’assurer la sécurité
alimentaire du pays. Au plan commercial, ces réformes ont-elles permis d’accroître la
productivité du secteur tel qu’il puisse être compétitif aussi bien au niveau interne que par
rapport aux marchés externes? La réponse à cette question viendra, non seulement de
l’examen des systèmes de production, mais également de l’analyse des forces et faiblesses
des marchés agricoles et des conditions de leur dynamisation.
7
La politique actuelle du Gouvernement en matière de développement du secteur agricole
vise à :
- favoriser la croissance du secteur pour assurer la sécurité alimentaire du pays ;
- assurer un accès équitable aux ressources du secteur ;
- accroître l’offre et la disponibilité des biens et services publics nécessaires au
développement durable du secteur et;
- développer des capacités de gestion du développement rural intégré et participatif.
En ce qui concerne le secteur de l’élevage, les orientations stratégiques sont :
-
le renforcement des capacités institutionnelles de gestion du secteur ;
le développement de l’accès au crédit et aux informations technologiques ;
la mise en place de filières de production animale dynamiques et fortement
structurées ;
le développement communautaire ;
la promotion du secteur privé ;
la fiscalisation du secteur et la création d’un Fonds d’appui à la lutte contre la
pauvreté ;
et la prévention et la gestion des effets néfastes des sécheresses.
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement envisage d'utiliser des politiques de
développement par filières pour augmenter leur efficacité sur les plans technique et
économique, développer les infrastructures économiques et sociales, et prendre des
mesures telles que celles relatives aux prix et à l'incitation, à la libéralisation des services de
transport, au financement du monde rural et à l'irrigation.
Ces orientations énoncées dans le document de stratégie de développement du secteur
rural -Horizon 2015, constituent la contribution du secteur agro-pastoral au Cadre Stratégie
de Lutte Contre la Pauvreté (CSLP) devenu en 2000, la politique de référence en matière de
développement économique et social de la Mauritanie.
Ces choix stratégiques sont déclinés en politiques sous sectorielles et transversales reprises
sur le schéma ci-dessous extrait du document de la stratégie du développement du secteur
rural - Horizon 2015.
RÉDUCTION PAUVRETÉ
RURALE
Croissance
Compétitifs
Accès
équitables
Politiques sous-sectorielles :
Elevage
Agriculture irriguée
Agriculture oasienne
Agriculture en zone pluviale
Forêt et produits de la forêt
Biens
publics
Intégration et
participation
Politiques transversales :
Foncier
Prix et Incitations
Financement
Recherche, formation, vulgarisation
Environnement
Genre
Programmation et suiviévaluation
Statistiques et informations sur
les marchés
8
1.2- Le Rôle des marchés agricoles
Le développement du secteur agro-pastoral repose aussi sur des marchés de produits et
services, impliquant différents acteurs, des systèmes et filières de production, des circuits de
commercialisation et de distribution particuliers.
Le gouvernement qui poursuivait par le passé une politique d'autosuffisance alimentaire,
grâce à un important programme d'investissements publics dans le secteur de l'agriculture
irriguée, a libéralisé le secteur afin de mieux le dynamiser et permettre aux opérateurs du
secteur privé de prendre le relais de l’État en ce concerne la production et pour certaines
prestations. Cependant, c’est le Gouvernement qui fixe toujours les orientations et options de
la politique de développement rural et assure et contrôle leur mise en œuvre et continue
d’intervenir massivement pour soutenir et impulser le secteur.
Le désengagement de l’Etat permet-il l’émergence des marchés agricoles dynamiques à
même de contribuer efficacement à la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire, tout
en étant compétitifs ?
Longtemps relégués au second plan, dû de la logique de subsistance qui a toujours
prévalue, le développement des marchés agricoles est devenu une préoccupation de l’Etat
comme alternative à l’intervention directe de la puissance publique.
Force est de reconnaître que ces marchés n’ont pas joué leur rôle moteur pour le
développement du secteur agro-pastoral en Mauritanie. L’organisation desdits marchés n’a
pas été adaptée à l’évolution du contexte économique et social de ces dernières années. Ils
ont plutôt souffert de dysfonctionnements5 aggravés par des chocs extérieurs.
Comment rendre les marchés agricoles mauritaniens plus efficaces? Et comment appuyer
les entreprises à participer directement à la dynamisation de ces marchés?
L’afflux continu de populations rurales vers les grandes villes contribue à l’expansion rapide
du commerce de produits agricoles et d’élevage et par voie de conséquence à une
monétarisation croissante de l’agriculture familiale. A cet effet, le développement des
marchés agricoles favorise la valorisation des complémentarités agricoles régionales et
constitue à ce titre, un facteur important dans la maîtrise de la sécurité alimentaire.
Enfin, l’accord sur l’agriculture de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et le
désarmement douanier auxquels la Mauritanie a souscrit, ainsi que l’entrée en vigueur quasicertaine au 1er Janvier 2008, de l’Accord sur les Partenariats Économiques entre l’Union
Européenne et les pays ACP, permettent de favoriser la croissance des échanges régionaux
et internationaux de produits agricoles. De ce fait, les marchés agricoles nationaux et les
entreprises opérant dans le secteur auront un rôle crucial à jouer dans les années à venir.
