Chapitre 4 : La comptabilité nationale Plan : I) Les comptes de la nation ...................................................................................................... 3 A) La comptabilité nationale, outil de la macroéconomie ..................................................... 3 1) Définitions...................................................................................................................... 3 2) À quoi sert la comptabilité nationale ? .......................................................................... 4 B) Le circuit économique ....................................................................................................... 5 C) Les agrégats de la comptabilité nationale ......................................................................... 6 1) Le produit intérieur brut (PIB) ....................................................................................... 6 2) Du PIB au Revenu national disponible brut (RNB)..................................................... 13 II) La logique de produits ...................................................................................................... 17 A) L’équilibre ressources-emplois ....................................................................................... 17 1) La production ............................................................................................................... 17 2) Ressources et emplois .................................................................................................. 17 3) Les trois approches du PIB .......................................................................................... 20 B) Le tableau des entrées-sorties .......................................................................................... 20 1) Le tableau des ressources en produits (A) ................................................................... 21 2) Le tableau des entrées intermédiaires (B) .................................................................... 23 3) Le tableau des emplois finals (C)................................................................................. 25 4) Les tableaux du compte de production et du compte d’exploitation des branches (D) 26 5) Le tableau du compte d’exploitation par branche (E) .................................................. 27 C) La matrice des coefficients techniques............................................................................ 28 III) La logique de répartition ................................................................................................ 29 A) Les secteurs institutionnels ............................................................................................. 29 1) Les six secteurs institutionnels..................................................................................... 30 B) Les opérations économiques des différents secteurs ....................................................... 33 1) Les opérations sur les biens et services........................................................................ 33 3) Les opérations financières............................................................................................ 36 C) Les comptes des secteurs institutionnels et le Tableau économique d’ensemble ........... 38 1) La séquence des comptes ............................................................................................. 38 2) Le Tableau économique d’ensemble (TEE) ................................................................ 43 Mots-clés : comptabilité nationale circuit économique, 3 approches du PIB, PIB en valeur/volume, production marchande/ non marchande, économie souterraine, PPA, revenu national brut, revenu national disponible brut, l’équilibre emplois-ressources, tableau des entrées et sorties (TES) ; matrice des coefficients techniques, les secteurs institutionnels, tableau économique d’ensemble Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 1 Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 2 I) Les comptes de la nation A) La comptabilité nationale, outil de la macroéconomie 1) Définitions Le développement de la comptabilité nationale est lié à celui de la macroéconomie. On doit notamment à Keynes des instruments de mesure de l’économie. Mais les économistes Jan Tinbergen (1903-1944) et Wassily Leontief (1906-1999) sont considérés comme les inventeurs de la comptabilité nationale, qui se diffuse après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, le système en vigueur en France est le Système européen des comptes (SEC 2010), mis au point en 2010 (il succède au SEC 95). Il fournit un compte comptable commun aux pays de l’Union européenne et permet une harmonisation avancée des systèmes nationaux. [Il a été harmonisé en 2008 (SNA 2008) avec l’autre grand système comptable existant, le SNA (System of National Accounts), utilisé par l’ONU. Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 3 2) À quoi sert la comptabilité nationale ? Comme nous l’avons vu, la comptabilité nationale procède de la révolution keynésienne. Elle constitue donc un outil indispensable de la macroéconomie qui peut s’appuyer sur elle pour traduire les variables économiques en grandeurs observées, et valider ou non la pertinence de ses postulats et conjectures. Elle est aussi la conséquence du poids croissant de l’intervention étatique dans l’économie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’intervention de l’État nécessite une connaissance de plus en plus fine de la conjoncture économique. En France, aujourd’hui, elle a pour but d’élaborer les comptes de la nation, qui mobilise plusieurs instituts publics, tels que l’Insee, la Banque de France, ou encore la Direction générale du Trésor1 ainsi que la Direction des Finances publiques. 2 1 Administration qui dépend des ministres des Affaires étrangères, de l’Économie et des Finances. Elle établit des prévisions économiques et conseille les ministres sur les politiques économiques et les politiques publiques dans les domaines financier, social et sectoriel ; veille à la régulation et au financement de l’économie et des institutions intervenant en matière d’assurance, de banque et d’investissement sur les marchés financiers et gère la trésorerie et la dette de l’État à travers l’Agence France Trésor ; participe aux négociations financières et commerciales bilatérales et multilatérales, et supervise l’aide au développement 2 Administration qui dépend du ministère de l’Économie et des Finances. Elle participe à la gestion des finances publiques en matière de dépenses mais surtout de recettes. Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 4 B) Le circuit économique Chaque jour en France, près de trois millions d’entreprises produisent un ensemble très varié de biens et de services : automobiles, télévisions, livres, coiffure, transport routier, restauration, etc. Ces produits sont destinés à l’ensemble des 65 millions de consommateurs potentiels (si l’on restreint notre analyse au territoire national) qui chaque jour prennent des décisions de consommation : faut-il ou non acheter ? En quelle quantité ? Quelle marque ? Dans quel magasin ? L’addition de toutes ces décisions détermine le niveau et la structure de l’activité économique de la France. Pour analyse cette réalité complexe, les économistes utilisent des modèles : selon Paul Krugman et Robin Wells (Microéconomie), « la théorie économique consiste principalement en un ensemble de modèles, une série de représentations simplifiées de la réalité économique qui nous permettent de comprendre une grande diversité de problèmes économiques ». Ils sont un outil indispensable de la science économique. L’une de ces « représentations simplifiées » de la réalité, au niveau macroéconomique, consiste en la création d’un circuit économique, qui est une représentation modélisée (et schématisée) des opérations qui s’effectuent entre différents agents économiques. La logique de circuit s’apparente à l’organisation du corps humain telle que la biologie se le représente (métaphore organique) : le corps humain est constitué d’organes aux fonctions différentes mais complémentaires, entre lesquels circule le sang, qui leur permet de communiquer et d’échanger, sans quoi le corps ne pourrait rester en vie. Le circuit économique est, par analogie, une représentation du « corps économique » qui met en relation des agents économiques (en l’occurrence des secteurs institutionnels) entre lesquels circulent des flux de richesse, soit monétaires, soit réels. Cette comparaison apparaît au XVIIIème siècle dans le Tableau économique du physiocrate François Quesnay (1694-1774), médecin de Louis XV. Ainsi, le circuit économique permet de visualiser le fonctionnement d’une économie dans son ensemble, où les agents économiques sont toujours interdépendants et où les dépenses des uns sont les revenus des autres. La comptabilité nationale reprend cette approche car elle ne représente pas l’économie nationale comme un ensemble de marchés séparés qui, sous certaines hypothèses, pourraient donner lieu à l’existence d’un équilibre général, mais comme un circuit où la production de biens et de services est à l’origine de la distribution de revenus qui, à leur tour, donneront lieu à des dépenses qui permettront aux produits d’être écoulés. Document n°1 : Un exemple de circuit économique simplifié Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 5 C) Les agrégats de la comptabilité nationale La comptabilité nationale permet de définir et de mesurer quelques grands agrégats économiques, qui sont des indicateurs synthétiques de l’activité d’ensemble de l’économie. 