Lexique pour les orchidophiles

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Lexique pour les
orchidophiles
Philippe BONNARD
Orchidée91
Convention
Par convention, les noms des plantes s’écrivent en
italiques, avec une majuscule pour le nom du Genre et
une minuscule pour le nom de l’espèce. Dans le cas des
hybrides, l’ensemble des noms de Genres et noms
d’Hybrides prend une majuscule. Le nom du botaniste
ayant le premier décrit et donné le basionyme de la
plante devrait figurer, au moins en abréviation, après la
dénomination. Je vous fais grâce de ce détail. Une
plante pour laquelle le nom d’espèce est inconnu sera
dénommée par son nom de Genre suivi de « sp. ».
A
Albinisme : comme pour tout organisme vivant,
l’albinisme, chez l’orchidée, est l’absence
génétique de la mélanine. La mélanine de nos
plantes est responsable de la coloration rouge, et
donc de ses dérivés (brun, orange…). Les zones
qui auraient du être colorées par l’une des
couleurs mélaniques sont alors vertes ou vertjaunâtres, mais le dessin de la coloration initiale
n’est pas altéré.
Il ne faut pas confondre albinisme, qui est une
forme de la plante, avec la variété alba, qui est
une plante entièrement blanche (sans les dessins
des couleurs de la plantes initiale), ou avec la
variété concolor, qui est le remplacement de la
couleur blanche par du jaune (en général : jaune
d’or ou jaune citron). Certaine rajoute encore la
variété albescente, qui serait une variété alba
imcomplète.
Paphiopedilum primulnum
Paphiopedilum Ho Chi Minh var. alba
Angiosperme : plante à fleur.
Aphylle : adjectif désignant une plante
poussant sans feuilles. La photosynthèse
est réalisée par les racines. C’est le cas
d’orchidées épiphytes ou lithophytes
comme
les
Chiloschista
et
les
Dendrophylax. Attention : certaines
plantes ne présentent pas de feuilles
apparentes. Toutefois, celles-ci existent
sous forme résiduelle (écailles). Il n’est
plus question, ici, d’aphyllie, ces plantes
ne pratiquent pas la photosynthèse
racinaire mais plutôt le saprophytisme.
Chiloschista lunifera
Autogamme : la plante a la possibilité de se féconder elle-même. De rares orchidées
ont cette possibilité naturellement. Il y a risque de consanguinité et
d’affaiblissement génétique.
B
Basionyme : c'est le nom initial donné à la
plante par son inventeur. Ce nom a changé
par la suite, sans que le spécimen type n'ait
changé. Exemple : le Prosthechea
cochleata (1997) est l’ancien Epidendrum
cochleatum (basionyme donné en 1763 par
Lindley), qui a eu pour précédents noms
Anacheilium cochleatum (1842), Aulizeum
cochleatum
(1892),
Phaedrosanthus
cochleatus (1904), Encyclia cochleata
(1955) et Hormidium cochleatum (1977) !
Il semble qu’on le retrouve actuellement
sous la dénomination d’Anacheilium sur
de nombreux sites.
Prosthechea cochleata
Botanique : adjectif désignant une plante directement prélevée dans son biotope (voir
cultivar).
C
Calice : voir sépales.
Cespiteuse : se dit d’une plante formant des touffes plus ou moins denses.
Promeanaea xanthina = plante fortement cespiteuse
Corolle : voir pétales.
Cotylédon : organe de réserve de la graine d’une plante, permettant le développement
de l’embryon et se transformant en pré-feuille à la levée. Il permet à la plantule de
démarrer sa photosynthèse.
Cultivar : désigne une plante issue de culture, en général sur la base d’un spécimen
sélectionné.
Paphiopedilum villosum botanique
Paphiopedilum villosum cultivar
Cirrhe : long filament à l’extrémité d’un organe. Chez certains Phalaenopsis, ils sont
à l’extrémité du label.