5
Inexistence ou inefficacité de régulation, manque d’infrastructures et de services etc..
9
II – Caractéristiques des marchés agricoles en Mauritanie
Le secteur agricole constitue un ensemble de marchés hétérogènes. Les structures et les
forces des marchés des céréales sont distinctes de celles du marché des fruits et légumes.
De même, le marché des fruits et légumes est un agrégat des marchés de la tomate, du
melon, des haricots verts, etc…C’est pourquoi, un examen produit par produit est nécessaire
pour analyser ces marchés qui reposent sur des filières qu’il convient également d’étudier.
La régulation des marchés agricoles est un concept systémique complexe.
Le marché des produits agricoles met en jeu une multitude de produits et les variables à
observer sont nombreuses. En raison de l’absence de données fiables, l’analyse portera sur
les produits alimentaires de base, ceux qui concourent à la réalisation des objectifs en
matière de sécurité alimentaire et d’amélioration des revenus des producteurs dans le cadre
de la lutte contre la pauvreté tel que décrit dans la Stratégie de Développement du Secteur
Rural.
Pour analyser les forces et faiblesses des marchés agricoles mauritaniens, il convient tout
d’abord de décrire brièvement les systèmes de production sur lesquels ils reposent.
2.1- Les Systèmes de production
La production agricole en Mauritanie relève principalement de trois zones correspondant à
des systèmes de production différents :
-
le système irrigué pratique le long du fleuve Sénégal avec des superficies
aménagées et équipées par l’Etat, sauf celles qui sont privées et non collectives. La
superficie aménagée est d’environ 42.000 ha dont seulement moins de 20.000 ha sont
exploités annuellement. La riziculture occupe une part prépondérante dans ce système
avec près de 80% des surfaces cultivées ;
-
La zone pluviale où les surfaces concernées varient de 50.000 à 220.000 ha6, selon la
pluviométrie. Les cultures pluviales sont limitées aux régions du Sud et du Sud-Est. Cette
zone regroupe 2 260 villages et 750.000 habitants. Elle se subdivise en 3 types de
pratiques culturales :
● Barrages - bas fonds avec un système de production principalement fondé
sur l'aménagement de barrages, digues et diguettes dans les zones à faible
pluviométrie disposant d'une topographie favorable. Les principales cultures
y sont le sorgho, le mil et le niébé ;
● Décrue naturelle et contrôlée, avec un système de production basé sur
l'exploitation des zones inondables par la crue du fleuve Sénégal, ses
affluents et ses défluents. L'inondation peut être naturelle (décrue naturelle
ou Walo) ou contrôlée (décrue contrôlée). Les spéculations qui y sont
pratiquées sont principalement le maïs et le sorgho.
● Diéri, un système de production extensif qui se pratique en zone
sablonneuse ou "diéri" dépendant de la pluviométrie. Les spéculations qui y
sont pratiquées sont principalement le sorgho et le mil, mais des
légumineuses comme le niébé, les pastèques.
-
6
7
Le système productif oasien, composé de 436 oasis regroupe près de 15.000
exploitations7. La production y est particulièrement diversifiée et, est composée outre
SDSR- Horizon 2015
Document Projet Oasis II
10
des dattes, des céréales, des légumineuses, des fourrages, des légumes, du henné
etc…
Les superficies exploitées sont réparties comme suit :
-
Diéri (58%) ;
Irrigué (18%) ;
Bas-fonds (16%) ;
Décrue contrôlée (6%) ;
Walo (2%)
En ce qui concerne l’élevage pratiqué essentiellement dans le sud du pays, dans une zone
sahélienne allant du 15ème au 18ème parallèle nord, il est majoritairement de type extensif,
quoiqu’il existe dans la vallée du fleuve un type d’élevage sédentaire intégré à l’agriculture.
Ces dernières années, un élevage intensif laitier péri-urbain s’est développé aux alentours
de certaines grandes villes pour subvenir aux besoins de l’industrie laitière.
Enfin, pour répondre à une forte demande des villes, l’aviculture moderne donc intensif, s’est
développée dans les centres urbains et s’oppose à l’aviculture de type familiale dont les
productions sont le plus souvent autoconsommées.
Tableau: Répartition du cheptel par type d'élevage
Espèces
Bovins
Camelins
Ovins
Caprins
Type d'élevage
transhumants
sédentaires Fleuve
laitiers semi-intensif
total
grande mobilité
laitiers semi-intensifs
total
transhumants
sédentaires
total
grande mobilité
sédentaires ruraux
sédentaires urbains
total
Répartition en pourcentage
95,7%
3,5%
0,8%
100%
99,2%
0,8%
100%
60%
40%
100%
18%
80%
2%
100%
Source : Etude sectorielle de l'élevage (rapport de préparation/version provisoire; septembre 2001)
2.2- L’offre
A- les produits agricoles
L’offre alimentaire agricole se compose de la production nationale à laquelle se sont
ajoutées les importations et les dons dans le cadre de la sécurisation alimentaire. Cette offre
demeure structurellement insuffisante face à la demande. D’ailleurs elle a été en recul ces
cinq dernières années suite à la baisse des superficies cultivées donc de la production
céréalière.