1) Le produit intérieur brut (PIB) Le calcul du PIB Le produit intérieur brut est un agrégat représentant le résultat final de l’activité de production des unités économiques résidentes. Il peut se définir et, par extension se calculer, de trois manières : comme un indicateur d’activité, un indicateur de revenus ou un indicateur de produit. Le PIB comme indicateur d’activité : la richesse créée par une unité productive est appréhendée à partir de la valeur ajoutée et non de son chiffre d’affaires qui, lui, mesure les recettes générées par la vente de la production. Or, une partie des recettes doit être affectée à acheter, à d’autres unités productives, des matières premières qui se retrouvent dans le produit final, mais qui n’ont pas été produites par l’unité en question. C’est la valeur ajoutée qui mesure la richesse réellement créée par l’entreprise. En faisant la somme des richesses créées par les entreprises, on obtient la valeur ajoutée totale, qui correspond à la richesse issue de l’activité économique, soit PIB = ∑ VA. Remarque : la valeur ajoutée brute est égale à la valeur de la production à laquelle on retranche les consommations intermédiaires : VA = CA – CI. Les consommations intermédiaires correspondent à la valeur des biens et services transformés ou entièrement consommés au cours du processus de production (il faut que la transformation ou la destruction soit totale au cours de la période). Ainsi, les bâtiments ou les machinesoutils, par exemple, n’en font pas partie, alors que chaque année ils se déprécient partiellement. Ils sont considérés comme du « capital fixe ». C’est pour cette raison qu’audelà de cette valeur ajoutée « brute », il est possible de calculer une valeur ajoutée « nette » : Valeur ajoutée nette = Valeur ajoutée brute – Consommation de capital fixe (dépréciation du capital fixe liée à son usure ou à son obsolescence). Cette valeur ajoutée nette est difficile à calculer, car il est techniquement difficile de mesurer la consommation de capital fixe. Le PIB se calcule « au prix du marché » (c’est-à-dire au prix où les biens et les services sont échangés sur les marchés). Il faut également ajouter les impôts qui vont augmenter le prix de vente (les impôts sur les produits, comme la TVA ou la Taxe intérieure de consommations sur les produits énergétiques (TICPE) – environ 61 % du prix pour l’essence et 53 % pour le gazole, et les droits de douane), et retrancher les subventions qui le diminuent (Ex : subventions au cinéma, prime à la casse pour soutenir le secteur automobile, etc.). Le PIB est alors égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d’activités, augmentée des impôts moins les subventions éventuelles : Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 6 PIB = Somme des valeurs ajoutées brutes (des résidents) + impôts – subventions PIB = Somme des valeurs ajoutées brutes (des résidents) + TVA + droits de douane – subventions sur la production C’est une façon de présenter le PIB par l’offre, puisqu’il correspond ici à l’ensemble des biens et des services offerts par les unités productives d’un territoire donné. [Il est à noter que si on le calculait à partir des valeurs ajoutées nettes et non brutes, on obtiendrait le produit intérieur net (PIN).] Le PIB comme indicateur de revenus : la richesse créée par l’activité économique – et donc mesurée par la valeur ajoutée – sert à rémunérer les facteurs de production ayant été à l’origine de cette production de richesse. La valeur ajoutée va donc être distribuée intégralement, soit aux salariés (facteur travail), soit aux propriétaires du capital fixe utilisé (facteur capital), soit à l’État qui prélève directement une partie des richesses créées avant même leur distribution. Le PIB est alors égal à la somme des revenus primaires distribués par les unités résidentes : rémunération des salariés (RS), excèdent brut d’exploitation et revenu mixte (solde du compte d’exploitation pour les entrepreneurs individuels, mêlant deux éléments indissociables : rémunération du travail et profit. Généralement, ils sont inclus dans l’EBE) (EBE), impôts sur la production et les importations (T), moins les subventions : PIB = RS + EBE + T – subventions sur la production RS : revenus des salariés ; EBE : excédent brut d’exploitation et revenus mixtes ; T : impôts sur la production et les importations (moins les subventions). Remarques : Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 7 On retrouve ici une variante de l’équation emplois-ressources que l’on verra plus en détails plus loin : [ressources] PIB + M = C + I + X + ∆S [emplois], qui explique comment ont été utilisées (demande ; les emplois) les ressources du pays (offre). On peut éventuellement faire figurer dans cette équation les dépenses de l’État et des administrations publiques (G) : PIB + M = C + I + G + X + ∆S. PIB en valeur et en volume Si l’on veut réaliser des comparaisons dans le temps, il faut passer d’un PIB en valeur à un PIB en volume. En effet, l’évaluation de la production s’opère à partir d’une unité monétaire. En raison de l’évolution des prix au cours du temps, il est indispensable de distinguer les évaluations en termes nominaux (en monnaie courante ou en « valeur ») de celles en termes réels (en monnaie constante ou en « volume »). Par exemple, une entreprise qui vend des livres 10 € pièce. En 2016, elle en vend 100 000, tandis qu’en 2017, elle en vend encore 100 000 mais à 20 € pièce. Son chiffre d’affaire passe de 1 million d’euros en 2016 à 2 millions d’euros en 2017, soit une augmentation de 100 %, alors que son volume de production (100 000) est resté identique. Cet exemple montre que dans l’étude de l’évolution de la production, il faut distinguer ce qui provient de l’ « effet quantité » de ce qui provient de l’ « effet prix » : lorsque la valeur monétaire augmente, il se peut qu’une partie de cette hausse provienne de l’augmentation des quantités vendues, mais aussi de l’augmentation du prix de vente. Le principe du calcul des euros constants consiste à réaliser un calcul en retirant l’effet prix. Par conséquent, en supprimant l’effet prix, l’évolution de la variable provient obligatoirement de l’effet quantité. Supprimer l’effet prix, c’est chercher à connaître ce que vaudrait une variable (la production, par exemple) si les prix n’avaient pas évolué sur la période considérée. Pour connaître l’évolution du volume de richesses produites dans un pays, il faut calculer le PIB en euros constants, en prenant une année de base pour le niveau des prix. Cela s’appelle déflater la série. [Attention : on utilise généralement un déflateur de PIB et non l’indice des prix à la consommation (IPC), parce que, parmi les biens inclus dans le PIB, il y a, par exemple, le capital fixe, dont l’évolution du prix n’est pas comprise dans le calcul de l’IPC.] Le PIB en volume se calcule généralement en rapportant l’évolution du PIB à prix courants à l’évolution de l’indice des prix du PIB (déflateur) : PIB en volume de l’année n = (indice du PIB en valeur / déflateur du PIB) x 100 Par exemple, si l’indice du PIB en valeur vaut 100 en t1 et 107 en t2 et si le déflateur de PIB vaut 100 en t1 et 105 en t2, alors : Le PIB en volume en t2 = (107/105) x 100 = 101,9. L’indice du PIB en t2 est de 101,9, cela signifie que le volume de richesses produites a augmenté de 1,9 % au cours cette année. Document n°2 : Evolution du PIB en France de 1950 à 2012 Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 8 Les débats autour de la mesure de la richesse par la PIB Le PIB est un agrégat qui fait l’objet de nombreuses critiques. D’une part, toute une partie de la production a longtemps échappé au PIB, on parle d’économie informelle ou souterraine. Elle désigne l’ensemble des activités légales mais non déclarées qu’elles soient marchandes ou non marchandes et l’ensemble des activités illégales marchandes. L’économie souterraine ou économie informelle, regroupe donc toutes les activités productrices qui échappent au regard de l’État et à la comptabilité nationale. Ces activités productives qui, pendant longtemps, n’ont pas comptabilisées dans les statistiques officielles minoraient la richesse créée mesurée par le PIB. Cependant, depuis la mise en place du SEC 95, la production non officielle qui émane de l’économie souterraine ou informelle (au sens strict d’Eurostat, les activités productrices licites mais non déclarés : travail au noir ou production non déclarée d’entreprises n’ayant pas d’existence légale, fraude et évasion fiscale), sauf si elle est illégale (les activités illicites telles que le trafic de drogue, la prostitution, etc.) est estimée et intégrée au PIB. Les comptables nationaux évaluent ces Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 9 activités à partir d’enquêtes. Ainsi, en Italie, ces activités font l’objet d’un redressement égal à 17 % de son PIB déclaré. Celles de la France de 4 %. Mais, il restera toujours une partie de la production qui échappera aux statistiques particulièrement dans les pays en développement, où la part du secteur informel est plus importante. Document n°3 : La place de l’économie souterraine Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 10 Ensuite, le calcul du volume de la production prend difficilement en compte l’amélioration de la qualité des produits. Le calcul du volume de la production repose sur un indice des prix qui a du mal à évaluer l’amélioration de la qualité des produits. En effet, les statisticiens enlèvent une partie de la hausse des prix qu’ils constatent, parce que cette hausse reflète une amélioration de la qualité du produit. Ils veulent raisonner à qualité constante. Ce faisant, ils peuvent sous-évaluer la hausse des prix et gonfler le PIB constant ou l’inverse, ce qui va fausser les calculs de la croissance. Aux États-Unis, la Commission Boskin (du nom de Michael Boskin, l’économiste de Stanford qui a présidé cette commission) a ainsi conclu, en 1996, que l’inflation avait été surévaluée de 1,1 point, la croissance réelle étant, par conséquent, sous-évaluée dans la même proportion. En outre, le calcul se complique avec les services commerciaux, car le prix ne rend aucunement compte de la qualité du service rendu, comme l’accessibilité du magasin ou le niveau des prestations fournies par le personnel, qui peut évoluer dans le temps ou différer d’un magasin à un autre. De plus, Le PIB est un agrégat c’est-à-dire qu’il additionne mais ne soustrait jamais. Or des coûts qui peuvent résulter de l’activité de production, devraient venir en déduction dans le calcul du PIB, ce qui n’est pas le cas. Ces coûts peuvent être des coûts sociaux (maladies, Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 11 stress, etc.) mais aussi écologiques (pollution, par exemple), et ne sont même pas chiffrés (comment pourrait-on les chiffrer ?). Ces coûts sont d’autant plus problématiques qu’ils sont générateurs d’externalités négatives (effet négatif de l’action d’un agent économique sur au moins un autre agent, qui n’a pas de traduction dans le système des prix / qui ne débouche pas sur une transaction monétaire /ou qui n’a pas de compensation monétaire). On parle de « dépenses défensives » à la suite de James Tobin et