La graphie du Mentonasque 1° - Les consonnes se prononcent comme en français, mais il y a des exceptions : Les finales consonantiques de type "-d", "-t" sont toujours prononcées : assurd (absurde), baishament (abaissement) "ch" se dit "tch" exemples : fach, dich, piech, destrech. (fait, dit, poitrine, pressoir) 2° - Les voyelles se prononcent séparement mais : - le son "e" muet du français n'existe pas, le "e" se prononce "é" (fermé) : frema (femme) Il se prononce "è" (ouvert) lorsqu'il est suivi de "rr" : terra, serrà, guerra, (terre, fermer, guerre), ou de "r + consonne" : gerb, merlussa, pertusà, (friche, morue, trouer), et pour les monosyllabes terminées en "r" : per, ver (par, val) "sh" se dit "ch" : ex : shugà, baishà, faish, (essuyer, baisser, fagot) "h" sert à transcrire les hiatus : ex : ahura, couhe, pescahoù, (maintenant, cœur, pêcheur) "ĵ" dans tous les cas et "g" devant "e" et "i" se prononcent "dj" : ex :ĵueg, ĵuverd, gerb, gip, carige, regage, pioĵa, (jeu, persil, friche, plâtre, suie, salsepareille, pluie) - "ou", "où" donnent le "ou" français ; belou, toumata, fioù, pescahoù, (beau, tomate, fleur, pêcheur) -l’accent aigu sur "ó" de -óu- marque une diphtongue (o-ou) óubedì, óutoubre (obéïr, octobre) - l’accent grave sur le "ò" marque à la fois la diphtongue (o-ou) et l’accent tonique : òu, bòu, nòu, (œuf, bœuf, neuf) Mais "j" garde le son français "j" : ex : un baij, cerieja, maijinà, maijie, brujà, despiejent, (un baiser, cerise, moudre, mur, brûler, déplaisant) "lh" (l mouillé) remplace le "y" ou le "ille" et le "gl" italien : ex : filh, filha, pilhà, talhà, batalha, familha, (fils, fille, prendre, couper, bataille, famille) "nn" final se prononce comme le français "nne" : ex : ann, grann, brenn, (an, grand, son) "u" après "q" ou "g" se prononce comme en français, mais il garde sa valeur (u) dans qu (qui), quarqù (quelques), vengùa (venue) Le "r" intervocalique (entre deux voyelles) est palatal ; il a un son très doux et très particulier qui se rapproche du "l" : ex : perus, ara, tera, perà, (poire, aile, toile, peler) Le "r" de l'article rou, ra, ru, re (le, la, les) a le son du "r" intervocalique. Mais il est dur dans les autres cas ou bien lorsqu'il est doublé : ex : crava, ratan, carretan, barroufa, (chèvre, raton, charreton, altercation) 3° - Les diphtongues : elles sont accentuées sur la 1ère voyelle : "au" se prononce "aou" : bauss, fauss (rocher, faux) ; "ai" se prononce "aï" : fraire, mai (frère, plus) ; "ei" comme "eï" : creishe (croître) ; "eu" comme "eou" : agreu (houx) ; -mais "eü" ne se diphtongue pas : reünì (réunir) ; "oi" se prononce "oï" : poi (pois) "aï, aì, eï, eì, oï, oì, uï, uì" sont accentués sur le "i" : païs, paìs, paraïs, (pays, paradis) Le "s" est légèrement chuintant ("ch" français) devant les consonnes "t", "c", "p" : stounà, scupì, spreishà (étonner, cracher, presser) Le "s" final se prononce quel qu'en soit le son : - le "s" final a le son doux du "s" français de "mise" : ex : païs, crous, (pays, croix) ; ce qui n'empêche pas l'emploi du "z". - le "ss" final a le son dur du "s" français de "salle" : ex : brass, pass, gross (bras, pas, gros) 4° - Les triphtongues : "iau" se prononce "iaou" : diau (diable) 5° - Semi-voyelles : "in" se prononce comme "in" dans le mot viking ex : vintena, (vingtaine) "en" se prononce comme "ein" dans feindre ex: vent, ven, manĵent, (vent, vin, mangeant) De même pour l'article "un" qui se lit "ein" 9 6° - L'accent tonique : - Il porte en principe sur l'avant dernière syllabe : ex : avia, grossa, casa, papie, penelou, bouta (avait, grosse, maison, papier, pinceau, tonneau) dans ce cas, on peut ne pas le noter. ex : revèndoura, dumènigue, dàrsena, pèndita, (lavande, dimanche, darse, pente) - L’accent tonique sur le « e » peut enfin servir à distinguer : le son « e fermé » : é, albaréa, pinéa (peupleraie, pinède) et le son « e ouvert » : è, cènguia, cèsquie, tèrra (sangle, cerceau, terre) - Il porte sur la dernière syllabe : (il faut alors le noter) ex : boutà, pietà, sanità, qualità, aquì, (tonnelier, piété, santé, qualité, ici) C'est le cas de nombreux verbes à l'infinitif et au participe passé : ex : manĵà, arribà, culhì, (manger, arriver, cueillir) C'est aussi le cas des mots terminés par une ou plusieurs consonnes (il est superflu de le noter) : ex : amig, travalhous, Mentan, (ami, travailleur, Menton) L’accent aigu sur é est à la fois accent d’intensité et d’aperture (son fermé) L’accent grave sur è est accent d’intensité et d’aperture (son ouvert) 7° - L'accent peut encore servir de signe pour distinguer les homonymes : "è" (est, verbe être) et "e" (et, conj. coord.) "à" (à, préposition) et "a" (a, verbe avoir - qui peut aussi s'écrire "ha") mà (mais, conj.coord.), mà (mal) et ma (ma, adj. pos.). - Il porte sur l'antépénultième syllabe (ou proparoxyton) : il est toujours noté, Bibliographie sommaire ANDREWS James-Bruyn, "Essai de grammaire du dialecte mentonnais" 1875 ;1978-81 ; 80 p. ANSALDI Jean, "Gramàtica dou Mentounasc" 2009, 55 p. ANSALDI Jean, "Brandi Mentounasc" (recueil de poésies) 2010, 48 p. CAPERAN-MORENO Louis, "Histoire de Menton", 5eéd. 2007, 142 p. CAPERAN Louis - CASERIO Jean-Louis, "Ou mentounasc a scora" (manuel d'enseignement du dialecte mentonnais), 3e éd., 2003, 92 p. CASERIO Jean-Louis, "Lexique Français-Mentonnais" 2001, 239 p. CASERIO Jean-Louis avec Hubert et Marc BARBERIS, "Lexique Mentonnais-Français" 2006, 238 p. CASERIO Jean-Louis, MARTINI de CHATEAUNEUF Charles, TRICOTTI Josiane, RIGOLLOT Philippe, "Le Citron de Menton", 2005, 160 p. OLIVESI-LORENZI Ginette (Ouvrage collectif sous la direction de -) "La Cuisine Mentonnaise", 2007, 6e éd. 136 p. VILAREM Stéphane, CIRAVEGNA Bathélémy, CASERIO Jean-Louis "Lexique FrançaisRoquebrunois", 1998, 151 p. 9 9