11
En 2003, la production céréalière ne représentait que 16% des besoins du pays contre 30%
en 2003, et seulement 13% pour la campagne 2004-20058. La conséquence immédiate de
ce déficit devenu chronique, est l’augmentation du niveau des importations alimentaires et
de l’aide internationale.
Le déficit est principalement importé d’Asie et d’Europe et accessoirement des pays
limitrophes comme le Mali et le Sénégal pour ce qui est des céréales sèches (Mil, Sorgho et
Maïs). Le volume total de ces importations est estimé en moyenne à près de 320.000 tonnes
(avec une importation en 2003 et 2004 de près de 400.000 tonnes). La structure des
importations se caractérise par la primauté du blé et de la farine9. Le bilan céréalier
prévisionnel 2004/2005, réalisé par la FAO, montre qu’un déficit de 64.300 tonnes ne sera
pas couvert au cours de cette période.
Tableau : Bilan céréalier prévisionnel 2004/05 (milliers de tonnes)
Riz
Blé
Céréales sèches Total
2 858 267
Population au 30/04/05
DISPONIBILITES INTERNES
56,0
0,0
45,2
101,2
Variation de stocks
0,0
0,0
0,0
Production brute
56,0
0,0
45,2
101,2
EMPLOIS
107,3 283,8 87,1
478,2
Consommation humaine
84,9
233,8 78,3
397,0
Consommation animale
0,0
50,0
2,0
52,0
Pertes et semences
22,4
0,0
6,8
29,2
Exportations
0,0
0,0
0,0
0,0
BESOINS D'IMPORTATION
51,3
283,8 41,9
377,0
Importation commerciale prévue 22,0
259,0 0,6
281,6
Aide alimentaire
10,9
20,3
0,0
31,1
Déficit non couvert
18,4
4,5
41,3
64,3
Source : FAO – rapport spécial mission évaluation des récoltes et disponibiltés – décembre 2004
L’EMEA 2005/2006 donne une superficie totale cultivée en Mauritanie de 208.510 ha toutes
typologies de culture confondues et une production céréalière brute de 198.938 tonnes dont :
-
81.818 tonnes de sorgho
4.221 tonnes de mil
22.725 tonnes de maïs
89.600 tonnes de riz
573 tonnes de blé
En terme de production nette, elle se situe à 146.697 tonnes, toutes céréales confondues.
Globalement, la campagne peut être considérée comme une bonne campagne par rapport à
la campagne précédente et aux 5 dernières campagnes (voir graphique).
Les autres cultures d’ampleur ne figurant dans les statistiques de l’EMEA l’on note les
cultures maraîchères en plein essor dans les petits jardins à la périphérie de Nouakchott ou
8
9
Résultats EMEA – Avril 2005
Source : Douane-Sydonia
12
dans les palmeraies des oasis dont la production a été estimée pour la campagne
2002/2003 à 74.000 tonnes. La gomme arabique quant à elle, est en nette régression. Dans
les années 70, la production annuelle était de 5.000 tonnes. Aujourd’hui, elle se situe entre
1.500 et 2.000 tonnes, pour une superficie des gommerais estimée à 40.000 ha. Le volume
des dattes produites par les palmiers dattiers des oasis est en nette progression depuis 1999
et, a été estimé en 2002, à 22.000 tonnes10.
Il existe d’autres spéculations telles que l’orge, les pois, les légumineuses dont les volumes
de production ne sont pas déterminés avec exactitude.
Evolution de la production céréalière brute
Tonnes
200000
180000
160000
140000
120000
100000
80000
60000
40000
20000
0
6
00
/2
05
20
5
/0
04
20
4
/0
03
20
3
/0
02
20
2
/0
01
20
1
/0
00
20
0
/0
99
19
9
/9
98
19
Campagne agricole
B- L’élevage
Malgré les conditions climatiques difficiles, l'élevage demeure la principale activité des
Mauritaniens. Les effectifs du cheptel ont été estimés en 200211 à :
-
1.497.000 bovins ;
1.114.000 camelins,
3.474.000 caprins ;
5.171.000 ovins ;
et 3.400.000 volailles locales
Le taux de croissance annuel de cette population est de 3,5%. Les taux d’exploitation de ces
cheptels sont de 10% pour les bovins, 9% pour les camelins et 25% pour les petits
ruminants.
Les sous-produits de l’élevage (peaux, cuirs et cornes) constituent un potentiel énorme, sous
utilisé et dont une grande partie est exploitée par les pays de la sous région, le Sénégal
particulièrement.
10
11
Source : MDRE/ONS
Etude : Elevage, Pauvreté et Croissance réalisée par la FAO en 2002
13
Tableau : Production de peaux en Mauritanie (année 2005)
Animal
Bovin
chameau
Chèvre
Brebis
Peaux & Cuirs
78’000 pièces
275’000 pièces
540'000 pièces
1’260'000 pièces
Source : CCI (Centre du Commerce International)
Tableau Rappel des potentialités du sous-secteur de l’élevage
Source : Étude CMAP «Éléments d’analyse de la croissance économique en Mauritanie »- Août 2005
2.3- La Demande
A- les produits agricoles
La demande interne actuelle en produits céréaliers (riz, sorgho/mil, blé) est estimée à
465.000 tonnes, sur la base de 176 kg/habitant. L’on note une évolution dans la
consommation de ces denrées dans le temps et suivant les zones.