William Nordhaus pour désigner des dépenses accroissant le PIB dont le but est de réparer les dégâts provoqués par d’autres activités. Dans ce cas, il y a croissance économique mais aucune progression du bien-être, puisqu’on ne fait que revenir au point de départ. Cet situation est très courante, lorsque l’on s’intéresse à l’environnement : la pollution est ainsi un effet externe négatif – ou une externalité négative –, car certaines personnes subissent un désagrément provoqué par une activité productive sans que l’entreprise concernée ne verse une indemnisation). Non seulement ces nuisances ne sont pas soustraites au PIB mais leur réparation augmente celui-ci. [James Meade – économiste anglais – et la notion d’externalité (article de 1952) : l’exemple le plus célèbre d’externalité est celui de l’apiculteur et de l’arboriculteur développé par James Meade. L’apiculteur profite de la proximité de l’arboriculteur et obtient un miel de meilleure qualité qu’il pourra vendre à meilleur prix et cela gratuitement, grâce aux arbres fruitiers qui enrichissent le miel. L’arboriculteur ne sera pas payé pour le service indirect qu’il a rendu à l’apiculteur. Il s’agit dans ce cadre d’une externalité positive. Mais l’arboriculteur profite aussi gratuitement de la pollinisation de ses arbres, ce qui améliore son rendement sans avoir recours à de coûteuses méthodes manuelles, et la pollinisation aléatoire des abeilles enrichit aussi la diversité génétique qui permet aux plantations de mieux résister à d’autres affections ou maladies. L’externalité est positive dans les deux sens.] Par ailleurs, le PIB mesure des flux annuels de production et non un patrimoine. De ce fait, certains éléments qui pourraient légitimement entrés dans une comptabilité des richesses, sont laissés de côté. On retrouve les dégâts causés à l’environnement ou l’épuisement des richesses naturelles, les effets d’une catastrophe naturelle ou d’une guerre, etc. Dans un cas de pollution, le PIB comptabilisera la production réalisée par une entreprise polluante et les dépenses de dépollution engagées. Tout cela pour un résultat environnemental nul. Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 12 2) Du PIB au Revenu national disponible brut (RNB) Le PIB ou même le PIB par tête sont des indicateurs trop grossiers pour mesurer le niveau de vie (= correspond à la quantité et à la qualité de biens et de services dont dispose, en moyenne, un ménage ou un individu). Le PIB mesure le niveau de consommation et ne doit pas être confondu avec le pouvoir d’achat du revenu disponible (qui est la quantité de biens et de services que le revenu permet potentiellement de se procurer). Comment parvenir du PIB au pouvoir d’achat du revenu disponible ? Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 13 Le revenu national disponible brut peut connaître des déclinaisons différentes selon ce qu’on souhaite mesurer : On peut calculer le revenu national disponible brut ajusté par habitant qui inclut les transferts sociaux en nature 3 (alors que le revenu national disponible brut (uniquement les transferts en espèces). Pour mieux approcher la situation de chaque individu, l’Insee calcule le revenu disponible par unité de consommation. Dans un ménage, un certain nombre de biens et services sont consommés collectivement (automobile, logement, électricité, etc.). L’arrivée d’une personne supplémentaire dans la famille n’entraînera donc pas une diminution du niveau de vie proportionnelle à sa place dans le ménage. C’est la 3 Les transferts sociaux en nature correspondent aux biens et services individuels fournis aux ménages, que ces biens et services aient été achetés sur le marché par les administrations publiques ou les ISBLSM, ou qu'ils aient été produits par elles (production non marchande). Ils correspondent donc à des services collectifs, mais ils ont pour particularité d’être individualisables, ie qu’on peut dire chiffrer le coût (montant) pour chaque individu de ces services collectifs, ce qui n’est pas le cas de tous les services collectifs. Ainsi, on trouve dans les transferts sociaux en nature le remboursement des médicaments, l’éducation et pas l’armée. En effet, on peut évaluer le coût individuel des remboursements et de l’accès à l’éducation nationale pour un individu, mais le coût de l’armée. Plus précisément, les transferts sociaux en nature comprennent donc à la fois : - les prestations sociales en nature qui relèvent du champ de la protection sociale, c'est-à-dire les biens et services fournis directement par les administrations publiques (aide personnalisée au logement par exemple) et ceux que les ménages bénéficiaires achètent eux-mêmes et se font ensuite rembourser (médicaments, soins médicaux) ; - les transferts de biens et services individuels non marchands produits par les administrations publiques ou les ISBLSM, en particulier l'éducation et la santé. Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 14 raison pour laquelle, les économistes attribuent des coefficients à chaque membre du ménage : - Coefficient 1 pour le premier adulte ; - Coefficient 0,5 pour les autres adultes et les enfants de 15 ans et plus ; - Coefficient 0,3 pour les enfants de moins de 15 ans. Ex : avec un revenu annuel de 40 000 €, une famille composée d’un couple et d’un enfant de 10 ans aura un niveau de vie par individu de (40 000 €/1,8) 22 222 € alors qu’avec le même revenu une famille de deux enfants de plus de 15 ans et d’un enfant de moins de 15 ans disposera de (40 000 € / 2,8) 14 285 € par individu. Le revenu national au prix de marché : cette grandeur est tout simplement le revenu national net : revenu national brut moins consommation de capital fixe. La consommation de capital fixe n’est, en effet, pas un revenu, mais une charge de consommation intermédiaire. Si on l’inclut dans les agrégats de produit parce que son estimation paraît trop imparfaite, on est obligé de la déduire, même pour un montant approximatif, si l’on veut avoir une idée du revenu des facteurs de production. Document n°4 : du PIB au Revenu national disponible brut Le produit intérieur brut (PIB) est une mesure de l’activité productive sur le territoire d’un pays. Cet indicateur est privilégié dans le suivi de la conjoncture économique. Toutefois, une partie de l’activité enregistrée dans un pays sert à rémunérer des capitaux étrangers, ainsi que le travail transfrontalier effectué par les non-résidents. À l’inverse, une partie des ressources des résidents provient des revenus de placements à l’étranger, ainsi que de salaires perçus suite à des activités réalisées à l’étranger. C’est la raison pour laquelle la commission Stiglitz sur la mesure des performances économiques et du progrès social a recommandé de mettre l’accent sur le revenu national brut (RNB) plutôt que sur le produit intérieur. Cette démarche peut s’étendre jusqu’au revenu national disponible brut (RNDB), qui prend également en compte d’autres flux de revenus avec l’extérieur (contributions à l’Union européenne, prestations sociales, etc.). En 2012, le PIB croît de 1,5 % en valeur. La progression du RNB est plus modérée (+ 1,1 %) en raison de la dégradation du solde des revenus de la propriété (reçus moins versés au reste du monde). Le solde des autres flux de revenus avec l’extérieur étant stable, la progression du RNDB est très proche de celle du RNB (+ 1,2 %). Source : Insee Première, n° 1447, mai 2013, Les comptes de la nation en 2012. Document n°5 : quelques éléments du tableau économique d’ensemble (à prix courants, en milliards d’euros, en %) Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 15 Source : Insee Document n°6 : quelques données sur le PIB et le RNB (en milliards d’euros) 2009 Population moyenne (*) en milliers de personnes Produit intérieur brut en milliards d'euros Revenu national brut en milliards d'euros Produit intérieur brut en milliards d'euros 2010 (**) Revenu national brut milliards d'euros 2010 (**) Produit intérieur brut en euros par habitant Revenu national brut en euros par habitant Produit intérieur brut en euros 2010 par habitant (**) Revenu national brut en euros 2010 par habitant (**) 2010 2011 2012 2013 2014 2015 64655 64974 65294 65615 65927 66227 66504 1939 1998 2059 2087 2115 2140 2181 1974 2039 2107 2117 2145 2168 2216 1960 1998 2040 2044 2056 2069 2095 1995 2039 2087 2073 2084 2096 2129 29990 30758 31539 31806 32085 32312 32796 30526 31386 32265 32257 32532 32740 33329 30314 30758 31244 31148 31179 31235 31502 30856 31386 31963 31590 31614 31648 32013 (*) Moyenne entre deux 1er janvier consécutifs (la dernière année est provisoire). (**) Séries déflatées avec l'indice de prix du produit intérieur brut. Source : Comptes nationaux - Insee Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 16 II) La logique de produits A) L’équilibre ressources-emplois Parmi les différentes façons de calculer le PIB, l’une d’entre elles consiste à le considérer comme un indicateur de produit. 1) La production La production est l’activité exercée sous le contrôle et la responsabilité d’une unité institutionnelle qui combine des ressources en main-d’œuvre, capital et biens et services pour fabriquer des biens ou fournir des services. C’est aussi le résultat de cette activité. Selon l’Insee, on peut distinguer trois types de production : - La production marchande : elle correspond à la production écoulée ou destinée à être écoulée sur un marché, c’est-à-dire vendue à un prix économiquement significatif (par convention, un prix couvrant plus de 50 % des coûts de production). La production marchande est évaluée au prix de base qui correspond à la recette effective du producteur par unité produite, à savoir le montant reçu de l’acheteur pour chaque unité du produit, auquel on retranche les impôts sur les produits et on ajoute les subventions sur les produits ; - La production pour emploi final propre (PEFP) : c’est la production destinée directement au producteur lui-même, soit sous forme de consommation finale, soit à des fins d’investissement (Formation brute de capital fixe). Elle comprends la production agricole autoconsommée, l’emploi de personnel domestique salarié (on considère que le ménage est le producteur du service en question) et les loyers imputés (appelés auparavant loyers fictifs). Ce dernier exemple permet d’illustrer le caractère conventionnel de ces statistiques. Les comptables nationaux estiment que les propriétaires se rendent en quelque sort un service à eux-mêmes en se versant un loyer fictif. En effet, s’ils n’étaient pas propriétaires, ils devraient s’acquitter d’un loyer, qui rémunérerait le service rendu par le propriétaire du logement ; - La production non marchande : elle désigne la production fournie par certaines unités productives à d’autres soit gratuitement, soit à un prix économiquement non significatif (c’est-à-dire couvrant moins de 50 % des coûts de production. Pour la mesurer, comme il n’est pas possible de s’appuyer sur le prix de vente, elle est estimée à partir de ses coûts de production. Elle représente ainsi environ un dixième de la production totale. 