E
Epiphyte : se dit d’une plante poussant sur une autre plante sans la parasiter. Elle tire
son alimentation des eaux de ruissellement. C’est le cas d’un grand nombre
d’orchidées tropicales.
H
Hétérogamme : la plante ne s’autoféconde pas, ce qui permet une fécondation croisée
et un brassage génétique, et limite le risque de consanguinité.
Humicole : qui pousse dans l’humus. Ne pas confondre avec terrestre, qui pousse au
sol, car l’humus peut se décomposer dans les trous des roches, à l’aisselle des arbres
ou même dans la rosette de certaines plantes (broméliacées).
L
Label : il s’agit d’un pétale modifié qui est une caractéristique des orchidées. Il peut
être plus ou moins divisé, plat, en forme de sabot, avec ou sans extensions.
Paphiopedilum maudiae form. Alba
(en réalité un albinos)
label en forme de poche
Anoectochilus formosanus
label fortement découpé
Lithophyte : se dit d’une plante poussant directement sur la roche.
Les Shivaïtes indiens racontent que la grande déesse Shiva, lors de la bataille où elle
vainquit les forces du mal, se reposa sur un rocher. Elle retourna ensuite au combat en
oubliant son châle de soie sur la pierre. Après la victoire, le châle prit racine, émis des
feuilles et des fleurs. Cette nouvelle plante devint une orchidée : l’Haemaria discolor.
M
Monocotylédone : les monocotylédones comprennent des végétaux angiospermes dont la
plantule ne présente qu'un seul cotylédon. À cette particularité principale s'ajoutent
les caractéristiques suivantes :

Tiges : pas de formation de bois secondaire et absence d'un véritable tronc, même si
certaines monocotylédones (bananiers, Pandanus...) ont un port arborescent, on ne
rencontre pas dans cette classe de vrais arbres au sens strict ;

Feuilles : présentant généralement des nervures principales parallèles ;

Fleurs : 3 sépales, 3 pétales, 2x3 étamines, 3 carpelles.
Evolution relativement récente à partir des dicotylédones qui ont très longtemps été
seules représentantes des plantes à fleurs, cette caractéristique peut donc être
comprise comme une évolution issue d'une variabilité génétique. On trouve parmi ces
plantes les orchidées, les palmiers, les graminées.
Monopodiale : se dit d’une plante dont la croissance se poursuit le long d’une « tige »
unique (exemple : Angraecum, Vanda). Poussé à l’extrême, la croissance
monopodiale produit une liane, c’est le cas avec le genre Vanilla.
Ascofinetia Peaches = monopodiale
N
Nombre chromosomique : il est symbolisé par 2n. Toutes les cellules des
organismes de la même espèce possèdent un nombre chromosomique identique,
c’est la règle de la constance spécifique. Il représente la totalité des chromosomes
présents dans chaque cellule des individus. Les chromosomes étant groupés par
paire, n représente le nombre de paires et 2n la totalité des chromosomes
(diploïdie). Chez l’homme, par exemple, il y a 23 paires de chromosomes (n=23)
soit un total de 46 chromosomes (2n=46). Chez les espèces d’orchidées, en
particulier Paphiopedilum, le nombre chromosomique n’est pas fixe, et peut
varier de 2 à 6 unités. Par ailleurs, certaines plantes ont naturellement 3n
chromosomes (triploïdie), sans doute parcequ’elles sont encore en phase de
spéciation. Enfin, certains hybrides peuvent avoir 4n chromosomes (tétraploïdie),
nombre recherché par les obtenteurs pour la plus grande résistance des plantes et
leur plus grande taille. La tétraploïdie apparait parfois aussi naturellement et est à
la base d’une forme de spéciation.
O
Ovaire : dans toutes les espèces, il contient les ovules, forts nombreux chez les
orchidées. Il peut être de deux types : supère, il est situé au-dessus des pièces
florales (fraise, pomme de terre) et les « souvenirs » floraux sont alors à la base
du fruit ; infère, il est situé sous les pièces florales (courgette, orchidée) et les
« souvenirs » floraux sont alors à l’extrémité du fruit.