En ce qui concerne le riz, la consommation annuelle est passée de 30kg par an et par
habitant en 1990 à 40 kg en 2004, avec une disparité entre les zones urbaines
(46kg/habitant/an) plus particulièrement pour le riz importé, et rurales (environ 35
kg/habitant/an) pour la production locale. L’estimation de la demande globale annuelle en riz
est estimée à 110.000 tonnes.
Pour le blé et les céréales sèches, la consommation humaine et animale estimée à partir du
bilan céréalier de la FAO (2004/2005) à 364.000 tonnes. La Mauritanie souffre d’un déficit
chronique, structurellement, la production ne couvre pas plus de 30% des besoins de la
population.
Quant aux produits maraîchers, l’on note une consommation en forte croissance mais
saisonnière et très concentrée en milieu urbain. Cette demande est aujourd’hui de 60
kg/habitant/an en milieu urbain et seulement de 25 kg/habitant/an en zone rurale. La
demande annuelle en légumes peut ainsi être estimée à 105.000 tonnes.
14
B- Productions animales
Les mauritaniens ont toujours été de grands consommateurs de viande et de lait. Si le pays
est autosuffisant en matière de viandes rouges, les importations de lait et de viandes
blanches congelées sont relativement importantes.
La production nationale de viandes rouges est excédentaire. La demande globale est
estimée à 54.600 tonnes sur la base d’une consommation intérieure de 21kg /habitant /an
correspondant à 13% de la production nationale. L’excédent constitue un potentiel
exportable de 39.000 tonnes.
La consommation de lait est de 0,49kg/habitant /jour. Le volume des importations est de
49.000 tonnes dont 76% en poudre, 14% en lait frais stérilisé, longue conservation, et 10%
en lait concentré. La demande globale est estimée à 465.000 tonnes par an. L’on note de
95% de la production nationale est autoconsommée, la part commercialisée n’est que de
5%.
En ce qui concerne les viandes blanches, la consommation annuelle est estimée à 9.000
tonnes dont 2 .000 sont importées.
Tableau: Décomposition de la production nationale de lait actuelle.
Production totale (hors refus, lait non trait, et pertes)
Bovins
Camelins
Ovins
Caprins
Importations
Lait concentré
Lait poudre
Lait frais (UHT)
Consommation totale (millions de tonnes équivalent lait)
Consommation journalière en kg / habitant
422
187
131
14
91
49
5
37
7
471
0.49
Source : Étude sectorielle de l’élevage 2001 – Propositions pour une stratégie nationale et un plan cadre d’actions pour
l’amélioration de la croissance de l’économie nationale et la réduction de la pauvreté
En Mauritanie, il existe une activité artisanale utilisant beaucoup des cuirs et peaux.
Cependant, il est difficile d’estimer avec précision la demande intérieure. Bien qu’il existe
une demande mondiale importante, les exportations mauritaniennes sont négligeables. Elles
étaient évaluées en 2000 à 25.000 $EU sous forme brute au stade de « wet blue ».
Les peaux brutes de grand bétail, et les peaux de chameaux en particulier, sont
principalement vendues directement au Sénégal et il existe pour la Mauritanie un réel
potentiel non exploité pour ce segment sur le marché international. Le nombre des peaux
bovins est relativement faible (78.000 pièces par an), cette quantité représente environ 1.250
tonnes métriques soit une valeur commerciale de 750.000 $EU FOB Nouakchott.
La principale production de cuir vient principalement des chèvres et des brebis avec environ
1.8 millions de pièces par année. 30% de chèvre et 70% de brebis. Si les 1.8 millions de
peaux mauritaniennes étaient traitées en Wet-Blue, une estimation marchande à
l’exportation serait de USD 5.5 millions par an.
15
2.4- Les Prix et régulation des marchés
A- Fluctuation des prix
En Mauritanie, la production céréalière, même si elle ne couvre pas tous les besoins, est
déterminante pour l’offre de produits céréaliers et le comportement des prix des produits
alimentaires. Ces prix dépendent aussi des cours mondiaux via les importations.
La faiblesse de l’offre des céréales traditionnelles et la hausse continue du prix des céréales
importées limitent l’accès des ménages à ces denrées aussi bien dans les centres urbains
que dans les milieux ruraux et nomades.
Le marché extérieur constitue de fait la principale source d’approvisionnement dans la
mesure où les récoltes notamment céréalières ne couvrent que 30% des besoins du pays.
La fluctuation des prix dépend en grande partie de l’état des récoltes et des périodes dans
lesquelles l’on se situe (soudure ou post-récolte). Les principales importations alimentaires
sont : le riz, le blé, le thé, le sucre, le lait et les huiles végétales provenant essentiellement
d’Europe et d’Asie. Pour ce qui est des céréales sèches comme le mil, sorgho et maïs, le
Mali et le Sénégal sont les principaux fournisseurs.
Source : FAO- Rapport spécial – Mission d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires en Mauritanie – Décembre
2004
Les marchés urbains sont bien approvisionnés en céréales importées, mais la hausse
constante de leur prix limite les capacités d'accès alimentaire des pauvres ménages des
quartiers périphériques dont les sources de revenus sont faibles et irrégulières.