2) Ressources et emplois Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 17 Document n°7 : le PIB et ses composantes à prix courant (en milliards d’euros) Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 18 Produit intérieur brut (PIB) Importations Total des emplois finals Consommation effective des ménages dont : dépenses de consommation - des ménages - individualisable des administrations Consommation collective des administrations publiques Formation brute de capital fixe, dont : - entreprises non financières - ménages - administrations publiques Variations de stocks Exportations 2010 1 932, 8 537,5 2 470, 3 1 435, 2 2011 1 996,6 2012 2 032,3 2013 2 113,7 2014 2015 2132,4 2181,1 594,3 2 590,9 602,6 2 634,9 629,1 2 742,8 651,1 685,0 2783,5 2866,0 1 471,9 1 500,6 1 498,4 1516,8 1540,7 1 084, 8 311,0 1 110,1 1 129,8 1 126,4 1139,0 1156,0 320,7 328,3 328,6 333,5 339,2 168,9 168,7 174,4 181,3 182,4 182,7 373,3 401,2 401,8 466,9 462,5 469,2 193,2 213,4 208,4 251,2 258,1 262,7 104,8 59,2 0,7 492,2 108,9 61,4 10,9 538,2 110,5 63,7 /// 557,6 107,9 85,6 -1,7 597,8 105,2 78,6 10,0 611,8 107,6 75,3 18,6 654,9 Source : Comptes nationaux – Insee À partir de cette égalité, on peut remarquer : PIB = DC + FBCF + VS + X – M En raisonnant en dynamique et non en statique, on peut en déduire que la variation du PIB, c’est-à-dire le taux de croissance économique, dépend de la variation de la consommation, de l’investissement, du solde extérieur et des stocks (on peut négliger cette dernière variation, qui est quantitativement très faible). À court terme, il y a donc trois moteurs de la croissance : la consommation, l’investissement et le solde extérieur. C’est la raison pour laquelle l’évolution de ces trois données est essentielle pour l’économiste. Document n°8 : évolution du PIB en volume et contribution à cette évolution (variation annuelle en % pour le PIB, contribution en points pour les emplois) Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 19 2011 1,7 -0,2 0,7 -0,1 0,8 Produit intérieur brut (PIB) Consommation Investissement Solde du commerce extérieur Variation des stocks 2012 0 0 -0,2 0,9 -0,9 2013 0,3 0,5 -0,2 0,2 -0,2 2014 0,2 0,8 -0,3 -0,5 0,2 2015 1,3 1,2 0,2 -0,3 0,1 Source : Comptes nationaux – Insee 3) Les trois approches du PIB À partir du tableau fourni par l’Insee, on retrouve les trois modalités de calcul du PIB que nous avons vues précédemment. Document n°9 : les trois approches du PIB (en milliards d’euros) PIB (approche production) Valeur ajoutée au prix de base + Impôts sur les produits - Subventions sur les produits PIB (approche demande) Dépenses de consommation finale + Formation brute de capital fixe + Exportations de biens et de services - Importations de biens et de services PIB (approche revenus) Rémunération des salariés + Excédent brut d'exploitation et revenu mixte brut + Impôts sur la production et les importations - Subventions d'exploitation 2010 1 998,5 2011 2 059,3 2012 2 086,9 2013 2 115,3 2014 2 140,0 2015 2 181,1 1 801,0 213,2 1 849,5 225,5 1 873,5 230,3 1 897,9 234,6 1 917,7 240,2 1 949,8 250,1 -15,7 1 998,5 -15,7 2 059,3 -16,8 2 086,9 -17,3 2 115,3 -17,9 2 140,0 -18,8 2 181,1 1 598,2 1 634,1 1 659,3 1 683,2 1 700,8 1 723,4 437,9 478,0 472,6 471,9 481,7 487,7 520,5 572,6 595,2 605,1 619,5 654,9 558,1 1 998,5 1 040,2 625,3 2 059,3 1 068,9 640,2 2 086,9 1 092,4 645,0 2 115,3 1 107,7 662,0 2 140,0 1 122,3 685,0 2 181,1 1 136,8 708,5 721,2 718,0 721,7 734,7 757,9 295,1 -45,3 312,8 -43,7 321,7 -45,2 330,8 -45,0 338,8 -55,9 349,8 -63,5 Source : Comptes nationaux – Insee B) Le tableau des entrées-sorties Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 20 Document n°10 : Le tableau entrées sorties (TES) TABLEAU ENTREES SORTIES en 17 postes Source : Comptes nationaux - Base 2010, Insee Unité : Milliards d'euros Organisation du TES Tableau des ressources en produits (A) Tableau des entrées intermédiaires (B) Tableau des emplois finals (C) Compte de production par branche (D) Compte d'exploitation par branche (E) 1) Le tableau des ressources en produits (A) Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 21 Ce tableau donne les ressources en produits disponibles sur le territoire national, qui proviennent soit de la production réalisée sur le territoire national, soit des produits importés. On retrouve ainsi la partie de l’une des formulations de l’équilibre des emplois-ressources : Y + M. Comme nous l’avons vu, toutes les ressources sont nécessairement employées, même si c’est pour être stockées. Il est nécessaire de compléter cette égalité pour qu’elle soit rigoureusement exacte. En effet, la production est estimée au prix de base, qui est le prix significatif pour le producteur. En revanche, au niveau des emplois (c’est-à-dire du côté de ceux qui achètent, le prix significatif est le prix d’acquisition (celui payé par l’acquéreur). Il est décomposé en trois éléments : • Le prix de base. • Le coûts de transport. • La marge commerciale (MC) du commerçant (différence entre le prix de vente et le prix d’achat). => Dans ces conditions, l’équilibre des ressources et des emplois n’est plus vérifié, parce que les emplois du produit sont mesurés à l’aide de prix unitaires plus élevés. Ainsi, une production peut très bien générer une recette de 100 pour le producteur, mais si le coût de transport jusqu’au magasin de vente s’élève à 2, la TVA à 19 et la marge commerciale du magasin à 8, alors le prix d’acquisition sera de 129 (et non de 100). Pour obtenir un équilibre, il faut : - Ajouter au niveau des ressources des marges commerciales (MC) pour un montant égal à la somme des MC qui figurent dans chacun des différents emplois, des marges de transport (MT), les impôts sur les produits (IP) qui font partie des prix payés par les acquéreurs ; - Retrancher les subventions sur les produits (SP) de la valeur des ressources puisqu’elles sont comptées dans le prix de base mais ne figurent pas dans le prix d’acquisition des ressources. => Cela nous donne l’équilibre comptable des ressources et emplois d’un produit : Y + M + MC + MT + IP – SP = CI + DC + FBCF + VS + X Par conséquent, dans le TES, le tableau des ressources en produits donne les informations relatives à la partie des ressources de l’équilibre ressources-emplois. Remarque : dans les ressources, est introduite une colonne « correction CAF/FAB », parce que les échanges extérieurs sont comptabilisés FAB, « franco à bord » (c’est-à-dire à leur prix à la frontière du pays exportateur. Or, dans les sources statistiques, les exportations sont mesurées FAB et les importations évaluées CAF, « coût assurance fret » (c’est-à-dire à leur prix à la frontière du pays importateur). Ce deuxième prix est plus élevé, puisqu’il intègre les coûts de transport de transport et d’assurance jusqu’à la frontière du pays importateur. Pour tenir compte de ce phénomène, les importations sont donc corrigées afin qu’elles soient, elles aussi, évaluées FAB. Document n°10 : Tableau des ressources en produits Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 22 TABLEAU DES RESSOURCES EN PRODUITS TOTAL DES RESSOURCES (3) Subventions sur les produits dont taxes du type TVA Impôts sur les produits - total - Marges de transport Marges commerciales TOTAL DES RESSOURCES (2) Correction CAF/FAB Importations de biens et de services Importations de services Importations de biens Production des produits (1) Année 2014 PRODUITS AZ 76,1 12,1 12,1 88,2 22,8 1,7 2,0 1,9 -1,2 113,5 DE 157,2 49,1 49,1 206,3 2,2 2,5 19,0 8,3 -6,0 224,0 C1 170,8 37,7 37,7 208,5 70,5 4,7 31,2 14,0 -0,1 314,8 C2 48,7 29,0 29,0 77,7 6,4 1,6 34,2 9,4 C3 79,9 102,1 102,1 181,9 52,6 3,2 7,2 6,8 C4 111,2 72,3 72,3 183,5 36,5 0,9 14,5 11,8 -0,2 235,3 C5 343,2 197,0 197,0 540,2 154,3 12,6 28,4 26,3 0,0 735,5 FZ 275,8 24,2 22,6 0,0 299,9 GZ 391,5 8,5 8,5 1,8 1,8 HZ 188,0 42,6 42,6 5,7 4,3 -9,3 183,2 IZ 100,4 5,7 5,5 -0,3 105,9 JZ 182,2 18,4 18,4 10,6 9,9 KZ 214,9 5,5 5,5 17,9 4,1 LZ 306,2 306,2 2,1 2,0 MN 494,1 62,8 62,8 556,9 26,9 14,8 OQ 547,5 0,8 0,8 548,3 1,9 1,9 RU 93,9 3,7 3,7 97,5 6,9 2,8 275,8 TOTAL 36,7 -16,2 3781,4 -27,8 214,6 100,4 PCHTR PCAFAB 399,9 -16,1 -348,8 483,0 36,7 -16,2 179,0 200,5 -0,1 662,0 220,2 3,3 0,6 119,9 245,1 53,0 215,1 0,0 238,1 308,3 -0,7 583,2 550,2 -0,1 104,3 36,7 36,7 16,2 4443,4 240,2 148,2 -17,9 4665,7 (1) Production au prix de base (2) Total des ressources au prix de base (3) Total des ressources au prix d'acquisition 2) Le tableau des entrées intermédiaires (B) Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 23 Document n° 11 : tableau des intermédiaires Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 24 TABLEAU DES ENTREES INTERMEDIAIRES Année 2014 BRANCHES AZ DE C1 AZ Agriculture, sylviculture et pêche 17,6 0,0 39,6 DE C2 C3 C4 C5 FZ GZ HZ IZ JZ KZ 2,0 0,0 0,0 LZ MN OQ RU TOTAL PRODUITS 0,0 2,5 0,6 0,0 0,0 0,2 0,1 62,6 Industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution 1,9 62,8 4,4 31,3 1,2 1,3 21,5 3,7 5,4 2,0 1,6 3,9 0,8 1,4 5,1 10,6 2,0 161,0 C1 Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac 8,8 0,3 34,5 0,1 0,2 0,2 4,4 0,6 3,1 0,8 26,6 1,2 0,1 0,2 4,0 8,3 2,2 95,5 C2 Cokéfaction et raffinage 3,8 1,7 1,1 3,8 0,3 0,3 10,1 3,3 6,5 17,4 0,2 1,4 0,5 0,2 3,7 2,4 1,0 57,7 C3 Fabrication d'équipements électriques, électroniques, informatiques ; fabrication de machines 0,5 3,2 1,2 0,9 16,0 15,8 14,1 14,5 5,3 1,9 0,3 5,3 0,4 0,6 6,7 4,0 2,0 92,8 C4 Fabrication de matériels de transport 0,3 0,3 0,2 0,1 0,8 33,5 0,6 0,1 4,9 1,4 0,0 0,2 0,0 0,0 0,6 3,6 0,3 47,1 C5 Fabrication d'autres produits industriels 15,3 9,3 9,6 3,9 20,2 25,7 121,0 56,7 16,3 3,5 1,6 11,3 2,3 2,4 13,9 22,1 4,9 339,9 FZ Construction 0,4 1,6 0,1 0,4 0,6 0,4 0,8 44,0 0,5 0,5 0,1 1,2 1,4 4,3 2,6 7,1 1,3 67,3 GZ Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles 0,3 0,5 1,3 0,5 0,8 1,2 3,4 1,0 16,8 2,6 0,3 1,4 0,2 0,3 2,7 0,9 0,6 34,7 HZ Transports et entreposage 0,1 1,1 2,6 1,2 1,1 1,3 6,0 2,7 31,0 37,1 1,3 4,3 2,2 0,8 9,2 8,4 1,8 112,2 IZ Hébergement et restauration 0,0 0,4 0,5 0,2 0,3 0,4 1,4 0,4 8,0 1,7 1,6 2,0 0,9 0,6 6,3 3,8 0,9 29,3 JZ Information et communication 0,2 1,0 0,9 0,4 0,8 0,7 2,1 1,6 9,9 1,8 0,7 26,9 15,6 1,1 17,2 7,3 2,9 91,2 KZ Activités financières et d'assurance 2,6 2,0 2,9 0,6 1,1 1,0 4,3 5,0 15,1 6,9 1,7 4,1 68,5 23,9 16,0 7,7 2,1 165,4 LZ Activités immobilières 0,0 0,4 0,6 0,2 0,3 0,4 2,0 0,7 17,2 2,4 1,6 3,5 6,9 8,7 15,0 4,8 1,4 66,2 MN Activités spécialisées, scientifiques et techniques et activités de services administratifs et de soutien 2,5 9,4 13,7 2,5 6,1 7,6 27,7 27,7 51,9 17,3 5,4 18,2 25,4 10,4 131,1 33,5 9,4 399,7 OQ Administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale 0,2 0,5 0,4 0,2 0,4 0,7 1,5 0,7 2,0 1,8 0,3 1,3 1,2 0,1 2,5 7,9 0,3 22,1 RU Autres activités de services 0,1 0,4 0,7 0,2 0,4 0,7 1,2 0,7 2,6 0,9 0,5 1,1 0,7 0,2 2,8 1,0 4,7 18,9 PCHTR Correction territoriale PCAFAB Correction CAF/FAB TOTAL TOTAL 54,4 95,0 114,4 46,5 50,7 91,1 224,6 164,2 196,7 99,8 45,7 87,3 127,3 54,9 239,5 133,6 38,0 1 863,7 3) Le tableau des emplois finals (C) Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 25 Ce tableau présente comment les produits ont été employés, autrement que sous la forme de consommations intermédiaires. On peut ainsi vérifier l’équilibre ressourcesemplois. Ex : si l’on prend la première ligne, les ressources en « Agriculture, sylviculture et pêche » s’élèvent 113,5 milliards d’euros : elles ont été employés sous forme de consommations intermédiaires pour 62,6 milliards d’euros et pour les autres emplois (emplois finals) à hauteur de 50,8 milliards (32,1 milliards de consommation finale, 1,3 milliard de FBCF ; 2,0 de variations des stocks ; 15,3 milliards d’exportations). Si on fait la somme de ces deux valeurs (en laissant de côté les arrondis), on retrouve 113,5 milliards d’euros. L’équilibre est respecté. Document n°12 : tableau des emplois finals TABLEAU DES EMPLOIS FINALS Année 2014 Total des emplois finals FBC totale Exportations de biens et de services Variation des stocks Acq. moins ces. d'objets de valeur FBCF TOTALE ISBLSM APU SFEI Ménages hors EI SNFEI DEPENSE TOTALE Formation brute de capital fixe ISBLSM Total APU Individuelle APU Collective APU Ménages Dépense de consommation finale PRODUITS AZ 32,1 32,1 2,0 3,3 15,3 50,8 DE 51,3 51,3 0,8 0,8 10,9 63,0 C1 172,9 173,2 1,9 1,9 44,2 219,4 C2 45,4 45,4 0,7 0,7 16,0 62,2 C3 32,5 1,7 36,9 82,6 152,3 1,8 30,7 96,9 188,2 5,1 39,8 180,1 395,6 0,2 214,8 0,3 0,2 0,3 0,2 1,3 1,3 32,7 29,9 2,6 1,9 0,8 35,2 C4 60,4 0,1 0,1 60,5 23,4 0,4 4,7 0,4 28,9 C5 146,2 29,5 29,5 175,7 30,7 0,7 2,3 0,4 34,1 FZ 17,8 17,8 67,2 7,5 48,7 2,5 214,6 GZ 12,7 12,7 5,5 18,2 HZ 37,9 3,1 3,1 41,0 30,0 71,0 IZ 75,9 0,6 0,6 76,5 JZ 48,0 0,5 0,5 48,5 14,5 123,9 15,3 15,3 237,5 0,5 3,9 0,1 36,2 49,7 15,6 0,5 KZ 59,3 LZ 222,2 MN 23,9 11,5 0,8 12,3 OQ 66,6 169,6 264,9 434,4 26,4 527,4 RU 42,3 0,2 18,9 19,1 17,9 79,3 PCHTR -6,5 88,8 0,6 232,6 76,5 51,7 5,7 2,9 0,1 0,6 60,4 61,0 13,4 59,3 1,7 0,2 4,5 4,5 18,6 0,3 0,3 0,2 84,7 0,1 2,2 84,9 62,4 183,5 0,7 528,1 3,8 85,4 43,2 36,7 619,5 2801,9 2,3 -6,5 72,7 242,1 PCAFAB TOTAL 1140,9 181,3 334,3 515,6 44,3 1700,8 256,1 108,2 17,8 79,4 4,4 465,9 0,6 15,2 481,7 4) Les tableaux du compte de production et du compte d’exploitation des branches (D) Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 26 Les deux derniers tableaux fournissent, pour chaque branche de la production, la valeur ajoutée et sa répartition au moment de la production entre rémunération des salariés, EBE et impôts sur la production. Le tableau du compte de production, en particulier, permet de passer de la production de la branche à la production des produits. Pour des raisons comptables, ces deux notions ne se recoupent pas exactement. Ce tableau permet donc, en introduisant une « correction CAF/FAB », de passer de l’une à l’autre. Document n°13 : Compte de production et compte d’exploitation des branches COMPTE DE PRODUCTION PAR BRANCHE Année 2014 AZ P2 B1g P1 Consommat ion intermédiai re Valeur ajoutée brute PRODUCT ION DES BRANCHE S P13 Production marchande Prod. pour emploi final propre Production non marchande P1 PRODUCT ION DES BRANCHE S P11 P12 TR1 2 TR1 3 TR1 0 P1 Transferts agricoles Transf. ventes résiduelles Total des transferts PRODUCT ION DES PRODUITS DE C1 54,4 95,0 114, 4 46,5 50,7 33,2 50,5 44,5 2,2 87,6 145, 5 158, 9 83,7 145, 5 158, 2 3,9 87,6 C2 C5 FZ GZ HZ IZ 91,1 224,6 164,2 196,7 99,8 45,7 87,3 127,3 29,0 20,1 117,9 111,1 194,8 87,6 53,5 93,0 48,7 79,7 111,2 342,5 275,2 391,5 187, 3 99,3 48,7 79,0 111,2 330,9 264,8 391,5 187, 3 99,3 11,6 10,4 0,8 145, 5 -11,9 158, 9 C3 C4 0,6 48,7 79,7 111,2 JZ KZ RU OQ 54,9 239,5 133,6 38,0 1863,7 87,6 246,3 245,0 443,4 58,1 1917,7 180,3 214,9 301,2 484,5 577,0 96,1 3781,4 157,2 214,9 133,4 435,1 164,0 54,8 3059,6 167,8 37,9 18,0 3,6 277,6 11,5 395,0 37,6 444,2 301,2 484,5 577,0 96,1 3781,4 187, 3 99,3 180,3 0,5 0,7 1,1 1,9 5,0 9,6 -29,5 -2,3 0,7 0,5 0,7 1,1 1,9 5,0 9,6 -29,5 -2,3 343,2 275,8 188, 0 100, 4 182,2 306,2 494,1 547,5 93,9 342,5 275,2 0,2 0,7 0,2 391,5 TOTA L MN 23,1 LZ 214,9 11,9 0,3 11,7 -11,6 11,7 11,9 76,1 157, 2 170, 8 48,7 79,9 111,2 391,5 214,9 5) Le tableau du compte d’exploitation par branche (E) Ce tableau permet principalement de montrer comment la richesse créée par chaque branche d’activité, c’est-à-dire la valeur ajoutée, a été distribuée entre les facteurs de production (rémunération des salariés, excèdent brut d’exploitation et revenus mixtes), et comment cette valeur ajoutée est affectée par l’intervention publique sur l’activité productive elle-même, via les impôts sur la production et les subventions d’exploitation. Document n°14 : Compte d’exploitation par branche Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 27 3781,4 COMPTE D'EXPLOITATION PAR BRANCHE Année 2014 B1g D1 B2g & B3g D29 D39 VALEUR AJOUTEE BRUTE Rémunération des salariés EBE et revenu mixte brut (1) Autres impôts sur la production Autres subv. sur la production AZ 33, 2 9,8 30, 5 DE 50, 5 20, 2 27, 8 C1 44, 5 22, 8 19, 8 1,5 8,5 3,2 0,7 2,4 0,5 C 2 2, 2 0, 8 1, 1 0, 3 0, 0 C3 29, 0 19, 5 C4 20, 1 13, 8 C5 117, 9 FZ 111, 1 77,2 69,1 GZ 194, 8 131, 1 8,4 5,2 35,7 39,3 56,4 1,5 0,4 1,4 0,3 6,3 4,2 9,8 -1,4 -1,5 -2,5 HZ 87, 6 60, 1 24, 3 IZ 53, 5 32, 1 20, 1 JZ 93, 0 56, 1 35, 0 KZ 87, 6 49, 4 32, 2 LZ 246, 3 70,7 OQ 443, 4 331, 8 104, 3 RU 58, 1 43, 8 15, 5 6,0 2,7 2,1 0,7 3,5 1,6 6,9 0,9 25,5 9,9 12,4 -3,0 -5,2 -5,1 1,9 3,0 15,2 208, 5 MN 245, 0 169, 6 TOTA L 1917,7 1122,3 734,7 98,6 -38,0 (1) EBE : excédent brut d'exploitation C) La matrice des coefficients techniques Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 28 III) La logique de répartition A) Les secteurs institutionnels Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 29 Pour présenter les grands équilibres macroéconomiques, la comptabilité nationale ne part pas d’individus isolés, mais de groupes d’agents économiques agrégés au sein de secteurs institutionnels (SI). Ces secteurs regroupent les unités institutionnelles ayant des comportements économiques similaires caractérisés par leur fonction principale et la nature de leur activité. Les unités dont le comportement est analogue (même fonction principale, même nature et origine des ressources principales) forment un SI. On retrouve l’analogie avec le corps humain : chaque SI est un organe différent du corps économique, chaque organe ayant ses propres ressources et fonctions, qui s’avèrent chacune complémentaire pour permettre le fonctionnement de l’ensemble. 1) Les six secteurs institutionnels Les sociétés non financières (SNF) : ce secteur institutionnel regroupe des unités institutionnelles qui sont des producteurs marchands, c’est-à-dire dont la fonction principale consiste à produire des biens et des services non financiers marchands, et dont les opérations de répartition et les opérations financières sont séparées de celles de leurs propriétaires. Ce dernier aspect est important, puisqu’il existe juridiquement deux grands types d’entreprises : - Les entreprises individuelles : dans lesquelles la personnalité du propriétaire se confond avec celle de l’unité productive et le propriétaire est responsable sur ses biens propres des dettes de l’entreprise. - Les sociétés : dans lesquelles il y a une séparation stricte entre la personnalité physique du ou des propriétaires et la personnalité morale de l’unité productive. Les entreprises individuelles ne sont pas classées dans les SNF mais dans le SI des ménages. Les SNF ne comprennent donc que les sociétés (les entreprises ayant une personnalité juridique propre) et les quasi-sociétés (les unités qui n’ont pas une personnalité juridique propre mais qui disposent d’une comptabilité séparée (succursales, bureaux de vente, chantiers durant plus d’un an, sociétés dont le siège social est à l’étranger). En ce qui concerne leur statut, les SNF peuvent être privées, si leur capital social est majoritairement détenu par des personnes privées, qu’elles soient résidentes ou non. Elles peuvent aussi être publiques : soit l’État possède la majorité du capital social, soit il détient la majorité des voix attachées aux parts sociales. Le nombre de SNF publiques, à la suite du mouvement général de privatisation opéré à partir du milieu des années 1980, est de plus en plus faible (moins de 1000 aujourd’hui). Les ménages regroupent les unités dont la fonction principale est la consommation (et la production marchande pour les entreprises individuelles) et dont les ressources principales sont obtenues par la rémunération des facteurs de production et par des transferts effectués par d’autres secteurs institutionnels (et par les produits de la vente pour les entreprises individuelles). Dans ce SI, on trouve trois types d’unités : - Les « ménages ordinaires » : ensemble des personnes qui vivent dans un logement séparé ou indépendant. - Les « ménages collectifs » : concernent des personnes vivant dans un établissement commun à caractère solidaire (maison de retraite, foyer de travailleurs, etc.). - Les entreprises individuelles. Les administrations publiques regroupent l’ensemble des unités institutionnelles dont la fonction principale est de produire des services non marchands ou d’effectuer des