D`après Marcel Firpo, la graphie de Tonin de Brea est

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La graphie du Mentonasque
1° - Les consonnes se prononcent comme en
français, mais il y a des exceptions :
Les finales consonantiques de type "-d",
"-t" sont toujours prononcées : assurd (absurde),
baishament (abaissement)
"ch" se dit "tch"
exemples : fach, dich, piech, destrech. (fait, dit,
poitrine, pressoir)
2° - Les voyelles se prononcent séparement
mais :
- le son "e" muet du français n'existe pas, le "e"
se prononce "é" (fermé) : frema (femme)
Il se prononce "è" (ouvert) lorsqu'il est suivi
de "rr" : terra, serrà, guerra, (terre, fermer,
guerre), ou de "r + consonne" : gerb, merlussa,
pertusà, (friche, morue, trouer), et pour les
monosyllabes terminées en "r" : per, ver (par,
val)
"sh" se dit "ch" :
ex : shugà, baishà, faish, (essuyer, baisser, fagot)
"h" sert à transcrire les hiatus :
ex : ahura, couhe, pescahoù, (maintenant, cœur,
pêcheur)
"ĵ" dans tous les cas et "g" devant "e" et "i" se
prononcent "dj" :
ex :ĵueg, ĵuverd, gerb, gip, carige, regage, pioĵa,
(jeu, persil, friche, plâtre, suie, salsepareille,
pluie)
- "ou", "où" donnent le "ou" français ;
belou, toumata, fioù, pescahoù, (beau, tomate,
fleur, pêcheur)
-l’accent aigu sur "ó" de -óu- marque une
diphtongue (o-ou) óubedì, óutoubre (obéïr,
octobre)
- l’accent grave sur le "ò" marque à la fois la
diphtongue (o-ou) et l’accent tonique : òu, bòu,
nòu, (œuf, bœuf, neuf)
Mais "j" garde le son français "j" :
ex : un baij, cerieja, maijinà, maijie, brujà,
despiejent, (un baiser, cerise, moudre, mur,
brûler, déplaisant)
"lh" (l mouillé) remplace le "y" ou le "ille" et le
"gl" italien :
ex : filh, filha, pilhà, talhà, batalha, familha, (fils,
fille, prendre, couper, bataille, famille)
"nn" final se prononce comme le français "nne" :
ex : ann, grann, brenn, (an, grand, son)
"u" après "q" ou "g" se prononce comme en
français, mais il garde sa valeur (u) dans qu (qui),
quarqù (quelques), vengùa (venue)
Le "r" intervocalique (entre deux voyelles) est
palatal ; il a un son très doux et très particulier
qui se rapproche du "l" :
ex : perus, ara, tera, perà, (poire, aile, toile, peler)
Le "r" de l'article rou, ra, ru, re (le, la, les) a le
son du "r" intervocalique.
Mais il est dur dans les autres cas ou bien
lorsqu'il est doublé :
ex : crava, ratan, carretan, barroufa, (chèvre,
raton, charreton, altercation)
3° - Les diphtongues : elles sont accentuées sur
la 1ère voyelle : "au" se prononce "aou" : bauss,
fauss (rocher, faux) ; "ai" se prononce "aï" :
fraire, mai (frère, plus) ; "ei" comme "eï" :
creishe (croître) ; "eu" comme "eou" : agreu
(houx) ; -mais "eü" ne se diphtongue pas : reünì
(réunir) ; "oi" se prononce "oï" : poi (pois)
"aï, aì, eï, eì, oï, oì, uï, uì" sont accentués sur
le "i" : païs, paìs, paraïs, (pays, paradis)
Le "s" est légèrement chuintant ("ch" français)
devant les consonnes "t", "c", "p" : stounà, scupì,
spreishà (étonner, cracher, presser)
Le "s" final se prononce quel qu'en soit le son :
- le "s" final a le son doux du "s" français de
"mise" :
ex : païs, crous, (pays, croix) ; ce qui n'empêche
pas l'emploi du "z".
- le "ss" final a le son dur du "s" français de
"salle" :
ex : brass, pass, gross (bras, pas, gros)
4° - Les triphtongues :
"iau" se prononce "iaou" : diau (diable)
5° - Semi-voyelles :
"in" se prononce comme "in" dans le mot viking
ex : vintena, (vingtaine)
"en" se prononce comme "ein" dans feindre ex:
vent, ven, manĵent, (vent, vin, mangeant)
De même pour l'article "un" qui se lit "ein"
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6° - L'accent tonique :
- Il porte en principe sur l'avant dernière syllabe :
ex : avia, grossa, casa, papie, penelou, bouta
(avait, grosse, maison, papier, pinceau, tonneau)
dans ce cas, on peut ne pas le noter.
ex : revèndoura, dumènigue, dàrsena, pèndita,
(lavande, dimanche, darse, pente)
- L’accent tonique sur le « e » peut enfin servir à
distinguer : le son « e fermé » : é, albaréa, pinéa
(peupleraie, pinède) et le son « e ouvert » : è,
cènguia, cèsquie, tèrra (sangle, cerceau, terre)
- Il porte sur la dernière syllabe : (il faut alors le
noter)
ex : boutà, pietà, sanità, qualità, aquì, (tonnelier,
piété, santé, qualité, ici)
C'est le cas de nombreux verbes à l'infinitif et au
participe passé :
ex : manĵà, arribà, culhì, (manger, arriver,
cueillir)
C'est aussi le cas des mots terminés par une ou
plusieurs consonnes (il est superflu de le noter) :
ex : amig, travalhous, Mentan, (ami, travailleur,
Menton)
L’accent aigu sur é est à la fois accent d’intensité
et d’aperture (son fermé)
L’accent grave sur è est accent d’intensité et
d’aperture (son ouvert)
7° - L'accent peut encore servir de signe pour
distinguer les homonymes :
"è" (est, verbe être) et "e" (et, conj. coord.)
"à" (à, préposition) et "a" (a, verbe avoir - qui
peut aussi s'écrire "ha")
mà (mais, conj.coord.), mà (mal) et ma (ma, adj.
pos.).
- Il porte sur l'antépénultième syllabe (ou
proparoxyton) : il est toujours noté,
Bibliographie sommaire
ANDREWS James-Bruyn, "Essai de grammaire du dialecte mentonnais" 1875 ;1978-81 ;
80 p.
ANSALDI Jean, "Gramàtica dou Mentounasc" 2009, 55 p.
ANSALDI Jean, "Brandi Mentounasc" (recueil de poésies) 2010, 48 p.
CAPERAN-MORENO Louis, "Histoire de Menton", 5eéd. 2007, 142 p.
CAPERAN Louis - CASERIO Jean-Louis, "Ou mentounasc a scora" (manuel
d'enseignement du dialecte mentonnais), 3e éd., 2003, 92 p.
CASERIO Jean-Louis, "Lexique Français-Mentonnais" 2001, 239 p.
CASERIO Jean-Louis avec Hubert et Marc BARBERIS, "Lexique Mentonnais-Français"
2006, 238 p.
CASERIO Jean-Louis, MARTINI de CHATEAUNEUF Charles, TRICOTTI Josiane,
RIGOLLOT Philippe, "Le Citron de Menton", 2005, 160 p.
OLIVESI-LORENZI Ginette (Ouvrage collectif sous la direction de -) "La Cuisine
Mentonnaise", 2007, 6e éd. 136 p.
VILAREM Stéphane, CIRAVEGNA Bathélémy, CASERIO Jean-Louis "Lexique FrançaisRoquebrunois", 1998, 151 p.
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