En effet, la fluctuation des prix, marquée par des hausses régulières durant les 3 dernières
années dénote de la forte sensibilité du secteur aux chocs aussi bien internes qu’externes.
Cela se traduit par la fragilité de sa contribution à l’économie nationale et sa dépendance visà-vis du marché international.
La volatilité des prix peut aussi résulter des incertitudes sur l’offre, sa saisonnalité, ainsi que
celle de la demande, ou de la segmentation géographique des marchés qui rend l’offre
rigide, ou encore de l’imperfection de l’information.
16
Prix moyens à Nouakchott de quelques denrées importés
450
Riz importé en vrac(kg)
400
Farine de blé (kg)
350
Couscous de blé importé (kg)
Banane (kg)
300
250
200
150
100
50
0
févr- ma avr- mai- juin- juil- août- sept- oct- nov- déc- janv- févr05 rs-05 05
05
05
05
05
05
05
05
05
06
06
Réalisé à partir des données recueillies par l’ONS
Evolution des prix moyens des dattes et légumes à Nouakchott 2005-2006
600
500
400
Dattes locales (kg)
Tomates (kg)
300
Oignons (kg)
200
100
fé
vr
-0
5
m
ar
s05
av
r-0
5
m
ai
-0
5
ju
in
-0
5
ju
il0
ao 5
ût
-0
se 5
pt
-0
5
oc
t-0
5
no
v05
dé
c05
ja
nv
-0
6
fé
vr
-0
6
0
Réalisé à partir des données recueillies par l’ONS
Variation de prix moyens de produits carnés à Nouakchott
1200
1000
800
600
Viande bœuf avec os (kg)
Viande de chameau (kg)
400
200
fé
vr
-0
m 5
ar
s05
av
r-0
5
m
ai
-0
5
ju
in
-0
5
ju
il0
ao 5
ût
-0
se 5
pt
-0
5
oc
t-0
5
no
v05
dé
c0
ja 5
nv
-0
6
fé
vr
-0
6
0
Réalisé à partir des données recueillies par l’ONS
17
Les prix des denrées, qu’elles soient importées ou produites localement, fluctuent suivant les
saisons et la pluviométrie enregistrée. La cause de ces variations reste encore à étudier
puisque qu’elles ne suivent pas forcément la dynamique de l’offre et de la demande. Cet
exercice est d’autant plus complexe qu’il existe des périodes de « haute production » et
« basse production » des régions «excédentaires » et des zones « déficitaires » souvent
cloisonnées en matière d’échanges de produits agricoles.
En ce qui concerne l’élevage, l’on note une absence de fluctuations dans les prix de ventes
des viandes rouges due à une baisse des prix des petits ruminants dans la plupart des
wilayas.
Pour les marchés de céréales comme pour ceux du bétail, l’influence et le dynamisme des
marchés frontaliers sont importants dans un contexte de sécurité alimentaire et de
libéralisation des échanges. C’est pourquoi, ils doivent faire l’objet d’une attention toute
particulière à travers un suivi continu.
L’instabilité locale des prix dépend des variables exogènes (perturbations climatiques,
maladies, calamités naturelles), de la variabilité de l’offre et du comportement des agents,
puisque les producteurs ont une aversion pour le risque plus ou moins grande.
La formation des prix dépend aussi de la transparence des rapports de forces qui
s’expriment lors de la transaction. Ces rapports de force sont liés à l’information disponible
pour chaque agent: si l’information est asymétrique, l’avantage est à celui qui en a le plus;
cette information peut porter sur les prix pratiqués ailleurs, donc sur le niveau et l’évolution
de la demande ainsi que de l’offre, sur l’état des stocks, sur les stratégies des agents clés en
matière d’offre et de demande.