opérations de redistribution du revenu et des richesses nationales. Elles tirent la majeure partie de leurs Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 30 ressources des prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales). Ce secteur comprend : - Les administrations publiques centrales (APUC) qui sont directement dépendantes de l’État (champ de compétences qui recouvre l’ensemble du territoire). Une APUC est formée de l’État et des ODAC (organismes divers d’administration centrale) : universités, CNRS, CEA, etc. - Les administrations publiques locales (communes, départements et régions, communautés urbaines, communautés d’agglomération et communautés de communes). - Les administrations de sécurité sociale (ASSO) qui représentent toutes les unités distribuant des prestations sociales à partir de cotisations sociales obligatoires, et les organismes auxquels ces unités procurent leurs ressources principales (hôpitaux publics). Les Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) regroupent l’ensemble des unités productives privées dotées d’une personnalité juridique, produisant des biens et des services non marchands au profit des ménages : associations, partis politiques, syndicats et organismes caritatifs. Leurs ressources proviennent de contributions volontaires en espèces ou en nature effectuées par les ménages en leur qualité de consommateurs, de versements provenant des administrations publiques ainsi que de revenus de la propriété. Les organismes qui perçoivent plus de 50 % de leurs recettes (subventions) de la part des administrations publiques sont classés dans le secteur institutionnel des administrations publiques. De même, les organismes de petite taille sont intégrés au secteur institutionnel des ménages. Le reste du monde regroupe l’ensemble des agents économiques non résidents faisant des opérations de toute nature avec les agents résidents sur le territoire économique national. Document n°16 : les principales caractéristiques attachées à chaque secteur institutionnel Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 31 Dénomination Ménages Sociétés non financières Sociétés financières Administrations publiques ISBLSM Reste du monde Présentation Groupe de personnes vivant sous le même toit, qu’elles aient ou non un lien de parenté (une personne vivant seule constitue aussi un ménage). Ils comprennent : • Des « ménages ordinaires » : ensemble de personnes vivant dans un logement séparé ou indépendant. • Des « ménages collectifs » : population des maisons de retraite, foyers de travailleurs, etc. Les entreprises individuelles sont intégrées au SI des ménages. Les SNF se subdivisent en : • SNF publiques (contrôlées par une APU). • SNF privées nationales (contrôlées ni par une APU ni par une unité non résidente). • SNF sous contrôle étranger (contrôlées par une unité non résidente). Les SF regroupent= • Les institutions financières : Banque centrale, autres institutions de dépôts (banques) et autres intermédiaires financiers (OPCVM). • Les auxiliaires financiers : conseil en placement. • Les sociétés d’assurance (y compris les mutuelles). Les APU sont subdivisés en trois soussecteurs : • Les administrations centrales (APUC) formées de l’État et d’organismes divers d’administration centrale (Pôle emploi, CNRS, CEA, etc.). • Les administrations locales (APUL) regroupant les activités locales (régions, départements, communes) et des organismes divers d’administration locale (chambres de commerce, par exemple). • Les administrations de sécurité sociale (ASSO) : diverses unités qui distribuent des prestations sociales à partir de cotisations sociales obligatoires et organismes auxquels ces unités procurent leurs ressources principales (hôpitaux publics). Institutions sans but lucratif au service des ménages. Ex : associations de consommateurs, partis politiques, syndicats, églises, organismes de charité, etc. Si elles reçoivent plus de 50 % de leurs ressources des APU, elles sont considérées comme APU. Si elles sont peu importantes, elles sont intégrées au SI des ménages. Regroupe l’ensemble des unités non résidentes (ménages, APU, SNF, etc.) qui effectuent des opérations économiques avec des unités résidentes. Fonction principale Ressources principales • Consommation. • Production de biens et de services marchands (pour les entreprises individuelles). • Rémunération des facteurs de production (travail et capital). • Transferts des autres SI. • Vente de la production pour les entreprises individuelles. Production de biens et de services marchands non financiers. Vente de la production • Financement (collecte, transformation et répartition) et gestion des moyens de financement. • Garantie de la couverture des risques (pour les sociétés d’assurances). • Ressources provenant de l’intermédiation ou de l’activité financière. • Primes d’assurances. • Cotisations volontaires (pour les mutuelles). • Production de services non marchands. • Redistribution du revenu et du patrimoine. Prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales). Production de services non marchands destinés aux ménages (sans but lucratif). Cotisations volontaires et dons privés (pour plus de 50 % du total des ressources). Tous les types d’opérations économiques. Tous les types de ressources. 2) La contribution des secteurs au PIB Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 32 Les différents secteurs institutionnels résidents contribuent à la réalisation du PIB, et ce dans des proportions très différentes, comme le montre le tableau suivant. Document n°17: valeur ajoutée brute par secteurs institutionnels à prix courants (en milliards d’euros) Sociétés non financières Sociétés financières Administrations publiques Ménages y compris entrepreneurs individuels Institutions sans but lucratif au service des ménages Économie nationale 2009 2010 2011 2012 2013 2014 985,8 1 012,0 1 048,1 1 061,2 1 070,3 1 073,6 78,5 90,3 88,1 87,6 93,9 94,0 326,7 334,4 341,7 348,4 355,0 360,2 332,7 334,1 340,2 343,9 347,0 348,6 29,0 30,1 31,4 32,3 33,2 33,8 1 752,7 1 801,0 1 849,5 1 873,5 1 899,3 1 910,2 Source : Comptes nationaux – Insee B) Les opérations économiques des différents secteurs Il existe une série d’opérations économiques représentées dans la comptabilité nationale. 1) Les opérations sur les biens et services Les opérations sur produits (ou les opérations sur biens et services) décrivent l’origine des biens et des services ainsi que leurs différentes utilisations. Elles concernent donc les activités de production et le problème de leur définition en comptabilité nationale, ainsi que les emplois de la production : - Si l’on distingue traditionnellement consommation finale (utilisation de biens et services à leur stade final de production en vue de satisfaire directement les besoins des individus) et consommation intermédiaire (utilisation de biens et services qui sont détruits ou transformés au cours du processus de production, en vue de créer d’autres biens et services), la consommation fait l’objet de plusieurs adaptations dans les comptes de la nation. Par exemple, les biens durables (machines, équipements, véhicules, etc.) constituent en théorie un investissement plutôt qu’une consommation, il est néanmoins compté comme une consommation finale quand il est le fait d’un ménage. Par ailleurs, la consommation des services collectifs non marchands contribue à la fois à la satisfaction directe des besoins individuels (consommation finale) et à produire un environnement favorable au développement des activités de tous les secteurs institutionnels (consommations intermédiaires). La comptabilité nationale distingue la dépense de consommation (qui comprend les achats de biens et services des ménages, les dépenses de santé non remboursées par la sécurité sociale, les loyers fictifs des ménages propriétaires de leur logement – loyers qu’ils paieraient pour disposer d’un logement comparable et qui sont enregistrés comme des loyers que les ménages se paient à eux-mêmes) et la consommation effective des ménages (qui comprend, outre leur dépense de consommation, les remboursements versés par les administrations de sécurité sociale, ainsi que les services publics non marchands pour lesquels on peut identifier les bénéficiaires directs et qui sont considérés de ce fait comme des services individuels – notamment, l’éducation publique). [La valeur des Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 33 - - services collectifs – les services des administrations qui ne peuvent être ventilés entre les différents agents (défense, police, justice, éclairage public, etc.) – est par convention, enregistrée comme une consommation effective des administrations. Cette convention répond à la logique économique. En effet, les ménages et les entreprises ne choisissent pas en fait le volume de leur consommation de justice, de défense nationale, d’éclairage public, etc. Les administrations publiques constituent bien le centre de décision autonome en cette matière. La dépense de consommation des administrations recouvre l’ensemble des services collectifs et individuels qu’elles produisent. Les consommations intermédiaires. La mesure des valeurs ajoutées est imparfaite, parce qu’on ne peut mesurer précisément toutes les consommations intermédiaires. On ne sait bien mesurer que la consommation des biens et services qui disparaissent rapidement dans le processus de production. En revanche, il est difficile de mesurer précisément la consommation des machines, des outils, des installations techniques, des bâtiments, etc., c’est-à-dire du capital dont l’usure est étalée dans le temps. Or, il s’agit bien d’une consommation intermédiaire : les machines et les outils s’usent, les bâtiments se détériorent (le capital est détruit dans le processus de production, mais, au lieu de l’être instantanément, il l’est progressivement. La comptabilité privée enregistre d’ailleurs cette consommation du capital en calculant l’amortissement. Mais l’amortissement comptable des entreprises répond à des exigences fiscales ou de gestion qui ne correspondent pas vraiment à celles des comptables de la nation (qui souhaiteraient mesurer la consommation réelle du capital : un amortissement économique). Les comptables nationaux calculent bien un amortissement économique (consommation de capital fixe), mais on considère cette consommation comme une approximation imparfaite, car on ne dispose pas d’une comptabilité