Fleur de BC fécondée, ovaire infère en
cours de gonflement, « souvenirs » floraux
à l’extrémité du fruit (cosse).
P
Parasitisme : en principe, le parasitisme n’existe pas chez les orchidées. Il s’agit d’une
relation dans laquelle le parasite tire profit de son hôte sans rien lui offrir en échange.
Parfois cette relation va jusqu’à la mort de l’hôte, qui peut entrainer la mort du
parasite. Dans le cas extrême de la symbiose, lorsque le mycélium du champignon
symbiote de l’orchidée est lui-même parasite de racines d’arbre, l’orchidée ne
devient-elle pas un parasite indirect ?
Périanthe : c’est l’ensemble des pièces stériles
de la fleur comprenant les sépales, qui
forment le calice, et les pétales, qui
forment la corolle. Ce peut aussi être le
périgone lorsque, au lieu de pétales et
sépales, on a affaire à des tépales. Ils
protègent les pièces fertiles de la fleur.
Chez l’orchidée, il y a en général 3 pétales
et 3 sépales. Toutefois, ces pièces peuvent
être atrophiées ou inexistantes.
Restrepia sp. = toutes les pièces florales
ne sont pas présentes, certaines pièces sont
soudées.
Périgone : il est composé de l’ensemble des pièces florales stériles regroupées sous le
nom de tépales (voir définition).
Pétales : ce sont les pièces florales internes. Chez l’orchidée, le pétale inférieur
modifié est appelé label. Ils forment le calice.
Photosynthèse : transformation de l’énergie lumineuse fournie par le soleil en
énergie stockable sous forme de glucides. Certaines orchidées aphylles ne
pratiquent que la photosynthèse racinaire (Chilochysta).
Préférence thermique : les orchidées sont, en fonction de leurs températures
optimales de pousse, généralement classées en 3 catégories, auxquelles j’en
rajouterai une, qui sont les orchidées de serre chaude, les orchidées de serre
tempérée et les orchidées de serre froide. Personnellement, je rajoute les orchidées
alpines.
Les orchidées de serre chaude préfèrent des températures comprises entre 21 et 29° le
jour, et 18 et 20° la nuit, quelque soit la période de l’année. Attention, toutefois, à
certaines orchidées originaires de zones intertropicales comme la Guyane où elles
vivent naturellement à des températures de 29 à 32° quasiment stables toutes
l’année et sans différence diurne ou nocturne.
Les orchidées de serre tempérées préfèrent des températures comprises entre 18 et
24° le jour et 16 et 18° la nuit, en été, et 16 à 21° le jour et 12 à 16° la nuit en
hiver.
Les orchidées de serre froides préfèrent des températures comprises entre 16 et 21° le
jour et 13 et 16° la nuit, en été, et 10 à 12° le jour et 8 à 10° la nuit en hiver.
Les orchidées alpines sont celles qui peuvent pousser dans nos jardins. Leurs
préférences sont les mêmes que celles de nos plantes décoratives traditionnelles.
Originaires de régions souvent montagneuses, des températures négatives leurs
sont indispensables pour induire la floraison.
Plante de serre froide : Lycaste aromatica
Plante alpine : Cypripedium reginae
Plante de serre tempérée : Bulbophilum hybr.
Plante de serre chaude : Ionopsis utricularioides
R
Reproduction (stratégie) : les orchidées
sont hétérogammes, et sont donc,
pour leur reproduction, inféodées aux
insectes (parfois un seul). Pour les
attirer, elles utilisent l’apparence
(pour déclencher des tentatives de
copulation chez l’insecte visé) comme
Tricoceros antennifera, l’odeur (pour
attirer un type d’insecte particulier)
comme les certains Bulbophilum, ou
la gourmandise comme certains
Angraecum. Dans le dernier cas,
l’exsudat peut suinter sur les pièces
florales ou être « servi » au fond d’un
éperon, ce qui permet de viser un
insecte particulier (papillon à longue
trompe par exemple). De rares
orchidées sont autogammes et n’ont
donc besoin d’aucune intervention
extérieure pour être fécondées.