18
Encadré N° 1 : La hausse des prix limite l’accès alimentaire en Mauritanie
(FEWS-NET – Rapport Mensuel sur la Sécurité Alimentaire – 21 Avril 2006)
Les récoltes des cultures de décrue (bas fonds et barrages) réalisées en mars et début avril
n'auront permis de couvrir qu'un à deux mois des besoins alimentaires des ménages
concernés. Partout ailleurs, les ménages dépendent essentiellement des marchés certes
bien approvisionnés mais où les constantes hausses des prix réduisent les niveaux des
pouvoirs d'achat et limitent les capacités d'accès alimentaire. Les échanges entre les zones
de production (Aftout, vallée du fleuve Sénégal, Affolé, Guidimakha et sud des deux Hodhs)
et entre celles-ci et les zones de pastorales ou de déficit chronique (Adrar, Tiris, nord Trarza)
sont faibles. Les importations de céréales maliennes (sorgho, mil) et sénégalaises (riz et
maïs) concernent surtout les centres urbains. La faiblesse de l'offre en céréales
traditionnelles continue d'alimenter une hausse constante des prix dans les zones rurales et
les baisses observées ça et là, sont liées aux périodes de récoltes (Aftout de la moughataa
de Maghta Lahjar). A l'exception de Maghta Lahjar où les récoltes de mars et avril ont fait
chuté les prix (440 à 400 UM le moud), les prix du moud de sorgho de 4 Kg varient entre 450
et 700 UM. En dehors du Gorgol, des deux Hodhs, et de quelques centres administratifs
(Bababé, Maghta Lahjar, Rosso) les prix des petits ruminants sont en baisse. La
détérioration continue des termes d'échange dans les zones agropastorales, de la vallée du
fleuve Sénégal et de cultures pluviales se traduit par la dégradation des conditions d'accès
alimentaire des ménages d'agriculteurs qui font de plus en plus recours à l'exode, au secteur
informel (Vente de bois, de charbon, de paille) et au travail occasionnel dans les centres
administratifs ruraux. En dehors de l'est de la Moughataa de Maghta Lahjar où la production
céréalière des bas fonds pluviaux a été très bonne, de l'Inchiri où la faiblesse de la demande
locale en sorgho a permis aux agriculteurs des bas-fonds de libérer des excédents et de
quelques villages du Hodh El Gharbi , partout ailleurs les stocks familiaux et communautaires
(SAVS) sont constitués de blé et riz. La multiplication des ventes animales dans les zones
de production déficitaires continue de faire chuter les prix mais, les écarts entre les mois
tendent à se réduire (-8% par rapport à Mars dans la zone agropastorale du Brakna, -5%
dans la vallée du Trarza). Dans toutes les zones d'économie alimentaire du Gorgol la
tendance est toujours à la hausse (entre +11 % et + 19% selon les zones, par rapport à
mars)…
B- Régulation des marchés
Le suivi des marchés des produits agricoles est un aspect important en matière de lutte
contre la pauvreté et en matière de sécurité alimentaire, en particulier pour les produits de
base qui rapportent un revenu monétaire aux producteurs locaux. L’intervention des pouvoirs
publics pour la régulation de ces marchés a souvent pour objectifs :
-
stimuler et encourager la production, en limitant les fluctuations des prix, et en
protégeant le marché intérieur de la fluctuation des marchés internationaux dont les
variations peuvent être fortes ;
-
réduire l’impact des fluctuations des cours sur les consommateurs qui peuvent être
confrontés à de fortes hausses des prix, soit par la réduction de l’offre, soit par des
comportements de type spéculatifs ;
-
gérer l’offre de produits alimentaires de base, en particulier pour les zones
déficitaires, afin d’assurer une disponibilité permanente de produits alimentaires de
base les couches de populations les plus pauvres.
19
Les modes d’intervention de l’Etat pour réguler les marchés agricoles peuvent être
regroupés en 5 catégories :
-
l’intervention directe sur les marchés agricoles (monopole d’achat et de
commercialisation et/ou constitution de stocks nationaux de sécurité alimentaire) ;
-
le contrôle des opérateurs pour mieux assurer la sécurité alimentaire ;
-
le contrôle des prix (prix administrés) ;
-
le contrôle des importations pour éviter des fluctuations trop importantes des marchés
agricoles ;
-
stimulation de la demande par une aide financière aux populations afin d’augmenter
la demande sur les marchés locaux.
Comment les marchés de produits agricoles sont-ils régulés ?
En Mauritanie, La commercialisation des produits alimentaires notamment des céréales est
libre en Mauritanie. La SONIMEX12 et plusieurs opérateurs privés assurent
l’approvisionnement du marché. Le gouvernement ne dispose que d’un stock national de
sécurité de 6 000 tonnes géré par le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA). La
mission assignée à la SONIMEX est celui d’importer les denrées de base que sont le thé, le
sucre et le riz ou rachète les excédents de productions locales pour permettre de stabiliser
les prix au consommateur et/ou au producteur. Par exemple, elle fixe les prix de
« référence » pour l’achat du paddy en tenant compte des coûts de production (charges
d’exploitation des agriculteurs).
L’intervention du CSA sur le marché consiste à la distribution de vivres lors de crises
alimentaires. Cependant, il arrive que pour renouveler ses stocks périssables, ou pour
financer des projets au profit des populations défavorisées, que le CSA procède à la vente
de denrées aux opérateurs. Ces opérations ponctuelles ont parfois une incidence sur le prix
des denrées, dans la mesure ou l’offre augmente momentanément.
L’intervention de l’Etat se justifie par le fait que dans la situation actuelle, le libre jeu de l’offre
et de la demande ne peut soutenir une situation collective optimale (préservation des intérêts
des producteurs et des consommateurs). Elle comporte une double dimension : il s’agit
d’orienter la production dans le sens d’une meilleure réponse à la demande d’une part, de
remédier aux déséquilibres temporaires des marchés et aux fluctuations excessives des
cours de l’autre part.
En ce qui concerne le sous-secteur de l’élevage, il n’existe pas de dispositif permettant à
l’Etat de réguler les prix au consommateur et au producteur. Cependant, la politique de
libéralisation et la privatisation de certaines prestations comme la fourniture des intrants, la
médecine et la pharmacie vétérinaire a par l’émergence d’opérateurs privés (importateurs et
grossistes, docteurs vétérinaires, auxiliaires vétérinaires, d’associations de coopératives
pastorales (ACP) et d’organisations socioprofessionnelles etc… Seuls le prix des vaccins
est fixe (prix administré), celui des médicaments est le plus souvent déterminé par l’offre et
la demande.
12
Société Nationale d’Import et d’Export - parapublique
20
Pour les engrais, dans le but d’éviter que cet intrant indispensable au développement de
toute agriculture ne fasse l'objet de spéculation, l'Etat confie depuis quelques années cette
mission d'approvisionnement de ce produit à la SONIMEX.