suffisamment précise du stock de capital pour calculer un amortissement économique. L’investissement : là encore, le concept théorique (consentir à un coût immédiat en échange d’une satisfaction ou d’une production future) est bien plus large que le concept statistique. Ex : un étudiant qui renonce à sortir avec ses amis pour préparer ses examens ; l’employeur qui maintient l’emploi de travailleurs expérimentés en période de récession pour être sûr d’en disposer quand la reprise de l’activité se manifestera, etc. La mesure comptable de l’investissement doit se mesurer à des opérations aisément quantifiables. Dans la comptabilité nationale, il comprend la FBCF, la variation des stocks 4, les acquisitions nettes d’objets de valeur5 Au niveau d’un agent particulier, l’investissement comprend aussi les acquisitions nettes de cessions d’actifs non produits 6 Une augmentation des stocks correspond à une immobilisation plus importante de fonds et donc à un investissement. Les entreprises constituent des stocks de matières premières ou de biens intermédiaires pour assurer un approvisionnement régulier de leurs unités de production, mais également des stocks de produits finis de façon à répondre régulièrement à la demande et à limiter les délais de livraison de leurs clients. En achetant ou en produisant des stocks, une entreprise supporte des coûts immédiats en vue d’assurer la production et les ventes à venir dans des conditions optimales : il s’agit bien là d’un comportement d’investissement. Bien entendu, un gonflement des stocks provoqué par une diminution inattendue des ventes est un investissement non programmé par l’entreprise, mais, dans une logique comptable, cela reste un investissement. 5 Il s’agit de l’acquisition d’objets qui ont un usage durable mais qui ne sont pas employés pour la production d’autres biens et services : achat de bijoux, œuvres d’art, métaux précieux, etc. Précédemment considérés comme des biens de production, ils ont été inclus dans la formation de capital, parce qu’ils peuvent être détenus durablement comme une réserve de valeur. Ils constituent pour cette raison davantage un emploi de l’épargne qu’une dépense de consommation.]. 6 Il s’agit de l’acquisition d’actifs corporels (terrains) ou incorporels (terrains, brevets, droits d’auteur, etc.) qui ne sont pas des produits nouveaux et ne viennent donc pas augmenter le stock de biens d’investissement employé par la nation (elles sont enregistrées nettes des cessions éventuelles d’actifs du même type). En ce 4 Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 34 - Le commerce extérieur rassemblant importations (biens et services fournis par des agents non résidents à des agents résidents à titre onéreux ou gratuit) et exportations (biens et services fournis par des agents résidents à des agents non résidents), évaluées FAB (à leur valeur au départ du territoire national, en excluant le coût des services de transport et d’assurance nécessaires à leur acheminement vers l’étranger). 2) Les opérations de répartition domaine, une acquisition (un investissement) par un agent particulier a forcément pour contrepartie une vente (un désinvestissement) d’un autre agent. Ce type d’opération modifie donc le montant d’investissement et le patrimoine de chaque agent particulier, mais n’affecte pas le montant total de l’investissement de la nation. Au plan de l’économie nationale, l’investissement ne comprend que la formation brute de capital. Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 35 3) Les opérations financières Les opérations financières résultent de toutes les opérations non financières définies précédemment qui permettent de dégager, pour certains agents, une capacité de financement (des moyens de financement disponibles excédant leurs besoins) et, au contraire, pour d’autres, des besoins de financement (des moyens disponibles inférieurs Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 36 à leurs besoins). La fonction essentielle des opérations financières est de permettre aux uns d’employer leurs capacités de financement et aux autres de combler leurs besoins de financement. Toutes les opérations sur les biens et les services ont une contrepartie financière, puisqu’elles engendrent des flux de monnaie entre les agents. Mais il existe aussi des opérations financières indépendantes des opérations non financières (Ex : un ménage retire de l’argent sur un compte d’épargne pour acheter des actions). Un agent qui dispose d’une capacité de financement a quatre options principales : 1) la détenir sous forme monétaire ou quasi monétaire en la déposant sur un compte bancaire ou un compte d’épargne ; 2) acquérir un titre sur le marché financier (acheter une obligation, une action, une part d’un fonds de placement, etc.) ; 3) en prêter une partie directement à un autre agent en concluant avec lui un contrat de crédit ; 4) rembourser des dettes anciennes. De façon symétrique, l’agent qui a un besoin de financement peut puiser dans les avoirs monétaires ou les dépôts accumulés dans le passé, émettre des titres sur le marché financier, emprunter directement auprès d’un autre agent, ou encore recouvrer une créance ancienne (se faire rembourser). Les opérations financières se traduisent ainsi par une variation des actifs financiers (ou créances) détenus par un agent ou par une variation des passifs financiers (ou dettes) de cet agent. Détenir un actif financier, c’est posséder un moyen de paiement ou un droit sur les avoirs d’autres agents économiques. Inversement, un passif (une dette) est une obligation de livrer à un moment ou à un autre une partie de ses avoirs à d’autres agents économiques. Toute créance détenue par un agent constitue une dette pour un autre agent, et réciproquement. La nomenclature du SEC distingue sept catégories d’opérations financières : - Or monétaire et droits de tirage spéciaux : il s’agit de réserves de change de la Banque centrale. Elles constituent un pouvoir d’achat ou d’usage de la banque centrale sur les autres moyens de paiement internationaux, et sont donc une créance sur le reste du monde. - Numéraire et dépôt : cela inclut la monnaie au sens strict (billets, pièces, dépôts à vue, transférables par chèque, virement ou carte de paiement) et les autres dépôts (compte épargne-logement, comptes sur livret), que l’on considère comme de la quasimonnaie mais qui ne sont pas directement transférables parc chèque, virement ou carte de paiement. - Titres autres que les actions : cela comprend les obligations (titres représentatifs d’un emprunt à long terme et assortis d’un intérêt fixe ou variable) et les titres de créance négociables (titres à court terme négociables sur le marché monétaire : bons du Trésor négociables, billets de trésorerie émis par les entreprises, certificats de dépôt émis par les banques). - Prêts : il s’agit d’opérations de crédit entre agents entraînant la conclusion d’un contrat de crédit entre le créancier et le débiteur. On distingue les prêts à court terme (d’une durée inférieure ou égale à un an) et les prêts à moyen et long terme (durée supérieure à un an). - Actions et titres d’OPCVM : les actions sont des titres représentant une part du capital social d’une société. Il s’agit donc d’un droit de propriété sur cette société et ses éventuels bénéfices, normalement (mais pas toujours) assorti de droits de vote aux assemblées générales. Ce poste comprend aussi les autres participations qui constituent des titres représentatifs d’un droit de propriété sur le capital des sociétés qui ne sont pas des sociétés par actions. Les OPCVM (Organismes de placement collectif en valeurs mobilières) sont des sociétés financières (SICAV – Sociétés d’investissement à capital variable –, fonds communs de placement) qui émettent des titres et placent ensuite les fonds collectés dans un portefeuille diversifié de titres négociables en Bourse. Ils offrent ainsi à leurs souscripteurs les opportunités de Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 37 - - rendement associées aux placements risqués en valeurs mobilières, tout en limitant considérablement le risque grâce à une diversification des placements effectués. Réserves techniques d’assurance : les entreprises d’assurance ont l’obligation légale de constituer des réserves en vue de garantir le paiement des indemnités des contrats d’assurance-vie ou d’assurance-dommages. Par ailleurs, les assurances réalisent des bénéfices en plaçant les primes versées par leurs clients (une partie des bénéfices appartient donc à ces derniers mais ne leur est par versée et est mise en réserve). Enfin, les primes sont habituellement payées d’avance pour une année ou plusieurs mois : une partie des primes versées en cours d’année est donc mise en réserve en fin d’année, parce qu’elle correspond à un service d’assurance qui sera en parie fourni l’année suivante. D’un point de vue économique, toutes ces réserves sont en fait la propriété des assurés et constituent donc une créance des autres agents sur les entreprises d’assurance (c’est à ce titre qu’elles apparaissent dans la nomenclature des opérations financières). Autres comptes à payer et à recevoir : il s’agit pour l’essentiel de crédits à court terme consentis entre acheteurs fournisseurs dans les relations commerciales (crédits commerciaux des fournisseurs à leurs clients sous forme de délai de paiement, entraînant l’émission d’un effet de commerce qui représente la créance détenue par le vendeur et la dette de l’acheteur ; avances payées par les acheteurs sur la livraison à venir d’un bien ou d’un service, constituant une créance de l’acheteur et une dette du vendeur). Ces autres comptes comprennent aussi les décalages comptables provenant de ce que certaines opérations sont enregistrées avant ou après le paiement effectif qui leur correspond. C) Les comptes des secteurs institutionnels et le Tableau économique d’ensemble La comptabilité nationale rassemble les informations dans trois séries de comptes : - Les comptes courants décrivent la formation et la redistribution du revenu entre les agents au cours d’une année donnée. Ils se soldent pour chaque secteur par une épargne plus ou moins importante (éventuellement négative, si leurs dépenses courantes, c’est-à-dire hors investissement, ont été supérieures à leurs ressources) ; - Les comptes d’accumulation décrivent la variation de la richesse accumulée par les agents au cours d’une année donnée. L’épargne issue des opérations courantes peut servir à accumuler des biens durables en vue de produire mieux ou davantage au cours des années suivantes (c’est l’investissement). Elle peut aussi servir à accumuler une richesse financière (monnaie, actions, etc.) dont la variation est décrite par le compte financier. Certains agents décident d’accumuler plus de biens d’investissement que ne le permet leur épargne : ils ont un besoin de financement qui apparaît au compte de capital et qu’ils comblent par un endettement supplémentaire qui apparaît au compte financier. D’autres agents ont, au contraire, plus d’épargne que de besoins d’investissement : ils ont une capacité de financement qui leur permet d’accumuler une richesse financière (notamment, en accumulant des créances sur les agents dont ils comblent le besoin de financement). - Les comptes de patrimoine décrivent la composition de l’ensemble des avoirs et des dettes des différents agents au 31 décembre. Ils présentent en quelque sorte le bilan (actif-passif) de chaque secteur institutionnel. 