Tricoceros
comment
copulation
antennifera =
provoquer
la
chez
les
mouches !
Angraecum
scottianum
=
comment attirer les papillons
avec du nectar stocké au fond
d’un long éperon !
Résupiné (non résupiné) : adjectif employé principalement pour les orchidées. Dans le
bouton floral, le label se présente en position haute, le long de la tige. Lors de la
floraison, l’ovaire subit une rotation de 180° ou un basculement du fleuron pour
présenter le label en position basse. Exemple d’orchidées résupinées : les
Dactylorhiza, les Phalaenopsis. Certaines orchidées ne présentent pas ce caractère
et sont dites non résupinées : Epidendrum cochleatum. Enfin, certaines plantes ne
présentent pas une rotation complète de l’ovaire et sont dites semi-résupinées. Elles
présentent un label en position latérale : Haemaria discolor. Certaines orchidées,
comme les Catasetum, présentent des fleurs mâles résupinées et des fleurs femelles
non résupinées.
BC Thalie = fleur résupinée.
Epidendrum cochleatum = fleur non résupinée
S
Saprophyte : se dit d’une plante tirant son alimentation de matière organique non
vivante (contrairement aux parasites). En général, c’est par l’intermédiaire d’une
membrane ou d’un champignon. Assez rare chez les orchidées, le saprophytisme
est surtout le fait d’orchidées australiennes que les incendies saisonniers obligent
à pousser sous terre et qui ne peuvent, de ce fait, effectuer la photosynthèse.
Sépales : Ce sont les pièces florales externes. Ils forment la corolle. Chez certaines
orchidées, les sépales peuvent être partiellement ou totalement soudés par deux
(Paphipedilum, Restrepia), on nomme cette union synsépale.
Spéciation : La spéciation est, en biologie, le processus évolutif par lequel de nouvelles
espèces vivantes apparaissent. Charles Darwin l’a pressenti dans sa théorie de
l’évolution. Il est important de se souvenir que même des populations parfaitement
identiques au départ, maintenues séparées dans des conditions semblables, vont
progressivement diverger les unes des autres. Ce principe de divergence provient du
simple fait que les individus varient aléatoirement au cours du temps. L’histoire de
l’évolution montre que les spéciations nécessitent généralement plusieurs centaines
de milliers d’années.
Symbiose : il s’agit d’une association entre deux organismes d’espèces ou de genre
différents aux bénéfices mutuels de chacun d’entre eux. Il ne s’agit pas de
parasitisme, cas dans lequel le bénéfice est à sens unique. Les deux organismes
sont des symbiotes, ou symbiontes.
Sympodiale : se dit d’une plante dont la croissance se fait par ramification horizontale
(exemple : Cattleya, Paphiopedilum).
Bulbophilum purpurascens = sympodiale
Synsépale : voir sépale.
T
Tépale : lorsque les pièces externes ou internes du périanthe ne peuvent être définies
comme pétales ou sépales, on les nomme tépales et, dans ce cas, l’ensemble des
pièces florales est appelé périgone.
V
Velamen : tissu spongieux qui
enveloppe la racine des orchidées
épiphytes et qui leur permet,
ouvert, d’absorber l’humidité et les
nutriments (il prend alors une
couleur
verte)
et,
fermé,
d’empêcher
l’évaporation
de
l’humidité (il prend alors une
couleur argentée).
Oncydium sp.
la racine inférieure (velamen vert) est en train d’absorber
l’humidité contenue dans la sphaigne.
Merci de
votre
attention
Epidendrum rotschildianum (AM Orchidées)
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