C- Protection
En Mauritanie, le système de protection à la frontière du riz est l’un des plus élevés de la
région. Il est composé en plus des droits de douane, de la taxe sur la valeur ajoutée, de
l’impôt minimum forfaitaire13 (IMF). Ces deux dernières taxes ne sont pas appliquées au riz
produit localement. Cette protection se situe aux alentours de 45%.
La Mauritanie n'applique aucun contingent tarifaire. Cependant, elle applique des droits
saisonniers à un nombre réduit de produits agricoles (14 lignes). Il s'agit uniquement de
produits agricoles alimentaires, comme les oignons, les tomates, les carottes et les salades.
Le taux le plus élevé est appliqué pendant la période où la production locale est
commercialisée; en dehors de cette période, c'est le taux le plus bas qui s'applique aux
importations.
2.5- Les acteurs
Les marchés du secteur agro-pastoral fait intervenir, directement ou indirectement une
multitude d’acteurs dont les interactions déterminent le comportement des diverses filières
de production.
A- L’Etat
L’Etat, à travers le Ministère du Développement Rural (MDR), fixe les orientations,
stratégies et options de la politique de développement rural, en particulier pour le secteur
agro-pastoral, et garantit sa mise en oeuvre.
Le MDR dispose de plusieurs Départements et Services techniques qui assure le pilotage et
la gestion du secteur. La Direction de la Recherche, de la Formation et de la Vulgarisation
(DRFV) assure l’appui technique et le conseil aux producteurs et organisations
professionnelles, en fonctions des priorités définies.
Le MDRE a également sous sa tutelle les établissements publics que sont:
-
la SONADER (aménagement et encadrement des producteurs) ;
le CNRADA (recherche agricole) ;
le CNERV (recherche vétérinaires) ;
l’ENFVA (formation) ;
CAIE (intrants d’élevage) ;
La SAN (abattoir)
Il dispose de Délégations régionales et des inspections départementales qui travaillent en
étroite collaboration avec les autorités locales de proximité.
Il s’agit d’une avance sur les Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC) s’élevant à 4% de la valeur de
l’importation.
13
21
B- La SONIMEX
C’est une Société d’Economie mixte qui rassemble, à côté de l’Etat des actionnaires privés
encore minoritaires. Elle joue un rôle de premier plan pour la régulation des marchés
agricoles et assure les risques commerciaux (ceux liées à la détérioration des stocks).
C- L’UNCACEM
Intervient dans le préfinancement des campagnes agricoles. Son concours concerne aussi
bien les Agriculteurs que les Usiniers dans le cadre des opérations d’achat de paddy. Le
taux d’intérêt à court terme est fixé à 14%.
D- Le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA)
Le CSA a pour mission générale, en collaboration avec les différents Départements
ministériels, l’élaboration et la mise en oeuvre de la politique nationale de sécurité
alimentaire. Il dispose en son sein, d’un observatoire de la sécurité alimentaire chargé de la
collecte, de l’analyse, du suivi et de la diffusion des données relatives à la sécurité
alimentaire du pays.
Aussi, le CSA intervient en milieu rural dans le cadre de micro- projets ayant un effet sur le
développement rural et la lutte contre la pauvreté et exécutés à l’entreprise ou selon
l’approche « vivre contre travail ». A cet effet, il a mis en place en 2001, avec l’appui de
l’Union Européenne, une Agence d’Exécution des Micro-Projets (AEMP).
E- Les Producteurs
Les producteurs agricoles dans le secteur irrigué sont classés en 3 catégories selon le type
de périmètre exploité :
(i)
les périmètres privés mécanisés, d’une taille moyenne de 40 ha sont exploités par
des hommes d’affaires. Ils représentent environ 75% des superficies irriguées.
(ii)
les petits producteurs villageois exploitent de petites parcelles de 0,5 ha en moyenne.
(iii)
Les Grands aménagements encadrés par la SONADER
Ces producteurs se regroupent en Fédérations Professionnelles, au niveau de la Chambre
de Commerce et d’Agriculture, des groupements coopératifs, des associations,des GIE
etc….
En ce concerne l’élevage, on distingue les gros éleveurs des petits sans plus de précision.
F- Les Usiniers
Pour le riz, Ils assurent la transformation du paddy qu’ils achètent ou réalisent les opérations
de transformation pour le compte d’autrui. Deux circuits coexistent toutefois. Le circuit est
moderne et organisé en pool. La production est vendue aux grossistes. L’autre circuit est un
circuit artisanal constitué généralement de décortiqueuses sommaires alimente un réseau de
commerçants traditionnels.
22
Pour le lait, il existe 2 laiteries qui assurent le ravitaillement du marché local en produits frais,
pasteurisés en UHT concurrencées par le lait importé d’Europe.
G-Les commerçants
Ils sont soit des grossistes soit des détaillants. Leur rôle est d’une grande importance dans
la mesure où ils constituent le dernier maillon avant les consommateurs. Ils assurent le
ravitaillement des marchés et fixent les prix en fonction de plusieurs paramètres (objectifs ou
subjectifs).