1) La séquence des comptes Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 38 Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 39 Le compte d’affectation des revenus primaires : il décrit la formation des revenus primaires des différents agents (les revenus sont reçus comme des ressources), auxquels on ajoute les revenus de la propriété (intérêts, dividendes, loyers des terrains loués, etc.). C’est-àdire les revenus tirés de la contribution à la production avant toute redistribution et avant tous prélèvements fiscaux ou sociaux. En ressources, on trouve l’EBE, la rémunération du travail (pour les ménages), les impôts sur la production et les importations nets des subventions (pour les administrations), et les revenus de la propriété (pour tous les secteurs). En emplois, on indique les revenus de la propriété versés par les agents économiques qui ont dû s’en acquitter (par exemple, une société non financière distribuant des dividendes à ses actionnaires). Le solde constitue le solde brut (ou net) des revenus primaires, avant la redistribution fiscale et sociale du revenu (décrite dans le compte suivant). Le compte de distribution secondaire du revenu montre la formation du revenu disponible des agents. Le revenu disponible correspond au revenu primaire, augmenté de tous les transferts dont le secteur a bénéficié et diminué des transferts qu’il a dû effectuer au profit d’autres secteurs. Ce compte manifeste la redistribution du revenu opérée par les prélèvements fiscaux et sociaux et par les prestations sociales dont bénéficient les ménages. Il reste, à l’issue de cette redistribution, un revenu disponible, dont l’agent peut disposer librement pour constituer une épargne, financer des investissements (pour tous les agents) ou consommer (pour les ménages et les administrations uniquement). Le choix entre épargne et consommation est décrit dans le compte suivant. Le compte d’utilisation du revenu disponible montre comment le revenu disponible a été utilisé entre consommation finale et épargne. (Les sociétés ne réalisent pas de consommation finale, le revenu disponible brut est, pour elles, égal à l’épargne brute.) Les nouvelles normes comptables ont introduit une innovation importante. Les ménages ont deux types de dépense de consommation : la dépense de consommation finale et la consommation de services individuels non marchands fournis par les administrations (enregistrés comme « Transferts Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 40 sociaux en nature »). Les ménages ne peuvent dépenser que leur revenu disponible. S’ils ont une consommation effective supérieure à leur dépense, on peut considérer qu’il dispose d’un revenu effectif supérieur à leur revenu disponible. Ce supplément de revenu est équivalent aux transferts en nature (santé, éducation principalement) dont ils bénéficient. Leur revenu effectif total, ajusté pour tenir compte des prestations en nature, s’appelle revenu disponible brut (ou net) ajusté. Le compte de distribution du revenu en nature décrit simplement cette convention. Dans le compte des ménages, on augmente leur revenu disponible des transferts en nature (en ressources), ce qui fait apparaître en emplois leur revenu disponible ajusté (supérieur à leur revenu disponible). Dans le compte des administrations, on porte en emplois les transferts en nature effectués au profit des ménages, et la différence entre leur revenu disponible en ressources et ces transferts donne leur revenu disponible ajusté (inférieur à leur revenu disponible). Ensuite, le compte d’utilisation du revenu disponible ajusté décrit simplement la répartition du revenu disponible ajusté entre la consommation finale effective et l’épargne : le revenu disponible ajusté (en ressources), moins la consommation effective (en emplois), donne l’épargne. Le compte de capital montre comment l’épargne est utilisée pour financer l’investissement. En ressources, on trouve l’épargne brute (ou nette), plus les transferts en capital qui augmentent l’épargne disponible de l’agent (aides à l’investissement, primes à l’épargne, remise de dettes, etc.), moins les transferts en capital qu’il effectue au profit d’autres secteurs institutionnels. En emplois, on déduit les impôts en capital et autres transferts qui diminuent l’épargne effectivement disponible, et l’on enregistre les quatre formes d’investissement possibles : FBCF, variation des stocks, acquisition des nettes d’objets de valeur, acquisition nette d’actifs non produits. Si les ressources sont supérieures aux emplois, le solde du compte est positif : il s’agit d’une capacité de financement. Dans le cas inverse, si l’agent effectue des investissements supérieurs à son épargne, le solde est négatif : l’agent a un besoin de financement. Le compte financier : sa présentation ne se fait pas en ressources-emplois, mais en variation d’actifs (colonne de gauche) et variation de passifs (colonne droite). Les opérations financières entraînent une variation des actifs financiers (créances) et des passifs financiers (dettes) des agents. [Or, la présentation de telles opérations dans un tableau ressourcesemplois conduirait à mélanger dans une même colonne des opérations d’essence très différente. En effet, une ressource en moyens financiers peut provenir d’un endettement (émission de titres, emprunt bancaire), mais aussi de la cession d’un actif (vente d’un titre), du recouvrement d’une créance (l’agent se fait rembourser un prêt qu’il a consenti), ou encore d’un prélèvement dans les avoirs monétaires ou sur les comptes d’épargne. Autrement dit, les ressources financières correspondent soit à une augmentation de l’endettement (variation positive du passif), soit à une diminution des avoirs et des créances détenus par l’agent. Une présentation en deux colonnes variations de passifs et variations d’actifs permet de faire apparaître distinctement ces deux modalités de financement très différentes. Du côté des emplois, des moyens financiers peuvent être employés à accumuler des actifs nouveaux (avoirs monétaires, achats de titres, etc.) ou à rembourser des dettes. La présentation en deux colonnes permet de distinguer ces deux types d’emplois.] Le solde financier est nécessairement identique au solde du compte de capital : un agent qui dispose d’une capacité de financement a forcément augmenté son stock net d’actifs financiers (stock de créances net de dettes) pour un montant équivalent, sous des formes diverses : accumulation de monnaie, achats de titres, placements divers, désendettement, etc. Inversement, un agent qui a un besoin de financement (dont la dépense totale a été supérieure aux ressources) a nécessairement vu son passif net (son endettement net) augmenter d’un montant équivalent. Ainsi, une capacité de financement (solde positif) inscrite en colonne de gauche du compte de capital correspond Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 41 à un excédent des variations d’actifs sur les variations de passifs, et donc à une capacité de financement (solde positif) inscrite en colonne de droite au compte financier. Document n°18 : la séquence des comptes Document n°19 : la séquence des comptes (détaillée) Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 42 Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 43 2) Le Tableau économique d’ensemble (TEE) Pour décrire l’équilibre global de l’économie nationale, il faut tenir compte simultanément des opérations de tous les agents économiques, tous secteurs confondus. C’est l’objet du Tableau économique d’ensemble. Il est, à quelques détails près, la simple juxtaposition des comptes des différents agents économiques. Il comprend deux grandes colonnes, ressources et emplois, subdivisés en autant de sous-colonnes qu’il y a de secteurs institutionnels. Les opérations sont présentées en lignes, dans l’ordre de succession de la séquence des comptes. Une ligne permet de voir la contribution de tous les secteurs à cette opération. Ex : à la ligne rémunération des salariés, on pourra identifier (côté emplois) qui paie cette rémunération (les sociétés non financières, les sociétés financières, les administrations publiques, les ISBLSM). Voir documents complémentaires Le TEE est une synthèse remarquable de l’économie nationale : - Il montre d’où vient le revenu national : la valeur ajoutée et les échanges avec le reste du monde. - Puis il décrit la répartition primaire de la valeur ajoutée entre les facteurs de production d’une part, et entre les secteurs institutionnels d’autre part (niveau du compte d’exploitation). - Il permet de voir ensuite comment s’opère la redistribution du revenu national et comment se forme le revenu disponible des agents (les comptes de revenu). - L’affectation du revenu à l’épargne et à la consommation finale est alors visible (utilisation du revenu). - La dernière partie du TEE (compte de capital et éventuellement compte financier) décrit l’équilibre financier et permet de savoir quels agent ont des besoins et des capacités de financement, et comment ils utilisent leurs capacités de financement ou comblent leurs besoins. - Il permet enfin d’étudier le rôle particulier que joue un agent dans le fonctionnement de l’économie et de calculer rapidement les principaux agrégats économiques (PIB, consommation, investissement, épargne, revenu disponible, etc.). Économie approfondie – ECE1 / Chapitre 4 44