Les commerçants sont organisés autour de la Fédération du Commerce qui dispose de
sections à travers tout le pays. Parmi eux, figurent de « gros importateurs » regroupés en
cartels, capables d’influer sur l’état des marchés en particulier ceux concernés par les
produits agricoles.
H-Les Consommateurs
Les consommateurs sont les acteurs finaux des marchés, ils conditionnent la demande de
produits et guident l’offre qui doit s’adapter à leurs exigences. En Mauritanie, il n’est pas
connu d’association de consommateurs ayant une réelle influence sur le comportement des
marchés agricoles.
2.6- Les circuits de commercialisation et distribution
Les circuits de commercialisation varient en fonction du type de produit. Selon l’enquête
menée par le RESAL- Mauritanie14 au mois d’Octobre 2000, Les circuits empruntés par les
céréales importés et le lait, diffèrent de ceux des céréales produites localement ou importées
du Mali voisin, et diffère aussi de ceux constatés en ce qui concerne le riz produit
localement.
( Exploitation des résultats de l’enquête du Resal)
2.7- Les systèmes d’information
Le rôle stratégique de l'information dans la prise de décisions des intervenants du secteur
agroalimentaire a pris beaucoup d'importance avec l'augmentation de la vitesse de
circulation de l'information ces dernières années. L'analyse de cette information peut
conduire les différents acteurs à prendre des décisions importantes. Cela est aussi bien
valable pour les producteurs, intermédiaires, commerçants, consommateurs et autres
acteurs de la filière, que pour les décideurs politiques et institutionnels.
En Mauritanie, les seuls progrès accomplis dans ce domaine concernent la mise en place
d’un système d’information sur la filière riz, avec la publication d’un bulletin mensuel.
14
Réseau Européen de Sécurité Alimentaire
23
L’absence d’un tel système pour les autres produits de base constitue un handicap majeur
pour la dynamisation des marchés agricoles, la recherche de performance et d’efficacité tel
que préconisé dans le SDSR.
2.8- Les services d’appui et services connexes
(Description des appuis techniques et financiers dont bénéficie le secteur de la part de l’Etat)
(Déplorer l’absence d’appui techniques pour la commercialisation et l’amélioration du
fonctionnement des marchés, et aussi dans une perspective de développement des
exportations)
III- Analyse de l’environnement, des stratégies, politiques et Programmes du
secteur rural
3.1- Les stratégies et politiques nationales en faveur du secteur rural et des marchés
(mise en évidence les éléments dans les stratégies qui sont relatifs au développement des
marchés)
3.2- Projets et Programmes d’appui au secteur
(mise en évidence les éléments dans les programmes et relatifs au développement des
marchés)
3.3- Impact des politiques et programmes sur le développement des marchés agricoles
(ressortir des résultats significatifs en matière de promotion des marchés)
3.4- Politique et accords commerciaux de la Mauritanie
(énumérer les engagements de la Mauritanie en matière de commerce extérieur qui peuvent
avoir des conséquences sur l’évolution des marchés agricoles)
3.5- Environnement des affaires en Mauritanie
(Code des investissement et Code du Commerce : Eléments relatifs aux marchés agricoles)
IV- défis, opportunités et contraintes du secteur agro-pastoral
4.1- Défis majeurs du secteur agro-pastoral
4.1.1-Sécurité alimentaire, Lutte contre la pauvreté et objectifs de Développement du
Millénaire
4.1.2- Accès aux marchés régionaux et internationaux et substitution aux importations
4.1.3- Productivité, Compétitivité et maîtrise de la chaîne des valeurs
4.2- Opportunités existantes et à venir
4.2.1- Croissance démographique et accroissement de la demande
4.2.2- Libéralisation économique (poursuite de la libéralisation)
4.2.3- Ouverture des marchés internationaux
24
4.2.4- facteurs agro-écologiques et avantages comparatifs (analyse comparée avec les
pays voisins)
4.2.5- Développement des infrastructures
4.3- Contraintes et menaces sur le développement des filières de production
4.3.1- Contraintes d’ordre structurel
4.3.2- Contraintes d’ordre conjoncturel
4.3.2- la concurrence
V- Conditions de performance
5.1- Cartographie du marché et des filières. (Appuis au bon fonctionnement des marchés)
5.2- Besoins des entreprises en services financiers et non financiers
5.3- Renforcement des capacités du système productif (mieux produire)
5.4- Renforcement des capacités des acteurs (mieux vendre)
5.5- Maîtrise de la chaîne des valeurs et captation de la valeur ajoutée (implication d’un
maximum d’acteurs nationaux dans la réalisation de la VA dans les filières de production)
5.6- Alliances stratégiques, partenariats et coopération inter-entreprises (exemple GDM à
dupliquer)
5.7- Marketing des produits agricoles (quelques principes)
5.8- Gouvernance d’entreprise et développement des filières (implication des petits
exploitants dans le processus de prise de décision)
5.9- Système d’information, normes et qualité (conditions de promotion)
5.10- Innovation, Recherche Développement et transfert de technologie (conditions de
développement)
VI- Perspectives et plan d’actions
6.1- Vision à long et moyen termes : les changements avec lesquels il faut compter
6.1- les priorités (en matière d’organisation des marchés)
6.2- Proposition de Plan d’actions pour la dynamisation des marchés agricoles
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